POPULAIRE
Le 3 juin 2007 : il s’agit de la souveraineté du peuple
La démocratie, parce qu’elle est participative, on la pense parfaite, parce qu’elle est populaire, on la pense juste. Alors que ses pères concepteurs, penseurs, Montesquieu en premier, sont d’accord pour dire que la démocratie est seulement le système politique le moins mauvais. Elle est invoquée à tout bout de champs, par tous ; l’opprimé bien sûr, mais aussi, le chômeur, le malade, la victime, le candidat battu, le candidat vainqueur, le candidat à la candidature non retenu, le pouvoir, l’opposition. Bref, chacun l’utilise ou s’en sert à sa guise comme argument face à une difficulté somme toute normale ou naturelle. Pour les vainqueurs, on met en exergue toutes les vertus, les principes de valeur, les tares de la démocratie, les bienfaits du système, du modèle de l’Etat démocratique. Pour les perdants, c’est toujours la démocratie : en ce qu’elle est mal appliquée, ineffective, biaisée, bafouée, foulée au pied ou tout simplement inexistante. Et pourtant c’est la même démocratie qui est appelée, positivement par une partie et négativement par l’autre partie. Dans ce débat de sourds, cette polémique, que dit le peuple ? Ce peuple qui devait être le seul dépositaire de la démocratie, à travers ses représentants, à travers les institutions de sa République. Ce peuple souverain, qui ne s’exprime qu’une fois tous les cinq ou sept ans. Ce peuple qui, le 25 février 2007, a usé de son droit, de ses prérogatives, de sa souveraineté, pour faire son choix sur la base d’une démocratie telle que comprise par Montesquieu.
Condorcet, député de l’Aisne, disait : «Le peuple m’a envoyé pour dire ce que je pense.» Exact, honorable député représentant du peuple, si tant est que vos pensées participent à l’épanouissement du peuple : épanouissement démocratique, économique, sociale et culturel. Mais pas rien que vos pensées et toutes vos pensées, surtout celles appelant, le défaitisme, le féodalisme, celles remettant en cause la souveraineté du peuple. Aucun responsable politique ne doit appeler, encore moins favoriser le déclin de la démocratie si imparfaite soit-elle. Et surtout des responsables et personnalités qui tirent leur légitimité, leur notoriété, leur daradja comme disait l’autre, de cette démocratie qu’ils traitent de tous les noms aujourd’hui. L’opposition sénégalaise, particulièrement la gauche caviar et bourgeoise, celle-là même qui, 40 années durant, s’est cachée sous le manteau de la démocratie, pour mettre le pays à genoux, elle n’a pas le droit de confisquer le droit civique des citoyens sénégalais. Ce droit n’appartient à aucun parti politique, aucune coalition, aucune association, aucune Ong, mais il appartient aux citoyens sénégalais individuellement. Appeler les citoyens sénégalais à un boycott actif ou passif, alors qu’il s’agit d’élire leurs représentants à l’Assemblée nationale, est véritablement une insulte faite à l’endroit du peuple souverain. Le développement de la démocratie, sa pérennité, n’est pas l’œuvre des partis politiques, même si, comme l’indique la Constitution, «les partis politiques concourent à l’expression du suffrage universel». C’est le peuple dans sa diversité qui est le principal artisan.
Le peuple sénégalais doit se poser cette question : pourquoi un candidat battu à l’élection présidentielle du 25 février 2007, deux mois après, appelle-t-il au boycott des législatives ? Si ce même candidat était élu Président alors, aurait-il appelé au boycott des législatives du 3 juin 2007 ? Pourquoi ils n’ont pas appelé au boycott de la présidentielle ? N’est-ce pas affirmer que «parler moi de moi y a que çà qui m’intéresse». Senghor réveille-toi, ils sont devenu fous. Vos disciples, battus à la dernière élection présidentielle, appellent le peuple à l’abandon pur et simple de son droit le plus absolu, celui de choisir ses représentants du peuple.
Peuple sénégalais, aucun parti politique, aucun homme politique ne vaut le sacrifice de ta souveraineté. La souveraineté ne se donne pas, elle ne se prête pas. On la confie à des représentants pour un temps déterminé et au terme de leur mandat, le peuple peut renouveler sa confiance aux mêmes représentants ou alors les bouter hors de la chambre des représentants. Aux Sénégalais de l’extérieur, n’oubliez pas que vous vous êtes battus pour obtenir ce droit si cher. Aussi s’abstenir le 3 juin 2007, lors des législatives, ce serait une erreur monumentale, car c’est remettre ce droit à son parti politique. C’est quelque part abandonner son peuple pour ne pas dire sa citoyenneté. Où que vous soyez, ne cédez pas aux caprices de partis politiques défaitistes, en définitive, indignes de la confiance du peuple. Usez de votre droit de vote en choisissant vos représentants parmi les nombreuses listes en compétition. Notre démocratie est en jeu, mais c’est surtout la souveraineté du peuple qu’il s’agit de réaffirmer avec vigueur.
Alioune Ndao FALL - Cis de France Chargé de la communication Pds de France