L'Alternance:mauvaise aventure
Objet : VIE CHERE ET SENELEC
CAMPAGNE POUR LE RETOUR A L 'ANCIENNE TARIFICATION DU COURANT
Où va le Sénégal?
Les Sénégalais, sous perfusion, n'en peuvent plus!
La suppression de la subvention du gaz butane va nous achever inéluctablement!
NON AU REVERSEMENT DE NOS MAIGRES SALAIRES ET NOS TRES MINCES PENSIONS DE RETRAITE A LA MORIBONDE SENELEC !
NE RENDANT AUCUN SERVICE AU PEUPLE, LE SENAT DOIT SUPPRIME ET SON BUDGET UTILISE POUR LE REGLEMENT DEFINITIF DU PROBLEME !
Bonne & heureuse année 2009
L’OFFICE :
L’heure est grave !
Jour J-5 pour assister à une baisse des denrées de première nécessité, promesse faite par Wade, lors de son message à la nation du 31 décembre dernier. En tout cas, si à cette date du fameux 10 janvier, les prix de ces denrées ne sont pas baissés, la crédibilité de Wade en prendrait un sacré coup. Certes, il a promis énormément de choses, qui se sont retrouvés dans les poubelles l’histoire, mais cette fois-ci, comme disent les étudiants, l’heure est grave…
( Mor Todjangué )
Discours à la Nation du chef de l’Etat « Mauvaise foi ! Mauvaise foi ! Mauvaise foi ! »
Article Par Serigne Mbaye THIAM, Secrétaire national aux élections ,
Paru le Lundi 5 Jan 2009
Tel est le triptyque que Monsieur Babacar Gaye, Directeur de cabinet politique (Dircab) du Président de la République et Porte-parole du Parti démocratique sénégalais, a servi à Monsieur Serigne Mbaye Thiam, Secrétaire national aux élections et aux affaires juridiques du Parti socialiste, lors du débat organisé par la Chaîne de Télévision 2STV sur le discours à la Nation du chef de l’Etat du 31 décembre 2008. C’était en réponse à la réaction de M. Thiam à propos du « manque de crédibilité de la parole publique » que ce dernier a illustré par trois exemples parmi lesquels l’assertion suivante du chef de l’Etat : « S’agissant en particulier du riz, par exemple, la campagne hivernale s’est soldée par une moisson record de 370.000 tonnes, soit plus de la moitié de nos importations ».
En effet, M. Thiam avait objecté qu’il est faux de soutenir que 370 000 tonnes représentent plus de la moitié de nos importations et, se fondant sur les statistiques du Ministère de l’Economie et des Finances (MEF), il a indiqué qu’en 2007, les importations de riz s’élevaient à plus d’un million de tonnes et qu’elles étaient de 822 000 tonnes à fin novembre 2008. Avec beaucoup d’assurance (et c’est par politesse qu’on n’utilise pas un autre mot de la forme « axxxxance » ou « ixxxxance ») et à l’aide d’une démonstration des plus approximatives (et c’est toujours par politesse qu’on n’utilise pas un autre qualificatif), M. Gaye se mit à expliquer que M. Thiam fait, de « mauvaise foi », une confusion entre la « consommation » qui serait, selon M. Gaye, d’un million de tonnes environ et qui inclurait les « importations » qui s’élèveraient, elles, toujours selon le Porte-parole du PDS, à 600 000 tonnes.
Par respect pour les téléspectateurs et les auditeurs, et plus généralement pour les Sénégalais, et pour éviter qu’à l’avenir qu’une Très Haute Autorité de l’Etat se permette de dire n’importe quoi, dans le but manifeste de tromper ses compatriotes et qu’une haute autorité de l’Etat ne se sente obligée de soutenir les propos de la Très Haute Autorité, au besoin, par de faux chiffres, il est utile de donner les précisions suivantes avec les références exactes qui confirment les données fournies par M. Thiam durant ce débat télévisé. Ces précisions s’avèrent d’autant plus utiles que c’est plus d’une fois que le chef de l’Etat s’est référé à ce chiffre de 600 000 tonnes pour les importations de riz comme il l’avait, par exemple, fait en présentant sa GOANA.
1. Selon le Tableau de bord à fin novembre 2008 publié par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) du MEF, les importations de riz se montent 821 800 tonnes au 30 novembre 2008 contre 996 400 tonnes au 30 novembre 2007 (sources : dans le site internet de la DPEE http://www.dpee.sn/pages/table.php voir le tableau « comex » pour commerce extérieur ; pour ceux qui préfèrent le support papier voir tableau 15 de la page 18 du Chapitre VII-Commerce extérieur du « Tableau de bord de l’économie sénégalaise à fin novembre 2008 » publié en décembre 2008 sous la référence DPEE/DSC@décembre2008). Les données en valeur (franc CFA) de ces mêmes importations se trouvent dans la « Note mensuelle de conjoncture » à fin novembre 2008.
2. Selon le Tableau de bord à fin décembre 2007, les importations de riz se montent à 1 087 500 tonnes au 31 décembre 2007 (sources : références analogues de 2007 ; Bulletin trimestriel du Commerce extérieur du quatrième trimestre 2007 publié sous la référence 4/4-année2007-février2008 par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie).
3. Sur la base de ces chiffres, rappelés aux points 1 et 2 ci-dessus (des importations de 1 087 500 tonnes de riz en 2007 et 821 800 à fin novembre 2008), comment une « moisson » de 370 000 tonnes de riz peut-elle représenter plus de la moitié de nos importations ? Encore que ce niveau de « moisson » – en réalité, une estimation précoce de récolte – est qualifié de fantaisiste par les professionnels de la culture du riz qui avancent le chiffre de 280 000 tonnes de riz paddy (riz récolté non encore traité pour devenir du riz blanc), équivalent à 180 000 tonnes environ de riz blanc (riz paddy décortiqué), avec le coefficient de conversion de 0,65 qu’on utilise ici au Sénégal.
4. Est-ce que les 370 000 tonnes de « moisson » dont parle le Président de la République représentent du riz paddy ou du riz blanc ? Il ne le précise pas. Mais, si on note qu’il parle de « moisson », la moisson ne pouvant être que du riz paddy, et si on considère que les statistiques officielles de la production céréalière ont toujours été exprimées, tant pour le riz, le mil que le maïs, en tonnage brut, non encore décortiqué, une autre énormité apparaît dans le discours : on compare une moisson de 370 000 de riz paddy à des importations de riz blanc. Là aussi, il aurait fallu comparer des choses comparables et convertir donc au préalable les 370 000 tonnes de riz paddy en riz blanc, avec le coefficient de 0,65 ; ce qui donnerait 240 000 tonnes de riz blanc.
5. Rappelons, à l’attention de M. Gaye et pour, à l’avenir, lui épargner les explications poussives sur « importations » et « consommation » de riz qu’il a tenté de soutenir, que grosso-modo « Consommation égale stock initial plus production intérieure plus importations moins stock final » si on néglige les réexportations et autres. On peut aussi calculer la consommation à partir des données statistiques, qui sont publiées par le MEF, relatives à la population totale, à la consommation moyenne par personne de céréales compte non tenu du maïs, du blé, du mil, etc.
6. Rappelons enfin qu’un ratio doit être pertinent et significatif et qu’il aurait mieux valu rapporter la production à la consommation ou les importations à la consommation pour mieux apprécier notre autonomie alimentaire.
En vérité, l’horloge de M. Gaye, le Dircab, est toujours bloquée en 1999, s’agissant du chiffre des importations de riz. A penser que M. Gaye ne croit toujours pas à l’alternance ! Ces importations étaient effectivement de 600 000 tonnes environ en 1999, de 632 100 tonnes en 2000 et de 696 900 tonnes en 2001, chiffres vérifiables dans beaucoup de publications du MEF. Le Porte-parole semble oublier qu’entretemps, la population du Sénégal est passée de 9,3 millions en 1999 à 11,6 millions en 2008 et qu’il faut donc plus de riz pour les « sowènes », « sarrènes », « tallènes » et « lyènes » et aussi que des « wadènes » et des « gayènes » ont eu des promotions et « consomment donc plus de riz » ou, plutôt, consument des milliards ou des millions des contribuables sénégalais.
Plus sérieusement, il n’est pas acceptable qu’une Très Haute et une haute autorité de l’Etat continuent de communiquer des informations erronées sur une importation aussi significative de la balance commerciale de leur pays. D’autres faits avérés qui permettent de corroborer le « manque de crédibilité de la parole publique » ont aussi été donnés par M. Thiam durant le débat, sans compter les erreurs factuelles comme celle relative « aux Olympiades africaines de mathématiques en Afrique du Sud » alors que celles-ci se sont tenues à Porto Novo, au Bénin. C’est à croire que la contrition, dans son acception de « repentir sincère d'avoir commis un péché et volonté de ne plus en commettre », à laquelle invite le chef de l’Etat dans son discours à la Nation, ne constitue encore qu’une énième opération poudre-aux-yeux.
L’expression « communication d’informations erronées », poliment repris dans le paragraphe précédent, a été en réalité empruntée au Rapport des services du Fonds monétaire international (FMI) cité par M. Thiam lors du débat télévisé (Rapport du 5 décembre 2008 préparé par le Département Afrique du FMI). La « communication d’informations erronées » par les autorités de notre pays a même fait l’objet d’un rapport particulier, ce qui est un indicateur de faute grave selon les procédures du FMI. Quelle tristesse si on considère que notre pays dispose d’une administration économique et financière professionnelle et compétente ! Quel gâchis !
C’est, entre autres, en ces termes que le FMI épingle notre pays : « Le programme ISPE (Instrument de Soutien à la Politique économique) du Sénégal est à la croisée des chemins. Dans une conjoncture mondiale difficile, les autorités doivent solder les dérapages budgétaires passés et prévenir leur réapparition. Ces dérapages que le programme a contribué à mettre en lumière ont affaibli le secteur privé et ont gravement entravé l'activité économique. Alliés à la communication d'informations erronées qui en découle, ils ont suscité des inquiétudes sur la crédibilité des autorités (soulignement par nous) et leur capacité à réaliser le programme économique soutenu par l'ISPE » (Rapport précité). Tout le monde aura noté que le FMI utilise ici un langage diplomatique qui sied dans les relations entre les Etats, ainsi que dans celles entre les Etats et les organisations internationales. En langage moins diplomatique, il faut traduire « communication d’informations erronées » par « communication d’informations falsifiées et préfabriquées dans le dessein de dissimuler la situation économique et financière réelle du Sénégal », « inquiétudes sur la crédibilité des autorités » par « on ne peut plus faire confiance aux autorités », « inquiétudes sur leur capacité à réaliser le programme soutenu par l’ISPE » par « certitude sur leur incapacité à réaliser le programme soutenu par l’ISPE ».
Si elles sont incapables de réaliser ce programme, sauront-elles réaliser une œuvre plus vaste et plus difficile : le développement de notre pays ? Sénégalaises, Sénégalais, à bon entendeur salut !
Post-scriptum : « Mauvaise foi ! Mauvaise foi ! Mauvaise foi ! » On peut se permettre de qualifier ainsi quelqu’un qui est capable de garder sa sérénité et de continuer un débat sans être capable de supporter qu’on traite les siens d’ex va-nu-pieds (selon le dictionnaire Littré : homme qui n'a pas de quoi avoir des souliers, un misérable) et de quitter un débat radiodiffusé pour cette raison.
TRACTATIONS AUTOUR DE LA VENTE DU MERIDIEN-PRESIDENT L’ETAT REJETTE 60 MILLIARDS DU PRINCE AL-WALID
Article Par PAPA SOULEYMANE KANDJI,
L’Etat est toujours décidé à vendre le Méridien-Président. L’opération, contrairement à des rumeurs distillées ça et là, n’a pas été abandonnée. Bien au contraire, le gouvernement veut encaisser un pactole de 80 milliards de francs Cfa. Barre minimale que s’est fixé le Sénégal et qui devrait permettre si les transactions sont effectivement bouclées de faire atterrir cette somme dans les caisses de l’Etat du Sénégal.
Selon des sources dignes de foi, le prince saoudien Al-Walid intéressé par Le Méridien-Président, a déjà fait des offres dans ce sens. Mais, révèle-t-on, si l’Etat n’a pas donné suite aux propositions du milliardaire saoudien, c’est justement parce qu’il les estime bien en deça de la valeur réelle du Méridien Président. Il aurait juste fait une offre de 60 milliards, nous dit une source proche du dossier. Il est vrai que le prince Al-Walid ben Talal, neveu du roi Fahd d'Arabie saoudite n’est pas un novice en matière d’hôtellerie. Il possède déjà 187 établissements dans le monde, dont The Plaza à New York, le Four Seasons à Ryad, le George V à Paris, le Movenpick à Beyrouth. La dernière propriété qu’il a acquise en mai 2008 pour 87 millions de dollars, est l'hôtel suisse Des Bergues. Le prince Al-Walid ben Talal a dernièrement indiqué qu'il envisageait d'acquérir plus de 50% de la chaîne hôtelière française Le Méridien (qui gère 135 hôtels dans 56 pays) en y injectant plus d'un milliard de dollars pour renflouer le groupe.
Malgré le profil du milliardaire saoudien, « comme il ne se manifeste plus, l’Etat a décidé de prendre langue avec d’autres investisseurs du milieu de l’hôtellerie ». Nos sources parlent d’hommes d’affaires français et anglais qui sont intéressés par le Méridien-Président. Une forte délégation va d’ailleurs atterrir à Dakar, dans le courant de la semaine pour prendre langue avec l’Etat du Sénégal. Plus précisément, avec son argentier, le ministre de l’Economie et des finances, Abdoulaye Diop qui pilote en vérité, sans en donner l’air, tout le dossier.
Reconnu comme l’un des hôtels les plus raffinés d’Afrique de l’Ouest, le Méridien-Président a été construit dans le cadre du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) qui s’est tenu à Dakar en 1991. Puis réfectionné à coût de plusieurs milliards lors du dernier sommet de l’Oci qui a eu lieu à Dakar les 13 et 14 mars 2008. Le Méridien Président se dresse sur le sable de la côte atlantique de la capitale du Sénégal. Au cœur de 35 hectares (qui aiguise d’ailleurs les gros spéculateurs fonciers) et doté des plus grandes infrastructures de réunions et de conférences de l’ouest du continent.
MENACES Abdoulaye Wade décide d'auditer la Cour des Comptes
Article Par LA REDACTION,
Paru le Samedi 3 Jan 2009
Menace
Encore un clin d’œil au corps de contrôle de l’Etat. Pas l’Ige, mais la cour des Comptes. C’est pour dire que Gorgui bien décidé à diminuer les pouvoirs de ce corps de contrôle qui ne dépend officiellement pas de lui, n’écarte pas du tout de faire auditer ce machin. Eh oui, les auditeurs… audités. Mais sans blague, ça ne fait pas trop rigoler, puisque « nak », on ne sait jamais quelle mauvaise surprise tout ceci peut révéler à la fin. Traditionnellement, la cour des Comptes est contrôlée par un magistrat. Mais depuis deux ans, à cause des résultats « catastrophiques » des inspections précédentes, on se débrouille toujours à la cour des comptes pour ne pas se faire contrôler. Il faut savoir que tout ceci obéit à une logique de domestication de ce corps. Le Vieux ayant déjà manifesté publiquement son intention de dissoudre la cour des Comptes dans la Cour Suprême. Histoire de la dévaluer
CHANGEMENT DU CODE ÉLECTORAL Wade veut 50 % sur la liste proportionnelle et 50 sur la majoritaire
Article Par Latir MANE ,
Paru le Lundi 5 Jan 2009
C’est demain que le projet de loi modifiant les articles L189, L190,L193, L225, L226, L239, L242, L244 et L245 du code électoral relatif à la composition et au mode d’élection des conseillers régionaux, municipaux, et ruraux, doit passer à l’Assemblée nationale. Si elle est votée le Sénégal va revenir au système 50% des siège de conseillers pour la liste proportionnelle et 50% pour la liste majoritaire.
A deux mois des élections locales, Me Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal veut procéder au changement du code électoral. Il a envoyé à l’Assemblée nationale un projet de loi modifiant les articles L189, L190,L193, L225, L226, L239, L242, L244 et L245 du code électoral relatif à la composition et au mode d’élection des conseillers régionaux, municipaux, et ruraux. En résumé, le secrétaire général du Parti démocratique Sénégalais veut revenir à une ancienne formule. Avant l’arrivée de Wade au pouvoir, le Sénégal a connu le scrutin majoritaire. Avec une seule liste majoritaire. Par la suite il y a eu deux listes. Une liste proportionnelle avec 50% des postes de conseillers et les 50% restant pour la liste majoritaire. Arrivé au pouvoir Wade a instauré le système du 2/5 pour la liste proportionnelle et 3/5 pour la majoritaire. Maintenant, Wade veut revenir au 50 contre 50. C’est-à-dire 50% des postes pour la liste proportionnelle et 50% des postes pour la liste majoritaire. Ce n’est pas tout. Maintenant pour faciliter le partage des postes, le Pape veut aussi que les nombres des sièges à partager soient des nombres pairs. Le projet de loi doit passer demain à l’Assemblée nationale. Mais il suscite déjà beaucoup de commentaires du côté de l’opposition comme celui de la majorité. Dans le camp de l’opposition, on parle de violation du protocole de la Cedeao sur la bonne gouvernance, qui dit qu’aucune modification de la Constitution et des lois électorales ne devrait intervenir dans les six mois précédents les élections, sans un large consensus entre tous les acteurs impliqués dans la compétition électorale. Et comme réponse, les libéraux et leurs alliés soutiennent que Me Wade n’a fait que satisfaire une demande exprimée par l’opposition depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême.
Le Pape du Sopi a des doutes sur sa majorité
Convaincus que Me Wade ne pose jamais un acte sans en avoir mesuré au préalable les conséquences, la majorité des leaders de l’opposition interpellés sur les soubassements de ce projet de loi sont convaincus que «Me Wade a des doutes sur sa majorité et sur le travail abattu par ses responsables à la base qui au lieu de travailler sont en train de s’entre tuer». Mais du côté de la majorité présidentielle on soutient le contraire. Soulignant qu’il y a eu des blocages dans beaucoup de mairie durant les cinq dernières années. Et c’est pour éviter de revivre les mêmes situations qu’une telle décision a été prise.
AUDIENCE AVEC WADE AUJOURD’HUI Kédougou envoie imams, notables, membres de la famille de Sina Sidibé, jeunes,…
Article Par Abdou Karim NDIAYE,
Paru le Lundi 5 Jan 2009
Deux semaines après les évènements sanglants qui se sont produits à Kédougou et qui ont causé la mort de Mamadou Sina Sidibé, une délégation composée d'imams, de notables, de membres de la famille du défunt,de jeunes et d'une femme a quitté Kédougou hier pour rencontrer le Chef de l'Etat ce Lundi au palais de la République.
C'est une délégation composée de plusieurs personnes qui a quitté Kédougou hier dimanche en direction de Dakar pour y rencontrer le Président de la République. Cette audience survient deux semaines après les violents affrontements entre forces de l'ordre et jeunes de la localité. Après moult tentatives qui se sont soldées par des échecs, cette fois-ci les autorités en l'occurrence le premier magistrat du pays accepte de recevoir les représentants des populations et de discuter avec eux. D'après des sources bien informées et qui ont participé à la réunion de samedi pour déterminer les membres de la délégation, les discussions portant sur les frustrations des populations et sur tous les maux qui assaillent la nouvelle région. Cependant des récriminations commencent à fuser de partout concernant ceux qui composent cette délégation. La grande absence notée est celle des étudiants. Ceux-la même par qui tout est parti. Ont-ils été snobés ou mis à l'écart? En tout cas les langues commencent à se délier dénonçant un mauvais choix des mandataires des populations. Beaucoup de personnes interrogées estiment que ceux qui sont partis à Dakar ne sont pas aptes à représenter les kédovins. Elles estiment que ces gens ne peuvent pas parler au nom et pour le compte des populations dont ils ignorent tout. Un de nos interlocuteurs de lancer : « on a choisi des militants du PDS qui à coup sûr baisseront la tête lorsque le Président les tancera ou acquiesceront tout ce qu'il dira». En effet ils sont nombreux les kédovins qui pensent qu'ils n'ont rien à attendre de ce tête- à- tête avec le chef de l'Etat. Ici le pessimisme est le sentiment le mieux partagé malgré qu'ils sont tous impatients de savoir ce qui ressortira de cette audience.
LEQUOTIDIEN :
Nous ne comprenons pas pourquoi ce mépris, ces oublis….
05-01-2009
Nous l’avons écouté, comme d’habitude et de manière détachée. Nous nous disions entre amis, que nous souhaiterions entendre de lui des propos réconfortants et optimistes. Nous l’avons écouté, comme d’habitude et de manière détachée. Nous nous disions entre amis, que nous souhaiterions entendre de lui des propos réconfortants et optimistes. Nous voudrions l’entendre faire son mea-culpa d’amorcer, avec lui, un Sénégal autre que celui où nous vivons depuis 2000, synonyme de dérapages et d’impunité. Nous voulions qu’il reconnaisse les tâtonnements, le manque de transparence, le pilotage à vu, les dépenses excessives. Nous voulions qu’il fasse des excuses aux jeunes, partis en mer à la recherche d’un avenir meilleur. Nous voulions qu’il en fasse autant à tout le peuple sénégalais pour avoir noyé au fond du gouffre les espoirs d’un certain jour de mars 2000 et l’avoir mené vers des ténèbres indescriptibles. Nous voulions l’écouter avec l’espoir de retrouver l’homme, jadis, tant aimé.
Le peuple au cours de cette circonstance a eu l’opportunité de se conforter dans ses choix ou de les regretter amèrement. Il reconnaît dés l’entame de son discours que «l’année qui s’achève (2008) a été marquée par une conjoncture mondiale difficile», mais le paradoxe est qu’au même moment le budget de la Présidence a été augmenté de 4,5 milliards en 2000 à 64 milliards en 2008, celui de la Primature de 4,8 milliards à 39 milliards, celui de l’Assemblée nationale de 5 milliards à 9 milliards. C’est pourquoi nous doutons que «nul plus que lui n’a ressenti nos souffrances dues aux difficultés de la vie qui ont comme nom cherté des prix». Ce qui, en réalité, nous choque le plus, c’est cette attitude de fuite de responsabilité du gouvernement. Elu pour anticiper sur les problèmes et régler les plus urgents, il décrète souvent leur incapacité à faire preuve d’efficacité, et il le confirme, puisque la crise est due «(…) à ces facteurs exogènes, sur lesquels nous n’avons en vérité aucune prise…», alors pourquoi bon avoir un gouvernement ? C’est du reste en ces moments pénibles, que le gouvernement sur son initiative, à décider de fêter la Goana à hauteur de 300 millions. Le monde rural souffre mais, comme à l’accoutumée, pour eux, c’est la fête d’abord et le travail ensuite. La précision que «(…) les fondamentaux de notre économie sont restés solides», nous laisse dubitatif. Nous ne comprenons pas, si l’état des finances publiques est si stable, que l’Etat tente de mettre la pression sur le détenteur de la seconde licence de téléphonie mobile au Sénégal, Sentel, pour revoir les clauses du contrat de 1998, ou qu’il lance un ballon de sonde sur la vente de ses actions de Sonatel après que l’Ipres ait vendu, dans la plus grande discrétion, ses actions Sonatel. Et dans ce que nous caractérisons, de collecte de fonds, même notre seul hôtel, cinq étoiles, n’a pas été épargné, sa vente a été annoncée.
C’est vrai que l’erreur est humaine mais, celle récurrente est une faute qui ne doit pas rester impunie. Nous ne comprenons pas alors pourquoi les ministères et les structures décentralisées n’ont pas été sanctionnés après qu’ils aient été, avec une mauvaise gestion, responsable de la dette intérieure de 174 milliards (encore que ce chiffre est celui du gouvernement), mais le constat est : «On n’a trouvé nulle part trace de malversation ou de corruption» et qu’ils «ont été invités à éviter ces pratiques qui, à l’avenir, seront immédiatement sanctionnées.» Les pratiques présentes on été pardonnées et le peuple va payer les pots cassés, la génération que nous sommes continuera à payer une dette (87 milliards de la France), mais les responsables de cette situation sont tranquilles puisque il n’a été «…trouvé nulle part trace de malversation ou de corruption».
On nous chante sur tous les toits que le Sénégal est un pays de droit et que la force doit toujours rester à la loi. Quand il a fallu voter la mise en accusation de l’ex-Premier ministre, les choses se sont passées vite, très vite ou quand il s’est agit de régler des comptes avec l’ex-président de l’Assemblée nationale, les choses n’ont pas tardé. Mais quand il s’est agit de rendre des comptes au peuple, et que les coupables, hauts perchés dans les sphères étatiques, soient trouvés et sanctionnés l’ont choisi de traîner les pieds. Il est où cet Etat de droit ?
Face à la dureté de la vie et surtout face aux incompréhensibles facturations de l’électricité, Monsieur pour qui le seul sort du Sénégal est important à ses yeux, préconise la «suppression de la double facturation», où se trouve la différence entre deux factures distinctes de 12 000 francs Cfa et une facture de 24 000 francs Cfa ? Encore une façon machiavélique de tromper le peuple et de jouer avec les mots.
Ce qui offusque le plus c’est cette manière sournoise d’ignorer les réalités du moment et les besoins imminents d’un peuple qui dans son ensemble suffoque. Aucun mot sur les tragiques manifestations de Kédougou et pourtant il y a eu, officiellement, deux morts, aucun mot sur l’agression de Boubacar Kambel Dieng, aucun mot sur le saccage des locaux de L’As et de 24 H Chrono. Mais peut être qu’il a préféré s’abstenir d’en parler puisque, les coupables de tous ceux-ci le ramènent dans son propre camp…
En s’adressant à ces jeunes, dont les mains de 2000 sont soit encore suspendues en l’air soit se sont enfouies au fond des océans dans cette fuite d’une vie difficile, ceux-là partis à la recherche d’un nouveau espoir, il envisage la création «(…) de 15% des emplois (…) réservés aux jeunes et, dans un premier temps , à ceux de la banlieue de Dakar dont la situation exige des mesures urgentes». Alors les jeunes de Matam, Bignona, Thiès, Bambey, Kédougou, Tamba, Khombol, Thiadiaye, et j’en passe, devront comprendre le message. Eux qui l’ont tant adulé, n’ont pas la considération de Monsieur. Il n’a de priorités que pour ceux de la banlieue. Et d’ailleurs, cette promesse à l’encontre de la jeunesse des banlieues n’est qu’électorale, aucunes perspectives objectives de résoudre le chômage à ce niveau. C’est comme ce pêcheur qui fait croire au poisson qu’il lui donne de la nourriture alors qu’il le veut au fond de son panier. C’est un leurre !
Nous avons attendu, nous avons vu. Il a choisi de se déconnecter des problèmes des sénégalais. Il n’a pas su être ni avec le peuple ni à coté de lui. Il a choisi de se séparer de son peuple, pour se servir et assouvir, à sa guise, les délices du pouvoir, sacrifier plusieurs générations. Nous n’avons aucunes considérations négatives sur l’homme mais, nous sommes sidérer à le voire se comporter de la sorte, en ignorant son propre peuple alors qu’il n’a cessé, lorsqu’il était dans l’opposition d’être, le seul, porteur d’espoir de sa jeunesse.
Nous ne comprenons pas… !
Abdou KEBE - le déçu de l’alternance
Les Wade : Pour le malheur et pour l’ire de la jeunesse !
Pendant que les populations sont au bord d’un précipice et se débattent au prix de mille sacrifices pour s’en éloigner, ce régime, empêtré dans son impéritie maladive et dans son autisme suicidaire, continue de refuser à la jeunesse le moindre instant d’espoir, soucieux simplement de la pousser à se résigner à «mourir un peu en partant», consciente que dans une telle situation, celle du Sénégal sous les Wade, «rester c’est se pousser au suicide».
Wade aura trouvé le plus sûr moyen de torturer notre population, surtout sa jeunesse, en la désespérant jour après jour, par ses chimères, par ses projets en trompe l’œil qui insultent l’intelligence. Il est vrai, il est difficile d’avoir assez de recul lorsque l’on a faim, et Wade et ses complices l’ont bien compris, et pensent que nous ne saurons pas trouver les ressorts indispensables pour donner sens à notre blessure, et qu’ils pourront même nous pousser à nous recroqueviller éternellement dans notre hébétude.
Ils poussent même l’impudence jusqu’à proposer un autre plan, encore un autre, toujours un autre, aux jeunes déçus, à ces mutilés de l’alternance, qu’ils croient aujourd’hui incapables de transformer leur souffrance en cris de révolte. Mais, cette jeunesse sait maintenant, même s’il se fait tard, qu’au «filtre de la véracité, les promesses de Wade se résumeraient au format de la feuille de papier à cigarette», et que l’attitude compulsionnelle de ses caudataires, ces «tubes digestifs», ne saura pas les maintenir dans cette relation de dépendance aliénante.
Les jeunes du Sénégal savent que ce régime, appuyé par des puissances obscures, a pillé nuitamment notre économie, pulvérisé nos valeurs, travesti nos institutions, et que, son seul salut aujourd’hui est dans l’instauration d’une «dictature-ferme-ta-gueule», avec comme stratagème une «démocratie-cause-toujours». Les jeunes de ce pays savent que le but de ce régime rattrapé par une véritable panique morale, est de nous installer, pour notre malheur, dans la résignation après ses multiples forfaitures, en mutilant la vérité, en la falsifiant et en l’obscurcissant, afin que jamais il n’ait à rendre compte.
Les jeunes du Sénégal refusent de s’embourber dans la médiocrité, dans la bêtise ; ils refusent de cautionner l’imposture de ces arrivistes qui s’intéressent au prix de toute chose, et ne connaissent la valeur de rien ; ils refusent d’accepter comme une fatalité cette nécrose qu’est devenu le Sopi de ce nécromancien invétéré qui leur refuse toute possibilité de re-tricoter les premières mailles de leur espoir trahi. Les jeunes ont compris, et ils disent Non ! Ils ne veulent pas de cette continuité qui leur est proposée car, fondée sur des habitudes vicieuses, ils veulent maintenant donner sens à leur agonie de neuf ans.
Voilà pourquoi ils interpellent leurs aînés, pour qu’ils s’éloignent de cette conspiration du silence de la complicité, pour qu’ils fassent les concessions indispensables, pas par faiblesse, mais par souci de réussite et pour le salut du peuple.
Ils attendent d’eux, la force de l’Union, pas celle fondée sur une mutuelle et permanente tromperie, pas celle guidée uniquement par des intérêts égoïstes de groupes en perte de représentativité, mais celle-là véritable qui permet de faire face au monstre, de mettre fin à notre déchirure traumatique quotidienne. Les jeunes engagés de ce pays demandent à leurs aînés, surtout les plus âgés qui ont eu tous les honneurs que peut espérer une génération, d’accepter de souffrir un peu de la souffrance des sénégalais, et de n’être capables que de grandes choses au-delà de toutes ruminations douloureuses et de toutes rancœurs, afin de les aider à s’éloigner du gouffre que leur promettent des chenapans dysphasiques, armés et financés pour perpétuer la forfaiture d’un octogénaire capricieux.
C’est vrai, il se fait tard, mais il n’est pas trop tard.
Pape NDOYE / alioune2@hotmail.com
ENTRETIEN AVEC...El Hadji NDIAYE, délégué général de Wacco ak Alternace.
05-01-2009
«La lutte n’est plus le domaine réservé des partis politiques et des syndicats»
El Hadji Ndiaye, délégué général du mouvement Wacco ak alternance, estime avoir des esquisses de solution à la crise actuelle. Pour cet ancien formateur à l’école libérale, Wade doit jouer la carte de la franchise dans le choix de ses hommes, donner à ceux qui veulent lui succéder des chances égales pour éviter les frustrations et préserver la longévité du parti et tenir aux Sénégalais un langage de vérité.
On considère souvent que la crise actuelle résulte d’une mauvaise gestion du gouvernement. Est-ce votre avis ?
Force est de reconnaître que les efforts consentis par le gouvernement, quand bien même ceux-ci sont encore largement insuffisants par rapport à la demande sociale. L’Etat s’est déployé de manière ostensible sur le plan des infrastructures, mais l’essentiel de ses efforts s’est réduit à une portion du Sénégal, à la zone ouest : Dakar et Thiès. La portion congrue est réservée au reste du Sénégal. L’Etat gagnerait à étendre ses efforts à l’ensemble du territoire. Dans le domaine de l’éducation, il y a des salles de classe. Les centres de santé et les hôpitaux sont construits. Mais tout se passe comme si les gens ne percevaient pas ces réalisations. Pourquoi ? Parce que le plus grand chantier reste encore entier : celui de la moralisation de la politique et de la société. Alors qu’on était attendu évidemment dans l’assainissement des mœurs, nous avons plutôt excellé dans le maculation du registre de l’alternance.
L’agriculture cloche parce qu’on est en train de la révolutionner par rapport à la culture de rente qui était la plus développée au Sénégal : l’arachide, devenue aujourd’hui un laissé-pour-compte. Cela évidemment a emporté, non seulement l’espoir, mais l’économie de l’essentiel de la population qui est rurale. Aujourd’hui, sur le plan agricole, les politiques consenties ou conçues sont très nobles, idéalement parlant, mais dans leur mise en œuvre, les résultats escomptés n’ont jamais été atteints. Donc, quelque part, il y a problème. Nous invitons l’Etat du Sénégal, au premier rang duquel le président de la République, à mieux concevoir les politiques agricoles en les planifiant dans le temps de manière scientifique et experte. Là où le gouvernement pêche le plus, c’est au niveau du choix de ses hommes. La fonction d’homme d’Etat a ses exigences. L’homme d’Etat doit être d’abord exigent, avoir un rapport de vérité avec lui-même. Il doit toujours agir en sorte que la maxime de son action soit érigée en règle universelle. Cela n’est toujours pas le cas chez les hommes d’Etat choisis par le Président depuis l’alternance.
Mais le Président tout juste après les élections de 2000 disait qu’il allait mettre des hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Donc ce n’est pas le cas, pour vous ?
Entre dire et faire, il y a tout un fossé. Le discours de l’investiture de 2000 était très philosophique. Sa beauté et son charme n’avaient laissé indifférent aucun citoyen. Mais dans sa mise en œuvre, il y a encore un grand écart entre la théorie et la pratique. Ce n’est pas trop tard ; il faut changer de politique et de manière de faire. En tout cas, s’il est encore conscient du capital de sympathie qui l’a porté au pouvoir et qui, aujourd’hui, est en train de dégringoler, il devrait revenir au principe. Or, j’ai l’habitude de rappeler que le principe se définit comme étant une règle qui ne souffre d’aucune dérogation. Donc, il faut choisir les hommes et les mettre à la place qu’il faut et aussi s’offrir en exemple d’abord avant d’exiger de ses collaborateurs la même conduite.
Quels sont les facteurs explicatifs de la dégringolade de son capital de sympathie ?
Le Président Wade est arrivé au pouvoir avec un capital de sympathie sans pareil par rapport au passé. Cela veut dire que la déception par rapport à l’ancien régime était si profonde que l’espoir porté sur lui était grand. On est arrivé au pouvoir avec l’adhésion presque totale du bas peuple, mais contre la volonté des clergés religieux et de ceux qu’on a toujours appelé les porteurs de voix, perçus malheureusement en mars 2000 comme des porteurs de vices. Donc le chemin était bien balisé pour Abdoulaye Wade. Le Seigneur avait déjà choisi ses collaborateurs. Ses collaborateurs naturels, ce sont ceux qui, en dépit de la modicité des moyens, étaient dans le cœur des Sénégalais. Mais à ceux-là, il (Wade) a tourné le dos pour faire appel à ceux qui étaient sanctionnés par le peuple. Ce peuple a indiqué le chemin qu’il fallait emprunter. Lui a pris le sens inverse, a ramé depuis le commencement à contre courant de la volonté du peuple. Néanmoins, il avait réussi à passer en 2007 pour un deuxième mandat. Dans un contexte précis, on a vu vers la fin du premier mandat, contrairement à tout ce qui s’est passé lors des quatre premières années de l’alternance, de gros efforts par rapports aux infrastructures. Alors, cela avait suscité un regain d’espoir. Les gens qui étaient déçus et découragés semblaient oublier cette amertume pour redonner confiance à celui qu’ils avaient tant chéri en 2000. Et de 2000 à maintenant, il n’a pas changé de politique. Il a encore renié ses anciens collaborateurs qui attendaient la réparation de l’injustice. Il a encore persisté dans le choix, pas très rigoureux, de ses hommes de confiance.
Vous ne voulez pas accepter que le Pds manque de cadres ?
Le Pds a sa structure de cadres depuis les années 80. Avant de s’appeler Cis, elle s’appelait la Coordination des cadres. Des cadres, il y en a toujours eu au Pds. Ce qui lui manquait, ce n’étaient pas des cadres intellectuels ni politiques, mais de l’administration. Or, ces cadres de l’administration n’appartenaient même pas au Parti socialiste ; ils étaient mus par les intérêts de l’Etat et étaient, pendant longtemps, sous la houlette du Parti socialiste. Alors, même si des fonctionnaires étaient du Parti socialiste, il y en avait d’autres qui n’y ont jamais milité. Et ceux-là devraient servir de fer de lance pour tirer la nouvelle équipe. Ces cadres intègres et politiques ont, pour l’ensemble, perpétuer l’œuvre de l’Etat qui doit survivre aux partis politiques et l’appareil d’Etat. Donc, c’est un faux argument que de dire que le Pds souffrait d’une carence de cadres. Je ne saurais être d’accord, dans la mesure où les autres qui sont choisis en général n’étaient pas la crème du Parti socialiste. Ceux qu’on a fait venir et à qui généralement on a confié l’exercice du pouvoir, c’étaient les meilleurs éléments du Ps.
Ne pensez-vous pas que les Imams ont ainsi sonné la révolution ?
L’affaire dite des Imams de Guédiawaye est une préoccupation de l’Etat. Si ce n’était pas cela, l’Etat n’aurait pas dépêché des parlementaires pour apaiser la situation. Mais le plus intéressant, c’est l’émergence d’une nouvelle conscience citoyenne qui met en surface les acteurs sociaux naguère confinés dans l’ombre. En effet, les Imams et religieux du Sénégal n’ont jamais été la locomotive d’une lutte sociale aussi organisée et aussi visible. Et cela doit faire des émules très certainement, si cela n’a pas déjà commencé. On vient d’apprendre qu’à Fatick, la manifestation avait pour dirigeants les Imams. C’est une coïncidence ou tout simplement une imitation. Il y a lieu de prêter un œil attentif à cette nouvelle situation qui n’est rien d’autre que l’expression d’une prise de conscience des couches sociales qui étaient parmi celles les plus désintéressées. Donc, la lutte n’est plus le domaine réservé des partis politiques et des syndicats. Il faut compter avec cette nouvelle forme de lutte qui peut s’élargir avec l’Eglise.
Ces couches qui s’étaient emmurées dans un silence et qui ont décidé aujourd’hui de descendre dans la rue ne suscitent-elles pas des inquiétudes ?
Bien évidemment ! Pour l’Etat d’abord, mais aussi pour celui qui interroge la société et ses mutations. Par contre, la situation peut ne pas être une inquiétude pour ce bas peuple qui souffrait d’un manque de leadership, car la désaffection était nette et notoire entre la société et les partis politiques ou même entre la société et les syndicats. Cette nouvelle forme de lutte va être inquiétante pour le gouvernement et salutaire pour ceux qui étaient désespérés par rapport aux partis et aux syndicats ; ils trouvent en les Imams et, éventuellement, les évêques de nouveaux leaders beaucoup plus crédibles.
En dehors de la sphère sociale, le milieu politique est aussi en ébullition. Il y a eu la sortie de Macky Sall du Pds. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
La lecture qu’on en fait à Wacco ak alternance est celle du chef de Cabinet du président de la République, Pape Samba Mboup. Cette diarrhée du Pds, si elle ne s’interrompt pas, le parti sera dans l’opposition. Seulement, il faut regretter par-delà Macky Sall, les désarrois des sections et fédérations du Pds à travers tout le Sénégal, Kaolack, Thiès, Tambacounda et Louga... Toutes ces fédérations et sections sont peuplées de militants de première heure qui ont tout donné au Pds, qui ont été tout généreux et tout loyaux au secrétaire général du parti. Et pourtant aujourd’hui, ils sont oubliés. Si Wade était un gentleman, il ne serait jamais arrivé cette vague de protestations si larges, si tentaculaires. Il devrait corriger ces injustices pour avoir une bonne et heureuse fin. Les gens qui l’ont accompagné, malgré la modicité de ses moyens, des intimidations du pouvoir d’alors, de la longue durée de la marche, méritaient un autre traitement que celui qui leur est réservé. Donc si Wade est un gentleman, il ne devra pas quitter le pouvoir en traînant ces tares.
Un constat indéniable. Ceux à qui Wade a fait appel représentent un poids au sein du Pds. La preuve avec la sortie de Macky et aussi la volonté de Pape Samba Mboup de vouloir faire revenir les démissionnaires du Pds en France.
A ce lot de frustrés constitué par les anciens, s’ajoute un deuxième lot des arrivants. Ceux qui étaient appelés à gonfler les rangs n’ont pas été tous valorisés. Et chemin faisant, ils sont devenus anciens, parce que de 2000 à maintenant, ils ont fait 9 ans. Pour revenir à 2007, il y a un bruit que l’on passait dans les couloirs, selon lequel le secrétaire général du Pds était conscient de cette mauvaise posture des anciens, et qu’il était prêt, dès sa réélection, à corriger cette injustice. Voilà pourquoi on n’a pas connu de vote-sanction en 2007. A l’arrivée, ce n’était que de la ruse. On nous a menti ; on nous a bluffés. Mais, est-ce qu’il y aura une deuxième fois ? J’ai peur. Nous, de toutes les manières, nous réaffirmons notre ancrage. Nous continuerons à accompagner le président de la République parce que nous ne perdons pas espoir qu’un jour, il nous entendra, même si nous sommes très critiques parfois à son égard.
En parlant d’héritage que répondez-vous à ceux qui avancent que Wade voudrait avoir comme successeur son propre fils ?
Il y a ceux qui parlent et il y a aussi ceux qui posent des actes. Ceux qui parlent, ce sont ceux qui constatent et commentent. Cette volonté prêtée à Wade est une question qui fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de salive. Mais Wade ne s’est pas exprimé ; il agit. Ce n’est pas un secret de polichinelle : dans tous les actes qu’il pose, il ne cherche qu’à promouvoir son propre fils. A-t-il tort ou raison ? C’est un autre débat. En tout cas, il est en train d’agir en ce sens. Il y a des gens qui sont d’accord avec lui et qui sont en train de l’aider.
A propos quelle est la position de Wacco ak alternance ?
Avant même de parler de Karim Wade, Wacco ak alternance regrette cette démarche antidémocratique. Il estime que le parti n’existe plus en tant que parti ; il ne fonctionne plus comme un parti politique, mais tout simplement au gré d’un homme qui fait et qui défait. Wacco ak alternance estime que le successeur de Wade, peu importe son nom de baptême, devrait tout simplement enregistrer l’adhésion du parti, parce que Wade devait organiser la succession dans les limites du parti, rendre à la base cette opportunité de se prononcer. Si son fils maintenant fait partie des candidats à la succession de son père, rien ne l’en empêche. Mais un autre peut avoir la même ambition. Pour traiter tout le monde sur un pied d’égalité, on devrait démocratiquement travailler à choisir ce successeur, selon les règles démocratiques, de sorte que même s’il devait s’appeler Karim Wade, ce successeur serait légitimement le candidat du Pds. On n’en est pas encore là, mais Wacco ak alternance estime que mieux vaut tard que jamais ; il en appelle à la vigilance du chef de l’Etat pour qu’il évite à compromettre les chances du Pds de rester au pouvoir après son règne. Nous n’avons pas de fixation sur qui que ce soit, fût-il Karim, Idrissa Seck ou même Macky Sall de retour au Pds, ou fût-il même un Pape Samba Mboup. Mais que cela soit le choix de tout le monde.
Votre inquiétude au niveau de Wacco ak alternance ne vous amène pas à vous demander si le Pds ne va pas disparaître si Wade quittait le pouvoir ?
Si Wade quittait aujourd’hui le pouvoir, il laisserait un mouvement qui n’a rien d’un parti politique. Le Pds ne fonctionne au gré d’un homme, c’est-à-dire Wade. Alors si maintenant avant de quitter le pouvoir, il rectifie le tir en redonnant la parole à la base et en réorganisant le mode dévolution des responsabilités de manière démocratique, alors le mouvement redeviendrait un parti politique qui perdurerait, progresserait rigoureusement dans la voie de la durabilité. Mais force est de constater que dans les conditions pareilles, le Pds n’inspire aucun espoir quant à une longévité, de survivre après son secrétaire général actuel.
GRAND JURY - Amadou Makhtar Mbow sur la situation difficile des populations au Sénégal
05-01-2009
«40 % des jeunes chôment ; 54% des Sénégalais vivent en dessous du seuil de la pauvreté»
L’ancien ministre sous Senghor, ancien directeur de l’Unesco et président du Comité national de pilotage des Assises nationales, Amadou Makhtar Mbow, a fait un tour d’horizon sur les difficultés des populations, mais aussi sur cette réflexion globale sur le problème des Sénégalais qui sera restitué le 6 janvier. M. Mbow était hier l’invité de l’émission Grand jury, de la Rfm.
Par Papa Ibrahima DIOP
Sur la situation actuelle du pays, après les événements de Kédougou, Amadou Makhtar Mbow préconise de taire les rancœurs et de trouver des solutions consensuelles pour éviter l’embrasement au regard de ce qui se passe ces derniers temps.
Le président des Assises nationales, répondant à une question sur un conseil à donner à Wade vu son âge, dit n’avoir pas de conseil, mais pense que l’heure est à la concertation pour dégager des issues heureuses face aux vagues de protestation des populations.
L’invité de Grand Jury se dit toujours ouvert à rencontrer le Président Wade, s’il en manifeste le désir, encore que sa vocation soit de faire en sorte que toutes les bonnes volontés se retrouvent. M. Mbow se dit prêt à rencontrer qui que se soit, pour le bien du Sénégal.
L’ancien Directeur général de l’Unesco s’est aussi exprimé sur la situation difficile des populations. Sur le chômage et les conditions de vie du peuple, «40 % des jeunes chôment et 52 à 54% des Sénégalais vivent en dessous du seuil de la pauvreté, tandis que les soins de santé ne couvrent que 20% des besoins et 43% des travailleurs n’ont pas un emploi stable» souligne M. Mbow. Puis d’insister : «Il y a des Sénégalais qui mangent qu’un seul repas par jour et d’autres mangent très mal.»
S’exprimant sur l’éducation, l’ancien ministre a dit que beaucoup de rapports des Assises nationales font état d’un système éducatif au rabais et s’interrogent même sur l’efficacité des 40 % du budget annoncés d’autant plus qu’il y a un problème de niveau et le français chaotique en est l’illustration. Amadou Makhtar Mbow recommande, «au-delà du pourcentage annoncé», «de mettre l’accent sur l’éducation, surtout les sciences». Il pense que le quota sécuritaire basé sur des raisons clientélistes renseigne sur le niveau des enseignants. Et par rapport à l’annonce des universités de métiers faite par le chef de l’Etat, M. Mbow estime qu’il faudrait doter ces établissements supérieurs de ressources matérielles et humaines. «Depuis l’indépendance, nous traînons des insuffisances. Il faut aller au-delà des discours et s’inscrire dans l’action», préconise l’ancien Dg de l’Unesco.
Sur les conclusions des Assises nationales, le président du Comité de pilotage soutient que même si elles ne sont pas un programme de gouvernement, elles peuvent y déboucher, car elles constituent une réflexion globale sur les problèmes du Sénégal. M. Mbow a indiqué que la restitution des travaux de commissions thématiques aura lieu le 6 janvier et dans un délai d’une semaine, toutes les parties prenantes vont se rencontrer, ainsi que tous les patriotes désireux d’y prendre part.
WALF FADJRI :
Assises nationales : Quels enjeux et pour quelles finalités ?
Cet article se propose de répondre à une double interrogation qui revient telle une ritournelle : Pourquoi les assises nationales ? Que fera-t-on des résultats de leurs travaux ?
Avant d’aller plus loin dans la réflexion, il nous paraît opportun de rappeler les propos du président des assises nationales, Amadou Mahtar Mbow, lors de l’installation de celles-ci : ‘Ces assises ne seront pas l’occasion de critiques stériles, d’invectives, de mise en cause de quelque personne que ce soit. Ce sont les problèmes, les situations et leurs solutions dans le cadre d’un vaste consensus qui est l’objectif de tous ceux qui se sont engagés dans cette rencontre’. On l’aura constaté, ces paroles ne relevaient pas d’un quelconque effet de manche. En effet, les faits, tels qu’ils se déroulent aujourd’hui, contrastent avec ce qui a été soutenu par ceux-là qui, dans un bavardage impénitent, ont envahi l’espace médiatique, pour rabâcher des poncifs dont ils n’étaient pas eux-mêmes convaincus. Ce serait lui rendre hommage en reconnaissant qu’A. M. Mbow s’est évertué à veiller à ce que l’objectivité et la neutralité informent l’approche méthodologique adoptée à l’occasion de ces rencontres. C’est ainsi que, durant les débats, les participants ont réussi à mettre entre parenthèses leur appartenance aux partis, aux syndicats, aux Ong, au secteur privé, à la société civile, aux médias, à leur ethnie, à leur religion, non pas pour les nier, mais pour les dépasser.
Pourquoi les assises nationales ?
Sans jouer du pathos, sans faire de la psychologie de bazar, il serait édifiant de pencher le visage du Sénégal d’aujourd’hui sur un miroir, et si on le compare à ce qu’il fut naguère, les assises nationales sont largement justifiées. Au-delà de la situation socioéconomique que connaît notre pays, il convient de prendre conscience que le monde, compte-tenu de la globalisation, est devenu trop complexe pour que les problèmes soient résolus par les seuls politiques, à partir de simples bureaux ministériels. Les cadres de pensée doivent changer. Les derniers événements en date, qui portent sur la crise financière et économique internationale, sans oublier la tragique équation de l’émigration des jeunes au moment où l’Europe élabore un pacte commun sur le phénomène migratoire, mériteraient à eux seuls un débat prospectif et participatif. Qui plus est, la démocratie a pour fondement le consentement du citoyen. Son essence même, l’élection au suffrage universel, se joue entre une offre politique et une demande citoyenne qui doivent entrer en résonance. C’est pourquoi il importe, nous semble-t-il, de revoir la relation Etat/Citoyen.
Sous ce rapport, il nous revient une vieille idée d’Adam Smith qui soutient que le Citoyen est capable, pour les sujets qui apparaissent dans la cité, de juger et de choisir avec bon sens, dès lors que ses intérêts directs sont en jeu et qu’il échappe à ses passions et préjugés. Du reste, on peut constater de manière évidente un déficit de représentativité non seulement dans le débat public d’une bonne frange de l’élite intellectuelle qualifiée improprement d’apolitique, mais aussi au niveau des instances de décision où se nouent et se dénouent les grands enjeux de société. Leur prise de parole pourrait constituer, à l’évidence, une contribution importante d’une bonne partie de la société au débat démocratique. Pour ce faire, il faudrait redonner au champ du politique sa dimension plurielle et ne pas croire l’avoir épuisé en l’ayant limité, comme le font les politiciens professionnels, à la lutte pour le pouvoir.
Les assises nationales devraient permettre de sortir de ce double piège, celui des hommes politiques qui se sont succédé aux commandes du pouvoir exécutif, qui ont confisqué l’action politique et publique et celui de l’élite politique parlementaire, qui a confisqué la souveraineté populaire. Or, en démocratie, la compétence de l’usager ou du simple citoyen, est aussi indispensable que celle du responsable politique ou de l’expert. Si on ne maintient pas l’équilibre entre les deux, on dérive soit vers la technocratie, soit vers le populisme. Qu’on nous comprenne bien : nous ne sommes pas en train de faire l’apologie d’une démocratie d’opinion à la petite semaine, où le politique serait incapable de proposer des analyses, des actions et où la société serait l’arbitre final de tout. Il s’agit, plus simplement, de tenir compte de l’hétérogénéité de toutes les opinions, bref de faire des citoyens les acteurs des décisions qui les concernent, si nous voulons qu’ils soient des vecteurs du changement.
Au-delà du diagnostic partagé sur l’ensemble des secteurs, il nous semble que les assises nationales pourraient prioritairement braquer les projecteurs sur quelques aspects qui nous semblent être des priorités… prioritaires : les aspects institutionnels et éthiques, l’économique, la problématique des jeunes, les rapports entre l’Etat et la religion, la problématique genre.
Pour nous en tenir à quelques points critiques, il faut dire d’entrée de jeu que sur les aspects institutionnels, le Sénégal souffre d’une overdose rhétorique et politique. Et pointer l’événement dont l’Assemblée nationale a été récemment le théâtre est assez éclairant pour notre propos. Il faut un exécutif à l’ego moins surdimensionné. Ceci est à comprendre dans le sens d’une renonciation à la posture archaïque de l’hyperpuissance d’un exécutif au détriment du législatif. Le Parlement doit aider l’exécutif à mieux gouverner. Cela passe par le renforcement du premier et le dégraissage du dernier. La séparation des pouvoirs passe nécessairement par la rationalisation de l’hyper présidentialisme et l’accroissement du pouvoir du Parlement. Il convient de renforcer la séparation des pouvoirs. On parle souvent de l’indépendance de la justice, mais il y a tous les autres pouvoirs : législatif, administratif, économique, religieux, médiatique. En outre, la démocratie a pour exigence de les rééquilibrer dans des ‘check and balance’. C’est pourquoi l’exécutif doit prendre en compte les propositions de loi (initiative parlementaire), bien davantage qu’il ne le fait aujourd’hui. L’efficacité de son action n’en serait que renforcée.
Quant au Parlement, il ne réalise pas toujours qu’un projet politique, quels qu’en soient la forme et le contenu. Pour s’inscrire dans la longue durée, il doit faire l’objet d’une réappropriation par ses destinataires. Les différentes lois telles celles sur les gaspillages lors des cérémonies familiales et l’excision, qui posent un problème d’effectivité, sont emblématiques à cet égard. En effet, une loi sociale ne peut être acceptée que si elle a subi une double ratification : celle du Parlement, mais aussi celle de la population et des groupes concernés. Tout l’enjeu est donc de faire coexister la démocratie représentative, que nous ne remettons nullement en cause, mais qui, dans notre pays, s’exprime tous les cinq ans et cette démocratie participative, inclusive, qui doit s’exprimer tous les jours.
On peut même aller plus loin dans cette relation parlementaire/mandant, en relevant ce qu’on pourrait qualifier de quiproquo. En fait, la démocratie représentative a été conçue dès l’origine comme un rempart contre le suffrage universel. Or ici, la démocratie repose aussi sur l’hypothèse absurde de l’élu compétent, lequel, par définition, peut se substituer à tout citoyen. On considère qu’une fois que les citoyens ont élu leurs représentants, leur devoir c’est de se taire. Il y a aussi ce que les sociologues appellent ‘le mythe du peuple’ assemblé fictivement en la personne de ses représentants parlementaires choisis. Pour toutes sortes de raisons, qui tiennent à la fois aux progrès de la démocratie, aux évolutions de la technologie et des mentalités, mais aussi à l’absence de ce que l’on pourrait appeler l’ethos de confiance envers les politiques, cela n’est plus possible.
Qui plus est, la complexité des problèmes à débattre à l’Assemblée nationale oblige à reconnaître que la plupart des parlementaires ne sont pas outillés pour y faire face. Dès lors, comment s’étonner que les projets de loi soient votés dans un mouvement panurgique !L’analphabétisme agité par certains n’est pas en cause ; cependant, l’examen de problèmes techniques nécessite certaines compétences. A cet effet, le projet d’assistant parlementaire, en vigueur même dans les démocraties avancées, serait, en plus de petites formations de mise à niveau et de l’utilisation de la traduction simultanée, une des solutions. Sous ce rapport, le parlementaire doit accepter un nouveau partage du pouvoir.
En ce qui concerne les relations entre l’Etat et la religion, il est urgent de revenir aux fondamentaux de la laïcité. A ce sujet, il importe de rappeler que la laïcité n’est pas l’ennemi des croyances et des religions. Elle vaut à la fois reconnaissance du pluralisme religieux, voire de la liberté de conscience et de conviction. La laïcité, telle que nous la comprenons, traduit une conception du bien commun. Elle a pour fonction de soustraire le pouvoir politique à l’influence dominante de toute faction spirituelle ou religieuse, afin que chaque citoyen se reconnaisse dans la République. Cela permet à l’Etat, en dernière instance, de garder une certaine neutralité distante.
Que faire des résultats des travaux des assises nationales ?
Faut-il rappeler qu’à l’entame des travaux des assises nationales, son président A.M. Mbow avait demandé expressément aux participants de ne pas faire de fixation sur la période actuelle, mais de procéder à un bilan diagnostic dont la période de référence remonterait le plus loin possible.
Ceci étant dit, il nous faut d’abord lever toute ambiguïté. De notre point de vue, ceux qui ont participé aux assises nationales ne sont les otages d’aucun parti politique, ne sont instrumentalisés par aucune coterie. C’est pourquoi ces assises ne sauraient être, en aucune manière, celles de l’opposition. En conséquence, leurs travaux ne constituent pas non plus un programme pour quelque parti que ce soit. Il s’agit plus simplement, pour tous les acteurs de la société, de se donner les moyens de se faire entendre et de participer au développement national de leur pays. De fait, le souhait des participants aux assises, c’est qu’il y ait moins de faits du Prince, plus de consensus. Ce faisant, l’arbitre étant moins arbitraire n’en sera que plus respectable, et la démocratie moins névrotique.
En vérité, il a toujours existé des phénomènes d’opinion dans les systèmes politiques. Le fait nouveau, c’est le caractère permanent que doit avoir ce phénomène d’opinion qui doit s’opérationnaliser en actions de veille sur tout programme politique mis en œuvre par une formation politique qui a accédé au pouvoir grâce au suffrage universel. Cela n’est possible que si des garde-fous sont mis en place, qui obligent ceux qui sont aux affaires à rendre compte à leurs concitoyens, non pas à la fin de leur mandat, mais de façon régulière. Porter une formation politique au pouvoir ne doit pas signifier un blanc-seing qui lui donne droit de vie et de mort sur les citoyens.
Dans la perspective que nous venons d’esquisser, il s’agit de partager un projet de société, fondé sur une vision prospective auquel aura souscrit l’essentiel des composantes de la société sénégalaise. Au plan factuel, les travaux des assises nationales ont d’abord une fonction hautement utilitaire pour l’ensemble des acteurs intervenant dans le champ du développement. En effet, ils sont constitués à partir des consultations citoyennes, d’un recueil de corpus de données des préoccupations du moment, et de propositions (souvent en rupture avec les pratiques passées) de pratiquement toutes les régions du Sénégal. Ces travaux, pourraient ensuite, déboucher sur une charte nationale. Celle-ci serait un référentiel, un cadre normatif sous forme de feuille de route pour toutes les parties prenantes et qui sera opposable à tous ceux qui auront la prétention de gouverner un jour le Sénégal. Cette charte pourrait être encadrée par un comité de surveillance issu de ses signataires, et être l’expression d’un consensus pour le respect, entre autres, de la Loi fondamentale. Cela est important. En effet, si la Constitution permet de changer les règles du jeu entre les hommes, elle ne change pas les hommes pour autant.
Pour l’essentiel, il ne peut y avoir de destin en commun sans échange ni partage. Depuis longtemps, l’Etat et ses agents agissent et pensent tels des oracles à la place et au nom des citoyens. Les assises nationales sont l’occasion de proposer une réappropriation par ces derniers de leur liberté d’action et de parole. En cela, elles pourraient contribuer non seulement par des propositions alternatives au renforcement du processus démocratique, mais aussi à réconcilier gouvernants et gouvernés et, au-delà, les Sénégalais avec la politique.
Cheikh Tidiane BA Ph.D. Sociologue Ctba03@yahoo.fr
Pour l’intérêt du Sénégal
J’ai fini par accéder aux vœux de mes nombreux compatriotes qui ont souhaité que ce message soit transformé en contribution. En ce début d’une nouvelle année, je voudrais présenter mes meilleurs vœux à tous les Sénégalais. J’avais entamé l’année 2008 en trombe. Sous ce rapport, j’avais reçu la plupart des partis politiques avec lesquels je m’étais lancé dans un processus qui me paraissait apte à trouver des solutions à nos problèmes intra muros. En le faisant, j’avais pour ambition de servir mon pays car, comme le dit une récitation dont j’ai perdu jusqu’au nom de l’auteur, ‘entre le ministre qui trône dans un bureau lambrissé et le planton chargé du service du courrier, il n’y a qu’une différence et celle-ci réside dans la manière dont l’un et l’autre serve leur pays’.
Le pays est aujourd’hui confronté à des difficultés qui n’incombent pas au seul gouvernement en place. Mais il appartient néanmoins à ce dernier de leur trouver des solutions idoines. De grâce, consacrons-nous à cet effort de redressement national, au lieu de nous perdre dans de vaines querelles byzantines.
Dieu veuille que le processus naguère entamé soit continué dans l’intérêt du Sénégal que nous avons en partage. En tous cas, c’est le vœu le plus cher que je formule pour 2009 et avec lui, des vœux de santé, car comme me le disait un ami hal pulaar, ‘la santé est la fille aînée de tous les trésors’.
El Hadji Babacar KEBE Président de l’Asnu
Baisse du prix de l'électricité de 12 A 14 % : Les imams de Guédiawaye font reculer l'Etat
Devant la détermination des imams de Guédiawaye à faire face au diktat de la Senelec, l’Etat joue à la reculade. Une baisse de 12 à 14 % sur le prix de l’électricité est sérieusement envisagée dans les prochains jours. Mais cette baisse sera-t-elle jugée suffisante par ces imams pour participer à une baisse de la tension notée au niveau du front social ?
Les récentes manifestations des imams de Guédiawaye contre la cherté du prix de l’électricité semblent porter leurs fruits. Le pouvoir, le chef de l’Etat en tête, a décidé de prendre à bras le corps ce problème. Et pour cause, une baisse de l’ordre de 12 à 14 % sur les factures de la Senelec est sérieusement envisagée dans les prochains jours. Selon nos confrères de Nettali.net, cette décision serait prise, dans le courant du week-end, au sortir d’une réunion marathon entre les responsables des différents segments du secteur de l’énergie au Sénégal. Rencontre au cours de laquelle les techniciens du ministère de l’Energie, ceux de la Commission de régulation des marchés et de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) se sont penchés les conditions d’applicabilité de la mesure.
Comme pour mieux accompagner cette décision, l’Etat a décidé de s’investir dans la promotion des lampes à basse consommation (Lbc) à la place de celles existantes, responsables, selon les techniciens, de la forte consommation d’électricité par les ménages. Et pour les rendre accessibles aux consommateurs moyens, ces lampes seront défiscalisées, renseignent des techniciens de la Société nationale d’électricité. Ce qui permettrait, à court terme, d’assister à une baisse encore plus subséquente des factures d’électricité. Une baisse qui pourrait même atteindre la barre des 22 % sur les prochaines factures d’électricité.
Les pouvoirs publics semblent aussi lâcher du lest sur la question des factures contestées par les consommateurs. Lesquels reprochent à la Société nationale d’électricité de ne pas prendre en charge l’effet des délestages et les défaillances enregistrées au niveau des compteurs. Et le ministre Samuel Sarr aurait instruit à la Senelec de rembourser les consommateurs dont le préjudice subi est avéré et de procéder aux ‘rectifications justifiées’ pour les compteurs défaillants. Il a aussi été décidé de la mise en place d’un Fonds d’amortissement du choc pétrolier qui devrait subir les caprices de la montée du baril de pétrole jusqu’à 30 % de son prix actuel de 47 dollars (environ 20 000 francs Cfa). Mieux, les possibilités d’installation de ce fonds ont déjà été étudiées par le ministère en charge du Budget.
Les imams de Guédiawaye avaient exigé du gouvernement la suppression des 17 % de hausse sur les factures d’électricité et le retour à un mode de tarification dégressif. Une initiative largement reprise par une large frange de la société. Et en réaction, le président Abdoulaye Wade, dans son discours à la nation du 31 décembre, avait montré des signes d’ouverture. ‘Je comprends parfaitement vos récriminations. C’est pourquoi j’ai donné des instructions fermes au gouvernement pour prendre des mesures immédiates’, déclarait-il.
Mais les baisses annoncées seront-elles jugées suffisantes par les populations de Guédiawaye qui entendent déplacer la lutte dans les mosquées de tous les quartiers de Dakar et dans les églises. Ils ont ainsi demandé à tous les fidèles musulmans et chrétiens d’organiser des séances de prières le dimanche 11 janvier dans les mosquées et églises pour un Sénégal de paix, de prospérité et surtout pour la réussite de leur combat (baisse du prix de l’électricité).
Ibrahima DIAW
NETTALI :
SERIGNE MANSOUR DJAMIL SUR WALF TV
"Le chef de l’Etat nous a habitués à des promesses non tenues"
NETTALI- Invité de l’émission "Opinion" sur la chaine de télévision privée Walf Tv, Serigne Mouhamadoul Mansour Sy Djamil, membre très influent de la famille Sy de Tivaouane, n’a pas cherché midi à quatorze heures pour dire ce qu’il pense d’un dernier discours de nouvel an du président Abdoulaye Wade. Priant pour que Dieu donne au président Wade la force de tenir les promesses qu’il a faites le 31 décembre dernier, celui que l’on surnomme le marabout-banquier craint toutefois qu’il ne s’agisse que de promesses de plus. Car, rappelle, Seydi Mouhamadoul Mansour Sy Djamil, "le chef de l’Etat nous a habitués à des promesses non tenues".
D’emblée, le marabout fait remarquer à l’animateur de l’émission "Opinion", que, dans son discours de nouvel an, "le président de la République n’a pas répondu à la question fondamentale". Il s’agit, selon lui, de la baisse du prix de l’électricité. D’ailleurs, de l’avis de Serigne Mouhamadoul Mansour Sy Djamil, c’est ce qui explique que les imams de Guédiawaye refusent encore de baisser les bras. Mieux, croit-il savoir, cette question de l’électricité est nationale. "Il faut que Wade revienne sur cette question", a-t-il dit. Non sans avertir : "Quand l’individu n’a peut plus, il dit qu’il n’en peut plus. Les citoyens n’en peuvent plus". D’après lui, les imams réagissent d’abord en tant que victimes et au même titre que tout le monde.
"Le chef religieux est aujourd’hui interpellé. C’est très facile de dire que les imams sont des jusqu’au boutiste", souligne-t-il. Avant de se désoler : "Le chef de l’Etat nous a habitués à des promesses non tenues". Et de prier pour Dieu donne à Wade la force de tenir les promesses tenues dans son discours de fin d’année. Mais, dit-il, "je crains que ça soit une promesse de plus".
Sur le même rtegistre, le marabout s’interroge sur certains omissions du discours de Wade. "Pourquoi il n’a pas parlé de Kédougou ?", s’interroge-t-il. Serigne Mansour Sy Djamil est, d’ailleurs, convaincu que ce qui s’est passé à Kédougou, mais aussi à Guédiawaye pouvait être évité si le gouvernement avait accepté de participer aux Assises nationales. Seydi Mansour Sy Djamil est, d’ailleurs, membre du bureau national des Assises nationales présidé par Amadou Makhtar Mbow.
En outre, le marabout a appelé le gouvernement à faire la lumière sur ce qui s’est passé à Kédougou et invité à des discours au lieu d’utiliser la force. Mais il ne se fait pas d’illusions. Puisqu’il est convaincu que le pouvoir libéral fait du pilotage à vue.