pleine fin de triste règne
Contribution Titre :
Discours d’Obama : Oser négocier le départ des dictatures modernes
Lors de son discours d’Accra du 11 juillet, le Président Barack Hussein Obama a parlé entre autre de l’Afrique en ces termes :
« Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections. Il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 %, ou dans lequel le chef de l’autorité portuaire est corrompu…..»
Cette caricature faite par le Président Obama est un secret de polichinelle. Sous le manteau de la démocratie électorale, de nouveaux régimes nés du pluralisme africain confondent affaires privées et publiques et usent de tous les moyens subtiles pour pérenniser leur pouvoir. Parmi ces moyens : le nerf de la guerre, l’argent.
Obama n’a pas fait que peindre un tableau. Il a décliné les termes de références de l’appui des USA :
« Ce que fera l’Amérique, en revanche a-t-il dit, ce sera d’accroître son aide aux personnes et aux institutions responsables, en mettant l’accent sur l’appui à la bonne gouvernance : aux Parlements qui maîtrisent les abus de pouvoir et s’assurent que les voix de l’opposition peuvent s’exprimer ; à la règle de droit, qui garantit l’égalité de tous devant la Justice ; à la participation civile, afin que les jeunes soient actifs dans la vie politique ; et à des solutions concrètes à la corruption telles que l’expertise comptable, l’automatisation des services, le renforcement des lignes d’appel d’urgence, la protection de ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence, et la responsabilité »
C’est un discours clair de rupture qui invite l’Afrique à moins rejeter ses maux sur l’autre. L’Afrique doit d’abord compter sur ses propres forces sans occulter le passé.
Ce passé a vu l’Afrique connaître une longue traite esclavagiste arabe avant celle atlantique triangulaire qui développa l’Amérique et durant laquelle le noir était une marchandise.
Ce même passé, à L’abolition de l’esclavage, donna la conférence de Berlin qui officialisa le partage de l’Afrique et consacra près d’un siècle de colonialisme.
Ce passé a vu, à l’aube des indépendances, l’intronisation avec la bénédiction de l’occident (y compris les USA) de bouffons au sens propre du terme et de « faire-valoir » qui ont joué un rôle désastreux dans l’histoire africaine.
Ce passé-là, l’Afrique ne peut pas se payer le luxe de l’oublier même s’il faut reconnaitre avec le Président Obama que le continent noir doit regarder d’abord vers l’avenir avec des yeux autre que d’emprunt. Parler d’hier n’est ni ringard ni revanchard. C’est une manière d’éviter de tomber dans les mêmes erreurs du passé. D’ailleurs, l’Afrique ne doit éprouver aucune honte à poser la question de la réparation pour les ignobles crimes contre l’humanité dont elle a été victime. L’occident (y compris les USA) doit aider à cela au nom du droit. Cette question n’est pas haineuse, c’est un problème de justice tout court.
Le Président Obama a le bénéfice de l’homme neuf, moderne et, pragmatique qui sait que son discours tenu au Ghana arrive dans un contexte de germination de pouvoirs aux relents dictatoriaux moins exubérantes que les vielles dictatures mais tout aussi tenaces parce que tirant une certaine légitimité dans une Afrique en crise. Ces « nouvelles dictatures» s’appuient sur des « légalités constitutionnelles » très éloignées des standards démocratiques et vont, si l’on n y prend garde, semer le chaos par instinct de conservation face à l’exigence de liberté et de développement des peuples. Les peuples africains ouverts sur le monde moderne, n’accepteront plus d’être maintenus dans la pauvreté par ces régimes qui, sous le vernis de la démocratie électorale, sèment les graines d’une male gouvernance profonde. Le tyran qui affame n’est pas moins barbare que celui qui tue. Demain, les peuples pourraient en avoir ras le bol et se révolter dans un chaos indescriptible. Ces «nouvelles dictatures» le savent mais, elles vivent un dilemme majeur : se maintenir au pouvoir avec le risque de fin tragique ou lâcher le pouvoir avec le risque de représailles judiciaires. Les exemples d’un Charles Taylor devant la justice internationale et d’un Omar El Béchir sous le coup d’un mandat d’arrêt montrent la vulnérabilité de tout chef d’Etat Africain.
Les intellectuels et autres hommes politiques du continent doivent avoir la lucidité de réfléchir sur une alternative face à ce dilemme dans l’intérêt des peuples.
Faut-il au nom de la stabilité proposer des portes de sortie honorables à ces régimes et à leurs familles ? La question interpelle l’Afrique et les puissances occidentales qui sont conscients que l’époque de la tutelle même en sourdine est révolue. Toute tentative de maintien au pouvoir contre la volonté des peuples pouvant déboucher sur un chaos qui, demain, pourrait enfanter d’autres dictateurs qui viendraient avec un chapelet de bonnes intentions sur les chemins d’un autre enfer. L’Afrique doit éviter un remake des bévues et sortir définitivement du cercle vicieux des messies enchanteurs. Le Président Obama a encore raison de dire que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions. Ces institutions pourraient garantir des constitutions qu’aucune majorité mécanique ne devrait modifier pour se maintenir au pouvoir.
Au total, le discours du premier Président noir des USA donne de l’espoir. Un espoir lucide sans naïveté sur la préférence de cet américain bon teint pour sa patrie d’abord : les USA. La question est juste de savoir si l’acte ira sur le même sillage que le discours d’une Amérique qui, inéluctablement, risque de léguer sous peu le flambeau de la superpuissance à une Chine pas tout à fait trempée intégralement dans la démocratie.
Faut-il tout de suite pousser les «nouvelles dictatures» masquées dans leurs derniers retranchements ou faut-il leur donner du temps avec le risque d’une consolidation de leurs bases vers une postérité à hauts risques ? Ce dilemme n’est pas seulement posé aux négociateurs des prochains compromis politiques. L’Amérique, sous Obama doit aussi être au cœur des négociations pour le départ des «nouvelles dictatures». Si Obama le comprend bien, son mandat pourrait favoriser la mise en place d’institutions fortes en Afrique unique gage pour la stabilité globale et pérenne.
Avant Obama, c’est aux africains de réfléchir sur les termes du départ de ces dictatures égarées qui ont intérêt à profiter de la première fenêtre pour s’en aller s’ils comprennent le sens de la roue de l’histoire.
L’Afrique des fortes institutions succédera à l’Afrique des faux messies qui pensent, au nom de leur amour tyrannique, être indispensables comme l’air.
La négociation sur le départ des dictatures nouvelles et anciennes nous fera gagner du temps et de l’énergie. Elle est préférable (la négociation) à la confrontation qui, aussi est un autre mode de bégaiement de l’histoire.
Mamadou NDIONE
Mandione15@gmail.com
MBANE OU QUAND L’HISTOIRE BEGAIE
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Mon cœur s’en est allé ce samedi matin,
Il s’en est allé mon cœur, se réfugier dans mon ventre.
Je suis triste, je suis vraiment triste, j’ai mal, et cette boule logée dans ma gorge, cette méchante boule qui m’empêche d’avaler, de respirer, oh mon Dieu !
De toutes façons, quoiqu’il puisse arriver, le terroir de Feu Grand-père Massogui BA (celui-là, qui le premier, a osé dire à Senghor Le Poète en 1959 au Sénat de Paris, de venir prendre les rênes du Pouvoir au Sénégal), le terroir de Massogui BA, dis-je, celui –là même de Ndaté Yalla a dit Non ! à l’arbitraire ;
Non! au « diay dolle », mon terroir Ndombo, originaire du Légendaire Nder a marché, il a marché sur les épines, mon village, il a marché, en marquant le pas devant le géant Tamarinier, témoin immortel des ablutions de Haj Malick SY, le Saint.
De Aliou, « borom doun khaf », à Madické, en passant par Doudou Fat Thiam, ils ont bravé la poussière et les tabous, pour dire non, non !à la peur qui fait fuir, bardés du rouge du refus, du rouge des flammes de Nder, ils ont défendus avec brio les honneurs de la Patrie-Mère.
L’histoire retiendra « Fara Ali matha Nder » que vous avez revendiqué comme un Unique Homme, vous avez revendiqué sous l’oreiller et la conscience de l’Envahisseur. Tel Bour TRAZZA devant les Vaillantes de Nder, ce même Envahisseur a baissé les yeux comme pour vous dire « bët bu russul toc »
Femmes, Enfants, Hommes, Vieillards du Walo, le Pacifique, prions ensemble, prions afin que le criquet dévastateur soit maudit pour de bon, sans qu’une goutte de sang ne tombe sur nos terres.
L’un me souffla tout bas à l’oreille, « boufi yamone sax neex », et l’autre d’un ton ferme me dit : « youga mici sogoum kheer, bayi Karim dou seetan li …… »
Mme Bineta Abdoulaye BA
Fafaka63@yahoo.fr
Seneweb.com : Jeudi 16 Jui 2009
SEUL MOYEN POUR ACCELERER LA DEROUTE DE CE REGIME «VORACE» SELON TANOR : « Une synergie salvatrice et la pression» !
Dakar - Seneweb.com - Le Parti socialiste, convaincu que «le régime d’Abdoulaye Wade n’a ni la compétence, ni la volonté, ni l’intégrité nécessaire pour trouver des solutions aux difficultés actuelles», invite les populations et les forces syndicales à hisser le combat au niveau patriotique requis par la gravité de la situation. Il s’agit, dès à présent, estiment les socialistes d’engager toutes les forces patriotiques dans une synergie salvatrice et de mettre en œuvre des initiatives populaires de grande envergure et de forte intensité pour accélérer la déroute de ce régime vorace que rien n’arrête dans sa furie destructrice.
La persistance de la crise provoquée selon les socialistes par le gaspillage des deniers publics, avec des finances publiques durement éprouvées par les violations récurrentes des règles de la bonne gouvernance, «a durablement plombé le tissu économique national». Pour Tanor Dieng, la flagrance de cette crise est illustrée par la mise à mort des grandes entreprises, la disparition programmée des petites et moyennes entreprises, toutes asphyxiées par les arriérés de paiement de l’Etat, la liquidation de l’agriculture avec pour seule perspective des programmes chimériques, et la récession de longue date des secteurs de la pêche, du tourisme et des transports. Convaincu que «le régime d’Abdoulaye Wade n’a ni la compétence, ni la volonté, ni l’intégrité nécessaire pour trouver des solutions aux difficultés actuelles», le parti socialiste invite les populations et les forces syndicales à hisser le combat au niveau patriotique requis par la gravité de la situation. Il s’agit, dès à présent, estiment les camarades de Tanor Dieng d’engager toutes les forces patriotiques dans une synergie salvatrice et de mettre en œuvre des initiatives populaires de grande envergure et de forte intensité pour accélérer la déroute de ce régime vorace que rien n’arrête dans sa furie destructrice. Dans le même ordre d’idées, le Parti socialiste appelle les consommateurs à accentuer la pression sur le gouvernement jusqu’à obtenir la baisse sensible de tous les prix à la consommation ainsi que la continuité et la qualité du service public de l’électricité.
La pression doit être maintenue et accentuée
Dans un autre sillage, Tanor rappelle l’escroquerie qui porte sur les 30 hectares de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, «lesquels ont fait l’objet d’un troc entre l’Etat et une personne privée pour la construction de la dernière lubie d’Abdoulaye Wade». Cette opération selon le bureau politique du Ps a été commanditée par les lobbies affairistes qui gangrènent la sphère publique ; les mêmes qui ont bradé le littoral, dépecé et cédé les réserves foncières du Cices, le camp des Mamelles, le terrain situé sur la Vdn à quelques encablures des cônes d’envol de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor ; les mêmes qui ont instrumentalisé la Cour d’appel pour faire invalider le suffrage citoyen afin de couvrir la spoliation organisée des terres de Mbane (…). Le scandale politico-financier qui porte sur le domaine foncier de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, que rien ne peut justifier si ce n’est la volonté de spolier la Nation pour enrichir le clan du pouvoir, interpelle tous les citoyens avisés et au-delà, tous les partenaires étrangers de l’Etat du Sénégal. Pour cette raison, sur cette affaire comme sur l’ensemble des opérations de bradage des actifs publics, sur les chantiers d’infrastructures de l’Anoci et sur la gestion de la Senelec, Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du parti socialiste soutient que «la pression doit être maintenue et accentuée pour obliger Abdoulaye Wade et son régime à faire droit à la sauvegarde «des intérêts de notre pays».
Auteur: ABDOULAYE BADJI
L’école fout le con
Souleymane Jules Diop Jeudi 16 Jui 2009
« L’avenir, c’est du passé en préparation »
Pierre DAC
L’école sénégalaise, nous la savions malade. Depuis plusieurs décennies déjà, le système éducatif montre les signes d’agonie : baisse du niveau général des élèves, grèves à répétition et échecs scolaires. Il y a eu plusieurs maux pour dire le même mal. Mais plus que l’école, c’est une certaine idée du Sénégal que nous laissons mourir sans assistance. Ce pays a été bâti sur l’idée selon laquelle pour assurer son rayonnement mondial et sa prospérité économique, il devait d’abord compter sur l’éducation de ses enfants, et que nous n’avions pas d’avenir en dehors de notre matière grise. Le monde entier nous enviait Senghor et Cheikh Anta Diop. Nous n’avons pas seulement produit les premiers philosophes, les premiers mathématiciens, les premiers ingénieurs d’Afrique noire. Nous avons aussi été parmi les premiers à expérimenter le suffrage universel, signe d’un avant-gardisme qui tend à être démenti. Cette puissance intellectuelle s’est exportée au-delà de nos frontières, pour constituer ce que l’on peut appeler « le label Sénégal ». L’étendue de notre réputation, qui était aussi celle de notre diplomatie, comblait largement les limites étroites de notre pays. Ce que les autres peuples avaient dans leur sous-sol, nous l’avions dans la tête, avions-nous coutume de dire.
C’est pourquoi je suis convaincu que nous ne pouvons pas renoncer à notre Ecole sans renoncer à nous-mêmes. Or, nous avons pensé jusqu’ici que l’on peut s’absenter des amphithéâtres pendant plusieurs mois et s’en tirer avec une série de rafistolages scabreux et d’examens bidons. Nous sommes malheureusement mis face à nos propres errements. Les grèves elles-mêmes sont le signe d’un malaise que nous avons laissé grandir dans nos cités universitaires. Etudier est devenu une fin et non un moyen. Les étudiants revendiquent des repas, des bourses, des chambres et des mosquées. Ils veulent vivre dans les campus comme s’ils ne devaient jamais en sortir parce qu’au-delà, il n’y a plus rien. Le signe patent de cet affaissement intellectuel, c’est que Cheikh Bethio Thioune fait plus d’adeptes chez les étudiants que Souleymane Bachir Diagne.
Ce n’est pas l’école, c’est le rêve qui est mort. Nous nous battions pour être des instituteurs, des médecins, des ingénieurs, certains qu’au bout de longues années, une promotion sociale était possible. Le train de la réussite sociale passait par l’école. Mais attardons-nous un peu sur les résultats catastrophiques de cette année au baccalauréat. Parmi tous les élèves qui ont réussi à l’examen l’année dernière, 5000 n’ont pas été orientés et se sont retrouvés dans la rue. Il n’y avait pour les milliers de candidats de cette année, aucune raison de se battre pour un diplôme qui n’ouvre plus les portes de l’université. Sans motivation, il n’y a point d’excellence. Le président Abdoulaye Wade, par son entêtement à vouloir faire ce que personne n’a fait, a construit des lycées et des collèges un peu partout dans des abris de fortune, sans électricité, souvent sans blocs d’hygiène. Il n’a jamais pensé à ce que deviendraient les potaches une fois le baccalauréat acquis. C’est pourquoi le taux d’échec de cette année est une bonne nouvelle pour l’Etat, qui s’épargne ainsi le casse-tête de l’orientation. Il en résulte ce trop-plein d’aventureux qui finissent leur carrière de chômeur autour de la tasse de thé. J’ai toujours pensé pour ma part que le Sénégal n’est pas affecté par une crise de l’emploi. Il est touché par une crise de l’employabilité. Ceux qui sortent de nos universités ne chôment pas parce qu’il n’y a pas de travail. Ils chôment parce qu’ils reçoivent un enseignement qui les rend inaptes à l’emploi. Il y a certainement de grands instituts qui offrent des programmes de formation intéressants, mais l’Etat a décidé de laisser ces grandes écoles aux riches. Il en résulte un darwinisme social qui se fait au détriment des populations les plus démunies. Les enfants des nantis fréquentent les grandes écoles de commerce et deviennent les managers de demain. En dehors de l’école supérieure polytechnique, qui tente de survivre dans un environnement difficile, l’Etat n’a rien prévu pour adapter l’école nouvelle aux exigences du monde nouveau. Seuls 20% du budget de l’Education nationale sont consacrés aux infrastructures et au matériel pédagogique. Les 80% restants vont aux salaires des enseignants.
Mais plus que la politique éducative, c’est le culte de la médiocrité qui a tué l’école sénégalaise. Dites à vos enfants que le seul moyen de s’assurer une promotion sociale est d’exceller à l’école. Ils vous demanderont si vous connaissez Mamadou Massaly, le Pca sans baccalauréat. Ce troubadour à la langue pendue fait quand même mieux que son camarade Hassan Bâ, qui s’est autoproclamé idéologue de la Génération du concret et éminence grise d’Abdoulaye Wade. Ce charretier des idées creuses a échoué au concours d’entrée à l’école des instituteurs après son brevet et n’est devenu instituteur-adjoint qu’au bout d’énormes efforts de « connaissances ». L’actuel Premier ministre est lui-même le symbole de la médiocratie institutionnalisée. Les diplomates et fonctionnaires internationaux sortent de son bureau toujours éberlués. La médiocrité et la vulgarité sont toujours en compétition dans cette immense carapace. S’il n’est pas en bras de chemise, Souleymane Ndéné Ndiaye « reçoit » avec une tape comme s’il invitait au combat. Il vient de demander, par une des formules qui font sa marque, « à tous ceux que l’hôtel doit de l’argent, comment faire pour faire revivre l’hôtel Indépendance ». Je l’ai aussi entendu dire : « Pour obtenir que tous ceux qui vous doivent payent dans nos caisses. » Pensez à tous les enfants qui regardent la télévision nationale, et qui s’entendent dire que l’auteur de ces approximations langagières est le Premier ministre du Sénégal. Ils en perdent le goût d’apprendre. Quel message a voulu nous envoyer Abdoulaye Wade, en nommant à ce poste cet homme médiocre qui a passé 12 années à l’université pour obtenir sa maîtrise et qui se déclare titulaire d’un « Deug » en Economie ? Le président de la République tue en chaque enfant la part d’idéal sans laquelle rien n’est possible. Il transmet aux générations futures cette croyance pernicieuse selon laquelle pour s’assurer une bonne place au soleil, on n’a point besoin de s’embarrasser de paperasseries inutiles. Les enseignants sont eux-mêmes gagnés par cette chienlit sociale. Quand les magistrats réclament une indemnité de judicature de 500 000 francs, ils sont comblés au-delà de leurs espérances. Les enseignants réclamaient une augmentation de leur indemnité de logement, qui était à 40 000 francs. Ce n’est qu’au bout de deux années de mouvements syndicaux, en 2006, qu’ils ont obtenu 20 000 francs d’augmentation. C’est ce qui fait qu’un inspecteur principal de classe exceptionnelle gagne 300 000 francs au bout de quarante ans de carrière, le quart de ce que gagne un magistrat débutant. On comprend alors pourquoi les enseignants et le corps médical crient à l’injustice. Leur pessimisme naissant, ils l’ont transmis aux parents. Ils achètent à leurs enfants des ballons de football avant de leur acheter des livres. Le président de la République s’était engagé à combler ces lacunes, en prenant en charge l’enfant dès le bas-âge. On s’était mis à espérer qu’enfin, quelqu’un comprenait que pour faire de bons adultes, il fallait d’abord faire de bons enfants. C’est la raison de l’optimisme suscité par le programme de La case des tout-petits. C’était du bluff. Seul 1,7% du budget de l’Education est consacré à la petite enfance et à l’alphabétisation. C’est pourquoi tant d’enfants pensent que pour se remplir les poches, pas besoin de se prendre la tête. Ils sont les Abdoulaye Wade de demain.
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
Seneweb.com : Vendredi 17 Jui 2009
CHEIKH SIDIYA DIOP SUR LE DIALOGUE POLITIQUE « C’est une vocifération inopportune, sournoise, ambivalente et contradictoire»
Dakar, Seneweb.com - Le Secrétariat Politique de la Ligue des masses s’est réuni le mercredi 15 juillet 2009 à Paris, sous la présidence de son Secrétaire général, le camarade Cheikh Sidiya Diop. Analysant l’appel au dialogue national lancé par Monsieur Abdoulaye Wade, la Ligue des Masses trouve «cette vocifération inopportune, sournoise, ambivalente et contradictoire». Ainsi, elle rappelle à l’opinion nationale et internationale que «M. Abdoulaye Wade n’a cessé depuis 2000, d’ignorer cette tradition républicaine entre les acteurs de la vie politique».
«Wade n’a jamais voulu organiser un véritable dialogue national inclusif en y associant toutes les organisations sociales et politiques du pays, tous les citoyens épris de paix, d'esprit de fraternité et de concorde nationale ainsi que tous les amis sincères du Sénégal». C’est du moins l’avis de Cheikh Sidiya Diop. Poursuivant ses propos, il a fait savoir que «son refus en tant que premier citoyen du Sénégal, de participer aux assises nationales et ses menaces perpétrées à l’encontre des participants de haut lieu d’échange et de réflexion des problèmes du pays en est une preuve patente». De facto, le Secrétariat Politique de la Ligue des masses «n’accorde aucun crédit à cet appel bardé de calculs politico politiciennes». D’ailleurs, poursuit le communiqué de presse que Seneweb a eu copie, «vu la situation implosive du Sénégal où sont menacées la cohésion sociale, l’intégrité territoriale, la sécurité publique, la sureté de l’Etat et la défense nationale, l’attitude d’un Président responsable serait de se départir de sa volonté de transformer absolument la république en monarchie, et, d’engager pour l’intérêt supérieur de na nation un dialogue politique véritablement inclusif à la recherche d’une solution à la grave crise multiforme et multidimensionnelle que traverse le Sénégal».
Pour ce qui est des délestages intempestifs de l’électricité qui causent en permanence le désagrément des populations, la Ligue des Masses, non seulement, «condamne fermement la Senelec qui n’a pas su prendre ses responsabilité en s’approvisionnant correctement mais aussi dénonce la hausse injustifiée des factures d’électricité au moment ou les sénégalais n’ont pas été convenablement servis et ne cessent de manifester mécontentement. Par conséquent, pour une question de principe, la Ligue des masses demande aux populations «de ne pas payer les factures mais de faire un inventaire de tous les dégâts collatéraux et exigez de la Senelec le remboursement». Le Secrétariat Politique de la Ligue des Masses a félicité et encouragé les Sénégalaises et Sénégalais et les autres forces de résistance nationales qui «ne ménagent aucun effort pour le retour d’un Etat de droit et d’une gouvernance démocratique». Sur ce même registre, le Secrétariat Politique de la Ligue des Masses «apporte un soutien indéfectible à tous les sénégalais, à tous les segments et secteurs de la vie nationale, qui ne cessent de renforcer le camp de l’alternative aux politiques de gabegie et de destruction du Sénégal».
Auteur: ABDOULAYE BADJI
Lobservateur : Vendredi 17 Jui 2009
INSPECTEURS D’IMPOTS ET ARCHITECTES SUR LA SPECULATION FONCIERE : « Le Sénégal sur une poudrière »
La spéculation foncière est érigée en règle de gestion. Le libéralisme sauvage aidant, une nouvelle race de riches foule aux pieds la loi et s’accapare des terres au détriment des populations. Les tensions s’accumulent et peuvent, si l’on n’y prend garde, mener à des conflits insoupçonnés.
C’est en tout cas l’alerte que sonnent les professionnels du bâtiment. Au cours d’un atelier organisé, hier, par la Plate-forme des acteurs non étatiques sur la législation foncière au Sénégal, l’Inspecteur des Impôts et Domaines à la retraite et consultant, Alla Kane, a appelé les autorités publiques à un retour à l’orthodoxie par une application stricte des dispositions des lois et règlements, pris en matière de gestion des terres. «Les problèmes fonciers sont aujourd’hui si préoccupants. Ils prennent leurs sources dans la rencontre de trois éléments que sont : les régimes fonciers en vigueur, les instruments de gestion et d’administration des patrimoines concernés et les hommes chargés de mettre en œuvre ces instruments», a-t-il souligné. Les autorités sont chargées de mettre en œuvre ces instruments et, malheureusement, les racines du mal résident dans la gestion «patrimonialiste» qu’observent les autorités, déplore Alla Kane. «Leur pratique traduit une agression permanente des instruments de gestion en entrant en contradiction avec les dispositions édictées pour une saine gestion des patrimoines placés sous leurs responsabilités», regrette encore l’Inspecteur des Impôts et Domaines. Si l’on n’y prend garde, cette boulimie foncière peut ouvrir les portes à des conflits insoupçonnés, prévient M. Kane. L’ancien président de l’Ordre des architectes du Sénégal, Mamadou Jean-Charles Tall, abonde dans le même sens. «Beaucoup de conflits sont causés par les terres. Il faut bien que les gens fassent attention à cette boulimie foncière», a notamment conseillé M. Tall. Pour sa part, l’inspecteur des Impôts et Domaines à la retraite, Alla Kane, préconise la création d’une agence nationale chargée de la réforme foncière, l’institution d’un cahier des charges contenant les clauses et conditions à remplir pour pouvoir prétendre à l’attribution de terres dans les zones pionnières. Aussi, propose-t-il la mise en place d’un observatoire national des opérations, composé des représentants des différents secteurs de la société qui auraient la mission de veille, d’alerte et de secours pour que les droits des citoyens soient respectés dans un cadre où la sauvegarde de l’intérêt général demeure toujours prioritaire. «L’objectif zéro (0) litige foncier au Sénégal ne peut être atteint que par le respect scrupuleux (…) des principes de base de la bonne gouvernance de la part de ceux qui ont la charge d’appliquer et de faire appliquer les lois et règlements édictées pour la gestion et l’administration des terres dans le cadre d’un équilibre harmonieux entre la légitimité et la légalité», insiste M. Seck.
Il plaide aussi l’unification des régimes fonciers par l’adoption du régime de l’immatriculation pour l’ensemble des terres.
Auteur: JEAN-PIERRE MANE
APS : Vendredi 17 Jui 2009
Les jeunes invités à se construire un discours politique
Dakar, 17 juil (APS) – Des membres de la société civile et des représentants de partis politiques invitent les jeunes à se construire un discours politique structuré sur leurs préoccupations pour participer à la prise de décision dans la vie des instances politiques.
’Le premier pas dans une perspective de développement politique, économique de la jeunesse c’est de tenir un discours politique centré sur ses préoccupations’’, a soutenu Abdoul Aziz Diop politologue, lors du séminaire de réflexion sur ’’jeunesse, politique et société’’.
La rencontre a été organisée, jeudi à Dakar, par la Fondation Konrad Adenauer en partenariat avec le Mouvement citoyen.
’’Si les jeunes disposent d’un discours politique centré sur leurs préoccupations, si il n’y a pas de discours autonome, il n’y aura pas d’irruption sur le plan politique’’, a fait savoir M. Diop.
Selon lui, ‘’pour que les jeunes puissent jouer enfin le rôle de citoyen, le premier pas dans cette perspective c’est de tenir un discours politique en conformité avec leurs préoccupations mais aussi celles de la société’’
Il a expliqué que ce n’est qu’à partir de cet instant que la position des jeunes au sein des formations politiques ‘’sera respectée’’ et qu’ils pourront jouer les grands rôles.
‘’Les jeunes représentent la plus grande masse au sein des partis politiques, mais leur tôle ne se limite le plus souvent qu’à assurer la sécurité, l’animation, être des porteurs de pancartes. Ils ne sont pas très impliqués dans les grandes orientations des partis’’, a encore dit le politologue.
Il a fait remarquer que les rencontres entre les mouvements ou associations d’élèves et étudiants et les leaders ‘’ne sont que des moments où ils manifestent souvent leur adhésion aux positions déjà élaborées par le bureau politique’’.
Face à cette situation, Abdoul Aziz Diop, souligne que ces rencontres ’’ doivent servir à discuter des prises de positions publiques du secrétaire général’’.
Prenant en exemple la dernière rencontre entre le mouvement des élèves et étudiants rénovateurs et leur secrétaire général Djibo Leyti Ka, à laquelle il a pris part le 4 juillet dernier, il a estimé que ’’les élèves, avant de désigner Djibo Ka comme quatrième président du Sénégal, devraient plutôt l’interpeller sur des questions de fond’’.
Il a ajouté : ‘’les élèves ne doivent pas oublier qu’ils reçoivent une personnalité politique et en définitive si les jeunes ne dispose pas d’un discours politique bien structuré y compris quand ils reçoivent leur leader, ils ne joueront pas les grands rôles au sein des instances politiques’’.
Dans la même lancée, l’historienne Penda Mbow a soutenu, pour sa part, que les jeunes doivent ‘’se consacrer au travail intellectuel pour construire un discours politique’’, souhaitant que cet ’’engagement ne se fasse pas sans formation’’.
’’Si les femmes ont su construire un discours, c’est parce qu’elles ont compris très tôt que si elles ne construisent pas un discours, elles ne s’imposeront pas dans une société patriarcale’’, a-t-elle rappelé, tout en indiquant que ’’le leadership se construit durant des années’’.
Auteur: AB/AD
Seneweb.com : Vendredi 17 Jui 2009
LUTTE CONTRE LA SPECULATION FONCIERE AU SENEGAL : Un observatoire national des opérations en vue
Dakar- Seneweb.com - Convaincus que la spéculation foncière est devenue un phénomène explosif au Sénégal et, plus particulièrement à Dakar, les acteurs non étatiques envisagent de mettre en place un observatoire national qui serait une sorte de sentinelle dont la mission principale consisterait à veiller sur les droits des personnes.
Les acteurs non étatiques ont tenu un atelier de diagnostic sur la bonne gouvernance dans le domaine foncier à Dakar. Cet atelier s’inscrit dans le cadre général de la participation des acteurs non étatiques (Ane) aux efforts de consolidation de l’Etat de droit, de la démocratie, à l’amélioration de la qualité de la gestion des affaires publiques, à l’émergence d’un environnement propice à la promotion du secteur privé de l’investissement. Ainsi, ces derniers, affirment bel et bien que la spéculation foncière est devenue un phénomène explosif au Sénégal et, plus particulièrement à Dakar. C’est pourquoi, ils envisagent de mettre en place un observatoire national qui serait une sorte de sentinelle dont la mission principale consisterait à veiller sur les droits des personnes. En effet, d’après les études menées, ce phénomène s’est exacerbé surtout durant les 5 voire 10 dernière années, avec l’arrivée dans le marché de ceux qu’il convient d’appeler «les nouveaux riches» : les hommes politiques au pouvoir, les hommes d’affaires, les commerçants les immigrés internationaux. Nonobstant, il faut noter que la saturation foncière à Dakar amène les promoteurs à se bousculer dans les lointaines ou proche périphériques de Dakar (Keur Massar, Tivaouane peuhl, Ndiass etc.) anticipant ainsi sur les sites à projet du gouvernement et cela, souvent au détriment des occupants autochtones moins nantis.
Le marché du foncier semble ne plus être régulé…
Les camarades de M. Papa Nalla Fall estiment que le marché du foncier n’est plus régulé que «par l’unique loi de l’offre et de la demande aux dépens de la réglementation prévue à cet effet». A les en croire, l’analyse des prix et certaines taxes foncières montrent qu’aujourd’hui, le sénégalais moyen est disqualifié dans la course pour l’accès de la terre qui est devenue un bien précieux uniquement accessible à une classe de personnes privilégiées. Ainsi, au nom du droit à l’information citoyenne, ces derniers se demandent si cette course frénétique aux stocks fonciers de l’Etat est organisée. Ils se demandent aussi si la vente des stocks de l’Etat se fait dans la plus grande transparence, dans l’équité et le respect des procédures établies. L’ancien inspecteur des impôts et domaines M. Alla Kane a, lors de la présentation de l’Etat des lieux sur la législation foncière au Sénégal, prôné «la création d’une agence nationale chargée de la réforme foncière, l’institution d’un cahier des charges contenant les clauses et conditions à remplir pour pouvoir prétendre à l’attribution de terres dans les zones pionnières». Mieux, les participants ont fait des contributions et recommandations pour approfondir le diagnostic sur les solutions-obstacles à l’état de droit, à la bonne gouvernance et à la transparence, les conséquences et risques de la pression foncière et les solutions à envisager.
Auteur: ABDOULAYE BADJI
Lobservateur : Vendredi 17 Jui 2009
MANQUE DE MOTIVATION, CONDITIONS DE TRAVAIL PRECAIRES : Les agriculteurs présagent une mauvaise campagne agricole
Telle une menace, les agriculteurs annoncent une mauvaise campagne agricole cette année. Du moins, si l’Etat ne satisfait pas leurs revendications en les mettant dans de bonnes conditions de vie et de travail.
Ils sont quatre cent trente-huit (438) agents à dénoncer leurs conditions de travail précaires. Réunis autour du Syndicat autonome des travailleurs de l’agriculture (Satag), ces agents relevant de la Direction de la protection des végétaux (Dpv) sont très remontés contre les autorités étatiques. Les camarades de Amadou Mbodji, Secrétaire général du Satag (Syndicat autonome des travailleurs de l’agriculture), annoncent même une mauvaise campagne agricole cette année, si l’Etat n’améliore pas leur sort.
Face à la presse, hier, M. Mbodji et ses camarades ont indiqué que pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, les agents agricoles doivent être mis dans de bonnes conditions. Selon eux, l’Etat doit renforcer les capacités de la Dpv et des directions régionales du développement rural en matériel, en équipements et en formation. Les travailleurs de l’agriculture déplorent aussi la façon dont leurs revendications sont traitées par les autorités gouvernementales.
En effet, à en croire le Secrétaire général de ce syndicat, le dossier de revendications, qui dénonce, entre autres, des salaires de misère, l’absence de protection sociale ainsi que la non-allocation de prime de transport et d’indemnité de logement, est dans le circuit depuis cinq ans sans aucune prise de décision. «Présentement, les travailleurs sont au bout de leurs peines avec leurs familles et souhaitent avoir gain de cause dans les plus brefs délais», fulminent les membres du Satag. Face à cette situation, ils jugent nécessaire de mettre en place une «union des agronomes et techniciens de l’agriculture». Ce cadre, indiquent-ils, sera un centre de réflexion sur toutes les activités du monde rural pour mieux assurer le développement de l’agriculture au Sénégal.
Auteur: FATOU BINTOU K. NDIAYE
RÉVÉLATIONS DE BENNO SUR LE BRADAGE DES TERRES DE MBANE Les autorités veulent détourner les financements de la Banque mondiale et de l’Usaid
Article Par Harouna FALL,
Paru le Vendredi 17 Jui 2009
La coalition Benno Siggil Senegaal vient de lever un coin du voile sur le bradage des terres au niveau de la communauté rurale de Mbane. En réunion hier, elle a révélé que les autorités veulent détourner des financements de la Banque mondiale et de l’Usaid en s’attribuant ces terrains.
On en sait un peu plus sur le dossier de Mbane. Réunie hier chez Dansokho, la conférence des leaders de la coalition Benno Siggil Senegaal a levé un coin du voile sur cette affaire. «Il y a un délit d’initiés. Il y a un détournement d’objectifs. Les autorités veulent détourner des financements de la Banque mondiale et de l’Usaid», a révélé, Mouhamed Bouna Seck, porte-parole du jour de la conférence des leaders de Bss. A l’en croire, il n’y a pas de secret, l’Usaid et la Banque mondiale avaient conçu, dans le cadre du MCA (Millénium Challenge Acount), le financement des activités agricoles dans un certain nombre d’endroits identifiés. Dans cette dynamique, il y a eu un détournement d’objectifs. Parce qu’il y a des autorités qui se sont accaparées des terres. Elles ont créé des sociétés écran pour capter ces financements. Le tout, sous le couvert de la Goana. Normalement, explique-t-il, ces projets doivent profiter aux populations et non le contraire.
Plan d’actions en vue
Face à cette situation, la coalition Benno ne compte pas rester les bras croisés. A l’issue de la rencontre d’hier, une commission a été mise sur pied. Cette commission est composée de responsables de Benno, dont Ousseynou Faye, Khoudia Mbaye, Ibrahima Sène, El Hadj Mbaye, des élus de Mbane et des personnalités. Elle va proposer dans les meilleurs délais un plan d’actions à la conférence des leaders de Benno. Un plan d’actions qui sera exécuté, à en croire M. Seck, parce que dans cette affaire, il y a un problème de résistance. L’affaire de Mbane est une pullule amère à avaler. Il faut que Benno s’organise et s’oppose à cette forfaiture. Sinon elle peut passer sur toute l’étendue du territoire national, a averti Mouhamed Bouna Seck.
Impasse
Article Par MAMADOU LAMINE BADJI,
Paru le Vendredi 17 Jui 2009
Il en est de la politique comme de la diplomatie. Un marchandage sournois dont les doux euphémismes renseignent sur le degré d’accord des violons vers le consensus. Ou le «compromis dynamique» qui se révèle, très souvent sous nos tropiques, comme un enfant fait dans le dos du peuple. C’est aux péripéties de cette Commedia dell'arte qu’assistent, impuissants, les citoyens sénégalais, pris dans la tourmente de la vie chère, des affres des délestages intempestives, des inondations… Notamment depuis l’annonce de la main tendue à mi-coude du chef de l’Etat, aux lendemains des Locales du 22 mars dernier, marquées par le retour en grâce de l’opposition dite significative, et la déroute de la galaxie libérale et ses satellites. Il n’est pas un jour sans que l’un ou l’autre camp n’avance un pion dans le jeu d’échec auquel se livrent nos «dirigeants». Selon les circonstances, le besoin, les rapports de force, c’est le ou les ténors (roi ou reine), soit les seconds couteaux, voire les «fous», qui tentent le coup qui mate. Le dernier en date est porté par les leaders de Benno Siggil Senegaal, qui demandent à Maître Wade soi-même, qui leur a tendu la perche épineuse, de jeter l’éponge. C’est peut-être fort de café, mais Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et Cie doivent bien être fort aise d’oser ce choc. Il est vrai que le parti de Wade – le Pds – cherche lumière, que la crise économique, sociale et l’image politique (démocratie, droit de l’Homme, gouvernance, justice) sérieusement écornée ne donnent pas beaucoup de coudées franches au parti d’en face. Et Niombor semble bien pris dans son propre piège, lui qui, dès sa lettre d’invitation au dialogue politique, a enveloppé ces hideurs d’un drap immaculé pour mieux vendre sa dernière offre publique de dialogue (OPD). Cet énième rebondissement rappelle en tout cas crûment que «lapolitique (est) fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise», pour citer Jacques Sternberg. Et que, jusqu’à preuve du contraire, le «oui, mais» de l’opposition menait à l’impasse. Nous y sommes.
LE QUOTIDIEN :
Que cache l’appel de Wade au dialogue ?
Le Président de la République qui appelle l’opposition sénégalaise au dialogue après l’avoir vilipendée et menacée de ses foudres depuis des années ? Cela mérite évidemment une réflexion profonde que la coalition victorieuse de l’opposition Benno Siggil Sénégal s’est sûrement imposée avant de s’engager à répondre à l’invitation surprenante et récurrente depuis quelques temps de Abdoulaye Wade.
Selon notre analyse, le secrétaire général du Pds vise trois objectifs dans son appel insistant au dialogue presque sans conditions :
Le Sénégal s’apprête à accueillir du 1 au 14 décembre 2009 le 4e Festival mondial des arts nègres et à cette occasion, WADE voudrait se présenter sans frais aux yeux du monde comme un grand démocrate et un rassembleur qui entretient d’excellentes relations avec son opposition jusqu’à la mettre dans son Gouvernement.
Les dernières élections locales ont nettement montré que le Pds a perdu énormément de terrain non seulement dans les centres urbains mais aussi en campagne. En invitant l’opposition au dialogue et au gouvernement, Wade cherche à la discréditer aux yeux des Sénégalais et à amoindrir ainsi son score dans l’avenir.
Wade cherche à diviser l’opposition car il sait que ses leaders ne s’entendront pas sur tout. Surtout, il cherche à isoler Macky Sall, qui apparaît de plus en plus comme le présidentiable le plus crédible et qui constitue la véritable menace à son régime et à son projet monarchique de se faire remplacer par son fils à la tête du Pds et de l’Etat, en dépit de ses lacunes et son impopularité notoire éloquemment démontrées par les locales du 22 mars 2009.
L’opposition et les Sénégalais seront, nous l’espérons, assez murs pour ne pas tomber dans ce énième piège de Abdoulaye Wade en pleine fin de triste règne. A bon entendeur, salut.
Pape Cédric NDIAYE - Sicap Baobab BP 1347 Dakar Fann
L’autoroute à péage Dakar-Diamniadio : Analyse d’un choix public difficile mais appréciable.
La conscience du rôle des infrastructures dans une économie en émergence représente le meilleur côté positif de la gestion wadienne du pouvoir.
La conscience du rôle des infrastructures dans une économie en émergence représente le meilleur côté positif de la gestion wadienne du pouvoir. Ce qui est regrettable, c’est que ces dépenses publiques d’infrastructures sont souvent entachées de grandes malversations et certaines d’entre elles ne sont vraiment pas opportunes, relativement aux autres charges publiques (éducation, sécurité, santé, subventions). En outre, pour respecter le critère d’économicité des choix publics, il fallait limiter les dépenses d’infrastructures, faisant appel à des importations importantes de matériaux parce qu’il s’en suit une accentuation du déficit extérieur du pays. Ce phénomène s’aggrave si, en plus, les marchés sont octroyés à des opérateurs étrangers. Le gouvernement de l’alternance préfère de loin l’expertise et les œuvres étrangères, et la récente sortie de Bara Tall en est suffisamment révélatrice. Un autre défaut de taille est que l’intérieur du pays est littéralement exclu de ces projets de construction. Les programmes d’investissements publics communément appelés programmes-indépendance, initiés par le président de la République et amorcés avec la région de Thiès en 2004, ont été étouffés sur fond de querelles politiciennes. Sérieusement poursuivis, ils pouvaient pourtant être l’adossement impeccable d’une remise à niveau appréciable des autres régions du pays en termes d’infrastructures.
Cependant, il faut réaliser que la campagne de construction d’infrastructures sera évidemment d’une grande utilité publique. Elle s’inscrit en prépondérance dans les stratégies d’attraction des investissements privés. Au Sénégal, les infrastructures routières sont prioritaires puisque le pays est stable, les ressources humaines sont présentes et il ne reste qu’à faciliter la circulation des personnes et des biens, à part les efforts importants qu’il reste à consentir pour la crédibilisation des institutions de la République. L’erreur commise par le gouvernement sur ce plan routier a été, tout de même, de consacrer plus de 500 milliards de francs Cfa à la seule ville de Dakar sans daigner réfectionner plusieurs autres routes défectueuses à l’intérieur du pays comme la route Louga–Linguère. Plusieurs des routes reliant les départements du pays sont en très mauvais état, laissant certaines villes du pays dans un état de quasi enclavement et causant beaucoup d’accidents. Ces défaillances des voies de transport n’encouragent point l’investissement privé dans ces diverses zones. On peut comprendre alors l’absence d’industries d’exportations à l’intérieur du pays dès l’instant où l’absence de voies de transport adéquates et la difficulté d’accès à Dakar compliquent l’acheminement des produits vers l’étranger. Il importe de signaler, quand même, que la réalisation d’un autre ouvrage portuaire d’une capacité similaire à celui de Dakar est certainement indispensable. Un tel projet peut être associé à celui de la nouvelle capitale.
Pour la ville de Dakar, le jeu des investissements en vaudra la chandelle si et seulement si les problèmes de la circulation auront été bien éradiqués. Dakar représente près de 5 millions d’habitants et abrite plus de 80% de l’économie sénégalaise. Ce sera un exploit très honorable si l’on parvient à rendre fluide la circulation à l’intérieur de Dakar et surtout, à en rendre l’accès facile à partir de l’intérieur du pays. Actuellement, pour quelqu’un qui vient de Louga en taxi sept places, il ne faut pas moins de cinq heures de temps pour rallier le centre ville de Dakar. Rien que la portion de trajet Rufisque-Dakar peut valoir trois à cinq heures de route à cause des embouteillages. Or, l’accès à Dakar influence quotidiennement l’activité économique du pays du fait notamment de la circulation des biens de consommation sortants comme entrants. Et pour un pays qui dépend à 80% d’importations de nourritures passant essentiellement par le port de Dakar en même temps que d’autres produits à destination du Mali et de la Gambie, on peut comprendre comment les bouchons sur la seule nationale 1 peuvent être préjudiciables au bon déroulement de l’activité commerciale dans le pays. C’est sous cet angle qu’il faut analyser la pertinence de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio qui sera d’une nécessité incompressible quand l’aéroport de Ndiass sera inauguré. Par ailleurs, le seul fait de pouvoir quitter Pikine (ou plus loin) et rallier Dakar-ville en quelques minutes permettra de désengorger la capitale parce que certains travailleurs verront l’utilité d’aller se loger en banlieues (ou plus loin) où le loyer et la construction sont encore beaucoup moins chers. Il ne faut pas oublier aussi que la facilité de l’accès à Dakar va beaucoup encourager les investissements à l’intérieur du pays où, comme nous l’avons dit plus haut, l’inadéquation des voies de transport constitue un obstacle de taille aux investissements privés.
Cependant, comment justifier l’utilisation de 320 milliards de francs Cfa pour construire une seule autoroute avec une participation directe de l’Etat à hauteur de 78 milliards de francs Cfa dans ce contexte de crise économique généralisée où les produits financiers se font de plus en plus rares ? La Banque mondiale a participé à hauteur de 45 milliards de francs Cfa et Eiffage Sénégal vient de signer avec l’Etat une prise en charge du reliquat qui s’élève à 58 milliards de francs Cfa au titre d’un contrat Bot (Build operate and transfer). Ainsi, le risque pesant que le projet soit bloqué à Pikine ou à Rufisque faute de financements complémentaires vient d’être dissipé. Parallèlement, on peut considérer que l’Etat dispose maintenant des moyens nécessaires pour faire face à tout nouveau gap financier imprévu suite à la levée de plusieurs subventions sur les denrées alimentaires qu’il faut maintenant défalquer des charges de l’Etat et dont une partie peut être redéployée en faveur du fonds routier. La levée des subventions sur le riz et sur le gaz butane concerne respectivement environ 59 milliards de francs Cfa et 30 milliards de francs Cfa annuels. Dès lors, en supposant que la levée de la subvention sur le gaz butane va concerner uniquement 15 milliards de francs Cfa en 2009 puisqu’elle vient juste d’entrer en vigueur, l’Etat va disposer d’une décharge financière de 74 milliards de francs Cfa en 2009 et de 89 milliards de francs Cfa en 2010, soit au bout de ces deux années, une marge publique de 163 milliards de francs Cfa à remobiliser. Dès lors, on peut affirmer que les suppressions de subventions et le rallonge accordé par le Fmi portant son apport à 48 milliards de francs Cfa en 2009, sont largement suffisants pour faire face aux baisses de recettes publiques évaluées cette année à 135 milliards de francs Cfa. Il n’est donc pas anormal de considérer que la solvabilité de l’Etat sénégalais est dorénavant réhabilitée. Par ailleurs, on peut toujours espérer que la vente des 9,72% d’actions de l’Etat à la Sonatel va rapporter les 200 milliards de francs Cfa escomptés qui viendront alors renforcer les disponibilités financières supplémentaires nécessaires pour : achever le remboursement de la dette publique intérieure, assurer une implication publique vigoureuse dans la résolution du cas Air Sénégal, surmonter les effets feedback des dépassements budgétaires de 2008, arrêter les emprunts obligataires qui ont un effet d’éviction sur les initiatives privées, mieux faire face aux revendications syndicales pécuniaires, et parachever les projets d’infrastructures (autoroute à péage et aéroport de Ndiass).
Dr Elhadji Mounirou NDIAYE - Economiste Consultant / elhadjimounirou@gmail.com
Le Soleil : Samedi 18 Jui 2009
Résultats catastrophiques du Bac : Kalidou Diallo indexe un problème de coaching et de rigueur.
La visite du ministre de l’Enseignement moyen et secondaire, Kalidou Diallo, dans les centres d’examens, était l’occasion pour lui de revenir sur les résultats catastrophiques du Baccalauréat 2009. Il a indiqué qu’il y a « un problème de rendement scolaire » dans la mesure où « le taux de réussite est inférieur à 30%, alors que dans tous les pays qui se disent émergents, le taux de réussite au Bac est supérieur à 70% ». Le ministre n’a pas aussi épargné l’Etat « qui doit assurer le respect de la responsabilité et de la rigueur ». Il fait allusion à « un problème de coaching et de rigueur ». Ainsi, il se fixe la priorité « d’assainir le secteur de l’enseignement, tout en mettant en place un climat de transparence, de concertation et de dialogue social ». Faisant la comparaison, Kalidou Diallo a noté que le privé engrange de meilleurs résultats, alors que ses enseignants « perçoivent moins d’indemnités et de motivations ». Une raison suffisante pour qu’il pointe du doigt les enseignants du public et la responsabilité sur les syndicats d’enseignants « qui ont préféré la grève à la négociation ».
Sociologie de l’homosexualité ou sociologie de la perversion ?
En lisant l’article de Mamadou Moustapha Wone paru dans les colonnes du Quotidien en date du jeudi 11 juin 2009 intitulé le sperme du diable, je ne puis m’empêcher d’éprouver le même sentiment de désarroi que Karl Kraus quand il remarquait, à propos d’une affaire politique dans laquelle un intellectuel réputé s’était comporté de façon honteuse.
Pour toute réaction, celui-ci lançait à son endroit la phrase suivante : «Le doute principal que j’éprouve sur la capacité de jugement des intellectuels d’aujourd’hui me dispense de la peine que je devrais prendre pour m’abaisser au niveau de chacun de leurs idéaux pris séparément.»
Votre article, compliqué à l’extrême et truffé de vocabulaires sexuels pas trop orthodoxes que je me garderais bien de citer ici par respect à nos honorables lecteurs, est caractéristique de l’imposture intellectuelle d’un jeune chercheur, qui, face à un objet d’étude qu’il ne maîtrise guère, fait usage d’une emphase obscurcissante pour suppléer à une carence de rigueur et de démarche scientifique.
Il n’y a pas une entreprise plus facile que de vous fournir les arguments nécessaires que vous réclamez pour réfuter les thèses des partisans de la légalisation de l’homosexualité. Le fondement de nos arguments trouvera sa légitimité dans la légèreté des vôtres.
D’abord pour vous, l’accession à une société paritaire et égalitaire où les contradictions entre les deux sexes seraient abolies comme le souhaiteraient bien certains, non sans illusions cependant, dont vous, gagnerait beaucoup à légaliser l’homosexualité. Ce monde idéaliste que vous avez créé dans votre univers imaginaire dans laquelle «on pourrait ainsi se serrer la main sans distinction ; où il n’y aura plus dans certains pays de bus pour femmes ou de bus pour hommes» atteindra son paroxysme dans la perversion lorsqu’elle veut anéantir toute différence allant jusqu’à vouloir attribuer la même légitimité aux femmes que les hommes pour présider à certains offices religieux comme la prière, déjà réglée par les textes fondateurs.
M. Wone, vous n’êtes pas sans savoir, comme disait l’anthropologue Georges Balandier que «toute vie ; humaine ou animale s’organise autour de principes hiérarchiques et de différenciation» et son harmonie en dépend forcément. Contre ceux qui pensent que le cerveau humain est un organe androgyne, un scientifique allemand a établit qu’il existe deux types de cerveaux : masculins et féminins. En ce qui me concerne je n’ai pas la moindre idée de ce à quoi ressemblerait une société dans laquelle il n’y aura pas de distinction entre les deux sexes «où la mention sexe sera supprimée de votre passeport» et «où les notions d’amour d’attirance et d’équilibre seront relativisées» comme vous vous la représentez. En tout état de cause, elle ne sera pas agréable à vivre et constitue même un danger à redouter.
L’Occident, dans son souci de tout relativiser à vu toutes les conséquences que de telles conceptions de la vie induisent, et, non content de vivre son mal à elle seule, s’emploie à l’exporter chez nous par le biais de certaines associations ou organisations des droits de je ne sais plus quoi !
Toujours selon vous «le fait que les homosexuels ne pourront pas élever des enfants (...) ne repose que sur des peurs injustifiées». Quelle erreur de votre part que réfléchir ainsi !
Si l’on se réfère à la théorie psychanalytique freudienne du développement sexuel et sentimental, en un mot de l’équilibre de la personnalité, on voit nettement que le développement psychologique de l’enfant ainsi que la formation de sa personnalité s’établissent en conflit jusqu’à un certain stade avec le parent de sexe opposé, concept connu plus précisément sous l’appellation de meurtre œdipien. Et dans le cas des enfants élevés par un couple homosexuel, beaucoup d’études ont déjà montré les perturbations de l’équilibre affectif en raison de l’absence du sexe opposé.
Ainsi, la légalisation du mariage homosexuel conduirait l’humanité à sa disparition pure et simple si l’on adapte la morale de Kant qui proclame humainement : «Agis toujours d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.»
Par ailleurs, vous fondez la légitimité d’une telle union sur la crise matrimoniale chez les hétérosexuels que nos sociétés vivent actuellement, sans vous interroger au préalable sur le rôle joué par certaines conceptions de la vie par trop libertines sur le quotidien des populations.
M. Wone, si l’institution «mariage» a pris un sérieux coup ces dernières années, il serait absurde de vouloir imputer ce fait au mépris du sexe masculin vis-à-vis du sexe féminin et inversement ; car, si les mariages se font de plus en plus rares, les unions libres entre personnes de sexe opposé prolifèrent à cause du relâchement de certains «prismes traditionnels sur la sexualité» que vous décriez pourtant.
Et pour ne pas conclure, je vous appelle à revisiter la sociologie du droit, en particulier celle de Emile Durkheim, le père fondateur de la sociologie moderne.
Les règles de droits ne sont rien d’autre que la codification par écrit du législateur d’un certains nombres de règles morales généralement admises par la société, qui, quant à elles, reposent sur l’imaginaire que sont les mythes, les légendes, la religion et la tradition.
Ousmane Diba, Maîtrise de sociologie / semounabid@hotmail.com
SUD QUOTIDIEN :
« FESTIN » FONCIER - BRADAGES DU PATRIMOINE BATIIls se partagent les immeubles
par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN , vendredi 17 juillet 2009
Des personnalités du régime se partagent les immeubles classés patrimoine bâti, cédés à tour de bras, et surtout à un bas prix, presqu’au franc symbolique. Les immeubles situés entre l’Avenue des Diambars et le Boulevard Roosevelt sont déjà tombés dans l’escarcelle de ces « privilégiés » qui reçoivent tout du Chef de l’Etat. La révélation est contenue dans une déclaration de la Ligue démocratique (Ld) en date du 17 juillet.
Les immeubles du patrimoine bâti de l’Etat sont cédés à tour de bras, à bas prix, à des personnalités du régime, sur simple instruction du Président de la République. Il s’agit, à titre d’exemple, des immeubles situés entre l’Avenue des Diambars et le Boulevard Roosevelt.
C’est la révélation faite par la Ligue Démocratique (Ld) du Pr Abdoulaye Bathily. Pour les « Jallarbistes » ces comportements dérogent à une disposition du code du domaine de l’Etat qui fait obligation d’avoir en amont l’autorisation parlementaire pour de telles cessions
Le plus intéressant c’est que pendant que l’Etat se débarrasse ainsi de son patrimoine, il conventionne, souligne la même source, pour abriter ses services, des immeubles appartenant le plus souvent à ces mêmes personnalités du régime. « Tout récemment, à Mbane, des fonctionnaires, des ministres de la République et des hommes d’affaires se sont vus attribuer plus de terres que n’en dispose la communauté rurale elle-même », font remarquer les camarades de Bathily.
400 hectares de Tivaouane Peulh offerts gratuitement
A ces scandales, vient s’ajouter l’attribution gratuite par le Président de la République de 400 hectares à Tivaoune Peulh à Alioune Badara Badiane PDG de NAMORA pour la réalisation, dit-il, de 40.000 logements. « Pendant ce temps Monsieur Badiane, après avoir installé quelques villas témoins, fait le tour du monde, pour vendre des logements virtuels aux Sénégalais de la diaspora », souligne la Ld
Au même moment, par un protocole, « l’Etat cède à vil prix (4410 F le mètre carré) d’abord 30 hectares, ensuite 26 hectares dans les réserves foncières de l’aéroport LSS, à monsieur Mbackiou Faye contre le paiement par ce dernier, pour l’Etat, de 20 milliards nécessaires à la construction sur le flanc des Mamelles, par des Coréens, du monument de la renaissance africaine ». Les « Jallarbistes » d’expliquer que la valeur de marché du mètre carré dans la zone avoisine 250.000 F le mètre carré. « C’est ce même Mbackiou Faye qui avait déjà bénéficié de 7 hectares en échange seulement d’un hectare à Mermoz, à la suite de la levée en 2005 par le Président de la République de la servitude d’urbanisme sur la bande verte, en dépit de l’avis d’objection technique de l’ASECNA.
Quel marché de dupes ! », précisent les camarades de Bathily.
Un vaste programme de bradage du foncier
La Ld de souligner que depuis 2000, les Sénégalais assistent, impuissants, à un vaste programme de bradage du patrimoine foncier de l’Etat et de la nation par les autorités de l’alternance sous la caution ou l’instigation directe du chef de l’Etat.
Le domaine national, le domaine privé et le domaine public de l’Etat sont ainsi mis sous coupes réglées et systématiquement bradés en violation flagrante des règles et procédures en l’espèce, au détriment des intérêts supérieurs de l’Etat et de la Nation, renseigne la même source. Selon les « Jallarbistes », « Aujourd’hui, des experts évaluent à plusieurs centaines de milliards le manque à gagner pour l’Etat sur la cession illégale des terres de son domaine public maritime (DPM) dont pourtant imprescriptibilité et inaliénabilité sont les attributs de sa personnalité juridique »
Les camarades de Bathily de se demander comment « Un Etat qui a été obligé de diminuer de 135 milliards sa loi de finance initiale et qui tend la main à la communauté des bailleurs peut-il être pris au sérieux avec de telles pratiques ? »
Pour les « Jallarbistes », la gestion foncière et domaniale se révèle « une immense opération d’escroquerie permettant d’enrichir des dignitaires du régime et que le pouvoir cherche à camoufler par des artifices juridiques et des arguments de prétendues politiques publiques comme la GOANNA, les infrastructures, l’habitat social etc… »
Des crimes imprescriptibles
La LD met solennellement en garde contre la poursuite de cette politique, tient pour responsables ses auteurs et attire leur attention sur le caractère imprescriptible de ces crimes économiques. Avant d’exiger : « L’annulation des protocoles léonins entre l’Etat et Mbackiou Faye, des délibérations illégales du conseil rural de Mbane et la restitution à la communauté rurale des terres attribuées, des cessions irrégulières sur le patrimoine bâti de l’Etat et l’arrêt de toute cession sur ce patrimoine et un audit indépendant de la gestion foncière et domaniale depuis 2000 ».
Par ailleurs, la LD appelle les populations à manifester leur désaccord à la réalisation de la Statue de la renaissance africaine « qui n’est rien d’autre qu’une insulte à la misère du peuple et l’expression de la folie de grandeur d’un homme obnubilé par la célébrité de son vivant et la gloire posthume ». Et exhorte l’opposition réunie au sein de Benno Siggil Sénégal à « prendre toutes les initiatives nécessaires pour faire échec à la gestion prédatrice du foncier qui met en péril l’unité nationale, la stabilité et la paix dans notre pays »
Le défi d’un développement participatif est au centre des préoccupations des acteurs non étatiques membres de la plate-forme pour le suivi des accords de Cotonou au Sénégal. Les mercredi 15 et jeudi 16 juillet derniers, ils ont convié les citoyens, les administratifs et les élus de la région de Sédhiou à une réflexion pour instaurer un cadre de concertation formel et de dialogue entre les différents acteurs au développement.
Cette organisation participera, selon les organisateurs, d’une meilleure coordination des interventions, de la visibilité des résultats obtenus et d’une bonne articulation des programmes conformément à l’esprit des textes de la décentralisation et de la déconcentration.
A ce sujet, Alassane Saïdou Sow le directeur de l’agence régionale de développement de Kolda et Sédhiou a insisté sur les recommandations des textes de la décentralisation en vue d’une très bonne gestion des affaires locales. Dans son exposé axé sur le thème « la coproduction pour la mise en œuvre du développement local », M. Sow a fait savoir qu’on ne « parle de coproduction que quand les différents acteurs associent les ayant droits à l’exécution d’un projet ou programme ».
Aussi, les sous-thèmes qu’il a développés ont renforcé la compréhension des participants surtout dans le domaine de la planification et du financement du développement local, d’une harmonisation des interventions, du suivi et évaluation et de l’élaboration du budget participatif. Hormis le directeur de l’ARD, un membre de la Task force et de l’ONG Enfance et paix point focal de la plate-forme, ont fait une communication sur les enjeux d’un développement participatif à la base.
Quant à l’adjoint au gouverneur de région chargé du développement, il a invité tous les acteurs à unir leurs efforts pour impulser le développement dans cette région naissante de Sédhiou. Présidant l’ouverture et la clôture des travaux, Mamadou Lamine Mané a réaffirmé au nom du gouverneur, tout son engagement à accompagner les bonnes initiatives.
Engagement analogue des élus locaux au cours des débats qui ont suivi les exposés « cet atelier nous renforce à plusieurs niveaux. Nous sommes nouveaux avons davantage appris des prérogatives qui nous sont dévolues en rapport avec les textes de la décentralisation. Beaucoup de projets interviennent dans les collectivités locales mais souvent sans concertation préalable avec les élus, et ce forum a levé cette équivoque en renforçant la compréhension des uns et des autres » a dit Malamine Gomis le tout nouveau président du conseil rural de Simbandi Brassou.
Et de poursuivre « depuis que je suis venu aux affaires, j’ai réglé beaucoup de différends occasionnés pour l’essentiel par une absence de dialogue ».
Lui emboîtant le pas, le coordonnateur de l’ONG « Enfance et Paix » point focal de la plate forme souligne qu’ « aujourd’hui c’est un impératif de créer une synergie entre les acteurs du développement pour un impact plus conséquent sur les besoins réels des communautés ».
C’est pourquoi « nous saluons cette bonne vision des responsables de la plate-forme des acteurs non étatiques » a notamment dit Lamine Sadio. Et d’ajouter « voilà pourquoi les participants ont émis le souhait d’être davantage capacités, surtout les nouveaux élus. L’union européenne qui est notre principal bailleur a fait montre d’une expertise poussée dans la réalisation de ces objectifs de développement ».
A la fin des travaux, de fermes recommandations ont été données pour la mise en œuvre correcte des modules appris au cours de cet atelier. Les échanges en plénière, les différentes interventions attestent que les participants ont pris connaissance des notions, reste à savoir s’ils en feront bon usage.
Si ce n’est pas le monde rural avec le bruit qui a tourné autour de l’attribution des terres dans le cadre de la GOANA, c’est le partage des surfaces cultivables à Mbane, les terrains de l’aéroport, le domaine public maritime le long duquel s’érigent des hôtels de luxes. Autant d’actes qui mettent la question du foncier au centre d’une polémique nationale. Même la Loi d’orientation agro-sylvopastorale ne parvient pas à régler l’aspect concernant cette question. D’où la grande nébuleuse que constitue aujourd’hui la gestion du foncier au Sénégal.
Afin d’apporter sa pierre à l’édifice, le Groupe thématique Bonne Gouvernance de la Plate-forme des acteurs non étatiques pour le suivi de l’Accord de Cotonou au Sénégal a convoqué la réflexion, ce jeudi 16 juillet à Dakar, sur l’état des lieux législatif et réglementaire en matière de gestion foncière au Sénégal. Cette rencontre organisée en collaboration avec l’Etat du Sénégal et l’Union Européenne, a permis a Alla Kane, Inspecteur des Impôts et domaines à la retraite, de relever les écarts existants dans les textes réglementaires qui régissent le foncier au Sénégal, surtout dans leur application.
M. Alla Kane a d’emblé souligné qu‘au Sénégal, coexistent deux régimes fonciers que sont le régime de l’imatriculation et celui du domaine national. « Toutes les terres du territoire national sont soumises respectivement à ces deux régimes quant à leur gestion net à leur mode d’administration ». Malgré un cadre réglementaire bien défini, l’état des lieux faits ressortir des écarts et abus du fait des autorités étatiques et des Collectivités locales qui, généralement, sont au centre des litiges fonciers. Selon M. Kane, « il y a des problèmes parce que certaines dispositions de la loi ne sont pas encore appliquées surtout sur la délimitation des zones de terroir et des zones pionnières en milieu rural ». Sur ce point, il a précisé que : « les zones pionnières constituent l’avenir de l’agriculture moderne. Il faut donc impérativement régler ce problème ».
Entre autres problèmes, cet Inspecteur des Impôts et domaines à la retraite a évoqué la loi organisant le transfert de compétence aux régions, communes et communautés rurales concernant la gestion et l’utilisation du domaine privé et public de l’État et du domaine national. Sur ce point, il précise que « des dispositions précisent bien les articles qui sont accordés aux régions, communes et communautés rurale. Mais en matière de lotissement, surtout, on voit généralement les maires donner des terrains et ce qui est absolument illégal parce qu’il faut absolument une commission qui se réunit pour attribuer officiellement et prendre des actes ». Le conférencier a précisé que : « les maires n’ont pas vocation à donner des parcelles, ni à vendre des terres. C’est pourquoi d’ailleurs actuellement il y a des maires qui sont en prison. Je pense qu’il faut retourner aux textes à la loi et au règlement pour régler tout le problème ».
Sur cette lancée, Mbaye Ndiaye, adjoint au Maire de Dakar, député à l’Assemblée Nationale, à son avis, pense que : « les deux lois qui autorisent la vente relèvent du domaine privé de l’État non affecté. Il reste à clarifier l’étendue du domaine public de l’État sur le plan urbain ». Selon lui, « il faut que ceux qui ont la charge d’appliquer les textes aient la volonté de le faire ».
ATTRIBUTION DES TERRAINS DE L’AEROPORTL’État, encore l’Etat, toujours l’Etat
par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN , vendredi 17 juillet 2009
« Dans ce principe de la bonne gouvernance qui veut qu’on rende compte, le ministre des finances aurait intérêt à faire une déclaration publique pour dire exactement comment les choses se sont passées pour éclairer l’opinion ». C’est l’avis de l’inspecteur des impôts et Domaines à la retraite, M. Alla Kane qui a animé ce jeudi 16 juillet à Dakar, un atelier sur la pression foncière à Dakar, organisé par le Groupe thématique Bonne Gouvernance de la Plate-forme des acteurs non étatiques pour le suivi de l’Accord de Cotonou au Sénégal.
Pour le cas des terrains de l’aéroport, M. Kane pense que : « il faut aller au fond des choses pour voir si toutes les procédures prévues par la loi ont été respectées ». A son avis, face à ce genre de problème, il faut se demander : « est ce que c’est un bail qui a été accordé à ceux qui occupent ces terrains ou on a vendu ? Si c’est des ventes, je pense que l’Assemblée Nationale devrait intervenir pour voter une loi autorisant l’acte ». Cet ancien inspecteur des Impôts et Domaine pense que seul un audit où une Commission de l’Assemblée nationale peut déterminer tout cela. « Il faut voir aussi si la commission de contrôle des opérations a été saisie pour donner son avis et juger de l’opportunité et de la régularité. Voire si c’est elle qui a ficelé les conditions financières », a t-il ajouté.
Interpellé sur la position de l’entrepreneur, M. Kane lance : « Quand j’entends Mbackiou Faye parler de dation qui concerne des relations antérieures entre un débiteur et un créancier, ça pose problème. Je pense que quand on parle de dation, pour masquer un peu la chose, il ne peut pas y avoir de dation en paiement ici ». Selon lui, le mis en cause « a pris le terrain, il a vendu à l’IPRES et c’est avec cet argent qu’il achète…Donc rien n’est clair ».
Sur cette lancée, Jean Charles Tall, architecte et membre du forum civil estime que : « si une personne a pu débloquer 13 milliards pour financer la statue afin d’avoir les terres de l’aéroport et que les inspecteurs des impôts ne vont pas vérifier ses déclarations d’impôt, je trouve qu’il y a problème ». Pour lui, ce qui s’est réellement passé c’est le contraire de ce qu’on dit. « On a donné des terres à quelqu’un qui les a vendus et essaye de les mettre en valeur pour financer plus tard. Ce n’est pas une compensation. Et ça c’est l’État central qui est responsable de l’inversion de cette procédure ».
Devant cet état de fait, M Tall avance que : « Aujourd’hui, on a un véritable problème de formalisation des procédures ». A son avis, la gestion du foncier n’est pas confrontée à un problème de texte mais de volonté politique. « Aujourd’hui, il n’y a pas une volonté de transparence par rapport à la gestion du foncier au Sénégal. Les attributions qui se font notamment sur le domaine public maritime sont en contradiction avec tout ce que dit les textes. Il me semble qu’il n’y a jamais eu de publicité sur un certain nombre d’attributions.
La dernière attribution c’est celui du Groupe Kharafi en dessous du phare des Mamelles, c’était une zone expressément réservée à la construction de village de l’ANOCI. Aujourd’hui, quand vous passez là-bas, il y’a des barbelés et personne ne peut entrer parce ce que c’est marqué propriété privée. Ce qui pose un problème de procédure à partir de laquelle le village de l’ANOCI n’a pas été construit. On l’a attribué à autre chose sans pour autant informer sur les conditions ». Jean Charles Tall pense que : « il y’a une série de choses anormales relevée qui me semblent être possible parce qu’on a informalisé le processus. L’État n’assure plus sa mission de régulation et que lui même passe par des bailles pour pouvoir satisfaire un peu les habitudes de certains gens ».
L’architecte se désole du fait que « les gens ne se rendent pas compte des effets que cela fait de fouler au pied les textes sur le foncier ». Ce qui fait peur, a-t-il poursuivi, « c’est que malgré tout, les gens continuent à spéculer sur des choses qui ne sont pas tout à fait légales sans se poser la question de la rentabilité. Le coût de la location et celui du terrain a flambé à Dakar et en parallèle on constate qu’il y’a de plus en plus de maisons qui sont fermées ». Selon lui, « aujourd’hui, il y’a un rapport du Giaba qui indique clairement que le secteur de l’immobilier est devenu un moyen de blanchiment d’argent. Le secteur du foncier soulève une question de régulation générale de notre société ».
WALF FADJRI :
Pour l'instauration d'un dialogue citoyen durable : Acteurs non étatiques et élus locaux optent pour des cadres de concertation
(Correspondance) - Le Centre national d’éducation populaire et sportive de Thiès, Cneps, a été, pendant deux jours, du mardi au mercredi dernier, le théâtre d’un conclave entre les acteurs non étatiques, la population et les élus locaux de la région de Thiès. Une rencontre initiée par l’antenne régionale de la plate-forme des acteurs non étatiques, qui entre dans le cadre du renforcement des capacités des élus locaux pour assurer plus de transparence dans la gestion des affaires locales. Laquelle transparence ne pourrait passer que par un dialogue et une concertation sincères entre les élus locaux et leurs concitoyens. Il s’était, en effet, agi, pour les participants audit forum, de réfléchir et d’échanger sur toutes les questions relatives à l’amorce du développement local afin que des solutions consensuelles et concertées puissent être trouvées et mises en œuvre dans l’intérêt exclusif des populations. Aussi la rencontre de Thiès aura-t-elle été l’occasion de mettre un accent sur nombre de points qui sont de nature à représenter des obstacles à ce dialogue citoyen. De ces points, le forum retiendra, entre autres, le déficit communicationnel entre les acteurs et les populations, un manque de confiance mais aussi et surtout le mode de désignation des représentants des populations au sein des collectivités locales quand on sait qu’il n’est pas permis aux représentants de la société civile de se présenter de façon indépendante. Ce dernier point sera, d’ailleurs, l’occasion pour les participants de décrier fortement la trop grande politisation des exécutifs locaux. Une politisation qui ne permet pas une réelle prise en charge des préoccupations des populations qui dépendent d’eux. Or, précise Coura Ndiaye, point focal des acteurs non étatiques à Thiès, ‘on ne peut pas développer les collectivités locales sans prendre en compte les préoccupations des populations à la base’.
Les deux journées d’échanges et de réflexions permettront ainsi aux participants de décider de la mise en place, pour une gouvernance locale, un cadre de concertation en vue d’instaurer le dialogue citoyen comme mode de gestion participative. Mieux, ils conviendront de faire de ces cadres de concertations des outils institutionnalisés dans la gestion des affaires locales. Ainsi, sous la supervision du gouverneur de la région, ils sont tous engagés. Un engagement qu’ils ont tenu à matérialiser par une déclaration dite ‘Déclaration de Thiès’. Lequel document a été remis entre les mains du gouverneur de Thiès.
La rencontre de Thiès entre dans le cadre du programme national de bonne gouvernance. Lequel programme s’inscrit en droite ligne dans la mise en œuvre des projets et programme du 9e Fonds européen de développement (Fed).
L’objectif étant de contribuer à la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie, l’amélioration de la qualité de la gestion des affaires publiques, la création d’un environnement propice à la promotion du secteur privé et de l’investissement mais aussi au renforcement de la participation des acteurs non étatiques à l’amélioration de la gouvernance politique, économique et sociale.
S. DIENG
LE SOLEIL ;
POUR ÉRADIQUER LES LITIGES FONCIERS AU SENEGAL : La société civile propose un observatoire
Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action de la plateforme des Acteurs non étatiques (Ane), pour le suivi de l’Accord de Cotonou, le groupe Bonne gouvernance de cette structure a organisé mercredi dernier un atelier de formation sur « Etat des lieux législatif et réglementaire régissant le foncier au Sénégal ». Pour les Ane, le marché du foncier semble ne plus être régulé que par l’unique loi de l’offre et de la demande aux dépends de la réglementation prévue à cet effet. Afin d’arriver à zéro cas de litige foncier, le conférencier Alla Kane a fait une dizaine de propositions dont la création d’une agence et d’un observatoire.
Chez nous, les litiges fonciers sont de plus en plus récurrents. Pourtant selon l’expert Alla Kane, il est possible d’en arriver à zéro cas. Au terme d’un exposé portant sur « Etat des lieux législatif et réglementaire régissant le foncier au Sénégal », l’inspecteur des impôts et domaines à la retraite a listé dix mesures dont il faudrait mettre en œuvre : Il s’agit de la création d’une agence nationale chargée de la réforme foncière ; la mise en place d’un observatoire national des opérations domaniales ; l’unification des régimes fonciers par l’adaptation du régime de l’immatriculation pour l’ensemble des terres ; la volonté des autorités publiques d’un retour à l’orthodoxie par une application stricte des dispositions et règlements, pris en matière de gestion des terres ; le dressage et la tenue à jour d’un tableau général des propriétés mobilières de l’Etat. Parmi ces mesures, il y a l’établissement et le suivi régulier des dossiers fonciers des collectivités locales ; la réorganisation de la Commission de contrôle des opérations domaniales (Ccod) ; l’établissement d’un manuel de gestion foncière pour une exécution correcte des dispositions législatives et réglementaires ; l’institution d’un cahier de charge contenant les clauses et conditions à remplir pour pouvoir prétendre à l’attribution de terres dans les zones pionnières et la délimitation des zones rurales en zones des terroirs et zones pionnières.
Objectifs : zéro litige
D’après le conférencier, « l’objectif zéro litige foncier au Sénégal ne peut être atteint que par le respect scrupuleux voire religieux des principes de base de bonne gouvernance de la part de ceux qui ont la charge d’appliquer et de faire appliquer les lois et règlements édictés pour la gestion et l’administration des terres dans le cadre d’un équilibre harmonieux entre la légitimité et la légalité ». Il a, par ailleurs, plaidé pour l’introduction des Tic « pour garantir une gestion transparente du régime foncier de notre pays ».
Auparavant, Alla Kane est revenu sur les deux régimes fonciers qui coexistent au Sénégal. Le régime de l’immatriculation recouvre toutes les terres situées aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Ces terres ont fait l’objet d’une immatriculation au nom de particuliers garantissant leur droit de propriété définitif et inattaquable sur des portions de terrains délimitées. Selon le conférencier, ce régime est un mode de gestion introduit « laborieusement » par le pouvoir colonial face à la résistance tenace du régime coutumier qui régissait les terres avant la colonisation. L’autre régime, celui du domaine national s’applique sur l’ensemble des terres, aussi bien urbaines que rurales. Il s’agit ici de terres n’étant pas immatriculées et relevant jusque là du régime du droit coutumier. Dans la deuxième partie de son exposé, Alla Kane est revenu sur les textes législatifs et réglementaires en vigueur régissant la gestion des deux régimes fonciers en présence. Concernant le régime de l’immatriculation le conférencier, citant la loi n°76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du domaine de l’Etat, a soutenu que ce dernier comprend le domaine public et le domaine privé. En ce qui concerne le domaine public, il n’a pas manqué de souligner que les articles 9 et 19 de cette loi « posent problème en raison de leur essence contradictoire ». D’après lui, quand l’article 9 dit expressément que « le domaine public est inaliénable et imprescriptible », l’article 19 dit que les dépendances du domaine public peuvent être déclassées.
Des articles contradictoires, sources de conflits
Par ailleurs, M. Kane est revenu sur les lois ainsi que les décrets d’application autorisant la vente de terrains domaniaux destinés à l’habitation situés en zones urbaines ; autorisant la vente des terrains domaniaux à usage industriel ou commercial et ceux relatifs à l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux opérations foncières d’utilité publique. Il a aussi revisité la Loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national. C’est, soutient-il, le texte de base qui définit la nature, l’étendue, la composition et les modalités de gestion des terres dépendant du domaine national. Ces terres sont classées en quatre catégories distinctes que sont les zones urbaines, les zones classées, les zones des terroirs et les zones pionnières. D’après lui, beaucoup de mesures d’accompagnement prévues par la loi n’ont jusqu’à présent pas encore été prises. C’est, dit-il, ce qui explique pour une large part les litiges récurrents qui alimentent les commentaires devenus quotidiens sur le foncier.
Dans la dernière partie de son exposé, le conférencier a abordé le transfert de compétences aux collectivités locales et la gestion et l’utilisation du domaine privé de l’Etat, du domaine public et du domaine national. Concernant son domaine privé, l’Etat peut en céder tout ou partie, aux collectivités locales, soit en leur facilitant l’accès à la pleine propriété, soit en leur en affectant simplement le droit d’usage.
Pour le domaine public, tous les projets ou opérations initiés sur le domaine public maritime et le domaine public fluvial par les personnes physiques, les collectivités locales ou toute autre personne morale, requièrent l’autorisation du Conseil régional par délibération, après avis de la commune ou de la communauté rurale où se situe le projet. Pour les projets initiés par l’Etat sur cet espace, celui-ci prend la décision après consultation du Conseil régional. Il a rappelé les 13 articles du décret 96-1130 du 27 décembre 1996 portant application de la loi de transfert des compétences aux collectivités locales en matière de gestion et d’utilisation du domaine national. Il a particulièrement mis l’accent sur les articles 8, 9 et 10 de ce décret qui, à l’en croire, aideraient à mieux comprendre la provenance de la « gestion tant décriée de ceux qui ont la charge de gérer les terrains placés sous leur responsabilité ». Les problèmes fonciers qui sont aujourd’hui si préoccupants prennent, selon Alla Kane, leurs sources dans la rencontre des trois éléments que sont les régimes fonciers en vigueur, les instruments de gestion et d’administration des patrimoines concernés et les hommes chargés de mettre en œuvre ces instruments.
A la suite de l’exposé, des intervenants comme Jean Charles Tall et Babacar Mané ont insisté sur la nécessaire « volonté politique pour la gestion du foncier » et l’immatriculation des zones rurales. Tout comme Pape Nalla Fall de la plateforme des Ane et Souleymane Diawara, le coordonnateur du groupe thématique Bonne gouvernance des Ane, le tout nouveau délégué à la Réforme de l’Etat et à l’Assistance technique, Abdou Karim Lo, s’est réjouit de l’exposé de M. Kane. Car comme il l’a souligné, « pour bien participer, il faut bien maitriser ».
Aly DIOUF