Du malaise paysan au malaise social
Ndoumbélane
Latsoukabé Fall balayé, la tension reste toujours vive entre la Sénélec et une bonne partie de la population sénégalaise. Le Dg de cette structure n’est qu’un lampiste. Ce pays va mal, et le malaise a atteint presque tous les secteurs. Même l’autorité de l’Etat est sérieusement malmenée. Les libéraux ont « ndoumbélanisé » le Sénégal. Senghor, surtout, et Diouf, à un degré moindre, ont laissé à la postérité un Etat fort avec une administration de qualité. Mais malheureusement, aujourd’hui, nos libéraux tropicaux ont tout foutu en l’air… Triste !
( Mor Todjangué )
Redaction Xalima, mardi 16 décembre 2008
Source :lequotidien.sn
Le Quotidien avait déjà annoncé que Macky Sall parti, plus rien ne s’opposait à la venue du président de l’Anoci à l’hémicycle de la Place Soweto. Le successeur de Mamadou Seck au poste stratégique de la Commission des Finances a confirmé, hier, que tout n’était maintenant qu’une question de calendrier. Une manière de dire que la balle est dans le camp de M. Wade Junior. Par Mohamed GUEYE
L’audition de l’Agence nationale pour l’Organisation de la Conférence islamique n’est plus maintenant qu’une question d’opportunité de calendrier. Hier, le président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, le député Youssouf Diop a affirmé, en marge du séminaire d’information et de renforcement de capacités des journalistes, sur les enjeux de la transparence et de la responsabilité financière, que « les malentendus sont levés et rien ne s’oppose à entendre les structures qui avaient été convoquées », parmi lesquelles l’Anoci.
Il a notamment dit : « L’Anoci est une structure de l’Etat, qui fonctionne avec des fonds publics, il est normal qu’elle soit auditionnée par les élus du peuple », rappelant au passage que cette agence n’a été que l’une des structures qui devaient être auditionnées par les députés. Même si elle a été la plus médiatisée, du fait « d’un défaut de respect des procédures », ajoutera-t-il.
Le député a rappelé qu’il était du devoir de la chambre basse, composée d’élus du peuple, de contrôler l’action de l’Exécutif. Reconnaissant que c’est la convocation du président du Conseil de veillance de l’Anoci qui a « entraîné les changements que nous connaissons actuellement à la à la tête du Parlement », le remplaçant de Mamadou Seck veut néanmoins croire que, rien ne peut interférer aujourd’hui sur la volonté des élus du Peuple de veiller à la transparence dans la gestion du budget de l’Etat. Les lecteurs fidèles du journal Le Quotidien se souviennent qu’il avait été annoncé dans ses colonnes, que dès le départ de Macky Sall du perchoir de la chambre basse, des manœuvres avaient commencé pour organiser une audition de Karim Wade à l’Assemblée. Le but étant, bien sûr de montrer que ce sont les manœuvres de l’ancien président de l’Assemblée, qui avaient empêché que ladite audition puisse avoir lieu beaucoup plus tôt. Les déclarations de M. Youssouf Diop d’hier, n’ont fait que confirmer les choses, et comprendre que seul Karim Wade est maître de la date de sa parution à l’Assemblée. On peut assurer que les députés de la majorité lui feront un triomphe. Le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale était venu expliquer aux journalistes le rôle de l’Assemblée dans le contrôle de l’exécution du budget de l’Etat. Le séminaire du Precaref, qui prend fin aujourd’hui, vise, parmi plusieurs objectifs, à permettre aux journalistes de mieux comprendre les enjeux des reformes introduites au Sénégal dans le cadre de la responsabilité financière et la transparence.
mgueye@lequotidien.sn
SUD QUOTIDIEN:
Amorçons, maintenant, un débat sans dégâts.
Monsieur Ousmane Tanor DIENG est le vice président de l’Internationale Socialiste dont il est le président du Comité Afrique. Il est, par ailleurs, le Secrétaire Général du Parti Socialiste du SENEGAL. Il a effectué une sortie sur deux numéros du quotidien SUD (n°4672 et n°4673) des lundi 17 et mardi 18 novembre 2008. Avec un argumentaire émaillé d’une certaine colère.
Saluons, néanmoins, cette démarche qui, dans l’esprit de l’opinion, viendrait promouvoir un débat sans dégâts. Même si nous déplorons la démarche de Monsieur DIENG qui n’aura structuré sa communication que sur une forte « essentialisation » de la stigmatisation, cette fois-ci, teintée d’un nihilisme assez réducteur.
Il est, même, très étonnant de remarquer que Monsieur DIENG n’ait pas pu comprendre que sa démarche devrait transcender le localisme de Colobane, atteindre certaines hauteurs de la pratique de la démocratie. Et préciser la position de l’AFRIQUE, celle du SENEGAL et celle du P.S par rapport à l’évolution de la gouvernance internationale.
D’autre part, il serait paradoxal, en ne se fondant que sur une articulation de griefs à l’encontre du pouvoir, de vouloir faire le procès de la gouvernance de la pratique de la démocratie au SENEGAL. Il serait tout aussi impertinent, en la matière, d’ « ignorer », de manière délibérée et arbitraire, les efforts entrepris par l’Etat du SENEGAL pour que la démocratisation soit réelle et non virtuelle. Mais sa démarche viendra, malheureusement, confirmer que certains leaders sont, et demeureront, pouvoiristes.
Notons, enfin, que Monsieur DIENG n’est point capable de neutraliser les effets d’une rancune et de proposer, par le biais de la confrontation des idées, une synergie innovante. Pour réduire le nombre de pesanteurs imposées par l’hégémonisme et le diktat de la globalisation. D’ailleurs, peut-on oublier que l’AFRIQUE se bat pour éradiquer, à l’instar de l’Asie, le pouvoirisme et l’ostracisme dans lesquels la balkanisation et son rapport avec le capitalisme l’avaient installée ? Et qu’elle se refuse, aujourd’hui, avec force, de tomber, une nouvelle fois, dans une arriération économique et sociale qui feront d’elle la proie ou l’otage des puissances financières ? Comment peut-on vouloir installer, en ce début de 21éme siècle, un pays ou un continent dans l’immobilisme ou le puérilisme politique ?
Le SENEGAL a amorcé une alternance qui vient hâter toutes les ruptures nécessaires à l’émergence pour une modernisation économique et sociale. Mais une opposition bruyante cherche, sans arrêt, à détourner le peuple. Le fait qu’elle pense que l’électoralisme et le suffragisme sont les seules raisons d’être de la politique relève d’un manque criard de culture de développement. Alors que la précarité sociale, le dysfonctionnement du service public, les pénuries et l’accentuation du chômage sont, plus que jamais, les principales préoccupations des populations africaines et des gouvernements de nos pays respectifs.
Certaines approches, comme celle présentée par Monsieur DIENG, sont une parfaite illustration de ce qu’une partie de l’élite africaine continue de nager dans cette acculturation devenue un obstacle majeur à l’exécution des programmes pour un essor des ressources nationales. Peut être, un certain critique de la géopolitique en Afrique a tenté de caricaturer le spécimen de la démocratie ‘’électorale’’ au Sénégal. En faisant fi, de manière volontaire et délibérée, l’essor institutionnel acquis entre 1974 et 2000, entre 2000 et 2008. De l’initiative économique pour promouvoir les richesses nationales, de l’effort du gouvernement pour améliorer le taux d’accès aux services sociaux de base, de la pertinence des voies d’approche élaborées pour réduire le chômage de masse. Et enfin de l’opérationnalisation d’une gouvernance combattant le centralisme et essayant de promouvoir une décentralisation horizontale.
Notre pays a été traversé par certaines catastrophes politiques qui ont marqué son évolution : les événements de 1960, l’éclatement de la fédération du Mali, la crise de 1962, l’institutionnalisation du poste de premier Ministre en 1970, le complot contre Senghor en 1980 et l’atomisation du PS en 1996. Pourtant, une certaine élite nationaliste a réussi à neutraliser les sinistres conséquences politiques que l’alternance de 2000 a balayées sans nuance. Alternance qui a réduit les stigmates et débroussaillé le champ de ruines politique dans lequel le PS, piloté par monsieur DIENG, avait installé le Sénégal et ses populations.
Il reste entendu que la majorité présidentielle, devant l’étendue du délitement de l’autorité enregistré entre 1960 et 2000, a préféré la décrispation sociale et le consensus pour tracer une voie royale à la démocratisation qui est, au demeurant, le plus court chemin pour atteindre la croissance et le développement.
Mais le leader du PS préfère verser, sans arrêt, dans la stigmatisation et le nihilisme ignorant, allégrement, les enjeux et les défis qui caractérisent, chaque jour, la marche des états nations construits depuis 1960 et les difficultés aux quelles ces dits états restent confrontés.
Il est évident qu’aujourd’hui, le Secrétaire Général du PS du Sénégal vit un dilemme devant l’intrusion de certaines consciences individuelles qui ont construit, à partir de subterfuges ou d’expédients, une notoriété. Ce qui réduit son influence et sa représentativité. Il est bousculé et, même, neutralisé, au point de vouloir ne se vider que dans la violence. Pourquoi s’acharner sur un système au lieu de préconiser des procédés bien en mesure de provoquer l’adhésion des citoyens aux politiques préconisées par le contre pouvoir ?
Pourquoi estimer que l’extérieur serait un nouveau juge ou un efficace et loyal arbitre pour juger ou trancher les effets induits par le relationnel politique entre le contrepouvoir national et le pouvoir ?
Pourquoi vouloir croire que ronchonner à l’occasion des synodes de l’International Socialiste deviendrait une thérapie idoine pour anéantir le leadership de la mouvance présidentielle au Sénégal ?
Pourquoi, enfin se refuser continuellement de regarder dans son propre miroir au lieu de penser que seul le miroir du voisin soit l’unique qui soit bon… ?
Nous nous sommes posé ces quatre questions, parce que le contre pouvoir ne cesse de préconiser la violence et le dénigrement. Oubliant, royalement, que la politique dépasse, désormais, le culte de l’épreuve physique et de la confrontation ou de l’affrontement. Mais la politique se déroule sur la base des capacités des acteurs à concevoir des stratégies capables d’accélérer la croissance et le développement ou de réduire, à terme, la précarité sociale.
Faire de la politique au xxie siècle recommande, à la fois patriotisme et compétence. Exige éthique, retenue et nationalisme. Prohibe la malhonnêteté intellectuelle et la roublardise. Conseille une représentation réelle et interdit, enfin, une légitimité virtuelle.
Wagane FAYE
Professeur d’Anglais
Coordonnateur des cadres du FAP
Vice président de la Commission des Cadres et Experts de la CAP 21
Email : jdlfontaine@yahoo.fr / waganecoumbasandiane@gmail.com
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Abdoulaye Wade = l’executif, le législatif, le judiciaire
Un auteur de l’antiquité disait : « le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou », un autre du nom de Thucydide de renchérir « tout homme tend à aller jusqu’au bout de son pouvoir » et la seule façon de freiner cette dérive résidait dans la théorie de la séparation des pouvoirs de Montesquieu qui pensait : par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Cette théorie victime d’une double interprétation est à l’ origine de la naissance de deux grands régimes politiques que sont le (...)
Par : khadim Ly , mercredi 17 décembre 2008
Un auteur de l’antiquité disait : « le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou », un autre du nom de Thucydide de renchérir « tout homme tend à aller jusqu’au bout de son pouvoir » et la seule façon de freiner cette dérive résidait dans la théorie de la séparation des pouvoirs de Montesquieu qui pensait : par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Cette théorie victime d’une double interprétation est à l’ origine de la naissance de deux grands régimes politiques que sont le régime présidentiel et le régime parlementaire. Appliquée dans de nombreux pays selon l’interprétation faite, cette théorie engendre la naissance de grandes démocraties exceptées le Sénégal d’Abdoulaye Wade. Le constat est là, sa main touche de nouveau le judiciaire, après avoir récemment mis des œillères dans les yeux de ses députés qu’ils considèrent comme des chevaux de course pour se débarrasser hâtivement de son fils politique Macky Sall. Hier l’homme qui se réclame un « démon-carte » a encore parlé de lui. On nous a appris que c’est à partir de la France où il errait comme il a coutume de le faire, d’intimer l’ordre à son ministre de justice : maître Madické Niang de faire retirer les convocations distribuées à certains patrons de presse et à Talla Sylla par la division des investigations criminelles (DIC) qui ce dernier son seul tort consiste dans le fait qu’il a assisté pendant que le commanditaire du meurtre à l’époque de maître Babacar Séye enterre les preuves de son crime. Quand il y’a la main mise sur tous les pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire par un homme, il ne peut y avoir que le fait du prince implicitement son peuple ne peut se soumettre et subir.
Et l’erreur que les sénégalais ont commis c’est d’élire un vieux prince qui se dit fort dans tous les domaines, entendez par fort sa volonté son désir. Ce pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple qu’est la démocratie selon Abraham Lincoln , est devenue au Sénégal le pouvoir d’Abdoulaye Wade car il gouverne seul, il est omniprésent, anime lui seul le jeu politique sénégalais à cause d’une opposition vielle sans rigueur, amorphe et enfin pour Abdoulaye Wade du fait de la violation permanente de la constitution pour mieux dominer et s’imposer mal ou le bon gré des sénégalais. Ce Monsieur détruit notre cher Sénégal et tout ce qu’il y’a de biens. El Malick l’a accusé de voleur il l’emprisonne, Abdou Latif Coulibaly et Talla Sylla l’interpellent sur l’affaire maitre Babacar Séye il se tu comme un sourd-muet de naissance pire il ordonne la justice de rien tenter. Pourquoi ? Question répondue significativement par ce vieux - Si jeunesse savait tout sur cet homme et si vieillesse pouvez-vous expliquer sur le pourquoi de notre refus catégorique à élire cet homme à l’époque. Mais : « Tout pouvoir excessif meurt même de son excès même. » selon Casimir Delavigne.
khadimly@live.fr
WALFADJRI:
Et les corbeaux se turent……
‘Les corbeaux se turent. Un d’eux sauta sur le squelette. Ce fut un signal. Tous se précipitèrent, il y eut une ruée d’ailes, puis toutes les plumes se refermèrent, et le pendu disparut sous un fourmillement d’ampoules noires remuant dans l’obscurité’. L’Homme Qui Rit
Victor HUGO
En faisant sa rentrée politique le 1er décembre 2008 avec la création de son parti dénommé Alliance pour la République/Yakaar (Apr), Macky Sall met fin à toutes les spéculations faisant état d’un certain deal entre lui et Wade (encore Wade et ses deals…) et pose un acte riche en significations et en interprétations dans l’arène politique sénégalaise.
La naissance du cent énième parti politique du pays dénote de la part des acteurs politiques une certaine banalisation du concept de parti. Il ne s’agit ni plus ni moins pour eux que de trouver un cadre d’expression, non pas d’idées novatrices, mais d’un ego personnel à gonfler et à opposer aux autres ayant déjà pignon sur rue dans le landerneau politique. Etre chef de parti, pour eux, c’est avoir sa chose à soi et se convaincre qu’on cherche à conquérir le pouvoir, même si au fond on se sait battu d’avance dans toute compétition électorale. Autant le Pds est la chose de Wade, l’Afp la chose de Niasse, Rewmi la chose de Idrissa Seck, autant l’Apr/Yakaar va devenir la chose de Macky Sall, même si on ne peut pas en dire autant pour le Ps, la Ld/Mpt, le Nouveau parti ou le Jëf Jël.
S’entourer de parents, amis et autres inconditionnels pour mettre sur pied un parti n’est nullement un signe de vitalité démocratique car, nos nouveaux partis ne se fondent à l’entame ni sur une idéologie ni sur un courant de pensée et encore moins sur une religion - ce qui est d’ailleurs interdit au Sénégal. La naissance d’un parti est un non-évènement au Sénégal car, cela révèle la propension des politiciens à se démarquer d’un cadre qui les a écartés ou mis en minorité soit démocratiquement, soit injustement. Si cela est vrai de manière générale, l’acte de rupture opérée par Macky Sall, vis-à-vis du Pds et de Abdoulaye Wade, constitue un cas particulier compte tenu de la dimension d’ex-Premier ministre, d’ex-président de l’Assemblée nationale et d’ex-maire de l’homme.
Son acte aura eu l’avantage de clôturer un feuilleton qui avait fini par lasser tout le monde - car le pays était pris en otage, et dont la fin était connue d’avance. Mais surtout, il aura permis aux Sénégalais de mieux comprendre le Pds et ses hommes. Ces derniers jettent un immense discrédit sur nos institutions qu’ils dirigent où dans lesquelles ils occupent des places centrales. Les députés libéraux quant à eux, ils oublient qu’ils ont été élus par un peuple qui pouvait porter son choix sur d’autres ayant les mêmes ou plus de compétences pour prendre en charge ses préoccupations. L’acharnement avec lequel ils se jettent sur tous ceux qui contrarient les desseins de Me Wade a de quoi inquiéter en ce qui concerne leur dignité et leur sens moral. Ils ne connaissent malheureusement pas leur statut juridique qui découle de la combinaison du droit constitutionnel (art. 60 et suivant de la Constitution), du droit électoral (lois n°92-15 et n°92-16 du 07 février 1992 portant Code électoral) et du droit parlementaire (loi n° 78-21 du 28 avril 1978 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale modifiée par la loi n° 2002 du 15 mai 2002)
A force de tripatouiller la Constitution, de modifier le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, de proposer et de voter des lois qui desservent les intérêts de ceux par la bénédiction de qui ils sont à cet endroit, les députés Pds ont fini d’administrer la preuve qu’ils sont des ‘variables’ selon leur propre terme, la seule ‘constante’ restant et demeurant le président (Wade) et accessoirement son fils. Leur inféodation aveuglément partisane empêche l’institution qu’est l’Assemblée nationale de jouer véritablement son rôle constitutionnel de contrôle de l’activité gouvernementale et tue en même temps son indépendance.
Ils ignorent que les rois et les princes n’ont pas d’amis. Tous ceux qui leur servent de bras armés aujourd’hui peuvent être l’objet de leur courroux demain. Idrissa Seck et Macky Sall l’ont appris à leurs dépens. L’un a joué un rôle machiavélique dans l’éviction de Moustapha Niasse du premier gouvernement de l’Alternance, l’autre a joué un rôle tout aussi négatif dans la persécution et la mise en accusation d’Idy. Maintenant que le front Macky s’est éteint, ils seront obligés de se taire en attendant que Abdoulaye Wade en ouvre un autre. Et il le fera sous peu ; contre qui ? Dieu seul sait. C’est l’homme des tensions. Il est presque sûr que nos fameux députés vont encore voter les projets de loi du Maître visant à modifier la Loi électorale pour contrecarrer l’option de l’opposition à constituer un seul bloc aux prochaines élections locales.
Depuis que l’Alternance s’est produite dans ce pays, nous vivons dans une crise institutionnelle permanente. Si ce n’est pas un tiraillement sur la légalité de tel ou tel acte qui occupe le devant de la scène, c’est la nomination ou la destitution de tel ministre, maire ou directeur de société qui fait l’ordre du jour et contradictoirement au moment où on nous demande de travailler.
Depuis l’amendement Moussa Sy et dans le désordre, la loi Ezzan, la création du Craes et sa suppression, le retour du Sénat, le cas Idrissa Seck, les délégations spéciales, l’agression contre des journalistes, l’Anoci, la succession du président, les manifestations à l’étranger, les dépassements budgétaires, la cherté de la vie, le cas Macky Sall etc., le Sénégal vit dans des remous permanents dus au caractère belliciste de l’homme qui nous gouverne. Pendant ce temps, l’opposition est là en train de marcher sans avancer laissant toute la latitude au Maître de faire ce qu’il veut grâce à ses sbires.
Au même moment, nos cerveaux s’expatrient pour aller monnayer leurs talents vers d’autres horizons.
Il est temps et grand temps que ces joutes inutiles cessent et qu’on revienne à l’essentiel c'est-à-dire, la mise en orbite de ce pays dans la perspective d’un développement durable à l’instar des autres pays. Notre classement à la 156e place, selon le Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 derrière des pays comme la Mauritanie et la Gambie, devrait nous pousser à réfléchir sur notre retard essentiellement dû à des querelles permanentes sur des sujets d’une vanité évidente au moment où les autres travaillent.
Amath DIALLO Professeur au Lycée Taîba/Ics
amathd@yahoo.fr
Nettali : Mercredi 17 Déc 2008
GENERALISATION DE LA PROTESTATION CONTRE LA VIE CHERE : Après Guédiawaye, Pikine et les Parcelles assainies s’organisent
NETTALI.NET- Les imams de Guédiawaye sont en train de faire des émules dans les quartiers de la banlieue. Les populations de l’unité 8 des Parcelles assainies et celles de Pikine s’activent pour emboiter le pas à leurs voisins rendus célèbres par une marche de protestation contre la vie chère et la hausse des factures.
Les autorités du Sénégal ont des raisons de craindre une généralisation de l’élan de révolte populaire déclenché par les imams de Guédiawaye. En effet, aux Parcelles assainies et à Pikine, des velléités révolutionnaires se manifestent de plus en plus chez les populations confrontées aux mêmes difficultés que leurs voisins de Guédiawaye. Des contacts ont ainsi été noués entre des notables de Pikine et les initiateurs de la marche du samedi 6 décembre. Le coordonateur du collectif des résidents des quartiers de Guédiawaye, l’imam Youssoupha Sarr a d’ailleurs confirmé ces contacts. C’est dire que la ville de Pikine veut emboiter le pas à sa voisine dont les revendications peuvent être les siennes. Les deux villes font face aux mêmes difficultés.
Par ailleurs, les Parcelles assainies n’ont pas été épargnées par cet élan de révolte. Elles ont été contaminées à la fièvre contestataire qui secoue les banlieues dakaroises. S’exprimant dans les colonnes du journal le Quotidien, Tamsir Fall, vice président du Regroupement des anciens travailleurs et retraités de l’unité 8 déclare : « Nous avons voulu, depuis longtemps effectuer une marche. Mais c’était difficile de réunir les responsables des différentes unités des Parcelles assainies. Nous avons vu que l’initiative des imams de Guédiawaye était tout à fait noble, face aux abus de la Senélec ».
Auteur: Nettali
L'Office: Mercredi 17 Déc 2008
Dette « illégale » ou dépenses extra budgétaires : Les entreprises risquent des sanctions
Les dépenses extrabudgétaires ne sont pas une priorité pour l’Etat , dans le processus de payement de la dette intérieure, car considérées comme une dette « illégale » , contractée à l’insu des ministères de tutelle , et non votée à l’Assemblée nationale. Aussi, les entreprises qui ont signé des contrats en catimini avec ces services parapublics risquent des sanctions. Des sanctions qui pourraient aller jusqu’au non-paiement de la totalité de la dette.
Les inspecteurs chargés de faire un audit interne , pour cerner le montant de la dette intérieure , ont découvert que les administrations parapubliques ont engagé l’Etat dans des dettes avec les privés , sans que ce dernier soit au courant. Ces dépenses extra budgétaires risquent de connaître le même sort que celles connes en 97 , qui ont été payées à moitié comme compensation , pour sanctionner les entreprises. Car, la loi relative aux finances publiques a bien stipulé que les dépenses faites sans « le respect des règles organisant les dépenses publiques que sont l’engagement, le contrôle, la certification du service fait, la confirmation de sa régularité et de sa prise en charge par l’ordonnateur, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement » sont considérées comme « nul et de nul effet ». En plus, l’article 45 du code des obligations de l’administration relative à la compensation financière pour des livraisons « des biens et services » stipule également que cette compensation doit être « inférieure ou égale à cinquante millions ; au-delà de cette somme, une approbation de l’autorité chargée des finances est nécessaire. Or, ces dépenses tournent autour de cent quatre milliards, et les fournisseurs qui ont signé en catimini des contrats avec les agences et services parapublics sont « conscients » de ces dispositifs. C’est dans cet état de fait que le ministre de l’Economie et des finances, qui a fourni des explications aux membres de la commission des finances sur ces dépassements budgétaires, les considère comme « aussi fautifs que les membres de l’administration qui ont contracté ces dettes ». Aussi, les entreprises « impliquées dans ces pratiques irrégulières » peuvent bénéficier d’une compensation, mais elles ne peuvent prétendre au payement de la totalité de la dette. Cependant, malgré le « plan d’apurement des dossiers » mis en place par le ministère, l’Inspection générale des finances (IGF) est en train de faire un audit pour définir « les conditions, l’effectivité et la régularité » de ces dépenses afin de prendre des mesures idoines. L’IGF va aussi déterminer « les types de sanctions à prévoir en direction des personnes ou organe d’exécution responsables des mêmes faits, au niveau des entités autonomes ainsi que les sanctions à prévoir en direction des fournisseurs qui sont impliqués dans ces pratiques irrégulières ».
Auteur: Anta Nar Ndiaye
LE QUOTIDIEN:
Les communes et la gestion de l’action sociale : une véritable opacité ou action salutaire ?
17-12-2008 L’opacité qui entoure la gestion des ressources budgétaires des Collectivités locales au Sénégal est bien illustrée à travers l’intervention de ces dernières dans le domaine de l’action sociale. En effet, l’absence de dispositions réglementaires encadrant la distribution de ce fonds «aux nécessiteux» (proportion du budget devant aller aux œuvres sociales n’étant pas déterminée par la loi), laisse, très souvent, la porte ouverte à des dérives injustifiables. Dans ce papier nous nous intéresserons à la partie (b) de la loi et à la section 2 du décret transférant des compétences aux collectivités locales, en matière de santé, de population et d’action sociale. Selon les autorités municipales, c’est en se «pliant à la volonté des populations» qu’elles organisent ces actions. Mais personne n’évoque les dispositions du Code des Collectivités locales en la matière. Or, cette carence place les autorités municipales dans une situation incontrôlable vis-à-vis de la gestion des ressources de la collectivité.
Selon le maire du Plateau, Fadel Gaye1, à l’occasion de plusieurs circonstances (comme le mois de ramadan), elles sacrifient à la tradition en distribuant régulièrement des denrées et autres dons à l’endroit des nécessiteux pour les soutenir à l’approche durant ces périodes (fêtes religieuses musulmanes et chrétiennes). C’est dans ce cadre que depuis 2002, la ville de Dakar, dans le cadre de sa politique dite «sociale», organise des séances de distribution de «secours» aux «nécessiteux». Selon les autorités de la ville, c’est une manière de retourner l’ascenseur aux contribuables. Ainsi, les sommes remises ne cessent d’accroître depuis le début de l’incitative. De 100 millions à cette même année, l’enveloppe globale a atteint 706 millions en 2007 avec un pic de 1,034 milliard en 2006.
Cette année, à l’occasion de la Tabaski, pour assistance aux populations dakaroise, la mairie de Dakar distribue 500 millions francs Cfa (soit 15 000 mandats distribués)2. Ainsi, des enveloppes de 20 000 à 100 000 francs Cfa sont remises à chaque personne inscrite sur les listes ouvertes trois mois avant la distribution. Si pour les autorités cette distribution se fait de manière transparente par l’entremise d’un «courrier ouvert pour toute personne désireuse de recevoir ces aides», et en outre que «les anciennes gloires du sport, les artistes et certaines personnalités reçoivent d’office des aides sans pour autant faire une demande»3, donc tous les «nécessiteux» de la collectivité peuvent y prétendre. Or la réalité démontre le contraire, avec un traitement partisan dans la distribution. Pis, les membres de l’équipe municipale peuvent eux aussi, percevoir ces «secours», normalement, destinés «aux nécessiteux». Ce qui pose par ailleurs, la nécessité de circonscrire, ce concept de «nécessiteux» pour bénéficier de cette aide. En outre, comme l’établit les autorités municipales, il suffit de s’inscrire trois semaines avant la distribution pour en bénéficier, donc les proches du dossier peuvent donc inscrire tout nom fictif et par la suite recouvrer les sommes indiquées. Car aucun contrôle n’est fait réellement sur ces destinataires, réels ou supposés. Nous l’avons noté avec les accusations portées sur l’ex-maire des Parcelles Assainies, Mbaye Ndiaye après sa suspension. Les exemples cités ici ne sont qu’une illustration d’un phénomène largement répandu dans la gestion des collectivités locales.
La loi 96-07 du 22 mars 1996 modifiée en son article 32 et son décret d’application n°96-1135 du 27 décembre 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales en matière de santé population et d’action sociale, établissent les compétences de la commune en matière de santé, population et d’action sociale. Selon la loi, la commue reçoit comme compétence :
- la participation à l’entretien et à la gestion de centres de promotion et de réinsertion sociale ;
- l’organisation et la gestion de secours au profit des nécessiteux ;
- l’appui au financement de projets productifs au profit des populations déshéritées.
Quant au décret, notamment ses articles 17 à 22, circonscrivent cette compétence. Ainsi, selon l’article 21, «la commune reçoit compétence pour l’organisation et la gestion des secours au profit des nécessiteux». Pour ce faire, le Conseil municipal crée une commission chargée de son organisation et de sa gestion en établissant les règles devant encadrer les dits secours.
Mais dans les faits, hormis le maire et quelques conseillers proches, la majorité des membres du Conseil municipal ignore les modalités de distribution de ces «secours aux nécessiteux». Egalement, le plus souvent, celle-ci se fait sur des bases politiques et politiciennes au détriment de la logique qui devait la sous-tendre («nécessiteux»). Ce qui en fait un fonds politique à la disposition du maire pour sa propagande. Par ailleurs, l’article 22 du décret établit que la commune doit appuyer «le financement des projets individuels ou collectifs de réinsertion sociale après étude technique du responsable du centre de promotion et de réinsertion sociale», mais ce domaine n’est soutenu réellement par aucune collectivité locale. En effet, aucune véritable politique de réinsertion n’est élaborée par les autorités municipales pour faire face au chômage et au sous-emploi qui menacent l’équilibre social. En dehors de la politique nationale d’insertion des jeunes, il y a un vide. Et pourtant, la loi est claire sur ce plan aussi.
Ainsi, n’y a t-il pas lieu de s’interroger sur un certains nombre de points ? Qui est «nécessiteux», qui ne l’est pas ? Autrement dit, sur quels critères on se base pour déterminer un ayant droit ? Quel contrôle est fait de son usage une fois la distribution faite ? Une simple inscription sur une liste peut-elle servir de preuve pour la traçabilité des fonds alloués ? Quelles limites et quel montant sont déterminés pour l’action sociale dans le budget annuel de la Collectivités locale et sur quels critères ? Comment est faite la détermination de la somme globale annuelle distribuée à titre d’action sociale ? Que signifie réellement «l’action sociale» pour les autorités municipales ? Autant de questions, qui, à mon avis, méritent des éclairages pour rendre cette «caisse noire» plus transparente et lui donner son véritable sens et son véritable rôle, à savoir venir en aide aux nécessiteux.
Dr Djibril DIOP - Chargé de cours Université de Montréal (Canada) / djibril.diop@umontreal.ca
1 Sud Quotidien mercredi 7 mai 2008.
2 Seydina Oumar Touré, directeur de Cabinet du maire, Le Soleil du mercredi 03/12/2008.
3 Op. cit.
Sénégal : Une Constitution-caméléon*
16-12-2008 Lorsque le pouvoir de révision souverain s’emballe, la Constitution s’abîme : refaite, défaite, instrumentalisée, elle épouse les caprices du prince.Lorsque le pouvoir de révision souverain s’emballe, la Constitution s’abîme : refaite, défaite, instrumentalisée, elle épouse les caprices du prince. C’est l’amère expérience d’un relativisme constitutionnel poussé à son paroxysme que connaît aujourd’hui le Sénégal d’Abdoulaye Wade.
La fièvre révisionniste. La Constitution du 22 janvier 2001 n’a de cesse d’être modifiée, alors même que son auteur -au sens politique, le Constituant étant le peuple sénégalais qui s’est prononcé par référendum le 7 janvier 2001- continue d’occuper la magistrature suprême. La troisième loi fondamentale du Sénégal indépendant est, en effet, le pur produit de l’alternance au pouvoir par les urnes : élu le 19 mars 2000 par 58% des suffrages, Abdoulaye Wade, l’opposant historique au «régime» socialiste, avait fait plébisciter -par 94% des suffrages- son projet de nouvelle Constitution, sur le fondement -contesté- de l’article 46 de la Constitution de 1963 alors en vigueur. Nonobstant ce changement licite de Constitution et la modernité de la Constitution Wade, le Sénégal n’a pas rompu avec les errements passés, les révisions à répétition du texte suprême. La Constitution du 7 mars 1963 avait été révisée à 20 reprises. La Constitution du 22 janvier 2001, qui lui a succédée, change à un rythme beaucoup plus soutenu, grâce au soutien inconditionnel du Pds (Parti Démocratique Sénégalais), le parti ultra majoritaire.
La Constitution a déjà subi 7 amendements - permanents ou temporaires :
- La Loi n°2003-15 du 19 juin 2003 portant révision de la Constitution et instituant un Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales ;
- La Loi constitutionnelle n°2006-11 du 20 janvier 2006 prorogeant le mandat des députés élus à l’issue des élections du 29 avril 2001 ;
- La Loi n°2006-37 du 15 novembre 2006 modifiant l’article 33 de la Constitution [octroi du droit de vote aux militaires] ;
- La Loi constitutionnelle n 2007-06 du 12 février 2007 créant un Sénat ;
- La Loi constitutionnelle n 2007-19 du 19 février 2007 modifiant l’article 34 de la Constitution [abrogation du 1er alinéa prévoyant de reprendre l’élection présidentielle en cas de retrait d’un candidat] ;
- La Loi constitutionnelle n 2007-21 du 19 février 2007 modifiant la Loi constitutionnelle n° 2006-11 du 20 janvier 2006 prorogeant le mandat des députés élus à l’issue des élections du 29 avril 2001 ;
- La Loi constitutionnelle n°2007-26 du 25 mai 2007 relative au Sénat.
La Constitution Wade est promise à d’autres évolutions : 5 textes de révision sont en instance d’approbation par l’Assemblée Nationale et le Sénat réunis en Congrès -une nouvelle assemblée dépourvue de règlement-, conformément à l’article 103 de la Constitution :
- La Loi constitutionnelle modifiant les articles 7, 63, 68, 71 et 82 de la Constitution [parité ou quotas de genre -session unique- délibération du Sénat - amendement parlementaire du projet de loi de finances], adoptée par le Sénat, en sa séance du lundi 26 novembre 2007 ;
- La Loi constitutionnelle portant création du Conseil économique et social, adoptée par le Sénat, en sa séance du jeudi 13 décembre 2007 ;
- La Loi constitutionnelle portant suppression du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales, adoptée par le Sénat, en sa séance du jeudi 23 décembre 2007 ;
- Le projet de loi n°19/2008 portant révision de la Constitution [rétablissement de la Cour Suprême], voté par l’Assemblée nationale, en sa séance du lundi 07 avril 2008 ;
- Le projet de loi constitutionnelle n 18/2008 modifiant les articles 9 et 95 et complétant les articles 62 et 92 de la Constitution [poursuites pour infractions de droit international - contrôle de constitutionnalité obligatoire a priori des règlements des assemblées], voté par l’Assemblée nationale, en sa séance du lundi 7 avril 2008.
QUELS SONT LES MOTIFS ET L’ECONOMIE GENERALE DES REVISIONS CONSTITUTIONNELLES A VENIR ?
La Constitution féminisée. La Constitution du 22 janvier 2001, dans sa dimension Constitution sociale, assure une promotion -sans équivalent en Afrique de l’Ouest- des droits de la femme. Pour autant, elle ne permet pas au législateur de prendre certaines mesures de discrimination positive en faveur des Sénégalaises. C’est ainsi qu’au grand dam du Président Wade le Conseil Constitutionnel, dans sa décision n°97/2007, a censuré la loi n°23/2007 modifiant l’article L 146 du Code électoral pour instituer la parité dans la liste des candidats au scrutin de représentation proportionnelle pour les élections législatives. Cette censure, violemment critiquée par les défenseurs de la cause des femmes, a paru neutraliser le Préambule de la Constitution qui incorpore la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, du 18 décembre 1979. Même si la portée de la convention a pu être discutée par les constitutionnalistes de l’ancienne métropole, le Conseil Constitutionnel sénégalais n’aurait-il pas, à tort, calqué sa position sur celle prise par son homologue de France dans ses décisions n° 82-146 DC du 18 novembre 1982 et n° 98-407 DC du 14 janvier 1999 ?
Le Président Wade a, en tout cas, invité le pouvoir de révision souverain à «casser» la décision du Conseil pour donner une assise constitutionnelle incontestable à la parité ou aux quotas de genre. Pouvait-il faire un autre choix et ne pas imiter l’attitude des gouvernants français, qui a abouti à la Loi constitutionnelle n°99-569 du 8 juillet 1999 relative à l’égalité entre les femmes et les hommes ? Valait-il mieux que le président de la République n’honore pas la promesse faîte aux Sénégalaises, qui auraient été alors exclues de l’entreprise de modernisation de la Constitution sociale, à l’instar de leurs consœurs camerounaises ? Le projet de «féminiser» la Constitution procède-t-il d’un pur caprice ou constitue-t-il la juste réponse à une demande sociale ?
La Constitution internationalisée. Aujourd’hui en Afrique, l’impunité des anciens dirigeants, soupçonnés d’avoir commis les infractions les plus graves de droit pénal international, n’est plus tolérée par la société civile. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’affaire Hissène Habré, du nom de l’ex-président tchadien (1982-1990), qui, réfugié au Sénégal depuis sa chute, a été inculpé en février 2000 de complicité de crimes contre l’humanité, d’actes de torture et de barbarie, avant que la justice ne se déclare incompétente pour le juger. Le Sénégal d’Abdoulaye Wade a été mis en demeure par la communauté internationale et chargé par l’Union africaine de faire cesser cette situation et de lever tous les obstacles juridiques au procès d’Hissène Habré.
Répondre favorablement à ces injonctions, tel est le principal objet du projet de loi constitutionnelle n°18/2008. Il ne s’agit, en aucun cas, de couvrir la promulgation de lois rétroactives de nature à restreindre les garanties fondamentales accordées aux sénégalais : les craintes du blog “Politique au Sénégal” étaient manifestement infondées. L’adoption du texte par l’Assemblée Nationale, le 8 avril 2008, a d’ailleurs été saluée par la Fidh et ses organisations membres au Sénégal, l’Ondh et la Raddho, et au Tchad, l’Atpdh et la Ltdh. «Internationalisée» pour permettre -notamment- la poursuite d’ex-présidents, criminels de guerre ou contre l’humanité ou génocidaires, la Constitution Wade se distinguera de d’autres textes fondamentaux consacrant l’immunité des anciens chefs de l’Etat, comme la Constitution du Gabon (art. 78 in fine) révisée en 2000[5] ou la Constitution du Cameroun (art. 53 al. 3) révisée en 2008[6]. Reste à savoir si cette révision sera dûment exploitée pour juger au Sénégal l’ancien président Tchadien. Le doute est permis lorsque l’on sait que le Président Wade, à la mi-avril 2008, a confié le ministère de la justice à l’ex-coordinateur des avocats d’Hissène Habré. Si caprice du prince il y a, il ne se logerait pas dans la révision à finaliser mais dans la volonté de l’appliquer !
La Constitution destabilisée. C’est surtout la Constitution politique du Sénégal qui a été -à 7 reprises déjà !- et sera victime des embardées du pouvoir de révision souverain, intimement liées aux inconstances de la vision institutionnelle du Président Abdoulaye Wade. Les 5 textes de révision pendants modifient certaines règles du jeu ou l’architecture des institutions ; ils obéissent à une logique formelle -certaines modifications sont réunies dans un même texte, sans le moindre souci d’unité de matière- et intellectuelle qui échappe largement au commentateur.
Les institutions sénégalaises fonctionneront sur la base de règles techniques nouvelles, peu, mal ou curieusement justifiées par leur initiateur :
- L’instauration d’une session unique du Parlement : Au lieu de tenir deux sessions ordinaires de quatre mois chacune, le Parlement se réunira de plein droit en une session ordinaire unique de huit ou neuf mois. La durée maximale des travaux des assemblées étant légèrement modifiée, faut-il voir dans cette réforme autre chose qu’un alignement -la copie n’est pas conforme !- du Sénégal sur la France, qui a pris cette option avec la loi constitutionnelle n°95-880 du 4 août 1995 ?
- La limitation du droit d’amendement parlementaire du projet de loi de finances : En matière législative ordinaire, les députés et les sénateurs auront toujours l’initiative financière, sous réserve d’assortir leurs initiatives de propositions de recettes compensatrices. En revanche, lors de l’examen du projet de loi de finances, le Parlement -et non plus les parlementaires (sic)- ne pourra proposer -et non adopter (sic)- un article additionnel ou un amendement que s’il diminue les dépenses de l’Etat ou augmente ses recettes. Autrement dit, les assemblées ne pourront prendre que des initiatives peu populaires par définition !
- La réintroduction du contrôle de constitutionnalité obligatoire des règlements des assemblées : Selon l’exposé des motifs du projet de loi constitutionnelle n° 18/2008, «l’article 62 a été amputé à tort de son dernier alinéa par la révision constitutionnelle du 12 février 2007 alors que, dans le souci de renforcer le contrôle de la constitutionnalité des lois, il est plus que jamais nécessaire de subordonner la promulgation du règlement intérieur de chaque assemblée à la déclaration de conformité dudit règlement par le Conseil constitutionnel sur saisine du président de la République». Le Président Abdoulaye Wade admet donc qu’à son initiative le pouvoir de révision souverain a malencontreusement erré en 2007 ; et il estime qu’il lui faudrait, l’année suivante, corriger cette invraisemblable erreur.
Dans l’intervalle, il est peu probable que le Chef de l’Etat ou un dixième des membres d’une assemblée ait usé du droit que leur reconnaît l’article 74 de la Constitution du 22 janvier 2001 de saisir le Conseil Constitutionnel d’un recours visant à faire déclarer inconstitutionnelle la loi portant règlement intérieur du nouveau Sénat. La chambre haute qui, installée le 26 septembre 2007, s’est donné le 3 octobre 2007 un bureau définitif, fonctionne peut-être sur la base d’un texte en partie contraire à la Constitution. C’est qu’au gré d’actes constituants s’enchaînant capricieusement le champ de compétences du Conseil Constitutionnel se rétrécit ou s’élargit, licitement mais au détriment des exigences contemporaines d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste.
La Constitution Wade portera aussi les stigmates de l’étrange mal constitutionnel diagnostiqué par le professeur Ismaïla Madior Fall dans son ouvrage Evolution constitutionnelle du Sénégal (p. 150) : «Le Constituant tourne en rond, avec un mouvement de va-et-vient incessant entre des institutions qu’on instaure, supprime et restaure, sans que la logique qui sous-tend ce mouvement soit toujours motivée par des préoccupations de rationalité démocratique.»
- La renaissance de la Cour Suprême : Le projet de retour partiel à l’organisation juridictionnelle de 1992, évoqué ici sur La constitution en Afrique, ne reçoit aucune justification officielle, si l’on s’en tient à la lecture de l’exposé des motifs du projet de loi n° 19/2008 portant révision de la Constitution : «Le présent projet de loi a pour objet de substituer la Cour suprême au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation. Il modifie les articles 6, 88, 92, 93 et 44 de la Constitution». Une telle substitution aurait pourtant mérité un éclairage conséquent pour alimenter un débat parlementaire de qualité sur les mérites et les travers de l’éclatement des hautes juridictions !
- La suppression-remplacement du Conseil de la République : En 2003, à l’occasion de la première révision de la Constitution du 22 janvier 2001, le Président Wade a fait créer le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes), «institution chargée de favoriser le dialogue social… une collaboration harmonieuse entre les communautés et les différentes catégories sociales et professionnelles».
En 2007, il prône la suppression du Craes -qui a longtemps eu son site Internet http : //www.conseil-republique.sn/, alors que l’Assemblée Nationale n’a plus le sien depuis plusieurs années -et son remplacement par le Conseil économique et social, auquel sera dévolu -à quelque chose près- le même rôle et qui appartiendra lui aussi à l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et des institutions similaires. La suppression-remplacement du Conseil de la République est-elle de pure convenance ? Aurait-elle une cohérence cachée ?
Pérenniser non un régime présidentiel mais un hyper-présidentialisme, telle semble être, en définitive, la préoccupation majeure du Président Wade lorsqu’il fait réviser «sa» Constitution du 22 janvier 2001.
- Le renforcement du Sénat : En 2007, le Sénégal d’Abdoulaye Wade a renoué avec le bicamérisme qu’il avait aboli en 2001 ; en 2008, il s’apprête à renforcer symboliquement le poids institutionnel de ce Sénat de facture bonapartiste, nommé par le président de la République à hauteur des 2/3 de ses membres. Le texte de loi constitutionnelle modifiant l’article 71 de la Constitution, adopté par le Sénat le 26 novembre 2007, consiste apparemment à supprimer une malfaçon rédactionnelle -résultant d’une intervention bâclée du pouvoir de révision en 2007- et à simplifier la procédure législative : l’alinéa 1 de l’article 71 prévoyant la transmission au président de la République de toute loi adoptée par l’Assemblée Nationale, préalablement à sa soumission au Sénat, sera supprimé. Mais il en résultera la banalisation d’une chambre haute qui, davantage encore que certaines de ses consoeurs de la région, y compris le Sénat de la Constitution Ravalomanana, fait mauvais genre dans une démocratie.
- Le projet - avorté ? -de restauration du septennat présidentiel : Le Constituant sénégalais a toujours prêté une attention particulière à la durée du mandat du président de la République, qui n’a cessé de varier : sous le pouvoir socialiste, elle a été successivement fixée à 7 ans (1960-1963), 4 ans (1963-1967), 5 ans (1967-1992), et, enfin, 7 ans (1992-2001) ; dans la foulée de l’alternance, l’article 27 alinéa 1 de la Constitution du 22 janvier 2001 rétablit le quinquennat, qui n’est applicable au Président Wade que depuis sa réélection de 2007. Cette mesure de respiration démocratique est désormais dans le collimateur de son auteur : lors du Conseil des ministres du 9 mai 2008, le Chef de l’Etat a fait adopter un projet de loi constitutionnelle modifiant l’article 27 alinéa 1 de la Constitution pour restaurer le septennat. L’annonce de cette volte-face constitutionnelle a été redoublée d’une controverse sur la voie à emprunter pour adopter la révision. Pour des raisons de pure opportunité politique, la Présidence a, en effet, entrepris de convaincre l’opinion de la possibilité d’allonger la durée du mandat présidentiel, sans recourir au référendum, et ce en exhibant non l’article 27 alinéa 2 de la Constitution du 22 janvier 2001, tel que publié au journal officiel, mais l’une des versions en circulation sur le net ! Elle a mené un combat surréaliste, perdu d’avance, contre les constitutionnalistes du pays appelant au respect de la Constitution authentique ; elle a nié l’évidence : “Sans référendum, pas de révision de l’article 27 !” La controverse procédurière l’a emporté sur la discussion du fond du projet de révision, immanquablement inscrit sur la liste déjà longue des reniements institutionnels du Président Wade.
Depuis peu, un coup d’arrêt semble avoir été donné aux dérives pathologiques du pouvoir de révision - «Sans tripatouillages y’a pas de plaisir !» : de passage à Paris, le président de la République a finalement annoncé le maintien du quinquennat. Mais ce renoncement pourrait être purement tactique. Au Sénégal d’Abdoulaye Wade, la Constitution n’est-elle pas devenue, en toute légalité, le jouet du prince ?
(Source : Ferloo.com)
Stéphane BOLLE - Maître de conférences Hdr en Droit public Université Paul Valéry - Montpellier III
* Le titre est de la Rédaction de Ferloo.com et renvoie au caractère changeant de la Loi fondamentale et à la volatilité de ses principes (comme l’espérance de vie
très courte de l’animal) plutôt sa couleur changeante.
Du «Projet» emploi des jeunes de la banlieue aux Tgp : Avis d’un citoyen sénégalais
17-12-2008
Le Président Abdoulaye Wade a lancé, à l’occasion du Conseil présidentiel du mercredi 5 novembre 2008, son «projet» pour l’emploi des jeunes de la banlieue. Le mardi 18 novembre, à l’occasion du Forum Banlieue Avenir (Foba) qui devait, à mon humble avis, voir l’idée ci-dessus mentionnée prendre forme, il parla, à la surprise générale, des Très Grands Projets (Tgp) qu’il à lancé, le jeudi 20 novembre en réunion de Conseil des ministres.
Mon premier constat, c’est que Wade est beaucoup trop imaginatif. Mon deuxième constat c’est qu’il lance beaucoup trop d’idées et de projets. On dirait «qu’il réfléchit à haute voix», comme disait Amath Dansokho, leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit). Or, rappelle le poète, l’inspiration, qui est une chose merveilleuse, ne doit pas nous visiter tous les jours. Car il y a le temps du rêve et le temps de la réalisation du rêve. Il y a le temps des semailles, le temps de la germination et le temps des moissons. Oui, une idée doit prendre forme dans le silence et l’écoute de soi et des autres. On doit lui laisser le temps de mûrir. Avec Wade, hélas ! L’avenir bégaie dangereusement. Il bouscule tout et tout le monde. En vérité, celui que ses partisans appellent «la constante» fait montre d’une inconstance effarante. Il court plus vite que ses projets, qu’il dépasse et oublie avant même qu’ils ne prennent forme. Plus vite que ses «amis», ses «collaborateurs» et ses «adversaires». Les batailles fratricides déchirent son camp, tandis que la «transhumance» sème la panique dans les rangs de l’opposition et que la vivacité de son couperet empêche la concentration de ceux-là dont le travail est de trouver des solutions aux problèmes du pays et de ses habitants. Ainsi, les rêves avortés, les rêves mort-nés jalonnent son parcours. La déception est le sentiment le mieux partagé chez ses partisans et alliés authentiques. Tenez ! Il me vient à l’esprit les mots pleins de sens d’un vieux militant du Sopi qui, après une vaine tentative d’inventaire des promesses oubliées de Wade, parla ainsi : «Hélas ! Hélas ! Je ne reconnais plus mon héros. Depuis qu’il est élu président, il est devenu un autre homme. Le plus désolant, c’est qu’en entrant au Palais, il n’a pas seulement perdu la mémoire et trahi l’espoir de tout un peuple, il a aussi emporté le sel de l’espace politique sénégalais, laissant l’opposition orpheline et aussi inutile qu’un épouvantail dans un champ de cramcrams...»
Mes autres constats concernent la cible du «projet» emploi des jeunes de la banlieue, c’est à dire les jeunes chômeurs de la banlieue.
Tout le monde sait qu’au Sénégal le problème ce n’est pas seulement les chômeurs et autres demandeurs d’emplois. Le problème c’est, aussi et surtout, les sans-métiers, les sans-qualifications. Le problème au Sénégal c’est cette multitude de jeunes et de moins jeunes qui n’a de solutions, pour échapper à la cruauté du sort, que les métiers de rue, que se faire bétail électoral ou se décréter artiste ou homme d’affaires, pour ne pas dire arnaqueur. Activités que leur disputent les chômeurs véritables et autres bacheliers désespérés, parce que sans qualification. Le problème au Sénégal c’est l’oisiveté dans laquelle croupit l’essentiel de sa population gangrénée de ce fait par tous les vices.
Et l’on comprend alors aisément, dans ce climat malsain, le pourrissement des mœurs et la prolifération des agressions, de la délinquance juvénile, de la drogue, de la prostitution etc.
On comprend alors pourquoi la violence est devenue une occasion de décompression. On comprend l’attrait qu’exerce la spiritualité de pacotille sur la jeunesse désarçonnée. Le succès des vendeurs d’illusions, des sectes, des gourous et autres marabouts.
Et l’on devine le désespoir qui habite les cœurs des Sénégalaises et des Sénégalais qui tremblent de voir leur pouvoir d’achat réduit à zéro, de voir leurs enfants fuir la terre de leur ancêtre par déserts et océans au péril de leur vie ou d’atteindre l’âge de la retraite sans avoir jamais exercé un métier digne de ce nom ni touché le moindre salaire. Ces Sénégalaises et Sénégalais tremblent de voir leurs filles vieillir célibataires, mourir sans avoir vécu.
Fort de ces constats, l’envie nous prend de rire des Très Grands Projets du Très Grand Président. Et de pleurer aussi... sur les pauvres habitants de ce pays qui change en reculant «tel un fessier», comme disent les ouolofs, où la situation de manque est la chose la mieux partagée. Où les cités perdent de leurs parures chaque jour un peu plus. Où les différences entre villes et campagnes, entre centres-villes et banlieues s’effacent, que se dissipent les frontières, et que partout, règne la Très Grande Pauvreté. C’est ce phénomène qu’un jeune rappeur habitant Reubeuss (qui n’a pas encore fini de pleurer le stade Assane Diouf) chantait en ces termes : «Nous sommes des Reubeussois, pas des villageois.» Et qui fait dire et redire, comme un refrain, avec une fausse fierté, aux enfants de Dakar Plateau et de la Médina : «Nous sommes le centre…» J’ai envie de leur crier, à tous : «Vous êtes moins que ce que vous refusez d’être !»
En effet, le centre-ville est devenu moins qu’une banlieue, moins qu’un village, mais un grand marché, un immense atelier où le mal de vivre des populations se mesure à la pollution sonore, à l’encombrement des rues et ruelles, aux dépôts sauvages d’ordures, au nombre de fous, de stressés, d’oisifs et de mendiants dans les quartiers.
Je ne parle pas de Niayes Thioker, de Kaye Findiw ni de la Cité Cap Verdienne. Je ne parle pas de Thieurigne, de Santhiaba, de Mbott ou de Mbotti Pom. Je ne parle pas de Blaise Diagne, de Ben ou de Niari Talli… Je parle des avenues Lamine Guèye et Georges Pompidou (ex William Ponty). Même ces reines des rues de notre capitale, pour utiliser le langage de Gogol, qui faisaient jadis la fierté des Dakarois, n’échappent pas à la décrépitude. Elles sont atteintes par la très grande laideur et sont devenues infréquentables. Hélas, la belle oasis qu’était le centre ville et dont la destinée devrait être de grandir, de croître et de couvrir tout le Cap Vert, tout le Sénégal, s’est rétrécie telle une peau de chagrin. Aujourd’hui, seul le Haut Plateau où logent ministres, ambassadeurs et riches commerçants et qui abritent les institutions de la République conserve encore quelques lustres.
Il en est de même pour tout le reste du Sénégal où la pauvreté, nous l’avons déjà dit, est la chose la mieux répartie. C’est vrai qu’il y a ces quartiers flottants à la périphérie de Pikine, Guédiawaye et Thiaroye, ces bidonvilles sans eau ni électricité qu’on peut appeler banlieue de la banlieue. Il y a ces villes de l’intérieur du pays qui n’ont de réalité que la sonorité de leur nom. Il y a ces villages aux puits taris, dépourvus de toute infrastructure. Il y a ceux qui ont oublié ce que boire ou manger à satiété veut dire. Ceux qui ont oublié ce que loisir veut dire. Il y a les… misérables (le mot n’est pas gros) qui ont perdu le goût de vivre. Seulement, un pays pauvre, c’est comme un corps malade, on ne le guérit pas partie après partie ; c’est une thérapie d’ensemble qu’il lui faut.
Mais, tout comme la braise sous la cendre, derrière ce sombre tableau d’un peuple à genoux se cache le Sénégal debout, solide et refusant l’oisiveté, la résignation et la dégénérescence. Je veux parler du Sénégal des gagneurs, les véritables fils du lion reconnaissables à leur simplicité, leur goût de l’effort et du travail bien fait, leur sens de l’honneur, de la famille et de l’amitié, leur générosité et la nausée que leur inspire les micmacs et autres combines politiciens…
Le Sénégalais qui gagne, c’est le chef d’entreprise honnête, l’ouvrier, le paysan et le fonctionnaire consciencieux, la bonne dame qui court les marchés pour épauler son pauvre mari croulant sous le poids des charges familiales, l’enseignant qui pense plus à l’avenir des enfants qu’il a en charge qu’à son propre confort matériel, le médecin, le magistrat, le député, le sénateur mesurant à son juste poids la responsabilité qui pèse sur leurs épaules, le journaliste qui traite son sujet avec autant d’art que le chirurgien.
Le Sénégalais qui gagne, c’est le pêcheur côtier qui passe la nuit à «Pont bou bess» le cœur plein d’amour pour sa famille, c’est le bachelier n’éprouvant aucune honte à se faire marchand ambulant, bouquiniste, apprenti ou «coxeur» (rabatteur) s’il s’agit de nourrir sa famille, c’est l’handicapé qui refuse la mendicité, c’est l’artiste qui utilise son art pour éveiller les consciences, c’est l’homme politique qui vie les joies et les souffrances de son peuple et qui sait ce que patriotisme veut dire, c’est le chef religieux imbu de spiritualité et soucieux de la moralité et du salut des âmes de ses fidèles, c’est l’homme ou la femme qui se bat pour l’amélioration du sort de ses concitoyens, c’est… Je ne peux pas tous les citer. Car, ils sont nombreux dans nos villes et leurs «banlieues», dans nos campagnes les Sénégalais qui gagnent. Et ils ne demandent ni Tgv, ni Tgp. Ce dont ils rêvent, c’est le Sopi…, toujours c’est-à-dire un pays où les droits de l’homme sont respectés. Un pays stable avec une économie saine et un environnement politique apaisé. Des lois justes. Des magistrats sans reproche. Des dirigeants démocrates, respectueux des règles de bonne gouvernance, soucieux de la transparence ainsi que du bien être des populations et qui savent choisir leurs collaborateurs et les faire travailler. Des écoles et des hôpitaux pour tous avec un personnel suffisant et bien formé. Des fontaines et des forages à suffisance. Des routes, des autoroutes et des ponts, bien sûr. Des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre, lait, gaz, électricité, médicaments, etc.) bon marché. L’encadrement et l’assistance des plus démunis. La prise en compte de l’avis des organisations communautaires de base (Ocb) et des organisations non gouvernementales (Ong) dans les politiques de développement. Privilégier le dialogue et la concertation. Travailler au changement des comportements et au renforcement du sens du civisme et de la citoyenneté.
Alors, vivement que Wade et son parti se ressaisissent, fassent leur introspection et changent de cap. Que l’opposition oublie la politique politicienne et mise sur le travail, la rigueur, l’humilité et la patience. Que tous les citoyens de ce pays se rappellent que nous devons être Un Peuple tendant vers Un But et partageant Une Foi. Qu’ils acceptent l’épreuve du miroir et se retroussent les manches… Alors, seulement, nous aurons le droit d’espérer un avenir meilleur pour notre peuple.
Abdou Khadre GAYE - résident de l’Entente des mouvements et associations de
développement (Emad)/ mad_association@yahoo.fr