MOLLE OPPOSITION OU OPPOSITION INTELLIGENTE ?
Au moment où les ménages sont sidérés face aux coupures d’électricité appliquées avec beaucoup de désinvolture et sans états d’âme ni esprit patriotique par les agents de la SENELEC, coupures dont on peut d’ailleurs se demander si elles n’ont pas des soubassements politiciens, quelques uns de nos compatriotes en sont à penser que c’est à cause de la mollesse de l’opposition que le pouvoir en place peut tout se permettre. Et ils y vont avec des phrases commençant par « du temps où… ». Comme si tout exemple était bon à suivre. Encore qu’il y ait beaucoup de choses à redire de la supposée bravoure de ceux dont on parle. Ce qui est vrai, c’est que lorsque l’esprit se développe, le corps s’affaiblit et lorsque les muscles parlent, l’esprit est absent. Que choisir ?
Les leaders de l’opposition significative, dotés d’un sens élevé de l’Etat et de la chose publique, ont su, jusque là, quoi choisir. Et, un jour ou l’autre, les Sénégalais et les Sénégalaises apprécieront la retenue dont ils ont fait montre au lendemain de la supercherie électorale du 25 février 2007, où ils auraient pu, comme cela s’est fait ailleurs, appeler leurs partisans à descendre dans la rue pour défendre leurs suffrages. Ils nous ont évité des moments sanglants et inutiles dont personne n’aurait pu présager de l’issue. Les va-t-en guerre rongeront leurs freins ! Le Pr. Abdoulaye Bathily a pu d’ailleurs dire de ce type d’attitude qu’elle relève de la préhistoire de notre démocratie en ce qu’elle s’attaque aux biens publics comme aux biens privés appartenant à des citoyens n’ayant rien demandé.
Il reste que l’intelligence politique qui a prévalu depuis février 2007 a permis mars 2009. La débâcle du camp présidentiel à ces joutes locales a donné lieu à de nombreuses supputations et les vaincus auraient dit qu’ils l’ont été à cause des mauvaises investitures et des superfluités dans le genre. Il n’en est rien !
En vérité, le parti du président n’a jamais dépassé, tout seul, les 25% dans l’électorat et, aujourd’hui, ce pourcentage tournerait autour de 15% dans des conditions de transparence absolue, s’entend. Cela signifie, entre autres, la fin de l’accaparement des médias d’Etat, la dissolution de la CENA, inutile, le dessaisissement du ministère de l’Intérieur de l’ensemble du processus électoral au profit d’une structure neutre choisie d’accord parties, et l’élaboration d’un fichier électoral neuf, sans scories, dans lequel chaque électeur ne pourra s’inscrire qu’à partir, et exclusivement, de son lieu de vote.
A ce sujet, nous voulons, de manière très claire, dire que le fichier actuel, audité en 2007 et en 2009, ne peut être ni revu, ni corrigé, encore moins, amélioré. Certains, empressés ou encore intéressés, font croire, en utilisant de puérils raccourcis, que la victoire de l’opposition est la preuve que le fichier est fiable et cela appelle, de notre part, des éclaircissements.
En premier lieu, dans un pays où chacun respecte les règles établies, on peut voter sans fichier et sans encre indélébile, uniquement avec une pièce d’identité mentionnant le lieu de résidence ou, à défaut, un certificat de résidence. Il se trouve que notre fichier électoral a été confondu avec le fichier des cartes d’identité au moment de sa confection d’où l’impossibilité de maîtriser le corps électoral, compte tenu du nombre non négligeable de réfractaires à toute forme d’élection.
De plus, il existe, dans ce fichier, nonobstant des considérations techniques relatives à sa structuration, une proportion indéterminable d’inscriptions erronées qui fausse toute statistique, que ce soit en termes de taux de participation ou de représentativité. De toute façon, depuis les élections truquées de 2007, aucun parti politique ne connaît plus son poids réel dans le pays.
Ceci étant dit et posé, notre conviction est faite que le pouvoir libéral ne peut plus gagner d’élections dans notre pays, si tant est que ces élections sont libres, régulières, démocratiques et transparentes avec zéro contestation. C’est impossible ! Et qu’on ne nous parle pas de réalisations ! Un gouvernement qui travaille construit des routes, des ponts, des écoles et des hôpitaux. Avec la finition, bien entendu.
Il reste à l’opposition intelligente à continuer de faire prévaloir l’esprit Bennoo dans toutes les concertations ultérieures et d’éviter les chausse-trappes et autres tergiversations, genre dialogue politique mort-né, et autres divertissements ou diversions ainsi que les trahisons programmées.
Feu Houphouët-Boigny avait bien raison de dire que : « le vrai bonheur ne se reconnaît que lorsqu’on l’a perdu. Faisons en sorte de ne jamais avoir à le perdre. » C’est tout le calvaire que nous vivons depuis un certain 19 mars 2000.
Iba GUEYE