Et si l’éthique gouvernait nos actes…
Et si l’éthique gouvernait nos actes…
«L’éthique devrait être adoptée par notre pays comme la mesure de toute chose car, accompagnant le travail, elle est la condition sine qua non de la paix sociale, de l’harmonie nationale, de la solidarité et du développement», disait le président Kéba Mbaye dans la leçon inaugurale prononcée en 2005 à l’Ucad. Aujourd’hui, nombreux sont nos compatriotes qui soutiennent que la société sénégalaise est malade. Certains pensent que les calamités naturelles et les difficultés conjoncturelles auxquelles nous sommes souvent confrontés, émanent de nos comportements peu enviables. L’homme est-il un loup pour l’homme ? Il s’y ajoute que le Coran nous dit qu’un monde ne change que lorsque ceux qui l’habitent acceptent de le changer.
A l’échelle inférieure, je dirai que l’éthique devrait être adoptée par chaque entreprise pour l’éclosion des talents, l’apaisement du climat social et l’accroissement de la productivité, c'est-à-dire, la création de richesses. Aujourd’hui, plus que jamais, beaucoup d’entreprises font faillite à cause du manque d’éthique dans la gestion des ressources humaines et financières. Le clientélisme et le clanisme sont souvent érigés en mode de gestion.
D’ailleurs, je voudrais rappeler cette confidence d’un planton à la retraite qui m’a confié : «j’étais planton dans une entreprise de la place où j’ai travaillé avec 7 directeurs généraux pendant une trentaine d’années. Parmi eux, seul un directeur est sorti par la grande porte. La raison est simple : l’éthique gouvernait tous ses actes. Sa devise se résumait au triptyque : justice, équité et objectivité».
A son avis, le déficit d’éthique a fait qu’aujourd’hui, les valeurs positives sont laissées en rade au profit de la mesquinerie, la tromperie, la bassesse, le trafic d’influence, le mensonge…
Il poursuit qu’aussi nombreuses soient nos prières ou dévotions, si nos rapports avec nos semblables ne sont pas sains, le Seigneur nous accueillera avec Sa main gauche le jour de la résurrection. Que Dieu nous en préserve !
Je me rappelle avoir frémi avant de lui poser la question suivante : «que dois je faire pour avoir des rapports sains avec mes semblables». Il sourit et lance : «met en bandoulière l’éthique dans tout ce que tu entreprends dans la vie. Pour commencer, il ne faut jamais mentir et tâches d’être sincère avec toi même pour l’être avec les autres». Quelle belle leçon de morale ?
Il soutient que l’éthique est la mère de toutes les vertus : honnêteté, sincérité, tolérance, chasteté, générosité, tempérance, humilité, prudence, foi, courage, justice…
Car, l’éthique se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ceux qui les entourent. La finalité de l´éthique fait donc d’elle-même une activité pratique. Il ne s’agit pas d’acquérir un savoir pour lui-même, mais d'agir avec la conscience d’une action sociétale responsable.
Hélas ! De nos jours, l’appât du gain facile et la recherche de prestige ont déréglé tous les paramètres d’éthique. L’on croit plus au décret d’un homme qu’à celui de Dieu, maître de notre destin.
Par ailleurs, je rappelle encore cette assertion du juge Kéba Mbaye : «Il faut aujourd’hui, qu’à travers le diagramme de l’éthique, soit aussi examinés avec soin, non seulement les sciences et les technologies, mais également les pouvoirs étatiques : exécutif, législatif et judiciaire, l’éducation, la conduite de l’étudiant, le rôle de l’enseignant, la fonction d’administrateur, les activités économiques des secteurs primaire, secondaire et tertiaire, la politique en général, le combat pour le pouvoir, la gouvernance, les rapports entre les différents membres de la scène politique, les relations entre gouvernants et gouvernés, le comportement de ces derniers, la communication, la famille, le voisinage, le sport, la culture, les relations internationales, les rapports entre pays riches et pays pauvres et d’une façon générale, comme je le disais il y a quelques instants, l’ensemble des activités et du comportement des hommes pris individuellement ou collectivement, mais aussi des Etats, c’est à dire de leurs représentants».
Je considère que cette leçon inaugurale est le testament intellectuel du président Kéba Mbaye. Que Dieu ait pitié à son âme. Enfin pour conclure, je dirai tout simplement : et si l’éthique gouvernait nos actes…
Maké DANGNOKHO
Journaliste
Aux autorités religieuses, administratives, militaires et judiciaires du Sénégal ! (Par Mody Niang )
Le 4 octobre 2010, le domicile du journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly a été cambriolé. Son ordinateur portable, ses deux téléphones également portables et son véhicule 4x4 ont été volés. M. Coulibaly était en train de boucler le tapuscrit pour un nouveau livre, qui ne serait peut-être pas étranger au cambriolage. Le cambrioleur, son complice et son receleur ont été heureusement arrêtés et M. Coulibaly a retrouvé ses biens. Il dément cependant formellement la version de la Police. Il a donné d’ailleurs une conférence de presse et est revenu sur l’affaire qui suscite de nombreuses interrogations. On se rappelle également qu’il a été victime d’un cambriolage en 2005, au moment où il s’apprêtait à publier son livre « Affaire Me Seye : un meurtre sur commande ». Le texte s’était rapidement retrouvé dans le net. L’affaire n’a jamais été élucidée.
Le 5 octobre 2010, L’Alliance Jëf Jël a commémoré le 7e anniversaire de l’agression au marteau dont a été victime son président Talla Sylla. Cette affaire avait fait l’objet d’une enquête professionnelle et diligente, dit-on, de la part de la Gendarmerie, qui a déposé ses conclusions entre les mains de la Justice. De très proches du président de la République y seraient mis en cause. Ce dossier serait classé sans suite, selon de nombreux observateurs. S’il ne l’a pas été en tout cas, son traitement est particulièrement lent. La Justice s’est montrée beaucoup plus diligente avec cette autre affaire qui oppose Abdou Latif Coulibaly à Thierno Ousmane Sy, conseiller en Tic du président de la République et fils du Ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy. En quelques mois, cette affaire a été enrôlée et jugée. Le verdict est attendu le 16 novembre 2010.
Le procès en appel du pyromane Mamadou Lamine Massaly a eu lieu le 8 octobre 2010. L’homme, semi-alphabète, est présenté comme le leader des jeunesses dites wadistes. Á ce titre, il a été bombardé président du Conseil d’administration de la Société industrielle de réparations navales (Sirn). Le délinquant a été le commanditaire de l’incendie des bâches du Parti socialiste qui tenait un meeting sur la Promenade des Thiessois. Ayant échappé à la Cour d’Assises, il a été traduit devant le Tribunal correctionnel de Thiès. Condamné à une peine de deux ans dont six mois ferme, il a été extrait de prison après avoir interjeté appel. Le verdict est attendu le 22 octobre 2010.
L’ancien ministre Farba Senghor, commanditaire de l’agression barbare contre les journaux « L’AS » et « 24 heures Chrono » (le 17 août 2008) a été, lui, soustrait au tribunal correctionnel par le président de la République. On se rappelle que les agresseurs condamnés à une peine ferme de six mois, ont été rapidement graciés par le président de la République. Il s’était montré aussi généreux avec les ignobles assassins du juge Babacar Seye. Concernant « l’élément hors du commun », l’Assemblée nationale a été saisie pour le vote d’une résolution de mise en accusation. Deux ans après, les godillots de cette institution dévaluée font les morts sur le dossier alors que, en un temps record, ils ont voté l’inique Loi »Ezzan » et la résolution de mise en accusation de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, en dansant. Aujourd’hui, le délinquant, Ministre conseilleur auprès du président de la République et numéro deux de fait du Pds, vaque tranquillement à ses occupations politiciennes.
Le président de la République devient donc, de plus en plus, le refuge des délinquants. Il nomme, à ses côtes, des gens peu recommandables aux fonctions importantes de Ministres d’État, comme Awa Ndiaye, la spécialiste des surfacturations. Au lieu d’être le gardien de la Constitution, comme il a eu à le jurer devant le peuple sénégalais, il en est un véritable bourreau : il la viole allègrement et la tripatouille à tout bout de champ. Il est d’ailleurs en accord avec Me Madické Niang, alors Ministre de la Justice qui déclarait sans sourcilier, que « la Constitution est faite pour être tripatouillée ».
Depuis le 1er avril 2000, date de son installation officielle comme troisième président de la République du Sénégal, les scandales succèdent aux scandales, aussi graves les uns que les autres. Des scandales aussi graves et aussi réguliers que les Sénégalais ont malheureusement fini par s’en accommoder. Point n’est besoin de s’y attarder, ils sont sur la place publique ! Et pour graves et pour réguliers qu’ils soient, ils ne sont que la face visible de l’iceberg, les quelques rares arbres qui cachent la vaste forêt dense. En attendant l’audit administratif et financier de l’État libéral qui interviendra tôt ou tard, les forfaits connus et auxquels son nom est étroitement lié, le fragilisent et le rendent très vulnérable. Il fait publiquement l’objet de graves accusations auxquelles il oppose un silence imperturbable. Accusations d’assassinat, de détournements d’importants fonds comme les 7,5 milliards de Taïwan par exemple, d’alimentations de ses fonds spéciaux par des voies détournées, de bradage de nos maigres réserves foncières et de certaines de nos sociétés nationales (Sonacos, Ics), d’implication dans des protocoles nébuleux comme celui de Reubeuss ou de partage de butin dont nul, à part les protagonistes, ne connaît l’origine, de non respect de ses engagements les plus solennels, etc. Par rapport au moins grave de ces forfaits, les maigres emplois dits fictifs de la Mairie de Paris et l’Affaire du Watergate sont une peccadille.
Il n’y a donc aucun doute que, si le Sénégal était une véritable démocratie, avec une justice indépendante et des citoyens informés et conscients de leurs responsabilités, ce président très controversé serait dans le meilleur des cas destitué et, dans le pire, traduit devant la Haute Cour de Justice. L’homme n’a malheureusement cure de tout cela et décide de solliciter nos suffrages pour un troisième mandat, à l’âge de 88 ans1. Oui, l’homme aura 88 ans bien sonnés en février 2012. C’est lui-même qui en a fait la révélation à l’ancienne émission « Confidence autour d’un micro » de Radio Sénégal. L’information a été relayée par Nouvel Horizon n° 496 du 11 au 17 novembre 2005, page 8, dans sa rubrique « Quelques lignes ». Cette candidature à 88 an est curieuse – pour paraphraser l’autre – et inédite. Pour le professeur de psychologie Mamadou Mbodj, « c’est d’abord un défi à la raison et au bon sens, avant d’être un défi à la nature ».
Á la question de savoir ce qui différencie Mandela de Robert Mugabe, son collègue l’historien Mamadou Diouf répond :
« Mandela ne croit pas à l’homme providentiel, ni au héros historique malgré sa trajectoire. Il est par contre persuadé que l’homme et la femme sont le produit d’une histoire bornée par l’âge et les limites physiques et intellectuelles (c’est nous qui soulignons). C’est cela la sagesse de Mandela, une sagesse profondément africaine et assurément politique : il est parti du pouvoir parce la vie ne se réduit pas à l’exercice du pouvoir. Il est parti pour vivre l’autre versant de sa vie et il la vit bien et plus complètement encore que sa vie politique.2 »
Notre Mugabe national n’a malheureusement pas, lui non plus, la sagesse de Mandela. Il ne s’imagine plus une autre vie hors du pouvoir. Et il s’y accroche de toutes ses forces. Le bon sens et le contexte national commanderaient pourtant qu’il fît montre de plus de réalisme. Malgré les 800 milliards qu’elle a engloutis, la Senelec connaît des défaillances sans précédent. En particulier, elle est confrontée, avec la Société africaine de Raffinage (Sar), à un énorme problème de trésorerie. Ces deux sociétés jumelles sont devenues pratiquement insolvables et, partant, ont perdu la confiance des banques et des fournisseurs. En outre, en dépit d’apparences clinquantes, bavardes et trompeuses, les deux secteurs clés que sont l’éducation et la santé sont très mal en point. L’agriculture ne va guère mieux, marquée qu’elle est, malgré des hivernages pluvieux, par des campagnes agricoles et de commercialisation plombées par l’amateurisme, l’improvisation et la politique politicienne.
Donc, si on met sur les plateaux d’une balance d’un côté les graves scandales de sa gouvernance meurtrie, le contexte de pénuries et de vie chère et ses 88 ans et, de l’autre, ses fameuses réalisations, celles-ci ne pèsent pas lourd et l’homme n’a normalement aucune chance d’être réélu. Il le sait parfaitement, mais il lui faut coûte que coûte gagner l’élection de 2012. Dans cette perspective, il a commencé à mettre en place sa stratégie : accumulation d’une immense fortune, rappel au gouvernement de Cheikh Tidiane Sy comme Ministre d’État, Ministre de la Justice, rappel de Me Ousmane Ngom au Ministère de l’Intérieur, nomination de Cheikh Tidiane Diakhaté comme président du Conseil constitutionnel, rattachement de l’Énergie au déjà super ministère de son fils, qu’un journal de la place appelle « conseil des ministres ambulant », etc.
Les deux premiers n’inspirent aucune confiance. Je n’ai pas besoin de rentrer dans les détails : tout le monde sait pourquoi. Je me contenterai seulement de rappeler que l’un fut conseiller spécial du dictateur Mobutu pendant plusieurs années et que l’autre est un repenti qui veut se faire pardonner. Je ne connais pas, par contre, Cheikh Tidiane Diakhaté. Il y a cependant, le concernant, des antécédents qui ne rassurent guère, comme les dossiers des « Chantiers de Thiès », de Mbane, de Ndindi et de Ndoulo. Je ne m’arrêterai point sur « le conseil des ministres ambulant » : ses « prouesses » en matière de gestion sont suffisamment connues de tout le pays.
Bien avant les actes ci-dessus rappelés, Me Wade en a posé d’autres, très significatifs, comme le vote, par ses godillots de la Place Soweto, de deux lois modifiant la Constitution : la prolongation (à l’époque sans raison apparente) du quatrième mandat du président de la République de 5 à 7 ans, alors qu’il entamait à peine le troisième, et la création d’un poste de vice président toujours pas pourvu.
Tout est donc apparemment mis en place pour un hold-up électoral. Et c’est ici que je vous interpelle, messieurs les chefs religieux, mesdames, messieurs les gouverneurs, préfets et sous-préfets, messieurs les hauts gradés des Forces de Sécurité et hauts magistrats ! Ma qualité de citoyen soucieux du devenir de mon pays devrait me le permettre. L’histoire du Sénégal n’a pas commencé avec Me Wade. Ce n’est pas avec lui qu’elle finira. Senghor et Abdou Diouf ont fait leur temps et sont partis. Abdoulaye Wade devra lui aussi partir, dans tous les cas.
Sans doute, faites-vous incontestablement partie de ceux et de celles qui ont le plus bénéficié de son régime corrompu. Par respect pour vos personnes respectives, je ne rentrerai pas dans les détails, même si j’en connais beaucoup. C’est un secret de polichinelle qu’il a été particulièrement généreux avec vous, parfois en piétinant les lois et règlements en vigueur et au détriment des intérêts supérieurs de la Nation. Pourtant, vous n’êtes certainement pas les meilleurs des Sénégalais. Vous n’êtes surtout pas les plus démunis. Vous en êtes même très loin. Ce n’est donc certainement pas pour vos beaux yeux – excusez-moi pour cette expression – qu’il a fait montre à votre endroit d’autant de largesses. C’est peut-être pour vous le moment de renvoyer l’ascenseur, puisque c’est cela qu’il attend de vous.
Vous êtes, en effet, en mesure d’influencer le vote de vos compatriotes dans un sens ou dans un autre : les chefs religieux par la voie du ndigël (consigne de vote), même si celui-ci est de moins en moins suivi ; les autorités administratives par la nomination des présidents et des membres de bureaux de vote ou de commissions de distribution des cartes d’électeur ; les magistrats quand ils exploitent les résultats de l’élection ou sont saisis pour des recours. Même si elles n’influent pas directement dans le processus électoral, les Forces de sécurité pourraient être tentées, en cas hold-up électoral flagrant, de réprimer les manifestations des populations réclamant le respect de leurs suffrages.
Me Wade aime passionnément le pouvoir et n’est pas prêt à le lâcher. Il craint surtout de le quitter et de devoir rendre compte des forfaits de son immonde gouvernance. Toute sa préoccupation, c’est de gagner le scrutin de 2012, et il mettra tout en œuvre pour y arriver. L’opposition sera alors groggy et au bord de l’agonie. Le vieux président comblé, profitera de cette débandade pour nommer son fils vice président. Un ou deux ans après, il se retirera et le laissera achever le long mandat de sept ans. Il aura alors le temps et le loisir, tout en ayant les yeux rivés sur la gouvernance du pays, de faire tranquillement le tour du monde, au frais du contribuable.
Aucun Sénégalais, qui qu’il soit et quelles que soient ses fonctions, ne devrait avoir le droit, pour la sauvegarde de ses seules prébendes, d’aider notre vieux président à réaliser enfin son projet monarchique, scénario catastrophe pour notre pays. En 2012, nous aurons souffert le martyre pendant 12 ans d’infecte gouvernance libérale. Qui osera alors nous en rajouter, surtout par des voies détournées ?
MODY NIANG, e-mail : modyniang@arc.sn
Situation catastrophique du secteur de l'énergie électrique : le point de vue d'un consommateur.
La Senelec se trouve depuis plusieurs années, pour ne pas dire depuis toujours, dans l'incapacité de satisfaire la demande - en quantité et en qualité - de sa clientèle. Aussi invraisemblable que celui puisse paraître, au XXI siècle, une société de production est incapable de produire. Au moment où toutes les entreprises se battent pour trouver d'autres marchés afin d'assurer leur survie, la Senelec semble s'être fâchée avec le marché. Mais comment en est on arrivé là ? Le secteur de l'énergie connaît deux problèmes structurels : la non compétitivité des prix (prix excessivement cher), et l'insuffisance de l'offre. Ces deux problèmes s'expliquent essentiellement par la non maîtrise des facteurs de production. Facteurs de production entendus au sens large. En effet, il s'agit de la non maîtrise de la chaîne d'approvisionnement en matière première (avec comme conséquence des surcoûts et des ruptures de stocks), la non maîtrise des outils de production (absence de plan d'investissement, déficit de maintenance et d'entretien), la non maîtrise de la chaîne de management (management des ressources humaines : népotisme, personnel pléthorique, absentéisme, absence de politique de motivation... ; du cycle d'exploitation : absence de planification, absence de mécanisme efficace de gestion de la trésorerie, gabegie, malversation....). Bref, il s'agit là des traditionnels maux du secteur public. Face à ses nombreux problèmes, les autorités publiques agissent souvent, non pas en médecin, mais en sapeurs pompiers. Elles n'ont presque jamais le temps pour faire un diagnostic complet et ce sont toujours des mesures d'urgence qui sont préconisées. Toutefois, en 1998 le régime socialiste avait engagé une réforme en profondeur du secteur de l'énergie. La maîtrise de l'approvisionnement en électricité en quantité est en qualité demeurait le principal objectif de cette réforme. Et les socialistes avaient changé de paradigme en préconisant le moins-Etat (concept cher au Président Diouf) avec un renforcement du secteur privé. Ainsi, la Senelec a été privatisée, et des unités de production indépendantes commençaient à voir le jour (ex. GTI). En fait, dans l'esprit des socialistes, il fallait rompre avec la situation de monopole et créer une situation de concurrence. Faire confiance au marché. Et pour réguler le marché de l'énergie électrique, ils avaient institué une commission de régulation du secteur (CRSE), qui avait pour principaux objectifs : la promotion du développement rationnel de l'offre d'électricité, la mise en place des conditions d'équilibre économique et financier du secteur, la promotion de la concurrence mais aussi la préservation des intérêts des consommateurs. Et pour le monde rural, qui, certainement, n'a aucune chance d'intéresser le privé, l'Etat avait mis en place l'ASER (l'agence sénégalaise d'électrification rurale). Mais en 2000, les nouvelles autorités, sans remettre fondamentalement en cause la réforme initiée par les socialistes, avaient émis des objections sur l'un des points de la réforme, à savoir non pas la privatisation de la Senelec, mais la manière par laquelle celle-ci a été privatisée. Selon elles, le repreneur n'était pas en mesure de réaliser les investissements pouvant permettre un approvisionnement correct en électricité du pays. Ainsi, les lois n'ont pas été modifiées, les autres institutions et instruments (commission de régularisation du secteur de l'électricité, ASER) qui ont été mis en place n'ont pas été touchés. Et après l'échec en 2001 de la tentative de (re)privatisation de la Senelec, les autorités semblent davantage travailler sur la réforme de cette entreprise que sur celle du secteur. C'est ainsi qu'elles nous avaient annoncé un programme d'investissement 2003/2013, avec un volet urgence 2003/2008 et un programme à moyen et long terme 2003/2013. Et en 2008, la filialisation de la Senelec a été annoncée. Il s'agirait de la mise en place d'une holding qui regrouperait trois grandes entreprises qui s'occuperaient de la production, du transport et de la distribution. Le capital de ces entreprises devrait être ouvert aux consommateurs, aux travailleurs et au secteur privé national et étranger. Avec cette nouvelle réforme, les autorités semblent rompre avec l'esprit de celle de 1998, qui faisait trop confiance au marché (moins d'Etat, mieux l'Etat). En effet, après la faillite en 2001 du n°1 mondial du courtage en énergie Enron; les évènements du 11 septembre 2001 et la récente crise financière mondiale, aucun Etat ne semble plus accorder une confiance absolue au marché. L'interventionnisme est de plus en plus (re)théorisé. Au delà de son devoir de règlementer la vie économique, l'Etat devra rester un agent économique. Ainsi, nous ne pouvons que saluer le choix consistant à la renonciation de la privatisation de la Senelec. Mais l'Etat est-il en mesure de remettre sur les rails cette société qu'il a lui-même mise à genoux? Nous comptons apporter notre modeste contribution pour le redressement de cette société en proposant quelques pistes de sortie de crise. Analysant la situation de la Senelec, trois constats amères s'imposent : (i) l'incapacité de la société d'avoir un taux de rendement de 90% au moins. En effet, en 2009 la société n'avait pu vendre que 79% de sa production (donc de l'énergie produite mais perdue pour cause de fraude, perte technique....) contre 77% en 2008, soit un manque à gagner de plus 46 milliards sur la période 2005/2009 (cf. document de la CRSE "Révision des conditions tarifaires de la SENELEC Période tarifaire 2010-2014"). (ii) Il faut aussi noter l'incapacité de la Senelec à utiliser plus de 90% de sa capacité de production (problème d'approvisionnement, panne des centrales...). En 2009, elle n'avait pu utiliser que 69% de sa capacité. (iii) Enfin, l'incapacité de la Senelec à porter l'offre d'électricité au même niveau que la demande. L'urgence, c'est de faire de sorte que la Senelec puisse utiliser au moins les 95% de ses capacités de production et de vendre les 99% de sa production. Et mettre en place à moyen et long terme (25 ans) un plan d'investissement pouvant prendre en charge la différence entre la demande et l'offre d'électricité. Mais comment atteindre tous ces objectifs. Nous pensons qu'il faudra d'abord renoncer à la filialisation de la société. En effet, nous pensons que la Senelec devra se libérer totalement de la production en vendant ses centrales. Elle devra donc se concentrer sur le transport. Ainsi, l'Etat ouvrira le marché de la distribution et celui de la production aux privés nationaux et étrangers. Des contrats de concessions de service public seront signés avec un nombre important de concessionnaires pour la distribution de même que pour la production. Ainsi, les ménages et autres industriels feront leur demande de branchement auprès des concessionnaires. Ces derniers signeront à la fois des contrats avec la Senelec pour le transport, et les producteurs pour la fourniture. Certaines agences de la Senelec seront cédées aux distributeurs. Et la Senelec n'aura plus pour mission que l'extension de son réseau de transport et la maintenance de celui-ci. L'avantage d'une telle réforme, c'est que la Senelec se retrouvera entre deux privés. En effet, les producteurs se battront pour utiliser les 100% de leur capacité et les distributeurs veilleront à ce que l'énergie achetée puisse parvenir à leurs clients. Mais comment réguler un tel marché? Il faudra nécessairement renforcer les compétences de la commission de régularisation du secteur de l'électricité (CRSE) et la doter d'une grande direction de "Recherche et Développement". La passe d'armes récente entre la SAR et Itoc qui a entrainé une rupture des stocks de gaz, montre si besoin en était, que certains marchés ont besoin de puisant régulateur. En fait, la CRSE devra définir des prix plafonds et des prix plancher pour l'achat en gros de l’énergie électrique et sa revente au détail. La Senelec appliquera un tarif unique pour chaque type de transport. Et les parts de marché de chaque distributeur et de chaque producteur seront limitées respectivement à 15% du marché global de la distribution et 25% de celui de la production. Il faudra mettre en place des mécanismes pouvant éviter toute possibilité de concentration ou d'entente illicite. Bien évidement l'Etat devrait pouvoir se substituer à tous producteurs et/ou distributeurs défaillants et à leurs dépends. Cette nouvelle stratégie devrait pouvoir permettre à l'Etat de trouver des solutions aux deux problèmes structurels du secteur de l'électricité à savoir la non compétitivité des prix et l'insuffisance de l'offre. Sadikh DIOP
APPEL DES SÉNÉGALAIS DE LA DIASPORA : POUR L’APPLICATION DES CONCLUSIONS DES ASSISES NATIONALES
Considérant, que la gouvernance au Sénégal est caractérisée depuis l’indépendance par un dévoiement des institutions de la République. Le phénomène est cependant bien plus marqué depuis l’alternance de 2000 avec une manipulation répétée de la constitution, un déséquilibre des pouvoirs, au profit exclusif du Président de la République, qui s’est traduit par le non respect de l’Etat de droit, fondement de notre République.
Considérant, que l’accentuation de la crise multidimensionnelle, qui affecte toutes les couches de la population, est marquée par la régression de l’éthique, la corruption, la concussion, le recul de la démocratie, la violation des droits de l’homme, et des libertés individuelles, l’aggravation de la paupérisation des populations les plus vulnérables, la non prise en charge de la demande sociale et les dérives monarchiques, etc.
Considérant le risque réel de démobilisation des citoyens face à la non résolution dans les meilleurs délais de la question de la candidature unique ou candidature de l’unité, comme ce fut le cas en 2007, et en l'absence de signaux clairs pour une unité autour d'une équipe de transition.
Considérant, que l’organisation des Assises Nationales a été un moment historique pour susciter la volonté de changement des populations en vue de faire renaître l’espoir pour l’édification d’un Sénégal meilleur. Et les résultats de ses travaux à travers la Charte de gouvernance démocratique, constituent le projet de société le plus élaboré, depuis que le Sénégal est indépendant. Il s’agit d’une élaboration conceptuelle, une démarche pragmatique, telle, qu’aucune structure politique ou sociale, dans le contexte actuel, ne pourrait faire une offre supérieure en termes de réflexion.
Considérant, que la victoire de l’opposition réunie au sein de Bennoo Siggil Senegaal aux élections locales de mars 2009, qui doit beaucoup à la dynamique des Assises, a suscité un immense espoir dans les populations qui ont plébiscité l’UNITE au détriment des divisions.
Considérant, que l’application des conclusions des Assises Nationales ne pourra se faire qu’avec un changement politique réel.
Nous Sénégalais et Sénégalaises de la Diaspora,
> Appelons les dirigeants politiques réunis au sein de Bennoo Siggil Senegaal à faire preuve de dépassement, à mesurer la portée des actes qu’ils vont poser lors du séminaire de Bennoo prévu fin octobre 2010, et à ne pas remettre à plus tard les décisions importantes car cela remet en cause les enjeux des prochaines échéances électorales. Les expériences du Cadre Permanent de Concertation (CPC) en 2007, doivent être présentes dans toutes les mémoires.
> Appelons les parties prenantes des Assises Nationales (partis politiques, société civile, syndicats, organisations professionnelles, associations culturelles ou confessionnelles, patriotes etc.) et tous les signataires de la Charte de gouvernance démocratique à se mobiliser pour l’avènement d’une transition politique d’une durée limitée à 3 ans, avec un calendrier programmatique, pour :
- Refonder les institutions de la République sur la base des dispositions de la Charte de gouvernance démocratique, et conformément aux conclusions des Assises Nationales,- Auditer et assainir les finances publiques et saisir la justice sur les résultats des audits,- Mettre en œuvre un programme économique et social prioritaire centré sur les urgences des populations et du pays, - Préparer et organiser, à l’issue de la transition, des élections libres, transparentes et démocratiques avec un fichier électoral fiable et un code électoral consensuel.
> Appelons à la mise en place d’une équipe d’hommes et de femmes vertueux dirigés par un meneur d’équipe consensuel pour conduire cette transition sur la base d’un Pacte et d’un code de bonne conduite entre les partis politiques qui y sont favorables, les parties prenantes des Assises Nationales, les mouvements citoyens et l’ensemble des signataires de la Charte de gouvernance démocratique.
> Appelons les partis politiques de l’opposition à s’impliquer immédiatement dans toutes les étapes du processus électoral et à mettre en place un large front anti-fraude électorale pour sécuriser le vote des sénégalais et assurer la transparence des prochaines élections.
> Appelons l’ensemble des forces du changement à l’impérative nécessité à s’unir et à mobiliser les populations derrière cette équipe de transition pour mener la campagne électorale et mettre fin au régime en place.
> Appelons, à défaut d'une candidature unique de Bennoo, à une candidature de l'unité regroupant toutes les forces politiques, sociales, citoyennes favorables à une transition politique pour l'application des conclusions des Assises Nationales et de la Charte de gouvernance démocratique.
> Appelons au maintien du vote des Sénégalais de la diaspora et une meilleure organisation des procédures d'inscription à l'étranger pour permettre à nos compatriotes de s'acquitter de leur devoir citoyen.
> Appelons toutes les parties prenantes à diffuser auprès de toutes les couches de la population les conclusions des Assises Nationales qui forment le premier projet de développement véritable, librement conçu par les Sénégalais eux-mêmes.
> Appelons les Sénégalais de la diaspora et ceux de l’intérieur, ayant participé ou non aux Assises, à soutenir ce présent appel et à se mobiliser pour l’application des conclusions des Assises Nationales et de la Charte de gouvernance démocratique, fruit d’un consensus national.
Paris, Toronto le 7 Octobre 2010.
Signataires :
Le Comité de Suivi / FRANCE des Assises Nationales du Sénégal (ans.comitefrance@yahoo.fr)
Le Comité de Suivi / CANADA des Assises Nationales du Sénégal (ans.comitecanada@gmail.com)
Les enfants aussi ont des droits
Quel que soit son âge, son origine sociale, sa couleur de peau, ses croyances, son appartenance religieuse, son état de fortune, son sexe, sa nationalité…, l’être humain a, en vertu de cette seule qualité d’être humain, des droits appelés ‘droits de la personne humaine’ ou ‘droits de l’homme’. Ces droits partagent les caractéristiques suivantes :
* Inaliénabilité (ils ne peuvent être ni vendus, ni donnés, ni échangés),
* Indivisibilité (ils ne sont pas négociables, on ne peut pas respecter ceux qui nous plaisent et rejeter ceux qui nous déplaisent, heurtent notre sensibilité ou nos croyances),
* Imprescriptibilité et Universalité (ils existent par-delà l’espace et le temps, on ne peut ni les perdre, ni y renoncer en quelque lieu ou à quelque époque que l’on soit, ils sont attachés à la personne comme la peau et les os).
L’enfant est une personne et, pour cette seule raison, il a droit à la reconnaissance et à la protection de ses droits d’être humain. Face à un droit humain, l’Etat de droit démocratique a une triple obligation de protection, de promotion et de réalisation.
L’Etat du Sénégal a signé, ratifié et intégré au corpus même de sa Constitution la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe) dont le préambule déplore la situation suivante : ‘Notant avec inquiétude que la situation de nombreux enfants africains due aux seuls facteurs socio-économiques, culturels, traditionnels, de catastrophes naturelles, de poids démographiques, de conflits armés, ainsi qu'aux circonstances de développement, d'exploitation, de la faim, de handicaps, reste critique et que l'enfant, en raison de son immaturité physique et mentale, a besoin d'une protection et de soins spéciaux.’
L’article 3 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, intitulé Non-discrimination, apporte la précision suivante : ‘Tout enfant a droit de jouir de tous les droits et libertés reconnus et garantis par la présente Charte, sans distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'appartenance politique ou autre opinion, d'origine nationale et sociale, de fortune, de naissance ou autre statut, et sans distinction du même ordre pour ses parents ou son tuteur légal.’ En conséquence, les Etats parties à la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant ont pris l’engagement selon lequel : ‘Toute coutume, tradition, pratique culturelle ou religieuse incompatible avec les droits, devoirs et obligations énoncés dans la présente charte doit être découragée dans la mesure de cette incompatibilité’ (article 1er §3 Cadbe).
L’article 21 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, intitulé Protection contre les pratiques négatives sociales et culturelles, énonce très clairement l’engagement pris par le Sénégal : ‘1. Les Etats parties à la présente Charte prennent toutes les mesures appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques négatives, culturelles et sociales qui sont au détriment du Bien-être, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l’enfant, en particulier : a) les coutumes et pratiques préjudiciables à la santé, voire à la vie de l’enfant.’ L’article 29, intitulé Vente, traite, enlèvement et mendicité, pose explicitement la règle suivante : ‘Les Etats parties à la présente Charte prennent les mesures appropriées pour empêcher : a) l'enlèvement, la vente ou le trafic d'enfants à quelque fin que ce soit ou sous toute forme que ce soit, par toute personne que ce soit, y compris leurs parents ou leur tuteur légal ; b) l'utilisation des enfants dans la mendicité.’
Dans un contexte où l’Islam est parfois invoqué pour légitimer le fait d’apprendre aux enfants à mendier et de les mettre à la rue dans ce but, il est utile de rappeler les dispositions de l’article 19 de la Déclaration islamique universelle des droits de l’homme de 1981 selon lesquelles : ‘Tout enfant a le droit d’être entretenu et correctement élevé par ses parents, et il est interdit de faire travailler les jeunes enfants et de leur imposer aucune charge qui s’opposerait ou nuirait à leur développement.’
C’est donc conformément à sa Constitution et à ses engagements régionaux et internationaux que l’Etat du Sénégal se doit d’appliquer la disposition suivante de l’article 3 de la loi de 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et à la protection des victimes (loi n°02/2005, adoptée par l’Assemblée nationale le 29 avril 2005, Jors du 30 mai 2005 p. 225 ; Chapitre I : De la traite des personnes et de l’exploitation de la mendicité d’autrui ; Section II : De l’exploitation de la mendicité d’autrui) : ‘Quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit, embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue à le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500 000 francs à 2 000 000 francs.
Il ne sera pas sursis à l’exécution de la peine lorsque le délit est commis à l’égard d’un mineur, d’une personne particulièrement vulnérable en raison de son âge ou de son état de santé ayant entraîné une déficience physique ou psychique, de plusieurs personnes, recours ou d’emploi de contrainte, de violence ou manœuvres dolosives sur la personne se livrant à la mendicité.’
Nota Bene : L’article commence par le terme général et impersonnel ‘Quiconque’, cela sert à mettre en avant le fait que la loi s’applique à tous sans discrimination ni exception aucune, qu’elle tienne au statut social, à l’appartenance ethnique, à la profession, à la confession religieuse, etc. Tous les citoyens sont égaux devant la loi et l’interdiction qu’elle pose.
La multiplication des conventions régionales, continentales et internationales, combinée à la réalité de la globalisation, fait que plus aucun Etat de la planète ne peut se permettre de vivre en autarcie sur quelque plan que ce soit. Un Etat n’est plus libre d’ignorer, sans être inquiété ni rappelé à l’ordre, les droits humains de sa propre population. La société civile, interne et internationale, organisée en associations nationales et transfrontières, a arraché de haute lutte des concessions sous forme de traités, chartes et conventions qu’elle n’est pas prête à laisser les Etats ignorer une fois qu’ils les ont signés et ratifiés.
En tant qu’invitée du Département d’Etat américain, dans le cadre du International Visitors leadership Program, j ai eu la grande chance de rencontrer, en compagnie de onze autres activistes africaines, le lundi 21 septembre 2009, la juge à la Cour suprême du Nevada, Justice Nancy Saitta.
Justice Saitta est la 3e juge de sexe féminin à servir à la Cour suprême de l’Etat du Nevada. Elle s’est présentée à nous de la manière suivante (ma traduction) : ‘J’ai fait carrière en étant une activiste connue pour défendre les droits des enfants. J’ai fait ce choix, car les enfants n’ont pas de voix dans le sens où elle n’est pas entendue par ceux qui font/appliquent les lois (…) Les enfants n’ont pas de voix, nous devons donc chacun-e de nous, partout où nous sommes et à tout instant, être leur voix.’
A la question de savoir comment efficacement protéger les droits des enfants, Justice Saitta a donné la réponse suivante :
* La branche législative et la branche exécutive doivent créer un bureau ou un organe qui ne s’occupe que de l’Enfant.
* Il ne faut pas prendre une approche conciliante (soft approach) en matière de droit des enfants.
* Et surtout il faut continuer à éduquer, à former, à infatigablement faire passer son message.
Finalement, elle nous a renforcées dans notre conviction que nous devons tous et toutes être partout et à tout moment les ambassadeur-e-s courageuses/eux et déterminé-e-s de la cause des enfants.
Dakar le 8 octobre 2010
Fatou Kiné CAMARA Docteure d’Etat en Droit Chargée d’enseignement Faculté des Sciences Juridiques et Politiques Université Cheikh Anta Diop de Dakar
INONDATIONS À DAKAR : PARER AU DRAME HUMAIN QUI SE PROFILE EN 2011.
Le Secrétariat du PIT a été scandalisé d’entendre Me Ousmane NGOM, Ministre de l’Intérieur, véritable Ministre de la Fraude électorale , prétendre que le Gouvernement vient de « prendre de nouvelles mesures pour régler, définitivement, la question des inondations », en n’ évoquant à l’appui que « l’intégration, dans le DSRP, du Programme de Prévention et de Gestion des Risques et Catastrophes Naturelles , dont le « Plan des Contingences » s’occupe des questions d’inondations avec le « Plan ORSEC ».
Ce que ce Ministre de la fraude électorale appelle « nouvelles mesures », a été, en réalité, décidé depuis 2006 dans le cadre du DSRP II !
Or, la mise en œuvre de ce « Programme » de 2006 à 2010 n’a pas été en mesure de prendre à bras le corps le problème des inondations dans la banlieue de Dakar, et, à plus forte raison, dans les autres régions du pays.
Certes le Ministre de la fraude électorale a été plutôt soucieux, de 2006 à 2007, de mettre en place un système de hold up électoral en faveur de Wade pour 2007, pendant que son compère de l’Urbanisme exécutait le fameux « Plan Jaxaay », avec 52 milliards, pour prétendument« sortir définitivement, les populations de la banlieue de Dakar des eaux ».
Tous s’en rappellent, Wade a usé de stratagèmes pour inverser le calendrier républicain, reporter les Législatives et créer les conditions de son pseudo plébiscite en Février 2007, tout en laissant les populations continuer à végéter dans les zones inondées, bien qu’il ait englouti 67 milliards dans le « Plan Jaxaay », à la place des 52 milliards prévus !
Du reste, c’est l’actuel Ministre de la fraude électorale, de retour au Ministère de l’Intérieur, qui reconnut l’échec du « Plan Jaxaay », en avouant, ingénument, qu’en « 2009 les inondations avaient causé plus de 44 milliards de dégâts ».
C’est donc de façon tout à fait légitime qu’il est possible de s’interroger sur l’ampleur des dégâts en 2010, puisque les inondations de cette année tiennent la dragée haute à celles de 2009.
A la vérité, si l’on prend en compte les 67 milliards que Wade a utilisés, au lieu des 52 milliards prévus pour le « Plan Jaxaay », les 60 milliards qu’il a dépensés pour édifier un monument de la honte pour immortaliser son nom, monument abusivement dit de la « Renaissance africaine » , les 10 milliards qu’il veut utiliser pour acheter un terrain à New York pour le prestige de sa Diplomatie, et les 18 milliards qu’il a prévus pour organiser, en Décembre 2010, le FESMAN à Dakar, alors que des populations de la banlieue sont toujours englouties dans les zones inondées, l’on doit se rendre compte, que la gestion des inondations pour sortir les populations hors de l’eau, est bien le cadet des soucis de Wade.
Abdoulaye Wade privilégie les dépenses de construction de son système de fraude électorale pour son maintien au pouvoir, ses voyages coûteux à l’étranger en quête de « médailles et de diplômes honorifiques », les dépenses somptuaires dans le pays à sa gloire personnelle. Autrement dit, Wade fait montre du mépris le plus grand à l’endroit de son peuple. N’est-ce pas pour la pérennité de son « règne » et son prestige personnel, qu’il n’hésite pas à fragiliser les exécutifs locaux entre les mains de l’opposition, en leur refusant les moyens d’agir en dépit du fait que ces moyens sont pourtant prévus depuis 2006 dans le « Programme de Prévention et de Gestion des risques et Catastrophes naturelles » du DSRP II ? Wade ne cherche t’il pas, toute honte bue, à les rendre responsables, aux yeux des populations, de la situation de détresse causée par les inondations, dans le but évident de créer les conditions de la dissolution de ces exécutifs, pour récupérer ces collectivités locales par le biais de « Délégations spéciales » ?
Le Président de la République est donc objectivement coupable de « crime de non assistance à personnes en danger » et sa culpabilité est d’autant plus grande qu’il use d’artifice et de subterfuge pour arracher au Peuple ce que celui-ci lui a refusé, en sanctionnant, en2009 ,son Parti et ses soutiens. En clair, la lutte contre les inondations est non seulement hypothéquée par le mépris de Wade vis-à-vis des populations, mais aussi, par ses tentatives de bloquer le travail des exécutifs locaux de Benno, dans une stratégie générale de hold up électoral, dont l’un des exécutants zélés est, assurément, son Ministre de la fraude électorale.
C’est pour cette raison, encore une fois, que devant l’ampleur du drame des populations, il s’empresse de contourner les exécutifs locaux, en proposant directement aux sinistrés, de les reloger provisoirement sous des tentes. Et devant leur refus catégorique de revivre le syndrome des tentes de 2005/2006, il ne trouve rien de mieux que de leur promettre 600 maisons préfabriquées en urgence, pour organiser leur déplacement ultérieur dans des sites aménagés à la va vite.
Or, en dépit de l’existence du « Programme de Prévention et de Gestion des Risques et Catastrophes naturelles », avec des moyens appropriés depuis 2006, sur ces 600 maisons préfabriquées d’urgence, les populations, des mois après le délai retenu par l’Etat à cet effet, n’en ont compté que 10, qu’elles ont par ailleurs qualifiées d’invivables.
Ces populations ont ainsi compris que Wade n’a aucune volonté politique, malgré les moyens qui existent, de les sortir de l’eau, et que, ce qui l’intéresse, ce sont des manœuvres politiciennes pour mettre la main sur les terres libérées par les populations sinistrées, et sur les collectivités locales qu’il a perdues le 29 Mars 2009.
Au total la politique de Wade en direction des inondations a fait qu’aujourd’hui, dans la région de Dakar, la nappe phréatique s’est relevée jusqu’à faire jonction avec les eaux de ruissellement des pluies. De sorte que, si rien n’est entrepris pour la rabaisser afin de la déconnecter des ces eaux de ruissellement, l’hivernage, en 2011, va, immanquablement, occasionner un drame humain jamais connu de mémoire de Sénégalais, mais qui pourrait servir de motif à Wade, comme en 2005, pour reporter les Présidentielles de 2012 à 2014, donnant ainsi corps à l’un de ses rêves les plus profonds.
Il est donc impératif, de rassembler les élus de Benno, pour qu’ils mobilisent les populations concernées, afin de mettre un terme à cette politique machiavélique de Wade, et ceci avant qu’il ne soit trop tard. Il faut les rassembler au tour d’un « Programme Spécial d’Urgence », axé sur l’abaissement de la nappe phréatique, pour assécher le sol, en vue de la mise en œuvre d’un grand programme de restructuration et d’aménagement fonciers, seul capable de mettre les populations, qui restent sur place, hors de l’eau de façon définitive.
Pour le Secrétariat du P.I.T c’est le seul moyen pour mettre, définitivement, en échec la stratégie actuelle de gestion des inondations de Wade, qui, au-delà de ses préoccupations électoralistes, a pour finalité véritable de faire déguerpir les populations, pour livrer les terres, ainsi libérées, à la disposition de spéculateurs fonciers et immobiliers, à qui il ne reste que cette partie du littoral à envahir.
C’est donc du niveau de mobilisation des Exécutifs locaux, des Partis de Benno, et des Mouvements citoyens, et de leur degré de détermination, que dépendent les conditions politiques de la réalisation d’un véritable « Programme Spécial d’Urgence », réellement orienté vers la prise en charge des intérêts populaires.
Pour sa part, le PIT, tout en adhérant à un tel programme, rappelle que chaque jour que Wade reste au pouvoir éloigne le Sénégal de la solution des problèmes des populations dans la paix civile et la stabilité. Son départ, le plus tôt possible, pour ouvrir une « transition constitutionnelle » se révèle, chaque jour un peu plus, de l’ordre d’un impératif de survie pour notre Nation.
Et ceci d’autant plus qu’il est clair dans la tête des Sénégalais, depuis la récente déclaration de Wade à New York, que ce dernier ira jusqu’au parjure, pour se donner les moyens institutionnels soit de mettre en œuvre son projet de « coup de force » pour imposer sa candidature en 2012, soit de se servir du drame humain prévisible de l’hivernage 2011, et prolonger son mandat jusqu’en 2014.
Dans les deux cas, les Sénégalais font face à un véritable projet de Coup d’Etat, qui interpelle les Républicains et Démocrates, et tous ceux qui sont soucieux d’abréger les souffrances de notre peuple. Aussi pour sauver la République, la Démocratie, les populations de cette tragédie qui se profile à l’horizon, pour préserver la paix civile et la stabilité dans notre Nation et dans la sous région, tous doivent se mobiliser pour le départ immédiat de Wade la tête du pays
PIT SENEGAL