Notre citoyenneté bafouée
Notre citoyenneté bafouée
Les habitants de Guédiawaye ne savent plus où mettre les pieds. En effet suite à la découverte des irrégularités notées sur plusieurs actes de naissance portant sur des jugements d’inscription qui seraient délivrés illégalement par les agents travaillant dans les différentes mairies de Guédiawaye et qui se trouvent être fictifs, l’autorité compétente a formellement ordonné l’annulation de l’ensemble des actes fictifs délivrés dans les centres d’état-civil de Guédiawaye. Une décision à saluer, vue sous l’angle juridique étant donné que l’état n’existe et ne peut être prouvé que par les actes d’état-civil comme en atteste l’article 29 du code de la famille .
Cependant force est de reconnaître qu’une telle décision va faire des dégâts car la plupart des concernés ont obtenu leur jugement dans les années 90 en commençant par moi. En outre c’est avec ces actes fictifs qu’on a été inscrit à l’école et qu’on a obtenu nos diplômes et carte d’identité nationale. Maintenant à qui la faute, étant donné que ces soit-disant actes fictifs figuraient avant dans les registres du centre d’état-civil de Wakhinane Nimzath ? Dans ce cadre, l’annulation de tous ces actes fictifs était-elle la décision à prendre compte tenu du nombre d’années qui se sont écoulées entre le problème et ladite décision qui a été adopté en 2008.
En plus que faisaient le juge du tribunal départemental de Guédiawaye et le Procureur de la République pour ne pas remarquer ces nombreuses fraudes sur les registres d’état-civil ? Autant de preuves qui démontrent que nous ne sommes pas les seuls fautifs. Depuis lors, le tribunal départemental est chaque jour pris d’assaut par les intéressés afin de régulariser leur état. Il en est de même au tribunal régional de Dakar.
Combien de demandes d’annulation d’acte de naissance atterrissent sur la table du Président du tribunal régional de Dakar ? On ne sait même pas. Combien de personnes sont privées de carte d’identité depuis lors faute de n’avoir pas pu obtenir l’annulation de leur acte fictif auprès du tribunal régional de Dakar ? Parce que certaines chambres de ladite juridiction les ont déboutées de leur demande pour des motifs irrecevables.
Ainsi non seulement notre citoyenneté est bafouée car on nous refuse une carte d’identité nationale mais aussi nous sommes là bloqués car on ne peut rien faire sans papiers légaux. Des élèves n’ont pas fait leurs examens à cause de ce problème.
D’excellents étudiants boursiers ont été privés d’aller étudier dans les prestigieuses universités du monde pour ladite cause. Chaque jour, on fait la navette entre la mairie et le tribunal régional de Dakar. Pire encore, un jour, les agents de la mairie ont refusé de délivrer un certificat de décès à un fils qui venait de perdre son père car le de cujus a un acte de naissance fictif.
Pourtant nous sommes des Sénégalais au même titre que les autres et l’obtention d’une carte d’identité légale est un droit qu’on doit nous reconnaître. Ainsi, nous lançons un appel à l’endroit du ministre de la Justice, Garde des sceaux et celui de l’Intérieur, à Monsieur le Président du tribunal régional de Dakar afin qu’ils nous viennent en aide et qu’on régularise notre état.
Moussa BA, étudiant en Sciences juridiques