Une solution de sortie de crise pour la major
Une solution de sortie de crise pour la majorité présidentielle
Nous sommes un groupe d’intellectuels, proches de la majorité présidentielle. Rassurez-vous nous ne sommes d’aucun clan, ni d’aucune officine. Notre devoir est de réfléchir et de soumettre au peuple sénégalais le produit de notre réflexion.
La majorité présidentielle a été sérieusement bousculée le 23 juin 2011. Personne n’a pu imaginer l’ampleur des manifestations de rue. Encore une fois ni l’entourage présidentiel, ni le Pds n’ont été au secours du président de la République. Comme d’habitude, il devra affronter seule la situation. En ces quelques lignes qui suivent, nous tenterons de tirer quelques leçons pour l’avenir :
La jeunesse qui a exprimé son ras-le-bol ce jeudi 23 juin 2011 n’a pas été manipulée par l’opposition. Il fallait s’y attendre. Fautes d’emplois, vivant dans les eaux, privée d’électricité, ses frustrations cumulées ne pouvaient produire que ces débordements, condamnables par ailleurs dans une démocratie. Nul ne peut tolérer l’expression de la violence. L’alternance de l’an 2000 est intervenue sans violence.
Les medias ont été à tous points de vue partisans. Il n’y a qu’au Sénégal où des patrons de presse prennent publiquement des positions politiques et dans le traitement de l’information, leurs organes (presses-écrites, audio-télévisuelles) suivent la voix du maître. Il est inimaginable, en France, que les patrons de TF1 ou de France Télévision prennent part publiquement dans le débat politique. Le pouvoir libéral en place a subi les contres-coups de cette bataille médiatique. La société civile a définitivement choisi son camp en pourfendant le pouvoir libéral. Que faire alors ?
A ce jour on attend toujours la reprise en main de la situation par Monsieur le président de la République. La sortie de Monsieur Karim Wade sous forme de lettre ouverte est une erreur. D’abord le moment choisi est inopportun. Ensuite, on peut se poser la question de savoir à quel titre, s’est-il adressé à l’opinion publique. Monsieur Karim Wade est ministre d’Etat dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre qui se nomme Souleymane Ndéné Ndiaye, le président de la République du Sénégal n’est autre que Me Abdoulaye Wade. Le fils de Monsieur le président de la République, par sa sortie, ne fait que confirmer sa toute-puissance sur l’équipe gouvernementale.
Notre solution de sortie de crise est la reprise en main des affaires du pays par le président de la République. En quoi faisant ? Dissoudre l’Assemblée nationale et organiser de nouvelles élections législatives sous forme de référendum test pour Me Abdoulaye. Pourquoi une telle idée. D’abord, sans toucher à la constitution, le président de la République a un pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale à partir de deux ans d’exercice. Les élections législatives se déroulent à un tour. Ce qui permet ainsi d’avoir une photographie réelle de toutes les forces politiques en présence. Dès lors, il appartiendra au Président Wade d’en tirer toutes les conséquences.
Première hypothèse : le Sopi sort vainqueur
Les portes de la Présidentielle de février 2012 sont largement ouvertes à Abdoulaye Wade.
Deuxième hypothèse : le Sopi est battu. Soit, le Président Wade démissionne et par anticipation, les élections présidentielles sont organisées sans lui. Soit, il nomme un Premier ministre issu du parti majoritaire ayant plus de députés à l’Assemblée nationale et cohabite avec lui, et se donne le temps de choisir dans son camp un candidat apte à réunir toutes les forces libérales à l’exception naturellement de son fils Karim Wade.
Nous versons cette réflexion dans la corbeille. Nous n’avons aucune prétention de détenir la vérité, mais nous assumons solennellement qu’Abdoulaye Wade a fait mieux que tout autre président de la République. Nous ne souhaitons pas que les acquis de l’alternance soient dévoyés par une défaite électorale du président Wade en 2012. Nous voulons que le président quitte le pouvoir sans défaite. Nous souhaitons qu’un libéral poursuive son mandat. Laissons du temps au temps. Malgré ces quelques errements, le Président Wade restera à jamais une référence au Sénégal et en Afrique.
Un groupe d’intellectuels
Le Père et le Fils…, notre droit de réponse à Karim Wade !
«Que servirait-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme» (Marc 8, 36). Léon Tolstoï, dans un de ses ouvrages, nous raconte l’histoire d’un riche fermier russe qui avait entendu dire que dans une tribu très lointaine, il y avait des terres fertiles qu’on pouvait se procurer à très bas prix. Cet homme, ayant réalisé toute sa fortune, alla trouver le chef de la tribu. Pour la somme qui était proposée, le chef de la tribu lui dit qu’il pouvait partir le matin au lever du soleil et jalonner sa route. Tout ce qui serait à l’intérieur lui appartiendrait, à la condition qu’il soit revenu avant le coucher du soleil.
L’affaire conclue en ces termes, l’homme partit dès l’aurore d’un pas pressé, jalonnant sa route, allant de plus en plus vite, convoitant ces terres fertiles. Le soleil montait. Quand il fut arrivé au zénith, notre homme n’avait pas encore atteint la moitié de son but. Il a hâté le pas, s’est presque mis à courir, puis a amorcé son retour alors que le soleil avait déjà amorcé sa courbe descendante. En revenant, il a vu un bosquet et un terrain qu’il convoitait ; il les a contournés et jalonnés. Et le soleil descendait de plus en plus vite. Notre homme, puisant dans ses dernières ressources, s’est mis à courir, à courir. Au moment où le soleil se couchait, il arriva devant le chef de la tribu. Mais là, comme le soldat de la bataille de Marathon, il est tombé mort. Lui qui voulait tant de terres, un trou d’un mètre cinquante lui suffisait maintenant ! (extrait d’un prêche de Fernand Legrand)
Moumen Diouri dans son ouvrage A qui appartient le Maroc, a théorisé l’appauvrissement des populations comme moyen de domination. Il y décrit comment par l’entremise de l’Omnium nord africain (Ona), Hassan II a réussi à faire main basse sur toutes les richesses de son pays, appauvrir les populations et les maintenir ainsi en situation d’asservissement. L’adage ne dit-il pas que «ventre vide n’a point d’oreilles».
Au Sénégal nous avons «nos Ona». On pourrait les appeler Anoci ou encore Apix ou tout simplement «Haute autorité…». Mais les prédateurs oublient souvent que l’excès d’ambitions est la mère des échecs.
Quelques exemples : échec dans la gestion de l’Anoci, échec politique lors des dernières élections locales, échec dans le cadre des constructions des infrastructures routières, scandales financiers à répétition dans ce qu’il est convenu d’appeler la coopération internationale et qui n’est en fait qu’un système de collecte de dons et autres prêts nébuleux non contrôlés, échec patent de la gestion de l’énergie avec le plan Takoul, et enfin échec même dans l’ultime tentative de victimisation.
Au vu de tout cela, on peine à comprendre que Abdoulaye Wade veuille, à tout prix, nous faire croire aux capacités exceptionnelles de son fils à manager les affaires de l’Etat.
Contrairement à ce que plusieurs pensent ou répètent par suivisme, j’ai toujours eu la conviction que Abdoulaye Wade n’était pas intelligent. Rusé peut-être, mais pas intelligent. Autrement comment accepter, qu’il ignore à ce point la psychologie du peuple sénégalais ? Comment un homme, après avoir été porté à la tête d’un pays, peut penser que ceux-là qui l’ont choisi sont incompétents au point de ne pouvoir diriger un ministère ?
Wade a dit lui-même qu’au début il voulait avoir un gouvernement restreint ; mais qu’à la pratique, il s’est rendu compte qu’aucun Sénégalais ne pouvait exécuter le travail qu’il voulait leur confier. Il a fallu donc qu’il multiplie les postes afin d’alléger le travail à ces incapables. Le seul à même d’abattre avec brio la masse de travail d’un vrai ministre de Wade, c’est son fils. Résultat des courses, il lui confie tout.
Wade ne le sait peut-être pas, ou feint-il de l’ignorer, mais nous étions là depuis le début. En 1988, alors qu’il était jugé pour le flagrant délit le plus long de l’histoire du Sénégal (dixit son avocat Me Francis Szpiner), nous nous levions à 4h du matin, quittions le campus universitaire et essayions de déjouer la vigilance des policiers pour nous rendre au Palais de justice, lui apporter notre soutien. Nous y avons rarement vu de vrais jeunes militants du Pds à l’époque. Nous n’y avons non plus jamais vu le fils, qui aujourd’hui, clame fièrement qu’il ne peut laisser le père aller seul à Benghazi. Nous lui signalons qu’à l’époque son père courrait un danger beaucoup plus grand et qu’il était volontairement absent. Nous y avons quand même aperçu une fois Syndiély le bras levé en signe de victoire.
Les psychanalystes devraient se pencher sur les rapports entre le père et le fils. Il y a comme qui dirait un complexe d’Oedipe non résolu. C’est peut-être cela qui expliquerait le désir ardant de plaire à la mère et qui est traduit par cette phrase assez complexe à décoder : «…, je dirais à ta maman que tu as bien travaillé.»
Toute lecture au second degré de la relation entre le père et le fils fait penser que Abdoulaye et Karim se haïssent. Autrement comment comprendre les mauvais traitements qu’ils s’infligent l’un et l’autre ? On ne peut aimer son enfant et l’exposer autant que Wade le fait ; et on ne saurait aimer son père en le poussant à saborder 26 années de haute lutte et de gloire.
En moins de dix ans, la présence du fils a fait perdre au père presque la moitié de son potentiel sympathie et mis en lambeau une œuvre de plus d’un quart de siècle ; fruit d’un travail acharné.
Le père, en confiant au fils des missions dont il sait qu’il n’en a ni les compétences ni le courage, ne cherche-t-il pas à le punir pour sa longue absence à ses côtés durant sa lutte pour l’accession au pouvoir ?
Le fils, en encourageant un père avide d’éloges et qui n’est plus très lucide, à toujours aller dans des impasses, par des prises de décisions impopulaires, ne cherche-t-il pas à se venger d’un vieux père qui l’a souvent abandonné au profit d’une lutte qui n’était pas la sienne ?
Théodore MONTEIL - Dno Union citoyenne Bunt Bi - Membre de Bennoo Siggil Senegaal
La contrition des lâches
LETTRE OUVERTE DE KARIM WADE AUX SENEGALAIS - Une pilule amère, difficile à avaler
Sous la pression des événements populaires des 23 et 27 juin 2011 qui ont mis en exergue la résolution d'un vaillant peuple à combattre la forfaiture et le défaut de prise en charge réelle de ses préoccupations, Karim Wade essaie, de guerre lasse, dans une lettre ouverte aux Sénégalais, de se proclamer chantre de la démocratie."Le sentiment démocratique est très fort chez nous et il n'y a qu'un seul chemin pour accéder au pouvoir:celui des urnes"le contexte politique de rejet systématique par le peuple souverain du projet de loi instituant le ticket présidentiel est-il la cause de la nouvelle posture de Karim Wade?
Manifestement, devant la certitude d'un débâcle électoral en 2012,ce projet de loi unique et inique était une tentative dérobée de détournement du suffrage des Sénégalais par l'orchestration d'un hold-up électoral de la pure espèce pour la conservation d'un pouvoir d'un régime décadent.
Si Karim Wade était un démocrate comme il le proclame urbi et orbi, aujourd’hui, pourquoi ne s'est-il pas opposé à un tel projet et à la forme utilisée pour l'instituer, étant entendu qu'il est bien l'alpha et l'oméga du régime actuel? Tout au contraire, il a eu, indubitablement, à accréditer le projet de loi de modification constitutionnelle instaurant l'élection simultanée d'un président et d'un vice président avec seulement moins du quart du corps électoral ?
La vraie question que les Sénégalais devraient se poser, de nos jours, est de savoir quel sort devrait-on réserver à un régime en fin de mandat pris en flagrant délit de vol?
Au demeurant, le seul fait d'évoquer dans notre pays, être contre une dévolution monarchique du pouvoir, constitue en soi une auto culpabilisation et par conséquent une intention cachée , mais bien réelle d’hériter le pouvoir, dans la mesure oû la dévolution monarchique d'un pouvoir ne s'est jamais posée au Sénégal depuis l'indépendance sauf, un temps soit peu ,avec l’article 35 de la constitution abrogée il y’a plus de 30 années .C'est die que cette correspondance de Karim Wade aux sénégalais devrait plutôt s'adresser à son père qui, en d'autres temps , évoquait Bush père et Bush fils et définissait Karim Wade comme le meilleur parmi les meilleurs Sénégalais au point de lui faire occuper tous les secteurs stratégiques pour le développement économique et social du Sénégal..
L’autre vraie question que les Sénégalais devraient se poser serait de savoir quel est le véritable statut de Karim Wade au sein du régime, au delà de ses nombreuses fonctions ministérielles, étant donné qu'il ne subie aucun contrôle, ni ne rend compte à aucune institution de la république.
Si la dévolution du pouvoir par la tentative de modification constitutionnelle instituant l'élection simultanée d'un président et d'un vice président a avorté sous la pression populaire justifiant la nouvelle posture d'un démocrate avéré de Karim Wade (autres temps, autres moeurs), l’exercice actuel du pouvoir a été toujours d'essence monarchique au vu du statut du fils du président au coeur du régime.
Plutôt que de se morfondre et se mettre au banc des opprimés jusqu’à vouloir accorder paradoxalement le pardon à certains caciques pourfendeurs Sénégalais gardiens du temple, Karim Wade et son père devrait solliciter le pardon du peuple dont ils ont voulu abuser de l’indulgence en tentant de faire passer par la ruse un projet de loi de nature autocratique qui devrait nous conduire vers la réhabilitation de l’article 35 de la constitution abrogée.
Kadialy GASSAMA, Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque
L’Etat de disgrâce
Il aura fallu attendre les manifestations des 23 et 27 juin 2011 pour que Abdoulaye Wade comprenne enfin le message que les Sénégalais lui avaient pourtant clairement envoyé à l’occasion des élections locales du 22 mars 2009. Quel gâchis depuis lors et quel calvaire pour les milliers de Sénégalais soumis aux caprices d’un homme et de ses proches persuadés de pouvoir faire accepter l’inacceptable à notre peuple et à sa jeunesse.
Brutal réveil que celui du 23 juin qui a été vécu par l’équipe au pouvoir comme un cauchemar sans fin dont les incantations des journées suivantes n’ont pu atténuer le traumatisme profond qu’il a produit.
Alors que, pour la première fois de sa longue histoire politique, le Président Wade reste aphone, c’est, à la surprise générale, son fils Karim, qu’il envoie au charbon pour apitoyer les sénégalais par une lettre ouverte dans laquelle il essaie vainement de se poser en victime des envieux et en serviteur de la Nation. Il faut arrêter cette sinistre comédie et tourner définitivement la page.
La Jeunesse Sénégalaise, le peuple Sénégalais en ont fini définitivement avec les années Wade. Le Pape du SOPI est devenu, hélas pour tous, le fruit amer du SAPI.
Le phénomène de rejet que l’on observe dans notre société est un phénomène sans précédent. Il est général. Il est sans appel. Le Président doit le comprendre et cesser d’offrir en pâture, son fils Karim Wade à l’opinion publique. Le flop magistral consécutif à la « Lettre ouverte » le confirme. Il faut désormais passer aux choses sérieuses. Il faut affronter les exigences du Mouvement des Forces Vives du 23 juin et négocier une sortie relativement honorable qui reste encore possible même si les chances s’amenuisent chaque jour.
C’est le lieu de remercier publiquement les forces de la société civile pour leur contribution essentielle à la révolution silencieuse en cours. Les jeunes rappeurs de « Y’en a marre » en particulier méritent nos félicitations chaleureuses. Des milliers de jeunes anonymes se sont dressés aussi comme un seul homme. Utilisant SMS et Face Book, ils ont écrit ces moments uniques de notre histoire, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous avons gagné ensemble une bataille mémorable mais le combat politique contre le projet de Wade est loin d’être terminé. Notre frère Alioune TINE de la RADDHO mérite un hommage tout particulier pour avoir assumé, sans hésitation, son rôle dans ce rassemblement arc en ciel.
A présent, isolé et contrit ; frappé par une disgrâce dont plus personne ne peut douter, Abdoulaye Wade subit aussi les foudres du Colonel Kadhafi qui, de son bunker de Tripoli, montre sa colère devant tant d’ingratitude de son ex-ami qui l’aura trahi comme il l’a fait avec tous ceux qui l’ont aidé sincèrement.
Naturellement dans notre Sénégal, pays du dialogue, il n’en fallait pas plus pour que des médiateurs sociaux notamment des Chefs religieux et des groupes privés fassent entendre leur voix au profit du dialogue politique après les conseils appuyés des pays de l’Union Européenne et les inquiétudes publiques des Etats Unis d’Amérique.
IL n’est donc plus possible de se dérober malgré les gesticulations dérisoires des fanfarons du camp présidentiel. Face à la méfiance générale, même si toutes les forces sociales sont conscientes de la nécessité de donner une chance ultime à une solution pacifique de la crise actuelle pour sortir d’une impasse qui pourrait être fatale, personne n’acceptera et n’a le droit d’accepter que Abdoulaye Wade engage une ultime manœuvre pour obtenir à la table de négociation ce que sa politique de confrontation n’a pu lui assurer. Les exigences de l’opinion publique restent claires. Le Président Wade doit renoncer publiquement et sans ambigüité à un troisième mandat présidentiel conformément à la constitution qui ne lui permet pas de se présenter une troisième fois.
Il doit s’engager à organiser des élections régulières et transparentes, en concertation avec les partis politiques et les forces vives de la Nation.
Alors seulement les conditions d’une discussion plus sereine existeront sous l’arbitrage moral d’autorités religieuses et laïques crédibles et de partenaires étrangers attentifs pour garantir l’exécution diligente et sincère des accords éventuels.
Honneur à la jeunesse et aux femmes de notre pays pour leurs hauts faits des 23 et 27 juin 2011. La victoire appartiendra au peuple.
Landing SAVANE
Secrétaire Général
And-Jëf/PADS
Dakar, le 07 Juillet 2011
LA «TRANSITION» DE BENNOO, CET AUTRE TICKET ANTICONSTITUTIONNEL -
Enfin, les chaines se cassent, vive la démocratie !
Le peuple sénégalais a retrouvé sa souveraineté. Si pour d’aucuns, la date du 23 juin a été le point de départ, oh que non. Je dirai que c’est parce que les sénégalais oublient très vite. Rappelons la reculade du pouvoir devant les marchands ambulants les 22 et 23 novembre 2007. Ce sont ces jeunes, à qui le pouvoir en place n’a pas pu trouver de l’emploi, même si la promesse a été faite en ce sens, qui se sont débrouillés avec les moyens du bord et les facilités que leur ont offertes la présence de la marchandise accessible chinoise, qui ont dans un premier temps et avec la fermeté qui sied, dit non à Wade et à ses acolytes.
Pourtant cette prouesse, les étudiants de l’université de Dakar la réussissent dans le courant de chaque année scolaire, mais cela ne dure que le temps d’une rose. Pourquoi ? La réponse est toute simple : ils sont manipulés soit par l’Etat, soit par l’opposition qui saute toujours sur l’occasion pour en faire un programme politique à l’«éphémérité » d’un éclair. Donc, le peuple doit d’abord dire merci aux marchands ambulants. Leur combat a été d’un impact tel que, le maire de Dakar Khalipha Sall, qui en a fait un projet de recasement, est puissant dans son parti parce qu’étant un interlocuteur direct d’une jeunesse dévouée. Khalipha Sall s’en ira jusqu’à inquiéter le parti socialiste et son secrétaire général Ousmane Tanor car il ne se rendait pas compte qu’il y’a une différence entre ce mouvement de survie des jeunes et la politique. Ils n’en avaient cure de la politique, ces jeunes marchands ambulants
Le peuple sénégalais a retrouvé sa souveraineté parce qu’un certain Samuel Sarr n’a pu régler le problème de l’énergie, secteur auquel il était le « commander in chief » et qui s’est vu refusé le paiement de la facture d’électricité par des imams, à la retraite, dont la prêche avait fini par convaincre plus d’un. La situation montait d’un cran.
Et Abdoulaye Wade, tel un démon de la catastrophe mit l’huile sur le feu en imposant aux sénégalais un fils qui n’a jamais rien réussi, et qui a été même battu dans son bureau de vote lors de l’élection locale, un méga ministère qui à lui seul gère plus de 50% du budget de l’Etat. Les sénégalais, en plus de ne pas vouloir du fils du président, ne peuvent plus supporter la cherté de la vie avec un panier de la ménagère qui voit son cout passer du «simple au quadruple»
Y’en a marre ! Nous n’en pouvons plus ! Il faut que cela cesse ! Voilà les cris de détresse des populations à bout de leur amertume, qui investissent la rue pour une coupure d’électricité de seulement 5 minutes. Elles ne vont plus rien pardonner à ce régime en perte de vitesse et en manque de repère.
En définitif, la date du 23 juin a été le point chaud de Fachoda de la démocratie sénégalaise telle expliquée, explicitée et voulue par les populations dont la souveraineté ne peut plus être bafouée ou balayée d’un revers de main par les politiques qui avaient fini de les prendre pour un bétail.
La transition, l’autre ticket anticonstitutionnel ou le partage du gâteau
Wade doit partir, le peuple veut une alternance différente. Et voilà que nos leaders de l’opposition surgissent, dans un bloc solide communément appelé Bennoo ou l’unité pour prétendre nous sortir de ce guêpier politico-politicien dans lequel le Pds nous a plongé. Mais c’est quand même une chose bienvenue, pourvu que Wade parte. A priori tous les moyens sont bons, toutes les formules sont bonnes. Les sénégalais suivent avec impatience les propositions que l’opposition a faites quant à un possible départ du locataire du palais. Et, voilà que la bande à Moustapha Niasse, Tanor, Bathily, Dansokho et les autres nous proposent une candidature de transition, qui devra faire 3 ans et rendre le tablier, comme si notre chère nation n’avait pas déjà établi les bases sur lesquelles elle se fonde pour avoir sa place dans le concert des nations. Que faites-vous de la constitution, mes chers ? Je laisse la réponse à Alioune Tine qui, je pense, aura tous les arguments nécessaires à, peut-être, vous faire changer d’avis. Idrissa Seck , dans ces techniques de railleries des limites de ce « ticket » est allé jusqu’à dire qu’il a analysé les résultats des assises et qu’il partage certains points de la conclusion de ce travail auquel il n’a jamais participé. Cependant c’est dans le seul objectif d’attirer l’attention sur cet autre aspect qu’est la transition afin que les citoyens se rendent compte que Bennoo a des limites. Pour lui, il y a impossibilité que ces partis autour de cette dynamique d’unité se retrouvent autour d’un seul étendard. Si après plusieurs réunions, ils n’ont pas pu trouver autre chose que la transition, on sous-entend que c’est la seule alternative pour qu’ils battent campagne ensemble. L’implosion de Bennoo bénéficiera plus aux libéraux ou aux anciens élèves de Wade.
Je vous dis, messieurs, que votre projet de transition, tel le projet de loi de Wade du 23 juin, est anticonstitutionnel. Les raisons qui vous ont poussés à nous la proposer sont jusque-là floues. Si c’est parce que c’est la seule possibilité pour que Bennoo soit toujours uni, elle ne prend en compte que des objectifs électoralistes, mais point les intérêts des sénégalais qui, vous oubliez, ne sont plus des demeurés. Certaines rumeurs déclarent que c’est Moustapha Niasse qui a été choisi pour cette transition, et que vous avez tenu compte de son âge avancé pour lui faire gouter, tel un gâteau, à la velouté du siège présidentiel pour ensuite passer le témoin. A qui ?
Si Wade, dans son projet, a voulu imposer aux sénégalais un président dont ils peuvent ne pas vouloir, vous aussi, vous êtes en train de vous contredire dans votre démarche. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Vous ne pouvez pas demander à Wade de réduire les dépenses de l’Etat et venir proposer ce « ticket de transition » qui est autant budgétivore que cette floraison d’agences nationales sous Wade. En aucun cas votre transition ne peut être acceptée par les sénégalais. Si le projet de transition doit passer par un referendum, ce sera la confection d’autres urnes, de bulletins de vote et une grande campagne de communication pour sensibiliser les populations de l’intérêt que la transition peut avoir. Ce sera, à coup sûr, une bonne dizaine de milliards qui sera dépensée pour une cause, rappelons –le, exclusivement politicienne.
Dans un autre cas, le plus simple d’ailleurs, faire voter la loi par l’assemblée nationale. Et c’est sûr et certain que Alioune Tine et ses acolytes dans la société civile ne l’accepteront pas. Ensuite il y a les mouvements citoyens qui ne pourront le laisser passer, sinon Souleymane Ndéné Ndiaye aura raison sur eux, de dire que ce sont des politiciens encagoulés. Et enfin c’est le mouvement Y’en a marre qui dira certainement non au risque de donner raison à ceux qui disent que c’est Moustapha Niasse qui le finance. Cependant une stratégie toute simple a été trouvée pour faire passer le projet de transition de Benno par ses alliés de mouvements.
La phagocytose des mouvements par Bennoo
Les sénégalais ne se rendent plus compte que Benno a cessé d’exister depuis ce jeudi noir que Wade n’oubliera pas de sitôt. Le combat de l’opposition est transféré dans une autre sphère, celle de la phagocytose de toutes les forces qui se sont liguées contre Wade. Ils ont maintenant créé le Mouvement du 23juin qui va, de ce fait, regrouper autour de lui tous les partis de Bennoo auxquels vont s’ajouter les mouvements citoyens, Y’en a marre, Doyna Seuk, la Raddho etc. C’est à partir de là que la machine sera mise en branle pour essayer de faire partager le projet de la transition avec les nouveaux alliés.
Ainsi, ce sont les candidats tels que Macky Sall, Cheikh Bamba Diéye et autres qui verront leur électorat s’effriter pour le compte du mouvement du 23 juin parce que certains de leurs sympathisants ne sauront pas faire la différence entre leur parti et ce mouvement. Le fait que toutes ces forces alliées autour d’un seul objectif, c’est-à-dire le départ de Wade et de son parti, peut endormir les unes apolitiques mais debout pour une cause noble, au détriment des autres politiques dont la cible principale c’est d’occuper les résidences du palais de la République.
Maintenant, en dehors de Wade dont l’irrecevabilité de la candidature n’est plus à démontrer, cela n’a même pas besoin de faire l’objet d’une pression sur les 5 sages bien qu’ils soient nommés par le père de Karim, l’opposition ne doit en aucun cas négliger Idrissa Seck. Ndamal Cadior ou Ngorsi, comme l’appellent souvent ceux qui savent que Idrissa Seck a plus d’un tour dans son sac, a crié haut et fort qu’il compte s’appuyer sur la famille libérale. Ceci expliquant cela, il reste aussi, le dernier dé de Wade, pour que les libéraux restent au pouvoir pendant 50 ans. Mais aussi, le pacte entre Idrissa Seck et Wade peut être celui de la protection de son fils Karim dont la gestion des différents secteurs qu’il a eus à diriger laisse à désirer. Sachant qu’au Pds, la notion de constante est toujours de rigueur, même si les occupants de cet antre semblent perdus dans leurs stratégies pour se sortir de ce gouffre, ils sont tous prêts à se mettre derrière Ngorsi. De Doudou Wade, en passant par Farba Senghor pour atterrir chez Serigne Mbacké Ndiaye, tous se cherchent une solution pour rester au pouvoir et ils sont prêts à courber l’échine devant l’équation Idrissa Seck qui a fini de les mettre en mal contre Macky Sall.
EL HADJI CHEIKH ANTA SECK
Master 2 en Communication Sociale à Issic
Maitrise d’anglais à Ucad
Journaliste
‘Lettre-question’ à Monsieur Karim Wade
C’est avec attention et intérêt que j’ai parcouru les lignes que vous nous avez envoyées, en guise d’explication de projets et d’épanchement de sentiments et d’humeurs. A défaut d’avoir la réaction du père suite aux évènements du 23 juin, nous nous contenterons de l’élégie du fils. Une élégie qui surgit du ‘fond de votre cœur’, et qui marque profondément un manque et une souffrance. Un manque de reconnaissance du peuple, après tout ce que vous avez fait pour lui, et tout ce que vous lui réservez encore, de meilleur bien sûr ; et une souffrance, votre souffrance, quand vous êtes l’objet d’une ‘haine’ viscérale, de ‘sanctions’ et de ‘condamnations’ injustes.
Je ne pourrais développer que sur quelques aspects de votre lettre ouverte, car beaucoup de pistes ont été déjà empruntées par bon nombre de nos concitoyens et pas des moindres. Ainsi me limiterais-je, au lieu d’en rajouter au chapelet, à vous poser ces quelques questions auxquelles j’espère pouvoir avoir des réponses.
Dans votre lettre ouverte, vous écrivez que vous êtes ‘la cible d’attaques injustes’. En guise d’exemple, vous versez dans une ironie qui ne dit sans doute pas son nom, en dénonçant le fait que votre nom soit mêlé à tout, même quand cela ne vous regarde pas. Première question : ‘Pouvait-il en être autrement, dès lors que vous êtes ministre des cieux et de la terre, comme le disait l’autre ?’. Pouvez-vous me citer, dans l’histoire du Sénégal, un ministre qui ait concentré entre ses mains autant de portefeuilles et de responsabilités ?
On ne peut pas être maître des cieux et de la terre et interdire aux humains de se plaindre auprès de vous, quand cela va mal. Dans votre lettre ouverte, vous affirmez ‘combattre la dévolution monarchique.’ Lisant cela, je n’ai pas manqué de penser à la fameuse phrase (aveu ?) du Président Richard Nixon qui se défendait d’avoir joué un quelconque rôle dans le Watergate. Son ‘I am not a crook’ l’avait plutôt enfoncé que blanchi. La suite, on la connaît… Ainsi ma deuxième question : ‘Quels actes avez-vous (ce vous est un vous pluriel, pour le père et pour le fils) posé, depuis que cette rumeur alimente nos salons, pour nous prouver le contraire ?’. Face à des actes concrets, visibles et sincères, même l’imaginaire populaire, avec toute sa puissance mythique, s’effondre !
Dans votre lettre ouverte, vous dites que vous ‘avez choisi la difficulté, en refusant le scénario de la facilité.’ Je passe sous silence la peine que cette phrase inspire, parlant du style. Par contre, je me bornerai à vous poser ma troisième question : ‘Qu’avez-vous comme compétence sur le plan personnel, et comme expérience sur le plan politique et professionnel pour mériter autant de confiance et gérer autant de portefeuilles ?’ A moins que la phrase ‘faire ses preuves’ soit une simple tournure stylistique vide de sens, il faudrait peut-être retracer les limites objectives entre la facilité et la difficulté.
Dans votre lettre ouverte, vous réitérez une vérité que les Sénégalais aiment bien entendre, celle consistant à dire que chez nous ‘il n’y a qu’un seul chemin pour accéder au pouvoir : celui des urnes.’ Vérité ne pouvait être plus claire. Le symbole-Sénégal n’est pas une vue de l’esprit, encore moins une illusion subjective pour bien se sentir. C’est plutôt le fruit d’une lutte permanente dans laquelle votre père a aussi joué une partition non négligeable. Quand les rapports sont jaugés par la teneur des urnes, on est de plain-pied dans la politique. Et en politique, on le sait hélas, c’est comme en guerre : il suffit que les armes tonnent pour que la morale cède le pas. On sait aussi que, en politique, les erreurs et défaites se paient cash. Ainsi ma quatrième question : ‘Après avoir perdu les élections locales de 2009, avez-vous été sanctionné ? Avez-vous tiré des leçons de cette déroute électorale ?’
Une note de bas de page : Dans votre fameuse interview donnée la veille de ces élections locales de mars 2009, vous déclariez que vous êtes ‘un gagnant’ et que, ‘dans la vie, vous n’avez jamais perdu !’ Je ne sais pas si cela fut une stratégie pour faire peur à vos adversaires, ou vous procurer le sentiment du ‘I feel good’, mais dans notre tradition, celle-là sénégalaise, dont vous vous réclamez aussi, une telle phrase ne devrait jamais être prononcée, la peur du ‘thiatt’ et du ‘lammegn’ oblige. Ne parlons même pas de la vertu cardinale qu’est l’humilité… Notre tradition n’est certes pas parfaite, mais elle offre sans doute de belles leçons de vie et de savoir-vivre dont il faut s’inspirer.
Dans votre lettre ouverte, vous dénoncez les ‘scènes de pillage’ et les ‘actes de banditisme’. L’on ne saurait être plus en accord avec vous sur ce point-là. Ainsi osons-nous espérer que la prochaine fois, les manifestations – si manifestations il y a – seront pacifiques et sans heurts, l’essentiel étant de montrer son désaccord et de faire passer ses messages. Mais là aussi il faudrait que les forces de l’ordre jouent pleinement leur rôle qui est de garantir la sécurité de tous les Sénégalais sans distinction de chapelle. Il faudrait aussi que votre parti en finisse avec cette trouvaille tout aussi incompréhensible que contreproductive consistant à appeler ses militants à contre-manifester. A quelles fins un parti qui détient tous les leviers de l’Etat sortirait-il dans les rues pour manifester ? Vous n’avez pas besoin de manifester, bon sang ! Si vous faites ce que le peuple attend de vous c’est le peuple qui manifestera à votre place, en vous décernant urbi et orbi les ordres du mérite qui vont avec le travail bien fait. Ainsi sera formulée ma cinquième question : ‘ Quand est-ce que votre parti comprendra-t-il que votre argument principal ne se trouve pas dans la rue, mais que c’est dans la rue qu’on pourra le rencontrer, le toucher, le voir, le louer, s’en convaincre et l’épouser ? ‘ Quand on n’a pas le sens des priorités et qu’on brûle ses atouts en brandissant non pas la force des arguments mais les arguments de force, on signe de fait sa propre mort.
Dans votre lettre ouverte, enfin, vous concluez sur une note très constructive appelant les Sénégalais de tous bords à vivre leur passion et amour pour leur patrie. Vous n’avez pas oublié non plus de réitérer votre ambition pour le Sénégal, ambition sur laquelle vous êtes, cependant, resté très évasif. Ainsi va ma sixième question : ‘N’est-ce pas là encore une source de méfiance et de suspicion de la part de nos compatriotes ? En quoi vivre cette ambition serait-il nécessairement lié au fait d’être si présent dans l’appareil d’Etat ?’
Les voies et moyens pour servir son pays sont multiples et variés. Et pourra bien servir son pays celui qui reconnaîtra les limites de sa nature humaine et aura vaincu les tentations corruptrices de l’accaparement et de l’imposture.
Le peuple a la rue et les urnes pour se faire entendre et clarifier ses positions. Aux urnes fut dédiée la date du 22 mars 2009 ; à la rue, celle du 23 juin 2011. Aussi lointaines que soient ces deux dates, elles ont ceci en commun qu’elles constituent des repères et des signes clairs et sans équivoque de son rejet du régime et de l’appareil que vous avez contribué à construire en théorie comme en pratique. Ce rejet, ce n’est pas seulement celui des pratiques inertes et inanimées ; c’est aussi et surtout celui des hommes animés et concrets qui ont contribué à les mettre en place. Fort de ce constat, je ne me priverai pas de vous poser ma septième et ultime question : ‘Qu’attendez-vous encore pour répondre à l’appel du peuple’ ?
Dr. Cheikh Mbacké GUEYE http://cheikh-m-gueye.blogs.nouvelobs.com/
Maître, quitte dans ça !
Maître, cela fait onze années longues comme un siècle que tu exerces le pouvoir suprême dans le Sénégal nôtre. Je me suis bien gardé de t’attaquer publiquement durant ces onze années, préférant laisser à d’autres éminents membres de ton opposition dont je suis membre le soin de le faire. Oh, je suis juste sorti de cette réserve quand, me sentant cruellement interpellé par ta singulièrement dangereuse ‘promenade’ de Benghazi, j’ai récemment attiré ton attention sur les conséquences de cette folie sur la sécurité du pays nôtre (Cf l’hebdomadaire Le Témoin N° 1047 du 15 Juin 2011).
Aujourd’hui, je prends encore sur moi la responsabilité de te dire à mon tour que je ne suis pas content de ta façon de diriger la barque Sénégal-notre-pirogue. Rassure-toi, je ne t’invectiverai pas — venant de moi ce ne serait pas bien — et je me contenterai seulement de te donner des conseils. C’est, me semble-t-il, le moins que je puisse faire pour toi en ces heures particulièrement graves. Onze longues années que tu es aux commandes d’une barque folle ! Notre pays a touché le fond. Et tu continues de creuser ! Je ne peux plus me taire !
Tu as combattu dans le dos mon ami et frère Laurent Gbagbo qui ne t’a rien fait. Son régime en est tombé, sa famille déchirée, des milliers d’innocents sont morts, des villages rasés, des dizaines de milliers de citoyens en exil, sa vieille maman, ma mère Marguerite, n’a pas survécu à la douleur et à l’humiliation d’arrestations et de brimades qui ne l’ont même pas épargnée, elle la vieille de 92 ans, et a préféré s’en aller, le 15 courant, dans la paix du Seigneur, les propres enfants du président, mes nièces et leurs familles, sont en errance et en cachette…
Tu as plongé mes propres parents du Walo qui ne t’ont rien fait et qui menaient une vie des plus paisibles dans la désolation et la colère. Fidèle à ta devise de courtier foncier immobilier ‘Rien à branler : qui terre a guerre a !’, tu t’en es pris au village de mes ancêtres et semé dans toute une région les germes d’une situation dont tu n’auras même pas la possibilité de vivre les conséquences…
Ta soldatesque massacre partout, tous les jours, des jeunes Sénégalais qui n’ont rien fait si ce n’est que d’avoir voulu respirer démocratiquement leur ras-le-bol, leur soif et leur faim d’une vie moins misérable…Tu as souverainement condamné nos compatriotes qui ne t’ont rien fait à ‘se chercher’ dans des conditions de vie indicibles pendant que tu gères notre pays comme on le ferait d’une entreprise unipersonnelle, gaspillant sans pudeur nos rares ressources avec la passion d’un abonné de casino… Jusque dans mon milieu professionnel, qui était aussi le tien quand tu étais dans la force de l’âge, tu as érigé en règle la clochardisation des acteurs qui ne t’ont rien fait, magistrats, greffiers et avocats n’hésitant plus à se comporter en syndicalistes. Pas plus tard que lundi, la session historique de la Cour d’assises qui devait se tenir pour la première fois à Tambacounda, a dû être renvoyée faute de budget pour permettre aux avocats, incontournables acteurs de ce genre de juridiction criminelle, d’exercer leur mandat ! Depuis 1960, date de notre indépendance nominale, c’est la première fois que cela se produit, et sous ton magistère…
Que t’ont fait les Sénégalais, bon sang, pour mériter un tel mauvais traitement ? Ne serais-tu pas, au fond, de ces agents purificateurs de nations que la divinité envoie souvent auprès de certains peuples pour racheter leurs péchés ? Vu la magnifique façon dont tu es arrivé au pouvoir d’Etat et considérant le plaisir que tu prends à traumatiser ton bon peuple, cela ne me surprendrait qu’à moitié !
Je ne peux plus me taire, Maître !
Tu me connais suffisamment pour savoir que je méprise la peur. Ce qui m’a retenu, tout ce temps, c’était la crainte de décevoir certaines personnes qui me sont chères, au premier rang desquelles, notamment — tiens-toi bien — Laurent Gbagbo, cet homme si bon et qui te donne tant de complexes ! Il m’avait demandé, d’autres avec lui, de ne pas t’attaquer ! Sinon la peur ignore mon adresse ! Or, tu penses que ceux qui se taisent ont peur de toi. D’ailleurs, tu proclames urbi et orbi que tes opposants sont des froussards, que devant toi ‘c’est maïs’ ! Je ne sais pas pour les autres, mais moi tu ne m’inspires aucune crainte. Tu as le pouvoir et tout ce qui va avec, certes. Mais moi, le faible, j’ai Allah ! Donc je ne puis te craindre. Tu es président, certes, mais moi je t’ai connu avant que tu ne le sois, j’ai tout donné et son contraire pour que tu le sois, et donc on se connaît ! ‘Souris, même saoûlée, connaît carrefour des chats !’, comme disent mes amis ivoiriens !
J’avais décidé de mettre fin à notre aventure commune avant que tu ne sois président. Et, dans le cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je ne t’ai pas rejoint pour ‘manger’ avec toi quand tu es venu ‘aux affaires’ — ah, la belle expression ! On m’en a voulu de t’avoir quitté. On m’en a encore plus voulu de ne pas être revenu. On comprend aujourd’hui, enfin, pourquoi je ne répondais que par un sourire à tous ces reproches. J’ai su très tôt que le Temps est le deuxième nom de Dieu. Et qu’il se chargerait, ce Temps, de démontrer que le problème ne se situait pas chez la brebis égarée qu’il fallait ramener au troupeau, mais bien au niveau du berger…
Homme de principe dans l’acception la plus noble du terme, j’ai tenu à t’accompagner jusqu’au franchissement du gué, pour ne finalement te quitter qu’au moment où, opposant théoricien de l’entrisme et de l’’à-plat ventrisme’, tu es entré dans la proximité intime de Abdou Diouf, avec tout ce que cela suppose. Et je voudrais d’ailleurs te confirmer qu’à ce jour, et par la seule grâce de Allah, je suis resté le même, totalement détaché des choses qui font courir tous ces vaillants mercenaires de la vingt-cinquième heure agglutinés autour de toi pour sucer tes vieux os et qui t’ont perdu. Oui, je suis resté le même ! Serein et heureux, libre et indépendant ! Allah en soit remercié !
(A suivre) Me Cheikh Koureyssi BA lilafi19@yahoo.fr
MON REVE POUR LE SENEGAL
Ce titre vous rappelle celui de M l KING. Mais ce dont il s’agit ici n’a peut être rien à voir avec le rêve de Luther KING si ce n’est de voir enfin un Sénégal New look. C’est un film que je ne cesse de revoir.
Je vois et revois chaque soir et encore, le film du siècle projeté en avant première ce 23 puis ce 27 juin à l’occasion des manifestations contre le vote du mort-né et contre les coupures d’électricité. Ce film retrace les prémices du départ de Wade family du pouvoir et les conséquences qui en découlèrent.
Ce film qui tourne autour de trois parties, commence par :
1 - L’invalidation de la candidature de Wade qui provoque un tsunami politique dans les rangs du PDS, avec comme conséquences :
- Le sauve qui peut dans les rangs du PDS et de ses alliés qui se seraient laissés emportés en eaux troubles dans le navire des alter noceurs, dans ce cas:.
- La première alternative, choisir de rester dans le camps libéral en eaux troubles en attendant d’être jugé au tribunal de l’histoire sur les 11 ans d’alter noce, pour ceux-là qui avaient la malchance de gérer très mal les deniers publics.
- L’autre alternative, partir très tôt pour soutenir le ticket Idy-Aminata Tall et ou le ticket Macky-Gadio afin de rester toujours ancré dans une des crèches libérales.
2- L’arrivée d’un nouvel homme fort élu par un peuple exigeant des réformes en profondeur.
3- Enfin un Sénégal émergent.
Conscients que la candidature de A. Wade sera rejetée par le Conseil Constitutionnel, le PDS et ses alliés traditionnels du moyen certains parmi eux, refusent de croire à l’évidence. Parce que les plus hauts responsables en premier lieu, le secrétaire général du PDS refusent d’y croire car A Wade ayant plus d’un tour dans sa besace pour contourner le piège que lui-même, lors d’un référendum a posé à ses successeurs éventuels : la limitation à 2, du nombre de mandats présidentiels.
Parmi les motivations qui ont poussé le président à se rebiffer figurent, la nécessité et le devoir pour lui d’éviter à son fils un tribunal pour la gestion calamiteuse de certains dossiers.
Or arriva un soir de Décembre où le Conseil Constitutionnel par arrêté numéro 000x déclare irrecevable la candidature de A WADE.
L’opposition, la société civile et tous les hommes épris de démocratie jubilent et poussent enfin un grand ouf de soulagement. Idy-Aminata et Macky-Gadio se congratulent tout en disant tout bas Niaw !
Dans le camp libéral s’est la débandade totale d’aucuns se rappellent les déclarations de Sérigne Mbacké Ndiaye : « Si nous perdons les élections beaucoup parmi nous se retrouveront en prison ». Telle une parole d’évangile cette vérité bourdonne encore dans la tète des libéraux. Pour éviter pareille situation on solde les comptes et on cherche l’agneau du sacrifice ; A WADE n’est pas trop inquiété il reste malgré tout la seule constante et il est aussi président donc il détient un certain pouvoir.
Karim est pointé du doigt, les conseillers juridiques de WADE aussi le sont et dans la même foulée la volonté de dévolution dynastique est mise à nu. C’est le sauve qui peut. Les conspirations sont remises au goût des uns et des autres. Une porte de sortie honorable, c’est ce que les plus farouches défenseurs (Mohamed Samb, Massaly, Farba etc…) de Wade cherchent :
Ils jouent au plus malin pour se coller au peuple qui leur réserve la surprise.
Dioubo KA et A. AGNE comme à leurs habitudes « fu toy niou taxaw fa », dans une alliance avec leurs anciens camarades socialistes tentent de se rapprocher de Benoo, mais leurs velléités sont très vite freinées.
Iba Der, connu pour son anti Wadisme du temps des socialistes « abdou nou doy » ou « Cosapad », change de fusil et commence à canarder la Wade Family. Sa nouvelle trouvaille Benoo nou doye est vite réprimée par Dansokho et compagnie. En même temps il fait les yeux doux au peuple en réactivant le projet pour la réduction du prix du loyer, afin de bénéficier une grâce auprès du peuple est compris et sommé par le peuple d’arrêter.
De Croix regagne AJ-PADS version Landing pour se fondre dans Benoo mais c’était mal connaître Landing et compagnie qui le snobent.
Le tiket Idy-Aminata et Maky- Gadio se forment et se massifient avec les petits militants PDS qui regagnent in extrémiste une demeure libérale.
Et le peuple dans tout ça ! Lui, loin d’être bête comme le pensent certains hommes politiques réfléchit et dit tout bas : « laisse mouton pisser, Tabaski arrivera bientôt », « fi nioko môme ».
Arriva la Tabaski du peuple. Le 22 février 2012 l’agneau WADE et famille est sacrifié à l’autel. Wade en bon Ndiombor organisa des élections transparentes, félicita le vainqueur et tira sa révérence non sans essayer de trouver une porte de sortie honorable pour son fils de…
Enfin la dernière partie du film montre le quatrième président du Sénégal tout juste âgé d’une quarantaine d’années. Un président élu par un peuple exigeant, intelligent et qui dicte sa volonté (en attestent les événements du 23 et du 27 juin), au nouveau locataire de l’avenue Léopold S Senghor.
Le nouveau président par la volonté de son peuple entame des réformes en 7 actes.
Acte 1- Dissolution du Sénat (chambre d’enregistrement très coûteux), de l’assemblée nationale (chambre d’applaudissement), du CRAES, de l’APIX, et de toutes les agences budgétivores rattachées à la présidence de la République.
Réduire le nombre de députés à 40 et le nombre de ministres à 20.
Acte 2- Réforme en profondeur de la justice en supprimant le poste de ministre de la justice remplacé par un Chief of Justice, magistrat de surcroît élu par ses paires pour un mandat déterminé.
Acte 3- Par référendum, régler définitivement le problème de la limitation du mandat présidentiel par des termes juridiques assez simples et en même temps régler le problème de la succession dynastique.
Acte 4- Révision de certains procès Bara TALL – Etat du Sénégal par exemple.
Acte 5- Auto saisine du procureur de la nouvelle République de certaines affaires telles que les chantiers de l’Anoci, le Fesman, le mouvement de la renaissance, la gestion de la lonase, la senelec et le plan Takkal, (en se gardant toutefois une chasse à la sorcière) pour ne citer que ceux-là.
Acte 6- Le règlement du conflit Casamançais.
Acte 7- Résoudre les questions d’ordres sociales : cherté du coup de la vie, production suffisante de l’électricité et à moindre coût
Résoudre le problème de la spéculation foncière
Et sur une note plus gaie, le film se termine par un Sénégal émergent avec une justice à une seule vitesse, une séparation totale des pouvoirs, et la mise à disposition de la justice de tous ceux qui avaient pris part au festin de Ndoubélane.
Le Sénégal nouveau enfin renaît de ses cendres avec des citoyens de type nouveau et des hommes d’état Républicains.
Tel est le récit de ce film fiction-réalité du Sénégal de 2012.
Jean Collin Sambou
samboujeancollin@yahoo.fr