Au regard de l’acuité de la demande sociale !
Le Soleil : Samedi 25 Jui 2009
JOURNEE SANS MÉDICAMENTS : Les populations en phase avec les pharmaciens...
Le mot d’ordre de la journée sans pharmacie, décrété hier, a été largement suivi. Rares étaient les pharmacies de la capitale à avoir fonctionné.
De Hann-Maristes à l’avenue Bourguiba en passant par Front de terre et Castors, aucune pharmacie n’a ouvert ses portes. Elles ont toutes baissé rideau pour cause de « journée sans pharmacie ». « La pharmacie n’est pas ouverte depuis ce matin », renseigne un gardien en service, habillé d’un uniforme vert. Il répète la même phrase à une dame venue acheter des médicaments. Elle veut s’assurer de la fermeture de la pharmacie bien qu’elle ait trouvé les portes de celle-ci fermées. A 200 mètres de là, même décor.
Mais, les personnes interrogées ne se plaignent point de cette journée sans médicaments. D’ailleurs, elles donnent raison aux pharmaciens. « C’est une très bonne chose, parce que les médicaments vendus aux populations laissent à désirer et risquent d’avoir des conséquences sur la santé des populations », déclare Henri Sagna, artiste plasticien. Il considère que si des personnes vont jusqu’à acheter les médicaments de la rue, c’est parce qu’elles ne trouvent pas d’officines de pharmacie dans leurs quartiers. Pis, regrette-t-il, « certaines personnes n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments à la pharmacie ». Le mot de l’ordre de la journée sans pharmacie a été largement suivi, selon le président de l’Ordre national des pharmaciens du Sénégal, le Dr Cheikh Oumar Dia. Seules, quelques pharmacies dakaroises n’ont pas respecté la consigne comme dans les Sicap (1), aux Parcelles Assainies (1) et au centre-ville (1). A l’intérieur du pays, poursuit-il, le mouvement a été bien suivi. « Nous sommes donc satisfaits, car les pharmaciens ont montré leur unité à travers cette journée sans pharmacie, malgré les pertes financières enregistrées », indique le Dr Dia qui annonce la tenue, ce matin, d’une assemblée générale pour faire le point sur cette première journée dite sans pharmacie.
Eugène KALY et Adja Aïcha SENGHOR (stagiaire)
Les pharmaciens... qui exigent des sanctions contre les cambrioleurs et la fermeture de « Keur Serigne bi »
Au moins une pharmacie est cambriolée chaque semaine au Sénégal. Suffisant pour les pharmaciens de sonner la mobilisation à travers une journée de sensibilisation, en demandant que les auteurs des cambriolages soient sanctionnés.
Plus de 300 pharmacies ont été victimes de cambriolage en 5 ans. Soit un cambriolage chaque semaine. Et les 3 sont des Pharmacies régionales d’approvisionnement (Pra). Le plus souvent, ces cambriolages ont entraîné mort d’hommes. C’est pour faire face à ces agressions répétitives que les pharmaciens ont organisé, hier, à la place de l’Obélisque de Dakar, une journée de sensibilisation pour dénoncer les cambriolages et le marché illicite des médicaments. Arborant des brassards rouges et noirs, les pharmaciens ont réclamé la tête des cambrioleurs et des vendeurs de médicaments de la rue. Ils ont dit non aux cambriolages des pharmacies et aux médicaments contrefaits. Ce qu’illustrent les pancartes visibles dans tous les coins de la Place de l’Obélisque de Dakar. Ainsi, peut-on lire : « Halte aux cambriolages des officines et des pharmacies régionales d’appro-visionnement ». « Assurons le circuit légal d’importation et de distribution des médicaments dans les services publics et privés ou encore « Halte à la mort programmée des officines ».
En plus de ces slogans, les pharmaciens ont demandé à l’Etat de supprimer tous les points de vente illicites de médicaments, en commençant par « Keur Serigne bi » où ont lieu les plus importantes ventes parallèles de médicaments. Le président de l’Ordre national des pharmaciens, le Dr Cheikh Oumar Dia, exige de ce fait la sanction des cambrioleurs des pharmacies et ceux qui vendent les médicaments dans la rue.
L’adjoint au maire de la ville de Dakar chargé des questions de santé a indiqué qu’il est possible de trouver des solutions à la vente illicite de médicaments, parce que, selon lui, « tout le monde sait que c’est à « Keur Serigne Bi » où sont vendus tous les médicaments de mauvaise qualité ». « Il faut fermer ce site », lance-t-il. L’Etat, assure Moussa Mbaye, secrétaire général du ministère de la Santé, va accentuer la lutte pour éradiquer le marché illicite sur l’ensemble du territoire national.
Auteur: E. KALY
WALF FADJRI :
Fermeture des officines de pharmacies le vendredi 24 juillet 2009 : Une initiative à saluer
Ce vendredi 24 Juillet 2009, les pharmaciens d’officine, membres du Syndicat national des pharmaciens privés du Sénégal et du Syndicat autonome des pharmaciens du Sénégal ont baissé rideau toute la journée pour protester contre les vols multiples dont ils sont victimes et pour attirer l’attention des autorités sur les dangers de la vente illicite de médicaments par des non professionnels du médicament. Cette initiative est à saluer et à encourager dans la mesure où les cambriolages contre les officines de pharmacie sont devenus tellement fréquents qu’il fallait quand même sonner la mobilisation et marquer le coup, d’autant plus qu’un meurtre vient d’être commis à la Pharmacie Actuel. Des voleurs ont froidement abattu le neveu de la propriétaire de la pharmacie.
Cependant, il faut reconnaître que le cambriolage des officines de pharmacie n’est que la face visible de l’iceberg, en ce qui concerne l’approvisionnement du marché parallèle en médicaments de toutes sortes. En fait de marché parallèle, il faudrait plutôt parler de marché concurrent, puisque ceux qui sont au cœur de ce business sont très bien structurés, très bien organisés, avec de très bons chiffres d’affaires et - c’est un secret de polichinelle - agissent en toute impunité.
Il ne faut pas se voiler la face. Le cambriolage de quelques officines de pharmacie ne peut, en aucune façon, alimenter un marché qui peut faire des milliards de chiffres d’affaires par année. Cherchons le problème ailleurs et osons dénoncer ceux qui couvrent les agissements délictueux d’une bande de brigands qui agissent en toute impunité. La vraie bataille que les pharmaciens d’officine (disons tous les pharmaciens) et les autorités devraient mener, c’est de tarir définitivement toutes les sources d’approvisionnement frauduleux en médicaments et de fermer tous les sites de vente délictuels des médicaments volés ou frauduleusement introduits au Sénégal, et ceux détournés dans les Ong et revendus par des agents cupides et véreux ne se souciant ni de la qualité, ni de l’innocuité, encore moins des conditions de conservation. Dans ce pays, il faut qu’on arrête de s’amuser avec la santé des populations. Il faut que l’Etat et les pharmaciens engagent une bataille sans répit contre tous ces fraudeurs et contrefacteurs de médicaments. Il y va de la santé des populations.
Réussir une telle bataille nécessite l’adhésion de tous les acteurs du médicament, à savoir l’Etat à travers ses démembrements, les associations de pharmaciens et les usagers, pour que ces marchands de la mort sachent qu’ils ne peuvent pas être dans un pays organisé, possédant une législation pharmaceutique, et continuer à agir en toute impunité. Tout pharmacien, où qu’il soit, devrait se sentir concerné par cette bataille et participer activement à cette initiative initiée par les syndicats des pharmaciens, en jouant pleinement son rôle en tant qu’acteur de santé publique. Le combat contre le marché parallèle des médicaments n’est pas seulement celui des pharmaciens, mais aussi, c’est le combat de tout prescripteur de soins soucieux d’éviter les échecs thérapeutiques à répétition et le développement des résistances aux traitements médicamenteux.
Comment comprendre que dans une profession organisée, réglementée, protégée par un monopole exclusif, des malfrats puissent agir impunément, au vu et au su de tout le monde, sans que l’Etat du Sénégal, censé protéger ce monopole, ne daigne lever le plus petit doigt pour arrêter ce vol organisé. Et j’aimerais bien savoir ce que l’Etat ferait, quand ces escrocs seraient tentés d’exercer la médecine en toute illégalité. C’est une idée à ne pas écarter, parce que ces voyous sont capables de tout. A titre d’exemple, comment peut-on stocker, sous une forte canicule, pendant des jours, voire des mois, des médicaments et avoir le toupet de les vendre sans vergogne ? Ces gens-là sont pires que les serial killer.
Le combat des pharmaciens d’officine est légitime et juste. Depuis des années, le monopole du médicament est constamment agressé par une race de rats d’égouts qui, comme des affamés, sont en train de ronger pernicieusement ce monopole et de causer énormément de dégâts pour la santé des populations. C’est le moment de mener le combat, et de manière frontale avec ces fossoyeurs de l’économie nationale, ces marchands de la mort, ces empoisonneurs, ces assassins et d’ailleurs, je me pose la question de savoir comment ces gens-là peuvent-ils disposer d’importants stocks de médicaments alors qu’ils ne sont ni fabricants, ni grossistes, ni détaillants. Mais, vous les autorités, dites-nous comment ces bandits passent allégrement nos frontières aérienne, maritime et terrestre sans être inquiétés pour le moins du monde.
Ce fléau a assez duré et il est vraiment temps d’y mettre un terme. C’est une question de survie pour les pharmaciens d’officine. On ne peut pas passer six années d’une vie à étudier le médicament, sanctionné par un diplôme, avec une autorisation d’exercer régie par une réglementation, protégée par un monopole et courir le risque d’être concurrencé par des fraudeurs sans foi, ni loi, qui ne se soucient guère des dégâts qu’ils sont en train de causer à la population. Ce combat doit être mené sans répit, avec courage, engagement et détermination par tous ceux qui sont épris de justice et soucieux de la préservation de la qualité des soins, depuis le prescripteur jusqu’à l’usager. Les autorités de ce pays savent parfaitement comment ce commerce frauduleux est organisé, qui sont les gros bonnets qui les protègent et, peuvent, en un temps record, mettre un terme à cette anarchie qui n’a que trop duré. Osons dire les choses telles qu’elles sont et ayons le courage de dénoncer cette forfaiture avec la dernière énergie.
Depuis que ces cambriolages ont commencé - et il y en a eu beaucoup - à ma connaissance, personne n’a été arrêté et comble de l’ironie, ces médicaments volés dans les officines de pharmacie se vendent comme de petits pains dans les dépôts frauduleux disséminés un peu partout dans le pays. Comme on dit en wolof ‘liy raam thi gniak bi leu dieum’, car si rien n’est fait, le pire est à craindre. En effet, on retrouve toutes sortes de médicaments sur les étals des marchés, dans les dépôts clandestins, dans les boutiques des quartiers, sur les étagères des ‘bitik mbagues’. Ces faux médicaments nous viennent de partout, avec des noms bizarres, dans des conditionnements inadaptés, très mal conservés, dépourvus de toute substance active. Qui ne se souvient pas de ce fameux Paracétamol venu du Nigeria où on avait retrouvé comme principe actif de la farine à la place du Paracétamol, et pompeusement appelé ‘Nioket’. La mauvaise foi de ces fraudeurs les pousse à recruter des rabatteurs qui sont chargés d’attirer les acheteurs, de marchander le coût des médicaments et, une fois le marché conclu, de pénétrer dans des labyrinthes dignes des cavernes de brigands pour ressortir avec des sachets de médicaments dont la qualité est le cadet de leurs soucis.
Ça suffit, il faut arrêter cette agression et remettre de l’ordre dans ce secteur vital, non seulement pour l’économie du pays, mais aussi pour préserver la santé de nos populations. Il faudra mener ce combat sans état d’âme, avec courage et responsabilité. Un bandit, il faut le mettre hors d’état de nuire et le combattre sans répit jusqu’à ce qu’il disparaisse.
Ce combat doit être mené d’abord par les autorités, qui doivent faire deux actions d’envergure et le plus rapidement, à savoir : tarir toutes les sources d’approvisionnement et fermer tous les lieux de vente frauduleuse de médicaments. Les pharmaciens doivent être au cœur de ce combat et doivent jouer pleinement leur véritable rôle d’acteur de santé publique, d’acteur de proximité et d’acteur de veille sanitaire. Les pharmaciens d’officine doivent déployer une campagne d’envergure d’information, de sensibilisation et de communication en direction des populations pour les réorienter vers les officines de pharmacies, lieux par excellence de la dispensation des médicaments. Ils doivent pleinement jouer leur rôle d’acteur majeur de la chaîne de soins, en prodiguant parfaitement bien ‘le soin pharmaceutique’ à partir de médications prescrites par le médecin ou conseillées par lui-même.
C’est un travail de proximité qui doit être mené pour convaincre les usagers des soins, des dangers des médicaments frauduleux et de la position stratégique de l’officine de pharmacie, légalement autorisée, dans la dispensation du médicament. Il faudra initier des caravanes de communication dans tout le pays pour expliquer aux populations, aux autorités, aux chefs religieux et coutumiers, le rôle majeur du spécialiste du médicament dans la chaîne de soins et faire comprendre aux populations le rôle nocif et pernicieux de ces marchands de la mort. Ces faussaires devront être traqués partout, sans répit, jusqu’à ce qu’ils arrêtent définitivement cette immixtion intempestive dans un secteur qui est le monopole exclusif des pharmaciens. Ce sera un combat de longue durée et tous les pharmaciens de ce pays devront s’engager sans retenue pour que triomphe la justice et la légalité. Les coups bas, les crocs-en-jambe, les attaques ne manqueront pas, mais il ne faudra jamais abandonner. Il y va de pérennité de ce métier noble, qui est, selon un célèbre penseur, le Professeur Léon Guignard : ‘La pharmacie est une collection de sciences, un art et une profession’.
Dr Mamadou Farba BARRY Pharmacien Mail : mamadou.barry@orange.sn
L’Etat tergiverse sur ‘Keur Serigne-bi’ : De quoi la Puissance publique a-t-elle peur ?
Le Premier ministre et les pharmaciens ruent à bras raccourcis contre Keur Serigne Bi. Mais, que des déclarations d’intention. Parce que, jusque-là aucun acte allant dans le sens d’enrayer définitivement ce haut lieu de la vente illicite de médicaments. C’est à se demander pourquoi cet ‘établissement’ fait tant peur.
La tumeur Keur Serigne-Bi constitue un véritable problème de santé publique que personne n’ose attaquer de face. C’est à se demander de quoi l’Etat a peur au point de fermer les yeux sur Keur Serigne-Bi sans aucune réaction. Et pourtant les textes existent et la réglementation est claire. Toute personne se livrant à une activité de vente illicite de médicaments est exposée à des sanctions pénales. De Abdou Diouf à Abdoulaye Wade, aucun président de la République n’a osé s’attaquer à Keur Serigne-Bi. Recevant le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal juste après l’Alternance, le président Wade leur avait parlé en ces termes : ‘Keur Serigne Bi, affairou mag la. Ay mag nio kay réglé (Keur Serigne-Bi est une affaire de grandes personnes et c’est entre grandes personnes qu’on va la régler, Ndlr). Neuf ans après, le problème perdure. Avec même plus d’acuité. Pour dire que le lobby qui est derrière Keur Serigne-Bi dispose de solides relais jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
‘Je vais saisir le ministre de l’Intérieur pour que des mesures énergétiques soient prises contre les médicaments de la rue. Que ce soit à Keur Serigne Bi ou autre, des dispositions seront prises pour enrayer définitivement ce fléau’. Souleymane Ndéné Ndiaye a ainsi pris date devant les élus du peuple qui l’ont interpellé sur la question des médicaments de la rue lors de sa Déclaration de politique générale, jeudi dernier. A cette voix du Chef de gouvernement qui a été sommé d’en parler, s’ajoute celle des autorités du ministère de la Santé, de la Prévention et de l’Hygiène publique, à travers son secrétaire général. Présidant hier la Journée de sensibilisation contre les médicaments de la rue au nom du ministre Thérèse Coumba Diop, Moussa Mbaye s’est limité, également, à dénoncer ce cancer dans le cœur de Dakar.
Après toutes ces déclarations de bonnes intentions, la seule question qui s’impose est celle-ci : à quand la fermeture de Keur Serigne-Bi ? Abdou Fall, alors ministre de la Santé avait donné sa langue au chat. C’était devant les pharmaciens qui procédaient à Mbour, à l’ouverture de leurs premières Journées pharmaceutiques. Aucun député n’a jusque-là pris la parole pour demander la fermeture de Keur Serigne Bi.
Les pharmaciens, à travers l’Ordre, se montrent souvent très timides dans leur combat contre le fléau Keur Serigne Bi. Même s’il dénonce la présence de cet établissement spécialisé dans la vente illicite de médicaments, son Président Cheikh Oumar Dia se fait prier pour prononcer le nom de Keur Serigne-Bi, rejetant ainsi la responsabilité sur les autorités. ‘Si l’Etat y met du sien, il peut combattre le marché illicite de médicaments, d’autant qu’il dispose de tous les moyens pour le faire’, martèle le Docteur Cheikh Oumar Dia lors d’un point de presse tenu en prélude aux deuxièmes journées pharmaceutiques. La balle, tout le monde le sait, se situe dans le camp de l’Etat. Mais, avoir le courage de désigner du doigt Keur Serigne-Bi serait un pas de franchi. Et c’est ce qu’a fait le Docteur Fatou Ndiaye Dème, lors de la Journée de sensibilisation contre les médicaments de la rue. ‘Quiconque achète un médicament à Keur Serigne-Bi a acheté un médicament volé’, a dit, hier, la présidente du Collectif des pharmaciens de Pikine. Un courage appuyé par la témérité du Président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal qui estime qu’il ne peut pas y avoir de voleur sans receleur. ‘Les médicaments volés sont nécessairement déposés quelque part. Keur Serigne Bi est nécessairement l’un des points de chute de ces médicaments volés’, avait-il accusé lors d’un point de presse tenu dans les locaux de l’Ordre pour dénoncer la recrudescence des cambriolages. Le Docteur Aboubakry Sarr avait même évoqué l’existence d’un autre ‘centre névralgique’ tapi dans l’ombre et qui a établi ses bases entre Darou Mousty et Touba.
Une chose reste claire : pour des raisons jusque-là obscures, l’Etat du Sénégal ferme les yeux sur cet établissement basé au cœur de notre capitale. Au grand dam de la santé des populations.
Issa NIANG
Visite dans la banlieue inondée : Karim Wade anticipe, le conseil régional de Dakar minimise
La visite dite d’introspection et d’immersion du Conseil régional de Dakar dans la banlieue hier, est intervenue vingt-quatre heures après que le ministre des Transports aériens et des Infrastructures, Karim Wade se soit rendu dans la zone pour offrir quinze motopompes aux populations sinistrées. Mais, pour El Hadj Malick Gackou et sa délégation qui procédaient à la remise de trente-quatre motopompes réparties aux douze communes d’arrondissement de la Ville de Pikine, le geste du fils du président de la République ne saurait les court-circuiter dans leur action d’assistance à la banlieue.
Au début, certaines populations ont cru recevoir les motopompes du ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. Et c’est parce que Karim Wade qui a sillonné, lors de sa visite avant-hier, mercredi, les différents quartiers et sites, a remis quinze motopompes au président de l’Association Synergie des acteurs pour l’assainissement de la banlieue (Saaba), en présence de plusieurs notables de la zone, pour faire face aux inondations. Ce geste du fils du président de la République, perçu comme une tentative de sa part de court-circuiter le Conseil régional de Dakar, sera minimisé par El Hadj Malick Gackou. Selon le président de cette institution régionale, ‘la question des inondations interpelle tout le monde. Il y a eu des ministres qui nous ont précédés dans la banlieue’. Mais, d’après lui, ‘s’il y a court-circuitage politiquement parlant, ce ne peut être que celui du 22 mars dernier lors des élections locales au cours desquelles sa coalition a été battue à plate couture’.
Le patron du Conseil régional de Dakar dit apprécier le geste de Karim Wade et de toute autre personnalité de l’Etat qui s’associent à la lutte contre les inondations. ‘Il y avait beaucoup de scepticisme au mois de mai quand nous lancions le combat contre les inondations dans la banlieue. Mais, nous remercions le gouvernement qui s’est joint à la cause. C’est un défi national que nous devions relever. Il ne s’agit pas de savoir qui doit faire quoi. Le débat sur les inondations a occupé l’actualité depuis trois mois, je pense que c’est le mérite des populations, c’est le mérite des élus, c’est le mérite du gouvernement’, a reconnu M. Gackou qui procédait à la remise de trente-quatre motopompes aux douze communes d’arrondissement de la Ville de Pikine. Ces équipements seraient évalués à 20 millions de francs Cfa. La cérémonie a eu lieu à la commune d’arrondissement de Djidda Thiaroye Kao qui compte soixante-trois quartiers, dont les soixante vivent dans les eaux hivernales depuis 1999, date des premières inondations.
Pour mobiliser davantage et vaincre définitivement le mal, le Conseil régional de Dakar qui en est au terme de sa première phase d’action, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il envisage de s’attaquer à la seconde phase qui doit couvrir les départements de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque. C’est ainsi qu’El Hadj Malick Gackou et sa délégation ont annoncé hier l’organisation, les 1er et 2 août prochains, d’un téléthon avec la télévision nationale en faveur des sinistrés, en présence du maire de la Ville de Pikine, Pape Sagna Ndiaye, de ses collègues des douze communes d’arrondissement. Selon M. Gackou, un comité d’éthique a déjà été monté. Celui-ci est composé, pour plus de transparence dans la collecte et la gestion des fonds, de l’abbé Jacques Seck, du journaliste Latif Coulibaly, du président des (Saaba) Babacar Mbaye, d’Aminata Niane de l’Apix, de Mamadou Mbodj du Forum civil entre autres. Dans ce contexte de crise économique internationale qui affecte tous les pays, M. Gackou dit compter sur la sensibilisation auprès des partenaires, des artistes, des élus et toutes autres personnalités du pays. L’argent collecté devrait pouvoir servir au règlement des problèmes de santé publique et de la déperdition scolaire.
Par ailleurs, le Conseil régional de Dakar, réagissant à la question des confrères, a précisé que la date du jeudi choisie pour effectuer cette visite, n’est nullement pour jeter du sable dans la soupe de la déclaration de politique générale du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye qui faisait face aux parlementaires de l’Assemblée nationale le même jour.
Abdoulaye SIDY
LE QUOTIDIEN :
Assemblée Générale - trcasseries subies par le corps diplomatique au Sénégal
Les ambassadeurs crient leur ras-le-bol
Après l’affaire de l’ambassadeur du Portugal, le corps di¬plo¬matique accrédité au Sénégal sort de son mutisme pour dé¬noncer les nombreuses tracasseries qu’il continue de subir au Sé¬négal. Ces ambassadeurs ont tenu une Assemblée générale pour se faire entendre. Une Ag à la suite de laquelle ils ont produit un rapport à l’attention des autorités étatiques sénégalaises.
Par Mamadou DIALLO
Il en a ras-le-bol. Le corps diplomatique accrédité au Sénégal ne veut plus subir d’exactions de la part de certaines autorités sénégalaises et des policiers. Il l’a fait savoir lors de son Assemblée générale qu’il avait tenue le 26 juin dernier. A la suite de cette Ag, les ambassadeurs ont produit un rapport qu’ils ont adressé aux autorités compétentes du pays. Un rapport dans lequel, ils évoquent les nombreux dérapages dont ils ont été victimes.
Dans cette correspondance dont Le Quotidien a eu copie, l’ambassadeur d’Algérie a soulevé la question du comportement de certaines autorités du Sénégal vis-à-vis du corps diplomatique. Ceci dit, il expose même des cas qu’il a vécus au parking du salon d’honneur de l’aéroport de Dakar et des difficultés de stationnement de sa voiture en ville. Ainsi, le représentant de l’Algérie au Sénégal considère même qu’il est temps de mettre fin à ces nombreux dérapages. Un point de vue partagé par le chargé des Affaires du Gabon qui, lui, tout en confirmant la situation décrite par l’ambassadeur d’Algérie, souligne «l’impolitesse et les insultes des policiers sénégalais». Seulement, le diplomate gabonais ne s’est pas limité à dénoncer cette situation. Il propose même des solutions pour mettre fin à leurs maux. Ainsi, considère-t-il qu’il est temps de revenir à la demande de l’application de la Convention de Vienne et «d’utiliser l’arme de la réciprocité».
Le Nonce Apostolique, qui est le représentant de la Cité du Vatican à Dakar, a manifesté aussi, au cours de cette rencontre tenue au complexe Ngor Diarama, son indignation face à une situation qu’il a lui aussi eu à vivre. En effet, il a exprimé, à travers ce rapport produit à l’attention des autorités étatiques du Sénégal, son ressentiment en évoquant l’immixtion d’un Inspecteur du travail dans sa mission diplomatique. Pour lui, «c’est triste et du jamais vu dans d’autres postes».
Après avoir exposé leurs maux au cours de leur rencontre, leur Doyen, l’ambassadeur du Liban, a demandé à tous les ambassadeurs victimes d’e¬xac¬tions de communiquer les détails des circonstances dont ils se plaignent aux autorités ou d’envoyer une note verbale. «Au cas où ils n’obtiendront pas de réponse, ils informeront le Do¬yen pour que le Décanat les soutienne en formant une intervention convenable auprès des autorités compétentes», écrivent les ambassadeurs dans leur rapport.
Toutefois, le Doyen des ambassadeurs précise dans le document que quelques solutions commencent à être préconisées par le Directeur du protocole du ministère sénégalais des Affaires étrangères. Il souligne même que ce Di¬recteur du protocole avait déclaré que des solutions au problème du parking de l’aéroport sont à l’étude et que des dispositions avaient été prises pour l’élimination des irrégularités. «Il a proposé de faire une approche positive envers les autorités de Police, no¬tamment en faisant preuve de res¬pect envers eux. Ce qui créerait une at¬mos¬phère positive de leur part en¬vers les membres du corps diplomatique», précise l’ambassadeur du Liban.
Au cours de cette manifestation, le corps diplomatique accrédité au Séné¬gal n’a pas manqué de soulever l’affaire de l’ambassadeur du Portugal au Sénégal. Ce diplomate portugais du nom de Antonio Monténégro était cité dans une affaire de débauche.
Les ambassadeurs qualifient cette affaire de «scandaleuse et de dérapage inacceptable». De ce fait, ils déplorent la façon dont «une certaine presse» a traité cette affaire. Les journalistes «sont passés d’un cas spécial pour écrire que tous les diplomates accrédités au Sénégal ont un mauvais comportement». «L’ambassadeur de la Guinée-Bissau a considéré que l’affaire de l’ambassadeur du Portugal Antonio Monténégro n’est basée que sur les allégations de l’un des vigiles de la résidence de l’ambassade. Il ajoute même que tout ambassadeur a le droit de recevoir des gens durant la nuit», lit-on encore dans le rapport.
madiallo@lequotidien.sn
L’après 22 mars : Le Sénégal, une démocratie mature, certes, mais…
Les agissements et propos, venant surtout de certaines formations politiques, issues de la vieille garde socialisante, contribuent souvent à donner une image biaisée de nos réalités so¬ciales et un prisme déformant de nos institutions. Les agissements et propos, venant surtout de certaines formations politiques, issues de la vieille garde socialisante, contribuent souvent à donner une image biaisée de nos réalités so¬ciales et un prisme déformant de nos institutions. Comme à l’accoutumée, ces contempteurs professionnels se plaisent à tirer à boulets rouges sur le régime actuel, l’accusant de vouloir brader le patrimoine économique national, en faisant allusion aux efforts de restructuration ou de recapitalisation de certaines sociétés nationales, ou d’économie mixte.
Il n’existe pas pire non-voyant que celui qui ne veut point voir, ou qui simule une cécité alors que les faits sont plus têtus que jamais. Ils feignent d’oublier que c’est sous leur magistère que moult entreprises, jadis fleurons de notre économie, ont été vendues à vils prix, prétextant quelques exigences de l’«ajustement structurel», et de la «mondialisation», qui avaient décidément bon dos.
Impitoyables et insatiables, ils ont pillé pas moins de sept (7) banques et institutions financières, dont les plus en vue sont (étaient) la Bsk, la Sonaga, l’Usb, avec son célèbre et mystérieux «Compte K2»…Sans parler de la mise à sac de ces précieux outils d’appui au développement du monde rural et de soutien des consommateurs, qu’étaient l’Oncad, la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix, qui en fait de «stabilisation» n’alimentaient que des barons-quotataires repus, et ha¬biles maîtres-chanteurs. Tous les moyens étaient bons pour se remplir la panse et gonfler indûment des comp¬tes bancaires à l’étranger. Ainsi, même la Croix-Rouge, à la surprise gé¬nérale, ne fut pas épargnée par ce brigandage financier national, impitoyable, amoral, érigé en règle. De multiples Projets ruraux et plus de 250 so¬ciétés d’Etat furent ensevelis sous leur quarante ans de bérézina, que les Sé¬négalais, exaspérés, déprimés et ruinés ont été contraints d’abréger un certain 19 mars 2000.
Habitués des privilèges du pouvoir, il est évident qu’ils ne s’en consoleront pas de sitôt. Dans la solitude de leurs rêves agités, ils remâchent sans cesse leur glorieux apogée, ponctué de souvenirs fantasmagoriques de leurs in¬nombrables cours de flagorneurs, entretenus avec les deniers publics. La politique n’était (et reste) pour eux qu’intrigue, jeux de poker, intoxication de l’opinion et saupoudrage au Ddt des paysans récalcitrants.
A présent, ils ne se contentent plus seulement de jouer aux «ou¬blieux», pa¬rés d’un nouveau manteau de virginité, mais voudraient également prendre les Sénégalais pour des (les Sénégalais n’ont pas la amnési¬ques impénitents, or «fatté kha¬diou¬fi» mé¬moire aussi courte !). Ils s’érigent aujourd’hui en censeurs et en donneurs la liberté d’expression et du droit de leçons, jusque dans le domaine de ; oubliant, par exemple, qu’ils embastillaient systématiquement la démocratique figure de prou de l’opposition d’alors, le leader du Pds, avant toute ! Oubliant proclamation des résultats des votes. Et sans autres formes de procès également qu’ils ont été, pendant des décennies, les cham¬pions des votes multiples, des bourrages d’urnes, des transferts d’électeurs, de la rétention de cartes et de la manipulation des couleurs des bulletins de vote, dont l’opposition de l’époque avait beaucoup souffert, particulièrement la Cdp-Garab gi du Pr Iba Der Thiam.
Certes, celui que les Sénégalais se sont librement choisi le 19 mars 2000 (avec 58 % au deuxième tour) et à qui ils ont renouvelé leur confiance le 27 janvier 2007 (avec 56 % au premier tour), n’est pas un être : issu des cuisses de Jupiter, mais il aura incontestablement marqué son époque en réussissant la prouesse d’allier la réduction de la fiscalité des entreprises (de 35 à 25 %) et la baisse de l’impôt sur les sa¬laires (-30 %) à un accroissement exponentiel du budget national (de 575 en l’an 2000 à prés de 2.000 milliards au¬jourd’hui) ; en mettant en œuvre une po¬litique de justice sociale dans l’E¬du¬ca¬tion, particulièrement par la décentralisation de la construction des établissements scolaires (de 18 à 53 ly¬cées) et universitaires (qui passent de 2 à 5) ; en intensifiant la scolarisation des filles (de 63 à 80 ; en démocratisant l’accès des étudiants aux appuis financiers de l’Etat %) (généralisation des bourses et des aides scolaires) ; en rendant gratuit l’accès à certains soins de santé (césarienne gratuite pour les femmes et prise en charge des personnes du 3e âge) ; en subventionnant mas¬sivement l’agriculture (en engrais, intrants et semences) ; en soutenant la culture de contre-saison (207 bassins de rétention) ; en modernisant l’A¬gri¬cul¬ture (501 tracteurs indiens déjà li¬vrés, 1 000 autres, iraniens, commandés) ; en améliorant la mobilité urbaine, avec des infrastructures de dernière génération, dans les faubourgs des grandes villes (échangeurs, ponts, tunnels), et la circulation péri-urbaine (plus de 3 000 km de routes bitumées). Sans compter les grands projets, dont les Sénégalais sont en train d’assister à leur mise en œuvre (autoroute à péage, nouvel aéroport de Diass, exploitation aurifère de tangible Ké¬dou¬gou, etc.). Et la liste est loin d’être ex¬haus¬tive.
Et tout cela en ! de règne», précisément en un septennat. Aussi, les moins de «40 ans Sénégalais, qui ne sont pas dupes pour un sou, sont parfaitement conscients de l’acte qu’ils ont posé, le 22 mars dernier : Ils ont (localement) sanctionné ceux qui, à l’image des barons du défunt régime, s’étaient malheureusement laissés aller à quel¬que légèreté, dans la gestion de proximité du bien public (l’un d’entre-eux est actuellement dans les liens de la dé¬tention, pendant que deux autres ont présentement maille à partir avec la Justice). Pourtant, ils se sont toujours prévalus de leur mentor (Me Ab¬doulaye Wade) pour briguer les suffrages des Sénégalais. Mais, ils se seront rendus coupables d’actes dont les Sénégalais n’avaient que trop souffert, pendant 40 ans. Des cauchemars que le «goorgoorlu» moyen n’était pas prêt de revivre. Et la sanction tomba. Net. Comme couperet. un
Et le Président Wade, en bon démocrate, décodant parfaitement le message des électeurs du 22 mars 2009, aussi bien que celui des «victimes des mauvaises investitures», avec la désinvolture d’un danseur mondain, a en¬grangé ces signaux d’alarme dans son pipeline, en direction de l’horizon 2012. Lesquelles échéances, consacreront incontestablement un éloquent bilan de l’Alternance, que de vieux fossiles communisants, en collusion étrange avec ceux qu’ils cataloguaient naguère, dans leurs harangues révolutionnaires, de «prédateurs Ups/Ps», prétendent ternir par l’outrage et l’intoxication. Ce que, bien évidemment, les Sénégalais, politiquement mûrs et électoralement majeurs, ne sont pas prêts d’accepter.
Car, le Sénégal est incontestablement une démocratie mature - maculée certes de fossoyeurs potentiels - mais qui saura, en dépit des chocs exogènes, garder le cap vers l’émergence, en préservant toutes ses prérogatives, acquises de haute lutte.
El Hadj Idrissa Traore
Sg du Parti d’actions salutaires pour le travail et l’émergence des forces africaines (Pastef-Afrique)
styleidi@yahoo.fr
Lobservateur : Jeudi 23 Jui 2009
Maître Souleymane Ndéné NDIAYE, entre Foires, Bazars et l'Histoire
Non la situation de Sénégal n'est pas mauvaise, elle est catastrophique. Tel est le constat que le Premier Ministre doit dresser pour son grand discours de politique générale de jeudi prochain. Une déclaration de plus que les sénégalais suivront avec autant de dédain que de mépris car étant habitués à ce show qui ne les sortira pas de la mélancolie ni de l'inquiétude dont se languit le pays. A moins que monsieur Souleymane Ndéné Ndiaye ne surprenne le peuple par un discours qui va séduire par un style nouveau et qu'il parvienne à nous arracher de la sinistrose ambiante et de l'anxiété face à l'avenir du Sénégal. Il faut se rendre à l'évidence: une situation qui ne dit pas son nom existe dans notre pays. C'est bien le sentiment de bazars que donne ce régime de l'alternance ce qui loin de nous réjouir a fini par nous inquiéter. Houleuse et mouvementée, l'histoire de notre pays démontre que c'est à chaud que des réformes et bouleversements d'ampleur sont en effet nécessaires pour revoir l'architecture des pouvoirs, leurs fonctionnements, et leurs manières de s'équilibrer les uns des autres. A froid c'est compliqué comme le prouvent les états d'âmes des parlementaires de la majorité justes soucieux de leurs existences et qui ne cessent de nous démontrer une mauvaise foi éhontée. Le contexte doit évoluer, le Sénégal est comme frappé de sclérose institutionnelle. Des propositions genres nouvelles doivent être retenues et mises en oeuvre pour contribuer enfin à la séparation des pouvoirs. Le parlement retrouverait ainsi sa dignité et l'exécutif serait moins soumis à la tentation du hold-up des institutions dans lequel le président WADE s'est voluptueusement coulé après l'avoir si longtemps attaqué. Pourtant Wade devrait savoir que la fonction présidentielle a ceci de cruel qu'à la surexposition liée à l'occupation du Palais succède un désert médiatique frôlant la mort politique pure et simple.
Mais l'exercice de réalisme et de transparence devra se doubler d'un message d'espoir afin de ne pas amplifier la crise de confiance qui alimente actuellement le plongeon de l'électorat libéral. Autre difficulté du premier ministre: arriver à concilier la mise en oeuvre des innombrables promesses qui n'engagent que ceux qui y croient et la gestion serrée des finances publiques, tout en parvenant à prouver que les sommes colossales englouties dans le train de vie de l'Etat, des grands projets, du plan "jaxaay", des nombreuses agences etc..., n'ont pas servies simplement à alimenter le tonneau des Danaïdes. On le voit, il y a des exercices plus faciles pour un nouveau nommé, qui aussi étonnante fût sa nomination, doit maintenant se colleter un héritage désastreux à un point tel qu'il risque d'y laisser rapidement sa popularité. Donc c'est le moment de sortir de l'ombre et de trouver cette place qui reste à inventer dans cette alternance. Avec un chef nommé Wade, brasseur de foule, qui ferraille au 1er degré, rédige les feuilles de route et se répand avec jubilation, son second, fût-il appelé Premier Ministre, est relégué en spectateur et en récupérateur de pots cassés. Avec les urgences du pays les deux hommes courent. Cela les rapproche. Mais il est rare que dans un marathon un coureur en attende un autre. Une impression ambivalente qui est à la mesure de chaque chef de gouvernement de Wade: volontariste, prenant les problèmes à travers le corps, mais promettant plus qu'il ne tienne, l'étroitesse de ses marges le condamnant au verbe et à la gesticulation plutôt qu'à la concrétisation des promesses électorales. Pareil que ses prédécesseurs? Un Wade petit style? Un châtelin de bitty camouflé sous les oripeaux de chateaubriand? Un moteur de 2cv dans une carcasse d'un airbus A380? Si ce n'est trop tard, il doit se requinquer et se donner un appétit nécessaire pour avaler le sandwich "King Size", suivi d'un super "Big-Mac" servis par le Président Wade pour l'aider à honorer son contrat avec le peuple qui le mènera à 2012. Mais avec un Sénégal anémié, miné et au trente-sizième dessous, il a la malchance d'être attendu au tournant comme tous les nouveaux venus du trône de Saint-pierre. Tout ce Bazar est un véritable révélateur des contradictions qui minent la société sénégalaise, et de la crise d'identité qui la ronge. Dans ce jeu dangereux auquel se livrent les politiques, j'ai bien peur que ce soit là le vrai visage du Sénégal; un pays qui a peur, en manque d'ambitions, incapable d'assumer son histoire et qui se referme sur lui-même. Une reprise en main de notre destin serait de nature à panser bien des plaies et à revigorer quelques plans de carrières. Une économie qui tourne est le gage d'une situation politique apaisée. Que naisse cette confiance entre le l'Etat et le peuple. Que les sénégalais retrouvent leur fierté nationale, leur union autour de l'essentiel. A moins que des mesures fortes et des promesses réalisables utiles au peuple soient annoncées. Pour terminer le raisonnement est le suivant: Puisque la crise est là dans un pays qui va mal, dirigé par un parti qui va très mal, que le Premier ministre fasse recours aux lumières de la raison pour établir devant les députés l'état des lieux du pays dans sa pure vérité et par conséquence, obliger le camp libéral à prendre ses responsabilités. Mais de grâce, que tous soient pénétrés de sens collectifs et rompus aux exigences du dialogue social et économique. C'est un minimum de méthode qui doit prévaloir dans un pays qui traverse des turbulences. Cela n'a rien de romantique. Mais le réalisme nous évitera peut-être de bien plus grandes déconvenues demain.
Heureusement, je l'espère, que les sénégalais refuseront d'être les receleurs de pratiques indignes et qu'ils se porteront massivement à travers les urnes sur des hommes qui, à l'incurie du pouvoir en place, opposeront l'efficacité d'un réseau associatif offrant aux plus nécessiteux -qui ne manquent pas- santé, écoles, transports, logement etc... et coup de pouce pour boucler les fins de mois. La vérité: faute à l'argent, faute de vigilance, il n'existe plus chez les politiques un modèle de politicien sénégalais. Sinon un modèle socialement périmé. La valeur d'un individu n'est pas déterminé par ce qu'il pense de lui-même mais de la façon dont les autres l'évaluent. Alors écoutons-le et attendons de voir.
Mamadou Oumar WANE
Technicien de mesures Cabinet Audits Qualité Clients Réseaux Télécoms- France
Conseiller en communication
editocontribution@yahoo.fr
SUD QUOTIDIEN :
DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU PREMIER MINISTREPouvoir et opposition dans un bras de fer
par Assane MBAYE | SUD QUOTIDIEN , vendredi 24 juillet 2009
Nombreux sont ceux qui ont effectué hier, jeudi 23 juillet, le déplacement à l’Assemblée Nationale pour suivre la déclaration de politique générale du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye. Cette session, presque de neuf tours d’horloge, a été un temps fort et une occasion saisie par le Premier ministre de décliner les différents axes à entreprendre pour mener le pays à bon port. Cependant, si certains sont optimistes à l’issue de la session, d’autres par contre, estiment que cela s’éternisera dans les tiroirs des promesses non tenues.
10h. Assemblée nationale. Le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, fait son entrée dans la salle des plénières. Acclamations, louanges et applaudissements ont rythmé l’ambiance à l’hémicycle. Dans la salle, des représentants du corps diplomatique, les membres du gouvernement, de la société civile, des militants libéraux.
Ainsi, c’est aux alentours de 10h 25 mn que la session a débuté sous le signale de Mamadou Seck, président de l’Assemblée nationale empêché à maintes reprises de s’exprimer à cause du brouhaha qui provenait de l’assistance qui ne cessait de chanter « Souleymane koula yékal thiéré », « goorgui mo barry doolé ». Il a fallu que ce dernier hausse le ton et menace l’assistance d’expulsion pour que l’ordre revienne. « Toute personne qui manifeste son approbation ou désapprobation sera chassée de la salle », précise-t-il. Mais rien n’y fait.
Après cet incident, place à la lecture du discours de politique générale par le Premier ministre. C’est ainsi qu’il fera un tour d’horizon des secteurs primaire, secondaire et tertiaire.
Prenant la parole, le député Me El Hadji Diouf, dira que « Souleymane Ndéné Ndiaye a su dresser un programme gouvernemental assez complet qui n’a négligé aucun secteur d’activité ». Avant de poursuivre : « maintenant laissons le passer à l’acte et attendons de voir ce que cela va donner comme résultat ».
Toutefois, l’économie, l’éducation et la santé, sont les points saillants sur lesquels le groupe parlementaire de l’opposition a dirigé ses attaques contre Souleymane Ndéné Ndiaye.
Dialogue politique : le Pm met les pieds dans le plat
Ainsi, l’invitation faite au gouvernement par Imam Mbaye Niang, député non inscrit, de se référer aux conclusions des Assises nationales pour sortir l’éducation nationale du gouffre, a fini par rompre le silence de Souleymane Ndéné Ndiaye.
Ce dernier, a riposté en lui disant : « ce que vous appelez assises nationales, ne les sont pas. Ce sont plutôt des assises de l’opposition et moi en tant que chef du gouvernement, je n’ai aucune leçon à recevoir de vous ». Avant de reconnaître que « certes le secteur de l’éducation connaît des problèmes, néanmoins, des mesures drastiques ont été prises l ». Et à imam Mbaye Niang de relancer le débat sous un autre angle. Cette fois çi, il taxe le gouvernement de fétichisme en prenant comme prétexte la statu en cours de construction au niveau du monument de la Renaissance. « Vous n’êtes pas plus croyant que nous, imam », rétorqua le Premier ministre.
Ndèye Fatou Touré, député non inscrit, entre en jeu avec cet sur les lèvres, « c’est pendant l’orage qu’on reconnaît les grands pilotes. Et vous, (en s’adressant au premier ministre) vous êtes arrivé en une période d’orage animée par une crise économique, alimentaire, financière et sociale ». « Maintenant, ce dont nous avons besoin, c’est un plan d’urgence qui puisse remédier à tous ces problèmes », poursuit- elle avant d’ajouter : « Monsieur le Premier ministre, j’avais cru que vous allez venir ici avec un document de moins de 10 pages mais à ma grande surprise vous êtes venu avec un document presque d’une cinquantaine de pages ». Et à Souleymane Nd. Ndiaye de répliquer en disant ouvertement à cette dernière que, « la valeur d’un homme ne se mesure pas à son poids », pour lui dire que ce n’est pas le nombre de pages de la déclaration qui est important mais plutôt, le contenu.
Mously Djakhaté quant à elle, a invité, dans un ton ironique, à une évaluation de sa feuille de route d’ici à 12 mois pour voir si les promesses vont être tenues. Une invitation que le nouveau chef du gouvernement dit accepter avec plaisir.
Oumar Khassimou Dia, abonde dans le même sens. « Vous avez fait un beau discours M. le premier ministre », « bravo ! » lui a-t-il dit. « Mais passez à l’acte » lui a-t-il conseillé. Et d’ajouter que « le secteur agricole souffre d’énormes difficultés et avec lui l’énergie ». Avant de poursuivre, « quand ceux qui savent ne font pas et que ceux qui font ne savent pas, rien ne marchera ». Une affirmation que le Pm a jugée trop grave avant de préciser que « les efforts notés dans les secteurs agricoles et énergétiques dépassent de loin ceux notés dans le régime socialiste.
(Stagiaire)
OPPOSITION - Après le discours du Pm et sa position sur les Assises.
: pas de restrictions au moment de nouer le dialogue. Selon eux, toute cette agitation ne mène à rien, car s’il y en a qui vont y perdre dans cette absence de dialogue, ce ne sont pas eux. De toute façon, Bennoo Siggil Senegaal a déjà sa feuille de route, qu’il compte mener jusqu’à son terme. C’est à la fois malheureux et inopportuns, les propos de Souleymane Ndéné Ndiaye sur les Assises nationales. Mais les leaders de Bennoo restent constants
Des leaders de Bennoo refusent d’être divertis
Par Aly FALL
? Allez savoir… Mais prévient le leader du Mouvement pour l’alter nan ce générationnelle (Mag)/ Niaxx Jariniou, Cheikh Sarr, membre de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, il ne saurait y avoir de restriction dans le dialogue, c’est-à-dire en langage moins codé, que Wade et son régime ne sauraient occulter les con clusions des Assises nationales. Lesquelles conclusions symbolisent, pour Ma dièye Mbodji, «le vrai dialogue national», puis que provenant de réflexions de la quasi-totalité des représentants des secteurs socio-économiques du Sénégal. ; donc pas leur intermédiaire direct. Wade est-il derrière ce discours musclé ou bien est-ce Souleymane Ndéné Ndia ye himself qui s’est engagé à casser un pan de la branche sur laquelle repose le dialogue politique ? C’est la question que des leaders de Bennoo se sont posés hier, même s’ils se sont empressés d’ajouter qu’ils ne sont nullement surpris par le comportement du chef du gouvernement. Seulement, ce qui semble les émouvoir, c’est le double rôle qu’est en train de jouer le 6e Premier ministre de Abdoulaye Wade. Tantôt, il s’emmitoufle du manteau d’un prêcheur du dialogue avec sa lettre adressée à Bennoo pour la mise sur pied d’une commission paritaire, tantôt il affiche son mépris à l’égard des initiateurs des Assises nationales. Mais aux yeux de nos interlocuteurs, il n’est qu’un second couteau Quelle mouche a bien pu piquer Souleymane Ndéné Ndiaye pour qu’il désavoue, avec une rare violence frisant l’arrogance, les conclusions des Assises nationales
Tous les deux leaders que Le Quotidien a joints par téléphone, ont persisté dans leurs propos que ce sera un dialogue inclusif ou rien. Mais pour le mo ment, Wade a consenti, à travers sa dernière missive adressée à Bennoo, de discuter autour du ficher électoral et des Droits de l’homme, renseigne Cheikh Sarr. Et c’est heureux pour lui de constater que ces aspects sont pris en compte dans les Assises nationales avec aussi des solutions contenues dans les conclusions de ces consultations. Aujour d’hui, se félicite le leader du Mag/Niaxx Jariniou, toutes les préoccupations des Sénégalais y ont été prises en compte. Alors si Wade veut réellement un dialogue sincère sans duperie aucune, il faudra qu’il prenne la peine de lire tous les travaux issus des Assises nationales. Tout comme son Premier ministre qui semble, selon Madièye Mbodji, tout ignorer des conclusions de ces Assises. Sinon, pense le leader de Yoonu Askan Wi, il ne se serait pas comporté comme il l’a fait devant les parlementaires. Quoi qu’il en soit, nos interlocuteurs ont réitéré la nécessité pour le régime en place d’appliquer les conclusions des Assises. C’est le seul gage de bonne volonté d’un dialogue national, pour eux. «Notre référence, c’est les conclusions», a répété Cheikh Sarr.
Sur la nécessité de mettre sur pied une commission paritaire en vue du dialogue national tel que souhaité par Abdoulaye Wade, M. Sarr estime qu’il n’y a pas lieu de se précipiter. Il faut d’abord s’entendre sur les termes de référence que Bennoo a soumis au président de la République. «Pourquoi veulent-ils mettre la charrue avant les bœufs», s’interroge M. Sarr. A l’en croire, c’est toujours le statu quo chez Wade par rapport à leurs conditions posées. Des propos identiques à celui de Madièye Mbodji qui pense que personne ne peut leur mettre la pression. Si dialogue il y aura, ce sera dans des conditions très claires sans aucune ambiguïté.
Pour le contenu de son discours de manière générale, nos interlocuteurs en rient, tellement leurs oreilles bourdonnent de cette «chanson» qu’ils entendent depuis des années maintenant. Madièye Mbodji lui, est plus radical, lui qui parle de «désintérêt» pour les Sénégalais. Ces derniers, assurent-ils, ne se font plus aucune illusion. Et désormais, se réjouit-il, ils savent à quoi s’en tenir avec Wade et son régime. Cheikh Sarr a émis sur la même longueur d’onde, quand il compare le discours de Souleymane Ndéné Ndiaye à celui de Hadjibou Soumaré, son prédécesseur. «De toutes les façons, moi, je le savais. Je ne m’attendais à rien de nouveau dans cette Déclaration de politique générale», laisse-t-il entendre.
alyfall@lequotidien.sn