les reporters photo Frappés censurés
Couverture médiatique : Walf Tv interdite de filmer et diffuser en direct le défilé
Frappés aussi par la censure, les reporters photo de la presse privée boycottent le défilé
Il n’y a pas que l’équipe de la télévision privée du groupe Wal Fadjri (Walf Tv) à avoir été empêchée de couvrir les festivités marquant le 49e anniversaire de l'indépendance du Sénégal. Les reporters photographes de la presse privée ont, eux aussi, vécu le même calvaire samedi. Pourtant, ils étaient tous porteurs d’un badge délivré aux rédactions par la Dirpa. Et c'est ainsi qu'ils ont fini par boycotter la cérémonie et l’ont manifesté devant le président Wade (voir photo ci-contre). ‘Non seulement on nous a empêché de faire notre travail, mais on nous a menacé de nous embarquer’, explique Doudou Diop Sall, reporter photographe à Walf quotidien. Et d'ajouter : ‘Nous avons attendu l'arrivée du président et surtout le moment où il saluait le drapeau national pour lui montrer notre ras-le bol avant de plier bagages’.
P. B. KAMARA
Censure médiatique : Walf Tv prise encore pour cible lors du défilé du 4 avril
La chaîne de télévision Walf Tv a été victime pour la énième fois d’une censure médiatique de fait. Pas plus tard que ce samedi, la retransmission en direct du défilé marquant la célébration du 49e anniversaire à notre souveraineté internationale a été interdite à la suite d’instructions données aux gendarmeries.
En seulement deux ans d’existence, Walf Tv, la chaîne de télévision du groupe de presse du même nom, caracole à la tête des sondages successifs. Pour autant, la télévision préférée des téléspectateurs sénégalais, voire de la diaspora sénégalaise, n’a de cesse de subir des entraves dans sa mission ‘d’informer juste et vrai’. Pressions financières et fiscales, agressions de journalistes, convocations des responsables devant la justice, procès d’intention, censures d’émissions sont, entre autres, les différents sauts d’obstacles auxquels la télévision de Derklé fait face au quotidien.
Le dernier scandale en date qui a provoqué un tollé général dans l’opinion nationale et internationale est l’interdiction notifiée à l’équipe de Walf Tv proposée à la retransmission en direct du défilé du 4 avril d’arrêter le direct sans explications. Et cela au bout de dix-huit minutes de retransmission en direct au grand bonheur de ceux qui quotidiennement choisissent au Sénégal et à l’étranger Walf Tv pour s’informer. ‘La retransmission en direct a été interrompue par les gendarmes sur décision des autorités au prétexte que nous gênions le signal de la Rts. Et que nous pouvions prendre le signal de la Rts’, rapporte Mouhamed Papis Diaw, journaliste à Walf Tv, témoin oculaire lors de l’émission de télé-réalité Noko ndoundé , ce samedi. Son collègue Ousmane Sène, un autre journaliste présent sur les lieux, de compléter : ‘Il n’y avait pas d’effet. Tout se passait bien. Alors que l’année derrière, les Libyens avaient déployé leurs paraboles sans gêne’.
Pour Ousmane Sène, cette censure médiatique qui ne dit pas son nom, n’est qu’une ‘guerre que mène la Rts contre Walf Tv’. Modou Diouf, chef technique de Walf Tv, de marquer lui aussi son étonnement : ‘Pourtant, la veille, après avoir réalisé l’émission Ataya en direct au stade Iba Mar Diop, nous avions l’autorisation de l’Armée, notamment la Dirpa d’installer notre matériel. A la Dirpa, on nous avait signifié qu’aucune télévision ne sera privilégiée sur une autre. Ainsi on nous a accordé pour la première fois douze accréditations au lieu des trois que nous avions habituellement’, renseigne-t-il à une question de Ndèye Astou Guèye l’animatrice de l’émission Noko Ndoundé. Avant de balayer d’un revers de la main les justifications techniques livrées par le directeur de la Télévision de la Rts, Mamadou Baal, arguant d’un brouillage du signal de la Rts. ‘Avec le matériel technique de dernière génération que nous avons, ce n’est pas possible parce qu’il est d’une haute précision. Plus de mille chaînes de télévisions pouvaient faire en même temps du direct’, rectifie Mamadou Diouf, chef technique de Walf Tv.
Invité sur le plateau de l’émission Noko Ndoundé, le Président directeur général (Pdg) du groupe Wal Fadjri, Sidy Lamine Niasse a abondé dans le même sens que, le chef technique de Walf Tv. ‘Avec les progrès technologiques, le brouillage dont on parle n’est pas possible. Ce qui me gêne, c’est que la Rts ne peut pas être juge et partie’, rétorque-t-il. Pour le Pdg du groupe Wal Fadjri, dans cette affaire, c’est le jeu de la saine concurrence et le droit à l’information du public qui ont été violés. C’est la raison pour laquelle, dit-il , ’ce n’est pas un problème de Walf Tv, mais de la presse qu’on cherche à museler’, non sans convoquer Lénine qui disait : ‘A situation nouvelle, conscience nouvelle’.
D’autres citoyens et des journalistes ont eu à intervenir en direct pour condamner cet acte. Pour Abdourahmane Camara, directeur de publication de WalFadjri quotidien qui a précisé avant tout qu’il intervenait en tant que ‘citoyen’ : ‘C’est le droit à l’information qui a été violé’. D’après lui, ‘la réalité c’est que les gens avaient peur qu’il y ait des manifestations hostiles au président Wade’. A preuve, ajoute-t-il : ‘Si tu vois les images du défilé, le public n’apparaît à aucun moment. C’est cela la réalité des faits’. De l’avis du directeur de publication de WalFadjri, ce que Walf Tv a fait dans l’émission Ataya, en montrant une image gaie de l’armée, des jeunes dynamiques, des filles de chez nous qui chantent et dansent, ‘est une première’. D’après toujours le patron de Walf quotidien, ‘les gens doivent se ressaisir. Et ils ne rendent pas service au chef de l’Etat si cela venait de la Présidence’.
Jean Meissa Diop, directeur de Publication de Walf GrandPlace, a embouché la même trompette. D’après lui, ‘les explications données par le directeur de la Télévision ne sont pas convaincantes’. En écho, pour Tidiane Kassé, directeur de Publication de Walf Sport, cette interdiction de retransmission en direct ‘pose, de façon large, le problème de la liberté de la presse’. Les erreurs commencent à être nombreuses à l’encontre des médias privés’, déplore-t-il, non sans inviter l’Etat à rester à équidistance des médias publics et privés.
Mamadou SARR
Corps habité ou possédé
Amadou Gueye NGOM Lundi 6 Avr 2009
De mon enfance, me reviennent des images qui m’avaient fort intrigué à l’époque et que l’évolution, crois-je savoir, a démystifiés ou bannis.
Au marché Ndoumbé Diop de Diourbel, l’une des attractions du Vendredi était un personnage hydrocéphale de la taille d’un garçonnet mais au visage sillonné de rides. Un individu assis à ses côtés le présentait aux curieux comme une créature-« mbidéef mi »- habitée par des esprits supérieurs et possédant le don - -moyennant quelques piécettes- de faire exaucer des vœux, conjurer le mauvais sort. L’un après l’autre, hommes, femmes s’accroupissaient devant le personnage qui marmonnait des paroles inintelligibles avec force postillons dans les mains tendues. Les badauds ponctuaient chaque audience avec des murmures d’approbation : « Kéemaan la-c’est un miracle. » En ces temps là, toute déformation ou malformation congénitale de la boîte crânienne (dolichocéphalie, macrocéphalie, etc.) était associée à la présence intérieure d’un être du monde invisible qui donne forme et dimension à la boite crânienne. Ce qui explique, probablement, la présence en langue wolof de notions telles que : « yaa bopp -large tête », « borom Bopp -qui a une tête- » pour désigner, au propre et au figuré, les individus dont le corps est possédé par «un intrus malafaisant ». D’autres anomalies étaient également exploitées : nanisme (condition des nains), membres embryonnaires, doigts, orteils en moins ou en surnombre, pieds boots.
Je découvrais, plus tard, que ce n’était pas seulement chez nous autres Africains que ce genre de pratiques avait prospéré. En Europe d’une certaine époque, bohémiens, romanichels, tziganes tiraient profit des tares physiques de leurs contemporains dans les foires d’antan. Par la suite, des nains célèbres se sont illustrés au théâtre puis au cinéma. Il demeure qu’ hier comme aujourd’hui, obscurantisme et exploitation font un sacré bon vieux ménage, encore fécondant.
A l’opposé des créatures exhibées à des fins lucratives, j’ai connu des familles où il arrivait qu’un enfant soit enfermé dans quelque réduit de la maison dès l’annonce d’un visiteur étranger. Il s’agissait du garçon, de la fille dont le comportement risque de mettre mal à l’aise l’invité du jour. Le genre d’enfant « intenable » dont il n’est pas toujours facile de décoder les expressions et aux mouvements d’humeur dont nul ne sait de colère ou de joie. Avec le recul, je me demande si un tel enfant ne relevait point de l’autisme. L’enfant autiste n’est pas toujours affecté d’anomalie physique mais souffre d’un handicap communicationnel encore considéré, chez nous, comme une maladie honteuse entourée d’un halo d’ignorance et de préjugés. Une maladie n’est pas honteuse en soi mais elle la devient dans ce qu’on croit lire dans le regard des autres. Le temps en vient généralement à bout. Mais « Avec le temps…Tout s’en va.. »…Peurs comme préjugés.
Pour preuve, la lèpre s’affiche aujourd’hui dans la mendicité publique alors qu’il n’y a guère longtemps, les lépreux étaient mis en fausse « quarantaine » dans des lazarets, pour une vraie réclusion à perpétuité. Blennorragies, syphilis chaude-pisse, naguère considérées comme honteuses ne le sont heureusement plus, pour la santé financière des nouveaux tradipraticiens.
Entre le corps habité qui se vend et le corps possédé qu’on soustrait aux regards, l’environnement et le temps font la différence. Chez nous, l’autisme est encore à l’épreuve des mentalités, du temps et des priorités de santé publique. Il s’y ajoute que l’insuffisance des moyens de détection prénatale ou à très bas âge ainsi que l’ignorance renforcent le tabou.
De l’enfant qui, jusqu’à trois ans, ne parle pas de manière intelligible, les parents se contentent de dire : « daa yéexa wax-en retard sur la parole » ; lorsque persiste le mutisme, l’on conclut en chuchotant : « dafa am ay rab-il est possédé. Devenu adulte, il sera soumis à des séances de « ndëpp-exorcisme », ancêtre lointain du vaudou. Ce sont là des « vérités vertes et velues » comme dirait Birago. C’est pourquoi l’autisme, au Sénégal, ne bénéficie d’aucune attention particulière auprès des services hospitaliers qui le mentionnent timidement dans le vaste registre des désordres psychiatriques.
Quant à organiser un débat sur le sujet... « Veuillez repasser ! » M’a-ton prudemment répondu à Walf TV, lors de mes dernières vacances. J’attends un coup de main…
Fausse conclusion
N’eut été le souci de ne pas provoquer les tirs hors cible des presbytes, j’aurais pris plaisir à prouver que si l’on s’en tient au sens strictement communicationnel, il existe des cas d’autisme non officiellement identifiés:
- autisme moral découvert chez des alchimistes religieux ayant trop humé de fusions toxiques dieu-diable.
- autisme intellectuel chez les diplômés en « science sans conscience »
- autisme politique quand Docteur Wade prend le pouls de son peuple et confond les causes avec les effets des fièvres populaires.
Autres suggestions ?
Amadou Gueye Ngom
Critique social
Un Peuple, un But, Une foi
Amadou Gueye NGOM Lundi 26 Jan 2009
De braves sapeurs pompiers, malgré la vétusté de leur ingénierie se sont armés de courage pour honorer une devise : sauver ou périr. Trois ou quatre d’entre eux ont payé l’imprévoyance des autorités qui croient solder un compte pertes et profits par des hommages ronflants, histoire de faire oublier leur coupable incurie.
Un peuple, certes, un but, lequel ? Une foi ? Plusieurs, à vrai dire, dans ce paysage indéfinissable de massifs religieux et d’enchevêtrements laïcs.
Quarante jours passés au pays me renvoient l’image de ce navire sans gouvernail que pilotait à vue un capitaine en sévère état d’ébriété, manoeuvrant par à-coups de brèves et fulgurantes éclaircies tout en rusant avec des écueils vrais ou imaginaires.
Un peuple, un but… Le peuple livré à lui-même tient bon, tant que l’Etat ne lui met pas les bâtons dans les roues de ses mécanismes de survie, que les municipalités d’affaires lui monnayent des bouts de trottoirs servant d’étals, d’ateliers mécaniques en tous genres, de restaurants furtifs. On vit comme on peut, chacun poursuit son but au détriment de celui des autres.
Une foi ? Le récent pèlerinage à la Mecque en a révélé au moins trois: celle de la canaille, flibustiers de haut vol affréteurs d’engins de mort, celle des honnêtes victimes qui s’en remettent à Allah, celle des pèlerins noceurs faussement repentis qui s’approprient les rues pour des fêtes païennes.
Un peuple pour une foi qui dit oui et non à la fois, le temps de décrocher ou dissimuler le croissant lunaire des fêtes musulmanes, au grand dam des chrétiens et non-croyants qui rigolent. Plus on a de jours féries, plus on s’amuse. Pourvu que ça dure!
Un Peuple, un But, une Foi… Cela fait bien d’y croire dans cette parodie de république laïcisante qui lapide les homosexuels et autorise la prostitution aseptisée.
Un peuple de populations lassées de se faire entourlouper par la formule « Armons-nous…Partez », révoltées contre coupures et fouets électriques et qui décident de marcher, Imams en tête…
Un But, celui de la victoire qu’exige, tout un peuple chaque fois que ses Lions du Football affrontent une équipe « ennemie »
Un peuple uni dans la foi que le Ciel d’Allah jamais ne lui tombera sur la tête, Inch Allah!
Nouvelle devise ?
Au regard de ses méthodes, l’ Etat manque de suite dans les idées en ne substituant pas à la devise du Sénégal de Senghor, l’un de ces dictons populaires devenus credo politique des tacherons et larbins de l’Alternance:
« Xalis ken du ko ligéey, dees koy lijjanti »: l’argent, ça se gagne pas, ça se dépatouille
« Pexe mo gën njàang »: l’astuce, c’est mieux que l’instruction
Farba et consorts ne nous démentiront guère.
Amadou Gueye Ngom
Critique social
Fonctions sociales de la Poésie en Pays wolof
Amadou Gueye NGOM Lundi 15 Déc 2008
Qu’elle exalte la raison des sens ou les abasourdit, la poésie telle que nous l’avons apprise et récitée à l’école occidentale, bien souvent se pare des atours de l’art pour l’art, phénomène absolument étranger dans les traditions wolof du Sénégal.
En pays wolof, le poème remplissait différentes fonctions. J’emploie le passé avec l’avènement de ces nouveaux medias: radio et télévision qui ont remplacé les saltimbanques et conteurs d’antan qui furent ce qu’ont été les Romanichels ou Bohémiens de l’Europe centrale.
Chez nous, dès l’âge de trois-quatre ans, l’enfant était soumis à un rude et persistant exercice de déclamation :
« fukki bukki guddi
fukki bukki bëcëk »
(dix hyènes de nuit
dix hyènes de jour.)
Vers à six pieds sans signification véritable que l’enfant répète d’abord lentement pour en apprivoiser chaque mot, en distinguer les consonances; on les lui fait reprendre ensuite, chaque fois plus vite, sans que les mots ne s’entrechoquent, jusqu’à satisfaction complète de l’adulte orthophoniste.
Le poème-thérapie avait pour vertus de prévenir ou guérir le bégaiement, la langue pâteuse, le zozotement et autres troubles d’articulation désignés, chez nous, par l’expression: lamiñ wu taq.
Le détour poétique s’empruntait également pour inculquer des vertus morales à l’enfant:
« dama doon sacc laalo
borom toool fekk ma fa
ma tëb danu ci dék
tëbëti daanu ci dék… »
( m’en suis allé marauder
le propriétaire du champ m’a surpris
je saute sur un buisson d’épines
retombe sur un autre buisson d’épines)
Conséquences douloureuses du vol dont l’image illustrative n’a rien à envier à celle d’autrui: tomber de Caribde en Scilla.
Outre ces fonctions morale et thérapeutique, le poème-chant ponctuait les jeux d’enfant aux fins d’initier à l’art du bien dire qui est de haute importance chez les Wolofs dont la société, il convient de le préciser, n’étant pas initialement agro-pastorale, avait développé un art de cour qui ressemble à ce que vécurent les Molière, Racine et Corneille.
D’où un certain universalisme de la création poétique confondant dans le même moule un Jean de la Fontaine et Kocc Barma, poète-philosophe qui savait dire son fait au Prince sans se faire occire.
Glissons vers ce que Senghor appelait les poèmes ou chants gymniques dont voici quelques exemples extraits du répertoire de Falang Ndiaye, champion de lutte célèbre des années cinquante: « Béy du raas déemu guddi » ( Chèvre est bien imprudente de baguenauder sous le jujubier au crépuscule), entendu que la nuit appartient aux grands fauves; « fuma gallax ndiku tuur ndaw lu fa jaar do yooy » (là où je me gargarise et crache, assure force et vigueur au freluquet qui y pose pied; « fuma jaar ku fa jaar taq ban « (quiconque s’aventure dans les chemins qui furent miens sera maculé de boue). Les mauvaises langues prétendent que Senghor reprenait la fanfaronnade à son compte, moins par souci de versification que par défi à ses adversaires.
Il demeure que les joutes orales des lutteurs d’antan avaient bien plus de dignité que les invectives grossières échangées dans les arènes politiques d’aujourd’hui.
Sur un autre registre existait la production des « lawaankat, taxuraankat », anciens étudiants en école coranique, affranchis ou expulsés pour diverses raisons.
Ces personnages hauts en couleurs parcouraient villages et hameaux chantant et dansant des poèmes de leur cru. Persifleurs en diable, ils flétrissaient l’avarice, l’arrogance, et autres comportements antisociaux, sous forme de poème-chant comme nous en restitue joliment Souleymane Faye du groupe Xalam dont les accents tendrement féroces font penser a Jacques Brel.
« Janq bi ci kon bi
Ne du sey ak badoolo
Waye bo demee kërëm guddi
Sombi lay reree »
La fille du landerneau
Dit que jamais n’épousera un roturier
Mais chez elle
Ça dîne de bouillie
Autrement dit: « faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou. »
Bien avant Souleymane Faye Khar Mbaye Madiaga avait rafraîchi le style avec une maîtrise parfaite de cet humour auquel ne s’essayent que les rappeurs dont le génial Fou Malade.
Khar décape avec un humour subtil les faux dévots « plein d’onction et de componction » :
Kalaa’k sikkim
Satalaa’k kurus
Yaay booy banu ma ko
“Barbes et turbans
ablutions et chapelet…
C’est pas que je déteste...
J’en ai peur.”
La diva n’épargne pas non plus le laideron en offensive de charme.
Waaju ñaaw dafa dugg ci sama néegu yaay
Fekk may mooñ
Leket ga toj
Sunguf sa ne waww
Ma tiit ba xeelu Yaay
Un laideron fit irruption chez nous
Pendant que je brassais la farine
La calebasse, de stupeur se brise, répandant son contenu
Affolée, je décoche une œillade insolente à mère
Au regard d’une telle créativité, l’on ne peut que regretter les niaiseries véhiculées dans la musique d’aujourd’hui.
Le genre poétique qui semble avoir solidement pris racine et bourgeonne sans répit sont les chants liturgiques des confréries religieuses. Sans être d’aucune obédience, je me dois de reconnaître que le fondateur de la confrérie mouride Cheikh Ahmadou Bamba a inspiré des textes fameux à des disciples comme Serigne Moussa Kâ qui lui demande dans « Xarnu bi », un pur chef d’œuvre, d’intercéder, auprès de Dieu, en faveur des paysans frappés de famine suite à une interminable sécheresse.
On le voit donc, la fonction sociale de la poésie en pays wolof ne fait aucun doute car le poète se veut d’abord un facteur de cohésion du tissu social. D’où la volonté didactique qui transparaît dans chaque œuvre.
Quelle poésie aujourd’hui? Le débat persiste depuis David Diop et les autres ténors de la Négritude avec ce terme élitiste a connotation anarchiste ou révolutionnaire qu’on appelle l’engagement, sous-entendu, politique.
Tout art est engagement ; engagement de soi dans l’approche de l’autre qu’on veut séduire, combattre ou convaincre.
L’adolescent qui après son bac ne trouve pas place à l’université et pour peu qu’il ait le nerf poétique fera du Villon ou du Boris Vian.
La création est un acte libre. Le poète ne se devrait d’avoir qu’une seule exigence: répondre à ce qui l’interpelle directement. Même s’il s’agit de faire de l’art pour le seul plaisir de ses sens.
Au delà de la poésie, toute œuvre: musicale, littéraire ou plastique qui obéit à une commande sans que l’âme du créateur y soit trahit l’Art dont l’essence est la Liberté.
Amadou Guèye Ngom,
Critique social
Le Soleil : Lundi 6 Avr 2009
ÉDITORIAL : La plus belle des victoires (par Mamadou Sèye)
Nous voici au seuil d’une nouvelle année sur le navire Sénégal. Cet An 49 est la saison des maturités fleuries au cœur des aridités. Un homme, à cette séquence de son existence, serait debout au seuil du bel âge, après avoir vaincu les périls des hivernages tendres et entrevoyant, avec confiance et sérénité, le temps des bénéfices de l’expérience. En cette saison de moissons, il peut jouir de l’œuvre durement édifiée. La démocratie sénégalaise se reconnaît dans ces deux métaphores de la navigation et de la vie. Elle est une mer qui gronde, par houles et par intermittences, du gros temps de la défaite de nos volontés individuelles et collectives. Elu au suffrage universel donc dépositaire de la volonté populaire, le président de la République est le capitaine qui a la lourde responsabilité de mener l’embarcation à bon port. Sa main ne tremble pas depuis neuf années qu’il choisit les membres de son équipage, les renforce, les change et les recadre au besoin. Il assume leurs forces et leurs faiblesses, mais se refuse à porter la responsabilité de l’inaction. Il ne cautionne aucun coup de barre pour esquiver le sens du devoir. Le recadrage annoncé au sein de l’appareil d’Etat, avec une plus grande place réservée aux femmes, fait partie de ses engagements que ne trahissent pas les vicissitudes de la vie politique. Car la question est républicaine ! La politique n’est qu’un canal pour arriver à cette mer de délicatesses qu’est la gestion des affaires nationales. Juste un moyen, pas une fin. La charge sacerdotale incline le locataire du Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor à rester à l’écoute des vents approbateurs comme des élans désapprobateurs. Il a lancé la mode des brassards rouges et célèbre aussi bien le mécontentement que les transports de joie avec tous les Sénégalais se trouvant sur son passage. Il défie la peur jusque dans les carrés jamais foulés par un chef d’Etat. Ce n’est pas une science acquise à l’épreuve de l’exercice du pouvoir ; il s’agit, au contraire, d’une sublimation naturelle des vertus du dialogue jusque dans la tempête des désaccords.
Il est émouvant, ce jugement du chef de l’Etat parlant des « revendications saines » de la jeunesse, lesquelles, selon lui, « portent le rêve et l’ambition de chaque jeune d’être utile à lui-même, à sa famille, à sa communauté et à sa Nation ».
Cela est sûr : le gros temps, fruit d’une lecture passionnée des adversités politiques, ne peut avoir raison de la posture républicaine.
Celle-ci fédère, réconcilie, réconforte et rassure. Le capitaine ne peut ignorer le comportement de sa famille politique au cours des dernières élections locales.
Les « Bleus » ont navigué sur le navire battant pavillon « Coalition Sopi ». Ils ont perdu des villes importantes au profit d’un autre navire battant pavillon « Benno Siggil Sénégal ».
La particularité des consultations locales consacre l’émiettement de l’électorat et son cantonnement dans des collectivités fonctionnant parfois avec des réflexes affectifs comme dans des quartiers.
Toutefois, sociologiquement, les idées de la marque « libéralisme social », déclinaison très humaniste de ce mode de gouvernance, sont majoritaires.
Malgré la crise qui a plombé les efforts des pouvoirs publics. Malgré le rejet de certains responsables investis dans leur localité. Malgré les nombreuses listes sorties des flancs du Parti démocratiques sénégalais (Pds, au pouvoir).
Malgré l’invitation faite au monde rural à se rebeller contre le pouvoir en place à grands renforts de négation des résultats tangibles de l’An I (seulement !) de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana).
La place des campagnes dans la conquête, par les Libéraux, de onze régions sur quatorze, est à considérer. Des élections nationales auraient largement enregistré la victoire du Pds et de ses alliés.
A écouter les exégèses, on se rend compte qu’il y a tromperie sur l’argumentaire. Nul ne peut appliquer à une présidentielle les règles de consultations locales. Le caractère inadéquat et inadapté de l’instrument d’analyse fausse les résultats, si l’on se limite à une démarche rigoureusement scientifique et si l’on se garde de s’engluer la bonne foi dans des surenchères politiciennes.
Des investitures à la configuration des résultats, le capitaine a sans doute procédé aux analyses utiles. Il lui appartiendra de donner des réponses politiques et républicaines.
Le ton de son message va dans ce sens. Passé le moment de la confrontation électorale, le devoir d’homme d’Etat voit le citoyen là où les crispations politiciennes magnifient le militant.
Il a félicité l’opposition sortie victorieuse des consultations dans des villes importantes comme Dakar, Pikine, Saint-Louis, Podor... Certains font la fine bouche. Qu’auraient dit ceux-là qui lui taillent, après coup, des thèmes de discours, si le chef de l’Etat avait observé le silence sur cette question précise ?
Dans cette mer qui reçoit la barque Sénégal, la démocratie est parfois le réceptacle de lectures furieuses et trop partisanes de ses bonnes et mauvaises surprises. Une confusion est savamment entretenue par des hommes ayant eu des charges au sommet de l’Etat entre la gouvernance locale et les charges de président de la République.
Même l’Assemblée nationale, fruit d’élections que cette partie de l’opposition a eu le tort de boycotter, n’échappe pas à ces dérapages fiévreux à semer le doute sur la rigueur des théoriciens qui en portent les germes si dangereux pour la bonne information de l’opinion.
C’est connu, les erreurs, en politique, se paient cash. Les acteurs défaits par l’expression de la volonté populaire peuvent s’en remettre. Mais à une condition : celle d’en tirer toutes les leçons.
Ridicule donc de parler de démission ou d’élections anticipées lorsqu’on n’a pas été capable, il y a vingt-cinq mois, de franchir le cap des douze pour cent ! Mais que voulez-vous ? La liberté d’expression est une belle conquête de la démocratie. Sa limite est qu’elle est souvent parasitée par la liberté de légiférer dans la rue, de prendre des décrets dans des « cars rapides » et de publier des arrêtés dans des gargotes.
Les annonces de gros temps fusent de la bouche de météorologues dont la verve enverrait au chômage les véritables politologues et techniciens de la météo. C’est amusant. Pas plus !
Se relever lorsqu’il est poussé, par les humeurs et les raideurs, au bord du précipice, voilà un des secrets de l’édifice du système démocratique sénégalais. Tel un aimant, le bon sens l’emmène à lui et le maintient droit vers la postérité. En fin de compte, les scrutins municipaux, ruraux et régionaux du dimanche 22 mars dernier ont consacré un parti : la démocratie sénégalaise.
Un fichier, décrié il y a deux ans pour délit de non-fiabilité, a donné des réponses très fiables à des partis ayant boycotté les Législatives lorsqu’elles ont été noyées dans leur doute sur leur capacité à l’emporter.
Et pourtant ils ont engrangé beaucoup de voix au point de nouer un nouveau pacte de gouvernance locale avec leurs concitoyens établis aux quatre coins du Sénégal.
Le beau temps autour du fichier ne s’estompe pas car le chef de l’Etat, après avoir donné des directives fermes pour la bonne organisation et la transparence des scrutins locaux, a pris la décision de mettre en place un dispositif de veille qui sera la sentinelle de la sincérité du scrutin présidentiel de 2012.
Le choix de partenaires politiques et de développement de premier ordre comme la France et l’Union européenne, dont l’indépendance ne souffre d’aucun doute, est d’une pertinence rassurante pour tous. Le débat est clos sur ce chapitre.
La démocratie sénégalaise n’est pas un logiciel usé. Il est authentique. Il a juste besoin, par le soin de ses acteurs, de mises à jour, de temps à autre. Par l’acte et par la parole, il faut lisser l’œuvre et refuser les vaines fractures.
Désormais, dans cette mer où le peuple navigue vers un idéal de paix, de liberté et de prospérité, il n’existe que l’étendard tricolore (vert-jaune-rouge) pour porter notre aspiration commune à des lendemains meilleurs.
Ce patrimoine collectif n’est pas un simple projet ; il est avant tout une tâche de l’instant. Une marche pénible parfois, excitante en d’autres occasions. Les pas réalisés, ensemble, représentent une performance sur le renoncement.
La foi en un accomplissement est portée, dans cette démocratie en mouvement, par une identité nationale forte qui n’est pas la manifestation d’un repli sur soi. Elle est bien le point précis d’amorce d’un élan franc vers le reste du monde. Il faut s’emplir le cœur des mots vaillants du chef de l’Etat : « Ne soyons pas otages de la routine ».
Il prend à témoin le peuple souverain lorsqu’il annonce de nouvelles orientations : « Vous en jugerez vous-mêmes... »
Le Sénégalais a un environnement si marqué des mille échos de sa propre liberté qu’il s’est ennuyé au point de s’inventer des peurs. Un point positif : les divergences sont un signe de vitalité lorsqu’elles s’expriment dans le cadre de la loi et de la considération.
Les vives félicitations adressées à l’opposition sénégalaise en réunion du Conseil des ministres et réitérées vendredi soir dans son adresse solennelle à la Nation mettent un terme à la parenthèse de passions affirmées ou diffuses pour ne mettre en perspective que la réalité de l’Etat et de la République.
Le principe du dialogue relève plus que jamais de la responsabilité des patriotes et surclasse les cloisons idéologiques, partisanes, culturelles, économiques, etc.
La diversité peut très bien s’exprimer dans le respect des particularités sans tomber dans le jeu pervers des particularismes fatals à l’aménagement d’un espace de convergences fortes.
L’engagement renouvelé par le président de la République de ne porter aucune entrave à la gouvernance locale dans les collectivités gagnées par l’opposition est une parole d’honneur qui hisse son auteur sur des hauteurs républicaines et conceptuelles.
La seule clause est celle de la sincérité et de la probité morale et intellectuelle : le respect de la Bonne gouvernance et des institutions de la République.
Cette marque d’ouverture et de sens de l’Etat porte aussi l’estampille d’un souci renouvelé pour le statut de l’opposition et de son chef. Il y a quelques années, l’élan franc et désintéressé du chef de l’Etat s’est heurté à des avis discordants des différentes forces politiques présentes à l’Assemblée nationale.
L’objet du désaccord relevait des résultats des Législatives de 2001 : le statut au parti qui compte le plus de voix ou à l’autre qui compte le plus de députés ?
L’esprit de consensus est le plus important. Il doit prévaloir plus que toute considération personnelle dans les rangs d’une opposition qui a toujours eu du mal à aller en rangs serrés à un scrutin (présidentielle) ou gérer le bénéfice de l’unité (locales).
C’est à ce prix que la barque « opposition » pourra voguer vers des eaux paisibles et participer, avec la distance critique et le souci de la République, à la prise en charge des questions essentielles.
D’ores et déjà, cette question de l’emploi est un bilan par les pas réalisés et un horizon par les nouvelles orientations évoquées par le chef de l’Etat.
Une surpriorité donc, pour reprendre le mot du président Wade. Les enjeux restent actuels. La promotion de la femme est un défi de tout temps. L’énergie nous fixe des tâches immenses mais pas irréalisables comme le stockage du gaz et la diversification à travers l’éolienne et le solaire entre autre.
L’école, un des agoras de la démocratie, aura son forum. L’agriculture nous tend la possibilité d’avoir une souveraineté alimentaire en riz et une nouvelle activité autour du blé qui renforce notre pain quotidien. Les défis sont beaux à surmonter, telle une oeuvre démocratique, celle-là dont la maturation des grands thèmes passe par le dialogue et se nourrit de patriotisme.
La plus belle des victoires dans la navigation vers « un avenir radieux pour ne pas dire illuminé » avec cet « esprit des combattants (qui) ne meurt jamais » !
APS : Lundi 6 Avr 2009
Didier Awadi se réjouit des résultats des élections locales
Diourbel, 5 avr (APS) – Le rappeur Didier Awadi, invité à la huitième édition Festival de musique traditionnelle et de la culture de Diourbel(FESMUT), s’est fortement réjoui des résultats des élections locales du 22 mars dernier.
Bien avant le scrutin, l’artiste avait lancé un message en direction des électeurs leur conseillant de prendre l’argent de la mouvance présidentielle et de voter contre elle.
"Pour moi, c’est une insulte de donner de l’argent à quelqu’un pour acheter sa conscience. Si quelqu’un est assez bête pour essayer de vous acheter votre conscience, soyez assez malhonnête pour ne pas voter pour lui’’, a-t-il lancé.
Se prononçant sur la défaite du leader de la ’’Génération du concret’’, Karim Wade lors de ces consultations électorales, il a déclaré : ’’Les gens n’ont pas voté pour lui, parce qu’on ne le connaît pas. (...) Karim Wade ne représente rien, politiquement".
Evoquant la gestion du pouvoir, Didier Awadi a estimé que les gens sont globalement déçus.
"Je suis comme n’importe quel citoyen. Je ne suis pas d’accord et je le fais savoir. Les Sénégalais n’ont pas attendu que Awadi parle pour faire ce que j’avais dit. Ils avaient tout cela dans le cœur’’, a-t-il affirmé.
Mais il a aussi déploré le comportement noté au sein de l’opposition représentée par Benno Siggil Sénégaal où l’on se ’’crêpe les chignons’’ pour des postes. "Pour moi, cela ne me surprend pas connaissant un temps soit peu la politique. C’est normal’’, a-t-il fait remarquer.
Il a indiqué qu’il ne désapprouve pas l’entrée d’artistes dans l’arène politique, estimant qu’il s’agit plutôt d’une situation normale.
’’Je ne dis pas que je n’en ferais pas demain. Je pense que j’ai déjà un discours politisé. Cela suffit. Si chacun connaît son boulot, les vaches seront bien gardées’’, a ironisé le rappeur.
Parlant de ses éventuelles retrouvailles avec Duggee Tee au sein de son groupe, le ’’Positive Black Soul’’ (PBS), Awadi a indiqué que ’’rien n’est exclu’’.
"Pour nos 20 ans, on est en train, de faire les finitions pour +Présidents d’Afrique+. On est sur le 30 ème morceau qu’on mixe et le film qu’on aimerait sortir en Juillet’’, a-t-il ajouté.
Invité de la 8 ème édition du Festival de musique traditionnelle et de la culture, Didier Awadi, a tenu en haleine le nombreux public diourbelois, lors de la soirée du 3 avril.
"Je pense que cette année, le festival de musique traditionnelle a eu, explique-t-il, envie de s’ouvrir vers la musique moderne. Je pense que cela fait partie du paysage musical et, aujourd’hui, on ne peut parler de musique en faisant abstraction de la musique moderne. C’est dans ce cadre qu’on nous a demandés de venir et de participer à la fête et, personnellement, j’avais envie de venir à Diourbel’’.
Auteur: ID/ASG
Le Soleil : Lundi 6 Avr 2009
MÉVENTE DE LA TOMATE INDUSTRIELLE : Près de 300 hectares détruits faute de transport
Les espoirs des producteurs de la tomate industrielle se sont envolés, faute de moyens de transports pour l’acheminer vers la SOCAS, unique transformateur de la place. Les producteurs endettés ont convié la presse locale pour une visite guidée des champs où la tomate était en souffrance du fait de la mévente.
A Niandane, comme à Aéré Lao, les maraîchers ne savent plus quoi faire d’une production record de tomate qui est en train de pourrir entre leurs mains. Les producteurs qui ont rencontré la presse locale pour une évaluation étaient accompagnés du Secrétaire général du Syndicat des paysans, éleveurs et pêcheurs de la Vallée, M. Omar Sarr. Ce dernier est du même avis que ses protégés pour fustiger l’attitude des gens de la filière tomate. Il dira que celui qui est à l’abri du besoin ne peut connaître la faim et que ce sont les producteurs de tomates qui ont été subventionnés pour l’achat d’intrants agricoles qui vont payer les pots cassés, vu qu’ils ne pourront rembourser la Cncas.
Pourtant, pour un kilogramme de semences, la variété hybride de tomate vendue à un million, une tomate de qualité est produite, avec des rendements de 45 tonnes à l’hectare. Selon les paysans réunis à Niandane, le 3 avril 2009, la visite du ministre de l’Agriculture, le 17 mars dernier, pour le suivi des évacuations de la tomate, avait rendu plus d’un paysan optimiste. « Mais, hélas, les fruits n’ont pas suivis la promesse des fleurs », se désole Amadou Sall, le porte-parole des paysans de Niandane qui avaient emblavés 236 hectares, présentement détruits aux ?. A Aéré Lao, ce sont 60 hectares qui ont été endommagés par le soleil et le manque d’eau suite aux nombreuses coupures d’électricité. « On nous a faussement annoncé que certaines difficultés liées à l’acheminement de notre production allaient disparaître, c’est tout le contraire », souligne Amadou Sall.
La visite guidée dans le large périmètre laisse entrevoir que les conditions de pourrissement de la tomate sont identiques, sinon pires d’un périmètre à l’autre. La pulpeuse tomate rouge sang accuse le coup d’un soleil ardent qui la déshydrate de sa sève dans l’attente d’un acheminement. Les membres de la filière tomate sont pointés du doigt par les maraîchers. Car le bureau a été dans l’incapacité de leur apporter un appui. Une seconde unité de tomate est prévue à Niandane, elle sera la première de ce département qui, à lui seul, constitue 58% du quota des barrages de Diama et Manantali pour le Sénégal. Grenier du pays, Podor peut nourrir les 11 millions de Sénégalais. D’où « l’appel au secours adressé au chef de l’Etat ».
Auteur: Amadou D. NIANG
Nettali : Dimanche 5 Avr 2009
NOMINATION D’UNE FEMME PREMIER MINISTRE : Le " Oui, mais " d’Animata Mbengue Ndiaye
NETTALI.NET- Invitée de l’émission dominicale « Dianobi » sur la radio Sud Fm Aminata Mbengue Ndiaye a salué l’idée du Chef de l’Etat, de nommer une femme Premier ministre. Toutefois, la responsable nationale des femmes socialistes n’a pas voulu trop s’emballer. Car, elle estime que cette nomination n’a pas de sens que, si celle qui sera nommée, a un pouvoir de décision.
De l’avis d’Aminata Mbengue Ndiaye, « Me Wade a une bonne vision de la parité, mais sa volonté peine à être concrétisée ». Pour expliquer son argumentation, la responsable socialiste fait remarquer que, si la loi sur la parité n’a pas pu être mise en œuvre lors des dernières élections législatives, c’est à cause du Chef de l’Etat qui y avait apporté sa touche.
En effet, si le texte initial prévoyait la parité sur les différentes listes, Me Wade avait coupé la poire en deux, en proposant que la parité soit appliquée uniquement sur les listes proportionnelles. Finalement la loi a été déclarée anti constitionnelle et n’a pas pu être promulguée. Ce qui fera dire à la responsable socialiste que : « Me Wade a des difficultés à appliquer la politique de genre, même s’il a tracé la voie en Afrique ». Et à l’en croire la nomination de Mame Madior Boye au poste de Premier ministre en est une parfaite illustration, en ce sens qu’elle n’avait pas réellement de pouvoir de décision : « Est-ce qu’elle avait un pouvoir de décision qui lui a permis d’élaborer une politique de genre ? », s’est interrogée Mme Ndiaye.
Forte ce constat, elle soutient que la nomination d’une femme au poste de Premier ministre, ne doit pas obéir à une question de principe. « Si l’on arrive une nouvelle fois à avoir une femme comme chef de gouvernement, celle-ci doit avoir un pouvoir de décision afin d’impulser une politique de genre au niveau des différentes institutions du pays », déclare t-elle.
Concernant aussi la création d’un poste de Vice-président pour lequel Me Wade dans son adresse à la Nation du 3 avril, a demandé aux femmes de se concerter, l’invitée de Sud Fm n’a pas approuvé cette proposition. Car, elle estime que le Président de la République doit passer par un référendum ou par l’Assemblée nationale.
Sur un autre front, la responsable socialiste a abordé la question du statut du chef de l’opposition agitée encore par Me Wade dans son discours. Pour elle, c’est de la diversion destinée à diviser l’opposition. Toutefois, Mme Ndiaye estime que c’est peine perdue puisque « Benno » (unité) est désormais leur ligne de conduite.
La future maire de Louga a par ailleurs déploré les tiraillements notés au niveau de leur coalition, après leur victoire, lors du scrutin du 22 mars dernier. Ainsi elle a invité ses camardes élus à savoir raison garder et ne pas oublier pourquoi ils ont été élus.
Auteur: Zahra
Nettali : Dimanche 5 Avr 2009
POUR FAIRE FACE A L’ACHAT DE CONSEILLERS: Cheikh Bamba Dieye appelle les populations à se déplacer devant la mairie le jour du vote.
NETTALI.NET - Cheikh Bamba Dieye, tête de liste majoritaire de la coalition Benno Siggil Sénégal (BSS) à la commune de Saint-Louis a réaffirmé sa volonté d’être le successeur d’Ousmane Masseck Ndiaye à la mairie de la Vieille Ville. Invité de l’émission « Objection » d’Oumar Diouf Fall sur Sud Fm ce vendredi, le secrétaire général du Front pour le Socialisme et la Démocratie/Benno Jubbël (FSD/BJ) déclare avoir le sentiment que c’est lui que les Saint-louisiens aimeraient voir à la tête de la municipalité de Saint-Louis, suite à la victoire de la coalition BSS, le 22 mars dernier. Bamba Dieye n’a pas manqué d’émettre une proposition pour faire face à l’achat de conscience. Il lance également un défi à la coalition au pouvoir qui crie victoire sur la base d’un décompte des collectivités remportées par Sopi 2009.
Cheikh Bamba Dieye est plus que jamais déterminé à devenir le premier magistrat de la ville de Saint-Louis après la victoire de la coalition Benno Siggil Sénégal, dont il a dirigé la liste majoritaire. Cette détermination, le député du FSD/BJ la tire d’une légitimité basée sur son sentiment que les Saint-louisiens aimeraient le voir devenir leur maire. Il estime, en outre, ne pas avoir de feed-back sur un éventuel rejet de sa candidature au sein de BSS dont il se déclare le seul et unique candidat.
Cheikh Bamba Dieye pense même que sa « candidature à la mairie de Saint-Louis fait l’unanimité jusqu’à preuve du contraire », tout en reconnaissant toutefois, que la question sur le choix du maire, n’a pas été vidée avant le dépôt des listes.
A signaler que des partisans du secrétaire général de l’APR/Yaakaar de Macky Sall ont proposé la candidature de Me Alioune Badara Cissé pour briguer la mairie de la ville. Mais l’intéressé qui a été à la tête de la liste proportionnelle de BSS ne s’est toujours pas prononcé publiquement sur la question.
A côté de cette querelle interne, la coalition Benno Siggil Sénégal de Saint-Louis doit aussi faire face à ce qu’il est convenu d’appeler l’« achat de conscience » des élus. A ce propos, Cheikh Bamba Dieye soutient que « le minimum de respect dû aux électeurs qui ont voté pour nous, c’est de les aider à tourner définitivement la page de la gestion libérale ». Le leader du FSD/BJ appelle d’ailleurs les populations à se mobiliser massivement et de façon citoyenne devant la mairie le jour du vote pour observer et surveiller ceux qu’elles ont élus.
Sur la sortie de la CAP 21 qui crie victoire après les locales du 22 mars, Cheikh Bamba Dieye appelle à un peu plus de sérieux et renvoie les analystes mathématiques à « la répartition géographique des populations ». Pour lui, il n’est pas logique de perdre l’axe Saint- Louis, Kaolack, Dakar et de crier victoire, « car rien que sur la capitale, vit un sénégalais sur trois ». D’ailleurs, le député et candidat à la mairie de Saint-Louis les défie d’organiser des élections législatives s’ils croient qu’ils sont majoritaires.
- Par Hassan -
Auteur: Nettali.net
WALF FADJRI :
Messieurs les Conseillers, ne violez pas nos votes.
Le choix majoritairement exprimé par les électeurs le 19 mars 2000 a été, dans bien des cas, brouillé, dévoyé par la transhumance politique. Pour cette raison, entre autres, les grands espoirs suscités par l’alternance ont très vite tourné en déception, pour ne pas dire en cauchemar. Un Sénégal nouveau, attendu par les populations, ne s’est donc pas réalisé, faute de nouveaux bâtisseurs aux mains propres.
En choisissant, le 22 mars 2009, de retirer l’essentiel des collectivités locales du giron du président, qui a lui-même porté plus que tout autre la campagne électorale, les Sénégalais ont, en réalité, repris leur destin en main dans leurs différentes localités, en attendant les prochaines échéances. Mais que l’on ne s’y trompe point, la sanction infligée au camp du Sopi n’est pas forcément un plébiscite de la coalition Benno Siggil Senegaal. Dans un passé encore récent, les vainqueurs d’aujourd’hui ont été sanctionnés. Ainsi fonctionnent les démocraties majeures, alternant dialectiquement des projets politiques en fonction des situations et sur la base des valeurs et des besoins sociétaux dominants.
En élisant leurs représentants sur les listes et sur la base des projets de gouvernance locale, les populations se sont donc clairement exprimées. Il appartient maintenant aux élus de respecter le choix des populations pour des changements qualitatifs et quantitatifs de leurs conditions de vie. Les politiciens ne devraient jamais perdre de vue que l’écrasante majorité des électeurs ne militent et ne roulent pour aucune formation politique et n’ont qu’un seul souhait : vivre mieux. Les populations attendent des conseillers élus les ruptures nécessaires qui passent par le dépassement des logiques partisanes pour mettre à la tête des collectivités locales des hommes nouveaux, capables de mener des politiques vertueuses et des constructions sociales porteuses de progrès. L’heure est, en tout cas, à la réflexion utile pour mettre en place un schéma de gouvernance concertée qui laisse une grande place à la participation citoyenne aux prises de décisions.
La compétence, la probité, la raison, la générosité doivent être les seuls critères qui gouvernent le choix des maires, c’est dire donc que tout héritier d’un passé nébuleux, fait d’échecs, d’immobilismes ne saurait prendre part à cette nouvelle ère de construction de l’avenir de notre cité. La raison et l’éthique s’y opposent. Le passage dans l’opposition ne peut suffire pour dédouaner ceux parmi les prétendants qui ont, dans un passé récent, suffisamment manqué de vision pour conduire les transformations sociales attendues dont ils avaient la charge.
La coalition Benno Siggil Senegaal a fait le pari judicieux de confier la ville de Dakar et son conseil régional à la jeunesse. Quelle meilleure preuve pour une société qui veut résolument avancer que de mettre à sa tête des ‘marcheurs’. La jeunesse, fer de lance de tout développement, trouve là l’opportunité de déployer tout son engagement au service du pays. L’exemple devrait faire tache d’huile.
Les villes comme Pikine et Guédiawaye en pleine expansion, confrontées à toutes sortes de défis en termes d’emploi des jeunes, d’assainissement, d’équipements sociaux de base, de réduction de la pauvreté ont également besoin d’hommes nouveaux capables de mettre en chantier des contrats alternatifs et innovants. Il serait impardonnable à nos élus municipaux de continuer à lier, hic ad nunc, le destin de nos cités à des personnages à bout de souffle, portant encore sur leur tête les couronnes flétries d’un passé sans gloire.
Le Collectif des associations et membres de la société civile de Guédiawaye se reconnaît partie prenante du changement intervenu dans le département, pour avoir initié, sans tambour ni trompette, bien avant et durant la campagne électorale, des cadres d’expression citoyenne sur les problèmes de leur cité. C’est pourquoi, nous membres de ce collectif, sommes résolument rivés sur l’avenir et refusons tout retour au passé et demandons aux conseillers des communes d’arrondissement comme à ceux de la ville de respecter nos choix pour le changement, en élisant des maires proches des populations, vivant et dormant avec elles, connus pour leur mérite, leur probité. Tout autre choix, non fondé par l’intérêt général, est une trahison que l’histoire soldera tôt au tard.
Collectifs des Associations et membres de la société civile de Guédiawaye
Que la victoire du 22 mars 2009 ne produise pas des germes de discorde dans l’opposition
Les résultats plus que satisfaisants que l’opposition, ou plus exactement l’ensemble des listes distinctes de celle de la coalition Sopi, ont obtenus aux consultations locales du 22 mars 2009, ont créé le sourire et l’espoir dans le pays. Il n’est pas rare d’entendre dire : ‘Enfin, les Sénégalais du 19 mars 2000 ont rappelé à qui veut les entendre, qu’ils sont encore là’, pour sanctionner dans un sens ou dans un autre, les équipes qui se relaient à la direction des affaires publiques.
‘Gnou wakh ko té déé !’. Cette fois-ci, c’est bien Me Wade qu’ils ont sanctionné, via ses listes de candidatures, notamment dans les grandes villes où les citoyens deviennent de plus en plus politiquement conscients. Qu’ils soient de son camp, de l’opposition ou de la société civile, les raisons objectives ou subjectives pour l’avoir fait sont évidentes.
Personne n’oubliera, de sitôt, certains propos que le chef de l’Etat n’aurait pas dû tenir, à moins qu’il n’eût pas pensé aux déductions logiques qu’on n’aurait pas manqué d’en tirer. Notamment sa déclaration selon laquelle, ’il ne voit pas, ni dans l’opposition, ni dans son parti, quelqu’un capable de lui succéder’ ; et ses conseils à l’actuel président du Togo, au décès de son père, le président Eyadéma : ‘Organisez les élections, vous n’avez rien à craindre, vous avez l’armée et de l’argent’ ; ‘L’opposition n’ose pas manifester, elle est poltronne’, sans parler de certaines promesses irréalistes, qu’il a eu à faire par-ci, par-là, auxquelles les plus crédules des Sénégalais ne peuvent croire. Tout naturellement, ils en ont déduit qu’il les prend pour ce qu’ils ne sont pas. Les populations ne sont pas amnésiques, elles notent toutes les déclarations des hommes politiques et les attendent au tournant.
Comme les observateurs du monde entier l’avaient constaté, des élections présidentielles sans bavures avaient permis de mettre à l’écart l’ancien président Abdou Diouf et son équipe, pour essayer une autre équipe avec le président Wade. Mais pour avoir fait fi de ses engagements, une fois au pouvoir, il l’échappa bel, candidat à sa propre succession, grâce à un genre d’élections qu’on croyait révolues au Sénégal, sept ans après le bel exemple de démocratie et de fair-play que la classe politique et la société sénégalaise avaient donné en Afrique, continent des coups d’Etat, des génocides, des manipulations des Constitutions, des bourrages des urnes, des trucages des fichiers électoraux, comme mode de dévolution du pouvoir politique.
Il reste à souhaiter que ceux qui ont contribué au changement notable des équipes dirigeantes locales ne soient pas déçus, comme on l’a été, à peine deux ans après la victoire non moins éclatante de Wade sur Diouf, le 19 mars 2000.
Si les leaders de l’opposition et de la société civile ont du mérite, pour avoir réussi à catalyser la constitution de listes communes, qui ont remporté de larges victoires, malgré la faiblesse de leurs moyens par rapport aux moyens colossaux de tous genres, dont la complaisance intéressée de certains hauts fonctionnaires, que ‘l’Etat avait mis à la disposition’ des listes Sopi, leur mérite sera vite balayé par une immense déception, s’ils ne réussissent pas à carapacer la victoire de leurs listes communes.
L’opposition ne pourra pérenniser l’espoir placé en elle que si elle arrive à se faire violence pour extirper de son sein le virus de la concurrence interne, de la boulimie, de l’aveuglement, du ’goreedi’, de la course vers l’enrichissement personnel, pour être dans les meilleurs dispositions afin de faire mieux que le pouvoir actuel, qui, tout naturellement, ne lui souhaite pas que du bien. Les électeurs sont les seuls juges des hommes politiques, et heureusement qu’ils commencent à se libérer des ‘ndigueuls’ des grands électeurs.
J’ose espérer que les leaders de cette opposition mesurent la lourde responsabilité que le fait de gagner en commun dans plusieurs localités met sur leurs épaules. En effet, il ne suffit pas d’avoir des listes gagnantes, mais il faut tout faire pour éviter que les populations des zones qui ont fait confiance à ces listes ne sentent aucune différence d’avec le passé. Il faut tout faire pour éviter de renforcer la conviction de beaucoup de nos compatriotes, comme quoi les politiciens sont les mêmes, bonnet blanc et blanc bonnet ; ils vous promettent monts et merveilles pour vous appâter et engranger vos suffrages. Après, ils vous disent ‘mbeléé!’, et commencent la belle vie que jamais, la sueur de leur front ne leur aurait permis d’atteindre.
Malheureusement, à cet égard, les tiraillements qui ont commencé, çà et là, parfois même à l’intérieur des mêmes formations politiques, membres des coalitions gagnantes, sont inquiétants. Tout le monde ne peut pas être à la fois membres des bureaux des conseils. Il faut que les prétendants sachent raison garder, afin qu’il y ait entente au grand bonheur des populations. Des clashs seraient la catastrophe, et entraveraient la marche vers une gestion souhaitable des collectivités locales, entraînant la risée des perdants sur les gagnants.
Qu’on se dise la vérité : si les critiques des hommes politiques à l’affût pour le pouvoir sont sincères, si ces critiques ont comme finalité, le mieux vivre des populations, si les opposants ne grouillent pas simplement pour du ‘ôte toi de là, que je m’y mette’, les partis et les membres de la société civile qui ont pu gagner ensemble doivent se considérer comme condamnés à gérer ensemble dans la cohésion et par consensus, les collectivités locales qui ont fait confiance à leurs listes.
Sans prétendre tracer de lignes de conduite aux équipes victorieuses du 22 mars, on peut se permettre tout au moins d’indiquer les travers à ne pas franchir, sous peine de tomber, à peine debout.
Les patriotes qui ont pris position sur des starting-blocs pour la réalisation d’une ré-alternance effective, afin que notre pays soit enfin gouverné autrement et mieux, doivent considérer que le 22 mars dernier constitue un simple jalon, et qu’il faut en planter bien d’autres, ce qui est difficile sans une coalition d’hommes et de femmes déterminés à consentir à des sacrifices afin de cheminer ensemble. Ceux qui partagent cette conviction ne perdront pas leur temps à se crêper le chignon pour des broutilles que constitue l’occupation de telle ou telle poste au sein des conseils locaux. Cette perspective doit préoccuper davantage les leaders de l’opposition, par dessus tout, et justifier qu’ils prennent soin d’éviter que le premier jalon que constitue la victoire du 22 mars 2009 ne produise des germes de discorde et d’éparpillement des forces.
Dakar, 5 Avril 2009 Maître Wagane FAYE
Attention à la marche, Monsieur le Président !
Dans l’hypothèse où vous n’auriez pas trouvé la formule pour vous adapter à la nouvelle donne sortie des urnes le 22 mars dernier, vous êtes parti pour rater votre sortie de scène politique. Il ne suffit pas d’entendre et de comprendre le message des Sénégalais, comme vous l’avez dit dans votre discours à la nation. Encore faudrait-il, surtout, que vous ayez le ressort qui permet de changer, pour de vrai, et ainsi traduire dans les faits le besoin de changement de cap indiqué par nos compatriotes.
Vous savez, je le suppose Monsieur le Président, que les investitures de votre parti, incriminées par ceux qui continuent de vous mentir, n’ont qu’une part infinitésimale dans la défaite mémorable qui vient de secouer fortement les fondements de votre légitimité politique.
L’enseignement majeur sorti des urnes, c’est le rejet massif d’un système affairiste et de votre ambition affichée de vous faire succéder à la tête du pays par votre fils. Il est, en effet, définitivement établi que dans une élection transparente, votre Karim Wade n’a aucune chance de se faire élire au Sénégal pour vous succéder. Vous semblez l’avoir compris, pour l’avoir vérifié. Cette porte électorale fermée, la preuve que vous allez dans le sens voulu par le peuple passe par votre capacité à résister à la tentation de trouver une fenêtre pour faire la courte échelle institutionnelle au chef de file de la Génération du concret.
On ne peut pas perdre Dakar, Saint-Louis, Louga, Podor, Fatick… toutes les localités gagnées par l’opposition et s’abriter derrière son petit doigt en invoquant des problèmes internes à un parti. Il se serait agi d’une guerre, ce qu’à Dieu ne plaise, l’ennemi qui prendrait ces localités-là aurait eu tout le pays sous son joug. Les villes vous ont sanctionné parce que c’est là-bas que la conscience citoyenne est la plus importante.
Votre résistance à ceux qui vous mentent est apparue lorsque, il y a quelques semaines, vous avez fait appel à Idrissa Seck. J’avais écris à l’époque que vous aviez compris la carence, l’incompétence et la vacuité de cette structure qui se fait appeler Génération du concret et qui regroupe en fait des corrompus seulement préoccupés à s’enrichir. Karim et Cie ont rué dans les brancards, employé des mots forts (moral), pour faire un tir de barrage contre votre volonté. Vous avez cédé, aidé en cela par l’empressement d’Idrissa Seck dont le discours, à l’occasion, a fait peur à la bande à Karim. Eux disaient qu’ils allaient gagner sans Seck. Vous disiez, vous, qu’il fallait son apport. La vérité c’est que, même avec Idrissa Seck, vous perdez. Le 22 mars vous en a fourni une preuve patente.
Le slogan de la Génération du concret est en soi prémonitoire : ‘En route vers le sommet’ signifie qu’on n’atteindra jamais l’objectif. Il fallait dire : ‘En route pour le sommet’.
Vous aimez dire que vous allez reprendre votre parti en main. Il n’y a pas que lui qui vous a échappé : c’est le pays qui est de plus en plus hors de votre portée. Ce qui vous a échappé, dans la perception des Sénégalais, c’est qu’il y a des limites à tout. Laisser passer quelques jours de protestations ne suffit pas toujours pour faire passer n’importe quelle décision ou volonté.
Monsieur le Président, nos compatriotes sont en proie aux affres des difficultés économiques de toutes sortes ; la pauvreté les taraude ; chaque journée est plus pénible que celle de la veille, pour le plus grand nombre d’entre nous : ils n’en sont pas moins dignes, et insusceptibles de vendre leur vote. Ils l’avaient démontré en 2000, en vous élisant alors que vous étiez impécunieux ; ils l’ont de nouveau démontré, en sanctionnant votre pouvoir le 22 mars, malgré votre implication, l’argent, les grosses 4X4 et les avions.
Nos compatriotes vous ont sanctionné, pour divers faits, dont : d’avoir fait du fantasque Farba Senghor un ministre qui écorne l’image de notre pays à l’interne comme à l’étranger, impuni d’un crime pour lequel la clameur publique le poursuit, imposé un Samuel Sarr et tout ce qu’il symbolise, avalisé les actes illégaux et arrogants de Cheikh T. Sy, tripatouillé les textes pour des considérations politiciennes, désavoué la volonté populaire en supplantant l’Assemblée nationale par un Sénat illégitime, et par-dessus tout, être apparu comme le directeur de campagne d’un fils pour succéder à son père dans une république.
Après le parcours qui a été le vôtre, malgré et en dépit de tout, vous méritez une fin de carrière honorable. Il ne faudrait pas que des gens seulement soucieux de leurs intérêts personnels vous fassent entacher votre itinéraire et l’image de notre pays. Ils y réussiraient s’ils continuaient d’avoir votre écoute, après le 22 mars. Toutes ces dernières années, le pays est otage de manœuvres entrant toutes dans la logique de vous faire succéder par votre fils. Vous lui avez attribué une agence, sans qu’il en soit le responsable au plan juridique : il a échoué dans l’organisation du sommet au point de devoir retaper le Méridien et de louer un bateau de luxe à coups de milliards de francs, pour deux nuits. Vous l’avez mis en position d’avoir son mot à dire sur de nombreux dossiers : Senelec, Ics, Port, Air Sénégal. Vous-même savez ce qu’aura été son bilan.
La vérité qui s’impose à vous, c’est que Karim Wade est un looser entouré de gens qui se soucient de sa carrière, de votre image et de l’intérêt du pays comme d’une guigne. Ils ont réussi plusieurs choses : vous mettre le pays à dos, faire rire vos homologues africains que vous snobiez il n’y a guère, apeurer les partenaires du Sénégal, casser votre parti et vous imposer une cohabitation avec un pouvoir local. Le pire est que vous êtes en passe d’être responsable d’un fait politique dont, au fond, vous n’êtes pas personnellement convaincu de pertinence.
Monsieur le Président, la voie indiquée par nos compatriotes n’est pas celle d’une énième retouche de nos textes déjà largement éprouvés, ni un combinazionne de plus pour remettre Idrissa Seck en lice, encore moins à un quelconque poste de vice-président. Croire que le retour d’Idrissa Seck suffit à réparer ce que l’option Karim Wade vous a fait perdre, relève d’un autisme coupable. Idrissa Seck et Modou Diagne Fada pourront en témoigner. En 2003 déjà, je les avertissais en ces termes : ‘Karim Wade allait être le principal thème de campagne contre son père’. C’était le jour même de la fameuse visite de Serigne Mourtalla Mbacké au domicile d’Idrissa Seck. C’est qu’au détour d’enquêtes journalistiques, j’avais perçu la dérive. Mes interlocuteurs n’avaient pas pris au sérieux cet avertissement. J’espère, pour notre pays, qu’il en sera autrement de vous, Monsieur le Président.
Abou Abel THIAM
Logement : L’urgent, c’est de baisser les prix
En annonçant, vendredi dernier, sa décision de lancer de vastes programmes immobiliers pour, entre autres, satisfaire la demande sociale, le président de la République du Sénégal a évoqué l’un des plus grands besoins des Sénégalais qu’est l’habitat. C’est une bonne nouvelle, comme l’a dit le chef de l’Etat sénégalais pour les millions de citoyens en quête d’un logement décent et à des prix raisonnables. L’initiative est même salutaire. Elle vient à son heure. Seulement, un tel chantier, si on le réalise dans les règles de l’art, appelle de la patience parce que s’inscrivant dans la durée. La construction de maisons de qualité respectant les normes ne se fait pas en quelques mois. Or, la cherté des prix du loyer, surtout à Dakar où les immeubles poussent comme des champignons, est telle qu’il serait très difficile pour les populations très pauvres, très diminuées d’attendre encore des années pour se procurer un logement. Cela est d’autant plus difficile qu’on se trouve dans un contexte de rareté des ressources et de flambée des prix des denrées des produits de base. Bien que salutaire, cette décision de lancer de vastes programmes immobiliers s’avère, dès lors, n’être pas donc une priorité pour les populations.
Ce qui est le plus urgent par contre, pour ces dernières, c’est de prendre dans les plus brefs délais des mesures visant à faire baisser fortement les prix du loyer et d’arrêter la spéculation foncière. Ce sera un signal fort et confirmatif de la volonté politique de l’Etat de construire des maisons de qualité à des prix et des conditions abordables. Sans cela, les gens seraient tentés d’assimiler la promesse étatique à des éléphants blancs. Comme ils le croient d’ailleurs avec l’initiative parlementaire qui avait été déjà prise dans ce sens mais dont les Sénégalais ignorent de nos jours ce qu’elle est devenue. Il n’y a aucune communication sur cette initiative. C’est comme si elle a été abandonnée. Ce qui pourrait, par conséquent, accentuer le mécontentement des Sénégalais qui ont d’ailleurs commencé à perdre espoir, ainsi que l’ont démontré les toutes récentes élections locales.
Ensuite, il y a des questions à se poser quant à la réaction du secteur privé à l’appel du gouvernement pour la construction de maisons de qualité à des prix et conditions abordables. Confrontés à des difficultés de trésorerie du fait du non-paiement intégral de la dette intérieure par le gouvernement, les entrepreneurs auraient du mal à répondre à la demande du gouvernement. A moins que celui-ci éponge non seulement la dette, mais leur accorde en guise d’avance de ressources pour les motiver à la réalisation de ce vaste chantier. En effet, d’après le chef de l’Etat, il a été déjà agréé un programme de construction de 15 000 logements de qualité à des prix voisins des Jaxaay pour les hommes de tenue : 15 000 dont 5 000 pour l’armée, 3 000 pour la gendarmerie, 3 000 pour la Police et 3 000 pour la douane. En direction des Sénégalais de l’extérieur, 5 000 logements seraient en construction à Tivaouane Peulh.
Enfin 20 000 logements dont 4 000 dans les régions seront à la disposition des autres compatriotes, selon le président de la République. Il a par ailleurs, déclaré, que l’Etat est en train de travailler sur des programmes d’habitat des coopératives de la fonction publique.
Ndakhté M. GAYE
Dette intérieure : La grande oubliée
Il est certes difficile d’aborder à la fois tous les sujets concernant les populations dans un message à la nation prononcé à la veille de la célébration de la 49e fête de l’indépendance du Sénégal. Mais il y a des questions qui méritent tout de même une attention particulière. C’est notamment celle de la dette intérieure qui a suscité et continue aujourd’hui de susciter des inquiétudes du côté du secteur privé qui en est le principal concerné. Ce sujet méritait d’être évoqué, ne serait-ce que pour rassurer les ayant-droits. Des promesses de remboursement avaient été faites par le gouvernement. Mais il n’est pas encore intégral.
Nd. M. GAYE
Invités de marque aux festivités du 4 avril : Les chefs d’Etat étrangers ont boudé
Pas un seul chef d’Etat étranger n’a daigné faire le déplacement de Dakar pour assister à la célébration de la fête de l’indépendance du Sénégal. Ce qui ne s’était plus vu depuis la survenue de l’alternance politique à l’an 2000.
Depuis 2000, on n’avait plus vu cela à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance du Sénégal. Ainsi, chaque défilé du 4 avril se déroule en présence de chefs d’Etat étrangers. Seulement, samedi, l’on n’a pas noté la présence d’un chef d’Etat étranger à ces festivités. Pourtant, la présence à Dakar de plusieurs chefs d’Etat des pays voisins du Sénégal était annoncée. C’était le cas du chef de la junte militaire en Mauritanie, le général Ould Abdel Aziz, le président du Comité national de développement et démocratie (Cndd) de la Guinée, Moussa Dadis Camara et le président intérimaire de la Guinée-Bissau, Raimundo Pereira. D’ailleurs, à l’annonce de la venue de ces dirigeants qui sont arrivés au pouvoir par un coup de force ou des voies anticonstitutionnelles, des voix s’étaient levées pour crier au scandale. Le gouvernement du Sénégal est-il intervenu à la fin pour les dissuader à venir à Dakar ?
En tout cas, aucun chef d’Etat n’est venu assister à la célébration du 49e anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale. Même le guide libyen, le colonel Moammar Khadafi qui est un habitué du défilé du 4 avril depuis l’alternance, a fait faux bon. C’est pourquoi, le cachet international du défilé a été plus ou moins éclipsé. Ainsi dans la tribune officielle, le président Abdoulaye Wade était seul au premier rang avec Mme Wade. A leur côté, il y avait le Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré, le ministre d’Etat, ministre des Forces armées, Bécaye Diop, et le chef d’Etat major général des armées (Cemga), le général de corps d’armées Abdoulaye Fall, A l’arrière-plan, les membres du gouvernement ainsi que les corps constitués de l’Etat et les autorités coutumières et religieuses.
Reste que si aucun chef d’Etat ne s’est déplacé cette année à Dakar pour les besoins de la fête de l’indépendance, force est de reconnaître que les chefs d’Etats majors généraux des seize Etats membres de la Cedeao étaient tous présents au défilé aux côtés de leur homologue sénégalais. Ce qui traduit l’estime réciproque des différentes autorités militaires de la sous-région dont l’ambition est de créer une solide coopération militaire entre elles.
Mamadou SARR
Coin de l'histoire
Le Sénégal indépendant le 4 avril 1960 ou le 20 août 1960 : De l'origine d'une date
La fête de l'indépendance du 4 avril est un grand moment pour la nation. Elle marque l'occasion pour les Sénégalais de revisiter les grands moments qui ont ponctué la lutte pour l'indépendance. Une indépendance qui est devenue effective le 20 août 1960 avec l'éclatement définitif de la fédération du Mali.
Même si la fête de l'indépendance du Sénégal est célébrée le 4 avril, il n'en demeure pas moins qu'elle n'a été complète et effective que le 20 août 1960. En effet, le 4 avril 1960, suite aux accords de transfert de pouvoirs entre la France et le Sénégal, ce dernier accède à l'indépendance tout en restant dans la fédération du Mali. Une présence qui durera, à partir de cette date, le temps d'une rose puisque le 20 août 1960, le Sénégal se retire définitivement de la fédération du Mali. Dès lors, la jeune République qui a vu le jour le 5 novembre 1958 et qui progressivement se détachait du joug colonial en formant avec le Soudan la fédération du Mali le 17 janvier 1959, allait voler de ses propres ailes.
La fédération du Mali fut la traduction de la volonté des peuples de bâtir un avenir commun et de lutter contre la balkanisation qui a tant fait du mal au continent africain. Cette union fera long feu suite à de nombreuses divergences idéologiques et à une bataille de leadership au sommet de la fédération. Le Sénégal se retire de cette dernière le 20 août 1960 en proclamant son indépendance complète et en adoptant une nouvelle constitution quelques jours plus tard.
Auparavant, l'indépendance du Mali a été prononcée le 20 juin 1960 après que Senghor l'eut solennellement demandée au général De Gaulle lors d'une rencontre. Ces indépendances étaient une suite logique parce que déjà en 1958, par le référendum du 28 septembre, les prémisses d'une indépendance s'annonçaient avec l'adoption massive du oui qui instaurait un Etat autonome dans la communauté française.
Amadou NDIAYE
Révélations d'Amath Dansokho : Wade voulait le poste de vice-président pour Idrissa Seck
C’est parce que lui et ses camarades étaient prêts à sacrifier leurs vies que Wade a reculé pour laisser s’exprimer la volonté populaire. Sur cette question et sur d’autres, Amath Dansokho, comme à son habitude, a donné libre cours à sa pensée. C’était au micro de nos confrères de Walf Tv.
Victoire de l'opposition
‘Nous avions dit que nous allions le battre (Wade, Ndlr) et on l'a battu. S'il a gagné avant, c'est parce que nous n'avions pas pris les mesures que nous avons prises pour ces élections locales. Avant ces élections, j'ai dit que cette fois ci, si les choses ne sont pas normales, nous sommes prêts à répondre et de façon foudroyante. Il a compris le message et nous allions le faire au prix de nos vies. C'est cela qui nous a sauvés. C'est parce que nous avons pris des mesures dissuasives, efficaces et que l'opinion internationale était avertie que nous n'allions pas tolérer, comme d’habitude, des élections truquées. Dans les campagnes, l'administration est encore très faible et nous n'étions pas dans les bureaux. Il y a 105 communes et collectivités locales où on n'a pas présenté de listes parce que l'administration a tout fait pour compliquer la tâche à l'opposition. C'est le cas, par exemple, à Kédougou où l'administration a refusé de manière scientifique nos listes. Pour les régionales, ils ont organisé ces élections de telle manière qu'un résultat positif ne puisse en sortir. Dans cette localité, Wade lui-même a réuni le gouverneur, le préfet et les têtes de liste de la coalition Sopi 2009 et a dit à ces derniers : ‘Je m'en vais, mais si vous perdez ces élections, vous aurez affaire avec moi’.
Contentieux sur le fichier électoral
‘Le fichier n'est pas fiable. A Dakar, il n'a pas pu manipuler le fichier parce que nous avions des équipes de vigilance. Là où nous avons pris des mesures, il a été battu et c'est cela que nous allons continuer pour les prochaines élections. En 2007 aussi, Wade n'était pas bien élu. Deux mois séparaient la présidentielle des législatives et nous lui avions demandé par lettre, comme on le faisait d'habitude du temps de Diouf, d'examiner le fichier et il nous a répondu de manière insolente à travers Ousmane Ngom, ministre de l'Intérieur à l'époque. Il a refusé de discuter avec nous parce que pour lui, il fallait qu'on se soumette. Car, il voulait que nous lui donnions notre accord pour qu'il se fasse remplacer par son fils à la tête de l'Etat. Et tous les gens qui ont contesté cette décision, ont en fait les frais : Idrissa Seck a été le premier, ensuite Macky Sall. Si vous voulez être bien avec lui, dites-lui que c'est Karim qui doit être président. Tous ses actes sont commandés par cette obsession quasi métaphysique d'installer son fils. C'est cela la cause du blocage du pays.’
Dialogue avec l'opposition
‘Nous ne sommes pas des enfants de chœur. Il n'a ouvert aucune fenêtre pour qu'on discute parce que son obsession c'est : qu'est-ce que je vais devenir moi Wade, si mon fils ne prend pas le pouvoir ? Il n'a confiance en personne. Même pas à son parti.’
Statut et du chef de l'opposition
‘Nous avons l'habitude de dialoguer avec lui. Pour cela, nous n'avons pas besoin d'un chef. En tout cas, en ce qui me concerne, personne n'est mon chef (…). S'il veut un chef qu'il veut désigner c'est son affaire, mais je ne serai sous la tutelle d'aucun autre chef de parti C'est le suffrage universel qui décide du poids et de la réalité des partis. Ce statut était dans la Constitution. Pourquoi, il ne l'applique pas ? En fait, il croit qu'il peut faire exploser l'opposition. Je connais tous ceux qui sont dans l'opposition et je ne crois pas qu'il y ait une personne qui court derrière ce statut. Nous travaillons bien comme ça, nous ne sommes pas des Anglais. Notre culture politique jusqu'à nouvel ordre est française. Le statut du chef de l'opposition a toujours été son rêve dès les années 1960. Une fois, en 1989, au plus fort des tensions, il est allé voir le président Abdou Diouf et lui a proposé de le nommer vice-président, mais une fois nommé par lui, il ne pourra plus le démettre. Vous ne pouvez pas imaginer l'appétit de pouvoir de Wade.’
Poste de vice-président à une femme
’Il a dit vouloir une femme pour le poste de vice-président, mais ce n'était pas cela qu'il voulait. Vendredi, jusqu'à la dernière minute, il avait voulu annoncer autre chose, mais ce sont des gens qui l'ont raisonné. Il voulait annoncer que c'est Idrissa Seck qui portera sur son dos son fils Karim Wade mais, son entourage a fait des efforts pour l'en dissuader. Alors, puisqu'il a été dissuadé, il a fait cette diversion sur la femme vice-président. C'est une diversion : ce sont les gens qui lui ont dit de laisser cette histoire de Karim et de ne pas provoquer encore une fois la population puisque les choses ne sont pas encore calmées. C'est cela qui l'a fait changer d'avis. D'après le compte-rendu qu'on m'en a fait dans les hautes sphères du Pds, le schéma est qu’Idrissa Seck va être nommé vice-président, mais un vice-président à qui on fait signer des décrets et qui n'assure pas son intérim. Alors, quand il va réaménager la Constitution, il quitte le pouvoir ; Idrissa Seck devient le président et Karim son vice-président. Voilà le monstre qu'il a voulu annoncer vendredi et qu'il n’a pas eu le courage de faire.’
Division au sein de l'opposition
‘Je suis convaincu qu'il y a des problèmes. Les partis ont des histoires différentes. Nous sommes des alliés, mais les ambitions existent. Cependant, la lucidité que les Sénégalais attendent de nous, ce n'est pas de nous déchirer. Il y a des difficultés certes, mais je vous assure qu'à 80 %, nous allons les surmonter sur la base d'une unité consolidée pour une plus grande efficacité pour les luttes à venir et assurer ce que nous avons commencé le 22 mars. C'était plus difficile de faire les investitures.
‘Et puis, ces querelles sont le résultat des déformations que Wade a introduites dans la société parce que l'argent est devenu une préoccupation. Le pays est par terre économiquement et les positions politiques sont devenues très lucratives. Le moindre maire a 500 mille francs par mois dans un pays où le paysan n'a même pas 20 mille francs de revenu. Alors, tout le monde se jette et il l'a fait exprès. Quand il y a une pareille situation, tout le monde veut être servi. Mais, notre ambition pour le Sénégal est telle que nous en sortirons renforcés.’
Candidature unique présidentielle de 2012
‘Peut-être que la situation va changer, nous aurons une démocratie véritable en plus, je ne crois pas que Wade va rester jusqu'en 2012. Mais de toute façon il ne peut pas gagner en 2012.’
Propos transcrits par Charles Gaïky DIENE (Avec Walf Tv)
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Décryptage
Le brouillage des cartes
Le passage qui aura le plus retenu l'attention des Sénégalais dans le discours à la nation est, très certainement, celui relatif à la création d'un poste de Vice-président de la République. D'abord, parce qu'une telle fonction n'a jamais été consacrée par la Constitution de notre pays ensuite, dans le contexte politique actuel l'usage qu'en fera le président de la République paraît pour le moins saugrenue. ‘J’ai décidé de renforcer la place des femmes dans les Institutions. A cet effet, j’ai engagé des consultations pour leur laisser le choix entre le poste de Premier ministre et la Vice Présidence de la République’, a confié le président dans son adresse à la nation. Donc, à l'en croire, il y a des tractations qui se mènent en vue de charcuter, de nouveau, la Loi fondamentale ! Nommer une femme à un poste aussi stratégique que celui de deuxième personnage de l'Etat, est, sûrement, la nouvelle à laquelle on s'attendait le moins de la part de Me Abdoulaye Wade dans cette période post-électorale riche d'enseignements. Alors, que cache cette volonté subite du président de la République d'engager cette offensive de charme en direction des femmes ?
En tout cas, partant du contexte post-électoral avec la nouvelle configuration politique en perspective, le moins qu'on puisse dire est que la décision de réviser la Constitution au profit des femmes cache mal une volonté de brouiller les cartes. Aujourd'hui, il n'est un secret pour personne que l'actualité, dans les allées du pouvoir, reste le devenir du Parti démocratique sénégalais (Pds), celui de Me Wade. Pour être plus précis, c'est la nouvelle place que va prochainement occuper l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, dans la famille libérale qui est au coeur des débats au sein de la mouvance présidentielle. Si, il y a quelques mois, c'est l'ex-sherpa de Wade qui se démenait comme un beau diable pour retrouver son ancienne famille politique, les rôles sont, aujourd'hui, inversés. Ce sont Wade et ses alliés qui se voient condamnés à ramener le ‘fils d'emprunt’ à la maison pour la simple raison que les résultats issus du dernier scrutin le mettent en position de force.
Mais, ce travail a un prix que le locataire du Palais n'ignore guère et qui serait au centre des calculs politiques actuels du côté de l'Avenue Léopold Sédar Senghor. Si le retour d'Idrissa Seck peut être considéré comme acquis, il n'en demeure pas moins vrai que ce sera sur la base de garanties solides que le nouveau maire de Thiès va rejoindre son ex-mentor. Or, le nouveau profil que certains observateurs ont, déjà, dressé pour Seck aux côtés du président Wade est celui de dauphin constitutionnel. Ce serait, en tout cas, la plus sûre des garanties. Certes, il n'est pas dit que la prochaine vice-présidente que Me Wade dit vouloir nommer sera forcément, sur le plan constitutionnel, celle qui lui succédera en cas de vacance du pouvoir mais il serait insensé de créer un tel poste et d'en faire une coquille vide. Autant, donc, prendre une femme et en faire un ministre d'Etat sans portefeuille. Mais Wade a été, on ne peut plus clair en faisant sa promesse à la gent féminine puisqu'il dit que c'est pour renforcer la place des femmes dans les institutions. Et en parlant d'institution, le président de la République tente d'entretenir le flou sur sa succession. Aujourd'hui que le président du Sénat, considéré comme un pestiféré au regard de sa dernière débâcle électorale, n'entre plus dans le schéma de succession du chef de l'Etat et que Wade-fils est vomi par les Sénégalais, il ne reste à Me Wade qu'un coup de baguette magique pour trouver une solution qui lui tirera d'affaire. Ce qui n'est pas une mince affaire. En parlant de poste de vice-présidence, dans le contexte politique actuel, le président Wade semble s'empêtrer dans un jeu politique qu'il ne maîtrise pas. Ce faisant, il brouille davantage les cartes.
Aguibou KANE
Traumatisme post-électoral ? : Wade cultive la solitude
Le problème fondamental de Me Wade est qu'il n'a plus d'interlocuteurs pour partager ses soucis en vue de leur trouver des solutions. Wade est, en effet, seul, aujourd'hui. D'après une source sûre, depuis l'issue du scrutin du 22 mars 2009, le président de la République ne s'est entretenu avec aucun de ses proches pour partager ses réflexions. Selon notre interlocuteur, proche de l'entourage présidentiel, Wade a rarement pris une décision majeure sans en avoir discuté, au préalable, avec certaines personnes. Pape Diop, Cheikh Tidiane Sy, Madické Niang et Pape Samba Mboup sont ceux-là qui avaient, jusque-là, la primeur de l'information. Mais pour cette fois-ci, au moment où on spécule sur l'imminence d'un remaniement ministériel, aucun d'entre ces derniers ne serait dans le secret des dieux. ‘Peut-être qu'à partir de ce lundi, le président de la République renouera avec la tradition en les consultant’, espère-t-il.
A. KANE