cinquantenaire de nos «Indépendances»
Frénésie autour de la célébration du cinquantenaire de nos «Indépendances»
Rien que des tripettes ! Rien que des nèfles ! Au sortir de la deuxième Guerre mondiale (fin 1945), la fièvre du nationalisme s’empara de l’Afrique, dont nombre de ses fils ont eu à participer à la délivrance de l’ancienne Métropole. Mais, c’est à partir de 1958-1960 que le vaste mouvement dit de décolonisation déferla sur le continent noir et, notamment, dans sa partie située au sud du Sahara. Quelques «petites» années après cette heure importante de l’horloge historique, l’hystérie née des Indépendances commence alors à s’estomper. L’Afrique, longtemps marquée par le destin (quatre siècles de commerce odieux de ses fils suivis d’un autre infâme système colonialiste) est elle condamnée à être au rabais, à être à la remorque du monde ?
Aujourd’hui, cinquante (50) ans après notre accession à la souveraineté internationale (souveraineté ?, on a raison de cligner des yeux !!!), le flambeau de l’espoir ne brille que d’une lumière plus que morne ! Ceux qu’on appelle les «Pères de nos Nations» ont été les premiers à comploter pour servir leur instinct funeste. Pourchassé du poulailler, le vautour blanc est revenu costumé du manteau de Mère-Poule pour nous piétiner encore. Il collabore avec ces manitous pour s’enrichir sur le dos des masses populaires. Il leur impose des idéologies qui peinent à nous refiler la clé pour le développement.
«L’Union fait la force» ; «l’Unité répond à la nécessité», nous savons bien les théoriser. L’Oua (Organisation pour l’unité africaine) créée aux larmes des Indépendances, aujourd’hui, suppléée par l’Ua (l’Union africaine) n’a rien servi à la cause du continent sinon, une simple agora d’un syndicat de chefs d’Etat pour perpétuer l’héritage du dirigisme dans la manière de conduire nos destinées. Les quelques bourgeons de démocratie qui s’apprêtaient à prendre racine suite à la pluie de la Baule se sont vite fanés. «Le Plan Omega» qui a accouché le Nepad a fini, lui, par «napadié» nos économies (rendre poussives). Sacrée Afrique !
«L’Afrique Noire est mal partie», je récuse cette vision de René Dumont car, ce coin du continent noir n’a franchi aucune marche de l’escalier qui mène au développement durable et viable. Il n’a jamais été donc sur la ligne de départ. Il est là à attendre, presque tout, de l’extérieur. Pourquoi donc cette frénésie autour de la célébration du cinquantenaire de nos Indépendances ? La situation qui prévaut aujourd’hui dans cette sous-région ne donne pas droit à cette prodigalité (1 milliard 500 millions de francs Cfa consacrés aux manifestations pour le seul cas du Sénégal). Dieu sait que dans la plupart de ces Etats le pouvoir est presque à bout du fusil, la crise économique a entraîné une paupérisation sans précédent des populations.
Cette célébration n’aura, ma foi, qu’un seul mérite : transformer ces «Respuliquettes sous perfusion» en des amas de riens, pour parler comme l’écrivain français Jean Cau.
Ibrahima NGOM Damel - Journaliste – Ecrivain