ministre aux multiples portefeuilles
A mon frère Karim Meïssa Wade
Mon frère !
Je vous sens blessé, meurtri, à la limite vexé, par la froideur des critiques dont vous faites l’objet de la part de vos compatriotes. Je trouve cela humainement normal. Mais la tonalité frisant, par endroits, l’imploration de la pitié et de la compassion me paraît ridicule. Je considère que c’est le moment à jamais d’assumer vos responsabilités, car vous avez accepté des sinécures qu’aucun sénégalais n’a jamais eues dans le passé. Tout père de famille aurait souhaité voir sa progéniture gravir tous les échelons sociaux pour être citée parmi les plus valeureux fils de la Nation, mais pas si vite, car notre paterne culturel nous le refuse. En vous reprenant aux mots, votre première fonction administrative au Sénégal fut celle de conseiller spécial du président de la République, puis président du Conseil de surveillance de l’Anoci et ensuite ministre d’Etat de tout ce qui suit : Infrastructures, Transports aériens, Energie, et j’en passe. Cela frise un manque notoire de respect pour ces millions de Sénégalais formés à la bonne école et prêts à servir. J’en veux pour preuve cette ribambelle de conseillers compétents travaillant pour vous, par ailleurs pouvant gérer mieux que vous certaines responsabilités. Je ne citerai que Kamou, que je ne connais pas d’ailleurs, mais que j’ai appris à respecter à distance, compte tenu de son parcours, qui n’est pas du reste en déphasage avec son discours.
Sachons, monsieur le ministre d‘Etat, garder la lucidité face à l’épreuve et ramenons les choses à leur triste réalité, car la connaissance des causes de l’adversité constitue une première source de résolution des problèmes. Votre lettre adressée aux Sénégalais est la preuve notoire de votre aveuglement «doctrinal», qui vous empêche de capter le message déjà clairement exprimé depuis les élections locales par le peuple sénégalais. A mon humble avis, malgré votre volonté déclarée pour servir votre pays, la majorité des Sénégalais vous reprochent de n’avoir pas la légitimité historique dans le combat politique mené jusque-là par votre père pour vous hisser, si rapidement, à la station à laquelle vous vous trouvez.
Je vous suggère alors, à défaut de démissionner, de réduire votre marge de manœuvres dans la sphère étatique et de dire à vos sbires d’arrêter de violenter, psychologiquement parlant, les Sénégalais par un discours qui ne rime pas avec les principes qui gouvernent la République.
Tôt ou tard, vous vous rendrez compte de la porosité de votre cercle ou réseau d’amis au moment des vaches maigres. Apprenez de ce fait «à mourir» alors qu’il est encore temps, pour renaître probablement de la plus belle manière, comme le sphinx renaissant de ses cendres, dans un futur, peut-être proche. Et personne ne vous collera ce sobriquet gênant, mais réel, d’enfant gâté que tout réussit par la grâce d’un supposé monarque.
«Lu défu waxu, lu ay di njambat»
Mame Malick BA - Médina, Nioro du Rip - bamalic@hotmail.com
Réponse à la lettre du ministre aux multiples portefeuilles
Monsieur le ministre d’Etat, c’est avec beaucoup d’intérêt et de curiosité que je me suis hâtée de prendre connaissance de la lettre adressée à nous pauvres Sénégalais. La simple passante sur terre que je suis, pour reprendre vos termes, fut ahurie de constater le vide de ce long texte, bon à la poubelle où se trouve le défunt projet de loi sur la vice-présidence. Je m’attendais, monsieur le ministre d’Etat que vous vous soulagiez de toutes ces responsabilités, ô combien lourdes pour vos frêles épaules. Je m’attendais, monsieur le ministre d’Etat que publiquement et solennellement, vous vous adressiez aux pauvres passants sur terre que nous sommes, pour annoncer votre retrait définitif des affaires publiques. Enfin, je m’attendais monsieur le ministre d’Etat, à ce que vous retiriez les propos tenus chez votre ami transhumant Serigne Mbacké Ndiaye. Propos qui renseignent à suffisance de votre immaturité et ignorance de la réalité sénégalaise. Ou simplement, serait-ce un déni de la réalité !!!
Monsieur le ministre d’Etat, penser ne serait-ce une seconde qu’accuser l’opposition en ces moments de révolte pourrait faire renverser la tendance, c’est sous-estimer le peuple sénégalais et même, à la limite, le mépriser comme vous savez si bien le faire. Il est dit que le peuple apprend de par les expériences, et ces sommes d’expériences donnent lieu à un éveil, à une maturité et à une conscience sociale de la population. Soyez conscient monsieur le ministre d’Etat qu’une nouvelle aube s’est levée et le Sénégalais reste convaincu que le pouvoir c’est lui ; et il confère une partie de ce pouvoir à une personne en qui il a confiance
Le peuple sénégalais espérait avec la gestion de son Excellence monsieur le président de la République, voir le bout du tunnel. Mais de tunnel, ils ont vu celui impraticable à la moindre goutte de pluie.
Monsieur le ministre d’Etat, le pays tend vers une implosion sociale consécutive à une accumulation de colères, de déceptions et de frustrations. Cela peut se traduire par la violence qui est le stade suprême du mécontentement populaire.
«Au besoin, Ami est bon» ! Ton clin d’œil à nous pauvres citoyens me rappelle mes cours de publicité ; c’est comme faire un clin d’œil à une femme dans le noir. Vous l’avez dit vous-même : le peuple sénégalais ne vous porte pas dans son cœur
Last but not least, votre ami Cheikh Diallo à beau vouloir comprimer sa belle et pertinente plume pour vous faire porter la paternité de cette longue lettre, hélas… le Sénégalais est à mille lieux d’être dupe.
Pour paraphraser Hilary Clinton s’adressant aux dirigeants africains, notre Président fait plus attention à sa longévité, au pouvoir et pas assez de l’héritage qu’il laisse pour l’avenir de ce pays.
Adji Mergane KANOUTE - Secrétaire politique Uds/Innovation
Maître, quitte dans ça !* (Suite)