Diversions et divertissements
L'OBSERVATEUR:
MANŒUVRES POLITIQUES WADE BALISE LE CHEMIN A KARIM
Article Par LATIR MANE,
Paru le Samedi 15 Nov 2008
Quand Wade refuse de se retrouver avec certaines têtes à la rencontre du Comité directeur du Pds, prévu hier au palais présidentiel, c’est parce que la composition de cette structure du Pds ne l’agrée plus. Il veut quelque chose de neuf, de moderne, de plus large, mais surtout d’efficace. Derrière cette volonté politique affichée, se cachent des manœuvres dans le sens de positionner, au sein de l’appareil du Parti démocratique sénégalais (Pds), des forces favorables à La Génération du Concret.
Le Pape du Sopi n’a pas fini ses manœuvres. Hier il a encore surpris les responsables membres du Parti démocratique sénégalais (Pds). Après avoir convoqué la rencontre du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) Me Wade a finalement préféré remettre la rencontre à un autre jour. «Me Wade ne reconnaît pas le comité directeur», déclare un de ses proches collaborateurs. Se limitant cependant à exposer ses préoccupations à quelques responsables du Pds. Wade est revenu sur un vieux projet. Connu pour ne jamais renoncer à ses projets, Me Wade est revenu sur la question de la restructuration et la réorganisation du Pds. Avant même de prendre ses vacances annuelles de 2008, le numéro un du Pds avait chargé certains responsables libéraux de réorganiser le Pds. Mais rentré au Sénégal en catastrophe avec les inondations dans la banlieue, Me Wade n’est pas revenu sur ce dossier, qui pourtant le tient à cœur. Celui qui est assimilé à la «seule constante» du Pds veut que son parti soit plus moderne, mais surtout que les personnes qui ont des bases importantes se retrouvent dans la première instance de décisions du Pds. Cela pourra réduire davantage les frustrations au sein du Pds, mais aussi permettra d’écarter les tonneaux vides, souvent sources de beaucoup de problèmes au Pds.
La Gc va se fondre dans le Pds
Derrière ce désir de réorganiser le Pds, il y a l’envie cachée de confier le Pds à la Génération du concret (Gc). Les actes allant dans ce sens ont commencé à être posés. C’est d’abord la réorganisation du mouvement des jeunes qui est confié à Mamadou Lamine Keïta, un militant de la Gc. Après lui, c’est au tour de Mme Awa Ndiaye d’être propulsée à la tête des femmes du Pds pour la réorganisation et la redynamisation du mouvement des femmes. Sans évoquer le cas du ministre de l’Emploi, du travail et des organisations professionnelles qui, bien que non positionnée dans le cercle des femmes leaders du Pds, n’en gagne pas moins de nouveaux biceps, avec sa nomination au poste de ministre d’Etat en plein conseil des ministres. Le tout participant d’une stratégie bien orchestrée pour donner à Karim Wade, les moyens politiques de ses ambitions. C’est désormais un secret de Polichinelle au Pds, on est en train de voir comment mettre en selle Karim Wade lors des prochaines élections locales pour briguer la ville de Dakar. Ce n’est pas donc pas un hasard si au niveau du Palais, on croit savoir que la Gc va bientôt mourir de sa belle mort. Car si effectivement elle met la main sur la machine électorale que constitue le Pds, elle n’aura plus de raisons d’exister. Mais pour cela, elle a besoin de la bénédiction et du soutien de la seule constante du Pds : le Pape.
DOOR MU DAANU Double vitesse
Paru le Samedi 15 Nov 2008
A quoi peuvent bien servir les audits ? Depuis belle lurette, les dossiers d’inspections de l’Ige ne sont bons qu’à nourrir les souris du Palais. Ceux de la Cour des comptes sont visiblement promus au même destin. On mobilise des magistrats, les paie avec les sous du contribuable pour qu’ils contrôlent comment les deniers publics sont gérés. Mais voilà que Gorgui leur met les points sur les « i », en renvoyant ces magistrats à leurs cahiers d’écolier. Quelle galanterie ! Si ce n’est pas un chèque en blanc pour certains privilégiés, c’en en a tout l’air. Et surtout quel clin d’œil aux « maires véreux » à qui l’on promet la « géhenne » de la foudre publique ! A double vitesse. On promet l’impunité aux uns et l’enfer aux autres. Il faut donc prolonger la pensée de Ousmane Masseck Ndiaye pour voir derrière sa sentence contre les maires « véreux », une volonté politique de casser du maire opposant. Et surtout celui-là qui a déclaré ouvertement sa flamme pour Macky Sall. Visez mon regard !
DEFICIT DE CERTAINS HOPITAUX Safiétou Thiam déplore la mauvaise gestion des dirigeants
Article Par JEAN-PIERRE MANE,
Paru le Jeudi 13 Nov 2008
Le ministre de la Santé et de la Prévention, Mme Safiétou Thiam a dit toute son indignation, hier, face à la mauvaise gestion constatée dans certains hôpitaux, notamment ceux de Dakar. Devant la représentation nationale, le ministre en charge de la Santé, a annoncé une subvention sélective des hôpitaux.
Un revirement à plus de 180°
Amnésique ou simple volte-face dans un pays où le double langage ne tue pas certains de nos dirigeants en panne d’arguments convaincants, mais capables de toutes les pirouettes pour raconter des histoires à faire tomber des nues ? Comment peut-on oser avancer des chiffres en 2007 pour la relance des travaux des hôpitaux de Fatick et Ziguinchor pour revenir, un an après, raconter des légendes d’on ne sait quelle époque ? Les arguments du ministre donnent du tournis à plus d’un compatriote. Les Sénégalais gardent encore en mémoire les propos de Dr Safiétou Thiam qui, en défendant son budget 2008, le mardi 20 novembre 2007 à l’hémicycle, il y a un peu plus d’un an, avait annoncé la reprise des travaux de ces mêmes hôpitaux pour 2008. Et d’après le compte - rendu qu’en a fait le quotidien national « Le Soleil » dans son édition n°11.246 du jeudi 22 novembre 2007 à la page 2, Dr Safiétou Thiam annonçait même que l’Etat devait libérer une enveloppe de 4,5 milliards sur les 8 milliards prévus pour la finition des travaux. Une année a suffi pour revenir sur les mêmes lieux et briser l’espoir de toute une population. En parlant de partenaires espagnols et d’autres arguments laborieusement développés, la réalité est que ,ce n’est pas demain que, l’hôpital de la paix de Ziguinchor et celui de Fatick sortiront de terre. Où se situe réellement le blocage et quelle alternative pour atténuer la douleur des populations concernées ? Des questions auxquelles seule Dr Safiétou Thiam peut apporter des réponses.
«Tous les hôpitaux reçoivent chaque année plusieurs milliards de l’Etat qui a opté pour une gestion autonome des hôpitaux. Le constat est qu’aujourd’hui, plusieurs hôpitaux sont déficitaires», a déclaré, pour le déplorer, le ministre de la Santé et de la Prévention, hier, lors du vote du budget de son département, annonçant que : « Le gouvernement a prévu une enveloppe de 2,7 milliards pour augmenter la subvention des hôpitaux ». Toutefois, s’empresse-t-elle de préciser, « cette augmentation va se faire en tenant compte des critères de performance ». Cette enveloppe additionnelle ne concernera pas certains hôpitaux qui fonctionnent à perte. « L’Etat donne de l’argent et des hôpitaux continuent de s’endetter pour exiger que l’Etat paie à leur place alors qu’au même moment, les services offerts sont de mauvaise qualité et les populations ne sont pas contentes », s’est encore désolé le ministre. Parlant de la prime de motivation, Safiétou Thiam relève, pour le regretter, que certains employés perçoivent des primes de motivation supérieure à la norme. « Ceci, selon les rapports qu’ils entretiennent avec le directeur. Ce qui n’est pas normal », a dit le ministre pour qui, la question de la prime de motivation plombe le système de la santé. Sur la création de nouveaux services, le ministre a indiqué que la politique de son département consiste d’abord à réhabiliter les structures existantes. « Les services de base ne fonctionnent pas. Il faut renforcer les acquis », a répété Safiétou Thiam.
Les hôpitaux de Fatick et Ziguinchor aux calendes grecques
Ce n’est pas demain la veille du calvaire des populations de Fatick et Ziguinchor. Interpellée sur le redémarrage des travaux de ces structures sanitaires, Safiétou Thiam a souligné que les populations desdites localités devront encore attendre pendant longtemps. Et pour cause, « les travaux de construction de ces deux hôpitaux ont démarré depuis 1999 pour stagner quelque temps après. Les choses sont à reprendre, les équipements sont dans un état de délabrement avancé, les bâtiments complètement dégradés. Pourtant, l’Etat a déjà mis 14 milliards pour ces structures. Il va falloir tout reprendre et cela va encore prendre énormément de temps ». Pour le ministre, le président de la République est saisi de la question et le gouvernement est en train de chercher des solutions avec des partenaires, notamment des Espagnols qui ont construit l’hôpital de Pikine. Safiétou Thiam dit avoir saisi son collègue Oumar Sarr, ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de l’Hydraulique urbaine, de l’Hygiène publique et de l’Assainissement. Ce dernier, a encore dit le ministre de la Santé, a pris contact avec une entreprise locale et, quelques blocages dus au processus sont en passe d’être levés. Son souhait, renseigne-t-elle, est de faire de ces structures sanitaires des hôpitaux de référence comme celui de Pikine construit en 16 mois par les partenaires espagnols. Les députés ont déploré « la négligence totale constatée dans certains hôpitaux où les malades sont rejetés ou encore mal accueillis par le personnel soignant ». Un manque de conscience professionnelle qui résulte du faible niveau d’instruction ou même du manque de formation de certains agents, se sont indignés certains députés. Interpellée sur la vente illicite de médicaments, Dr Safiétou Thiam a laissé entendre que son département ne peut que sensibiliser sur les dangers de ces médicaments vendus hors du circuit normal. «Le reste n’est pas de mon ressort», a dit le ministre. Sur le cas bien particulier du Centre hospitalier Abass Ndao, le ministre rappelle que cet hôpital a un statut particulier avec son PCA qui n’est autre que le maire -sénateur Pape Diop. « Abass Ndao appartient à la Ville de Dakar et nous n’en assurons que la tutelle technique », précise Dr Thiam. Le projet du budget du ministère de la Santé et de la Prévention pour la gestion 2009, est arrêtée à la somme de 97 022 102 580 Fcfa, contre 94 102 399 580 F Cfa pour la gestion en cours, soit une hausse de 2 919 703 000 F Cfa en valeur absolue, et 3,1% en valeur relative.
SUD QUOTIDIEN:
CHEIKH TIDIANE SY, MINISTRE DE L’INTERIEUR FACE AUX DEPUTES : « Lier le nombre des partis au respect des critères garantissant leur existence »
par APS , samedi 15 novembre 2008
Le ministre de l’Intérieur Cheikh Tidiane Sy a émis vendredi à Dakar l’idée dun assainissement de l’espace politique, laissant entendre que ce travail consistera à vérifier la conformité des partis politiques avec les critères garantissant leur existence.
’’Je pense que nous devons tous commencer à penser à la réflexion pouvant conduire à assainir davantage l’espace politique de notre pays. Il y va de l’avenir de notre démocratie’’, a déclaré M. Sy, avant d’ajouter : ’’il faut avoir le courage de le dire, il convient d’assainir’’ l’espace politique.
Des députés ont interpellé le ministre de l’Intérieur sur le nombre des partis politiques au Sénégal. Cheikh Tidiane Sy, qui faisait face aux parlementaires à l’occasion de l’examen du budget de son département, a dit que selon des statistiques datant de mai dernier, il y avait 144 partis politiques au Sénégal. ’’Le moment est venu de réfléchir, avec la classe politique, à la limitation des partis politiques’’, a dit le député du groupe libéral et démocratique (majorité), Alé Lô.
’’Est-ce qu’on peut avoir, dans le contexte actuel, plus de 80 programmes aussi différents et performants les uns que les autres ?’’, s’est demandé un autre député du groupe libéral et démocratique, Khadim Guèye, exigeant que le nombre des partis soit limité à celui des programmes de société qu’ils sont capables de proposer au peuple.
La prolifération des partis politiques au Sénégal ’’est une contrainte à l’exercice de la démocratie’’, a pour sa part estimé M. Guèye, qui s’est réjoui de la fusion de certains partis avec d’autres. Il a ainsi proposé d’ ’’ouvrir le débat’’ sur le nombre des partis.
’’Je voudrais souligner, a dit le ministre de l’Intérieur, le fait que la création et l’existence des partis politiques sont consacrées par la Constitution. Notre pays est l’un des rares pays où quatre bonshommes, individus, peuvent se réunir et créer un parti politique.’’
’’D’accord pour la limitation du nombre des partis, mais non au détournement de la volonté des citoyens’’ et des militants des partis politiques, a dit pour sa part Balla Moussa Daffé, membre du groupe libéral et démocratique.
’’Quand j’ai fait l’état des lieux à mon arrivée au ministère de l’Intérieur (avril dernier), je me suis rendu compte que la plupart, sinon l’ensemble des partis politiques, n’envoyait pas, comme l’exige la loi, les rapports de leurs activités au ministère’’, a indiqué Cheikh Tidiane Sy.
’’Or la loi est très claire, si un parti ne le fait pas, il s’expose à la dissolution. J’ai écrit au mois de mai aux 144 partis qui existent dans le pays, mais à peine le tiers des partis ont répondu favorablement. Voilà la réalité ou les réalités de notre système politique. Les partis ne jouent pas leur rôle, il faut le dire. Ils ne jouent pas leur rôle comme le veut la Constitution qui autorise leur création et leur existence’’.
’’Ils ne jouent pas leur rôle dans le sens du renforcement de la citoyenneté’’, a-t-il insisté. Relevant que ’’c’est aussi l’un des problèmes auxquels nous devons faire face’’, il est d’avis que le Sénégal doit ’’légiférer en la matière’’. ’’Nous sommes en train de réfléchir à la question du statut de l’opposition. D’ailleurs, nous avons reçu des instructions qui nous ont été données par le chef de l’Etat et le moment venu, nous allons porter cela à votre attention’’, a-t-il dit devant les députés qui l’ont interrogé sur ce sujet.
Jeunes de la banlieue de Dakar, les Wade vous trompent !
par , samedi 15 novembre 2008
Encore un conseil présidentiel de Me Wade ! Encore un projet mirobolant, fruit de ses intarissables idées-minute, comme l’ont été les différents « programmes spéciaux » (maïs, manioc, bisaab, sésame, Plan Reva, Goana) ! Cette fois, comme le diable sorti de sa boîte – pour paraphraser l’autre – il propose aux jeunes de la banlieue de Dakar un « ambitieux projet » qui devrait créer déjà 26 500 emplois en 2009 et 365 000 d’ici à 2015.
Notre homme-miracle s’engage à « faire en sorte que chaque jeune de la banlieue trouve un emploi » ou, à défaut, « que dans chaque famille un jeune trouve un emploi ». Pour convaincre au moins une fois dans sa vie, il affirme avec force, et sans sourcilier, que toutes ses promesses ont été tenues. Il va même jusqu’à lancer un défi : qu’on lui indique une seule de ses promesses qui n’ait pas été tenue depuis sa profession de foi de 1989 !
Pauvres jeunes de la banlieue ! Ce n’est sûrement pas cet homme-là qui vous trouvera des emplois. Cet homme dont la caractéristique principale est de faire à tout bout de champ des engagements et des promesses à très courte espérance de vie ! Si son « projet spécial emplois » est à l’image de ses autres interminables promesses, je conseille d’ores et déjà aux jeunes de la banlieue d’aller tenter leurs chances ailleurs et de ne rien attendre de cette chimère de notre politicien national.
Cet homme n’a que très rarement tenu ses promesses. Il est d’ailleurs beaucoup plus facile de faire le compte de ses maigres promesses tenues que de se hasarder à faire le point de celles qui ne l’ont pas été. Les premières se comptent sur les doigts d’une main. Ce sont essentiellement : l’aéroport international de Diass (initialement prévu pour Keur Massar), l’autoroute à péage, les cases des tout petits, les bassins de rétention, l’Université du Futur africain, les espaces jeunes. Je n’en connais pas d’autres et je lance un défi à ses mille courtisans de me rafraîchir la mémoire si j’en oublie. Ces maigres promesses tenues ont d’ailleurs de sérieuses limites.
Me Wade nous avais fermement promis que l’aéroport et l’autoroute à péage ne nous coûteraient aucun rotin : ils devaient être entièrement réalisés par système BOT. A l’arrivée, le premier est financé par des taxes aéroportuaires et le second par le Trésor public . Le nombre de cases des tout petits et de bassins de rétention jusqu’ici réalisés est respectivement de 230 et de 240, de la bouche même du président de la République. Pour un objectif initial de 44000 cases des tout petits et de 14000 bassins de rétention au moins. Une fois d’ailleurs, dans une de ses envolées lyriques, notre manitou a prononcé le nombre de 24000 pour les bassins de rétention. A ce niveau-là donc, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser.
Quant à l’Université du Futur africain, elle a déjà englouti des dizaines de milliards pour rien. Nous n’entendons plus les autorités en parler. Le chantier serait même envahi par les herbes.
Quant aux promesses et engagements non tenus, un livre ne suffirait pas pour en rendre compte. Dans mon livre « Me Wade et l’Alternance : le rêve brisé du Sopi », je leur ai consacré tout un chapitre, le troisième, qui va de la 51e à la 78e page.
Sans compter mes nombreuses contributions qui en font également le procès. Il n’est donc pas possible de les passer en revue ici. J’en citerai cependant quelques exemples. Je passerai sous silence les 400000 tonnes de riz pakistanais, « dont le prix proposé par les Pakistanais (était) nettement au-dessous du coût du riz au Sénégal ». On était en mars 2001. Aucun goorgoorlu sénégalais n’a jamais goûté à un gré de ce riz . Je rappellerai rapidement les 172 bus de seconde main que « la mairie de Taïwan avait offerts à Dakar Dem Dikk ».
Les « coûts de conditionnement de ces bus devraient être pris en charge par Taïwan et le transport par le DDD ». Nous étions en juillet 2001. Plus de huit ans après, DDD attend encore ses bus. Abdoulaye Vilane, Babacar Gaye et leurs « pays » attendent encore « le lac artificiel de Kaffrine qui devait faire du Ndoucoumane le grenier du Sénégal ». Notre manitou national a fait cette promesse mirobolante pour la première fois en 1993, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de cette année-là. Il réitérera fermement cette promesse en février 2000.
Que sont devenus les 10000 logements « confortables et à des prix très bas » que devaient construire à Dakar trois sociétés de nationalités différentes (marocaine, allemande, américaine) ? Me Wade avait d’ailleurs à l’époque « demandé à son fils Karim et à Idrissa Seck (alors son directeur de cabinet) d’aller voir sur place si les logements étaient du goût des Sénégalais ». Nous étions en 2004, exactement le 24 février. Me Wade présidait, au Cices, une réunion du Bureau politique du Pds. En plus de ces 10000 logements, notre conteur national affirmait avoir rencontré la Banque mondiale et le Fonds monétaire international pour leur dire que, dorénavant, pour toute école construite, il fallait prévoir des logements pour les enseignants. Ce préalable était également valable pour les hôpitaux à construire, qui devaient être dotés de logements pour les médecins et les sages-femmes. « Je veux que tous les Sénégalais soient logés », avait-il asséné pour terminer ses fanfaronnades. Qu’en est-il aujourd’hui de ces grosses promesses ? Elles se sont proprement volatilisées, pendant que l’Education et la Santé se débattent dans d’énormes difficultés.
Que dire de cette autre promesse : « A la place du Sénat, je réfléchis à un Haut Conseil de la République (HCA) et je dis, dès maintenant, pas d’ex-députés. Nous allons nous concerter et je vous assure qu’il n’y aura pas de dépense » ? C’est un Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (Craes) qui sera finalement mis en place en 2004. Je rappelle que Me Wade avait donné un engagement ferme : « Pas d’ex-députés » et surtout, « il n’y aura pas de dépense ».
Á l’arrivée, le Craes est doté d’un budget substantiel, qui augmentait d’année en année. Nous avions déjà compris que la parole de Me Wade n’avait aucun crédit et que l’institution allait bien nous coûter de l’argent. Et nous nous exprimions ainsi, dans notre premier livre, au chapitre III que nous évoquions un peu plus haut, à la page.64 exactement :
« Á l’arrivée, un budget de 900 millions de Fcfa est prévu pour le Conseil de la République. Et il n’y a aucun doute que, avec l’appétit sans cesse grandissant des libéraux, ce budget initial est parti pour augmenter tous les ans. Il augmentera sûrement puisque, de 90 initialement prévus, le nombre des membres est passé à 100 ».
Et il a effectivement augmenté, passant de 900 millions en 2004 à 1 milliard 600 millions en 2005. L’appétit venant en mangeant, il a encore été multiplié presque par deux en 2006, passant à 3 milliards 068 millions de francs. Voilà donc, à l’arrivée, pour ce fameux Haut Conseil de la République, dont Me Wade nous assurait qu’il ne nous coûterait rien.
Le président s’était engagé également à ce qu’il n’y ait pas d’anciens députés. Il avait formellement déclaré : « (…) Et je dis dès maintenant, pas d’ex-députés. » Contrairement à son engagement, le Craes est truffé d’anciens députés. Le président de l’Institution en particulier, a battu tous les records de longévité à l’Assemblée nationale pendant le règne des socialistes, avec cinq mandats consécutifs. Sans compter les Ameth Saloum Boye, Léna Fall Diagne et consorts. Allant plus loin encore dans la trahison de ses engagements antérieurs, Me Wade prend un décret et nomme dix nouveaux conseillers de la République. Ce qui portait leur nombre à 110, alors que le nombre initialement prévu était 90.
Pour nous convaincre définitivement que les engagements par Me Wade n’ont aucune valeur, revenons encore un peu en arrière, pour rappeler qu’il avait bien dit qu’« à la place du Sénat, il (réfléchissait) sur un Haut Conseil de la République ». Cette dernière institution qui ne devait rien nous coûter mise en place avec un budget qui a triplé en trois ans, Me Wade s’est ensuite employé à ressusciter le Sénat, qui s’est tapé, pour l’année 2009, un budget de 7 808 582 000, soit une hausse vertigineuse de 4 200 000 000, par rapport au budget de 2008. Un budget de presque 9 milliards, pour payer des laudateurs et des parasites à ne rien faire !
Je pouvais continuer sur plusieurs pages encore de passer en revue les promesses fantaisistes et volatiles de Me Wade. Comme ce train à grand écartement Dakar-Ziguinchor-Tambacounda qui devait être réalisé en onze mois, cette centrale nucléaire qui doit être implantée à Oussouye pour un coût de 3000 milliards de francs Cfa et dont les travaux devront durer au moins 15 ans, ces sept trains à grande vitesse (Tgv) qu’il s’est engagé (de Touba où il présentait des condoléances) à construire d’ici à 2011, etc. Jeunes de la banlieue de Dakar, voilà l’homme qui vous promet, à vous tous, des emplois et qui, pour vous rassurer, prétend qu’il n’a jamais fait de promesses qu’il n’a pas tenues.
Cet homme vous raconte des histoires, comme il en raconte depuis le 1er avril 2000 à tous vos compatriotes. Sa parole, c’est connu de tous, ne vaut plus un seul sou. Il a passé plus de huit ans à ruser avec nous et à rouler dans la farine nombre d’entre nous. Ce n’est pas votre situation qui le préoccupe. En réalité, il prépare le terrain à son fils. Ce dernier et le noyau dur qui l’entoure sont en train de mettre en place leur stratégie.
D’après leur calcul, Dakar et sa banlieue feraient un peu plus de 30 % de l’électorat sénégalais. Ils ont jeté leur dévolu sur ce bassin, ce grenier électoral. Ils se moquent éperdument de vos problèmes : ils veulent faire de vous un bétail électoral. Vous avez entendu Karim Wade prétendre que la banlieue est son « milieu naturel ». Il n’y a rien de plus faux : ce garçon n’a vraiment rien de commun avec vous. C’est un bourgeois bon teint, qui nage dans l’opulence depuis le 1er avril 2000. Il ne vit et n’a jamais vécu ce que vous vivez : il ne connaît ni le chômage ni le sous-emploi. Il n’a jamais été incommodé par les mouches, les moustiques, les ordures et les eaux usées nauséabondes. Il n’y a aucun doute qu’avant le 1er avril 2000, il n’a jamais mis les pieds dans la grande banlieue de Dakar.
Un très large et très profond fossé vous sépare. Il exploite de façon indécente le dénuement, la pauvreté et l’analphabétisme qui sont des plaies béantes pour le Sénégal en général et la banlieue de Dakar en particulier. Ce garçon est cousu d’or et croit à la magie et à l’infaillibilité de l’argent. Il va sûrement en user pour vous corrompre et vous acheter. N’acceptez pas d’entrer dans son jeu : les sommes qu’il vous jette en pâture, c’est l’argent du contribuable, c’est votre argent.
Ce sont surtout des miettes, par rapport aux dizaines, voire aux centaines de milliards bien au chaud dans les paradis fiscaux. En outre, seul un nombre infime d’entre eux en profiteront, et de façon fugace. Jeunes de la banlieue, ce garçon n’a rien d’autre à vous proposer, sinon qu’il est le fils de son père de président. C’est ce que mon ami Abdou Latif Coulibaly a tenté d’illustrer dans son interview à Nettali du 11 novembre 2008. Il y affirme notamment : « Karim n’a ni la compétence, ni l’étoffe, encore moins la rigueur et le profil d’un homme d’Etat. Rien dans son histoire et dans son expérience personnelle ne le prépare à de telles charges (celles de président de la République, ndla). » Latif a mille fois raison : ce garçon n’a jusqu’ici rien prouvé. Avant de prétendre à des charges aussi importantes que celles de président de la République, il doit nous éclairer sur la manière dont il a géré les centaines de milliards de l’Anoci.
Donc, Wade père et Wade fils vous trompent. Leur principale préoccupation, c’est de faire de vous un bétail électoral. Ils savaient, dès leur arrivée aux affaires, que parmi les problèmes les plus cruciaux et les plus urgents du pays, figuraient en bonne place le chômage et le sous-emploi, des jeunes en particulier. Pourquoi ont-ils attendu plus de huit ans pour s’intéresser à votre sort ? Dans l’état actuel des choses, ils n’ont pas d’emplois à vous proposer. Ce qu’il vous faut d’abord, c’est une bonne formation professionnelle. Sans celle-ci, ils ne vous proposeront que des emplois subalternes et précaires. Ils vous font miroiter les grands travaux. De quels grands travaux s’agit-il, à part l’autoroute à péage qui avance à pas de tortue ? Il n’y a plus de place pour des entreprises à Dakar. Et même s’il y en avait, elles recruteraient en priorité des ouvriers et des cadres qualifiés. Et puis, le problème de la banlieue de Dakar, ce n’est pas seulement le chômage et le sous-emploi des jeunes : c’est aussi l’assainissement, l’insécurité due en particulier à un déficit d’éclairage public, l’accès difficile et aléatoire aux services de santé et d’éducation, etc.
Soyez donc vigilants, jeunes de la banlieue ! Restez surtout dignes et refusez de vendre votre âme au fils de son père pour des miettes ! Vous êtes des citoyens à part entière et l’Etat vous doit des solutions structurelles et durables aux problèmes que vous vivez de façon stoïque depuis de nombreuses années. Ce n’est pas de l’argent de Wade père et de Wade fils que sortiront ces solutions. Surtout, n’acceptez jamais que de prétendus chefs religieux ou notables vous livrent points et mains liés à qui que ce soit ! Ces gens-là, pour leur écrasante majorité, ont perdu tout crédit devant la « générosité » déferlante et destructrice de notre Crésus national. Jeunes de la banlieue, même dans les difficultés, vous avez encore l’avenir devant vous. Vous ne devez pas vous laisser facilement embarquer dans la galère des promesses sans lendemain de Wade père. Vous aurez aussi besoin de toute votre dignité et de toute votre lucidité, devant « l’aumône » dégradante que Wade fils va distribuer à certains d’entre vous.
Mody Niang, e-mail : modyniang@arc.sn
WALFADJRI:
Programme emploi des jeunes dans la banlieue : De l’arnaque en vue des locales et une opération de charme pour le fils successeur
Il en a encore fait dans les promesses ; et cette fois-ci, en direction des jeunes de la banlieue. En parlant de spécial programme pour la banlieue et la création de milliers d’emplois pour les jeunes qui y vivent, Wade est en train de faire une opération de charme envers des populations frappées par une paupérisation et un rejet de la politique libérale du régime en place. Conscient des dangers qui guettent son régime avec la colère grandissante des populations de la banlieue, Wade fait dans l’apaisement pour tempérer les ardeurs des jeunes qui ont été les grands artisans de son arrivée au pouvoir en mars 2000.
Un conseil présidentiel pour l’emploi des jeunes de la banlieue tenu le mercredi 5 novembre a décliné les objectifs de ce programme. Il consisterait à la création de 365 000 emplois d’ici l’horizon 2010 ; en raison de 100 000 emplois par an. Pour mettre les pieds dans le plat, le conseil présidentiel a même demandé qu’un recensement se fasse, pour avoir des estimations sur les jeunes qui travaillent et ceux en chômage, et dans chaque famille. Wade les veut au plus vite, c’est pourquoi il a fixé à ses collaborateurs un délai n’excédant pas les trois mois à venir pour disposer des conclusions de cette vaste enquête.
Comme une libellule en printemps qui s’envole et ne s’arrête pas tant il fait beau, Wade Formula est encore en train de nous distraire, tant l’environnement économique international marqué par une régression et une morosité sans faille influe sur notre économie. S’y ajoute l’état de nos finances publiques marqué par une dette intérieure qui asphyxie le devenir de nos entreprises et une sérieuse menace sur des milliers d’emplois. C’est dans un tel contexte que Wade Formula fait cette promesse envers des populations qui ont encore en mémoire des programmes jeunes tels le Fonds national de promotion des jeunes du ministère de la Jeunesse qui n’a rien apporté à la jeunesse et surtout pas à celle de la banlieue.
Encore promettre et toujours promettre, tel semble être le leitmotiv pour Wade Formula. Il devrait songer plutôt à éponger la dette intérieure estimée entre 175 et 300 milliards selon des chiffres contradictoires avancés par le ministre des Finances et ses collaborateurs. Il s’agit de fidéliser des milliers d’emplois déjà créés, avant de songer à en créer des milliers d’autres dans un contexte mondial incertain, marqué par une crise financière qui aura des répercussions sur l’aide aux Pma ; et par conséquent, sur l’investissement extérieur qui doit financer nos programmes de développement. Wade veut tout simplement exploiter le désarroi des populations que le plan Orsec n’arrive pas à sortir des inondations de cette année. Des familles entières sont dans le désarroi le plus total, car n’ayant plus de toit et ne sachant plus où donner de la tête. Certaines familles sont laissées à elles-mêmes et souvent, dans des conditions inhumaines.
Les recensements demandés et les tranches d’âge ciblées (17 à 30 ans, etc.) ne sont rien d’autre qu’une manière de préparer pour son camp la victoire des prochaines locales, avant même l’échéance. Le fait de demander aux ministères concernés par ce programme d’y associer l’Anoci, n’est qu’une manière de préparer le terrain à son fils qu’il a déjà comme étant son successeur aux affaires via un projet monarchique déjà en action. En se félicitant que l’Anoci ait déjà trouvé des financements de routes et non l’Etat du Sénégal, Wade ne fait qu’attirer les soupçons sur une belle forfaiture qui semble en train de se préparer pour l’opinion nationale.
Ce qui est sûr, c’est que ce programme, s’il se réalise, va donner la part belle à son fils, afin qu’il sorte de son bureau douillet pour aller à la rencontre des populations et enfin voguer à visage découvert. Ainsi, il faut commencer par poser des actes ‘concrets’ en exploitant le désarroi des gens de la banlieue et, par la même occasion, introduire ainsi auprès des populations son futur successeur au pouvoir, après lui en avoir balayé le chemin et ‘écarté’ les prétendants les plus sérieux à la succession que sont Idrissa Seck et Macky Sall, deux anciens Premiers ministres et anciens collaborateurs directs de Wade.
Avec ce programme en exécution, nous allons encore assister à une opération de séduction avec la distribution d’importantes sommes d’argent, des dons en nature et qui seront comptabilisés comme des largesses du fils et l’aider à se lancer à compter ses premières victimes dans le long chemin vers le sommet, en lieu et place d’un véritable programme géré et exécuté par les ministères compétents concernés. N’oublions pas que c’est le maître du jeu, Wade himself, qui est en train de planifier toute cette belle opération de charme pour son conseiller de fils. Le désarroi des populations sans défense est un fonds de commerce qu’il faut exploiter à fonds pour dérouler un projet de succession monarchique, bien pensé et déjà tout tracé. Pourvu simplement, pour lui et pour son fils, que les Sénégalais en général et les populations de la banlieue en particulier, n’en aient déjà cerné tous les aspects et véritables enjeux.
Aboubakrine SAMB bcar25@hotmail.com
Au Nom du Père, du Fils et du Duo…
‘L'homme se construit à travers ses rapports dialectiques à autrui, par imitation ou opposition.’ (Dostoïevski)
A bien des égards, les grands écrivains préfigurent des destins. L’homme, mesure de toutes choses, demeure cet être mystérieux qu’on dit entre l’Ange et le Démon. Des chercheurs ou simples aventuriers concrétisèrent les rêves de Jules Verne. L’histoire fourmille également d’écrivains dont la vocation ou le talent eût le malheur d’inspirer des actes préjudiciables aux sociétés humaines. C’est ainsi que Machiavel, mal lu, engendre cynisme et brutalité. Nietzsche, en exhumant Zarasoustra, était à mille lieux d’imaginer que ce personnage mythique ferait des petits jusque sous le Tropiques.
Ecoutons le nôtre… ‘Ils n’ont rien compris, ces zébus ! Cette opposition, de l’ivraie qui pousse par dépit, ne m’a pas demandé le sens du sigle Reva. Je leur aurais dit -ce qui tombe sous le sens - ‘Retour expéditif vers Allah’.
Ainsi des émigrés clandestins, naviguant vers la mort. Combien de ces ricaneurs, soit disant intellectuels, savent que Goana, signifie simplement : Grande opportunité aux non agriculteurs ? Ces calomniateurs eurent même le culot de dénigrer mes ingénieurs, après qu’ils se soient échinés à édifier ponts et archiducs qui pissent. C’est justement l’improvisation qui fait le caractère énormément unique de mes grands travaux. Bien évidemment, s’en mêlera toujours quelque petit géomètre dont le compas ébréché, l’équerre fourchue ne sauraient trouver la différence entre train à grand écartement et écartèlement logique. Sinon, c’est un administrateur incivil crachant dans la soupe qui l’avait nourri. L’ingrat !
‘Regardez les aigris Assis sur la Nation aux difficultés inventées de toutes pièces. Comme si seule l’électricité était source d’énergie. Ces bavards en mal d’inspiration trouvent pourtant l’idée de planter des bougies pour anniversaires et autres mondanités auxquels ils n’invitent aucun des miens.’
Ainsi parlait Zarasoustra. ‘Des soumis, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres de projets enterrés, il y a belle lurette. Donnez-moi des crapauds, j’en ferai des rossignols. Partout où j'ai trouvé turban et soutane m’en suis ‘entur-soutané’ au nom de la volonté de puissance; entendu que ‘même dans la volonté de celui qui obéit, je taillerai la légitimité de demeurer souverain ; maître d’un jeu ennuyeux, à force d’être itératif.
‘La différence entre ces farceurs Assis et mon Duo de choc qu’ils qualifient d’infernal, c’est qu’ils prennent leur pied dans la palabre quand je les invite à travailler, encore travailler toujours ‘tarawailler’ au point d’y perdre mes consonances. Je leur demande du concret… Ils s’amusent à disserter avec ce vieux farceur de Nietzsche imitateur de Dostoïevski, son épileptique héros.’
A ces négateurs qui confondent alternance et alternoce, eh bin, je rappelle la Sourate Al Alaq (l’Adhérence) que les exégètes du Palais - s’ils m’ont pas trompé encore - traduisent par allégeance et dans lequel Allah s’adressant au chef des comploteurs, lui promet de le saisir par le toupet, ‘le toupet d’un menteur… Qu’il appelle son assemblée…’ Nous Maître des airs, appellerons les Gardiens de ce qui reste de la Constitution sédarienne pour que ça rampe à mes pieds.
Amadou Guèye NGOM Critique social
Invité au colloque de la fondation Jean Jaures : Ousmane Tanor Dieng vilipende Wade et son régime en France
Le colloque sur ‘la démocratie dans le monde : L’état des lieux : reculs, inquiétudes, stagnations’ a été l’occasion pour Ousmane Tanor Dieng de dresser un tableau sombre de la démocratie au Sénégal sous Me Wade. Le patron du Ps affirme, pour étayer son propos, que l’Assemblée nationale et le Sénat sont tellement vidés de leurs substances qu’ils travestissent le concept de la démocratie.
Selon le patron des socialistes, le Sénégal se trouve aujourd’hui ‘dans le lot des Etats qui connaissent un recul de la démocratie’. Ousmane Tanor Dieng fait ainsi remarquer que ‘lorsque nous interrogeons le fonctionnement de l’Etat, nous ne pouvons manquer d’être frappés par le discrédit qui frappe les institutions, cet autre péril qui affecte le système démocratique sénégalais’. En vérité, explique le Premier secrétaire du Ps, il s’agit du péril le plus pernicieux auquel notre pays est confronté depuis son indépendance parce qu’il s’attaque aux outils de régulation de la démocratie. ‘Le régime de Abdoulaye Wade a tellement caricaturé nos institutions, il les a tellement vidées de leur substance que des institutions comme l’Assemblée nationale et le Sénat, travestissent le concept de démocratie’. En effet, affirme-t-il, l’Assemblée nationale, ‘avec une majorité aussi factice qu’illégitime’ et le Sénat ‘s’illustrent régulièrement dans l’infamie en adoptant des lois scélérates, telles la loi amnistiant les auteurs d’assassinats, de crimes et délits politiques, les différentes lois portant report des élections, ainsi que les nombreuses lois portant modification de la Constitution’.
Ousmane Tanor Dieng de faire remarquer à l’auditoire qu’au Sénégal, le pouvoir de Wade a reporté cinq fois des dates constitutionnelles et légales d’élections : deux reports d’élections législatives par la prorogation, par les députés eux-mêmes, de leur propre mandat, ‘phénomène jusqu’alors inconnu au Sénégal où de 1960 à 2000, les élections nationales se tiennent à date échue, invariablement’ ; trois reports d’élections locales et ce sont les conseillers locaux dont le mandat venait d’être prorogé qui ont élu les 35 autres sénateurs qui sont venus s’ajouter aux 65 nommés par le président de la République. ‘Songez encore que le pouvoir de Abdoulaye Wade, a unilatéralement, modifié, en huit ans, 14 fois la Constitution, qui pour faire passer la durée du mandat du président de la République de 5 à 7 ans, qui pour supprimer le Sénat et le recréer plus tard, qui pour modifier l’organisation judiciaire en rétablissant la Cour Suprême à la place du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat et de la Cour de Cassation’, souligne encore Ousmane Tanor Dieng qui relève que les collectivités locales, consacrées pourtant comme des espaces de démocratie, ne sont pas, non plus, épargnées par ‘la funeste entreprise de démantèlement des acquis démocratiques’.‘Plusieurs conseils municipaux et ruraux dans lesquels l’opposition est majoritaire, ont été dissous, sans motif valable en violation des dispositions pertinentes du Code des collectivités locales’.
Devant une telle situation, le pouvoir judiciaire devrait rester le dernier rempart. Malheureusement, note le socialiste, il s’agit d’une ‘justice aux ordres, ou tout au moins, timorée’. Certains magistrats, affirme Ousmane Tanor Dieng, ‘en dépit du combat héroïque que mènent d’autres de leurs collègues pour l’indépendance de la justice, se révèlent être les complices actifs des forfaitures du régime en refusant de dire le droit lorsqu’ils sont saisis par les citoyens et par les partis politiques’. En guise d’exemples, le socialiste en chef révèle à l’opinion française que les recours en inconstitutionnalité de l’opposition devant le Conseil constitutionnel sont systématiquement rejetés pour incompétence alors que les recours pour excès de pouvoir contre les décrets de dissolution de certaines collectivités locales attendent, depuis plusieurs mois, d’être traités par le Conseil d’Etat, ‘et ce en dépit des demandes de sursis à exécution fondées sur l’illégalité manifeste’ des décrets et sur l’urgence.‘Comble d’ironie, il est arrivé plus d’une fois où le Chef de l’Etat pronostique publiquement le sens des décisions de justice ou dicte des ordres clairs sur le cours des instances judiciaires’, ajoute le leader du Ps. ‘C’est vous dire combien la démocratie sénégalaise est malmenée par l’instrumentalisation éhontée des institutions et par les tripatouillages de la Constitution, transformées pour les premières en gadgets et pour la seconde en brouillon, afin de servir d’instruments aux calculs politiciens de Abdoulaye Wade’.
Ousmane Tanor Dieng pense pouvoir même soutenir, ‘sans risque d’être contredit par les faits, que le Sénégal fait partie des pays qui, en Afrique, auront fait le plus grand bond en arrière en matière de gouvernance démocratique’.
Car, explique-t-il, ‘n’oubliez pas qu’au Sénégal, les élections sont une tradition ancrée depuis plus d’un siècle, avec des citoyens qui, pendant la période coloniale, élisaient leurs représentants aux Assemblées métropolitaines’. Une tradition démocratique perpétuée d’abord sous le Président Léopold Sédar Senghor ensuite ‘renforcée’ sous le Président Abdou Diouf avec le multipartisme intégral en 1981. ‘C’est ce legs inestimable que des générations successives ont construit avec patience et intelligence que le régime actuel de Abdoulaye Wade, pourtant issu d’une alternance pacifique, citée comme exemplaire dans le monde, est en passe de déconstruire en s’attaquant un à un aux piliers de la démocratie sénégalaise’, affirme le conférencier.
Large fenêtre sur la présidentielle de 2007
Parlant de l’élection présidentielle du 25 février 2007, Ousmane Tanor Dieng, a énuméré, dans les détails, les ‘dysfonctionnements’ qui ont marqué le processus électoral et les raisons du boycott des élections législatives et sénatoriales par l’opposition dite significative. En effet, souligne O.T.D les élections dans bien des pays africains, ‘ne sont généralement qu’une mascarade planifiée depuis la confection du fichier électoral jusqu’à la proclamation officielle des résultats du scrutin’.
Par ailleurs, le premier secrétaire du Ps estime que l’état des libertés est assez préoccupant au Sénégal. ’Le passe-temps favori du régime consiste à intimider et à emprisonner les citoyens qui émettent une opinion dissidente de la propagande officielle que nous assènent sans vergogne les médias d’Etat, aux mains du parti au pouvoir’. D’ailleurs, relève Ousmane Tanor Dieng, ‘pour qualifier ce système odieux, les journalistes l’ont désigné, avec beaucoup de perspicacité, sous son visage hideux de monstre qui entend instituer une police des idées chargée de traquer et d’écraser toute pensée dissidente’.
Toutes choses faisant dire au socialiste que ‘le tableau est déjà sombre de périls qui menacent gravement les piliers de notre système démocratique, et plus grave encore, les fondements de la cohésion nationale et de la paix sociale’.
Le seul rayon de soleil sur ce tableau, indique-t-il, ce sont les Assises nationales qui constituent ‘un grand moment d’exercice de la démocratie consensuelle’.
G. Nesta DIOP
FERLOO:
14 novembre 2008 |
Sénégal : La fin du politique et le temps des manipulations
La situation dramatique sur le plan politique au Sénégal ne peut être masquée par l’étalage de chantiers-démonstration dont la pertinence et l’utilité réelle échappent au citoyen préoccupé par de simples besoins alimentaires.
Les scandales à répétition ont fini par lasser ceux qui avaient encore le courage de dénoncer et ceux qui demandaient à être informés. Dans notre pays l’extraordinaire est tombé dans la banalité de l’ordinaire.
L’ordinaire lui, est devenu une réalité double : Il y a, d’un côté, celui des professionnels de la politique, fait de rebondissements prévisibles et risibles dont la logique est l’intérêt égoïste loin de toute préoccupation du citoyen. A côté de celui-ci, l’ordinaire du sénégalais lambda à la recherche de la dépense quotidienne, oublié dans la poussière des « chantiers », inconsidéré, manipulé par les médias et trahi par ses propres représentants à l’Assemblée Nationale.
Cette bâtisse qui était le dernier bastion où pouvait se dérouler un semblant de débat démocratique est décrédibilisée. Sa légitimité, pour la première fois dans l’histoire du pays, est remise en cause, douteuse de manière perceptible par le moins pourvu de culture juridique parmi nos concitoyens.
Le pouvoir malmène les institutions
Si le pouvoir en place malmène les institutions et les affaiblit en jouant au yoyo, le plus navrant est de voir l’attitude d’une opposition aveuglée par sa part du pouvoir réel ou supposé.
Que lui est est-il arrivé pour accepter une telle manipulation et une si ridicule situation d’asservissement et de suivisme ? On pourrait peut-être avancer deux hypothèses : les chefs de cette opposition sont des gens qui ont déjà goûté aux délices du pouvoir et ont peur de la précarité ou de la prison, donc incapables de supporter une traversée du désert ; pour avoir gouverné pendant très longtemps ont-ils, aussi, peur que l’on agite l’épouvantail de quelques dossiers nébuleux concernant leur gestion ? Le musellement est en tout cas efficace !
Pourtant, la bonne cure d’opposition qui s’imposait à cette génération qui a régné sans partage depuis l’indépendance aurait été bénéfique si elle avait été mise au compte d’une culture politique de l’alternance démocratique comme réalité socioculturelle désormais intégrée de tous. Mais voici que les formations politiques de tous bords montrent, tous les jours, leur incapacité à se départir de la mentalité du « militantisme alimentaire ».
Pire, la réalité nous laisse, tous, imaginer un scénario catastrophique d’un machiavélisme classique. On nous prédit avec résignation que ceux qui sont au pouvoir et contrôlent l’avoir vont déverser des milliards sur des populations injustement affamés qui applaudiront pour des miettes qu’on leur a spoliées. Les meetings de « ralliement » vont s’en suivre. Le Prince se réinstallera confortablement et on recommencera avec les mêmes.
Le Sénégal mérite mieux
Dans cette configuration - et on la vit déjà - le pouvoir devient la fin de toutes la manœuvres. Ce qui est désespérant est qu’on est arrivé à une situation où les gens se posent la question de savoir qui d’autre mettre à la place de celui qu’on aimerait tant démettre.
Il faut, toutefois, remarquer qu’on essaye de nous faire comprendre que la situation actuelle est mieux que rien, alors qu’une telle attitude d’esprit est pire que tout ! Elle conduit très souvent à l’aventure et au tâtonnement, avec une absence notoire de ligne directrice ; celle qui a fait défaut à l’équipe subitement installée après l’alternance et qui cherche encore ses marques. Le Sénégal mérite mieux que cela !
Ainsi, du désespoir on passe au fatalisme, un fatalisme étrangement nourri de « bons sentiments ». N’oublions pas que la quête d’une bonne conscience à été à l’origine de bien des dérives y compris le totalitarisme qui annihile tout goût de résistance. Dans cet élan totalitariste, tous les moyens sont mis à contribution.
L’endormissement collectif opéré par les médias d’Etat peut avoir l’effet d’un opium et produire, pour un temps, la léthargie des consciences. Lorsque l’espoir s’éloigne on se réfugie derrière le mensonge. Celui-ci devenu monnaie courante, « tisse un rêve de bien être et de prospérité de quelques uns sur le cauchemar du plus grand nombre », comme le disait Marcos.
La jeunesse souhaite changer de vie
Il est inquiétant de constater que le discours qui prévaut aujourd’hui dans notre pays est de dire que « tout cela est mieux que rien ». Le procès de l’ancien régime, avec toutes ses tares ne faisant plus recette, voici qu’on nous sert la stratégie de la solution la moins pire. Devant une telle abdication, il vaudrait mieux promouvoir des utopies afin de nourrir l’espoir d’éviter la catastrophe et de croire à l’avenir.
Devant l’arbitraire légalisé au nom de l’argent, le refus d’être une génération sacrifiée doit nourrir l’esprit du refus et de la casse de valeurs qui ne le sont que nom. Rappelons qu’il a fallu que cette jeunesse accepte d’être qualifiée de malsaine pour poursuivre le rêve de « changer la vie ».
Le pouvoir en place a déçu. Les masques de l’opposition sont tombés. Le refuge dans la manipulation du religieux est la meilleure illustration de l’échec du politique.
On le voit, le suivisme et l’entrisme tentent de décourager les initiatives citoyennes et ceux qui théorisaient hier l’alternance générationnelle se suffisent de l’apologie de la réaction d’aujourd’hui. Mais l’affairisme érigé en credo a toujours conduit à la pensée étroite. Il est à constater, aujourd’hui que cet affairisme gangrène notre société, malade et en mal de repères. L’attitude nihiliste, elle, n’a jamais réussi à construire un modèle alternatif viable.
Mais il est une donnée irréfutable que les idéologies et les systèmes se sont toujours détrônés les uns les autres mais que la léthargie des consciences a comme symptôme l’état d’abandon et d’apologie de l’arbitraire pour masquer l’angoisse inhérente à l’impuissance. Cependant, même consciente de cette dernière il ne faudrait jamais laisser les décadents freiner la roue du progrès.
Et puis, n’est-il pas grand temps de réfléchir sur le fonctionnement de nos institutions ? La forme qu’elles revêtent n’est elle pas, en partie, responsable de la situation que nous vivons si on sait que, dans nos jeunes démocraties, le régime présidentiel conduit à des dérives monarchiques et au culte de la personnalité ? La réforme de telles institutions s’impose d’autant plus qu’il est fort probable que, dans ses formes actuelles, elles produiront toujours des dirigeants similaires avec des pouvoirs étendus et difficilement contrôlables.
La société civile doit imprimer sa vision
Sur ce terrain, la société civile a un grand rôle à jouer malgré le discrédit que certains politiciens en mal de projets et de vision veulent jeter sur elle. Il faut simplement qu’elle refuse d’être instrumentalisée par le pouvoir ou par une opposition qui veut cacher sa timidité.
Dans l’état actuel des choses, l’action citoyenne doit primer sur les intérêts individuels et les calculs égoïstes afin de renouer avec le désir du refus de l’arbitraire et de la résignation.
Le fatalisme n’a jamais été le remède contre la misère sociale. Au contraire, il a toujours servi les ennemis de la liberté, de la démocratie et de l’épanouissement du plus grand nombre.
Après avoir entamé une véritable reconquête démocratique et donné une belle leçon de civisme à tout le continent africain, la « vitrine Sénégal » doit se ressaisir, par sa jeunesse et ses forces vives, avant de voler entièrement en éclats.
Le diagnostic peut paraître sévère pour qui doute encore de la maladie de notre société. Même si par désarroi, on ne sait de qui ou de quoi viendra le remède, le fait est déjà salutaire de savoir que nous sommes d’abord malades de nous-mêmes. L’autocritique est la vertu de ceux qui n’ont pas peur de s’assumer.
Bakary.sambe@gmail.com