Na ma sutt ou l'ivresse du pouvoir
Un de mes amis poivrots, revenu de tout et surtout revenu de lui-même,
me racontait, l'autre jour, que dans les bars qu'il fréquente
assidûment, court une expression bien savoureuse : "Na ma sutt !"
Traduction approximative : Qu'elle (comprenez la dive bouteille) me
dépasse ! Lancée au barman comme un cri de guerre par le disciple de
Bacchus impénitent faisant ainsi son entrée triomphale et théatrâle
dans quelque méchant bistrot, "Na ma sutt!" est une formule polysémique. Au
premier degré, c'est une injonction donnée au tenancier du tripot mal
famé, de mettre sur le bar autant de bouteilles possibles et de vider
les caisses de vins. Mais elle se veut aussi une invitation généreuse
aux autres rats de bar patentés à se soûler gratis à volonté.
A voir le président Wade, pourtant quelqu'un de très sobre, persister, dans
ses sorties à l'étranger, à nous dépeindre son fiston à piston comme
le plus doué des 12 millions de Sénégalais que nous sommes, on a
l'impression qu'il nous dit, à propos de Karim Wade: "Mo leen
Sutt!"(Il vous dépasse tous !") Dans la culture sénégalaise, les
parents veillent à ce que leurs rejetons ne soient pas victimes de
catt, ce mauvais œil ou cette langue venimeuse du voisin envieux qui
vous plombent un destin qui s'annonçait brillant. Le président de la
République, esprit cartésien, semble n'avoir cure de ses
sénégalaiseries. C'est son droit le plus absolu.
Mais qu'il nous permette de lui rappeler qu'il est de la dernière indécence de penser que son fils est un génie interplanétaire et que le reste des
Sénégalais sont des manants ! Wade junior ? Un garçon tellement doué
qu'à sa première tentative pour briguer une mairie de seconde zone, il
s'est fait battre jusque dans son propre bureau de vote par un
illustre inconnu. Un super crack au talent étincelant qui a réussi la
prouesse indépassable de dilapider 700 millons de francs pour la
réfection d'un simple bureau! Un cerveau admirable qui a construit le
kilomètre de route le plus cher au monde ! N'en jetons plus !
Que cache cette obsession de Wade, victime d'une ivresse d'un genre
particulier, celle du pouvoir, à répéter en boucle, contre l'évidence
même, que son fils est le meilleur des Sénégalais ? Un psychanalyste
aurait peut-être parlé d'auto-persuasion pour fuir une réalité moins
glorieuse. Quant aux Grecs, qui mettaient déjà en garde leurs
gouvernants contre l'hubris, cette démesure qui annihile la faculté de
discernement et mène inéluctablement à la perte, ils auraient rappelé
au père de Karim cette terrible sentence : "Jupiter rend fous ceux
qu'il veut perdre".
Barka BA
Coordonnateur du journal Kotch
En attendant Gorgui…
«Guissou léne fi béne khalé thiaco thioli», c’est le refrain d’une chanson tirée d’un conte célèbre intitulé : Coumba ame ndéye ak Coumba amoul ndéye. Et c’est une mère de famille désespérée par la disparition de sa fille qui demandait ainsi si on n’avait pas aperçu quelque part sa fille. Nostalgique
Aujourd’hui loin de ce monde imaginaire, dans le Sénégal réel, certains se demandent ce qui peut bien pousser notre vieux à séjourner aussi longtemps à l’étranger.
Un peu moins de trois ans après l’Alternance politique, le journaliste Jacques Habib Sy révélait les mil liards engloutis dans ces voyages. Si le Président s’active à l’étranger pour trouver des milliards, nous pouvons constater que cela n’est pas efficace. Le gouvernement coure toujours derrière des milliards pour régler le problème de l’électricité et des inondations. Et dans bien des cas, le déplacement des ministres et autres techniciens est plus efficace.
Peut-être qu’il sera difficile de trou ver dans le monde un pays dont le chef voyage autant que «notre gorgui national, international et universel». Pis, c’est au moment où la tension est à son paroxysme avec les coupures d’électricité, les probables inondations avec l’hivernage, les grèves dans le secteur de la san té… A son retour, à travers la Télévision nationale, il nous apportera ses trophées. C’est, entre autres, ses propositions acceptées par ses collègues ou l’émerveillement sur ses projets… Tout juste de la littérature, aucun impact sur notre vécu quotidien.
Nous osons espérer que ce pays n’est pas géré par procuration. Me Wade avait parlé dans la presse internationale ne pas avoir de soucis pour l’avenir de ce pays relativement à un coup d’Etat. Nous ne parlons pas d’instabilité politique mais de vécu quotidien. Le Président peut prendre un peu plus de son temps pour coordonner davantage et exiger plus de ses hommes. Le passage des ministres Bécaye Diop et Omar Sarr à l’Assemblée nationale a révélé l’incohérence dans le système Wade. Il considère que depuis 2000, à chaque voyage il nous explique ce qu’il a apporté.
Nous attendons encore les retombées, en attendant aussi un énième retour de gorgui.
Ndiaga DIOUF - Rédacteur en chef Pressafrik
L’heure de l’affranchissement est venue
Mamadou Mbassa SARR
Conseiller municipal
Coordonnateur du Réseau départemental des enseignants de l’Apr de Fatick
Aussi souvent dénoncée que con testée, cette oligarchie autour de «Wade monument» avec à sa tête Samuel Sar, est en train de causer des dégâts énormes dans notre pays, qui ne sont pas faciles à mesurer, ni même à définir. En effet, c’est une bourde facile et de bon ton que de nier la situation catastrophique dans laquelle les coupures intempestives d’électricité ont plongé le Sénégal en la qualifiant de «petite erreur». Cette banalisation de la satisfaction de la demande sociale par nos gouvernants montre leur inconscience, leur insouciance et leur mépris à l’égard du peuple.
«Wade monument» a longtemps estimé et continue de clamer haut et fort que son fils Karim Wade est le plus intelligent, le plus riche, le plus beau et le plus populaire dans ce pays. D’autre part,
an nées de grâce de l’Alternance com me un Président choyé, privilégié et envié par ses pairs, doit s’apercevoir, dans son ignorante vanité, qu’il n’était point celui qu’il imaginait être. Mais il ne doit pas tarder à comprendre que le peuple sénégalais a atteint sa maturité politique depuis le 19 mars 2000. Par conséquent, il doit se résoudre à reconnaître qu’il ne pourra jamais fournir de son fils une image véritablement satisfaisante, proprement adéquate. Cette impossibilité ne tient pas à un man que de moyens financiers ou d’instruments politiques. Non, cette impossibilité vient d’une autre cau se. Elle vient de ce qu’entre l’homme (Wade monument) et le peuple existe un divorce, qui rend incertain le pardon du second au premier. Lui, qui se considéra dans les
! Sénégalaises, Sénégalais, nos compatriotes, nos frères
Il est des époques où la bonne gou vernance ne peut être rétablie dans un pays que par une haute manifestation de la volonté générale. Ce moment est venu. Et les jeunes de la Convention des Mbou rois, les populations de Diourbel, de So kone, de Foundiougne etc., ne me démentiront pas. Serrons-nous au tour de notre devise Un peuple - Un but - Une foi et continuons à faire fa ce à cet «Etat voyou» jusqu’à ce que son chef avide de richesses et assoiffé de pouvoir accepte que c’est bien lui le véritable virus qui a rendu le pays malade.
«La liberté se prend, et ne se de¬man de pas.» Disons à «Wade mo nument» que si son gouvernement en gage les forces de l’ordre dans une guerre contre le peuple, com me ce qui semble se dessiner de puis Soum bédioume jusqu’à Yeum beul en passant par l’hôpital Le Dantec, nous engagerons une guerre contre lui. Disons lui également que 12 millions de Sénéga lais, embrasés du feu de la liberté et de la justice, armés de courage, de patriotisme et de raison, pourraient si on les irrite ou méprise, écourter son mandat qui repose actuellement sur un trône d’argile. Sénégalaises, Sénégalais, ne comp tons que sur nous mêmes.
Démissionnez !
? ? Ou un centre d’essais pour relancer un homme politique (Karim) en man que de confiance auprès du chef ou du peuple La Senelec est-elle devenue une entreprise d’expertise ou d’expérimentation de nouvelles techniques pour éliminer un adversaire politi que trop gênant ? Allusion au fa meux sabotage. Est-elle devenue cet ogre mangeur d’hommes politiques correctement puissants
! ; c’est la démission des autorités en charge de la Senelec. Plutôt que de vouloir divertir le peuple à coup de déclarations dans les médias en cherchant un bouc-émissaire, démissionnez Tout porte à le croire, du moins. Mais le seul mot qui convient dans ce cas de figure
; demain ce sera un trop plein de soleil reçu sur les installations de la Senelec et peut-être qui nécessitera une enquête au demeurant vaine car personne ne sera arrêté. La Senelec, pardon la couper-rec a cette manie et les Sénégalais l’ont compris. Une fois c’est le courant de Manantaly arrivé en trop plein dans la capitale qui a été à l’origine des délestages, ensuite c’est un vautour qui est tombé sur un des pylônes d’une centrale qui en est à l’origine, aujourd’hui c’est du mauvais fuel nous dit-on. Défaillance ou complicité devrons-nous dire. Et qui sait
? Si la Senelec est capable de couper le jus à qui elle veut et de la fournir à qui elle veut, elle a les arguments juridiques pour faire plier n’importe qui, fut-il ponte du régime, collectivités locales pro-Pds, ou féodalité. La faute incombe à la Senelec. Faute de gestion bien sûr. Trop d’explications mais vous ne convaincrez personne, même le plus cancre des Sénégalais. Dans vos explications, nous trouvons même votre incapacité à gérer la Senelec. Sinon comment parler de déficit ou d’un gap de 6 milliards à combler. Si les dépenses sont de 18 milliards alors que la Senelec encaisse 12 milliards par mois (source l’Obs n° 2048 du 20 juillet) à qui la faute
? ? Dara (absolument rien du tout). Imaginez-vous un peu à la place de ce dernier, que ce soit Latif Coulibaly. Mais quelle différence devrait-il y avoir entre Sénégalais ? Que lui est-il arrivé, à ce dernier faire payer à d’autres. La presse n’a-t-elle pas relayé le fait qu’un garde du corps devait des factures impayées Elle (la Senelec) est capable d’obliger certaines personnes à payer ce qu’ils ont consommé et incapable de
Si la Senelec n’arrive pas à recouvrer, c’est de sa faute et c’est tant pis. D’autant qu’elle nous oblige à payer pour un jus qu’on ne voit guère. Pis, qu’on nous rationne.
De toutes les façons cela fait plus d’une décennie que la Senelec est incapable. Elle n’en peut plus, force est de le reconnaître. On ne peut plus continuer à croire à ces mensonges à coups d’interview et de pub.
Les contestations, jusque-là Dieu merci, ne sont que l’apanage de groupuscules pas du tout organisés ni structurés. C’est sous une forme informelle qu’ils s’organisent, sans aucune coloration politique. Com me pour dire que ces manifs quand elles seront organisées et bien structurées, feront mal et très mal. Espérons que les hommes politiques ne récupéreront pas ce mouvement d’humeur.
Que l’opposition applaudisse car en la Senelec, elle trouvera un allié sûr pour précipiter le régime des Wade à la retraite avant 2012. Pourvu que la couper-rec continue son sport favori.
La grève des ambulants et les inondations en banlieue avaient créé et entraîné une véritable razzia de Bennoo dans presque toutes les collectivités locales et dans les grandes villes.
La Senelec emportera le Sopi et ses dirigeants dans sa mort certaine si rien n’est fait. La Senelec nous coûte cher, à l’Etat et au contribuable sénégalais.
! ! De toutes les façons vous atterrirez dans un fauteuil plus moelleux que celui de la Senelec. Qui sait ; peut-être que vous serez nommé directeur de la centrale nucléaire de Oussouye, ou bien des fameuses centrales solaires du Sahara, wala bok de la centrale mobile portée par un bateau au large de Dakar en guise de récompense. Démissionnez Démissionnez
Jean Collin SAMBOU / samboujeancollin@yahoo.fr
Crise de l’énergie : «Il ne sert à rien de se cacher derrière son petit doigt» !
! «Vous êtes le symbole de l’échec, de la douleur, du ressentiment, de la violence du désordre… par les fautes et manques de résultats probants de la Senelec.» Ces mots prononcés par un député, de la mouvance présidentielle libérale, anciennement de gauche, lors du «débat cinéma» sur la crise de la distribution de l’énergie à l’Assemblée nationale, adressés au ministre de l’Energie et rapportés par l’As du 22 juillet 2010, devraient l’être, à l’intention du président de la République Abdoulaye Wade, son mentor qui nomme à tous les emplois civils et militaires. C’est lui qui a nommé M. Sar à la tête de ce département, après qu’il a fait ses preuves de prédateur dans cet établissement. Le député a en outre, dit-on, demandé le départ de ce dernier de son poste. Et après ? Pour nommer qui à sa place ? Farba ? Soyons sérieux et arrêtons de personnaliser le débat ou de trouver un bouc-émissaire à cette crise endémique de l’énergie, en se cachant derrière son petit doigt, pour fuir devant la réalité et devant nos responsabilités
? S’il y a quelqu’un qui doit démissionner et rendre des comptes à la Nation, c’est bien Abdoulaye, le premier des saboteurs de ce pays. Osons le dire, un des éléments de la crise qui corsent sa solution, c’est le manque de courage politique pour dire la vérité aux populations et se dire la vérité, entre nous. Cela se corse davantage s’y l’on y ajoute ce manque de volonté politique des chefs de file des «forces vives» pour marcher vers l’unité afin de freiner la catastrophe qui nous menace. ? La valse des ministres à la suite de ces multiples remaniements, a-t-il permis un quelconque changement dans ces secteurs con sidérés Dans cette lancée, un autre député s’est époumoné pour réclamer à cor et à cri la présence du Premier mi nistre. Pourquoi ? Pourquoi n’en a-t-il pas fait autant pour exiger le rappel dare dare du «Père de la Nation» qui serait quelque part aux Etats-Unis, en train d’actionner des lobbys en vue d’obtenir une audience auprès du Président Obama. Il faut dire simplement que ces messieurs ne méritent pas d’être les représentants de la Nation. Loin s’en faut. Soit, ils faisaient du cinéma, pour reprendre l’expression de notre ami Mody Niang, soit ils en veulent à la personne de Samuel ou à son fauteuil. Du reste, aucun des cas de figure n’intéresse les Sénégalais qui savent à quoi s’en tenir. Ces députés ne méritent pas de représenter la Nation, parce qu’au lieu de soulever les questions de fond, à l’instar de Ndeye Fatou Touré, dont il faut saluer la pugnacité, ils ont embouché la trompette de «la démission de Samuel Sar», pour faire de la diversion. Combien de Premiers ministres, combien de ministres de la Santé, de ministres de l’Education, de ministres de la Culture a-t-on changé de leur poste, depuis 2010
: les politiques sur les énergies renouvelables relatives au solaire, l’éolienne, la biomasse etc. A titre d’exemple, le Maroc a déjà un projet de mise en œuvre de 160 éoliennes capables de fournir en électricité la ville de Tanger qui compte près de 3 millions d’habitants. Ces questions de fond occultées sont
! ? Pour tout di re, des Sénégalaises et des Séné galais n’ayant aucune accointance à des lobbys, ou n’étant sous aucune influence politique ou religieuse ? Après quoi l’Exé cutif ne devrait-il pas pouvoir nommer un Conseil d’administration de transition de sortie de crise composé de (il en existe des brigades), technocrates sobres, indépendants, incorruptibles, rompus à la tâche, en vue d’une gestion ou au management du bien public ? La Loi de finances appelée communément Budget général de l’Etat, qui alloue les lignes de crédits aux divers démembrements de l’Etat, ainsi que les Lois rectificatives de finance etc., pour impulser, coordonner dans une certaine mesure, l’activité nationale au plan économique, social et culturel, qui les vote, sinon l’Assemblée Nationale ? Alors, devant la gravité de la situation, ne devrait-elle pas s’autosaisir du dossier pour reformer la loi instituant la Senelec et les sociétés d’Etat «Représentation nationale» dans «l’échec, la douleur, le ressentiment, la violence et le désordre», vécus par les Sénégalais ? Quelle injonction devrait-elle faire, quelle loi devrait-elle voter pour remédier à la situation ? N’est-ce pas que c’est elle qui vote les lois régissant les sociétés d’Etat et les sociétés privées Mais dans tout cela, quelle est la responsabilité de la
! Car la crise a mis à nu la dimension de l’ardoise des mauvais pa yeurs envers la Senelec. Cet aspect devrait faire revenir à plus de lucidité le député écologiste, qui s’égarait en conjectures en parlant «du gas pillage par les citoyens», de l’électricité. On aurait bien aimé l’entendre, d’abord, exiger un échéancier de recouvrement de l’ensemble des dettes de 17 milliards environ (voir l’As du 19 juillet 2010), non recouvrées à ce jour, et qui ont plombé, sans doute, durant toute une période historique, la bonne marche de la Senelec. Cela avec la complicité des autorités. Nous aurions bien aimé aussi, entendre nos députés exiger un échéancier de remise en état des centrales, dans les meilleurs délais. Sans compter les poursuites judiciaires en vue de dédommager la société, à propos de ce fameux combustible avarié. Si c’est le cas
Soulignons que l’expert Thion ga ne a fait, dans l’édition du matin de Sud fm, le 23 juillet 2010, des propositions techniques et politiques, généreuses et limpides de sortie de crise, allant dans le sens d’une véritable solution du problème. Mais devant les enjeux politi ques, économiques énormes que ce la engendre, toutes les forces d’inertie non intéressées par cette dé marche, se ligueront pour empêcher sa mise en route. Dans cet ordre d’idées, cette volonté politique dont fait cas, cet ancien cadre de la Sar, manque à ceux qui dirigent notre pays. Ils sont empêtrés dans les dédales de l’affairisme, enchaînés par de multiples liens, de telle sorte qu’ils sont incapables de réfléchir à des solutions de sortie de crise, à court, moyen et long termes. Parce que tout simplement, ils font partie du problème et non de la solution.
: la concussion, la prévarication, le chacun pour soi, un pays où sera banni, le «ça pour mon fils, ça pour Papa, ça pour Maman, pour mon mara, pour l’oncle ou pour la tata», s’agissant du bien commun, doivent s’unir pour exiger le départ de ce régime managé par des prédateurs. Donc, seuls ceux qui sont conscients que le Sénégal doit cesser d’être un territoire de passe-droit, de non-droit, où règnent
Ababacar FALL-Barros
A Laurence Gavron
Où est donc mon pays ? Hélas comme vous, j’ai fait le choix de vivre dans ce pays où je me suis marié et où est né mon fils. J’ai, à la lecture de vos réflexions la même vision que vous et la même inquiétude
; alors que le Sénégal pouvait être en Afrique un pays équivalent sur le plan économique au Maroc en développant des activités touristiques dynamiques au sein de ses régions et ne pas se cantonner à Saly. Chaque jour j’achète davantage de pain pour nourrir mes amis sénégalais et je sais que cette situation empire chaque jour
J’ai fait avec un ami Sénégalais a bord de son 4X4 la traversée de banlieues inondées en 2009 et je pensais que sur le plan infrastructures, des efforts seraient faits ; mais le même périple aujourd’hui me renvoie la même image.
J’ai publié dans le forum d’un autre quotidien deux articles, l’un sur le colonialisme où je rappelais cette phrase de René Dumont, «il faut que l’Afrique sorte de cette somnolence dans laquelle elle vit depuis 50 ans», et l’autre où j’écrivais à mon fils Ibrahim la lettre d’un père inquiet pour son avenir.
De confession musulmane, je reste aussi surpris d’entendre des politiques s’exprimer en disant que c’est Dieu qui décide. Non, Dieu a donné aux hommes la possibilité de réaliser des choses extraordinaires pour eux-mêmes.
De formation économique, quand j’analyse la crise dans ce pays et que je lis chaque jour que des milliards de francs Cfa sont attribués par différents fonds monétaires pour aider le Sénégal, je cherche à savoir où sont les investissements.
Comment Air Sénégal international a disparu, pourquoi la Senelec est dans cette situation, pourquoi la Sonatel s’inquiète-t-elle de son devenir, on pourrait faire un inventaire à la Prévert.
Je ne crois pas aux bruits sourds des bottes qui ne dérangeraient pas certaines puissances dans le pays de Léopold Sédar Senghor et je reste confiant dans la démocratie de ce pays, même malmenée depuis quel que temps. Et puis, ce peuple est respectueux des institutions et ne souhaite que vivre en paix, il suffit de lui donner de quoi vivre décemment.
Si l’image du pays doit se limiter aux Almadies et à Saly pour les visiteurs étrangers, il faudra rapidement prendre conscience que le pays de la téranga n’existe plus.
; je lui posais la question de savoir quel chemin le Sénégal prendrait-il, je n’ai pas eu de réponse. : un chien a quatre pattes mais ne peut prendre qu’un seul chemin Ayant échangé avec Jean Christo phe Rufin peu de temps avant son départ sur son dernier roman, il citait un proverbe sénégalais
Il me reste à vous transmettre mon espoir pour ce peuple et ce pays, et vous prie de continuer à écrire avec ce talent que je n’ai pas.
Cordialement
G.PHILIPPE
Pour l’unité, pour la victoire
Ces derniers temps, le régime a accentué insidieusement le recours à la répression à travers tout le pays. A Vélingara, face aux jeunes, à Dakar-Soumbédioune face aux pêcheurs, à l’Hôpital Aristide le Dantec face aux internes, à l’Université Cheikh Anta Diop face aux étudiants et à Mbour et à Kaolack face aux protestations des jeunes contre les coupures d’électricité, les forces de l’ordre ont utilisé leur arsenal répressif, tuant un jeune pêcheur à Soumbédioune, blessant et arrêtant de nombreux manifestants. Les jeunes de Vélingara ont été injustement condamnés à des peines de prison ferme allant jusqu’à un an.
Mais rien n’y fait, le mécontentement ne cesse de grandir dans la banlieue dakaroise et même au cœur de la capitale. Les Imams de Guédiawaye se font entendre de nouveau sur la question des coupures d’électricité, mais aussi sur les inondations qui ont déjà commencé et par rapport auxquelles le pouvoir a accumulé échec sur échec et propose à présent une solution qui serait pire que le mal en voulant faire des sinistrés des banlieues, des réfugiés dans leur localité.
Malgré cela, Abdoulaye Wade semble plus que jamais décidé à continuer de diriger notre pays comme son entreprise personnelle, en multipliant les tours de passe-passe destinés à enrichir les membres de sa famille et ses collaborateurs les plus proches pour concrétiser son dessein, qu’il ose maintenant évoquer publiquement, de faire de son fils Karim, son successeur.
Dans le contexte actuel où de gros nuages s’amoncellent dans le ciel politique du pays, les dissensions et autres polémiques stériles qui se sont développées dans Benno Siggil Senegal doivent être jugulées au plus tôt et l’unité doit se renforcer pour faire face aux provocations répétées du pouvoir et se tenir fermement aux côtés des populations excédées par l’arrogance du pouvoir en place. Les fournitures d’eau et d’énergie sont des questions sur lesquelles, en cette période d’hivernage, et à l’approche du mois béni du ramadan, il ne saurait être question d’accepter l’inacceptable. Les militants de Benno Siggil Sénégal, leurs dirigeants en tête, doivent exiger de Wade qu’il cesse de dépenser, en pure perte, les milliards de notre budget national sans pour autant produire le moindre résultat. Benno Siggil Sénégal doit aussi travailler avec les autres forces démocratiques à faire respecter le droit constitutionnel des populations à manifester et soutenir ceux qui sont injustement arrêtés, inculpés et éventuellement condamnés par les tribunaux.
Dans le secteur de l’énergie, de graves accusations sont formulées contre les responsables au niveau le plus élevé. Une corruption endémique est dénoncée dans le secteur devenu particulièrement budgétivore, alors qu’aucun progrès significatif n’est fait et que les consommateurs continuent de payer une note de plus en plus salée pour des services de plus en plus virtuels. Seule la voie de la protestation empruntée par les populations peut arrêter l’actuelle descente aux enfers.
Du fait que le pouvoir est de plus en plus isolé et désemparé, le président Wade n’hésitera pas à élaborer de nouveaux plans et de nouvelles stratégies pour réaliser ses sinistres desseins. Le peuple exige, plus que jamais, l’unité de Benno Siggil Sénégal, son unité de combat autour des difficultés quotidiennes des populations et son unité de vue, par la concertation, sur l’avenir du pays afin de déjouer les manœuvres quotidiennes d’Abdoulaye Wade qui ne désespère pas de sauver son projet de dévolution monarchique du pouvoir d’un naufrage de plus en plus inéluctable aux yeux des observateurs avertis.
En direction des élections à venir, l’unité de vue et la coordination efficace des activités de l’opposition sont le moyen le plus sûr de faire face au régime et de battre son candidat à l’élection de 2012. Déjà, Benno Siggil Senegal a fait, avec les partenaires de notre pays, une avancée significative sur la question du fichier électoral dont l’audit est prévu et doit être mené avec le maximum de rigueur et de professionnalisme. D’autres questions importantes doivent retenir l’attention de l’opposition :
• La Constitution consensuelle qui est en préparation doit être finalisée.
• Le programme de gouvernement prévu sur la base des conclusions des Assises nationales doit être mis au point.
• Un accord électoral doit être conclu par lequel les parties prenantes de Benno Siggil Sénégal et de la société civile doivent s’engager à faire voter au 2e tour en faveur du candidat de l’opposition le mieux placé et ce dernier une fois élu, devra mettre en œuvre une gouvernance concertée du pays pendant son mandat réduit à cinq ans.
• Un Front pour la régularité et la transparence des élections (Frte) doit être mis en place à tous les niveaux : de la communauté rurale et de la commune, au département, à la région et naturellement au niveau national pour garantir la transparence des élections.
La mise en place de ces outils de lutte ne peut s’accompagner de querelles et de polémiques vaines au sein de la grande famille de l’opposition. Cela est, à l’évidence, la voie la plus indiquée pour assurer aux populations des conditions de vie plus décentes et une nouvelle alternance politique en février 2012.
Vive l’unité de Benno Siggil Sénégal pour la victoire en 2012.
Landing SAVANE