Le syndrome d’une fin de règne
Le syndrome d’une fin de règne
Il n’est pas souvent inutile de rappeler que nous sommes tous des mortels : Aussi, subissons-nous, à l’évidence, dans notre système physiologique comme dans notre mode de pensée, les lois naturelles du dépérissement régissant la condition humaine .
En effet, à un moment donné de notre existence, nous entrons inéluctablement dans la phase ultime de sénescence, au cours de laquelle, s’estompe, progressivement, la plénitude de nos capacités physiques et intellectuelles. Nul ne peut échapper à cette donnée objective, au point que, dans nombres de chartes fondamentales régissant la vie des nations au monde, la limite d’âge soit instituée pour l’exercice de fonctions présidentielles ; Dans d’autres textes fondamentaux, la limite d’âge, tout n’étant pas expressément mentionnée ,demeure tacite en vertu des règles non écrites et relevant des usages et coutumes. Afin donc de se prémunir d’actes malencontreux liés à des insuffisances de capacités, la fonction présidentielles, à fortiori dans un régime politique hyper centralisé, devrait être sécurisé par une barrière à l’entrée au moyen d’artifices ou de gardes fous constitutionnels.
Au Sénégal, cependant, nous avons, de nos jours, un Président de la République plus qu’octogénaire qui voudrait briguer un troisième mandat de sept ans, dans un futur qui n’est pas encore à nos portes où nombres d’événements peuvent survenir avant termes, non pas, pour modifier le contexte, mais, pour contribuer dans l’accélération des processus. Qu’on le dise ou qu’on ne le dise pas, le constat est que le Sénégal vit dans un contexte de fin de règne de notre actuel Président de la République .Ce contexte de fin de règne ,associé à la volonté de notre Président frappé par la limite d’âge qui voudrait briguer un troisième mandat d’un septennat, constitue ,il faut le reconnaitre ,une situation alambiquée, pour ne pas dire anachronique ;Le décor est assurément insolite .Tous les Sénégalais objectifs doivent reconnaitre cette situation paradoxale ou anormale et entrevoir que nous nous acheminons vers une zone sérieuse de turbulences qui pourrait compromettre notre existence paisible .C’est dire ,qu’il y’a lieu à tout prix ,d’agir, sans attendre ,pour maintenir notre envol et d’éviter le crash.
Certes, notre charte fondamentale prévoit l’incapacité en cours de mandat, celle là qui peut surgir à tout moment, quelque soit l’âge, mais, elle a la particularité d’être tout de suite décelable et ne peut souffrir d’équivoque ou d’interprétations. Toutefois, l’incapacité liée à la vieillesse, bien que réelle et pernicieuse, n’est pas décelable à priori ; elle peut engendrer une dissimulation qui présente, le cas échéant, un danger pour la République .On se trouvera alors devant une situation où le Président de la République agit comme un automate qu’on téléguide ou qu’on manipule à volonté.
Aujourd’hui, au Sénégal, notre patrie, au vu des dégradations profondes, multiples et multiformes qui assaillent notre vie quotidienne et qui interpellent tous les Sénégalais, on a comme l’impression qu’on n’est pas gouverné par un Président de la République qui se soucie de l’état de la nation, mais, par des individus tapis dans l’ombre dont la seule ambition est de conserver et de servir des intérêts particuliers.
Car, comment comprendre dans une République normale digne de ce nom, les multiples dérives verbales récidivistes, les instabilités constitutionnelles et gouvernementales, la très mauvaise allocation des ressources publiques, la perte des valeurs, la perte de l’influence du Sénégal en Afrique dans le monde, le recul régulier de notre croissance économique frôlant , parfois, la croissance nulle ,la crise de l’énergie, de l’éducation et de la santé, le cout élevé de la vie et la pauvreté grandissante.
L’autre constat est que le Sénégal se trouve à un stade critique de son évolution au plan économique et social, à la veille des élections présidentielles de 2012 , lequel constat impose à la nation ,à travers ses composantes institutionnelles , civiles et politiques un temps de réflexion commune pour corriger la mauvaise trajectoire empruntée qui nous mène ,si rien n’ est fait, vers des amas nuageux dont la traversée pourrait compromettre notre survie commune.
Il y’a un temps défini à tout qui obéit au processus dialectique de la vie sur terre et, lorsque la fin approche à grands pas, l’intelligence commanderait à la décoder, à l’accepter et l’accompagner en prenant les mesures qui s’imposent afin que les mutations inéluctables puissent s’accomplir sans anicroches.
Le Général De gaule, ne disait-il pas : qu’il vaut mieux quitter le pouvoir cinq ans plutôt que cinq minutes plus tard et, il dût quitter le pouvoir sans y être forcé, en dépit de sa popularité. Il en est ainsi des présidents Senghor , Mandela et tant d’autres qui durent également quitter le pouvoir ,avant termes, à cause du temps défini et non inscrit. Le pire est de lutter contre une fin quant tout t’abandonne
Kadialy GASSAMA, Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque
Le vieil homme et le toubib
Ce n’est pas demain la veille de la publication du bulletin de santé d’Abdoulaye Wade dont l’entourage parle de trahison et de violation du sermon d’Hippocrate, alors que pour d’autres, le toubib n’a fait que planter sa seringue dans une plaie ensanglantée, incurable et déjà infectée.
L’histoire de la naissance de la psychopathologie nous apprend qu’au Moyen Âge, les troubles psychiques étaient considérés comme l’expression d’un pacte avec le diable, la possession de l’esprit par le mal. Les fous, pour arriver à leur élimination radicale, étaient traqués, torturés et brûlés. On n’en est plus à ce stade, et heureusement encore. Plus tard, les travaux du XIXème siècle réalisés sur le classement et la description des maladies mentales indiquent que l’origine du trouble est à chercher dans le sujet lui-même, qu’elle soit consciente ou inconsciente. Et de nos jours, il est des attitudes qu’on pourrait qualifier de psychose, car impliquant l’existence de troubles graves du comportement dont le malade n’est pas conscient. La psychose, de l’avis des professionnels, nécessite une prise en charge intensive et parfois l’exigence d’interner le patient. Le paranoïaque délirant, quant à lui, ne se juge pas malade, et c’est ce qu’il y a de plus inquiétant. Donc, difficile de convaincre le sujet qu’il souffre d’une quelconque pathologie.
A la lecture des rebondissements récents dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Marie Faye, l’on pourrait se demander où est passée la solidarité de corps très chère aux professionnels de la santé, et leur mutisme coupable et assourdissant devant la tragicomédie qui est en train de se jouer sous nos yeux. Les propos tenus par le toubib sur la santé mentale du président Wade, auraient pu être signés par n’importe quel Sénégalais les yeux fermés, car il est plus qu’évident que ce dernier, qui refuse sciemment de communiquer sur sa santé alors qu’il en avait fait la promesse, a bien des choses à dissimuler.
Ceci est d’autant plus inquiétant que c’est la Division des Investigations Criminelles qui se laisse instrumentaliser d’une manière aussi honteuse que téléguidée à chaque fois qu’il s’agit de réduire une personne au silence, pour avoir simplement exprimé une opinion. Il appartient donc au peuple de se dresser comme une seule personne et servir de bouclier devant les tentatives d’intimidation dont Mame Marie Faye fait l’objet en ce moment. Ce n’est pas en s’acharnant sur cette dame qu’on peut prouver à l’opinion qu’on a quelque chose dans le pantalon. Encore une fois, les tenants du pouvoir ont démontré à la face du monde, que la liberté d’opinion et d’expression, au Sénégal, souffre d’une pathologie pire que celle qui gangrène l’Etat au plus au niveau, et dont les symptômes sont décelables à travers l’Arbitraire étatique, la Barbarie policière, la Corruption des élites et des masses, corolaires d’une Dictature sous l’apparence d’une copie pâle et imparfaite d’une démocratie où les citoyens se retrouvent tous en sursis. Entre le toubib et le vieil homme, il y en a un qui a besoin d’insuline, et l’autre, d’une bonne cure analytique.
Auteur: Momar Mbaye
Elargissement de l’assiette fiscale : La conséquence des dépenses fiscales
La direction générale des impôts des douanes (DGID) veut porter le taux de pression fiscale, qui est actuellement de 19,3%, à 21,7% en 2012. Toutefois, déclare la DGID, elle n’augmentera pas la charge des contribuables. L’administration fiscale entend débusquer des contribuables potentiels qui ne s’acquittent pas de ce devoir civique. Un bilan financier conjointement mené par la Direction de la Prévision et des études économiques (DPEE), la DGID, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) et l’Agence pour la promotion des investisseurs (APIX) est en cours de réalisation pour enfin expliquer pourquoi la baisse de l’impôt sur les sociétés n’a pas eu d’effet escompté sur les investissements. Comment on en est arrivé là ? Explication.
Le Sénégal a opté depuis son accession à l’indépendance, pour une politique fiscale destinée à encourager la demande d’investissement des entreprises. Cette volonté s’est manifestée par différentes adaptations du Code général des impôts et du Code général des douanes ainsi qu’à travers la mise en place de régimes dérogatoires aux dits Codes. C’est ce qui explique de 1962 à nos jours, la création respective du Code des investissements (1962), la Zone Franche industrielle de Dakar (1974), le Statut du Technopôle (1996), l’Apix (2000) et la Zone économique spéciale intégrée (2007, et qui n’est pas encore entrée dans sa phase opérationnelle), pour booster les investissements, la consommation, les exportations, donc la croissance économique. Dans cette perspective, le Gouvernement du Sénégal a effectué une série de baisses de l’impôt sur les sociétés (IS) entre 2003 et 2005.
Le taux de l’Impôt sur les sociétés (IS) était de 35% avant 2000 et jusqu’à 2003. On se le rappelle encore, le secteur privé avait longtemps sollicité du régime socialiste d’alors, la baisse de taux de l’IS de 2 points pour le fixer à 33%. Mais l’ex- président Abdou Diouf avait dit niet. Et pour comprendre le refus du défunt régime socialiste, il faut visiter la nomenclature (structure) des ressources budgétaires du pays.
Le Sénégal tire l’essentiel de l’argent nécessaire au fonctionnement de l’Administration centrale et de ses démembrements (ressources budgétaires) à travers les recettes fiscales. Ces recettes fiscales sont entre autres, la fiscalité de l’intérieur (dont principalement, l’impôt sur le revenu « IR », l’impôt sur les sociétés « IS » et la taxe à la valeur ajoutée « Tva ») et la fiscalité de porte (celle perçue aux niveaux des frontières terrestres, maritimes et aériennes). C’est ce qu’on regroupe sous les vocables de fiscalité directe et fiscalité indirecte.
Quand Me Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000, sa première mesure, dans le cadre de sa politique fiscale, en 2004, est d’accéder à la demande du secteur privé, en baissant de 35% à 33%, le taux de l’IS. Le secteur privé n’a même pas fini de manger ce « gâteau fiscal » que le président Abdoulaye Wade les appelle de nouveau pour poser du cerise sur leur gâteau, en (ra) baissant de..…8 points, le taux de l’IS, qui passe de 33% à 25%. Une mesure qui est entrain en vigueur depuis 2005.
Donc, depuis 2005, le taux de l’IS au Sénégal est de 25%. En instituant ces mesures fiscales (très) incitatives marquées par une baisse (brusque) de 8 points (écart entre 33% et 25%), l’Etat du Sénégal a renoncé à un pactole de 19 milliards de francs Cfa en valeur absolue. En accordant ces allégements fiscaux, le Gouvernement de Wade attendait de ces Entreprises, qu’elles aient la « positive attitude », en appliquant leur tacite « gentleman agreement» qui sous- entendait, même si ce n’est écrit nulle part, que quand l’Etat fait des dépenses fiscales (réduction du taux d’impôt), en contre partie, les Entreprises réinvestissent cette «plus value» dans l’Economie, à travers la création d’emploi surtout.
Coup de tonnerre du côté des pouvoirs publics, les efforts (les allégements fiscaux consentis par l’Etat du Sénégal n’ont pas été à la hauteur des résultats (réinvestissement) faits par les Entreprises. Sentant que les recettes fiscales s’amenuisent d’année en année depuis 2004 (en 2008, les dépenses fiscales sont évaluées à 300 milliards de francs Cfa), le Chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade a tout fait pour encourager les Entreprises à réinvestir. D’un côté, Wade abaisse le taux d’IS, de l’autre, les investisseurs renforcent leurs fonds propres. D’une part, l’Etat du Sénégal poursuit une rentabilité économique (bien être social du plus grand nombre) d’autre part, les investisseurs cherchent la rentabilité financière (ce que l’Entreprise gagne sur chaque franc investi).
Les investisseurs comme les Entreprises ne sont pas des philanthropes. Donc leur réaction est rationnelle. Car, renforcer ses fonds propres est le premier pas vers l'investissement. Surtout dans un environnement où le crédit est rare et cher. C’est le Président de la République qui a trop poussé dans….. « sa générosité légendaire » comme disent certains.
Conséquence, l’Etat du Sénégal ne peut plus revenir sur ses dépenses fiscales en vertu du principe économique des biens acquis qui est la pendante du principe juridique de l’intangibilité des droits acquis. Face à cette erreur fiscale conjoncturelle, l’Etat du Sénégal devra trouver des solutions structurelles pour équilibrer son cadrage macro-économique. Car, tout dispositif d’octroi des avantages fiscaux n’est pas sans conséquences sur les ressources publiques puisqu’il constitue un important abandon de recettes pour l’Etat.
Et pourtant, pour attirer les investisseurs et promouvoir l’Investissement, l’Etat du Sénégal avait la solution à portée de main. Il suffisait tout simplement, entre autres mesures, de créer un fonds d'investissement de 19 milliards F Cfa et ainsi, viser les entreprises innovantes, citoyennes, niches de croissance pour l'Economie et créatrices d'emplois, pour les booster .
En lieu et place de cette mesure généraliste qui ne cadre plus avec la nouvelle tendance des Finances publiques, axée sur le binôme Objectif-Résultat. D’autant plus que dans un système économique de type libéral, il est plus recommandé d’instituer des fonds d’investissement que de recourir à des mesures qui peuvent vous lier à longtemps ou ad-vitam eternae (à vie).
Mohamadou SY «Siré»
Email : siresy@gmail.com Journaliste -Economiste