A N O C I
Contes et mécomptes de l’Anoci : Et si Latif contait ses mécomptes
4) - Oci 1991 vs Oci 2008
Latif parle du sommet de l’Oci de 1991 comme d’un sommet ayant connu un succès éclatant à la page 59 : ‘Le sommet de 1991 fut un éclatant succès organisationnel et diplomatique. Il le fut à tout point de vue’. Pourtant, c’est le même Latif qui parle à la page 61 de la colère du président Abdou Diouf, s’adressant à un journaliste du quotidien Le Monde : ‘Je considère pour ma part que les Arabes n’ont que du mépris culturel pour nous autres africains’. Qu’est-ce qui a pu motiver une si terrible colère du posé Abdou Diouf pour faire une déclaration pareille ? Le succès diplomatique éclatant du sommet de 1991 ?
Et Latif parle de bilan du sommet de 1991. Il le sait : il n’y a jamais eu de bilan et ce n’est pas une interview accordée à deux journalistes privés qui ne connaissent rien des chiffres du sommet ou le vote les yeux fermés d’une loi de règlement sept ans plus tard dans une Assemblée dominée par le Ps qui va tenir de bilan. Pourquoi une interview avec Latif et Camara et une loi de règlement votée les yeux fermés par des députés pourraient être considérés comme un bilan et un débat Karim - Tanor et un passage de l’Anoci devant le parlement non ?
Pouvons-nous attendre 2015 alors, pour voter une loi de règlement où se perdraient les chiffres de l’Anoci ? Karim peut-il appeler Pape Alé et Omar Gningue pour faire son bilan et ainsi se passer d’un audit externe indépendant, comme le réclament les Sénégalais ? Les socialistes avaient-ils fait un audit interne et un audit externe en 1991 ? Pourquoi ceux qui ont voté les lois de règlement de 1991 à 1998 n’ont pas vu qu’il y avait des licences de pêche frauduleuses à l’époque ? Et pourtant, ils ont donné un quitus à la gestion socialiste de la période.
5) - Un agenda politique
Le 22 mars 2009, les Sénégalais ont réglé le problème de l’agenda politique. Ils ont dit à Karim qu’il peut briguer le poste qu’il veut, mais que son statut, ses moyens et l’aide de son père ne lui seront d’aucune utilité. Comme le disait Idrissa Seck en 2000, à l’aube de l’alternance quand il a été invité par Daouda Ndiaye, à l’émission ‘En toute liberté’, lorsque viendra l’heure de la succession de Wade, l’apport et le jugement de Wade seront marginaux. Ce qui fera la différence, ce sont ses attributs propres et ce qu’il aura montré aux Sénégalais. Cela est valable aussi pour Karim Wade et le 22 mars 2009, les Sénégalais ont donné raison à Idy. Si Karim Wade veut devenir président de la République, il devra le prouver aux Sénégalais en montrant les qualités que nous recherchons et les électeurs sénégalais n’ont pas d’états d’âme.
En fait, je n’y peux rien, mais en suivant Latif dans ses déclarations et son comportement, dans les justifications qu’il donne de son combat, je ne peux m’empêcher de penser à une chose : Latif a un agenda politique qu’il déroule et il est beaucoup plus ambitieux qu’il n’en donne l’air. Ai-je raison ? L’avenir nous le dira.
Il faut remercier Latif de nous avoir fourni les chiffres de l’Anoci mais le problème de l’Anoci se situe à deux niveaux : comme l’a dit la jurisprudence de l’arrêt de la Haute Cour de justice dans l’affaire des chantiers de Thiés, s’il y a eu surfacturation, il faut d’abord le prouver et elles bénéficieraient d’abord aux entreprises qui sont les auteurs et il faudrait ensuite prouver que ces entreprises ont versé une partie des produits de cette surfacturation aux responsables de l’Anoci. De ce point de vue, accuser l’Anoci, c’est d’abord accuser d’illustres fils du Sénégal comme Alioune Sow, employeur de milliers de Sénégalais.
Ensuite, il y a l’opportunité des dépenses effectuées et là, ce sera aux responsables de l’Anoci de nous dire pourquoi ils ont acheté une lampe à 9 millions au lieu d’un néon à 1 000 francs, un appareil photo à 9 millions au lieu d’un appareil à 250 000 francs, etc. Ils devront se justifier et personne ne pourra le faire à leur place.
Pour ma part, j’ai essayé par cette contribution qui, je l’espère, sera publiée, de donner mon point de vue sur le débat Anoci, j’ai soulevé quelques points, car tout ce qu’il y a à dire, ne peut pas tenir dans une contribution. Je pense que ceux qui se disent intellectuels et ceux qui sont des leaders d’opinion n’ont pas le droit de biaiser le débat (réfection méridien à 26 ou 14 milliards ? appareil photo le plus cher du monde à 4 millions d’après un ami qui est aux Usa ?).
Dans trente mois, le peuple sénégalais doit choisir son prochain dirigeant qui va préparer le Sénégal vers les défis futurs extrêmement importants (raréfaction du pétrole, changements climatiques, crise alimentaire…). Nous ne devons pas nous tromper et c’est pourquoi aucun intellectuel ne doit se taire quand il sait. Le débat doit être contradictoire pour éviter la pensée unique et donner au citoyen lamda les moyens de faire le bon choix. Si nous biaisons le débat, nous le regretterons et les douze années de Wade risquent d’être oubliées, car ce qui nous attend, ne sera pas une sinécure.(FIN)
Mamadou SALL Consultant Msall861104@yahoo.fr