La mouche du coche
CANDIDATURE DE WADE : LE SENEGAL SENS DESSUS DESSOUS
Etre ou ne pas être candidat ? L’apostrophe détournée d’Hamlet ne semble pas empêcher le président Wade, au vu de sa récente déclaration à New York, de dormir dans la torpeur veloutée de la nuit sous les lambris dorés de son empyrée présidentiel. Et pourtant, elle semble être l’antienne de cette fin de quinquennat .La candidature annoncée de Wade aux présidentielles de 2012 est-elle constitutionnellement valable ? Cette question, aujourd’hui, divise profondément l’opinion au point que même les juristes parmi les plus réputés de notre pays semblent être à hue et à dia entre la légalité ou non d’une telle candidature. Nous voici donc dans la mouise, englués que nous sommes dans un inextricable dédale juridique. Et pour mieux dissiper cet épais malaise politique qui, depuis des semaines, enfièvre notre pays, il convient d’en faire l’anamnèse par un bref détour par l’histoire.
Le Sénégal, on le sait, est historiquement Terre de tempêtes et de turbulences où l’Histoire fait du bruit quand craque et crisse la politique aux entournures du temps. En ce pays où, sans cesse, les Dieux ont soif, rien de grand ne se fait dans le calme des cabinets dés qu’on touche aux institutions, cette improbable charpente de nos passions collectives. En effet, au lendemain de l’alternance politique qui a vu le président Wade propulsé au gouvernail d’un pays bringuebalé, le pouvoir élu, devant l’ardent prurit de changement du peuple, accélérait le pas de la réforme qui, seule, pouvait sortir notre pays des eaux dormantes dans lesquelles il était encalminé, voilà presque quarante ans. C’est ainsi que notre aspiration plus que légitime à la démocratie, au progrès social et à la justice nous conduisait dans la voie d’une révision constitutionnelle jugée nécessaire afin de nous mettre en phase avec les exigences
d’un monde nouveau marqué par des standards démocratiques sans cesse affinés. En adoptant, à l’issue d’un référendum qui restera historique, la nouvelle mouture constitutionnelle, à son appréciation, soumise, le peuple sénégalais faisait le choix républicain de doter notre pays d’un heureux instrument d’organisation de la vie nationale.
On pouvait d’ailleurs, dans les grandes lignes de ce nouveau testament, apprécier la réforme phare portant sur la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Désormais, dans notre pays, la griserie du pouvoir présidentiel était bridée par le frein constitutionnel. Ainsi naissait, dans l’ombre du berceau national tressé de chèvrefeuille, la troisième République. Un vent nouveau soufflait. Une aube nouvelle poignait. Le doute qui, pendant quarante années de règne socialiste, avait obstrué toutes nos pensées positives en l’avenir disparaissait pour laisser la place à un optimisme béat. Partout dans les rues, le peuple sénégalais, cédant au lyrisme ambiant consécutif à la razzia du yes référendaire, pinçait les koras et frappait les balafons. Car le oui avait rugi et dompté les urnes .Mais le peuple, alors dans la liesse générale, ne se doutait pas un seul instant qu’il dansait la sarabande au bord d’un
gouffre politico-juridique béant. Car voici qu’à l’orée du pancrace électoral de 2012, des voix se lèvent pour contester la candidature annoncée de Wade jugée anticonstitutionnelle. Elu, en 2000, sous l’empire de la Constitution de 1963, il semblerait, aux dires de ses partisans, que le sablier de son temps de vie présidentiel n’ait été retourné qu’en 2007, au soir de sa réélection pour son deuxième « premier mandat ». L’opposition, elle, dans son camp, semble unanime à juger la chose illégale.
La voilà d’ailleurs qui claironne aux portes du pouvoir son indignation face à ce qu’elle une violation inique et éhontée de notre Constitution. Ainsi donc, l’épais malaise politique nous enfiévrant n’est pas prêt de se dissiper. Profond, diffus, insaisissable depuis longtemps, il s’est, via la question de la candidature de Wade, concentré et localisé en affrontement déclaré : Ce sera le choc entre le pouvoir et l’opposition, une sorte de guerre des tranchées. Pour ma part, je crains que ce bras de fer qui s’annonce des plus sévères ne répande dans notre espace politique nationale une dangereuse nappe de grisou. Car je pense notre Constitution mérite mieux que toute cette criaillerie et ce pathétique spectacle d’algarades politiciennes. Alors messieurs, prenez de la hauteur. Ne laissons surtout pas la chienlit envahir l’horizon ; le peuple sénégalais, avec son lot quotidien de difficultés, ne mérite pas cela.
Je ne me hasarderais surtout pas à analyser la question de la candidature de Wade sous l’angle juridique. Le matheux pervers que je suis ne saurait s’embourber dans un terrain aussi scabreux. Aussi proposerais-je une analyse fort simple surtout basée sur la logique. Regardons ensemble la situation sans nous payer de mots. Si, aux élections de 2012, le président Wade se présente et gagne, alors la volonté populaire ainsi exprimée par le vote lui aura donné une certaine légitimité qui, comme on le sait, doit toujours primer sur la légalité, fut-elle constitutionnelle. Si, par contre, il se présente et perd, cela voudrait dire que les aquilons de cette même volonté populaire auront brisé son élan et rendu bénigne sa candidature, qu’elle ait été constitutionnelle ou pas. Ce n’est pas tant que je veuille reléguer au second plan l’aspect juridique du débat. D’ailleurs, le camp du pouvoir semble, dans cette bataille juridique,
bien armé puisqu’il fait état d’arguments que bon nombre de juristes jugent péremptoires à toute objection. Mais je pense que dans une démocratie comme la nôtre où la volonté populaire s’exprime librement, la candidature de Wade ou de quelque autre citoyen est presque anecdotique étant donné que c’est le peuple, en son âme et conscience, qui décide de l’issue des élections. « La justice n’est que le moyen et non le but de la société », prévenait Rivarol, il y a déjà plus de deux siècles. Aujourd’hui, les échos de sa pensée résonnent encore du fin fond des âges et nous devrions certainement en prendre de la graine.Alors oui, je pense que Wade doit participer à ces joutes électorales et ce, pour l’intérêt supérieur de notre démocratie. Cette question de la candidature de Wade qui, depuis des semaines, occupe le cœur du débat politique, semble tomber à un moment où la cote de popularité du président de
la République est au plus bas. En effet, de tous les falbalas trompeurs de la popularité, il ne lui reste plus aucun oripeau. Qu’il est bien loin le temps où le président Wade, alors porté par les zéphyrs de son état de grâce présidentiel, pouvait compter sur le soutien indéfectible de tout un peuple ! Aujourd’hui, les rubans de son état de grâce sont fanés, les larges manches du magicien sont déchirés et son chapeau est vide. De nos jours, hélas, la tyrannie de la popularité fonctionne à l’envers. L e puissant croit tenir en respect le peuple qui l’acclame alors que c’est la foule flatteuse qui enserre son maitre dans ses rets. S’il bouge, s’il agit, s’il réforme, elle l’étouffe de disgrâce. C’est que le président Wade aura, en l’espace d’une décennie seulement, chamboulé tout un pays en engageant une profusion de réformes qui , toutes, auront eu le mérite de percer le mur du statu quo. Certaines, comme
celle portant sur l’enseignement, sont appréciables et commencent déjà à porter leurs fruits. D’autres, par contre, bien que nécessaires, auront été gérées avec une naïveté et une incurie telles qu’elles en sont devenues un boulet que le président traine des pieds ; ce qui a largement favorisé cette exécration hystérique dont il se trouve, ici et là, harcelé.Mais il faut comprendre que le président Wade, au gouvernail d’un navire national envasé pendant quarante ans dans la rade socialiste, n’avait d’autre choix que de réformer. Le changement par la réforme, tel est donc le pont aux ânes à franchir. Quand on sait que les ânes sont si prompts à se cabrer, la traversée en devient des plus dangereuses. Le fait est qu’en bon peuple indocile, les sénégalais renâclent à la réforme. Certaines professions du secteur public par exemple, non contentes d’être rétives à toute réforme, pour leurs intérêts
propres, n’hésitent jamais à prendre en otage tout un peuple. Grèves injustifiées, exploitation éhontée du pouvoir de nuisance du corps enseignant, chantage impuni de plusieurs professions. L’Etat égrotant du Sénégal semble être émietté par la chienlit des chantages catégoriels. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le pouvoir hésite à hâter le pas de la réforme craignant que la résistance, ici ou là, de quelque bastille syndicale n’allume une mauvaise mèche et ne dresse l’épouvantail d’une flambée incontrôlée de grèves du secteur public. Et pourtant, avec la conjoncture actuelle, le pouvoir n’est plus incité mais acculé à la réforme. La crise, rappelons-le, n’a pas seulement exhibé les dérives financières d’un capitalisme tourneboulé par l’hystérie du crédit. Elle place aussi, sous les fourches caudines, les Etats, comme le nôtre, incapables d’opposer une certaine résilience à ses chocs.
Les sénégalais n’abordent plus, du fait des effets de la crise, le nouveau millénaire avec l’ardeur de bâtisseurs propriétaires de leur destin, mais dans la jérémiade quotidienne de locataires d’une maison délabrée .Importante flambée des prix des denrées de première nécessité, coupures intempestives d’électricité, ce sont là les quelques maux qui empestent le quotidien des sénégalais alors que la situation est beaucoup moins critique dans la sous-région. Derrière le drapeau noir qui flotte sur les marmites, derrière un pouvoir d’achat élimé, ce que le peuple aperçoit à travers le miroir national, c’est un pays déclinant où les classes moyennes s’essoufflent, où le travailleur pauvre désespère. Il s’y ajoute qu’on a l’impression, avec le régime de l’alternance, que les forts s’épanouissent et que les faibles décrochent. Le surcroît de jouissance des uns, de frustration des autres, désespère,
chez nous, la passion égalitaire. Et érode le mastic social qui, jusque là, consolidait notre système. Cette situation des plus pénibles incommode au plus haut point le peuple et risque, si elle perdure, d’estourbir, de ses coups de savate, le quinquennat de Wade. Les élections de 2012 approchant à grands pas, le pouvoir doit redouter que l’acrimonie nationale n’y trouve l’occasion rêvée de se débonder. Pour l’heure, Wade, qui débuta sous les fleurs avec un premier septennat marqué par des résultats probants, fonce tout droit dans les ronces. Et il serait triste qu’après avoir tellement fait pour le Sénégal, sa fin quinquennat soit ainsi ternie. Il a, pour rectifier le tir, deux options : il peut, soit s’atteler à remonter dans les mesures de popularité comme un bouchon sur l’eau filant ainsi tout droit vers quelque cataracte fatale ou soit plonger, dans les abysses, vers les mesures urgentes et peut-être même
impopulaires pour sortir de cette apnée, en 2012, dans la mer de la prospérité ou vogueront les réformes réussies. La plus urgente est celle de la normalisation du secteur de l’énergie qui, à mon avis, est un menuet où il faudrait une marche au pas cadencé. Ensuite, il devra s’attaquer à la cherté des denrées de première nécessité qui, aujourd’hui, grève lourdement les finances des ménages sénégalais. Enfin, il faudra une réelle volonté politique pour s’atteler à la réforme impopulaire mais nécessaire du secteur public, ce vaste château de brouillard qui bouche toujours l’horizon et dont nul n’a encore décidé le siège.
Heureusement qu’au creux de ces turbulences, Wade peut, pour sa réélection, compter sur un allié de taille à savoir l’opposition. En effet, si le camp du pouvoir ne fait guère entendre de couacs dans son soutien à Wade, l’opposition, elle, semble exposée aux dissonances croissantes des violons Tanor, Niasse, Macky. Le dernier cité bénéficie, dit-on, d’un fort soutien de la diaspora mais les remugles putrides de son passé de wadiste lui ôtent tout crédit et semblent être rédhibitoires à ses ambitions présidentielles. Et que dire des velléités présidentielles de Lamine Diack ?je vous laisse y réfléchir. Bon, sur ce, je vous laisse car une bonne raclette m’attend avec des amis. A bientôt
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
milksup@yahoo.fr
La MOUCHE DU COCHE
Décidément, les autorités de l’alternance ne cesseront pas de nous surprendre. Depuis plus de 10 ans, les mêmes politiques qui engendrent les mêmes méfaits sont systématiquement appliquées malgré les récriminations qui fusent de partout.
Après 10 ans de politique de scandales, de contrevérités, de volte-face et de reniements, ces gens-là donnent l’impression très nette de s’évertuer désespérément à faire partie de ceux "qui ne changent jamais". Le projet de dévolution monarchique tant décrié continue son petit bonhomme de chemin.
Après l’échec du plan qui voulait passer par la mairie de Dakar, place maintenant à un forcing effréné empreint de déloyauté, d’obstination et de ruse naïve. Ainsi, après avoir désigné l’ancien ministre de l’Energie à la vindicte publique, et nommé le prince royal à sa place, on se prépare sans doute à doter le secteur de moyens adéquats de sortie de crise, le tout couronné par une mise en scène à l’occasion d’un Conseil des ministres ; le prince récoltera les bénéfices et telle la mouche du coche de la fable, s’en attribuera toute la gloire et ces demeurés de Sénégalais n’y verront que du feu.Mais on ne force pas l’amour ou la sympathie d’un peuple par des astuces cousues de fil blanc ; dans le meilleur des cas, on obtiendra l’effet contraire à celui recherché .
Ces tenants de la dévolution monarchique ne savent pas que les plus inintelligents des inintelligents sont ceux qui se croient plus intelligents que tout le monde ;et nous savons que l’intelligence n’est pas leur fort ,à l’image de ce ministre transhumant qui multiplie les déclarations saugrenues du genre : " Si nous perdons les élections nous irons tous en prison" ou encore" Je serai intraitable avec ceux qui attaquent le président ou sa famille"(pure fanfaronnade) .
Le même ministre est revenu récemment à la charge dans un journal de la place en ces termes :" Nous ne sommes pas prêts à lâcher le pouvoir" ! Mais qui vous dit que vous lâcherez le pouvoir ? Ce pouvoir auquel vous vous accrochez tant, on vous l’arrachera comme il a été arraché à vos prédécesseurs et on le remettra entre des mains plus propres ; ce que des mains ont fait, d’autres mains peuvent le défaire.
Toujours selon notre ministre, leur bilan est tellement élogieux qu’on ne peut les attaquer que sur l’énergie ; dommage, Monsieur le Ministre, car l’énergie, c’est la vie, et si c’est là où le bât vous blesse, ne croyez pas que nous allons attendre tranquillement que vous nous ôtiez encore ce qui nous reste de vie, comme cela a été le cas à l’hôpital de Ziguinchor et à Grand Yoff !
C’est un fait notoire qu’au parti au pouvoir, les ignobles transhumants dépassent en zèle les militants de la première heure (voyez ceux qui ont eu à s’occuper de la coordination de l’AST, tous des transhumants ; en effet tous ceux de l’AST qui n’étaient pas militants du PDS à la date du 27 février 2000, jour du 1er tour de la présidentielle sont des transhumants) ;ce sont aussi ces mêmes individus qui sont mis en avant pour exécuter les basses œuvres, comme ce tout nouveau sénateur de Thiès, militant de la 26e heure qui a été le plus virulent dans les attaques menées contre l’ancien président DIOUF.
Déjà ! Ce sont enfin ces sinistres transhumants qui, prenant leurs désirs pour des réalités, nous rebattent les oreilles avec le boycott de l’élection présidentielle de 2012 par Benno Siggil Sénégal. L’alternance a montré qu’un transhumant ferait n’importe quoi, il suffit d’y mettre le prix ; pauvres types !
Inintelligence et inculture d’État vont de pair. L’illustration en a été donnée dans le récent conflit qui a opposé la Mairie de Dakar au président de la République. A l’occasion, ce ministre de la Décentralisation qui ignore jusqu’aux textes qui régissent son domaine d’activité, est monté sur ordre au créneau, bruyamment. Cette ignorance est pitoyable, mais c’est l’alternance, hélas.
Senghor et Diouf savaient choisir leurs collaborateurs…Et pourtant, ce n’est pas la modestie qui étouffe ce ministre, lui qui se targue d’être plus diplômé que tout le monde. Méfiez-vous de ceux qui se vantent de leurs diplômes, ce sont souvent des ignorants qui s’ignorent et qui veulent cacher une tare intellectuelle. Les grands diplômés méritants ne parlent jamais de leurs diplômes avec ostentation.
Yatma DIEYE, professeur d’anglais, Rufisque
yatmadieye@orange.sn