Le temps et la manière de partir ou le dernie
Le Président Abdoulaye WADE a eu TOUT du pouvoir. Dans l’histoire politique de notre pays, il a eu plus que tout autre homme ayant eu à accéder à ce niveau suprême de responsabilité. Après vingt six ans d’opposition, il a eu son année de gloire avec sa victoire historique en mars 2000, à la suite d’une élection libre, transparente et démocratique. Ceci est la manifestation que le Sénégal est un pays d’une démocratie majeure. Son pouvoir a même pu atteindre son apogée avec sa réélection en 2007. Que peut-il maintenant attendre du peuple sénégalais ? Rien. Car celui-ci lui a déjà tout donné. Tout. Il ne lui reste plus qu’à rendre grâce à Dieu. A son âge, on doit être beaucoup plus proche de Dieu que des hommes. Que peut-il maintenant donner au peuple sénégalais ? Pas grand-chose. La seule chose qu’il peut lui donner aujourd’hui, c’est d’organiser une élection présidentielle libre, transparente et démocratique. Dello ndioukeul askan wi. C'est-à-dire, sortir comme il est entré un certain 19 Mars 2000. C’est la seule manière pour lui de rendre grâce au Tout-Puissant, c'est-à-dire respecter son serment vis-à-vis du peuple. A cet âge, la parole donnée, celle d’un homme d’Etat de surcroit, c’est tout simplement un serment.
A ce propos d’ailleurs, il convient de souligner que le Président WADE a fait, en réalité, trois serments devant le peuple sénégalais. Le premier, en tant que opposant et candidat en 2000, en lui disant : si vous m’accordez votre confiance, voilà ce que je ferai. C'est-à-dire respecter la Constitution. Le respect de la Constitution est la seule promesse qui vaille réellement. C’est la mère de toutes les promesses politiques d’un Président de la République. Le deuxième, c’est celui qu’il avait fait de façon solennelle, devant Dieu (en jurant), et devant son peuple et dans sa conscience lors de la prestation de serment en 2000 au moment de son investiture. Le troisième, c’est sa déclaration selon laquelle, aussitôt après sa réélection en 2007, il ne briguerait pas un troisième mandant conformément à la Constitution qu’il a personnellement initiée (la presse rapporte qu’il aurait déclaré à son entourage que c’est lui-même qui a rédigé l’actuelle Constitution).
Au cours de cette année 2011, Le Président Amani Toumany TOURE a déclaré, lors de la clôture de la rencontre avec les élus locaux, que le Mali aura un nouveau Président le 08 Juin 2012 avant midi, en rappelant pour cela les deux serments qu’il avait faits. L’un, en tant que militaire. L’autre, en tant que Président de la République. Cette déclaration est en fait un message au peuple malien qu’il va respecter l’engagement qu’il a pris devant lui. C’est une sorte de troisième serment. Mais en même temps un serment d’adieu, qui va préserver le Mali des situations difficiles souvent consécutives aux élections, notamment en Afrique (hier la Côte d’Ivoire, aujourd’hui la RDC). C’est pourquoi d’ailleurs dans ce pays, la campagne pour la succession du Président TOURE est déjà pratiquement ouverte. Dans la paix. C’est parce qu’il est clair dans l’esprit de tous les maliens que ATT ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle.
Au Sénégal, la déclaration de candidature du Président WADE fait planer un épais nuage sur la prochaine présidentielle du fait de l’incertitude quant à l’issue de cette candidature auprès du Conseil Constitutionnel. Que présage cette incertitude quant à la tenue et à l’issue de ce rendez-vous ? Ceux qui tentent de minimiser, en le théorisant même, ce que l’on appelle désormais le WAKH WAKHEET, ce double langage du Chef de l’Etat, mesurent-ils la dimension historique de cette déclaration? Ils justifient et défendent aujourd’hui une position qu’ils n’auront pas la responsabilité historique d’assumer. WADE ne songe-t-il pas à survivre à son régime ? L’histoire ne se souvient pas souvent des collaborateurs du roi. Ces théoriciens, très visibles aujourd’hui, peuvent devenir très vite anonymes. La Tribune renseigne dans sa livraison du lundi 24 Octobre 2011 que ça commence déjà à déménager (donc à faire les valises) dans l’entourage du Président. Cela signifie que WADE est et sera seul responsable devant l’histoire. "Les empires ne périssent pas sous les coups de leurs ennemis mais par leur propre épuisement et par la démission des forces qui les soutiennent" (Alexis CURVERS).
Si l’on en croit ceux qui avaient suscité, encouragé et soutenu la candidature de Wade pour la présidentielle de 2000, celui-ci avait accepté en leur promettant qu’en cas de victoire, compte tenu de son âge avancé, il n’aurait fait qu’un seul mandat, qui se termine en 2007, (cela peut même être considéré comme son premier serment). En 2007, il se présente, il est réélu. Cinq ans plus tard, il est encore au pouvoir. Le Général de GAULLE recommande de "partir cinq ans trop tôt qu’une minute trop tard". Mais le Président WADE a encore plusieurs semaines devant lui. Comme dit l’adage, "il n’est jamais trop tard pour bien faire". WADE peut encore bien faire car il n’est pas encore trop tard pour lui et, comme l’a si bien dit Koffi Annan, l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, "la grandeur d’un homme d’Etat est de savoir quitter le pouvoir quand il le faut". Imaginez ce qui aurait pu se passer en 2000 si le Président DIOUF s’était entêté à vouloir conserver le pouvoir.
WADE a-t-il des problèmes pour quitter le pouvoir ? La question aujourd’hui du pouvoir ne s’est-elle pas réduite ou ramenée pour lui à la seule manière de le quitter. Autrement dit, faut-il désormais juger tout le parcours politique de WADE par seulement sa manière de quitter le pouvoir ? Est-il conscient qu’il est en train de pousser l’analyse dans cette direction ? Sa manière de quitter le pouvoir ne va-t-elle pas faire ombrage à ce qu’il veut incarner dans l’histoire ? Il a accédé au pouvoir par la grande porte, c'est-à-dire démocratiquement. Par quelle porte va-t- il en sortir ? En se référant à l’histoire de l’Afrique de l’indépendance à aujourd’hui, on remarquera que globalement, le non respect de la démocratie reste toujours la règle. Les pays démocratiques, en nombre très restreint, font exception et le Sénégal en fait partie. Va-t-il continuer à en faire partie ? La situation actuelle n’est-elle pas en train d’en faire un pays ordinaire en la matière ? WADE va-t-il, peut-il se permettre de faire moins que ses deux prédécesseurs ? On peut bien reprocher à ces derniers ou oublier ce qu’ils ont fait, mais l’histoire retiendra toujours le caractère historique de leur départ du pouvoir.
Ces interrogations me donnent le sentiment que WADE est en réalité en train de mener un combat, le dernier cette fois-ci. Le paradoxe dans ce combat est que ce n’est ni pour un troisième mandat ni contre des adversaires politiques du moment. Il ne doit pas se tromper d’adversaires. Ce combat, il va le mener plutôt pour (défendre) son propre passé ou parcours politique. C’est un combat singulier. Il va le livrer seul. Mais il sera seul dans l’arène. Il semble déjà être seul. C’est le combat par rapport à ses prédécesseurs, et même par rapport à d’autres dirigeants africains ou d’ailleurs, pour élargir la comparaison
. Ceci est important, notamment en Afrique, où les fins de règne sont souvent chaotiques, hélas. Le Président SENGHOR, dans le contexte politique de son époque, a préparé son successeur de longue date et a quitté le pouvoir en démissionnant avant terme. Il a certainement subi des pressions dues aux circonstances. Mais il a pris seul sa décision pour quitter le pouvoir. Même si on peut critiquer le caractère non démocratique de ce mode succession. A ce propos d’ailleurs, il convient de rappeler qu’Abdoulaye WADE, alors opposant, avait contesté la légitimité du Président DIOUF du fait de cette forme de dévolution du pouvoir. Mais en tout état de cause, ce qui a été retenu, en tout cas par l’histoire, c’est la manière.
Le Président Abdou DIOUF a mis en place un code consensuel qui a permis l’organisation d’une élection libre, transparente et démocratique, rendant ainsi possible l’alternance en 2000. En téléphonant à WADE pour le féliciter, il a pris seul sa décision à l’insu même de son parti. Chacun d’eux a choisi, seul, sa manière à lui de quitter le pouvoir, en laissant le pays stable. SENGHOR avec le sens de la prévoyance et la sagesse. DIOUF avec l’élégance dite républicaine. Ils ont tous les deux laissé derrière eux, une image portant non pas sur les actions politiques, économiques et sociales qu’ils ont eu à mener durant leur magistère et que l’on peut apprécier diversement. Mais une image relative à la manière dont ils ont quitté le pouvoir. C’est, paradoxalement, en quittant le pouvoir, grâce à la manière, qu’ils sont véritablement entrés dans l’histoire. Par la porte de sortie. Aujourd’hui, c’est comme si l’on assiste à une sorte de troisième tour (avec DIOUF) ou à une finale, entre le Président WADE et ses prédécesseurs, tous deux ses anciens adversaires.
WADE peut-il faire une sortie honorable ? Il peut encore avoir une sortie paisible. Mais a-t-il encore le temps ? Ne commence t-il pas à se faire tard ? Il arrive à tout homme, un moment où il doit prendre une décision. Seul. Face à l’histoire. Les décisions des grands hommes ou des hommes politiques tout court sont souvent des leçons pour l’Histoire, pour l’humanité toute entière. C’est ce moment qui semble arrivé pour lui. Quelle leçon compte–t-il laisser au peuple sénégalais ainsi qu’à l’Afrique toute entière? Pour la postérité ?
Doudou MANE
Agroéconomiste
Master en Economie Agricole
Maîtrise ès Sciences Juridiques
Consultant
doudoumane@hotmail.com
Quel président pour diriger le Sénégal au soir du 26 février 2012 ?
L’élection présidentielle n’est plus qu’à quelques semaines de nous. Les candidats se déclarent de jour comme de nuit. Mais, comme à chaque fois, il y aura des prétendants sérieux et engagés. D’autres ne seront, malheureusement, là que pour amuser la galerie. En cette année électorale, les profils des candidats sont très variés. On retrouve un octogénaire usé mais qui n’est pas encore rassasié de pouvoir, des politiciens professionnels qui, pour la plupart, se sont enrichis en milliards sur le dos du peuple, des ambitieux qui croient que la lumière ne luit que pour eux, une comtesse française, un marabout et un….chanteur de Mbalakh! Dans cette arène politique sénégalaise, chacun croit en sa bonne étoile et rêve de remporter le suffrage des électeurs.
Devenir président est le rêve de tous. Mais, tous ont-il la stature d’un Président de la République ? Senghor l’avait. Diouf aussi. Wade, lui, n’a jamais pu l’avoir. Quel étrange destin que celui de cet homme qui s’est battu pendant 26 ans pour l’alternance démocratique au sommet de l’Etat du Sénégal ! Les gens de ma génération (ceux qui sont nés après l’indépendance obtenue en 1960) ont aveuglement cru en lui. L’opposant Wade a longtemps exercé sur nous une grande fascination.
Comme Gbagbo et d’autres, il incarnait l’espoir et son discours allait dans ce sens. Il a symbolisé le courage, la hardiesse, la force et la générosité dans l’effort. Pour les millions de jeunes « wadistes » que nous étions, le «Sopi» allait changer nos vies, consacrer l’équité et la justice sociale, promouvoir les valeurs humaines, consolider la nation sénégalaise, défendre et renforcer les institutions de notre très jeune République. Mais, hélas Wade a déçu! En onze ans, l’Etat qu’il incarne a fait la preuve de son incompétence totale dans bien des domaines. Comme le dit l’adage c’est à l’œuvre qu’on reconnait l’artisan. Wade n’en est pas un. On attendait beaucoup de lui, il a trompé tout le monde.
D’aucuns diront : «Non, Wade a beaucoup fait !». Nous admettons cela. C’est vrai qu’il a changé le visage d’une partie de la capitale Dakar en mettant en place des infrastructures routières, construit une statue à sa démesure, etc. Il a, plus que Senghor et Diouf, mis des centaines de milliards dans la construction d’écoles, d’hôpitaux, entre autres choses. On pourrait allonger la liste pour plaire à certains. Seulement, ces réalisations cachent des scandales de toutes sortes. Sous le règne libéral, le pays a connu tous les excès. En effet, ce régime s’est singularisé par une méconnaissance grave de l’Etat, de la rigueur dans la gestion des affaires publiques. Ignorance qui s’est traduite par sa patrimonialisation qui, malheureusement, la tire vers la faillite.
Aujourd’hui, le pays ne vit et ne respire plus que pour la prochaine joute électorale. La tension est partout perceptible : violence armée, arrestations de leaders politiques, insultes et menaces verbales qui fusent de partout. Tout tourne autour de questions de personnes, de partis, de clans. Le choix du futur président (Wade ou un autre peu importe !) Doit-il se faire au prix du sang ? A mon humble avis : non ! La question ne devait-elle pas plutôt être de discuter de programmes, d’orientations politiques, de projets de société qui mettent le Sénégal en avant ? Le pays fait face à la corruption, à la gabegie, à l’impunité, ….. Nous devons combattre définitivement cela. Autrement, ces plaies finiront par engloutir notre pays que des générations de braves hommes et de femmes ont construit au prix de leurs vies. La course effrénée et éhontée vers l’avoir, le gain facile, le bien-être matériel, la notoriété sont hélas des tares bien sénégalaises. Ce sont des défauts que nous portons en nous. Ne sommes-nous pas tout simplement lâches, mesquins et légers pour mettre tout cela toujours sur le dos des seuls politiques?
L’élection présidentielle ne consacrera qu’une seule personne. A cet individu, nous confierons la lourde tâche de présider à nos destinées, au moins, pour cinq ans. D’où l’intérêt de bien le choisir pour éviter la déconvenue née de l’alternance.
Notre préoccupation, enfin, est de savoir si l’on doit toujours nous focaliser, par sentimentalisme, sur une personne qui, une fois installée au pouvoir, oublie ses promesses, foule aux pieds la constitution et installe un dispositif discriminatoire au seul bénéfice de son camp : femme et enfants, amis, vieux et nouveaux compagnons, marabouts et courtisans ? Ce qui s’est passé sous le régime dit de l’alternance ne doit plus jamais de reproduire sous nos cieux. Le Sénégal, pour son avenir, a besoin d’un homme nouveau, patriote et sincère, dynamique et travailleur qui ait pour seule et unique préoccupation la satisfaction des intérêts de tous les sénégalais. Nous estimons que notre peuple est sensé. Nous espérons aussi qu’il est évident qu’il saura prendre son destin en main pour des lendemains enchanteurs. Choisir le meilleur parmi les candidats doit être notre seul souci si nous aimons réellement notre pays.
Amadou Sarr
Email Saramadou2008@gmail.com
Diagnostic indépendant et sans complaisance d’un observateur de la stratégie du groupe Wal Fadjri
Le paysage audiovisuel sénégalais est marqué, ces derniers temps, par une concurrence accrue du fait de la guerre sans merci - des duels devrait-on dire - que se livrent les quatre chaînes de télévision les plus en vue (Rts – 2sTv et Walf–Tfm (débauchage tout azimut sans aucun formalisme, course à l’exclusivité, combats de lutte, dénigrement de la concurrence …).
Le groupe Wal Fadjri fait aujourd’hui partie d’un des plus grands groupes de presse du pays pour avoir été le premier groupe à posséder les trois média que sont la presse écrite avec trois journaux, trois fréquences de radio et une télévision. J’ai eu l’honneur d’avoir eu déjà une discussion intéressante à ce propos avec son Pdg lors d’un voyage où je lui disais qu’il n’ait point besoin d’un sondage pour savoir que le groupe possède encore la plus forte notoriété spontanée parmi tous ses concurrents.
Toutefois, l’émergence, ces dernières années, d’autres groupes de presse privée a eu comme conséquence immédiate une érosion de cette notoriété et a entraîné des départs massifs dont le point culminant a été atteint au cours de l’année qui vient de s’écouler avec pas moins de sept agents qui sont allés vers d’autres prairies (en fait vers la concurrence). Le dernier en date, celui du présentateur de l’émission hebdomadaire de lutte a frappé tous les esprits de par son incongruité (préavis de 48 h) et par la façon pernicieuse dont il s’est déroulé. Quel téléspectateur n’a, en effet, pas été choqué de voir le même présentateur en l’espace de moins d’une semaine (Dimanche à Samedi) ressasser son expression favorite ’FI LA MBOUROU BI TANGUE’ dans chacun des deux média. Que dire du patron du groupe Futurs Média qui se signale, depuis l’obtention de sa fréquence télé, par des pratiques qui frisent vraiment le ridicule et l’absence totale d’éthique (mais devrait-on s’en étonner venant d’hommes d’affaires qui n’entrent dans ce milieu que pour se faire du pognon comme on dit).
Comment, en effet, concevoir que l’on puisse demander à quelqu’un de quitter une chaîne de télévision avec l’émission précédemment animée en conservant de surcroît le même titre. Les derniers exemples en date (Njeguemar et Lamb ji) ont dû émouvoir tous les téléspectateurs sénégalais avertis. L’on pourrait se poser la question de l’urgence à réguler ce secteur (par, par exemple, la conclusion d’un code déontologique entre les différents patrons de presse), sous la supervision du Cnra, sinon, le secteur continuera d’être une vraie jungle où les plus forts (ce que semble en tout cas démontrer aujourd’hui le groupe Futurs média) continueront de dicter leurs lois de déstabilisation sans savoir que l’on ne construit pas un groupe en détruisant ce que les autres ont construit en plus d’une décennie ou essayé tant bien que mal de construire (exemple du contentieux avec Zik Fm). Si le débauchage ne peut être interdit en soi, des règles élémentaires d’éthique devraient être respectées (respect d’un délai minimal de préavis, l’interdiction absolue d’utiliser les mêmes thèmes d’émission même si ces derniers ne sont pas, à tort, protégés au niveau du Bsda, le respect du secret professionnel …).
Le positionnement stratégique adopté par le groupe Walf Fadjri souffre, à notre avis, de plusieurs maux que l’on pourrait résumer en huit points principaux :
1. Absence d’un dispositif de défense des intérêts du groupe (à l’image d’une amicale du personnel ou d’un syndicat comme celui de la Rts) et d’un Directeur délégué qui servirait d’interlocuteur direct et au-delà de paravent (au Pdg) vis-à-vis aussi bien du personnel que des personnes externes qui veulent nuire au groupe (selon les termes même de son Pdg), 2. Plages très prépondérantes occupées par la musique à la télévision (il arrive même que des émissions très intéressantes comme ‘Fatwa’ soient écourtées de 10 à 15 mn avant le temps normalement imparti pour faire place à la musique en attendant l’heure du point d’information),
3. Trop grande liberté d’expression et de ton donnée aux présentateurs (Yékini disait, à juste titre, du présentateur de l’émission Lamb ji qu’il avait tendance à oublier que des téléspectateurs le regardaient quand il faisait ses envolées lyriques dont il pensait certainement que c’était apprécié des téléspectateurs),
4. Trop fréquents changements d’horaires des émissions, en particulier celles qui constituent les références phares de la chaîne (‘Ataya’ et ‘Sortie’) qui finissent par désabuser le téléspectateur,
5. Quasi absence de productions internes. Ce point est, il est vrai, commun à toutes les chaînes de télévision y compris à la Rts (qui dispose pourtant de moyens considérables). Sur toute la semaine et à l’heure considérée comme de grande écoute (après le journal télévisé), aucune des chaînes de télévision n’a jusqu’ici réussi à établir un programme intéressant, précis et standard (retenu par les téléspectateurs) couvrant toute la semaine (Walf n’en a que deux : ‘Diine ak jamono’ et ‘Ataya’ ; l’émission ‘Noko Dunde’ ayant été supprimé sans préavis et sans justification), Tfm ne faisant quasiment le soir que des rediffusions d’émissions (‘Wareef’, ‘Faram facce’…). Or, des idées d’émission ne manquent pas :
- des films qui ne heurtent pas les sensibilités des plus jeunes (films classiques de cinéma mais aussi films religieux sur la vie des prophètes par exemple…),
- des productions spécifiques portant sur des débats entre islamologues (sur des sujets précis qui suscitent aujourd’hui des contradictions entre les quatre Majahib (imam malick, imam shafii et autres) ou sur l’itinéraire de nos grandes figures religieuses pour les servir d’exemple à la population (Cheikhoul Khadim, El Hadj Malick Sy, Baye Niass, Cheikh al Khalifa Niasse, Mame Limamoulaye, El hadj Omar Tall…) auraient pu être imaginées en une séance hebdomadaire (mercredi ou vendredi soir par exemple avant ‘Ataya’). A ce sujet, il est important de souligner la tendance des patrons de chaîne à penser que seules les séries télévisuelles étrangères peuvent intéresser les sponsors. Or, une émission même religieuse bien imaginée et mise en scène peut intéresser ces sponsors en particulier si l’on met à profit le présentateur vedette dans le démarchage de la clientèle,
- une émission hebdomadaire sur des sujets de société avec des micro-trottoirs et l’intervention d’experts (sociologues, juristes, experts métiers …) ou sur l’actualité de la semaine diagnostiquée par des experts de chaque domaine concerné,
6) La ligne éditoriale du groupe (avec le choix d’être, semble-t-il, la télévision du peuple) en dénonçant les maux de la société peut engendrer quelque part une désaffection de la clientèle entreprise (celle-là qui donne la publicité). Les reportages sur des manifestations (brassards rouges) où certaines entreprises privées ou des entités de l’Etat sont brocardées, s’ils peuvent être salués, ont ceci de pernicieux qu’ils peuvent braquer les entreprises objet de ces quolibets (en particulier si le débat n’est pas contradictoire (avec le recueil de l’avis des responsables de l’entreprise concernée)). A ce propos, le fait de faire suivre au journal en français, le journal en wolof ne me paraît pas en soi une bonne idée en particulier, si les mêmes thèmes sont développés dans les deux versions. L’on pourrait comprendre cela, si le journal en wolof se concentrait sur ce qui se passe dans les régions et les villages du Sénégal (généralement des revendications sur le manque d’infrastructures, d’eau, de postes de santé …) tandis que le journal en français serait articulé autour de l’actualité officielle (politique, économique …),
7) L’absence de ressources financières suffisantes, conséquence du volume réduit des recettes publicitaires affectées au secteur audiovisuel qui, de surcroît, sont mal réparties (les plus agressifs en terme commercial accaparant l’essentiel). A ce niveau, le groupe Wal Fadjri a encore beaucoup d’efforts à faire :
- d’une part, il devrait se doter d’un vrai service commercial et marketing ou au besoin s’attacher les services de professionnels du secteur sous forme de contrat de prestations avec des commissions sur tout marché de publicité apporté,
- d’autre part, faire de ses agents (du moins les plus en vue comme Sa Ndiougou) de vrais Vrp (comme le fait du reste Boub’s au groupe Futurs média) pour les émissions qu’ils animent,
- Enfin, les tarifs publicitaires sembleraient, de l’avis de témoignages recueillis, assez élevés et mériteraient le cas échéant une modulation par rapport à ce que fait la concurrence,
8) Enfin, le sentiment d’appartenance (culture d’entreprise) qui a pendant longtemps fait le secret de la réussite du groupe (‘radio de la jeunesse’) doit être promu de nouveau avec beaucoup plus d’acuité. Il est vrai que les derniers contentieux dans lesquels le groupe s’est emmêlé (Bsda, Artp, Cnra…) ne constituent pas toujours une meilleure façon de développer ce sentiment face à la perception d’un ‘groupe de presse à problèmes’ que cela peut développer dans l’esprit du public. Concluons en disant qu’à propos d’un agent impliqué, Maurice Tévenet disait que, ‘on est impliqué dans la mesure où l’image que l’on se fait de son succès personnel passe par le succès de l’institution dans laquelle on est’.
Cheikh Mamadou LO, Expert financier Chmam07@yahoo.fr
Les Sénégalais ont-ils cessé d’être sur le droit chemin ?
Le Sénégal, notre cher pays, traverse une période délicate. La tension est vive dans ce contexte préélectoral.La violence verbale et physique a fini de s’installer. La peur habite les populations.L’inquiétude gagne les chancelleries. Les appels à la paix et à la sérénité fusent de partout. Le cœur du pays bat au rythme de la pré-campagne présidentielle. Une candidature retient tous les souffles. Elle divise la classe politique et la société civile. Il s’agit de celle du président sortant. D’un côté, les partisans du Président Wade rejettent la probabilité d’une candidature invalide de leur ‘champion’. D’un autre côté, on crie au scandale : violation de la Loi suprême. La participation du candidat investi des Fal 2012 à la présidentielle du 26 février serait une violation de la Constitution. Les adversaires du pouvoir avertissent et menaces.
La vieille démocratie sénégalaise grelotte. La pirogue sunugal tangue dangereusement en eaux troubles. Le peuple retient son souffle. Les partenaires au développement observent. Des amis de mon pays mènent discrètement leur médiation. Le Conseil constitutionnel retient l’attention de tous. Fers de lance de tous les combats démocratiques, quelques jeunes croupissent déjà en prison. Un autre jeune, feu Ndiaga Diouf (paix à son âme), laisse les siens dans l’émotion et la tristesse.
Sur un autre registre, la politique intérieure est perturbée par la situation en Casamance.L’armée nationale subit des pertes récurrentes dans ses rangs. Certains éléments sont pris en otage. Une donne presque nouvelle dans ce conflit qui n’a que trop duré.Une pensée pieuse aux soldats disparus.
A quelques jours du Grand Magal de Touba, il est important de rappeler cette belle assertion du vénéré Cheikh Ahmadou Bamba : ‘La paix est avec celui qui est sur le droit chemin.’ Je me pose la question de savoir si les Sénégalais ont cessé d’être sur le droit chemin. Le message de Khadimou Rassoul est intemporel et immuable.Régulateur social hors pair, le Fondateur de la Mouridiya a semé partout la paix. Il a cultivé cette paix dans le cœur et l’esprit de ses disciples.L’éducation spirituelle de Khadimou Rassoul repose essentiellement sur le respect de l’autre, l’amour du travail, l’éthique et la justice. Le vénéré guide religieux avait, durant toute sa vie, placé la tolérance au cœur des relations humaines. Mieux, il a toujours enseigné que le mot islam vient de la même racine arabe que le mot paix. Et le Coran réprouve la violence comme un événement anormal contraire à la volonté de Dieu.
Il est important de rappeler le message de Cheikh Ahmadou Bamba pendant cette période d’incertitudes. Nombreux sont ses talibés parmi ceux qui cherchent le pouvoir et ceux qui gouvernent. Avez-vous le droit, chers acteurs politiques, de mettre ce pays sens dessus dessous ? Le meilleur hommage que vous pouvez rendre aux pères fondateurs de cette belle et grande Nation, c’est de préserver jalousement leur héritage. Avant de le léguer intact aux nouvelles générations. Le retour aux valeurs sûres est devenu un impératif dans ce pays.
La violence ne mène nulle part et elle n’épargne personne. Qui veut la paix, cultive la paix. Je ne suis pas surpris lorsque des jeunes issus des familles Mbacké, Bousso et Fall créent un mouvement ‘Diame Gueune Aye’. Et appellent un confrère, en l’occurrence Samba Kara Ndiaye, pour présider ce mouvement afin de promouvoir la paix au Sénégal et dans le monde. Qu’Allah le Tout-Puissant, dans Sa Miséricorde, protège mon pays. Amine !
Maké DANGNOKHO, Journaliste- Ecrivain