revue de presse
ANOCI, CORRUPTION, IDY, DEPART ET SUCCESSION DE WADE…
Penda Mbow crache ses « civilités » au régime
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 22 octobre 2007
La présidente du Mouvement citoyen, Penda Mbow affiche son opposition contre une succession biologique à la tête de l’Etat. Elle trouve « anormale » l’éventualité que Karim Wade remplace son père, président de la République et martèle que « cela ne marchera pas au Sénégal ». Dénonçant, entre autres, la corruption qui, selon elle, est « de plus en plus endémique au Sénégal qui a promu de nouveaux riches », Penda Mbow qui intervenait en marge de la rencontre entre les organisations de la société civile qui s’est tenue samedi au siège du Mouvement citoyen, n’y est pas allée de main morte avec le pouvoir sur les sujets de l’heure.
« Il faut que les politiques prennent en charge les préoccupations du peuple Sénégalais et respectent leurs engagements vis-à-vis d’eux ». Penda Mbow, la présidente du Mouvement citoyen, s’exprimait ainsi, hier, à Dakar, lors d’une rencontre avec d’autres organisations de la société civile. « Je pense que seul un mouvement autonome et libre de la société civile pourra arriver à réunir les forces politiques du pays pour créer un consensus fort autour des questions aussi essentielles que les institutions, les problèmes économiques que nous vivons tous les jours et l’avenir de ce pays dans l’ensemble », indiquait-elle encore.
Regrettant que le pouvoir ne soit « pas réceptif » par rapport à toutes les initiatives promues par les organisations de la société civile, la présidente du mouvement citoyen rappelle que c’est ce qui les amène à se réunir « pour voir dans quelle mesure on peut faire pression pour amener ce pouvoir à discuter, à dialoguer. » Aussi pour Penda Mbow, le pouvoir ainsi que l’Etat, « ce sont les citoyens », dit-elle, ajoutant que le jour où tous les citoyens montreront de manière déterminée qu’ils veulent ce dialogue, « je pense que le pouvoir ne pourra plus continuer à faire la sourde oreille. » Et d’indiquer qu’ « il faudra amener le pouvoir à prendre en considération la volonté de ces citoyens. » Dès lors, le mouvement citoyen entend fédérer l’ensemble des organisations de la société civile « pour être puissant et créer une force alternative, non pas pour la prise du pouvoir, mais pour amener les forces politiques à s’occuper du Sénégal ».
Mouvement syndical essoufflé par la course aux prébendes
La présidente du Mouvement citoyen s’est aussi prononcée sur le rôle que doivent jouer les syndicats. Avec beaucoup de regret, Penda Mbow constate que « le syndicalisme sénégalais était très fort. » Dans les années 60, rappelle-t-elle, on a vu les luttes « épiques » que les syndicalistes ont menées dans ce pays jusqu’à pousser le parti au pouvoir à créer une situation dénommée le « syndicalisme responsable » pour mieux contrôler le mouvement syndical. Et le mouvement continue dans le secteur de l’éducation et dans d’autres secteurs. Pour Penda Mbow, on est arrivé à faire de ce mouvement, non pas l’appendice des partis qui luttaient pour le changement, mais à faire de ce mouvement de masse, un puissant levier capable d’infléchir les choses dans un sens ou un autre. On s’est battu c’est vrai pendant les années 80, au moment des politiques d’ajustement structurel pour un mouvement syndical autonome, qui ne serait plus contrôlé par les partis politiques pour mieux prendre en charge les préoccupations des sénégalais. Cependant, constate encore la présidente du Mouvement citoyen, on se rend compte, de plus en plus, que ce mouvement syndical est très devenu faible. A la veille de l’alternance le 19 mars 2000, « on s’est rendu compte que l’Unsas avait joué un rôle déterminant avec à sa tête Mademba Sock. Si ce mouvement est devenu très amorphe, c’est parce qu’il y a des batailles autour des questions d’argent, de leadersphip, de positionnement dans l’appareil d’Etat. Et c’est vraiment dommage. » Aussi, la présidente du Mouvement citoyen est-elle formelle : « Il faut renouveler la tête du mouvement syndical, même s’ils sont tous mes amis, pour lui permettre d’avoir plus d’autonomie pour une meilleure prise en charge des préoccupations des populations qui tournent autour de la sauvegarde de l’outil du travail. » Et de marteler encore que « le syndicaliste n’est pas fait pour se retrouver au pouvoir, mais pour défendre les citoyens, le pouvoir d’achat et l’outil de travail. »
Pauvreté, source de maladies « endémiques »
S’il y a quelque chose qui a beaucoup progressé dans le pays, ces dernières années, c’est bien la pauvreté, selon Penda Mbow. Illustration, le paysan sénégalais ne vit presque plus et on entend tous les jours la complainte du monde paysan. « Si vous allez dans les rues de Dakar, toutes ces femmes que vous voyez au coin de chaque rue, ce ne sont pas des mendiantes ordinaires. Ce sont des femmes qui ont quitté le village pour venir mendier dans la ville en espérant récolter quelques sous à ramener au village », décrit-elle encore. L’élément qui reflète le mieux la pauvreté, pour la présidente du Mouvement citoyen, c’est la recrudescence de toutes sortes de maladies. « Le choléra n’est plus une épidémie, c’est devenu une endémie », déclare-t-elle. Pendant ce temps les infrastructures hospitalières sont confrontées à d’énormes difficultés.
2494 milliards du groupe consultatif de Paris :
« C’est à l’état virtuel pour le moment »
Dans ce contexte d’extrême pauvreté, la présidente du Mouvement citoyen, interpellée sur les pluies de milliards annoncés à l’occasion de la sixième réunion du Groupe consultatif qui s’est tenue récemment à Paris. « J’attends de palper ces milliards », réponds Penda Mbow, circonspecte. Pour elle, c’est encore à l’état virtuel, les bailleurs de fonds ayant simplement décliné des intentions de financement qui peuvent avoisiner trois mille milliards. Mais, dit-elle, « il ne faut pas perdre de vue qu’il y a un certain nombre de conditionnalités. » Dans certains milieux comme celui de l’informel, analyse Penda Mbow, les gens commentent et se demandent comment les bailleurs de fonds ont pu accepté le dossier du Sénégal avec tous les scandales qui ont lieu dans notre pays au cours de ces dernières années. Elle reconnaît tout de même « le Sénégal est un pays intéressant au niveau des bailleurs de fonds. Le problème c’est qu’on aimerait savoir les conditions qui ont été exigées par les bailleurs de fonds et si celles-ci seront supportables pour le commun des sénégalais. »
Corruption : « Des indigènes se retrouvent subitement riches »
Autre sujet, autre mal, la corruption qui, selon Penda Mbow, s’est installée de façon insidieuse dans nos pratiques quotidiennes, dans la société Sénégalais. La parade, « elle proviendra des masses, lorsqu’elles ne seront plus en mesure de supporter cette situation », indique la présidente du Mouvement citoyen. Pour enfoncer le clou, Penda Mbow met le doigt sur les fortunes qui se font en un temps record dans le pays. « On a vu des gens qui, hier, étaient dans l’indigence la plus totale et qui se retrouvent du jour au lendemain subitement riches. Je trouve que cela ne relève même pas de la décence. » D’où cette démarche des organisations de la société civile afin qu’il y ait davantage de conscience citoyenne.
« Karim Wade ne peut pas échapper aux règles… »
L’orthodoxie dans les institutions n’a pas échappé à la diatribe de la présidente du Mouvement citoyen, notamment autour de ce qu’il convient d’appeler le « cas Karim Wade ». « Je pense que Karim Wade, dans l’organisation institutionnelle, n’a pas une position très claire. Or, dans une République, ce sont les institutions qui fonctionnent, qui se parlent, qui dialoguent », analyse-t-elle. L’Anoci que préside Karim Wade doit dépendre, estime Penda Mbow, d’une institution de la République, de la primature, de la présidence de la République, ou un autre ministre et il reviendra à la tutelle de répondre à l’Assemblée nationale. « Il faut comprendre qu’on ne reconnaît pas à Karim Wade une place dans l’organigramme institutionnel. Ce qui fait que s’il dépend de la présidence de la République, c’est le président de la République qui doit répondre, si c’est de la primature, c’est le Premier ministre. C’est cela l’orthodoxie. Je suis d’accord avec ceux qui défendent l’orthodoxie. »
Ce qui ne va pas au Sénégal ? Penda Mbow pense que c’est que « les corps de contrôle ne jouent plus leur rôle. » Entre la Cour des comptes, le contrôle financier, l’Inspection générale d’Etat, c’est cette dernière structure nommée qui doit regarder, inspecter. S’ils ne font pas leur travail, qui le fera à leur place, s’interroge-t-elle. Or dans une République normale où les institutions fonctionnent, quand les corps de contrôle font leur travail, ils produisent un rapport. Et de rappeler l’affaire des « chantiers de Thiès » qui avait fait l’objet d’un rapport remis au président de la République qui l’avait déclassifié. « Il y a trop de choses dans ce pays qui vont à l’encontre de l’orthodoxie. Cela ne peut pas continuer, il faut qu’on respecte les institutions sinon elles vont disparaître. Karim Wade ne peut échapper aux règles de fonctionnement de l’Etat. Que cela soit pour ou contre lui, on doit le mettre dans un dispositif de fonctionnement des institutions », éructe la présidente du Mouvement citoyen.
A l’affaire des chantiers de Thiès, succède celle de la corniche Ouest dans la diatribe du Mouvement citoyen dont la présidente y voit les mêmes pratiques et le même traitement. Or, selon Penda Mbow, « on ne peut pas avoir un traitement vis-à-vis d’Idrissa Seck et un autre par rapport à Karim. » Toujours est-il que le peuple a le droit de savoir où est passé tout cet argent qui est en fait le sien.
Quant à une éventuelle succession biologique de Maître Wade par son fils à la tête de l’Etat, Penda Mbow trouve que « ce n’est pas normal. » Pour elle, le peuple doit être vigilant « et réclamer le pouvoir qu’il a confié à Abdoulaye Wade en l’an 2000 dans des conditions exceptionnelles en Afrique afin qu’il en choisisse un autre. Il n’est pas question d’une succession biologique. » Et d’ajouter que « cela ne relève même pas de notre tradition historique, de notre culture politique. Si Karim Wade veut faire de la politique, il en a parfaitement le droit. Il peut faire de la politique, créer un parti ou même le Pds peut le mettre à la tête si les militants en décident, mais il reviendra au peuple Sénégalais de choisir qui il va mettre à sa tête. »
HOMMAGE A UN JOURNALISTE MODELE
Par | | lundi 22 octobre 2007 |
Par le Pr Iba Der THIAM
La terre de Sébikotane a accueilli, le Vendredi 19 Octobre 2007, la dépouille mortelle d’un des pères du journalisme indépendant dans notre pays. Certes, depuis le 19ème siècle, le journalisme écrit compte, au Sénégal, des figures célèbres, qui ont mobilisé leur talent, leur énergie, leurs convictions et leur courage patriotique au service des causes justes, des faibles et des déshéritées.
Je pense à Lamine gueye, Amadu Duguay Clédor, Ganlandou Diouf, Jean D’Aramy Doxoby, Sabourault, Armand Angrand, Gaston Sauget, François Baye Salzman, Ibrahima Sow, Ahmet Sow Télémaque , Khayar Mbengue, Max Burty, Alfred Goux, Charles Graziani, Ahmed Benga, François Gomis, Diallo Amadou Lamine, Papa Guèye Sarr dit Saguepar , rien que pour la période précédant la 2ème guerre mondiale.
Chacune de ces personnes est une figure emblématique qui s’est investie, dans des moments difficiles, au milieu de périls innommables, pour mettre au service du peuple sénégalais, des informations utiles, pour former son esprit, éclairer ses décisions, inspirer son action, dans le sens du bien, du droit, de la justice, de la dignité, de l’égalité, de la paix.
J’aurais pu citer d’autres, tout aussi prestigieux, couvrant la période d’avant l’indépendance.
Aucun d’eux n’était animé par un esprit de vedettariat, encore moins par l’impertinence. Ils n’étaient, ni des affairistes, ni des hommes de haine, inspirés par la volonté de faire du mal, l’esprit d’intrigue, la falsification des faits, le tripatouillage des événements.
Ils ont servi la presse de leur pays, avec hauteur et panache, jusqu’à la fin de leurs jours. Par la force de leur plume, leur rigueur morale, leur intégrité professionnelle et leur désintéressement, ils ont fait triompher des causes justes, lutté contre l’arbitraire et fait reculer la force brutale de régimes autoritaires, quelquefois sanguinaires, au prix de leur vie. J’ose espérer, q’un jour prochain, un Mémorial du Souvenir sera érigé à leur gloire, eux, qui ont tant fait pour que le Sénégal devienne une terre de liberté d’expression, de tolérance, de respect des droits attachés à la personne humaine, mais aussi, de justice et de vraie démocratie.
Abdourahmane CISSE appartient à la génération de la relève, celle qui, de 1945 aux années 70, dans un conteste marqué par le parti unique de droit ou de fait, une intolérance omniprésente, une répression pesante, a osé levé la tête pour défier des forces obscures, sans moyen, ni soutien.
Armé de sa seule volonté, de ses convictions ardentes, Abdourahmane CISSE s’est attaqué à la citadelle de l’obscurantisme, en créant un journal indépendant, moins pour faire fortune ou pour s’autoproclamer icône, que pour éduquer, former, informer, avec un talent, un style, une compétence, une humilité rares et appréciés.
Il n’a jamais insulté personne. Il n a jamais humilié son prochain. Il n’a jamais considéré un autre humain comme un ennemi. Il ne cherchait pas la gloire, mais la vérité. Il ne cherchait pas des couronnes, mais la simple satisfaction du devoir accompli. Il ne connaissait, ni la haine, ni la vengeance, ni les combines, ni les trafics d’influence, ni le chantage déguisé, ni le terrorisme médiatique. Il ne s’est jamais servi de son métier pour obtenir des villas huppées ou s’offrir des richesses obscures. Pourtant, il a réussi à porter haut, le flambeau que ses prestigieux devanciers lui avaient légué.
Loin de se limiter à cette mission, déjà si noble, Abdourahmane CISSE s’était investi dans le champ social, pour l’amélioration des conditions de vie des populations sérères minoritaires de la Région de Thiès, ainsi que de celles défavorisées ou laissées pour compte du reste du Sénégal. Si Sébikotane bénéficie, aujourd’hui, d’un collège de proximité, c’est à ses démarches opiniâtres et insistantes que cette localité le droit.
Le plus clair de son temps, il le passait à demander de l’eau et de la terre pour les vergers des populations, des pistes de production, des dispensaires, des infrastructures sportives, des équipements pour la jeunesse, au profit de son terroir. De la Hollande, où il s’était installé, il ne cessait d’imaginer des projets, de chercher des financements et d’orienter l’intérêt des bailleurs de fonds sur le Sénégal et sur ses frères et sœurs de Diamniadio. L’un des premiers, il avait senti que cette plateforme était promue à un brillant avenir.
Récemment, il avait formé le projet de lancer, dans cette zone, en Casamance et dans les Îles du Saloum, un vaste Programme de culture du bambou, dont il se plaisait à vanter les inestimables avantages, pour doter les populations de revenus additionnels, qui les sortiraient, durablement, de la pauvreté.
Panafricaniste convaincu, il travaillait sur un projet de mobilisation de la jeunesse africaine, de Dakar à Dar-es-Salam et d’Alger au Cap. Intellectuel de haut lignage, pratiquant plusieurs langues, homme de culture, féru d’esthétique, homme de synthèse, il incarnait toute la diversité de l’humaine condition.
Il a combattu pour l’Alternance avec ses moyens propres, sur le terrain concret de la lutte, à travers les vergers et les hameaux de sa terre natale, qu’il avait décidé de rejoindre, dès le début des premières joutes électorales. Sans doute, que le mal qui devait lui être fatal, avait déjà commencé à le ronger. Mais, on ne le sut jamais. Comme le loup de ce poète de génie, il avait appris à « souffrir » et à « mourir sans parler ». Sa disparition laisse un vide immense.
J’ose espérer que la population de Sébikotane, terre bénie de Dieu, qui a accueilli cette intelligentsia africaine incomparable, dont tout le monde noir s’honore à travers l’Ecole Normale William Ponty, perpétuera le souvenir de ce fils illustre du Sénégal, de l’Afrique et du monde noir, de ce journaliste de génie, modèle de vertu et d’engagement, en donnant son nom à l’actuel Lycée de Sébikotane.
Ainsi, Abdourahmane Cissé, visionnaire inspiré de l’avenir merveilleux que l’Alternance vient de promettre à sa terre natale, serait le pont symbolique entre l’Université du Futur Africain et la future plateforme de Diamniadio, expressions de la renaissance de la zone de peuplement Safène, modèle de courage, de travail, de discipline et de foi en l’avenir du pays.
Pr Iba Der THIAM
Repenser l’agenda des droits de l’homme dans les pays du sud
Par | | samedi 20 octobre 2007
Que les ONG et autres segments de la société civile aient jugé plus pertinent de se focaliser sur le « dialogue politique » pour jouer aux entremetteurs entre les différents composants de la vie politique, ne doit pas occulter le caractère « indivisible » des droits humains. Ce serait en effet une grossière erreur que de considérer les interpellations bioéthiques, comme questions périphériques aux droits humains. Sur un plan plus large – celui de la liaison de différentes thématiques sur les droits de l’homme – il se pose, depuis plus de vingt ans, le débat sur la pertinence de privilégier les droits, dits de « première génération » (la Déclaration de 1948), ou ceux de « seconde génération » (les deux Pactes de 1966), avec un accent particulier mis sur la « lutte contre la pauvreté ». Des ONG, comme Amnesty International, ont été interpellées, et Pierre Sané, dans une contribution fort remarquée, avait eu à intervenir pour qualifier la question, de « faux débat », dans Le Monde diplomatique, mai 1998 (p 32).
On se rappelle déjà en 1948, les critiques du premier texte (1948), par Claude Lévi-Strauss, évoquant, selon lui, un « idéal oublieux » que la nature humaine ne se confond pas dans une essence abstraite, puis celles de Michel Villey, en 1983, parlant, à l’inverse, de « l’indécence » d’évoquer des droits à participer aux affaires publiques, aux élections libres et aux loisirs, dans des pays, comme le Cambodge ou ceux du Sahel, disons dans les trois quarts du globe, alors que leurs populations semblent plus préoccupées par la question de la survie. II existe évidemment une grande tentation de parler d’une désymétrie des priorités, entre des droits théoriques (bonne gestion) et ceux dits pratiques (infrastructurels, économiques, problèmes de survie).
La controverse longtemps agitée et entretenue obligeait Amnesty à reconfigurer ses statuts (on associe désormais à la lutte contre la détention arbitraire des prisonniers politiques, en 1961, celle menée au nom de préoccupations économiques) dans un univers géopolitique chamboulé (chute du mur de Berlin, paupérisation liée à une mondialisation à deux vitesses et conceptualisée par la nouvelle sémantique de la lutte contre « l’extrême pauvreté »). C’est à Dakar, à l’occasion de son vingt-cinquième Conseil International, du 17 au 25 août 2001, que l’adoption d’une réforme importante de ses statuts s’est faite, et marque l’acte de liaison de deux agendas des droits de l’homme, longtemps tenus comme antagoniques.
Pierre Sané intègre en décembre 2001 l’Unesco, comme sous-directeur des sciences sociales et humaines, avec une partition de son secteur en quatre sections stratégiques, portant sur la philosophie de la prospective, la bioéthique, les transformations sociales, et les droits humains. L’unité des droits de l’homme longtemps postulée trouve au niveau de l’Unesco le terrain approprié, avec une attention soutenue accordée aux préoccupations bioéthiques, liées notamment au projet de séquençage du génome humain, avec toutes les peurs – souvent injustifiées – que cette éventualité suscite (manipulation des gènes à des fins eugéniques, exploitation commerciale des brevets de recherche par des firmes biotechnologiques, etc.). C’est ce qui a motivé l’Unesco à adopter, en novembre 1997, La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme.
Lorsque le professeur Thiam interpelle d’abord l’Assemblée, pour la « constitution d’une Commission d’Information » devant recueillir l’avis des chercheurs, l’Ordre des médecins, pour éclairer l’opinion, puis le gouvernement pour suspendre l’autorisation de la campagne de vaccination, il adopte ce que les spécialistes de l’éthique médicale appellent « principe de précaution ». Les membres du CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) le connaissent bien en France, et même un peu partout dans le monde, car c’est une démarche courante dans ce type d’organisme. Quand on estime qu’il existe des questions sur lesquelles le « protocole » ou « agenda de recherche » mis en place, avant la phase test ou de recherches, n’apporte pas de réponses satisfaisantes, il est conseillé d’opposer un refus ou une suspension du projet jusqu’à ce que des garanties puissent être apportées, non seulement aux sujets humains faisant l’objet de la recherche, mais aussi aux spécialistes censés encadrer et valider le projet de recherche. En d’autres termes, le « protocole de recherche » doit être conforme aux normes internationales ou à la réglementation définie par le Comité bioéthique (s’il existe) du pays concerné.
Sans toutefois présumer négativement des intentions du projet de vaccination (Mvp) en Afrique de l’ouest, il n’est pas sans rappeler le projet analogue mené au Nigeria, il y a dix ans, par la firme pharmaceutique Pfizer, et qui a donné les résultats controversés qui agitent aujourd’hui les milieux biomédicaux. Sous le prétexte de « l’action humanitaire », la firme a mené, depuis 1996, des essais cliniques du médicament (Trovan Floxacine) sur près de 200 enfants atteints de méningite à méningocoque, avec deux médicaments, l’un en phase test, l’autre ayant fait ses preuves dans le traitement de la méningite. A la fin de la phase d’expérimentation, 11 enfants sont morts et de nombreux autres ont subi des séquelles : surdité, paralysie, lésions cérébrales ou cécité.
Lorsqu’en 2000, le Washington Post a fait état des conditions douteuses dans lesquelles le projet a été mené, l’Etat de Kano, concerné par ce « drame », a réclamé des dédommagements portant sur près de 2,75 milliards de dollars. Mais il est vrai que cette action judiciaire a été aiguillonnée par un rapport des experts nigérians qui émettent, dès l’entame, des réserves sur les essais cliniques et dénonçaient une « exploitation de l’ignorance » des sujets (cobayes ?) concernés par des « tests illégaux de médicaments non enregistrés ». Est-ce cette perspective peu reluisante pour l’image des Africains, et qui rappelle le douloureux souvenir, aux Etats-Unis, de l’étude de la syphilis chez les Afro-américains, dans le ville de Tuskegee, en 1932, qui effarouche le parlement sénégalais au point d’appeler, à bon droit, à la vigilance ? Probablement. On faisait croire en effet aux « cobayes noirs », en 1932, que le produit qu’ils absorbaient étaient efficaces contre la syphilis, alors qu’il s’agissait, en réalité, d’un banal onguent au mercure, pour mesurer l’effet placebo, c’est-à-dire l’effet psychologique suscité chez le patient par la prise d’un « produit » dont on lui fait miroiter ses « vertus ». Cette histoire traumatisante pour la communauté noire avait amené le président Clinton, en 1998, à lui présenter ses excuses, au nom de d’une Amérique réconciliée avec son histoire.
L’histoire de l’éthique médicale est traversée par des errements de ce genre dont les victimes sont souvent des « populations vulnérables » (les pauvres, les enfants, les déments, les illettrés, et souvent les étrangers) et qui a amené à la création de comités de bioéthique, en Allemagne, en 1915, bien avant l’avènement du nazisme, et aux Etats-Unis, dans les années 60-70. A côté de ces comités nationaux, au niveau des institutions internationales, des instances se réunissent régulièrement pour proposer des recommandations et Déclarations, motivées par les urgences du moment. Absente de la Déclaration de 1948 et du premier Pacte de 1966, les questions normatives en matière de bioéthique émargent, pour la première fois, au niveau du second Pacte sur les droits civils et politiques (1966), comme suit :
« Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique ». Art.7.
Autrement dit, la relation médecin/patient impose la définition des limites entre les droits et les devoirs des deux parties dont la coopération unifie les exigences du respect de l’autonomie et de l’intégrité d’une part, et celles de la rigueur et de l’efficacité, de l’autre. A l’instar du Pacte, d’autres Déclarations viendront réaffirmer la nécessité d’une coopération internationale pour lutter contre les pratiques médicales douteuses, mais aussi pour inscrire l’éthique dans la préoccupation fondamentale des droits humains. A côté de la Déclaration universelle sur le génome humain de 1997, toujours sous l’initiative de l’Unesco, il existe également la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme (19 octobre 2005).
Celle-ci insiste sur « la dignité humaine et les droits de l’homme » à préserver (Art.3), sur « l’autonomie et la responsabilité individuelle » du patient à respecter, en tant que sujet (et non objet) de recherche (Art.5), sur son « consentement » (Art.6), d’autres (CCNE) parleront de « consentement éclairé », c’est-à-dire lui fournir des informations pouvant lui permettre d’apprécier pleinement la nature de l’expérimentation dont il est lui-même volontaire, pour gagner son approbation. Pour ce qui est des « sujets vulnérables » (Art.7 et 8), comme précisé plus haut, il est conseillé de recourir à des garants ou tuteurs (par exemple, les enfants sont les cibles désignées du projet de vaccination contre la méningite en Afrique de l’ouest) et leurs parents sont appelés à se substituer légalement à leur incapacité décisionnelle.
Enfin, l’Unesco a jugé que le combat contre le déséquilibre entre pays du Nord et ceux du Sud requérait des actions pratiques et intelligentes. Ayant constaté que le suréquipement des laboratoires et centres hospitaliers des premiers cités peut expliquer leurs grandes performances en matière de recherches biomédicales (la culture de cellules souches, le greffage d’organes et la recherche sur la PMA, Procréation Médicalement Assistée) et le caractère récurrent des débats de ce type au sein d’une opinion publique éclairée, il était à craindre que des pratiques « anti éthiques » puissent être exportées, par des firmes ou centres de recherche, peu scrupuleux, dans des contrées du monde, moins regardantes sur ces questions.
D’où l’organisation des Premières Journées de Bioéthique de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, à Dakar, du 11 au 13 juillet 2005, pour fournir aux Africains un outillage conceptuel majeur pour juguler la menace que l’Afrique ne soit transformée en un terrain « d’expérimentation hors de tout encadrement éthique ». La Déclaration de Dakar sur l’éthique et la bioéthique, insiste particulièrement sur la « nécessité du renforcement de la collaboration dans le domaine de l’éthique, de la bioéthique et des sciences de la vie, avec les institutions partenaires internationales et régionales […] », puis sur la « mise en place d’un programme de formation et d’enseignement sur l’éthique, la bioéthique et le droit de la santé », et enfin, sur l’appel pressant adressé aux gouvernements africains « à créer, soutenir et accompagner les comités d’éthiques et de bioéthiques en Afrique ».
Mais n’est-il pas plus intelligent et moins coûteux de créer, au sein de la CEDEAO, un comité de bioéthique sous régional chargé de gérer ce type de question, comme « l’affaire Pfizer » et le projet (Mvp) nous y invitent, justement ? Cependant, les experts éventuellement désignés pour encadrer le projet se doivent d’adopter un comportement précautionneux, et exiger l’agenda de la recherche que doit fournir la firme pharmaceutique concernée, et proposer, si le projet est validé, une collaboration en termes de facilitation, ou le cas échéant, de contrôle de la relation nouée avec la population locale. Mais sans verser pour autant dans l’amalgame ou le délire consistant à indexer à tout va toutes entreprises étrangères désirant mener des activités de recherches en Afrique, car nous ne savons absolument rien, pour l’instant, ni des détails techniques, ni de la nature normative du projet.
: Ndiakhat NGOM
KOLDA- EMIGRATION CLANDESTINE.
140 jeunes gens du Fouladou périssent en haute mer.
Par Cheikh Omar seydi | | lundi 22 octobre 2007 |
La conquête de l’Eldorado espagnol à encore fait des victimes dans le fouladou. Partis du pays natal il y a quelques jours, 140 jeunes gens en provenance de Kolda-commune et des villages environnants ont fait naufrage en haute mer, au large des cotes marocaines. Leurs embarcation se serait fendue en deux parties au contact des puissantes vagues d’une mer agitée.
Selon nos sources, sur les 160 candidats au voyage des îles Canaries, seuls 10 ont pu être repérés et sauvés par les pécheurs espagnols. Et sur les 150 disparus, 140 sont de la région de Kolda, dont 25 du quartier Gadapara de la commune, 15 du village de Diaghett, 5 de Saré-Bakary et 6 de Saré Moussa Ndour à tire-d’aile de l’entrée Ouest de la ville de Kolda.
D’autres victimes seraient également de l’ethnie Peulh et originaires des régions de Ngabou et Bafata en Guinée-Bissau voisine. Le grand frère d’une des employées du célèbre restaurant de la place ND. B. fait également partie des engloutis de l’océan. Elle témoigne : « Mon grand frère nous disait qu’il s’apprêtait à faire un voyage en pirogue. Un jour j’ai essayé de l’en dissuader mais il m’écoutait sans intérêt ». elle poursuit, les larmes aux yeux : « Nous ne sommes pas la seule famille endeuillée. Il y en a d’autres dans notre quartier de Doumassou.
C’est un fléau qu’il faut arrêter », conclut-elle. Il faut dire que les ‘’passeurs’’ forment un réseau bien organisé dans le fouladou. Le marchandage se fait à raison de 400.000 FCfa ou une paire de bœufs par candidat au voyage. Une liste est ouverte à cet effet pour enregistrer les aspirants. Un rendez-vous est fixé dans une des îles d’Elinkine (Carabane, Diogué, Ehidj, …) d’où le départ est sonné.
Un naufrage bien évitable.
Depuis l’annonce de cette catastrophe maritime, presque toutes les familles du fouladou sont plongées dans une désarroi profond. La tristesse et la désolation se lisant sur tout les visages vu les liens sociaux qui lient les uns aux autres et aussi le nombre impressionnant de victimes. Une véritable catastrophe humaine entend-t-on ici sur toutes les lèvres. A Saré Bakary, des funérailles collectives ont été organisées ce vendredi dernnier à la mémoire des disparus et pour le repos de leur âme. Et pourtant, il convient de dire que cette catastrophe était bien évitable.
Des sources dignes de foi ont fait état que les services de sécurité avaient été mis au parfum de la préparation et du recrutement de clandestins pour ce « voyage sans retour ». avec des informations précises mises à leur portée, un homme A-B, la trentaine bien sonnée et « présumé » convoyeur de clandestins avait été appréhendé dans le domicile du chef de quartier de Saré Kémo à l’Ouest de la ville. Il fut relaxé 48heures après. Pourquoi ?? personne ne saurait répondre à la place des forces de sécurité. Et le résultat est là, triste, désolant et macabre.
Aussi faut-il se demander si l’état ne doit pas mettre en avant dans le cadre du plan FRONTEX, la dissuasion, la prévention et surtout la sensibilisation en y associant les acteurs (presse, leaders d’opinions, artistes, …) pour une plus grande efficacité dans leur action afin d’éviter pareilles pertes humaines à l’avenir – comme c’est le cas à velingara où un autre convoyeur Pape Seck alias Samba Wade à été interpellé et écroué par les pandores les jours derniers.
Les chances de l’Afrique
Pour bon nombre d’observateurs, le continent africain n’a pas ou a peu de chance de se développer. Ces derniers observent et jugent l’Afrique de l’extérieur. Ils se basent sur des critères ou repères des autres continents pour l’appliquer au nôtre. Or l’Afrique n’a pas connu la même histoire que ces derniers, donc n’aura pas le même parcours qu’eux. Tout ce que l’Afrique et les Africains ont eu à réaliser au cours de l’évolution du monde pendant des millions d’années a été réduit à néant durant uniquement quatre siècles. Ce qui a fait perdre à l’Afrique tous ses repères.
Contrairement à ce que pensent ces observateurs, le continent africain est sur la bonne voie et à des chances multiples d’un développement. Depuis les premières années d’indépendances de nos pays il y a de cela un demi-siècle, toutes les étapes franchies ne sont qu’encourageantes. Continuons. Bien entendu, il reste encore beaucoup de choses à améliorer.
Le développement de l’Afrique passera inéluctablement par l’unité du continent. Avec la mise en place des Etats-Unis d’Afrique, notre continent sera le plus grand marché du monde par sa superficie. Ceci permettra aux Africains de se battre de manière acharnée pour la mise en valeur de ce vaste marché. Notre continent sera le plus grand marché du monde par ses ressources naturelles non encore exploitées. Ainsi, les Africains auront leurs mots à dire dans les prises de décisions au niveau du commerce mondial.
Déjà, beaucoup de pays africains pris individuellement occupent des places enviables dans le classement mondial des pays producteurs. Ainsi la mise en commun de toutes ces ressources fera de l’Afrique le premier ou l’un des premiers interlocuteurs dans le commerce international. Dans la mesure où l’Occident s’est développé et pillant les ressources de l’Afrique, notre continent importera leur savoir faire. Ce qui accéléra davantage son développement. Ce que j’entends par ‘leur savoir faire’ est une industrialisation accrue de notre continent. Par exemple, pour les compagnies étrangères qui viendront exploiter nos ressources naturelles, les Africains exigeront la construction d’industries de transformation jusqu’aux produits finis sur le continent. Ce qui permettra à ce vaste marché africain d’être suffisamment ravitaillé, mais aussi de diminuer le coût de beaucoup de produits.
Aujourd’hui, l’Afrique est le seul continent dont la grande majorité de sa population est jeune. La jeunesse constitue une main-d’œuvre indispensable à tout développement car pour tout développement, il faut des cerveaux mais aussi une main-d’œuvre qualifiée. De ces deux, l’Afrique ne manque pas.
L’Afrique doit continuer à former tous ces jeunes qui ne sont que des acteurs de développement et non une charge, comme le prétendent ceux qui essayent de nous distraire. aAvec l’industrialisation du continent, ces jeunes bien formés et qualifiés contribueront de manière effective au progrès économique de l’Afrique.
Sur le plan agricole, avec l’unité du continent, l’Afrique possédera les plus grandes surfaces arables du monde. Ainsi en définissant et en appliquant de bonnes politiques agricoles, l’Afrique atteindra très vite l’autosuffisance alimentaire. Et même, elle sera exportatrice.
Avec les Etats-Unis d’Afrique, avec un marché commun, nos pays adopteront très vite une monnaie commune. Car de nos jours, les monnaies africaines n’ont soit aucune valeur en dehors des frontières ou sont sous le contrôle des Occidentaux sous forme de garanties. Ce qui ne fait qu’accentuer la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’Occident. Une monnaie commune permettra à l’Afrique d’être une force économique, mais aussi d’avoir sa liberté économique.
Avec les Etats-Unis d’Afrique, l’Afrique que les Occidentaux qualifient de continent des guerres, sera enfin pacifié. Car nous disposerons d’une armée continentale forte prête à agir sans l’aval de la communauté internationale. Elle aura, entre autres missions, la protection des peuples d’Afrique sur toute l’étendue du continent. Les chances du développement de l’Afrique sont infinies.
L’introduction des langues nationales dans le système éducatif de nos différents pays est à saluer. Le jour où nous écrirons, lirons et travaillerons dans nos propres langues, l’Afrique retrouvera les repères qui lui sont propres. Alors, à nous Africains de nous lever. A nous Africains de nous battre pour une Afrique sans frontière. A nous Africains d’avoir ce patriotisme et cette détermination pour que le monde de demain soit africain.
Tombon SOLY Président du Club panafricaniste Tél : 77544 – 95 - 73
Au-delà des prétendus trois cent cinquante millions de francs CFA par Oumar FALL
En réclamant à juste titre un inventaire de l’usage qui a été fait des deniers publics dégagés pour l’organisation des élections de représentativité des centrales syndicales de travailleurs, l’honorable Sidya NDIAYE a fait preuve de haute responsabilité. Il demeure constant dans cette dynamique après avoir notamment attiré, à l’occasion de la remise des cahiers de doléances du 01er mai 2006, l’attention des pouvoirs publics sur l’état préoccupant dans lequel se meut l’Administration du Travail et sur la (...)
Par : Oumar FALL , dimanche 21 octobre 2007
En réclamant à juste titre un inventaire de l’usage qui a été fait des deniers publics dégagés pour l’organisation des élections de représentativité des centrales syndicales de travailleurs, l’honorable Sidya NDIAYE a fait preuve de haute responsabilité. Il demeure constant dans cette dynamique après avoir notamment attiré, à l’occasion de la remise des cahiers de doléances du 01er mai 2006, l’attention des pouvoirs publics sur l’état préoccupant dans lequel se meut l’Administration du Travail et sur la situation des agents qui la font fonctionner. Cette Administration du Travail qui se morfond encore dans son statut de parent pauvre de l’Administration et son attribut de maillon faible de l’Economie et de la redistribution équitable des richesses au niveau des populations.
En effet, l’attribut de maillon faible à un individu ou à une structure peut découler de rapports raffinés produits par des connaisseurs en la matière. A ce titre, le chapitre 10 du récent rapport de la Banque Mondiale « A la recherche de l’emploi – Le chemin vers la prospérité » confirme ce constat qui si nous ne prenons garde, risque de plomber la potentielle émergence économique de notre pays mais aussi de compromettre le pouvoir d’achat des masses laborieuses. Même si par ailleurs, le rapport est resté muet comme une carpe sur la responsabilité, sur l’impact que les politiques d’ajustement structurel imposées par les bailleurs de fonds ont eu sur la réduction des moyens d’action de l’Administration en général et de l’Administration du Travail en particulier.
L’attribut de maillon faible peut également résulter de la perception brute qu’ont ceux qui souffrent de ne pouvoir bénéficier suffisamment des actions ou des prestations de la structure incriminée. Car le déficit de l’Administration du Travail en moyens humains et surtout logistiques se déteint sur la qualité du service qu’elle se doit d’offrir à ses usagers et par conséquent sur la perception négative parce que biaisée, que ces derniers ont de nous autres, agents de l’Administration du Travail.
C’est pourquoi, pour éviter que l’on ne jette l’opprobre sur ces agents respectables suite au caractère sensationnel de la déclaration de Monsieur Sidya, il est pertinent que la lumière soit faite sur l’utilisation de ces prétendus trois cent cinquante millions de francs CFA. Par ailleurs, dans ce contexte de diversification des syndicats, il est nécessaire de mener une réflexion sur le management du département ministériel chargé du Travail. L’ère de la gestion solitaire, axée principalement sur le contrôle de structures syndicales n’est plus de saison. Il en est de même de l’onéreuse voie de contournement (en terme de carburant et frais de missions) des démembrements déconcentrés en général et des Inspections régionales du Travail et de la Sécurité sociale en particulier. Il devrait s’agir plutôt dorénavant d’un management participatif auquel sont impliqués les agents du département dans un champ social où l’on aura déterminé de manière transparente la représentativité des centrales de travailleurs et d’employeurs. C’est dans ce sillage que s’est inscrite jusqu’à présent l’actuelle locataire du département après les brefs passages de Madame Marie Louise CORREA et Maître Souleymane Ndéné NDIAYE.
Au-delà, un audit sur l’organisation, le fonctionnement, les moyens de toutes les structures et institutions chargées de la protection des travailleurs mais aussi sur le traitement des agents qui en ont la charge, s’impose dans la double perspective de l’effectivité de l’application de la législation sociale et de l’efficience des retombées sociales des nombreux chantiers et projets en cours et en prévision au niveau du pays initiés par le Chef de l’Etat. Nous ne demandons qu’à servir cet Etat pour le grand bonheur du peuple.
Oumar FALL, Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale scna@caramail.com
Pour la succession de Wade “Rewmi” flaire un ticket Karim/Idy et qualifie la sortie de Farba Senghor de “simple ballon de sonde”.
Article Par JEAN-PIERRE MANE,
Paru le Samedi 20 Oct 2007
Le débat sur la succession du Président Wade continue. Et, cette fois, ce sont des responsables du parti d’Idrissa Seck qui s’épanchent sur la question. Sous le couvert de l’anonymat, nos interlocuteurs ne doutent plus d’un ticket Idy/Karim, pour assurer l’après-Wade. Sur la même lancée, les “Rewmistes” qualifient les sorties de Farba Senghor de “simple ballon de sonde”.
Après sept mois de séjour dans l’Hexagone, l’ex-Premier ministre et n°2 du parti démocratique sénégalais, Idrissa Seck est enfin de retour au Sénégal. Ce retour, et, notamment le retranchement du fils putatif de Me Wade à Saly Portudal (Petite Côte), réserve bien des surprises. Des chamboulements se préparent au sommet. A “Rewmi”, on ne veut plus faire la politique de l’autruche. Des responsables de la formation politique du maire de Thiès sont convaincus que le silence de leur mentor n’est qu’un arbre qui cache mal la forêt. Pour nos interlocuteurs, “c’est seulement une stratégie qui consiste à laisser passer l’orage. Mieux, à endormir quelques esprits avertis et bien futés”. Mais, il ne fait aucun doute qu’entre Wade et Idy, le schéma est déjà tracé. ”Wade a fini de travailler au rapprochement entre Karim Wade et Idrissa Seck. Un ticket entre les deux hommes n’est plus à exclure pour succéder au chef de l’Etat”, confient nos sources. Selon toujours nos interlocuteurs, au Pds, on ne voulait pas poser le débat de la succession de Me Wade, mais actuellement, c’est un débat que les libéraux ne peuvent plus éviter. L’énigme, s’interrogent nos sources, c’est, “qui de Karim Wade ou d’Idrissa Seck, acceptera de se ranger derrière l’autre pour jouer les seconds rôles? A cette question, nos interlocuteurs tranchent net : ”Ni Idrissa Seck, ni ses proches que nous sommes, n’accepteront jamais de nous aligner derrière Karim Wade. C’est clair comme l’eau de roche et cela, Idy l’a bien signifié à qui de droit. Et c’est ce qui retarde un peu les retrouvailles”. Ces retrouvailles, commentent encore nos informateurs, vont isoler davantage Macky Sall, “qui n’aura aucune planche du salut, si l’on sait déjà qu’au Pds, les responsables passent tout leur temps à lui chercher des poux ”. Commentant la récente sortie du chargé de la propagande au Pds, nos interlocuteurs semblent dire que cette sortie ne donne pas de grains à moudre. “C’est un simple ballon de sonde. Il faut reconnaître que Farba Senghor s’est beaucoup ramolli. Mieux, il a mis beaucoup d’eau dans son vin lorsqu’il parle d’Idrissa Seck”. Qu’est-ce qui explique ce revirement? Nos informateurs soulignent : “ Farba Senghor a réorienté ses missiles. Macky Sall est devenu sa tête de Turc et sa cible. Il est vrai qu’il ne peut pas caresser Idy dans le sens du poil. Ce serait trop flagrant. Mais la réalité est que Farba Senghor parle pour calmer certains responsables libéraux frustrés par le retour imminent d’Idy dans les rangs. Donc, nous comprenons bien notre ami Farba. Ses sorties ne sont qu’une stratégie pour calmer certains libéraux qui commencent à frémir, avec le retour annoncé d’Idrissa Seck”.