Assises:des raisons d'espérer
WalFadjri : Samedi 6 Juin 2009
Campagne africaine contre la Cpi : Des Ong sénégalaises dénoncent l'attitude de l'Etat du Sénégal
Le rôle de la Cour pénale internationale n'est pas bien apprécié par les dirigeants africains. Une perception qui les pousse à adopter une position commune face au fonctionnement jugé partisan de cette cour. Face à une telle attitude, des Ong sénégalaises ont signé un communiqué dans lequel elles expriment leur préoccupation devant les agissements du Sénégal qui serait le principal instigateur de cette campagne.
L'initiative du Sénégal consistant à convoquer à Addis-Abéba, les 8 et 9 juin 2009, une réunion des ministres de la Justice des Etats africains, n'est pas du tout appréciée par des Ong sénégalaises. Il s'agit de la décision visant à harmoniser leur position devant les méthodes de fonctionnement de la Cour pénale internationale. Ces organisations sénégalaises des droits humains que sont Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, Amnesty international, l'Ondh, la Raddho et le Radi, réagissent aux propos du ministre sénégalais de la Justice qui cherche à ‘susciter une position commune de l' Afrique face à la justice pénale internationale’. Ainsi, expriment-elles leur vive préoccupation d'autant plus, selon elles, que ces propos font suite à la déclaration du président Wade, le 18 mars 2009, jetant une pierre dans le jardin de la Cpi. ‘L'Afrique devrait retirer son adhésion jusqu'à ce que la Cpi devienne démocratique, juste et équitable’, avait soutenu le président sénégalais, montrant sa ferme opposition à la démarche partisane de ce tribunal international. Mais ces Ong sénégalaises trouvent ‘sans fondement et malveillantes’ les allégations selon lesquelles la Cpi ne ciblerait que des dirigeants africains. C'est pourquoi, elles dénoncent ‘cette campagne visant à discréditer la Cpi et le combat qu'elle mène pour mettre fin à l’impunité des auteurs des plus graves atteintes aux droits humains’.
Ce qui intrigue le plus ces structures de défense et de protection des droits de l'homme c'est le fait que notre pays qui se trouve aujourd'hui parmi ces Etats africains contestataires est l'un des premiers signataires du statut de Rome créant cette cour. Aussi, dans leur communiqué, ces Ong demandent-elles ‘l'arrêt de la campagne de désinformation menée par l'Ua et certains Etats dont le Sénégal, de même qu'un soutien des populations à la Cpi dont l'action contribue à la protection des peuples d'Afrique contre la persécution de leurs dirigeants’.
La position du Sénégal et des autres pays africains est motivée par les multiples mandats d'arrêt lancés par la Cpi à l’encontre des dirigeants et responsables africains accusés de crimes ou autres actes violant des droits humains. C'est ainsi qu'après les arrestations de Charles Taylor et de Jean Pierre Bemba, le mandat d'arrêt lancé contre le président Omar El-Béchir a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Sans compter l'arrestation spectaculaire de Rose Kabuyé qui, selon cette même cour, serait impliquée dans l'accident de l'avion de l'ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, en 1994. Une démarche qui conforte des pays comme le Sénégal dans sa conviction qu’il y a un acharnement de la Cpi à l'encontre des dirigeants africains. Et, selon le communiqué signé par ces Ong, la Cour travaille actuellement en République démocratique du Congo, en république Centrafricaine, en Ouganda et au Soudan. Comme pour dire que l'épée de Damoclès reste toujours suspendue sur la tête de nos dirigeants, malgré quelques tentatives d'harmonisation de leurs représailles.
Auteur: Abdoul Aziz AGNE
SUD QUOTIDIEN :
Des raisons d’espérer.
Le Sénégal connaît les turbulences les plus fortes de son histoire telle une sourde tempête avant le bouquet final. Disons-le ! Le Wadisme comme machiavélisme pur et dur a fini de nous diviser. Aussi, il se hâtera à porter le coup de grâce à notre pays assailli de toute part par les tenants d’une politique ayant férocement trempé dans la médiocrité et le pharisaïsme. Si le Sénégal réel dans le cadre des assises nationales s’est retrouvé au chevet de notre démocratie, aujourd’hui dévoyée, c’est parce que la situation de notre pays est plus qu’alarmante. Mais où trouver la paix à l’heure des comptes ?
Ce n’est pas pour un horizon lointain. Ceux qui croient qu’il faut s’aplatir pour brouter dans les pâturages d’un sopisme imprécateur se trompent et méconnaissent vraisemblablement les bégaiements de l’histoire. Ils seront tout aussi comptables des exactions de cette « violence d’Etat » que notre pays n’a jamais connu. Les tenants du pouvoir ne proposent plus rien, ils plastronnent à longueur d’antennes et de colonnes, ils nous tiennent en otage, ils font du bruit, beaucoup de bruit, pour rien et spéculent sur le sens du vent. De surcroît, certains d’entre eux sont ventriloques.
A propos du vent, la météo des âmes n’est pas bonne dans les chaumières et cela ils ne l’entendent pas, tant la montgolfière wadienne est devenue confortable. Du haut de celle-ci, dans leur suffisance paillarde, les fourmis que nous sommes censés incarner à leurs yeux semblent méprisables et résignées.
Comme s’il ne s’était rien passé le 22 mars dernier. Rideau. Paradoxalement, au moment où le système gabonais s’essouffle, après plus de quarante ans d’une intense activité familialo-politique, voilà que nous arpentons le chemin inverse alors que jamais le peuple sénégalais n’a été aussi conscient des enjeux qui traversent notre société.
Une fin de règne avec une bonne dose de népotisme et nous voilà partis pour une dangereuse impasse politique. Ni les instruments honteux telle que la révolution agricole (sic) petite sœur de la Goana morte née, ni les fêtes « foraines » des fous du roi ne changeront le sens du vent nouveau qui s’annonce.
L’échiquier politique est « squatté »par les derniers de la classe, champions de la concussion en tous genres et tout cela dans un flot de paroles futiles. Ce qui est remarquable, c’est que la crise que connaît le Sénégal est une affaire nationale et sa résolution ne pourra se faire sans les Sénégalais. Comme pour les assises nationales, aucune main étrangère ne viendra travestir le processus de rectification qui n’a jamais pu se faire convenablement depuis la crise de 1962.
Mais les Sénégalais sont d’accord pour revenir sur certains points de notre histoire. Une bonne lecture des résultats des assises en atteste. Les « apprentis Foccart »n’ont qu’à se tenir prêts. Il est question ici de la survie d’un peuple floué dans son histoire et dans ses aspirations au moment où le monde s’interroge sur les errements de spéculateurs grisés par une économie ultralibérale devenue folle. Ils nous vendront la corde pour les pendre comme disait l’autre. Allons-nous laisser à des prédateurs le soin de nous préparer un avenir qui sent le soufre ?
Le libéralisme sous nos cieux est d’une violence inouïe, il relève d’une inconscience et son mot d’ordre est : volons, menaçons, colportons, thésaurisons et maintenons en respect par des moyens inavouables un peuple pour lequel nous n’avons que mépris. Le « rêve sénégalais » à la sauce alternance, c’est de se retrouver au sommet de l’Etat sans jamais y avoir rêvé les yeux ouverts.
Si des hommes de religion qui se réclament de la puissance divine cautionnent le pitoyable sort réservé depuis neuf années au peuple sénégalais, alors Dieu sera contre eux. C’est une évidence. Les biens terrestres ont fini de détruire les derniers sanctuaires épargnés jusqu’ici par la cupidité et le mensonge. Défendre un projet destructeur qui a fait ses preuves en nombre de victimes, c’est refuser le message du Dieu unique.
Nul n’a le monopole de la vérité et ceux qui s’en rapprochent le plus n’ont pas besoin de jouer des coudes pour se faire entendre. Encore une fois « la vérité vous couvre de sa justice » comme le disait le philosophe Michel Serres. Il ne s’agit pas de laisser le temps au temps mais plutôt de le laisser faire son travail ce qui n’exclut pas que l’Homme fasse le sien parallèlement. C’est ce que les parties prenantes des assises nationales ont réussi en jugulant le temps affreusement corrosif du fait de la mauvaise gouvernance et une certaine capacité de mobilisation en vue de sonder les profondeurs de nos tourments nationaux.
La françafrique à travers son démembrement sénégalais ne pourra plus jamais nous imposer une conduite encore moins un homme ou une femme pour conduire les destinées de notre pays si fragile. Les temps ont changé et les fossoyeurs de la République les plus inattendus ont été identifiés en un peu moins d’une décennie. C’est comme si le Sénégal avait été soumis à un « tamis invisible ». Quel échec !
Ce qui compte au final, c’est le fait que les sénégalais une fois unis autour de leur histoire commune ne pourront plus jamais refaire la même chose en matière de travestissement de nos institutions et de dilapidation des biens publics. Les assises nationales ont tracé un sillon et les futurs dirigeants du Sénégal pourront s’en inspirer afin de façonner un destin acceptable à notre pays meurtri.
L’histoire retiendra qu’au moment, où, les forces vives de la nation rendaient le fruit de leurs travaux patriotiques, la « togolisation » du Sénégal prenait son envol. L’alternance s’est révélée être une imposture, car, nous avons élu démocratiquement un président de la République le 19 mars 2000 et ce « miracle » a accouché d’une monstruosité, dont la vice-présidence en est l’illustration la plus récente.
C’est pourquoi le retour du peuple sénégalais par le truchement des assises nationales restera dans les mémoires comme une étape historique dans le processus de restauration de la République.
Almamy Mamadou WANE