sur la bonne voie?
Prémices d’une société sans vie…La confusion politique dans notre pays est telle que
de nombreux citoyens se demandent peut-être si celles et ceux, de l’opposition et du
pouvoir, qui fomentent le désordre ou l’amplifient, ont jamais été formés à manier
une langue, à lire pour comprendre et à écrire pour partager un savoir ou un
sentiment. Jamais, au Sénégal, l’offre politique n’a été aussi abominable qu’au
cours des sept dernières années. Les raisons sont multiples. Trois d’entre elles
attirent pour le moment notre attention. La première est celle qui a trait à la
sous-formation, voire l’analphabétisme politique des politiciens sénégalais. La
deuxième aurait une origine plutôt sociale. La troisième enfin est liée au confort
et à la sécurité que les tenants du pouvoir politique actuel trouvent dans la façon
dont la société sénégalaise tourne insidieusement le dos à la vie pour célébrer la
mort. Pas celle qui soulage de la vieillesse à la fin d’une longue vie bien remplie,
mais celle qui fauche.
Nous ne sommes pas sûr que les acteurs de la vie politique sénégalaise savent encore
ce que recouvre le terme ‘politique’ et la vraie signification du ‘pouvoir
politique’ dans les sociétés humaines organisées. Les spécialistes anglo-saxons de
la science politique ont, eux, très tôt, planché sur le concept. C’est ainsi qu’ils
font la distinction entre ‘Le politique’ (‘Polity’), ‘Une politique’ (‘Policy’ ou
‘Policies’) et ‘La politique’ (‘Politics’). ‘Le politique, écrit le politologue
Loubet Del Bayle, est le mécanisme du processus décisionnel qui permet de prendre
des décisions engageant la collectivité’. ‘Une politique désigne, [elle], les
décisions prises par le pouvoir décisionnel’. Quand à la politique, ‘elle désigne la
compétition et les conflits entre les individus et les groupes qui se développent
pour contrôler le pouvoir décisionnel et orienter les décisions prises’. En
cherchant à écarter, par tous les moyens, le citoyen du processus décisionnel, des
décisions prises et de la compétition politique, le politicien sénégalais,
singulièrement au cours des sept dernières années, a inventé un machin dont personne
ne cerne encore tous les contours. Dans la quête ardue d’un compromis intellectuel
pour trouver un objet à la science politique, Lapierre (Jean William) dit du pouvoir
politique qu’il est ‘la combinaison variable d'autorité légitime (recours au
consensus) et de puissance publique (recours à la coercition) qui rend certaines
personnes ou certains groupes capables de décider pour (et au nom de) la société
globale et de commander à celle-ci afin de faire exécuter les décisions prises’. En
tournant le dos au consensus, le politicien sénégalais a définitivement travesti le
pouvoir politique.
Si l’indigence sémantique n’était pas l’une des causes essentielles de son incurie
politique, personne au Sénégal ne comprendrait que le politicien sénégalais soit
incapable de trouver les accommodements sans lesquels aucune société politique n’est
viable. Nous ne sommes pas sûr que les activistes des deux camps (opposition et
majorité) s’accommoderaient vraiment d’une surenchère sur une ‘révolution’ si rien
de ce qui est écrit là ne leur échappait pas ou n’échappait pas à ceux, des deux
camps, qui ne voient en chaque activiste qu’un préposé au sale boulot. ‘Dans une
démocratie d’opinion, il y a place pour des opinions qui changent et peuvent entrer
en délibération. Avec les opinions, on discute, on s’oppose, on ne prépare pas la
guerre civile’, écrit Dominique Wolton. C’est de la délibération pluraliste, ou
assises, que naît le consensus politique. Pourquoi les assises ne
déboucheraient-elles pas, si elles avaient lieu, sur un ‘pacte social’? Il suffit
peut-être d’en discuter.
La ‘révolution’ aura-t-elle vraiment lieu? Rien n’est moins sûr dans une société
qui, pour cause d’agitation hypocrite de sa classe politique, assiste, impuissante,
à sa propre dépolitisation. Le téléspectateur sénégalais, par exemple, trouve du
talent dans la façon dont les animatrices et les animateurs des chaînes de
télévision privées comme 2STV et RDV s’acquittent de leurs tâches. Mais tout est
fait pour éviter le sujet politique. Sur Canal Info où il est agité, le sujet
politique n’oppose jamais les chefs de partis. Le duel entre journalistes et
politiciens - chacun le sait - n’enjambe que rarement les limites objectives
édictées par le personnel des médias. La démocratie sénégalaise est la seule au
monde qui ne débat pas. C’est ainsi que naissent les rébellions. Mais les
Sénégalais, indisponibles, ne sont prêts ni pour la révolte, ni pour la révolution.
Depuis peu, ils ne sont d’accord sur rien. Il y a autant de projets personnels que
le pays compte d’habitants. Persuadé d’y avoir largement contribué, le président
Abdoulaye Wade peut s’absenter très longtemps du territoire national sans que
personne ne sache où il est et à quoi il consacre le temps de notre pays.
La démobilisation politique sans précédent ne serait que la séquelle urbaine d’une
hypocrisie sociale maladroitement dissimulée. Une amplification, à l’intérieur comme
à l’extérieur des partis politiques, des formes de domination et de sujétion en
cours dans la société sénégalaise. Depuis peu, quelques rares personnes seulement
accordent plus de cinq minutes de leur temps aux visiteurs teigneux qui ne
comprennent toujours pas que le monde a changé. Les divisions, nées de cet état de
fait, font que les nouvelles qui nous viennent des foyers, sont ‘mauvaises’ pour la
plupart. En n’informant les indésirables que des cas de décès qui rythment la vie,
les claustrés de notre société contribuent, bien malgré eux, à la célébration de la
mort. En extirpant, par égoïsme, leurs vies de celles des autres (proches ou
lointains), ces claustrés-là annihilent toute vie sociale après avoir banni le
tutorat auquel ils doivent leur ‘réussite’. La ‘révolution’ n’est évidemment pas
leur tasse de thé. Mais là n’est pas le problème. Souvent moins bien formés que la
plupart de leurs cadets, ces claquemurés ne se rendent même pas compte que leur
surplus monétaire correspond exactement à ce qui est volé aux cohortes techniquement
plus aguerries.
En d’autres temps, sous d’autres cieux, le sociologue français Emile Durkheim
expliqua le ‘suicide égoïste’ par la faible cohésion sociale. La société sénégalaise
y échappe-t-elle vraiment? Une enquête nous édifierait plus qu’une simple vue de
l’esprit. D’aucuns voient dans l’émigration clandestine, à bord d’embarcations de
fortune, une forme de ‘suicide altruiste’ qui éviterait aux candidats au voyage sans
issue de mourir de honte. Mais dans une société qui n’a de considération que pour
celles et ceux qui collectionnent des terrains, élèvent des châteaux et alignent,
comme à la télé, des voitures ‘venant’, les tenants de la thèse du ‘suicide
altruiste’ auront fort à faire. Durkheim associait ce type de suicide à la forte
cohésion sociale qui poussait un sujet à mettre fin à sa vie plutôt que de
constituer indéfiniment une charge pour les autres. La lassitude, née de la flambée
des prix et du loyer cher, elle, est réelle. Elle serait la cause d’un probable
‘suicide anomique’.
Ajoutez à cela tout ce qui est déjà dit et vous avez toutes les prémices d’une
société sénégalaise sans vie politique, économique, sociale et culturelle.
C’est peut-être cela qui arrange le vacancier Abdoulaye Wade et un grand nombre de
fonctionnaires indûment adossés au système, qui refuse au pays tout projet crédible
d’aménagement de son territoire, charcuté pour leur être vendu ou cédé en
contrepartie de leur silence coupable.
Abdoul Aziz DIOP Politologue
RAPPORT ALARMANT DE CARITAS SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE AU SENEGAL
La famine aux portes de 22 communautés rurales de Fatick et Mbour
lundi 3 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - La famine menace de s’installer à Fatick et Mbour, précisément dans
certaines zones rurales de ces départements. C’est l’Organisation non
gouvernementale Caritas qui en a fait la révélation dans un document exploité en
exclusivité par la Première Fm. L’Abbé Jean Marie Ndour, commentant le document sur
les ondes de la dernière radio à être née, confirme la situation alimentaire
alarmante et parle de mesures d’urgence à prendre. « La situation présente est
devenue critique du fait du retard des pluies et cela risque d’être une vraie crise
dans les mois à venir si on ne fait rien », avertit-il.
Mesures d’urgence à prendre selon le directeur de Caritas Sénégal, « il s’agit de
fournir des denrées alimentaires particulièrement du maïs ou du riz pour prévenir
certaines difficultés qui pourraient frapper les populations rurales », dans les
départements de Fatick et Mbour. Pour l’Abbé Jean-Marie Ndour, « le constat a été
fait, que d’abord les pluies ont tardé et deuxièmement le niveau actuel des cultures
ne peut pas rendre serein ceux qui travaillent dans le monde ». Ce qui se traduit
par des difficultés des populations à assurer deux ou même un repas par jour. Le
directeur de Caritas au Sénégal explique que « le signal nous a été donné par
quelques présidents de communautés rurales qui ont contacté nos agents au niveau
local pour nous demander de venir voir ». Caritas a alors dépêché des équipes dans
les zones ciblées. Et c’est pour constater que la crise alimentaire est réelle.
Abbé Jean-Marie Ndour évalue aussi l’aide d’urgence pour éviter la catastrophe. « Si
l’on prend l’ensemble des départements concernés dans les départements de Mbour
(Thiès) et de Fatick, soit 22 communautés rurales, il faudrait en ce qui concerne le
riz 1000 tonnes par département pour les populations rurales de ces zones. La région
de Dakar ayant une zone rurale, il faudrait penser au moins à 5000 tonnes pour
l’ensemble ». L’Abbé Jean-Marie Ndour intègre aussi le bétail. « Pour le bétail,
nous savons que les choses ont été déjà faites. Mais si on compte le nombre total de
bovins qui est à 90.000 têtes environ, à raison de 10 kilos par unité, il faut
estimer la demande à 1000 tonnes (aliments de bétails) pour les trois mois à venir.
».
Interpellant les autorités, Caritas va en même temps soumettre un projet d’aide
alimentaire d’urgence à ses partenaires occidentaux pour faire face à cette
situation.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
(Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine
spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera
dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon
M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte
à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se
veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de
répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique
le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan
macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans
lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à
Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à
la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir
comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important.
Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix
augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une
conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de
recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi
le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème
dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très
performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un
pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un
importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la
médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est
l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute
que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant
Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre
de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure
et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de
visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et
place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques,
j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est
persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore
souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité
économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition
et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son
entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en
matière économique ».
CLIN D’ŒIL D’ATEPA A KARIM ?
Nettali, le quotidien sur le Net, a-t-il, dans son édition du mardi 28 août 2007,
mal rapporté les paroles de Pierre Goudiaby ? On y lit que l’homme d’affaires a
déclaré dans une interview accordée à Weekend magazine : « Karim Wade a toutes les
qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal. » Est-ce un message codé ?
Que veut-il dire par « un Etat comme le Sénégal » ? Existe-t-il ailleurs un Etat
comme le Sénégal ? Fait-il allusion à la superficie, la population, la culture,
l’histoire ou la politique ? Pourquoi n’a-t-il pas dit : « Karim Wade a toutes les
qualités pour être chef (roi) du Sénégal » ? Pas besoin d’y aller avec le dos de la
cuillère. Seulement, chaque pays a ses particularités qui le rendent unique, ses
réalités dont il faut bien s’imprégner avant de songer à y régner.
D’aucuns se plaignent que l’on parle trop de Karim, mais tant qu’il y aura des gens
pour sortir de telles énormités, il ne nous sera pas permis de les écouter sans
répondre, de subir sans réagir, de voir le danger sans crier gare.
Quelles sont les qualités de Karim ? Selon monsieur Goudiaby, « il est extrêmement
intelligent et a beaucoup de compétence. » Il y a certes des demeurés au Sénégal,
mais ce ne sont pas des gens extrêmement intelligents qui y manquent. Par ailleurs,
on peut dire de n’importe qui qu’il est intelligent et compétent sans avoir à le
démontrer. C’est bien trop facile comme flatterie. Sur quoi se base l’homme qui se
dit « de la génération de l’excellence » pour louer la compétence du garçon de la «
génération du concret » ? Le fils de tata Viviane et ses courtisans montrent les
chantiers de l’ONACI en criant : « Voici du concret », comme s’il n’y avait jamais
rien eu de concret dans ce pays. Et ces chantiers ne seront sûrement pas prêts dans
les délais prévus, malgré tous les moyens mis à la disposition du prince. De plus,
après tout le tapage médiatique et les désagréments causés au Dakarois, on en est
arrivé à prendre la décision d’organiser l’OCI au Méridien Président, comme l’avait
fait Abdou Diouf en 1992. Il n’y a pas à dire, Karim a beaucoup de compétence. La
meilleure est quand Goudiaby, l’architecte, reconnait qu’il y a des problèmes, des
dangers dans ces chantiers. Ha ! Ha ! Je me demande ce qu’on aurait eu si Karim
n’était pas compétent. Et puis, on est homme politique ou on ne l’est pas. Il faut
certes de l’intelligence et de la compétence, mais cela ne suffit pas.
Atépa précise néanmoins que Karim doit d’abord faire ses preuves. Bon dieu ! Que lui
faut-il encore comme preuves ? Que le prince fasse tomber le ciel sur nos têtes ? En
tout cas son discours manque de clarté. Et il va plus loin en déclarant que ce qu’il
ne souhaiterait pas qu’on colle à la peau de Karim, c’est qu’il profite d’une
situation pour faire ses preuves. Eh bien, voyons ! Si le « banquier de Londres »
n’était pas le fils du président de la République, aurait-on laissé le ministère de
l’Equipement de côté pour lui confier de si importants travaux qui ne relèvent pas
de sa « compétence » ? Lui aurait-on donné les moyens de distribuer des millions de
francs ?
Pour terminer, monsieur Goudiaby nous apprend que Wade-père est un travailleur qui a
des projets à finir, mais est mal entouré, ce qui veut dire incapable de choisir ses
collaborateurs. Et il invite toutes les compétences à se réunir autour de Góór gi
pendant trois ans. Pendant ce temps, lui qui est excellent, démissionne de ses
fonctions de conseiller spécial du chef de l’Etat. Allez donc y comprendre quelque
chose.
En tout cas, les projets des Wade feront le bonheur de certains architectes. «
Lafañ, boroomi mbaam lay faral », dit l’adage wolof. Mais espérons que c’est
Nattali.net qui a mal rapporté les propos de notre cher Atépa.
Bathie Ngoye Thiam
Du bien fondé des Assises nationales : Réponse à Dame Penda Mbow
«Heureux ceux qui vivent en harmonie avec leur société.»
Sous le prétexte du bien fondé de la tenue des Assises nationales, Dame Penda MBow
mène un féroce combat contre les valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses
de la société sénégalaise.
Tout d’abord, j’aimerai te rappeler que les fondamentaux de la société sénégalaise,
à travers ses composantes ethniques soudano-sahéliennes, soit plus de 90% de la
population (wolof, sérère, peul, mandingue et soninké), reposent sur le principe de
l’inégalité sociale des individus. Sur les rives des fleuves Sénégal, Gambie et
Niger les hommes naissent libres, mais appartiennent à des familles, à des classes
d’ages, à des clans, à des castes, à des ordres et sont affiliés à des confréries
religieuses. L’homme individu en dehors de toute communauté n’existe pas
Quand tu te réfères à la Grande Charte d’Angleterre de 1215 de Jean Sans Terre, pour
promouvoir dans notre pays l’émergence d’une citoyenneté débarrassée des pesanteurs
«religieuses et féodales», nous nous inspirons de la Charte du Mandé qui a été
conçue par la confrérie des chasseurs du Mandé et solennellement proclamée le jour
de l’intronisation de Sundjata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l’année
1222. Cette charte a permis une division du travail entre les clans et a codifié le
système de caste qui prévaut jusqu’à présent dans tout l’ouest africain.
On trouve donc dans cette charte les thèmes qui seront traités plus tard dans les
déclarations des droits de l’Homme occidentales : le respect de la vie humaine, la
justice et l’équité, et la solidarité.
Quand tu te réfères à la période de la Renaissance pour magnifier la «révolte»
luthérienne ou la Réforme, ou l’individu a pu redéfinir sa relation avec l’Eglise,
et reconquérir sa conscience par une remise en question de l’obscurantisme. Nous te
rappelons que l’Islam au Sénégal a eu à jouer un rôle d’émancipation et de
réhabilitation de l’individu. A la fin du XIXe siècle, après la liquidation des
dernières résistances armées, le colonialisme français entreprit de «libérer
l’individu», de créer de nouveaux citoyens sénégalais comme tu en rêves.
Face à ce diabolique projet colonial de transformer les Sénégalais en des individus
sans logiques communautaires, en rupture avec les valeurs fondamentales de leurs
sociétés, se dressèrent des hommes de Dieu, comme Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, El
Hadj Malick Sy, Seydina Limamou Laye. Ils animèrent une résistance pacifique face à
cette campagne coloniale de conquête des cœurs et des esprits, par la formation dans
leurs daaras - écoles de talibés-citoyens, patriote et en harmonie avec leurs
valeurs sociétales et religieuses. Ces figures historiques religieuses avec leurs
descendants mériteront la reconnaissance éternelle de notre Nation pour leurs œuvres
de sauvegarde et de rédemption de notre société.
Quand tu te réfères aux Etats-Unis dans ta quête d’une nouvelle citoyenneté, tu
cites un «autre exemple non dénué d’intérêt pour le Sénégal». Nous nous demandons
est-ce que tu as oublié, en tant historienne, que la Nation américaine a été fondée
sur la rapine, le génocide des Amérindiens et la déportation et l’esclavage des
nègres. Et que les «citoyens» amérindiens et afro-américains sont toujours parqués
dans des ghettos et autres réserves.
En 1776, pendant que les propriétaires d’esclaves américains rédigeaient, leur
constitution (déniant aux indiens et aux noirs leur humanité), la Révolution toorodo
dirigée par Thierno Souleymane Baal et l’imam Abdou Khadre Kane proclamait à la face
du monde l’interdiction de la Traite négrière sur l’étendue du Fouta.
Quand tu te réfères à la Révolution française pour déclarer que la «citoyenneté
reste à construire au Sénégal. 1789 a laissé émerger un citoyen jaloux de ses
prérogatives, prêt à se battre pour conserver son autonomie et ses droits». Que de
crimes et d’horreurs ont été commis au nom des idéaux de cette révolution.
L’assujettissement, l’asservissement, la non-reconnaissance des droits citoyens des
peuples caractérisaient la politique coloniale française (Bien que nés dans la
région de Louga, les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade furent déclarés par
leurs parents à Saint-Louis pour ne pas vivre dans le régime de l’indigénat). A
quand, dans cette République française si «démocratique», la pleine citoyenneté des
gitans, des beurs, des afro-français ?
Nous n’acceptons que la place de l’homme sénégalais soit analysée à travers ton
spectre eurocentriste. Toutes les nations asiatiques qui ont réussi à effectuer leur
décollage économique ont su éviter les pièges «droit de l’hommiste» de l’occident et
de leurs suppôts.
Dame Penda Mbow laisse-nous avec nos pesanteurs féodales et maraboutiques, nos
ordres et castes. Nous n’avons pas besoin d’universalisme jusqu’à renier ce qui fait
notre sénégalité.
L’Inde a pu se développer, devenir une nation émergente, le leader mondial de
l’informatique sans avoir à déstructurer sa société, ni renoncer à sa cosmogonie
hindouiste et son ordre social fait de brahmanes et d’intouchables.
Les succès économiques de la Chine sont, en grande partie, expliqués par leur retour
à la pensée confucéenne. Ta convocation d’Assises nationales ? A quel but ? Notre
pays n’a, comme tu l’affirmes, ni crise d’identité et de perspectives ; sa situation
politique n’est comparable ni à celle de la Guinée, ni à celle de la Côte d’Ivoire,
ni à celle du Niger. Les institutions sénégalaises fonctionnent normalement, il y a
continuité du service public.
En conclusion, nous citerons, comme toi, Barres : «Notre raison, cette reine
enchaînée, nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs.» Nous
aussi au Sénégal, nous avons besoin de suivre les traces de nos pères pas ceux
d’autres pays. Pour ce faire, il faudra un puissant mouvement d’intellectuels pareil
à ceux de l’Opus Dei qui pourra faire face aux tenants idéologiques marxistes du
siècle dernier qui, malheureusement, contrôle encore totalement l’espace médiatique
et universitaire sénégalais. Seule la mise en place de cette organisation pourra
défendre notre modèle islamo-wolof, islamo-soudano-sahélien des assauts des
cosmopolites de gauche.
Le Dya Ogo - Amadou Bakhaw DIAW / amdiaba@yahoo.fr -
IMPÔTS ET DOMAINES
Les inspecteurs réclament les 123 milliards des 46 agences
Par Mamadou Lamine DIEYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 3 septembre 2007
La tribune du premier congrès du syndicat des agents des impôts et domaines (Said) a
servi de cadre pour ce corps d’élite de réfléchir sur la gouvernance fiscale,
financière et foncière du Sénégal. Revendiquant un « syndicalisme citoyen » et leur
place centrale dans la détermination de la politique fiscale nationale, ils n’ont
pas raté le gouvernement en dénonçant vigoureusement « les 123 milliards incontrôlés
des 46 agences créées tous azimuts » depuis l’avènement des libéraux au pouvoir.
Deux années après la création de leur syndicat, les agents des impôts et domaines
ont convoqué leur premier congrès samedi dernier. Autour du thème central « Quel
syndicalisme à la direction générale des impôts et domaines ? », la famille fiscale
et leurs invités des autres centrales syndicales du secteur formel comme informel,
de la société civile et du Syndicat national unifié des impôts (SNI) de France,
représenté par son secrétaire général Vincent Drôlement ont réfléchi sur l’action
syndicale de la maison. La conception classique du syndicat le limitant à une simple
association de défense des droits et intérêts, sociaux, économiques et
professionnels de ses adhérents ne suffit pas. Même si, malgré les acquis
capitalisés depuis la naissance du syndicat, la misère des agents comparés au
traitement réservé à d’autres corps d’élites et les conditions sociales et de
travail difficiles restent difficiles.
À les suivre dans leur réquisitoire durant la plénière, l’action syndicale ne doit
pas seulement être circonscrite autour de la satisfaction des revendications. Et en
tant qu’élément clef dans le dispositif institutionnel de l’Etat et compte tenu de
sa contribution dans ses ressources budgétaires, les agents des impôts et domaines
prônent un « syndicalisme citoyen ». Celui-ci consiste à poser des actes pour
préserver l’outil de travail et à jouer un rôle d’acteur de la société civile pour
contribuer à l’essor de ce pays en ce sens que les questions d’ordre fiscal et
domanial revêtent une certaine technicité. En sus, parce qu’ils estiment traiter de
questions de souveraineté, ils prétendent avoir des droits qu’ils comptent
revendiquer tout en faisant des propositions à la hiérarchie. « Personne n’est mieux
placé que nous pour déterminer et définir la conduite des politiques fiscales du
pays », raison pour laquelle « notre implication dans la marche du pays est un
devoir », dira l’inspecteur principal et vérificateur à la direction des
vérifications et des enquêtes fiscales, Cheikh Gueye.
Aussi, le thème développé est, de l’avis de M. Sonko, « une façon pour la famille
fiscale de réfléchir sur quelle direction générale des impôts et domaines dans un
Etat qui se cherche et qui doit emprunter les sentiers de l’émergence avec un
service stratégique qui doit contribuer et concourir à ses efforts ». Autrement dit,
une façon de participer à la bonne gouvernance socio - économique et politique pour
refonder l’Etat de droit. Et comme « pour asseoir un Etat, il faut les deux D à
savoir les Douanes et les Domaines », un environnement de travail décent avec des
salaires et des conditions sociales décents sont requis car « nous sommes une
administration suspecte et exposée à la corruption et il revient à l’Etat de nous
mettre dans de bonnes conditions sociales et de travail, notamment la promotion et
le renforcement des capacités ». À en croire Ousmane Sonko, secrétaire général
sortant du Said, « la réflexion a dépassé aujourd’hui le cadre stricto sensu de la
politique fiscale pour aborder la fonction publique en général et les questions
liées au service public ».
Par ailleurs, suite au constat des développements extraordinaires ces dernières
années en matière de politique fiscale, avec « un Etat qui veut accélérer la
croissance et qui a initié un certain nombre de politiques parmi lesquelles le volet
fiscal revêt une importance capitale, nous avons abouti à la catastrophe parce que
la politique fiscale a été à des agences et des lois qui sont loin d’être dans
l’intérêt du pays mais peut être dans l’intérêt de certains », a soutenu M. Sonko.
La technicité de la fiscalité faisant qu’elle n’est pas à la portée de tout le
monde, M. Sonko poursuivra que « des agences surgissent subitement de toutes parts
pour conduire des politiques fiscales parce que tout simplement elles conduisent des
politiques d’incitations à l’investissement ». Cela pose problème dans la mesure où
« aucune expertise avérée ne sous-tend pas les actes posés et les textes votés »,
a-il poursuivi. Aussi, pour le bien du pays, il a invité à ce que « l’administration
fiscale reprenne ses prérogatives et soit associée, consultée même si nous ne
revendiquons pas de définir la politique fiscale qui est du ressort du gouvernement
».
Il trouve aberrant que ces agences, pour travailler, viennent puiser les ressources
humaines de la Dgid et la rationalité administrative qui est même posée avec cette
superposition inutile et budgétivore de ces 46 agences qui couvent sur un pactole
incontrôlé de plus de 123 milliards. Et « c’est un débat citoyen et non-corporatiste
qui ainsi posé », a-il conclu.
49 ANS DES PORTEURS DE PANCARTES A SAINT LOUIS
L’histoire syndicale et politique nationale revisitée
Par Mamadou Lamine DIEYE SUD QUOTIDIEN
Pour la première édition décentralisée de la célébration du 49ème anniversaire de
leur association, les porteurs de pancartes ont porté leur choix sur Saint Louis,
ancienne capitale de l’AOF et du Sénégal. Pendant les deux journées (25 et 26 août
2007) qu’ont duré les festivités, les jeunes du 26 août 1958 qui tous octogénaires
aujourd’hui, n’ont pas failli à leur devoir de mémoire pour revivifier l’histoire
politique et syndicale du Sénégal.
En choisissant feu Latyr Camara (1919-2000), syndicaliste et homme politique de
grande renommée comme parrain et comme thème central « Syndicalisme et engagement
patriotique », l’association des porteurs de pancartes du 26 août 1958 ont retracé
le long processus de décolonisation du Sénégal amorcé après la seconde guerre
mondiale. Acte historique de commémoration appartenant à tout le Sénégal, la
cérémonie a été délocalisée cette année à Saint Louis, ville symbole dont l’histoire
se confond avec celle du Sénégal. Le choix de Saint Louis se justifie ainsi et «
c’est une reconnaissance du rôle qu’il a joué à travers ses élites mais surtout en
tant que mémoire vivante de l’histoire du Sénégal de la pénétration française à
l’indépendance », dira Amadou Ndéné Ndao, le président de l’association. Et la
chambre de commerce de Saint Louis, qui a abrité les festivités, était trop peite
pour accueillir tous ces hôtes venus d’horizons divers pour célébrer le parrain et
pour honorer un devoir de mémoire.
Les parents et amis du parrain, les illustres personnalités politiques et
syndicales, les notabilités civiles et religieuses et les saint-louisiens dans leur
diversité, ont répondu massivement et dans un bel élan de solidarité à cet appel de
ceux sans qui le Sénégal ne serait pas libéré du joug colonial. L’exposé du
professeur Oumar Gueye sur « le syndicalisme et l’ engagement patriotique » et les
contributions des uns et des autres renseignent sur sa pertinence et son actualité.
L’action syndicale qui s’évertue à améliorer les conditions de vie et de travail de
ceux qui produisent les richesses sans profiter de façon équitable des retombées,
joue un rôle capital dans l’éveil de la conscience politique et de l’engagement
patriotique. A en croire Me Mbaye Jacques Diop, Président d’honneur de
l’Association, « la ligne de démarcation est tenue lorsque le syndicaliste, imbu
d’un patriotisme ardent, s’engage dans l’action publique ». Et Latyr Kamara, «
syndicaliste engagé politiquement pour s’engager résolument dans la lutte pour la
souveraineté nationale » en est la plus parfaite illustration. En effet, il a été
d’abord un pur produit du mouvement syndical pour devenir par la suite un homme
politique d’envergure, un diplomate de carrière, un homme d’Etat émérite, tout en
restant un homme entier selon les témoignages de ses collègues présents.
Cheikh Dembo Kamara, au nom de la famille du parrain, n’en dira pas moins que les
contemporains de son oncle qui a consacré ses 81 ans au service exclusif de son
pays, des siens, des opprimés et des causes justes. Aussi, deux jours durant, les
porteurs de pancartes ont revisité l’histoire politique et syndicale du pays. Un
devoir de mémoire qu’ils se devaient d’accomplir pour porter à l’attention des
jeunes générations l’action des 65.000 jeunes « sujets citoyens » et des
organisations politiques significatives d’alors, qui ont osé défier le Général
Charles de Gaulle de Yoff à la place Protet pour « lui réclamer de manière sonore et
visible l’indépendance ou le Jott Sa Reew, mot banni du vocabulaire officiel mais
non du vocabulaire politique et mitant ». C’est ainsi que de l’instauration du
régime de la Loi cadre instauré en 1957, conférant aux territoires d’Outre Mer
l’autonomie interne, aux événements du 26 août 1958 en passant par le rôle des
partis politiques, des syndicats et des mouvements de masses mais aussi la naissance
du nationalisme africain, la place centrale des événements du 26 août 1958 pour
l’indépendance du Sénégal a été davantage prise d’assaut.
Dans le souci de perpétuer l’œuvre historique entreprise par les porteurs, par les
jeunes, le comité saint louisien d’organisation de la commémoration du 49ème
anniversaire est devenu le premier Comité régional de l’association nationale des
porteurs de pancartes avec Massamba Niang comme Président d’honneur et Abdoulaye
Ngom comme secrétaire exécutif. La mise en place des comités des autres régions du
Sénégal va se faire progressivement car « comme la France qui a sa révolution
Française qui est célébrée depuis 1789, la flamme ne doit pas s’éteindre, elle doit
être entretenue par chaque sénégalais », a estimé M. Diop. Il informera que le
cinquantenaire de la commémoration, qui aura lieu l’année prochaine à Dakar, sera
célébrée avec toute la portée et la symbolique requise car ce sont « les noces d’or
de l’Association ». Elle sera internationalisée et verra la participation des pairs
Africains.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
(Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine
spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera
dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon
M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte
à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se
veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de
répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique
le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan
macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans
lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à
Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à
la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir
comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important.
Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix
augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une
conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de
recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi
le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème
dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très
performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un
pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un
importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la
médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est
l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute
que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant
Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre
de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure
et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de
visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et
place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques,
j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est
persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore
souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité
économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition
et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son
entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en
matière économique ».
Les politiques sur le chemin des Etats-Unis d’AfriqueLes Etats-Unis d’Afrique,
appelés dans tous leurs vœux par les peuples africains, exigent des mutations
nécessaires pour l’avènement d’un monde nouveau. Celles-ci sont en passe de ne
laisser aucun secteur en rade aussi bien dans leurs ruptures de fond que de forme.
C’est en cela que l’espace de vie des hommes politiques ou autres politiciens de
même que ceux qui l’animent doit connaître des évolutions notoires. Car l’Afrique de
demain ne saurait s’accommoder de démocratie sans acteurs, autrement dit d’hommes
qui ne seraient pas à la hauteur des attentes d’un continent résolument engagé vers
la résolution urgente de ses problèmes de développement. Des secteurs vitaux de la
société africaine ayant déjà réfléchi sur leurs modalités de contribution à
l’émergence d’une Afrique bâtie sur une pensée harmonisée et intégrative de
l’ensemble de nos différences.
Dans la même foulée, il apparaît nécessaire de réfléchir à une charte africaine
d’éthique politique. Celle-ci, adoptée à la suite de rencontres et de forums
intenses, serait à coup sûr un début de réponse à la dégradation des mœurs
politiques et, partant, une voie de réhabilitation de l’image des acteurs. C’est
dire que toutes les voies de solution doivent être empruntées pour arriver au
résultat escompté. Il s’agira sans doute de faire un diagnostic sans complaisance du
mal politique sous ses symptômes aussi divers que variés, à savoir la démagogie, la
gabegie, le clientélisme, le parjure idéologique, pour ne citer que ceux-là. La
propension à la violence et les conflits engendrés, voire alimentés par les
politiciens seront des obstacles à la réalisation de cette Afrique que nous voulons
‘un des cœurs du monde’. Les hommes politiques auront la lourde mission de renaître
sous forme de personnages dignes de respect et doués d’un sens élevé de l’honneur.
Le manque de vraies icônes politiques, au sens noble du terme, a contribué à faire
sombrer maintes jeunesses d’Afrique avides de politique.
L’ère du politique ou du politicien ‘marchand d’illusions’ doit être révolue à la
faveur de l’avènement d’une pratique politique réconciliée d’avec les valeurs
africaines pures, socle d’une approche hautement différenciée. Aucun Etat ne devrait
songer, dans ce renouveau africain, à un apport en deçà des valeurs. Ce dont il sera
question, c’est justement d’un faisceau de valeurs dont les uns et les autres
pourront s’inspirer pour s’améliorer. Pour cela, il urge chez ceux-là qui vivent de
politique ou se réclament de ce monde de se débarrasser de certaines pratiques
jurant d’avec la morale et le sens élevé du civisme. Lorsque, finalement, des
représentants africains devront parler, non pas pour leurs pays propres, mais d’une
seule et même voix pour la défense d’une cause dite africaine, il faudrait qu’eux,
tous, soient animés d’un même idéal. C’est en cela qu’il s’avère nécessaire de
tendre vers la promotion de valeurs en partage. Le ‘Diom’, la ‘Kersa’, le ‘Njumb’,
le ‘Doylu’, entre autres, pourraient bien en faire les objets.
Dans cette entreprise, ne seraient pas en reste les peuples d’Afrique le plus clair
du temps assujettis au trafic d’influence et victimes de détournement de conscience
et d’abus de confiance de la part d’hommes qui n’ont de soucis que pour leur
carrière et leurs comptes bancaires. En effet, l’exigence des électeurs ou mandants,
en termes de qualité de prise en charge de leurs préoccupations, doit davantage être
une réalité se formalisant d’une feuille de missions dont les résultats seraient
quantifiables. L’élu sera alors jugé à l’acte. De même, les militants ou
sympathisants de partis politiques devraient cesser d’apparaître comme moutons de
panurge, exigeant de leurs dirigeants plus de démocratie, moins de paternalisme et
un sens plus élevé de moralité pour prétendre accéder aux commandes.
En définitive, il serait prétentieux de vouloir cerner les contours d’un sujet aussi
vaste que la mutation nécessaire des politiques de tous bords sur le chemin de
l’érection des Etats-Unis d’Afrique. Avons-nous tout juste voulu entrevoir les
espérances de l’Afrique de demain en attirant ‘nos attentions’.
Toutefois, l’Afrique de demain naîtra de politiques porteuses d’idées et de pensées
neuves capables d’émergence. Ensemble changeons en mieux pour que l’Afrique - Une -
ne soit pas une perpétuelle utopie d’intellectuels !
Elhadji Babacar MBENGUE Chargé des Examens à l’Iden de Dakar-Médina
elhadjibabacarm@hotmail.com
Immigration clandestine : Un véritable aveu d’échec
Prémices d’une société sans vie…La confusion politique dans notre pays est telle que
de nombreux citoyens se demandent peut-être si celles et ceux, de l’opposition et du
pouvoir, qui fomentent le désordre ou l’amplifient, ont jamais été formés à manier
une langue, à lire pour comprendre et à écrire pour partager un savoir ou un
sentiment. Jamais, au Sénégal, l’offre politique n’a été aussi abominable qu’au
cours des sept dernières années. Les raisons sont multiples. Trois d’entre elles
attirent pour le moment notre attention. La première est celle qui a trait à la
sous-formation, voire l’analphabétisme politique des politiciens sénégalais. La
deuxième aurait une origine plutôt sociale. La troisième enfin est liée au confort
et à la sécurité que les tenants du pouvoir politique actuel trouvent dans la façon
dont la société sénégalaise tourne insidieusement le dos à la vie pour célébrer la
mort. Pas celle qui soulage de la vieillesse à la fin d’une longue vie bien remplie,
mais celle qui fauche.
Nous ne sommes pas sûr que les acteurs de la vie politique sénégalaise savent encore
ce que recouvre le terme ‘politique’ et la vraie signification du ‘pouvoir
politique’ dans les sociétés humaines organisées. Les spécialistes anglo-saxons de
la science politique ont, eux, très tôt, planché sur le concept. C’est ainsi qu’ils
font la distinction entre ‘Le politique’ (‘Polity’), ‘Une politique’ (‘Policy’ ou
‘Policies’) et ‘La politique’ (‘Politics’). ‘Le politique, écrit le politologue
Loubet Del Bayle, est le mécanisme du processus décisionnel qui permet de prendre
des décisions engageant la collectivité’. ‘Une politique désigne, [elle], les
décisions prises par le pouvoir décisionnel’. Quand à la politique, ‘elle désigne la
compétition et les conflits entre les individus et les groupes qui se développent
pour contrôler le pouvoir décisionnel et orienter les décisions prises’. En
cherchant à écarter, par tous les moyens, le citoyen du processus décisionnel, des
décisions prises et de la compétition politique, le politicien sénégalais,
singulièrement au cours des sept dernières années, a inventé un machin dont personne
ne cerne encore tous les contours. Dans la quête ardue d’un compromis intellectuel
pour trouver un objet à la science politique, Lapierre (Jean William) dit du pouvoir
politique qu’il est ‘la combinaison variable d'autorité légitime (recours au
consensus) et de puissance publique (recours à la coercition) qui rend certaines
personnes ou certains groupes capables de décider pour (et au nom de) la société
globale et de commander à celle-ci afin de faire exécuter les décisions prises’. En
tournant le dos au consensus, le politicien sénégalais a définitivement travesti le
pouvoir politique.
Si l’indigence sémantique n’était pas l’une des causes essentielles de son incurie
politique, personne au Sénégal ne comprendrait que le politicien sénégalais soit
incapable de trouver les accommodements sans lesquels aucune société politique n’est
viable. Nous ne sommes pas sûr que les activistes des deux camps (opposition et
majorité) s’accommoderaient vraiment d’une surenchère sur une ‘révolution’ si rien
de ce qui est écrit là ne leur échappait pas ou n’échappait pas à ceux, des deux
camps, qui ne voient en chaque activiste qu’un préposé au sale boulot. ‘Dans une
démocratie d’opinion, il y a place pour des opinions qui changent et peuvent entrer
en délibération. Avec les opinions, on discute, on s’oppose, on ne prépare pas la
guerre civile’, écrit Dominique Wolton. C’est de la délibération pluraliste, ou
assises, que naît le consensus politique. Pourquoi les assises ne
déboucheraient-elles pas, si elles avaient lieu, sur un ‘pacte social’? Il suffit
peut-être d’en discuter.
La ‘révolution’ aura-t-elle vraiment lieu? Rien n’est moins sûr dans une société
qui, pour cause d’agitation hypocrite de sa classe politique, assiste, impuissante,
à sa propre dépolitisation. Le téléspectateur sénégalais, par exemple, trouve du
talent dans la façon dont les animatrices et les animateurs des chaînes de
télévision privées comme 2STV et RDV s’acquittent de leurs tâches. Mais tout est
fait pour éviter le sujet politique. Sur Canal Info où il est agité, le sujet
politique n’oppose jamais les chefs de partis. Le duel entre journalistes et
politiciens - chacun le sait - n’enjambe que rarement les limites objectives
édictées par le personnel des médias. La démocratie sénégalaise est la seule au
monde qui ne débat pas. C’est ainsi que naissent les rébellions. Mais les
Sénégalais, indisponibles, ne sont prêts ni pour la révolte, ni pour la révolution.
Depuis peu, ils ne sont d’accord sur rien. Il y a autant de projets personnels que
le pays compte d’habitants. Persuadé d’y avoir largement contribué, le président
Abdoulaye Wade peut s’absenter très longtemps du territoire national sans que
personne ne sache où il est et à quoi il consacre le temps de notre pays.
La démobilisation politique sans précédent ne serait que la séquelle urbaine d’une
hypocrisie sociale maladroitement dissimulée. Une amplification, à l’intérieur comme
à l’extérieur des partis politiques, des formes de domination et de sujétion en
cours dans la société sénégalaise. Depuis peu, quelques rares personnes seulement
accordent plus de cinq minutes de leur temps aux visiteurs teigneux qui ne
comprennent toujours pas que le monde a changé. Les divisions, nées de cet état de
fait, font que les nouvelles qui nous viennent des foyers, sont ‘mauvaises’ pour la
plupart. En n’informant les indésirables que des cas de décès qui rythment la vie,
les claustrés de notre société contribuent, bien malgré eux, à la célébration de la
mort. En extirpant, par égoïsme, leurs vies de celles des autres (proches ou
lointains), ces claustrés-là annihilent toute vie sociale après avoir banni le
tutorat auquel ils doivent leur ‘réussite’. La ‘révolution’ n’est évidemment pas
leur tasse de thé. Mais là n’est pas le problème. Souvent moins bien formés que la
plupart de leurs cadets, ces claquemurés ne se rendent même pas compte que leur
surplus monétaire correspond exactement à ce qui est volé aux cohortes techniquement
plus aguerries.
En d’autres temps, sous d’autres cieux, le sociologue français Emile Durkheim
expliqua le ‘suicide égoïste’ par la faible cohésion sociale. La société sénégalaise
y échappe-t-elle vraiment? Une enquête nous édifierait plus qu’une simple vue de
l’esprit. D’aucuns voient dans l’émigration clandestine, à bord d’embarcations de
fortune, une forme de ‘suicide altruiste’ qui éviterait aux candidats au voyage sans
issue de mourir de honte. Mais dans une société qui n’a de considération que pour
celles et ceux qui collectionnent des terrains, élèvent des châteaux et alignent,
comme à la télé, des voitures ‘venant’, les tenants de la thèse du ‘suicide
altruiste’ auront fort à faire. Durkheim associait ce type de suicide à la forte
cohésion sociale qui poussait un sujet à mettre fin à sa vie plutôt que de
constituer indéfiniment une charge pour les autres. La lassitude, née de la flambée
des prix et du loyer cher, elle, est réelle. Elle serait la cause d’un probable
‘suicide anomique’.
Ajoutez à cela tout ce qui est déjà dit et vous avez toutes les prémices d’une
société sénégalaise sans vie politique, économique, sociale et culturelle.
C’est peut-être cela qui arrange le vacancier Abdoulaye Wade et un grand nombre de
fonctionnaires indûment adossés au système, qui refuse au pays tout projet crédible
d’aménagement de son territoire, charcuté pour leur être vendu ou cédé en
contrepartie de leur silence coupable.
Abdoul Aziz DIOP Politologue
RAPPORT ALARMANT DE CARITAS SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE AU SENEGAL
La famine aux portes de 22 communautés rurales de Fatick et Mbour
lundi 3 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - La famine menace de s’installer à Fatick et Mbour, précisément dans
certaines zones rurales de ces départements. C’est l’Organisation non
gouvernementale Caritas qui en a fait la révélation dans un document exploité en
exclusivité par la Première Fm. L’Abbé Jean Marie Ndour, commentant le document sur
les ondes de la dernière radio à être née, confirme la situation alimentaire
alarmante et parle de mesures d’urgence à prendre. « La situation présente est
devenue critique du fait du retard des pluies et cela risque d’être une vraie crise
dans les mois à venir si on ne fait rien », avertit-il.
Mesures d’urgence à prendre selon le directeur de Caritas Sénégal, « il s’agit de
fournir des denrées alimentaires particulièrement du maïs ou du riz pour prévenir
certaines difficultés qui pourraient frapper les populations rurales », dans les
départements de Fatick et Mbour. Pour l’Abbé Jean-Marie Ndour, « le constat a été
fait, que d’abord les pluies ont tardé et deuxièmement le niveau actuel des cultures
ne peut pas rendre serein ceux qui travaillent dans le monde ». Ce qui se traduit
par des difficultés des populations à assurer deux ou même un repas par jour. Le
directeur de Caritas au Sénégal explique que « le signal nous a été donné par
quelques présidents de communautés rurales qui ont contacté nos agents au niveau
local pour nous demander de venir voir ». Caritas a alors dépêché des équipes dans
les zones ciblées. Et c’est pour constater que la crise alimentaire est réelle.
Abbé Jean-Marie Ndour évalue aussi l’aide d’urgence pour éviter la catastrophe. « Si
l’on prend l’ensemble des départements concernés dans les départements de Mbour
(Thiès) et de Fatick, soit 22 communautés rurales, il faudrait en ce qui concerne le
riz 1000 tonnes par département pour les populations rurales de ces zones. La région
de Dakar ayant une zone rurale, il faudrait penser au moins à 5000 tonnes pour
l’ensemble ». L’Abbé Jean-Marie Ndour intègre aussi le bétail. « Pour le bétail,
nous savons que les choses ont été déjà faites. Mais si on compte le nombre total de
bovins qui est à 90.000 têtes environ, à raison de 10 kilos par unité, il faut
estimer la demande à 1000 tonnes (aliments de bétails) pour les trois mois à venir.
».
Interpellant les autorités, Caritas va en même temps soumettre un projet d’aide
alimentaire d’urgence à ses partenaires occidentaux pour faire face à cette
situation.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
(Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine
spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera
dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon
M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte
à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se
veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de
répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique
le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan
macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans
lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à
Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à
la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir
comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important.
Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix
augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une
conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de
recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi
le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème
dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très
performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un
pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un
importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la
médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est
l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute
que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant
Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre
de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure
et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de
visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et
place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques,
j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est
persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore
souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité
économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition
et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son
entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en
matière économique ».
CLIN D’ŒIL D’ATEPA A KARIM ?
Nettali, le quotidien sur le Net, a-t-il, dans son édition du mardi 28 août 2007,
mal rapporté les paroles de Pierre Goudiaby ? On y lit que l’homme d’affaires a
déclaré dans une interview accordée à Weekend magazine : « Karim Wade a toutes les
qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal. » Est-ce un message codé ?
Que veut-il dire par « un Etat comme le Sénégal » ? Existe-t-il ailleurs un Etat
comme le Sénégal ? Fait-il allusion à la superficie, la population, la culture,
l’histoire ou la politique ? Pourquoi n’a-t-il pas dit : « Karim Wade a toutes les
qualités pour être chef (roi) du Sénégal » ? Pas besoin d’y aller avec le dos de la
cuillère. Seulement, chaque pays a ses particularités qui le rendent unique, ses
réalités dont il faut bien s’imprégner avant de songer à y régner.
D’aucuns se plaignent que l’on parle trop de Karim, mais tant qu’il y aura des gens
pour sortir de telles énormités, il ne nous sera pas permis de les écouter sans
répondre, de subir sans réagir, de voir le danger sans crier gare.
Quelles sont les qualités de Karim ? Selon monsieur Goudiaby, « il est extrêmement
intelligent et a beaucoup de compétence. » Il y a certes des demeurés au Sénégal,
mais ce ne sont pas des gens extrêmement intelligents qui y manquent. Par ailleurs,
on peut dire de n’importe qui qu’il est intelligent et compétent sans avoir à le
démontrer. C’est bien trop facile comme flatterie. Sur quoi se base l’homme qui se
dit « de la génération de l’excellence » pour louer la compétence du garçon de la «
génération du concret » ? Le fils de tata Viviane et ses courtisans montrent les
chantiers de l’ONACI en criant : « Voici du concret », comme s’il n’y avait jamais
rien eu de concret dans ce pays. Et ces chantiers ne seront sûrement pas prêts dans
les délais prévus, malgré tous les moyens mis à la disposition du prince. De plus,
après tout le tapage médiatique et les désagréments causés au Dakarois, on en est
arrivé à prendre la décision d’organiser l’OCI au Méridien Président, comme l’avait
fait Abdou Diouf en 1992. Il n’y a pas à dire, Karim a beaucoup de compétence. La
meilleure est quand Goudiaby, l’architecte, reconnait qu’il y a des problèmes, des
dangers dans ces chantiers. Ha ! Ha ! Je me demande ce qu’on aurait eu si Karim
n’était pas compétent. Et puis, on est homme politique ou on ne l’est pas. Il faut
certes de l’intelligence et de la compétence, mais cela ne suffit pas.
Atépa précise néanmoins que Karim doit d’abord faire ses preuves. Bon dieu ! Que lui
faut-il encore comme preuves ? Que le prince fasse tomber le ciel sur nos têtes ? En
tout cas son discours manque de clarté. Et il va plus loin en déclarant que ce qu’il
ne souhaiterait pas qu’on colle à la peau de Karim, c’est qu’il profite d’une
situation pour faire ses preuves. Eh bien, voyons ! Si le « banquier de Londres »
n’était pas le fils du président de la République, aurait-on laissé le ministère de
l’Equipement de côté pour lui confier de si importants travaux qui ne relèvent pas
de sa « compétence » ? Lui aurait-on donné les moyens de distribuer des millions de
francs ?
Pour terminer, monsieur Goudiaby nous apprend que Wade-père est un travailleur qui a
des projets à finir, mais est mal entouré, ce qui veut dire incapable de choisir ses
collaborateurs. Et il invite toutes les compétences à se réunir autour de Góór gi
pendant trois ans. Pendant ce temps, lui qui est excellent, démissionne de ses
fonctions de conseiller spécial du chef de l’Etat. Allez donc y comprendre quelque
chose.
En tout cas, les projets des Wade feront le bonheur de certains architectes. «
Lafañ, boroomi mbaam lay faral », dit l’adage wolof. Mais espérons que c’est
Nattali.net qui a mal rapporté les propos de notre cher Atépa.
Bathie Ngoye Thiam
Du bien fondé des Assises nationales : Réponse à Dame Penda Mbow
«Heureux ceux qui vivent en harmonie avec leur société.»
Sous le prétexte du bien fondé de la tenue des Assises nationales, Dame Penda MBow
mène un féroce combat contre les valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses
de la société sénégalaise.
Tout d’abord, j’aimerai te rappeler que les fondamentaux de la société sénégalaise,
à travers ses composantes ethniques soudano-sahéliennes, soit plus de 90% de la
population (wolof, sérère, peul, mandingue et soninké), reposent sur le principe de
l’inégalité sociale des individus. Sur les rives des fleuves Sénégal, Gambie et
Niger les hommes naissent libres, mais appartiennent à des familles, à des classes
d’ages, à des clans, à des castes, à des ordres et sont affiliés à des confréries
religieuses. L’homme individu en dehors de toute communauté n’existe pas
Quand tu te réfères à la Grande Charte d’Angleterre de 1215 de Jean Sans Terre, pour
promouvoir dans notre pays l’émergence d’une citoyenneté débarrassée des pesanteurs
«religieuses et féodales», nous nous inspirons de la Charte du Mandé qui a été
conçue par la confrérie des chasseurs du Mandé et solennellement proclamée le jour
de l’intronisation de Sundjata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l’année
1222. Cette charte a permis une division du travail entre les clans et a codifié le
système de caste qui prévaut jusqu’à présent dans tout l’ouest africain.
On trouve donc dans cette charte les thèmes qui seront traités plus tard dans les
déclarations des droits de l’Homme occidentales : le respect de la vie humaine, la
justice et l’équité, et la solidarité.
Quand tu te réfères à la période de la Renaissance pour magnifier la «révolte»
luthérienne ou la Réforme, ou l’individu a pu redéfinir sa relation avec l’Eglise,
et reconquérir sa conscience par une remise en question de l’obscurantisme. Nous te
rappelons que l’Islam au Sénégal a eu à jouer un rôle d’émancipation et de
réhabilitation de l’individu. A la fin du XIXe siècle, après la liquidation des
dernières résistances armées, le colonialisme français entreprit de «libérer
l’individu», de créer de nouveaux citoyens sénégalais comme tu en rêves.
Face à ce diabolique projet colonial de transformer les Sénégalais en des individus
sans logiques communautaires, en rupture avec les valeurs fondamentales de leurs
sociétés, se dressèrent des hommes de Dieu, comme Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, El
Hadj Malick Sy, Seydina Limamou Laye. Ils animèrent une résistance pacifique face à
cette campagne coloniale de conquête des cœurs et des esprits, par la formation dans
leurs daaras - écoles de talibés-citoyens, patriote et en harmonie avec leurs
valeurs sociétales et religieuses. Ces figures historiques religieuses avec leurs
descendants mériteront la reconnaissance éternelle de notre Nation pour leurs œuvres
de sauvegarde et de rédemption de notre société.
Quand tu te réfères aux Etats-Unis dans ta quête d’une nouvelle citoyenneté, tu
cites un «autre exemple non dénué d’intérêt pour le Sénégal». Nous nous demandons
est-ce que tu as oublié, en tant historienne, que la Nation américaine a été fondée
sur la rapine, le génocide des Amérindiens et la déportation et l’esclavage des
nègres. Et que les «citoyens» amérindiens et afro-américains sont toujours parqués
dans des ghettos et autres réserves.
En 1776, pendant que les propriétaires d’esclaves américains rédigeaient, leur
constitution (déniant aux indiens et aux noirs leur humanité), la Révolution toorodo
dirigée par Thierno Souleymane Baal et l’imam Abdou Khadre Kane proclamait à la face
du monde l’interdiction de la Traite négrière sur l’étendue du Fouta.
Quand tu te réfères à la Révolution française pour déclarer que la «citoyenneté
reste à construire au Sénégal. 1789 a laissé émerger un citoyen jaloux de ses
prérogatives, prêt à se battre pour conserver son autonomie et ses droits». Que de
crimes et d’horreurs ont été commis au nom des idéaux de cette révolution.
L’assujettissement, l’asservissement, la non-reconnaissance des droits citoyens des
peuples caractérisaient la politique coloniale française (Bien que nés dans la
région de Louga, les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade furent déclarés par
leurs parents à Saint-Louis pour ne pas vivre dans le régime de l’indigénat). A
quand, dans cette République française si «démocratique», la pleine citoyenneté des
gitans, des beurs, des afro-français ?
Nous n’acceptons que la place de l’homme sénégalais soit analysée à travers ton
spectre eurocentriste. Toutes les nations asiatiques qui ont réussi à effectuer leur
décollage économique ont su éviter les pièges «droit de l’hommiste» de l’occident et
de leurs suppôts.
Dame Penda Mbow laisse-nous avec nos pesanteurs féodales et maraboutiques, nos
ordres et castes. Nous n’avons pas besoin d’universalisme jusqu’à renier ce qui fait
notre sénégalité.
L’Inde a pu se développer, devenir une nation émergente, le leader mondial de
l’informatique sans avoir à déstructurer sa société, ni renoncer à sa cosmogonie
hindouiste et son ordre social fait de brahmanes et d’intouchables.
Les succès économiques de la Chine sont, en grande partie, expliqués par leur retour
à la pensée confucéenne. Ta convocation d’Assises nationales ? A quel but ? Notre
pays n’a, comme tu l’affirmes, ni crise d’identité et de perspectives ; sa situation
politique n’est comparable ni à celle de la Guinée, ni à celle de la Côte d’Ivoire,
ni à celle du Niger. Les institutions sénégalaises fonctionnent normalement, il y a
continuité du service public.
En conclusion, nous citerons, comme toi, Barres : «Notre raison, cette reine
enchaînée, nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs.» Nous
aussi au Sénégal, nous avons besoin de suivre les traces de nos pères pas ceux
d’autres pays. Pour ce faire, il faudra un puissant mouvement d’intellectuels pareil
à ceux de l’Opus Dei qui pourra faire face aux tenants idéologiques marxistes du
siècle dernier qui, malheureusement, contrôle encore totalement l’espace médiatique
et universitaire sénégalais. Seule la mise en place de cette organisation pourra
défendre notre modèle islamo-wolof, islamo-soudano-sahélien des assauts des
cosmopolites de gauche.
Le Dya Ogo - Amadou Bakhaw DIAW / amdiaba@yahoo.fr -
IMPÔTS ET DOMAINES
Les inspecteurs réclament les 123 milliards des 46 agences
Par Mamadou Lamine DIEYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 3 septembre 2007
La tribune du premier congrès du syndicat des agents des impôts et domaines (Said) a
servi de cadre pour ce corps d’élite de réfléchir sur la gouvernance fiscale,
financière et foncière du Sénégal. Revendiquant un « syndicalisme citoyen » et leur
place centrale dans la détermination de la politique fiscale nationale, ils n’ont
pas raté le gouvernement en dénonçant vigoureusement « les 123 milliards incontrôlés
des 46 agences créées tous azimuts » depuis l’avènement des libéraux au pouvoir.
Deux années après la création de leur syndicat, les agents des impôts et domaines
ont convoqué leur premier congrès samedi dernier. Autour du thème central « Quel
syndicalisme à la direction générale des impôts et domaines ? », la famille fiscale
et leurs invités des autres centrales syndicales du secteur formel comme informel,
de la société civile et du Syndicat national unifié des impôts (SNI) de France,
représenté par son secrétaire général Vincent Drôlement ont réfléchi sur l’action
syndicale de la maison. La conception classique du syndicat le limitant à une simple
association de défense des droits et intérêts, sociaux, économiques et
professionnels de ses adhérents ne suffit pas. Même si, malgré les acquis
capitalisés depuis la naissance du syndicat, la misère des agents comparés au
traitement réservé à d’autres corps d’élites et les conditions sociales et de
travail difficiles restent difficiles.
À les suivre dans leur réquisitoire durant la plénière, l’action syndicale ne doit
pas seulement être circonscrite autour de la satisfaction des revendications. Et en
tant qu’élément clef dans le dispositif institutionnel de l’Etat et compte tenu de
sa contribution dans ses ressources budgétaires, les agents des impôts et domaines
prônent un « syndicalisme citoyen ». Celui-ci consiste à poser des actes pour
préserver l’outil de travail et à jouer un rôle d’acteur de la société civile pour
contribuer à l’essor de ce pays en ce sens que les questions d’ordre fiscal et
domanial revêtent une certaine technicité. En sus, parce qu’ils estiment traiter de
questions de souveraineté, ils prétendent avoir des droits qu’ils comptent
revendiquer tout en faisant des propositions à la hiérarchie. « Personne n’est mieux
placé que nous pour déterminer et définir la conduite des politiques fiscales du
pays », raison pour laquelle « notre implication dans la marche du pays est un
devoir », dira l’inspecteur principal et vérificateur à la direction des
vérifications et des enquêtes fiscales, Cheikh Gueye.
Aussi, le thème développé est, de l’avis de M. Sonko, « une façon pour la famille
fiscale de réfléchir sur quelle direction générale des impôts et domaines dans un
Etat qui se cherche et qui doit emprunter les sentiers de l’émergence avec un
service stratégique qui doit contribuer et concourir à ses efforts ». Autrement dit,
une façon de participer à la bonne gouvernance socio - économique et politique pour
refonder l’Etat de droit. Et comme « pour asseoir un Etat, il faut les deux D à
savoir les Douanes et les Domaines », un environnement de travail décent avec des
salaires et des conditions sociales décents sont requis car « nous sommes une
administration suspecte et exposée à la corruption et il revient à l’Etat de nous
mettre dans de bonnes conditions sociales et de travail, notamment la promotion et
le renforcement des capacités ». À en croire Ousmane Sonko, secrétaire général
sortant du Said, « la réflexion a dépassé aujourd’hui le cadre stricto sensu de la
politique fiscale pour aborder la fonction publique en général et les questions
liées au service public ».
Par ailleurs, suite au constat des développements extraordinaires ces dernières
années en matière de politique fiscale, avec « un Etat qui veut accélérer la
croissance et qui a initié un certain nombre de politiques parmi lesquelles le volet
fiscal revêt une importance capitale, nous avons abouti à la catastrophe parce que
la politique fiscale a été à des agences et des lois qui sont loin d’être dans
l’intérêt du pays mais peut être dans l’intérêt de certains », a soutenu M. Sonko.
La technicité de la fiscalité faisant qu’elle n’est pas à la portée de tout le
monde, M. Sonko poursuivra que « des agences surgissent subitement de toutes parts
pour conduire des politiques fiscales parce que tout simplement elles conduisent des
politiques d’incitations à l’investissement ». Cela pose problème dans la mesure où
« aucune expertise avérée ne sous-tend pas les actes posés et les textes votés »,
a-il poursuivi. Aussi, pour le bien du pays, il a invité à ce que « l’administration
fiscale reprenne ses prérogatives et soit associée, consultée même si nous ne
revendiquons pas de définir la politique fiscale qui est du ressort du gouvernement
».
Il trouve aberrant que ces agences, pour travailler, viennent puiser les ressources
humaines de la Dgid et la rationalité administrative qui est même posée avec cette
superposition inutile et budgétivore de ces 46 agences qui couvent sur un pactole
incontrôlé de plus de 123 milliards. Et « c’est un débat citoyen et non-corporatiste
qui ainsi posé », a-il conclu.
49 ANS DES PORTEURS DE PANCARTES A SAINT LOUIS
L’histoire syndicale et politique nationale revisitée
Par Mamadou Lamine DIEYE SUD QUOTIDIEN
Pour la première édition décentralisée de la célébration du 49ème anniversaire de
leur association, les porteurs de pancartes ont porté leur choix sur Saint Louis,
ancienne capitale de l’AOF et du Sénégal. Pendant les deux journées (25 et 26 août
2007) qu’ont duré les festivités, les jeunes du 26 août 1958 qui tous octogénaires
aujourd’hui, n’ont pas failli à leur devoir de mémoire pour revivifier l’histoire
politique et syndicale du Sénégal.
En choisissant feu Latyr Camara (1919-2000), syndicaliste et homme politique de
grande renommée comme parrain et comme thème central « Syndicalisme et engagement
patriotique », l’association des porteurs de pancartes du 26 août 1958 ont retracé
le long processus de décolonisation du Sénégal amorcé après la seconde guerre
mondiale. Acte historique de commémoration appartenant à tout le Sénégal, la
cérémonie a été délocalisée cette année à Saint Louis, ville symbole dont l’histoire
se confond avec celle du Sénégal. Le choix de Saint Louis se justifie ainsi et «
c’est une reconnaissance du rôle qu’il a joué à travers ses élites mais surtout en
tant que mémoire vivante de l’histoire du Sénégal de la pénétration française à
l’indépendance », dira Amadou Ndéné Ndao, le président de l’association. Et la
chambre de commerce de Saint Louis, qui a abrité les festivités, était trop peite
pour accueillir tous ces hôtes venus d’horizons divers pour célébrer le parrain et
pour honorer un devoir de mémoire.
Les parents et amis du parrain, les illustres personnalités politiques et
syndicales, les notabilités civiles et religieuses et les saint-louisiens dans leur
diversité, ont répondu massivement et dans un bel élan de solidarité à cet appel de
ceux sans qui le Sénégal ne serait pas libéré du joug colonial. L’exposé du
professeur Oumar Gueye sur « le syndicalisme et l’ engagement patriotique » et les
contributions des uns et des autres renseignent sur sa pertinence et son actualité.
L’action syndicale qui s’évertue à améliorer les conditions de vie et de travail de
ceux qui produisent les richesses sans profiter de façon équitable des retombées,
joue un rôle capital dans l’éveil de la conscience politique et de l’engagement
patriotique. A en croire Me Mbaye Jacques Diop, Président d’honneur de
l’Association, « la ligne de démarcation est tenue lorsque le syndicaliste, imbu
d’un patriotisme ardent, s’engage dans l’action publique ». Et Latyr Kamara, «
syndicaliste engagé politiquement pour s’engager résolument dans la lutte pour la
souveraineté nationale » en est la plus parfaite illustration. En effet, il a été
d’abord un pur produit du mouvement syndical pour devenir par la suite un homme
politique d’envergure, un diplomate de carrière, un homme d’Etat émérite, tout en
restant un homme entier selon les témoignages de ses collègues présents.
Cheikh Dembo Kamara, au nom de la famille du parrain, n’en dira pas moins que les
contemporains de son oncle qui a consacré ses 81 ans au service exclusif de son
pays, des siens, des opprimés et des causes justes. Aussi, deux jours durant, les
porteurs de pancartes ont revisité l’histoire politique et syndicale du pays. Un
devoir de mémoire qu’ils se devaient d’accomplir pour porter à l’attention des
jeunes générations l’action des 65.000 jeunes « sujets citoyens » et des
organisations politiques significatives d’alors, qui ont osé défier le Général
Charles de Gaulle de Yoff à la place Protet pour « lui réclamer de manière sonore et
visible l’indépendance ou le Jott Sa Reew, mot banni du vocabulaire officiel mais
non du vocabulaire politique et mitant ». C’est ainsi que de l’instauration du
régime de la Loi cadre instauré en 1957, conférant aux territoires d’Outre Mer
l’autonomie interne, aux événements du 26 août 1958 en passant par le rôle des
partis politiques, des syndicats et des mouvements de masses mais aussi la naissance
du nationalisme africain, la place centrale des événements du 26 août 1958 pour
l’indépendance du Sénégal a été davantage prise d’assaut.
Dans le souci de perpétuer l’œuvre historique entreprise par les porteurs, par les
jeunes, le comité saint louisien d’organisation de la commémoration du 49ème
anniversaire est devenu le premier Comité régional de l’association nationale des
porteurs de pancartes avec Massamba Niang comme Président d’honneur et Abdoulaye
Ngom comme secrétaire exécutif. La mise en place des comités des autres régions du
Sénégal va se faire progressivement car « comme la France qui a sa révolution
Française qui est célébrée depuis 1789, la flamme ne doit pas s’éteindre, elle doit
être entretenue par chaque sénégalais », a estimé M. Diop. Il informera que le
cinquantenaire de la commémoration, qui aura lieu l’année prochaine à Dakar, sera
célébrée avec toute la portée et la symbolique requise car ce sont « les noces d’or
de l’Association ». Elle sera internationalisée et verra la participation des pairs
Africains.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
(Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine
spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera
dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon
M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte
à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se
veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de
répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique
le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan
macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans
lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à
Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à
la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir
comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important.
Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix
augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une
conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de
recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi
le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème
dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très
performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un
pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un
importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la
médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est
l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute
que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant
Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre
de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure
et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de
visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et
place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques,
j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est
persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore
souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité
économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition
et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son
entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en
matière économique ».
Les politiques sur le chemin des Etats-Unis d’AfriqueLes Etats-Unis d’Afrique,
appelés dans tous leurs vœux par les peuples africains, exigent des mutations
nécessaires pour l’avènement d’un monde nouveau. Celles-ci sont en passe de ne
laisser aucun secteur en rade aussi bien dans leurs ruptures de fond que de forme.
C’est en cela que l’espace de vie des hommes politiques ou autres politiciens de
même que ceux qui l’animent doit connaître des évolutions notoires. Car l’Afrique de
demain ne saurait s’accommoder de démocratie sans acteurs, autrement dit d’hommes
qui ne seraient pas à la hauteur des attentes d’un continent résolument engagé vers
la résolution urgente de ses problèmes de développement. Des secteurs vitaux de la
société africaine ayant déjà réfléchi sur leurs modalités de contribution à
l’émergence d’une Afrique bâtie sur une pensée harmonisée et intégrative de
l’ensemble de nos différences.
Dans la même foulée, il apparaît nécessaire de réfléchir à une charte africaine
d’éthique politique. Celle-ci, adoptée à la suite de rencontres et de forums
intenses, serait à coup sûr un début de réponse à la dégradation des mœurs
politiques et, partant, une voie de réhabilitation de l’image des acteurs. C’est
dire que toutes les voies de solution doivent être empruntées pour arriver au
résultat escompté. Il s’agira sans doute de faire un diagnostic sans complaisance du
mal politique sous ses symptômes aussi divers que variés, à savoir la démagogie, la
gabegie, le clientélisme, le parjure idéologique, pour ne citer que ceux-là. La
propension à la violence et les conflits engendrés, voire alimentés par les
politiciens seront des obstacles à la réalisation de cette Afrique que nous voulons
‘un des cœurs du monde’. Les hommes politiques auront la lourde mission de renaître
sous forme de personnages dignes de respect et doués d’un sens élevé de l’honneur.
Le manque de vraies icônes politiques, au sens noble du terme, a contribué à faire
sombrer maintes jeunesses d’Afrique avides de politique.
L’ère du politique ou du politicien ‘marchand d’illusions’ doit être révolue à la
faveur de l’avènement d’une pratique politique réconciliée d’avec les valeurs
africaines pures, socle d’une approche hautement différenciée. Aucun Etat ne devrait
songer, dans ce renouveau africain, à un apport en deçà des valeurs. Ce dont il sera
question, c’est justement d’un faisceau de valeurs dont les uns et les autres
pourront s’inspirer pour s’améliorer. Pour cela, il urge chez ceux-là qui vivent de
politique ou se réclament de ce monde de se débarrasser de certaines pratiques
jurant d’avec la morale et le sens élevé du civisme. Lorsque, finalement, des
représentants africains devront parler, non pas pour leurs pays propres, mais d’une
seule et même voix pour la défense d’une cause dite africaine, il faudrait qu’eux,
tous, soient animés d’un même idéal. C’est en cela qu’il s’avère nécessaire de
tendre vers la promotion de valeurs en partage. Le ‘Diom’, la ‘Kersa’, le ‘Njumb’,
le ‘Doylu’, entre autres, pourraient bien en faire les objets.
Dans cette entreprise, ne seraient pas en reste les peuples d’Afrique le plus clair
du temps assujettis au trafic d’influence et victimes de détournement de conscience
et d’abus de confiance de la part d’hommes qui n’ont de soucis que pour leur
carrière et leurs comptes bancaires. En effet, l’exigence des électeurs ou mandants,
en termes de qualité de prise en charge de leurs préoccupations, doit davantage être
une réalité se formalisant d’une feuille de missions dont les résultats seraient
quantifiables. L’élu sera alors jugé à l’acte. De même, les militants ou
sympathisants de partis politiques devraient cesser d’apparaître comme moutons de
panurge, exigeant de leurs dirigeants plus de démocratie, moins de paternalisme et
un sens plus élevé de moralité pour prétendre accéder aux commandes.
En définitive, il serait prétentieux de vouloir cerner les contours d’un sujet aussi
vaste que la mutation nécessaire des politiques de tous bords sur le chemin de
l’érection des Etats-Unis d’Afrique. Avons-nous tout juste voulu entrevoir les
espérances de l’Afrique de demain en attirant ‘nos attentions’.
Toutefois, l’Afrique de demain naîtra de politiques porteuses d’idées et de pensées
neuves capables d’émergence. Ensemble changeons en mieux pour que l’Afrique - Une -
ne soit pas une perpétuelle utopie d’intellectuels !
Elhadji Babacar MBENGUE Chargé des Examens à l’Iden de Dakar-Médina
elhadjibabacarm@hotmail.com
Immigration clandestine : Un véritable aveu d’échec Ngor, se confiant à moi, me dit
: “Tukki taxna tekki”. J’y crois autant que ces impénitents clandestins destinés à
mourir en haute mer loin du regard tendre de la mère, dont le cœur battrait la
chamade devant leur dernier cri agonissant qui se mêle tristement au grondement
assourdissant des vagues. J’y tiens mordicus comme à la prunelle de mes yeux et rien
ne pourra me détourner de la décision que j’ai irrévocablement prise d’aller vers
d’autres cieux, car c’est l’unique solution qui me reste pour donner sens à ma vie
et à toutes celles qui s’y attachent. Par les océans ou par le ciel ou bien par la
forêt, j’irai. Je veux être affranchi de ma situation de pauvreté, celle que j’ai
héritée de mes parents, lesquels l’ont héritée des leurs. Halte à la souffrance, à
la pauvreté chronique qui semble suivre l’ordre chronologique, à travers le temps,
de la lignée à laquelle j’appartiens. Vivoter, j’en ai marre, mourir, je préfère.
Certes, j’ai bien vu montrer à la télé des hommes ayant péri, qui sont rejetés par
la mer et accueillis dans un concert d’essaim de mouches en plein air, tandis que
d’autres ont été croqués à belles dents par les requins affamés de viande humaine,
mais ça me laisse de marbre. Il faut que je parte autant de fois que je serai objet
de rapatriement.
Voilà des propos d’une sincérité naturelle dictés par une conviction profonde et
sournoise pour autant qu’ils semblent bizarres sous le regard de celui qui se situe
à cent mille lieues de ce que son auteur éprouve. Pensez-vous qu’un postulat selon
lequel ’tukki taxul tekki’ aussi pauvre d’arguments qu’il n’a de sens, peut parvenir
à retenir les jeunes et les fixer dans leurs terroirs respectifs ? En tout cas, des
jeunes comme ceux du village de Toby Diop, à 2 km de Kébémer sur la route de Darhou
Mousty ou du village de Marandan dans la communauté rurale de Sakar (département de
Sédhiou) sur l’axe Djindé - Kolda, ne seront pas, avec ce langage simpliste,
disposés à croire à un tel échafaudage d’hypothèses fondées autour d’un vain mot. Ce
sont des villages qui empestent le confort et le luxe moderne sous le charme
mirobolant desquels tombe irrésistiblement tout visiteur venant d’autres horizons.
L’immigration, telle une religion, les jeunes continueront à y croire jusqu’à ce que
l’Afrique n’en contienne plus. La seule thèse que les jeunes cautionnent est celle
selon laquelle ‘Tukki taxna tekki’, car seule cette dernière a pu recueillir
l’assentiment de témoignages concordants en sa faveur. Ce sont des jeunes dans la
ferveur du voyage dont l’intention a déjà dessiné un but à atteindre et mobilisé des
raisons d’agir. Face à cette situation précise, criante de vérité et inquiétante,
les autorités chargées de la question de l’immigration clandestine ont apporté une
réponse inopérante parce que faisant abstraction de paramètres physologiques
incontournables.
Pour faire tomber ce phénomène en déliquescence, il est important de saisir
l’importance de l’illusion collective d’abord et individuelle ensuite, qui hante ces
jeunes à l’image d’un adepte qui prend son marabout pour un Prophète. C’est là qu’il
faut commencer si l’on veut renverser la vapeur. Si l’on désire sans tricherie
aucune retourner les jeunes comme une crêpe, les dissuader de leur objectif,
nettoyer de leurs cerveaux les espoirs corrompus, il faut une politique de jeunesse
solide au-delà des frontières du Pac (Parents, amis, connaissance). Montrer à ces
jeunes que la réalité n’est pas cette apparence qu’ils ont vue ensemble et vers
laquelle ils convergent, certes ce n’est pas chose aisée, mais il est de l’ordre du
possible. Nier la réalité reluisante se trouvant ailleurs en leur faisant croire
autre chose n’est pas la clé de la solution.
Souleymane LO Elève inspecteur en Intervention communautaire
Consultant-Mobilisation sociale, Enea/ Département Eda
Mail : julessouleymanelo@yahoo.fr
Ngor, se confiant à moi, me dit : “Tukki taxna tekki”. J’y crois autant que ces
impénitents clandestins destinés à mourir en haute mer loin du regard tendre de la
mère, dont le cœur battrait la chamade devant leur dernier cri agonissant qui se
mêle tristement au grondement assourdissant des vagues. J’y tiens mordicus comme à
la prunelle de mes yeux et rien ne pourra me détourner de la décision que j’ai
irrévocablement prise d’aller vers d’autres cieux, car c’est l’unique solution qui
me reste pour donner sens à ma vie et à toutes celles qui s’y attachent. Par les
océans ou par le ciel ou bien par la forêt, j’irai. Je veux être affranchi de ma
situation de pauvreté, celle que j’ai héritée de mes parents, lesquels l’ont héritée
des leurs. Halte à la souffrance, à la pauvreté chronique qui semble suivre l’ordre
chronologique, à travers le temps, de la lignée à laquelle j’appartiens. Vivoter,
j’en ai marre, mourir, je préfère. Certes, j’ai bien vu montrer à la télé des hommes
ayant péri, qui sont rejetés par la mer et accueillis dans un concert d’essaim de
mouches en plein air, tandis que d’autres ont été croqués à belles dents par les
requins affamés de viande humaine, mais ça me laisse de marbre. Il faut que je parte
autant de fois que je serai objet de rapatriement.
Voilà des propos d’une sincérité naturelle dictés par une conviction profonde et
sournoise pour autant qu’ils semblent bizarres sous le regard de celui qui se situe
à cent mille lieues de ce que son auteur éprouve. Pensez-vous qu’un postulat selon
lequel ’tukki taxul tekki’ aussi pauvre d’arguments qu’il n’a de sens, peut parvenir
à retenir les jeunes et les fixer dans leurs terroirs respectifs ? En tout cas, des
jeunes comme ceux du village de Toby Diop, à 2 km de Kébémer sur la route de Darhou
Mousty ou du village de Marandan dans la communauté rurale de Sakar (département de
Sédhiou) sur l’axe Djindé - Kolda, ne seront pas, avec ce langage simpliste,
disposés à croire à un tel échafaudage d’hypothèses fondées autour d’un vain mot. Ce
sont des villages qui empestent le confort et le luxe moderne sous le charme
mirobolant desquels tombe irrésistiblement tout visiteur venant d’autres horizons.
L’immigration, telle une religion, les jeunes continueront à y croire jusqu’à ce que
l’Afrique n’en contienne plus. La seule thèse que les jeunes cautionnent est celle
selon laquelle ‘Tukki taxna tekki’, car seule cette dernière a pu recueillir
l’assentiment de témoignages concordants en sa faveur. Ce sont des jeunes dans la
ferveur du voyage dont l’intention a déjà dessiné un but à atteindre et mobilisé des
raisons d’agir. Face à cette situation précise, criante de vérité et inquiétante,
les autorités chargées de la question de l’immigration clandestine ont apporté une
réponse inopérante parce que faisant abstraction de paramètres physologiques
incontournables.
Pour faire tomber ce phénomène en déliquescence, il est important de saisir
l’importance de l’illusion collective d’abord et individuelle ensuite, qui hante ces
jeunes à l’image d’un adepte qui prend son marabout pour un Prophète. C’est là qu’il
faut commencer si l’on veut renverser la vapeur. Si l’on désire sans tricherie
aucune retourner les jeunes comme une crêpe, les dissuader de leur objectif,
nettoyer de leurs cerveaux les espoirs corrompus, il faut une politique de jeunesse
solide au-delà des frontières du Pac (Parents, amis, connaissance). Montrer à ces
jeunes que la réalité n’est pas cette apparence qu’ils ont vue ensemble et vers
laquelle ils convergent, certes ce n’est pas chose aisée, mais il est de l’ordre du
possible. Nier la réalité reluisante se trouvant ailleurs en leur faisant croire
autre chose n’est pas la clé de la solution.
Souleymane LO Elève inspecteur en Intervention communautaire
Consultant-Mobilisation sociale, Enea/ Département Eda
Mail : julessouleymanelo@yahoo.fr