Perspectives électorales 2012
Article Par Ibrahima Sène PIT/SENEGAL ,
Paru le Mardi 22 Sep 2009
En effet, le Conseil des Ministres a procédé à des nominations de nouveaux personnels diplomatiques, et à la désignation d’un nouveau Directeur du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar ( COUD) , dont le titulaire est perçu unanimement comme bénéficiaire d’une « planque » devant lui servir de moyens pour contrer l’opposition dans sa région.
Ainsi, Wade vient de donner un nouveau signal fort de sa volonté inflexible de continuer sa politique de gaspillage de nos maigres ressources, pour son prestige personnel, à travers une représentation diplomatique pléthorique et scandaleusement coûteuse, et de pillage de nos entreprises publiques pour entretenir et agrandir sa clientèle politique, par la corruption et l’achat de conscience.
Wade a pris ces décisions que voilà, en lieu et place d’une réponse urgente à la détresse des populations, confrontées à de terribles inondations et de délestages intempestifs d’électricité, avec mort d’hommes par noyade ou par électrocution.
D’ailleurs, dans ce contexte, après son déplacement coûteux en République de Guinée ( 2 avions) pour apporter son soutien à un Chef militaire putschiste rejeté par les Républicains et Démocrates de ce pays et de toute l’Afrique, sa volonté d’aller signer, à Washington, l’accord de crédit dans le cadre du Millenium Challenge Account ( MCA) , à la place du Ministre de l’Economie et des Finances et de celui des Affaires étrangères, apparaît comme du mépris vis-à-vis du peuple qui souffre , puisqu’elle va être l’occasion de nouvelles dépenses folles pour entretenir sa pléthore de courtisans qui l’accompagne dans ses déplacements.
C’est à cette situation, devenue insupportable pour les populations, qu’il faut mettre un terme sans attendre les échéances de 2012, pour éviter que le pays ne sombre dans des actes de désespoir d’un peuple déboussolé.
C’est ainsi que l’exaspération des populations occasionne de plus en plus l’expression de leur ras le bol sur la place publique, que le pouvoir réprime avec une régularité déconcertante, comme réponse à ce désarroi.
Tout cela laisse croire que, par la fréquence et la violence des répressions des manifestations des populations, en colère face à la démission des pouvoirs publics vis-à-vis de leur situation de détresse, Wade prépare, en fait, dans le cadre de son plan C, les conditions de prise du pouvoir par nos forces de sécurité en dernier ressort, pour préserver ses arrières en cas de départ forcé, suite à la pression du peuple.
Cette perspective est d’autant plus plausible que, notre peuple est propulsé dans un débat sur les perspectives électorales qui tente de le convaincre, qu’il n’a aucune alternative à Wade et à sa politique, ni dans son Parti, ni dans l’opposition politique.
Ce débat réduit artificiellement l’avenir politique du pays dans la capacité de Wade à réaliser son plan B, qui consiste à réunir ses « fils » égarés, .après l’échec de son plan A avec les élections locales du 22 Mars 2009, ou dans la capacité des leaders de Bennoo à se doter d’un leader.
Cette vision de l’avenir politique des Sénégalais les place dans une impasse politique, puisqu’il est évident que, d’une part, Wade ne peut pas réussir dans son entreprise ,compte tenu de l’attitude de Macky Sall et des manœuvres de Idrissa Seck, et que, d’autre part, Bennoo ne peut pas se doter d’un leader pour servir d’alternative à Wade, du fait de sa composition plurielle, et de l’existence d’un consensus national large autour des conclusions des Assises nationales, qui sert de véritable « programme minimum », alternatif au régime et à la politique de Wade, qui va au-delà de ses frontières , pour inclure des organisations et personnalités de la Société civile.
Le fait d’ignorer ou d’occulter, qu’ au Sénégal post Assises nationales, l’alternative n’est pas autour d’un leader de Bennoo, mais dans une équipe composée d’hommes et de femmes crédibles, issus du mouvement des Assises nationales, pour mettre en œuvre ces conclusions dans une période arrêtée d’un commun accord, est la véritable source de cette impasse politique artificiellement créée et entretenue par médias interposés.
De même, le fait de continuer à entretenir cette impasse politique dans l’opinion publique, revient à une vaine tentative de la faire accepter que sa situation continue d’empirer d’ici que Wade ou Bennoo résolve les contradictions irréconciliables dans lesquelles ils se sont enfermés en perspective de 2012.
Entretenir cette impasse politique c’est donc véritablement faire le jeu de Wade, pour lui permettre d’avoir le temps de manœuvrer pour réaliser son plan B, ou à défaut, de créer les conditions de la mise en œuvre son plan C pour sa succession, qui consiste, comme on l’a vu plus haut, à transmettre le pouvoir aux forces de sécurité pour préserver ses arrières et sa famille.
C’est dans cette situation, devenue insupportable pour les populations, que la presse locale nous apprend que Wade vient de renforcer l’arsenal anti émeute de la Légion de Gendarmerie, après l’avoir fait pour le Groupe Mobile d’Intervention de la Police, le GMI.
Ainsi, au lieu d’utiliser les maigres ressources qui nous restent pour éradiquer les causes économiques et sociales des « émeutes » des populations, Wade, non content de continuer sa politique de misère sociale et de gaspillage des ressources publiques, les nargue en augmentant les moyens de les réprimer.
Ce climat de violence lui est donc nécessaire pour la réalisation, en dernier ressort, de son plan C .
C’est pour cela, qu’il est nécessaire de rappeler avec force, qu’avec le Tribunal Pénal International, l’ère de l’impunité est révolue en Afrique, pour tous les auteurs de massacre d’un peuple, qu’ils soient civils, militaires ou miliciens.
Mieux, la réputation légendaire de loyauté républicaine de nos Forces de sécurité, donc vis-à-vis du seul peuple souverain, serait sérieusement compromise à jamais, si elles rentraient dans ce projet macabre des Chefs d’Etat, devenu monnaie courante aujourd’hui en Afrique, qui cherchent désespérément à perpétuer leur règne, ou à défaut à préserver leurs arrières.
C’est compte tenu de tous ces enjeux, que le PIT, dans une Déclaration du 8 Septembre 2009, a appelé au départ immédiat de Wade du pouvoir par les voies et moyens d’expression que la Constitution reconnaît à notre peuple , et a .réaffirmé publiquement, le cas échéant, son engagement à faire respecter les dispositions constitutionnelles en matière de dévolution du pouvoir.
Notre option pour une Alternative civile, démocratique, républicaine et citoyenne après ce départ est donc sans équivoque.
Toutes les forces vives démocratiques et républicaines de la Nation, dans les Partis politiques, les Syndicats, la Société civile, le Patronat national, dans les Organisations professionnelles du monde rural, et au sein de nos Forces de sécurité, sont interpellées devant l’Afrique et le monde, à œuvrer, dans la cohésion la plus forte, pour qu’il en soit ainsi.
Il y va de nos capacités à sortir notre peuple de la détresse dans le court terme, dans la paix civile et la stabilité, et à lui donner espoir dans un avenir meilleur.
Dakar le 13 Septembre 2009