La débandade
Identité citoyenne : « Garawoul », « Yalla bakhna »… Habitude de langage ou croyance, les Sénégalais en parlent
Ils sont presque bloqués au bout de la langue des Sénégalais pour en déformer le jeu des lèvres. Exclamation habituelle, ils font partie intégrante du code de langage des populations, quels que soient l’âge, la religion et le statut. « Garawoul » (ce n’est pas grave), « Yalla bakhna » (Dieu est bon), parmi tant d’autres, révèlent, dévoilent et démontrent la spontanéité de la personne à réagir par rapport à nombre de faits malheureux, des moments de joie, de situation d’apaisement, de soutien, de se donner du courage, mais, cacheraient, selon d’aucuns une certaine… hypocrisie. Pour d’autres, au-delà d’une simple habitude de langage, cela participe à juger le niveau de croyance de la personne qui le dit surtout lorsqu’il s’agit de « Yalla bakhna », (Dieu est bon). Cependant, mis à part deux dénominatifs, nombreux sont en effet, dans le langage des Sénégalais, d’autres exclamations dont la connotation reflète les mêmes significations, le ton changeant selon les accointances avec l’interlocuteur, ses différences, qu’on le nargue ou qu’on lui apporte son soutien par la présence des mots. « Garawoul way » ; « mouk garawoul » ; « Mo garawoul » ; « dédéte garawoul ». « Monté dé, Yalla bakhna ! ». Identité citoyenne, habitude de langage ou croyance, les Sénégalais en parlent.
Dans la codification des langues, nombreux sont les termes ayant une signification particulière et à plusieurs sens, selon les personnes qui l’utilisent. Que l’on soit jeune, adulte ou d’un autre âge, plusieurs expressions ont perdu de leur essence originelle par le fait d’une « dénaturation » ou déformation de la langue, surtout dans les foyers citadins. Cependant, et même si, dans les campagnes, la « chose » n’a pas encore atteint certaines proportions, il commence à y gagner du terrain par le simple fait des « exodés », qui pour un moment particulier retournent à leur lieu de provenance. Cependant, tout prés d’une déformation, de nombreux termes dans le langage se sont adaptés à une certaine modernité, ou modernisation, dans un environnement en profonde mutation. Ce qui voudrait dire, que la langue marche avec le niveau de transmutation des jeunes, qui, par la force de la masse, parviennent à lui donner un certain sens ; qui, par moments, se démarque de sa signification originelle. Au-delà, certaines expressions, par une utilisation plurielle, sont par la force des choses, devenues une identité citoyenne chez les Sénégalais. C’est le cas, parmi tant d’autres de « garawoul » (ce n’est pas grave) et de « Yalla bakhna » (Dieu est bon). En effet, par une habitude d’expression selon un contexte particulier, simple causerie, échanges multiformes, jeu d’apaisement, encouragement et soutien, subtilité verbale, et ou hypocrisie, les Sénégalais se sont appropriés ces deux termes à tel point qu’il est presque impossible au Sénégalais moyen de ne pas l’utiliser le temps d’une journée.
De l’habitude de langage à une identité citoyenne
De par une utilisation à outrance, c’est de manière incontestable que le terme « garawoul » est devenu une véritable identité citoyenne chez les Sénégalais. « Pour ma part, j’ai l’habitude de l’utiliser. Mais, je dois reconnaître que par instants, je ne sais même pas le pourquoi », déclare Moussa Ndiaye, gestionnaire de fonction. Poursuivant ses propos, il dira, « seulement, je ne fais pas partie de ces personnes qui ne disent pas ce qu’elles pensent. Des fois, on me reproche d’être trop direct. Aussi, je puis vous assurer qu’en le disant comme ça, je reviens toujours pour dire ce que je pense et ressens réellement ». Sur le même registre, Racine Bâ, businessman, ajoutera, « c’est vrai que nous tous, utilisons ce terme. Chez moi, c’est une identité pour me signaler jeune qui est In. Mais, je dois reconnaître, que le terme cache beaucoup plus d’hypocrisie chez la quasi-totalité des personnes qui le disent, pour la bonne et simple raison que cela ne vient pas du cœur. On ne peut pas à tout moment dire garawoul. À force de le dire, cela devient du faux ». Autant que ceux-là, nombreux sont les Sénégalais qui soutiennent sans ambages, que l’expression « garawoul » cache les sentiments réels de la personne, plus qu’elle ne révèle. « Garawoul way » ; « mouk garawoul » ; « Mo garawoul » ; « dédéte garawoul » ; sont tous des exclamations renvoyant à la même connotation qui renseigne de la négativité du terme. Autrement dit, l’ensemble des termes voudrait dire, « non, ce n’est pas grave ». Aussi, ils reviennent, quels que soient le contexte et l’ampleur de l’incident auquel on est confronté. « C’est vrai. Content ou pas content, c’est le même propos qui revient. Moi, je dirais qu’au-delà d’une habitude de langage, c’est devenu une identité citoyenne. Mais, il faut aussi reconnaître le caractère d’homme d’apaisement du Sénégalais. C’est-à-dire qu’il est du genre à ne jamais vouloir faire ou dire du mal. Ce n’est pas de notre habitude à dire des mots déplacés. Alors, autant dire garawoul, même si on a mal qui évite d’extrapoler dans les échanges et dire quelque que l’on pourrait après regretter », défend Moussa Sarr, acteur culturel. De même avis, bon nombre de Sénégalais sont unanimes. Et pour cause, le fait d’utiliser un tel terme participe à mieux apaiser la souffrance, même si les enjeux sont parfois assez énormes. Seulement, reconnaissent-ils, que nombreuses sont également les personnes qui en font appel sans aucune sincérité. Habitude de langage pour devenir une identité citoyenne du Sénégalais.
Tout pour tout, « Yalla bakhna »…
Que l’on souffre, que l’on soit dans le besoin, que l’on soit content, malade, échec, que l’on manque d’eau, d’électricité, que les prix deviennent exorbitants, que le prix du carburant flambe, qu’il pleuve ou qu’il ne pleuve pas, que l’on perde son bien, que l’on nous trompe ou vole, parmi d’autres exemples, ce qui reste coincé au bout des lèvres du Sénégalais est bien entendu « Yalla bakhna ». Un bon réflexe qui renvoie à une soumission du croyant à son Créateur. Comme pour dire que ce qui arrive est du ressort de Dieu. « Yalla bakhna » (Dieu est bon), renverrait donc à mesurer le degré de croyance de la personne par rapport à une situation quelconque. En bien ou en mal. Cependant, force est de reconnaître que l’expression somme toutefois bien utilisée, ne reflète pas toujours une croyance réelle, car la personne qui le répète le dit, sans en mesurer l’impact réel. Autrement dit, à force de la répéter, tout comme le terme « garawoul », « Yalla bakhna » est aussi venu se greffer aux habitudes de langage du Sénégalais. Que l’on soit jeune, adulte, personnes âgées, chacun en fait son leitmotiv. Telle une musique populaire, tout le monde sait la chanter, et lui donner l’intonation qui répond à la situation qui se présente à soi. « Il ne se passe pas un jour sans que je ne dise, Yalla bakhna. Pour moi, cela participe à me donner du courage et raffermir ma foi. En le disant, je mesure les propos, car depuis un an, je pratique sans relâche le zikr. Donc, je peux dire que le dis tout en sachant ce que cela signifie réellement », défend Ibrahima Seck, vendeur de téléphone portable. Dans la même foulée, Lamine Diouf, agent commercial, avancera, « cela participe à donner courage surtout lorsqu’on est dans la difficulté et le besoin. Mais, il faut que c’est également une habitude chez nous que de le dire. Ce qui veut dire que par instants, il peut arriver qu’on le dise uniquement par instinct ». Pour sa part, Alpha Ndiaye, médecin défendra : « On m’a tellement dit Yalla bakhna que je suis arrivé à un tel point que je crois plus à la sincérité du propos, surtout lorsqu’il provient de la bouche d’une personne anonyme. Ce qui veut dire que pour moi, il faut bien que l’on soit proche de la personne pour le lui dire. Si ma femme me dit Yalla bakhna par rapport à une situation qu’elle connaît et que je traverse ; pour moi c’est sincère, et c’est une manière de me donner plus de courage, à pouvoir surmonter certains obstacles. Idem pour mes parents, frères et sœurs, car je sais qu’ils sont très proches de ma personne. Ou encore une personne d’un certain âge qui sait ce qu’elle dit, et à quelque moment le dire. À cet instant, cela dévoile une certaine croyance de la personne, pour certains, mais pour d’autres c’est uniquement une habitude ». À côté, une jeune fille très à la mode se nommant Aïcha Diop, grosse lunette, jean serré taille basse, petit haut, déclarera, « vous savez, chez nous, on dit beaucoup de chose pour montrer notre appartenance à la société. Moi, je ne prie pas tous les jours, je jeûne quand je peux, mais pour autant je dis tout le temps Yalla bakhna. C’est un signe et une marque d’attention pour la personne. On s’en sert aussi pour faire comprendre à un homme qui court derrière nous qu’il y a d’autres filles, outre que nous. Pour ce faire, on lui dit, écoute Yalla bakhna, et là il comprend que nous voulons lui dire, va essayer ailleurs. Mais, il arrive qu’on le dise tout en mesurant son ampleur et sa signification. C’est à peu près comme garawoul quoi ». Et, de propos en propos, pour Malick Wone, c’est une seule chose. « On le croît pas. On le dit, mais on ne le croit pas. Pour tout, on le dit. Ha ! Non, mais c’est trop. Tout le temps Yalla bakhna, Yalla bakhna ! Dieu a toujours été Bon et ça, tout le monde le sait ».
C’est dire, que les Sénégalais sont partagés par rapport à l’utilisation de deux termes qui, de par leur redondance, sont devenus une identité citoyenne et participe à apaiser comme la musique dont on dit qu’elle apaise les mœurs. Partagés entre habitude de langage pour devenir une identité citoyenne et croyance, « garawoul » et « Yalla bakhna » sont à même de juger une certaine personnalité de la personne à savoir et à pouvoir réagir par rapport à une situation donnée. Même si derrière, il arrive qu’ils se frottent à un degré…d’hypocrisie. Aussi, comme l’a soutenu l’imam Tafsir Camara, faut bien, lorsqu’on est croyant de se tourner vers Dieu, mais faut-il croire en ce que l’on dit ou avance.
Trois questions à Aly Khoudia Diaw, sociologue
Qu’est-ce qui explique selon vous l’utilisation à outrance par les Sénégalais des termes « garawoul » et « yalla baxna » ?
Le contexte sénégalais, dans sa culture et dans ses traditions multiséculaires, a toujours accordé une place très importante aux représentations, qu’elles soient de types animistes, musulmanes ou autres.
La croyance que nous avons en Dieu, et qui dicte l’essentiel de nos délibérations conditionne nos rapports face à toutes les formes de situations. Je pourrais dire que le terme « garawoul » est presque une forme de résignation, aussi bien devant les choses qui dépendent de nous que des choses qui ne dépendent pas de nous.
Devant la mort, devant l’accident, devant les échecs, devant les catastrophes, c’est toujours les formules de réconfort, d’encouragement du genre « garawoul », suivi en cela du terme « yalla baxna ». Comme pour dire que l’espoir n’est pas perdu, et que Dieu fait toujours ce qui est mieux pour le croyant. C’est que dans la structuration de notre mentalité et de notre environnement immédiat, c’est Dieu le seul juge et l’individu, quels que soient le contexte et la situation du moment, quelle que soit la tragédie, ne doit jamais remettre en cause la volonté divine, et mieux, ne doit jamais perdre espoir.
Or, ce qui fait vivre les hommes, et ce qui fait tenir les sociétés, c’est l’espoir. L’existence de Dieu est donc nécessaire, non seulement à l’explication de certains phénomènes, mais aussi à l’acceptation de certaines situations et conditions humaines.
Donc, « garawoul » pour la consolation et pour le dépassement, « mougneul », car Dieu, forcément, reconnaîtra les siens, parce que justement il est miséricordieux, « yalla baxna ».
Pensez-vous que ce qui est une habitude de langage a glissé de son contexte sémantique pour revêtir les formes d’une identité citoyenne caractéristique du Sénégalais ?
Habitude de langage, oui forcément, et cela traduit notre désarroi profond face pourtant à des choses qui relèvent du rationnel, parce que où que vous soyez dans le monde, si vous entendez le terme « garawoul », même sur la planète Mars, ne vous retournez pas, il s’agit d’un immigré sénégalais sur Mars qui a transposé son fatalisme en ces lieux. C’est extraordinaire, la manière dont le « type » sénégalais parvient au dépassement grâce à la seule formule du « garawoul ». Vous faites deux heures entre Ouakam et le centre ville, garawoul, parce que nous Sénégalais, nous n’avons pas la mesure du temps. Un esprit rationnel ne trouvera jamais d’excuse à cela. Vous mourrez du paludisme ou du tétanos, au lieu que votre voisinage se remette en question, c’est le contraire qui se passe, car on trouvera toujours des subterfuges en invoquant Dieu, alors que quelle que soit la situation, on est toujours responsable en tant qu’acteur principales de nos délibérations, qu’elles soient de convictions abrahamiques, jésuites, ou Mahométistes. Donc à mon niveau, le problème réside fondamentalement dans le dépassement de « l’en-soi »pour accéder au « pour-soi, c'est-à-dire, à une sorte de liberté idéelle pour asseoir une grille d’analyse de nos faits et gestes dont nous serons les seuls maîtres, et non pas nous réfugier dans un fatalisme béat et sans retenue.
Le terme « yalla baxna » mesure-t-il le degré de croyance du Sénégalais ?
Non, car son utilisation est devenue mécanique, presque inconsciente, c’est devenu un réflexe, le premier d’ailleurs. Bien sûr que « alla bakhna », nous avons été formatés en la croyance en Dieu depuis notre naissance, mais il ne suffit de dire que « Yalla bakhna », car même «bou yalla baxé, bou mou la terré baye sa toll », comme disent les wolofs. Je pense que la religion est un tout qu’il faudrait cependant dissocier de la tentation à la facilité pour expliquer nos échecs par la volonté divine. En cela, mes convictions sont claires et précises, et je l’ai évoqué lors d’une conférence qu’il ne s’agit pas de faire nos cinq prières pour ensuite se jeter sur la première bonne femme qui passe ou du « ammel hakk ba goudi niou déme tedi », (faire du tort toute la journée, et ensuite aller se coucher). La religion, c’est autre chose, et je pense que le « yalla baxna traduit plus une impuissance, et l’espoir que demain sera un jour meilleur, plutôt qu’un signe de croyance réelle et effective. Donc, de manière générale, ma conviction est que nous devons prendre du recul, pour mieux apprécier la sémiologie populaire, afin d’en cerner le sens
véritable.
Auteur: Abdoulaye Mbow
FERLOO :
Cherté de la vie à Dakar : Ce qu’en pensent les banlieusards
C’est à travers une conférence publique que la direction du Mouvement Tekki compte montrer que la cherté de la vie est plus ressentie en banlieue. Ce sera samedi prochain à Guédiawaye.
Sûr que la cherté de la vie est vécue différemment selon qu’on soit en centre ville ou en banlieue, voire en milieu rural. C’est cela que la Coordination départementale du Mouvement TEKKI de Guédiawaye compte le démonter samedi prochain à travers une conférence dont le thème est : « La situation sociale dans les banlieues ». Cette rencontre de réflexion qui sera animée par Mamadou Lamine Diallo, Président du Mouvement TEKKI et l’Honorable Député, Me Ndèye Fatou Touré va permettre aux militants et sympathisants du Mouvement TEKKI de faire le diagnostic de la situation sociale marquée par la cherté de la vie, les coupures intempestives de l’électricité, le chômage chronique frappant les jeunes, les lancinantes questions d’assainissement, les embouteillages quotidiens et les autres problèmes inhérents aux quartiers périphériques de la région de Dakar.
AT/FC
L’OBSERVATEUR :
NIET DE IDY ET DÉFECTION DE JEAN PIERRE DIENG WADE "DÉGARNIT" LES ASSISES NATIONALES
Article Par PAPA SOULEYMANE KANDJI,
Paru le Mercredi 18 Juin 2008
La décision de Jean-Pierre Dieng de se retirer des Assises nationales, qui vient s’ajouter à une liste assez longue, donne l’exacte mesure de la détermination du camp présidentiel d’apporter la réplique aux initiateurs de ce conclave. Ce qui traduit une farouche volonté de Me Abdoulaye Wade d’étouffer dans l’œuf une entreprise que ses partisans qualifient de subversive. Une autre grande offensive en perspective ? C’est tout comme !
Le lancement en grandes pompes des Assises nationales avait laissé deviner qu’elles seront couronnées de succès. Tellement la forte présence de «bonnes têtes», qui s’y bousculaient, avait fini de convaincre les plus sceptiques sur la faisabilité de cette initiative qui vise à faire l’état des lieux de la gouvernance de Me Abdoulaye Wade de 2000 à nos jours. Sans anticiper sur la finalité de ce rendez-vous, il faut, par contre, souligner que le camp d’en face, comprenez la mouvance présidentielle, n’entend pas se laisser bouffer à ce buffet agrémenté à la sauce boycotteuse. Aussi, c’est le plus normalement du monde que l’idée a germé, dans l’entourage du chef de l’État, de lancer une grande offensive, pas pour la nourriture et l’abondance, mais contre «les forces du passé». Dès lors, après les hésitations et les atermoiements du début, certainement parce qu’ils croyaient qu’elle ferait long feu, les inconditionnels de Me Wade sont montés au front pour contrecarrer ce qu’ils appellent une «entreprise de déstabilisation». À tel point que leur mentor, sans doute soucieux de compter ses amis, n’avait pas pris de gants pour dire, à haute et intelligible voix, qu’il considérera ceux qui se rendraient aux Assises comme ses ennemis. Il n’en fallait pas plus pour refroidir les ardeurs de ces nombreux Sénégalais qui se feraient, volontiers, pour emprunter sa belle expression au psychologue clinicien Serigne Mor Mbaye, invités à ce «ndeup national». Maniant, avec une rare dextérité, la carotte et le fouet, le Maître des céans engrange, à deux jours de l’ouverture des Assises, une défection de taille. Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat (Cnp) et membre du Comité de normalisation (Cnf) du football, mais surtout petit frère de son allié Abdourahim Agne, se débine. Suivra l’épisode des rumeurs sur la présence du Khalife général des Mourides. Comme si cela ne suffisait pas, le Pr Malick Ndiaye s’invite au débat et tente de mouiller, sans convaincre personne, l’industriel français Vincent Bolloré d’être derrière les Assises. Mais, le coup le plus dur est venu de Babacar Ndiaye, 1er vice-président des Assises et ex-patron de la Banque africaine de développement (Bad), qui s’est rendu compte, sur le tard, d’un certain nombre d’erreurs. Pendant ce temps, Amadou Makhtar Mbow taillait bavette, sur les bords de la Seine, avec le fils (banni ?) de Me Wade, Idrissa Seck. Qui a jugé plus sage, Realpolitik oblige, de s’abstenir. Et cela en dépit des enjeux que cristallisait son éventuelle participation à ce rendez-vous. Sans parler du «franc tireur» Babacar Justin Ndiaye qui vole, sans vouloir en donner l’air, au secours de l’inspirateur de la Constitution du 7 janvier 2001. C’est vrai que beaucoup aura coulé, depuis lors, sous les ponts de l’Alter…noce.
Nettali: Mercredi 18 Juin 2008
SENEGAL - ETATS- UNIS - MALAISE : Le Sénégal " censure " le Pentagone...
NETTALI - Encore un effet collatéral de la mouche que le régime de Wade a pris face aux Assises nationales. Le gouvernement du Sénégal a signifié à l’ambassade des Etats-Unis, l’annulation d’un séminaire de Formation de haut niveau sur les relations entre militaires et civils. Cette rencontre devait se tenir au Méridien Président où a eu lieu le lancement le 1er juin dernier des assises nationales. (Photo : Général Mouhamadou Mansour Seck)
En fait, Wade n’apprécie pas du tout que des personnalités animatrices de ce séminaire dont le Général Mansour Seck, le professeur Penda Mbow, soient les plus en vue dans l’organisation des assises nationales initiées par l’opposition réunie autour du Front Siggil Senegaal (Fss). L’officier de deuxième section de réserve qu’est le Général Seck était d’ailleurs chargé de coordonner les travaux, estampillés "cours d’opérations civilo-militaires". Une formation qui devait s’étaler sur une durée d’une semaine et qui devait donner aux élites civiles et militaires, les instruments d’une coexistence pacifique. En même temps les germes de potentiels conflits de type ethniques au sein de l’Armée devaient être analysés pour les exorciser.
Mais surprise, c’est une lettre qui tombe sur la table de l’Ambassade des Etats-Unis interdisant la tenue de tels travaux. Une information que le gouvernement du Sénégal ne veut point corroborer. Mais que les autorités de l’ambassade des Etats-Unis confirment sans nuance. Contactées en effet par nos soins, elles expliquent qu’une formation était prévue sur les Relations civiles et militaires. Mieux, soulignent les Américains, "nous nous étonnons que cela ait été annulé par le gouvernement du Sénégal et nous ne savons pas pourquoi". Les mêmes sources, officielles de l’ambassade des Etats-Unis de regretter qu’"aucune explication du gouvernement du Sénégal n’ait été donnée".
Une langue diplomatique qui cache mal la colère des Américains. En effet, si les autorités de l’Ambassade ne veulent point disserter sur les états d’âme du Pentagone et de la Maison blanche après signification de l’interdiction de cette session de formation spéciale, il reste que des sources dignes de foi font état d’une grosse colère des américains. Ces derniers n’ont en effet pas apprécié les formes jugées "inélégantes et discourtoises" de cette interdiction alors que le Pentagone en était à la phase terminale des préparatifs.
Auteur: Nettali
CONTRIBUTION CONTRIBUTION D’UN CITOYEN SENEGALAIS AUX ASSISES NATIONALES
Article Par YERIM DIOUF SENIOR, VILLA 801 HLM GRAND YOFF, DAKAR,
Paru le Mercredi 18 Juin 2008
Une invitation à un échange de point de vue ou à une concertation pour trouver des solutions suite à la multitude de problèmes qui se posent à notre communauté, est certes une bonne initiative par ce qu’aucun groupe isolé ne détient le monopole de la vérité ; encore moins l’exclusivité de ‘’la solution’’. Donc si réellement nous avons à cœur de tirer le Sénégal du bourbier actuel dans lequel il patauge, nous ne devrions point nous attarder sur des détails et/ou des nuances relevant de susceptibilités stériles et partisanes. L’important étant l’esprit qui justifie l’événement et qui au delà offre au reste de la société non impliqué dans une quelconque rivalité ou querelle de chapelles la possibilité de pouvoir donner un avis en toute objectivité.
Les assises nationales du Sénégal ; quelle idée géniale en moment opportun ! Je suis sûr qu’après le Sénégal l’idée fera tâche d’huile et que d’autres pays Africains suivront ce bel exemple.
Mais ce qu’on oublie, c’est que le génie n’a jamais fait défaut aux Sénégalais et que tant que l’autre génie dévastateur, celui-là même qu’incarne le génie en matière de détournement de deniers publics continuera d’habiter la conscience du monde politique au Sénégal et en Afrique, le développement de nos pays sera à jamais compromis et nos problèmes demeureront pour toujours. Nous devons d’abord nous atteler au changement des mentalités : à savoir bannir de nos mœurs la course morbide à l’enrichissement illicite à milliards, course à laquelle s’adonnent nos dirigeants politiques et la tenir pour ce qu’elle est : un crime qu’on devrait punir de façon exemplaire, dont nul ne devrait bénéficier d’immunité, pas même les présidents et surtout pas eux. Aucun génie de politicien ne devrait plus être capable d’envoûter ou d’ensorceler nos peuples au point de leur faire accepter en toute bonne conscience l’admissibilité d’un tel fléau.
Voila le mal qui gangrène l’Afrique dans sa totalité et qui doit être extirpé au plus vite.
Ce mal a pourri l’Afrique entière. L’honnête politicien Africain si on en trouve est devenu un piètre rigolo que l’on prend pour un débile. Du fait de sa vertu considérée comme dépassée, il ne bénéficie d’aucune considération et on le montre du doigt comme s’il était un taré. Le mauvais exemple donné à large échelle par la classe politique au détriment de la bonne éthique a contribué à déifier l’argent qui désormais ouvre toutes les portes et constitue la seule valeur du moment.
Les présidents africains ainsi que leurs suivants immédiats sont respectivement de beaucoup plus riches que leurs homologues des pays développés à qui nous devons pourtant notre survie grâce à leur assistance.
Tout projet de développement même surfinancé ne voit des fois pas le jour ou meurt de façon précoce à l’adolescence du fait des détournements. Le matérialisme et la cupidité sont à leur paroxysme ! Vive le règne de l’argent et de la perdition !
Les présidents Africains devraient cesser de confondre les biens de leurs pays avec leurs biens personnels. Ils devraient comprendre qu’ils ne sont pas des rois dans des royaumes. Ils ne sont que de simples élus à la tête des états dont ils ont à charge de définir les orientations politiques et leur mise en application. Ils ont des mandats à durée déterminée définie selon des constitutions et qu’ils se doivent de respecter scrupuleusement. Et le seul fait de ne pas comprendre ce B.A. BA est un premier obstacle au développement pour l’Afrique. Toute assistance financière venant de l’extérieur -donation ou crédit- leur appartient d’office.
Une fois la collecte de milliards au point ils en disposent à leur convenance à des fins de corruption : dons de milliards aux chefs religieux coutumiers en échange de bulletins de vote de leurs talibés, dons de milliards à des marabouts fétichistes cherchant à pérenniser leur pouvoir, des milliards aux parents, aux amis et aux militants de leur parti etc.…. A quelques rares exceptions, voila comment le politicien africain comprend le rôle du dirigeant politique et c’est pourquoi face à cette crise générale touchant tous les secteurs vitaux des Nations et qui risque de s’installer pour quinze ans au minimum pour les états qui accepteront de se serrer la ceinture en s’adonnant en même temps à un travail titanesque pour toute sa durée. Par contre pour les états comme les nôtres qui n’ont même pas pu avancer ne serait ce que d’un pas depuis les indépendances je ne vois de possible qu’un K.O. débouchant sur une révolution quasi-certaine. A mon avis la solution qui s’impose au Sénégal est la mise à l’écart de toute la classe politique actuelle qui devrait, avoir l’honnêteté de reconnaître qu’elle a complètement échoué dans la gestion des affaires. Par contre les valeureux Sénégalais qui se sont distingués à l’intérieur et/ou à l’extérieur du pays devraient descendre dans l’arène afin de prendre en main le destin de notre pays avant qu’il ne soit trop tard. La presque totalité de l’élite Sénégalaise avait tourné le dos à la politique politicienne voire à l’administration.
Pour la plupart, cette élite avait choisi le secteur privé, l’armée ou l’extérieur. Cependant, maintenant que la situation est grave il est temps de faire appel à eux tous pour le salut de la nation menacée. Et du fait qu’on se trouve le dos au mur parce que le mal sévit déjà, il s’avère que seul le chef de l’état détient la solution du problème qui tourmente le pays. En effet, il est le plus à même de pouvoir copter une coalition de Sénégalais n’ayant jamais trempé dans la politique intérieure sénégalaise. Ils devraient être sélectes selon des critères de compétence et d’éthique ; qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora. Ils se verraient confié la gestion des affaires pour la dite période de sacerdoce.
*Intérieure sénégalaise
Et ce ‘’rassemblement patriotique de défi pour le développement’’ s’appuyant à fond sur l’armée Sénégalaise pourrait sauver le pays d’un péril certain qui profile à l’horizon.
Ainsi l’occasion lui serait donnée d’utiliser les compétences de notre armée nationale, l’une des meilleures au monde. Ses cadres sont sortis des meilleures écoles supérieures d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Elle regorge de spécialistes confirmés dans tous les secteurs de développement (gestion, ingénierie, médecine etc.…).
Ce serait un grand dommage que de ne pas nous appuyer sur un tel corps de compétence après avoir subi un lourd sacrifice de financement à sa formation d’élite.
Un grand nombre de nos officiers supérieurs sont de loin au dessus de nos politiciens sans compétence à gouverner un état et prétendant au pouvoir nonobstant d’avoir subi un 1er échec à un moindre niveau. La mise en place d’un tel rassemblement pourrait anticiper la retraite d’une classe politique qui a atteint ses limites. Et le Président de la République pourrait se libérer par anticipation de sa lourde tâche allant crescendo et bénéficier à titre exceptionnel d’une immunité en échange des quelques années qui resteraient pour le mener au terme de son mandat présidentiel. Une fois de plus, les Sénégalais du fait de leur génie résolveraient un problème de taille de façon pacifique par patriotisme et par dévouement à l’intérêt supérieur de leur nation. Quel autre bel exemple pour l’Afrique !
LE QUOTIDIEN :
WALFADJRI :
II - Péché originel des Assises nationales : Le messianisme n’existe pas en politique
Qu’ils viennent du Pra avant fusion avec le Bds comme Amadou Mactar Mbow, ou de l’Ups-Ps un trait commun parcourt leur trajectoire : ils sont tous du régime socialiste senghorien. Régime entendu au sens large de système cohérent porteur en partage d’une vision commune. Des anciens Premiers ministres côtoient des ex-ministres des Finances dans un parterre devant dresser le tableau, le bilan des politiques libérales. Les résultats d’un tel exercice sont faux, parce qu’empreints de subjectivisme politique forcené. L’exercice ne requiert pas une distanciation scientifique qui permet de valider ses résultats. Les assises ne sont que l’expression politique d’un ancien système qui tait ses divergences notoires (la question du contrôle du Parti socialiste a toujours été agitée entre les tenants du parti et de l’Etat) pour se lancer dans les batailles futures en face d’un pouvoir qui est en train de construire, difficilement, son régime.
Mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui, le Ps, à l’insu de tous les partis politiques du Sénégal, a réussi la prouesse extraordinaire de convoquer les institutions internationales dans le débat politique interne du Sénégal par le biais d’hommes comme Amadou Mactar Mbow, Babacar Ndiaye, Mamoudou Touré, Ibrahima Fall, Moussa Touré, Mamadou Lamine Loum, etc. Les autres membres des Assises, enseignants, société civile, ne sont que pour décerner l’illusion de la technocratie à une rencontre politique. Le choix du patronat présent est édifiant. Il faut créer l’illusion de la totalité, car le Ps sait qu’il est un parti politique comme tel est une partie, un segment (pas le plus important, ni le plus patriotique) d’une société, donc parler au nom de la totalité relève d’une imposture. Il faut faire en sorte que divers segments socio-professionnels prennent part aux Assises pour oser disséquer le réel social et en tirer des ‘leçons acceptables’. Force est de reconnaître que les socialistes ont réussi, avec la tenue des Assises, une opération politique.
Mais en réalité pour ‘géants’ qu’ils soient, ou qu’on veuille les faire paraître, ces hommes et ces femmes, qui assurent le présidium des Assises nationales, ont eu des trajectoires politiques aux conséquences diversement appréciées. Le messianisme n’existe pas en politique. L’histoire pose des questions cruciales et les peuples, dans l’harmonie des destinées conscientes, apportent les réponses.
La succession de Me Wade en filigrane
L’opération, pour le Ps, consiste à faire croire à l’opinion publique nationale et internationale que le Sénégal est entre les mains de gens incultes qui n’ont aucune dose de générosité patriotique. Mais en réalité, la hargne, la haine et la violence qui colorent les discours politiques ne sont que les résultantes de la question de la succession du président Wade au pouvoir. Depuis 2003, le débat sur la succession du président Abdoulaye Wade se pose et se passe au sein du camp libéral. D’Idrissa Seck à Karim Wade, sans oublier Macky Sall, la question de la succession est brandie à l’intérieur du cercle libéral, entraînant un lot effroyable de dégâts collatéraux. Cette tendance est renforcée par l’élection présidentielle de 2007 avec la victoire de Me Wade dés le premier tour. Il ne reste au secrétaire général du Ps et à ceux des partis qui sont arrimés à son bateau que la dernière bataille politique. La question est d’empêcher la mise à la retraite politique d’une génération d’hommes politiques qui ont flairé, sans habiter la station présidentielle, pour parler comme l’autre. Dès lors, il est impératif d’imposer au pouvoir en place une nouvelle carte politique pour un futur. Avec les Assises, l’opposition tente de convoquer le débat politique en dehors du champ libéral.
Sinon comment comprendre le ton irrévérencieux utilisé pour s’adresser au vainqueur de l’élection présidentielle ? Comment comprendre que des vaincus convoquent le vainqueur au tribunal virtuel ? Comment aussi comprendre que des citoyens ne veuillent point prendre en compte le choix des électeurs ? Un point nodal est à prendre en considération : en matière électorale, la légitimité est plus importante que la légalité. Si le second terme est du ressort de la justice, donc des institutions judiciaires, le premier tient son statut de la transparence et de la fiabilité du scrutin. On peut toujours dire que dans nombre de pays, la justice est collée aux basques de l’exécutif et, par conséquent, traduit les volontés des dirigeants. En opérant de cette sorte, en refusant de reconnaître la légitimité du président Wade, le Fss pose des accusations et fait douter du fait démocratique. C’est là où gît tout le danger. Le Sénégal a besoin de l’adéquation systématique entre les deux notions.
Le Sénégal vient de rater une occasion en or de ressouder les fils épars. En place et lieu d’Assises nationales, il fallait tout simplement proposer des concertations sénégalaises pour dégager des consensus forts sur des thèmes majeurs. La question de l’économie et des agressions extérieures, celle de la coopération Sud Sud, la crise mondiale de l’agriculture, le choix d’une politique éducationnelle, etc. sont autant de points centraux qui requièrent l’expertise de tous les fils de la nation. Les grandes nations ont été capables, en un moment de leur histoire, de remporter des combats titanesques grâce à l’engagement massif de tous les citoyens. Imaginons un seul instant ce que des hommes comme Amadou Mactar Mbow, Mamoudou Touré, Babacar Ndiaye, les généraux Keïta et Seck pouvaient apporter à ce pays dans le cadre de concertations apaisées et consensuelles ?
Nous autres Sénégalais devons apprendre à entretenir des débats dépassionnés autour des thèmes centraux avec comme unique objectif de trouver des solutions pour notre cher pays. Nul besoin de verser dans l’invective, les insultes, les menaces, de part et d’autre, pour avoir gain de cause. (Fin)
Abdoulaye SEYE Journaliste sociologue
Préalable à son adhésion aux assises nationales : Idrissa Seck exige la participation de Wade
Participera, participera pas ? Le débat sur la participation du Rewmi aux assises nationales a beaucoup alimenté la littérature des journaux ces derniers jours. Finalement, Idrissa Seck a, dans une lettre à Amadou Moctar Mbow, expliqué le pourquoi de sa non-participation et fixé les préalables à un changement d’attitude de sa part : la participation de Wade lui-même aux assises.
Le président du parti Rewmi ne refuse pas de participer aux assises nationales et de prendre le train en marche. Idrissa Seck l’a révélé dans une correspondance datée d’hier et envoyée au président du bureau des assises, Amadou Moctar Mbow. Seulement, cette volonté affichée par l’ancien maire de Thiès de prendre part à l’initiative du Front Siggil Senegaal (Fss) est assujettie à des préalables. ‘Je participerai aux Assises lorsqu’elles deviendront nationales, c’est-à-dire inclusives de la majorité, de l’opposition et de la société civile’, a écrit Idrissa Seck dans sa missive. Justifiant le pourquoi de cette condition posée, il soutient que le succès des Assises et leur éclat ‘ne seront garantis’ qu’avec l’adhésion de tous. Les Assises ‘rempliront alors pleinement leur fonction car aujourd’hui plus que jamais tous les fils de ce pays, sans exclusive, ont besoin de se parler’, selon l’ex-Premier ministre.
Aussi, Idrissa Seck suggère-t-il à l’ancien Directeur général de l’Unesco d’aller rencontrer, de nouveau, le président de la République en vue de le convaincre dans le sens de prendre part aux Assises. Cela est d’autant plus nécessaire, confie-t-il, que plus rien ne devrait constituer un obstacle à l’adhésion de Me Wade. En effet, d’après le président de Rewmi, en reconnaissant sans restriction, à l’entame de son discours du 1er juin au Méridien Président, ‘la légitimité du président de la République et des pouvoirs établis’ et soutenant que ‘rien dans ces Assises ne sera fait pour empêcher cette légitimité de s’exercer selon la Constitution et les lois de la République’, M. Mbow lève là ‘indiscutablement le dernier obstacle au dialogue national perçu par le président de la République’. De l’avis de la tête de file de Rewmi, le chef de l’Etat ne devrait, dès lors, ne retenir des rencontres initiées par le Fss que ce qu’en dit le Pr Mbow et accepter de participer puisque ‘l’argument qui fondait son refus de dialoguer avec l’opposition - la reconnaissance de sa légitimité - a été levé’ par ce dernier.
L’intérêt que porte Idrissa Seck à la participation de son ex-mentor aux Assises est d’autant plus grand que, pense-t-il, ‘le président de la République et son gouvernement ont la responsabilité de ne pas surajouter’ aux multiples crises qui assaillent les Sénégalais, ‘les dangers d’une impasse politique’. La conviction de l’ancien maire de Thiès est que la situation que vit le Sénégal est si grave, que l’on n’attendrait pas moins de Me Wade ‘de nourrir sa recherche de solutions aux multiples défis qui assaillent le pays, des apports féconds de toutes les compétences nationales sans distinction de race, de religion, de confrérie, d’ethnie et d’opinion politique’. C’est dans la même optique, d’ailleurs, qu’Idrissa Seck invite le locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar à s’inspirer de ce qui se fait de mieux sous d’autres cieux en matière de démocratie pour davantage donner à l’opposition sénégalaise la place qui lui revient dans le jeu démocratique. Aussi, est-il d’avis que rien, dans la même veine, ne s’oppose à ce que le président Wade, ‘dans sa recherche de solution au conflit israélo-palestinien’, se rende ‘en Israël et en Palestine à la tête d’une délégation incluant Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily’. Cela, à l’image du président de la République française qui n’hésita pas à se faire accompagner, lors de son dernier voyage au Liban, par le Premier Secrétaire du Ps, François Hollande, François Bayrou et d’autres personnalités politiques de son pays qui ne sont pas du même bord que lui.
Concluant sa missive, Idrissa Seck reconnaît qu’une telle lettre, ‘de la part de celui qui subit depuis quatre ans les agressions politique, judiciaire et physique de sa propre famille politique’ peut surprendre plus d’un, mais fait-il savoir, reprenant le Général De Gaule, ‘la vie d’un homme, même d’Etat est une insignifiance au regard du destin d’une Nation’.
Aguibou KANE
LeQuotidien: Mercredi 18 Juin 2008
La lettre du président de Rewmi à Amadou Makhtar Mbow
Le Président Paris, le 17 Juin 2008
A
M. Amadou Makhtar MBOW
Président des Assises Nationales
Dakar SENEGAL
Objet : réponse à votre lettre d’invitation
Monsieur le Président,
La rencontre du vendredi 06 juin 2008 entre Messieurs MBODJ, KAMA et deux représentants de notre parti, votre lettre d’invitation du mercredi 10 juin 2008, ainsi que l’entretien fructueux, riche en enseignements que nous avons eu à Paris le samedi 14 juin 2008, me prescrivent de vous adresser mes plus chaleureux remerciements. Je les étends à tous vos collaborateurs et à toutes les organisations membres des assises nationales.
La sagesse de votre discours d’ouverture révèle une piste qui, poussée plus loin, permettra peut-être le retour à un climat propice au dialogue national que nous impose l’intérêt supérieur de la Nation. Vous dites ceci : « En tant que Président de ces assises, je voudrais dire haut et fort que je reconnais sans restriction la légitimité du Président de la République et des pouvoirs établis. Et rien dans ces Assises ne sera fait pour empêcher cette légitimité de s’exercer selon la Constitution et les lois de la République.»
Vous levez là indiscutablement le dernier obstacle au dialogue national perçu par le Président de la République qui devrait dès lors ne retenir des assises que ce que vous en dites vous-mêmes : « une volonté d’exercer les droits que vous confèrent vos qualités de citoyens libres dans un pays libre et démocratique, y compris celui de réfléchir sur les destinées de notre peuple et sur le présent et l’avenir de notre pays.»
Vous ajoutez « être en droit d’attendre le respect, la correction et le fair-play de la part de ceux qui ne partagent pas vos vues et votre démarche.» Vous avez les miens.
Ce que j’entends par aller plus loin dans votre sagesse et votre souci de l’intérêt national, Monsieur le Président, c’est de rencontrer à nouveau le Président de la république en vue de la participation de sa famille politique aux assises dès lors qu’est levé l’argument qui fondait son refus de dialoguer avec l’opposition : la reconnaissance de sa légitimité.
Je participerai aux Assises lorsqu’elles deviendront Nationales, c’est-à-dire inclusives de la Majorité, de l’Opposition et de la Société Civile. Leur succès et éclat ne seront garantis qu’avec la présence de tous. Elles rempliront alors pleinement leur fonction car aujourd’hui plus que jamais tous les fils de ce pays, sans exclusive, ont besoin de se parler.
La solution émerge sans peine de ce qui précède. Le Président de la République exerce pleinement sa prérogative constitutionnelle de définition de la politique de la Nation. Il décide alors de nourrir sa recherche de solutions aux multiples défis qui assaillent le pays, des apports féconds de toutes les compétences nationales sans distinction de race, de religion, de confrérie, d’ethnie et … d’opinion politique.
Dans sa recherche de solution au conflit israélo-palestinien, pourquoi ne se rendrait il pas en Israël et en Palestine à la tête d’une délégation incluant Ousmane Tanor DIENG , Moustapha NIASSE, Amath DANSOKHO, Abdoulaye BATHILY, comme récemment le Président de la République française au Liban avec François Hollande, François Bayrou et d’autres leaders de l’opposition française .
Ceux qui sont sceptiques doivent se souvenir qu’hier, dans l’opposition, l’actuel Président de la République a toujours su prendre l’exacte mesure des dangers d’un manque de dialogue entre le pouvoir et l’opposition et rejoindre le gouvernement de son adversaire, souvent contre l’opinion des radicaux de son parti.
L’ordinaire d’un pays sous développé impose déjà aux populations des souffrances considérables (manque d’eau, d’électricité, d’accès à l’éducation et à la santé, de carburant de gaz et … d’emploi). S’y ajoutent aujourd’hui les chocs des crises énergétique et alimentaire mondiales, lit propice à des tensions et explosions sociales.
Le Président de la République et son gouvernement ont la responsabilité de ne pas y surajouter les dangers d’une impasse politique. Sa première tâche, la nôtre aussi est donc d’éloigner de notre pays le spectre de la division, de l’instabilité et du conflit.
Monsieur le Président,
Je sais qu’une telle lettre peut surprendre de la part de celui qui subit depuis quatre ans les agressions politique, judiciaire et physique de sa propre famille politique mais la sagesse des anciens me sert toujours de refuge : - « Sois résolu dans l’accomplissement de tes devoirs. Supporte les reproches injustes et dédaigne la vaine gloire. » Conseille Marc Aurèle ;« La vie d’un homme, même d’Etat est une insignifiance au regard du destin d’une Nation » enseigne De Gaulle ;
Plus fondamentalement et plus proche de nous, le Président Senghor arrivant au pouvoir avait sollicité et reçu les conseils des guides religieux. Sa moisson fut simple mais pas banale : « Veilles à ce que les citoyens travaillent et protèges les pour qu’ils jouissent du fruit de leurs efforts » Serigne Bassirou MBACKE Ibn Khadimou Rassoul (RTA).« Dans ton action suis ta raison et non ta passion ».Serigne Babacar SY (RTA) Tout est dit ici pour bâtir un Sénégal de Paix, de Stabilité et d’opportunités économiques pour ses fils. Qu’il soit donné à la classe dirigeante sénégalaise de le comprendre et d’avoir l’humilité de s’y engager.../. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression des mes sentiments respectueux.
Idrissa SECK
« La grandeur d'un homme politique se mesure toujours à travers la concordance entre ses paroles et ses actes »
ASSISES NATIONALES - LETTRE REPONSE DE IDRISSA SECK
Lectures croisées de Oumar Sarr et Mouhamadou Mbodj du Comité ad hoc
mercredi 18 juin 2008
NETTALI - Après la réponse servie par Idrissa Seck à l’invitation à participer aux Assises nationales, dans laquelle il pose comme préalable la participation du camp du président de la République, M. Oumar Sarr, porte-parole de Rewmi et Mouhamadou Mbodj, président du Comité ad hoc des Assises nationales, donnent leur lecture de cette réponse à la Rfm.
« C’est une lettre qui, à mon avis, est l’empreinte d’un homme d’Etat qui s’est élevé au niveau qui nous permet de dire que quand il s’agit du Sénégal, Idrissa Seck ne parle jamais sur le ton de la passion, mais fait usage de la raison qui sauvegarde l’intérêt du pays. Il a tout simplement invité toute la classe dirigeante au rassemblement. Et ce qu’il voudrait, c’est de participer à des Assises qui ont un caractère inclusif, c’est-à-dire la majorité, l’opposition, la société civile, bref toutes les composantes du pays. Ce qui ne manquerait pas certainement de leur donner leur caractère national », explique Oumar Sarr, porte-parole de Rewmi, la formation politique de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.
A la question de savoir si ce n’est pas pour ménager le président Wade, en vue de retrouvailles futures, qu’Idrissa Seck ne veut pas participer aux Assises nationales, le responsable de Rewmi à Diourbel rétorque : « au-delà d’une correcte prise en charge des difficultés du Sénégal actuel, qui appelle quand même un vaste rassemblement de toutes les compétences, quel que soit le bord auquel elles appartiennent, il faut savoir que l’unité, le renforcement et la pérennisation au pouvoir de sa famille politique fait partie du projet de Monsieur Seck. Cela devait même, de notre point de vue, constituer une des étapes les plus importantes et cela aussi, je crois qu’Idrissa Seck l’assume pleinement. Ce qui serait tortueux de sa part et ambigu, c’est qu’il change de conviction et cesse d’être libéral pour devenir autre chose. Vous avez vu que depuis quatre ans, il a subi de multiples agressions au plan physique, judiciaire, mais, quelle que soit leur gravité, cela n’a pas altéré ses convictions libérales, avec ou sans entente avec Abdoulaye Wade ».
Du côté des organisateurs des Assises nationales, on déclare qu’il n’y avait pas d’attente particulière par rapport à l’invitation adressée à Idrissa Seck. Mouhamadou Mbodj, président du Comité ad hoc des Assises, relève tout de même que l’ancien candidat à la présidentielle de 2007 avait l’opportunité de discuter des problèmes du pays en participant aux Assises nationales. « On ne pouvait pas faire les Assises sans aller vers tous les secteurs identifiés comme représentatifs au sein de la nation sénégalaise. Et comme vous le voyez lui-même dire que, dans sa lettre, ils avaient déjà répondu à l’invitation, au moment de la mise en place du bureau. Donc, c’est sans commentaire. Déjà, à l’occasion de la campagne électorale de février 2007, dans son offre politique, il soulevait déjà en termes de diagnostic qui sous-tendait l’offre politique, un certain nombre de dysfonctionnements au plan social, politique, économique qui marquaient notre pays. Il n’y a pas eu d’amélioration au niveau de ces dysfonctionnements. Au contraire, la situation s’est même aggravée, au regard de la campagne agricole désastreuse qui a suivi et l’approfondissement de la crise énergétique et ses effets sur l’économie globale, ainsi que la nouvelle crise des produits céréaliers au niveau mondial », campe Mouhamadou Mbodj.
Puis, le président du Comité ad hoc des Assises de marteler sa conviction : « Donc, le tableau et les justifications qui avaient porté sa candidature sont non seulement là, mais se sont aggravés. De ce point de vue, la question qui mérite d’être posée est : quelle est la responsabilité de l’acteur Idrissa Seck, face à l’Histoire de son peuple ? Qu’est-ce qui a changé depuis lors, pour que l’opportunité qui est offerte de discuter de ces Assises ne capture pas assez l’attention de M. Seck ? Voilà la question qui mérite d’être posée ».