Sans Ethique la République est efflorée
Sans Ethique la République est efflorée
Si dans les quatre décennies post indépendance le Sénégal a connu un retard inexplicable dans son Développement économique, il n’en demeure pas moins que sur les chantiers de l‘ édification d’une Nation, la mise en place de la République et la construction de l’Etat de droit, le pays avait une longueur d’avance sur la plupart des pays du Continent. IL fut naguère une grande nation, présente à tous les banquets du DONNER et du RECEVOIR, respectée, adulée et aidée par tous. Aujourd’hui où en sommes nous ? Force est de reconnaître que le développement récent des infrastructures a changé la physionomie du pays, mais le Pays semble avoir perdu quelques ressorts essentiels qui risquent d’affecter gravement et durablement le métabolisme de l’Etat. Au nombre de ces ressorts cassés par l’Alternance dévoyée, l’on peut retenir : la fin de l’Etat- Nation, la Chappe sur l’Etat de droit et en fin la République menottée
En effet l’option politique de libéralisme sauvage du Pouvoir en place, a prématurément et sérieusement sapé les fondements de l’Etat nation : l’intérêt général est sacrifié au profit d’intérêts partisans, claniques ; le citoyen n’est plus au centre des préoccupations de l’Etat mais plutôt le Capital, les intérêts particuliers et immédiats
De même l’Etat de droit est devenu une chimère avec l’impunité qui couvre tous ces scandales, ces agressions et assassinats, avec cette boulimie de dérèglementation et dérégulation. De privatisation et de libéralisation outrancière
Enfin la République est dépouillée de ses attributs avec cette banalisation de ses institutions et des hommes qui les animent, cette collision des Pouvoirs, cette « agenciation » de l’administration et cette Patrimonialisation familiale de l’Etat.
L’analyse profonde des causes de tous ces maux dont souffre le pays laisse entrevoir en lame de fond une tare culturelle qui nous a rattrapés : l’absence d’éthique au niveau individuel comme au niveau de la gouvernance.
La République, consécration à la fois de l’Etat- Nation et de l’Etat de droit, il faut le dire n’est rien d’autre que l’émanation sociétale de l’exercice du pouvoir par le peuple souverain et pour le peuple. Ainsi en République seul le peuple est dépositaire du Pouvoir et personne d’autre. Aussi tout délégataire de ce pouvoir ou parcelle de ce pouvoir, n’est que serviteur et doit respect scrupuleux de l’ordre préétabli par le peuple à travers sa Loi Fondamentale et les autres textes de lois et règlements. IL doit respect et défense de ses institutions, symboles, de ses valeurs sociales, culturelles, un engagement pour la défense et la protection des droits et libertés individuelles et collectives, mais également un engagement pour une gestion rigoureuse et une distribution correcte, équitable et durable des ressources et richesses du pays. IL doit en tout temps et en tout lieu, une mobilisation pour l’intérêt général et en particulier pour un service public de qualité, pour l’égalité de tous les citoyens devant le service public et devant la loi. IL doit obligation de rendre compte de tous ses actes et de l’usage des moyens mis à sa disposition dans le cadre de cette délégation, autrement, il devient un usurpateur, ou un Monarque avec ses courtisans, ou un Mandarin avec ses adeptes, ou un despote et ses sbires.
Comme l’on peut aisément l’imaginer donc, la République s’appuie sur des Fondamentaux dont le plus important reste l’éthique, dans la praxis du pouvoir, mais aussi dans la conscience et le subconscient de tout citoyen, délégataire de parcelle de pouvoir surtout. Pour ce dernier son capital éthique est évalué non seulement à l’aune de son engagement pour l’intérêt général des populations, de sa loyauté vis-à-vis de la République mais surtout de la légitimité dont il doit jouir.
Sous ce rapport l’on comprend alors, que la raison du mal vivre de notre chère République, réside dans l absence d’éthique dans la gouvernance politique, économique, financière et sociale. Les séries d’actes répréhensibles restés dans l’impunité totale, qui se déclinent en détournements de deniers publics, spoliations de biens publics, corruption, bâillonnement des libertés, suscitent des interrogations relatives à l’éthique et aux valeurs Républicaines : Qu’en reste-t-il ?
Mais pire encore les acteurs actuels du régime, ont transposé opportunément cette hérésie politique propre à eux qu’ils ont greffée dans notre culture Républicaine et qui explique dans une certaine mesure la déliquescence actuelle de l’Etat de droit : IL s’agit de cette boutade assassine de la démocratie qu’on nous assène à tout bout de champ et selon laquelle « dans le Parti il n’y a qu’une seule constante, c’est Maître Wade », et ainsi dans le gouvernement de la République « il n’y a qu’une seule Constante, c’est Maître Wade » Alors ne sommes nous pas dés lors dans une Monarchie ? C’est pourquoi l’urgence pour le Pays est d’abord la restauration de la République avant de parler de dévolution monarchique du Pouvoir qu’aucun Sénégalais lucide, responsable, ne peut accepter même si certains de nos honorables Députés peuvent donner l’impression qu’ils y trouveraient leur compte, eux qui pensent qu’ils sont payés pour faire allégeance à l’Exécutif . Leurs interventions à l’Hémicycle révèlent que certains ont du mal à s’adapter à la marche de l’Histoire, et donnent bien des soucis à tout Républicain.
Oui, l’Ethique c’est aussi la légitimité du délégataire du Pouvoir et au regard des évènements qui se sont passés dans cette République ces jours- ci, toute la dimension individuelle de l’Ethique a été convoquée même si les interpelés sont restés de marbre. Comment peut comprendre qu’un délégataire du pouvoir ou d’une parcelle du pouvoir puisse continuer à tirer avantages, subsides, prébendes, à partir de sa position à lui confiée par le peuple et à partir des ressources du contribuable, quand ce peuple du Nord au Sud, d’Ouest en Est et d’une seule voie, à l’unisson lui retire sa confiance et lui demande de rendre le tablier ? N’est ce pas là un cas de conscience, qui soulève toute la problématique de l’Ethique sous les Tropiques. Chacun d’entre nous se doit une introspection dans la gestion de ce que la Nation lui a confié, et retenir qu’au-delà de la confiance souvent partisane du Chef qui peut ne pas faire défaut, les bouées pour notre action quotidienne restent, l’intérêt général, l’Ethique et la Foi. Si chacun met en avant ces valeurs à quelque station qu’il soit, la République va en tirer profit au grand bonheur de tous.
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• Cité SOPRIM _DAKAR