radoter et manquer de suite dans les idées
avoir affaire à un vieux naïf qui radote et manque de suite dans les idées
24hchrono : Jeudi 11 Juin 2009
Le nouveau Karim Wade…
En dépit du coup de semonce des locales du 22 mars dernier, le fils du Président Wade a montré publiquement, depuis plusieurs semaines, qu’il n’a pas renoncé à ses ambitions présidentielles. Il essaie de se forger une nouvelle image dans les médias. De «simple» président d’agence, il est devenu ministre d’Etat gérant un portefeuille important, pour ne pas dire stratégique, et essaie de côtoyer le petit peuple de Dakar qui l’a défait aux dernières élections locales. Il essaie également de se rapprocher des opposants et tente une politique d’ouverture. Mais cette métamorphose a, pour l’instant, une faiblesse de taille qui persiste.
Karim Wade poursuit sa métamorphose. Dimanche dernier, il a rendu des visites de courtoisie à plusieurs opposants. Tout a démarré chez Jean Paul Dias vers 16 heures 30. Karim, accompagné uniquement de son chauffeur et de son conseiller en communication Cheikh Diallo, a discuté pendant plus d’une demi heure avec Dias en présence de son fils Barthélemy. L’ambiance était bon enfant. Dias a sorti les photos de famille et de souvenirs entre lui et Wade. Karim a indiqué qu’il était venu rendre visite à « tonton » (Dias) et à un « jeune frère » nommé Barthélemy. Ils ont ri à hauts éclats. Wade fils s’est ensuite rendu chez Amadou Moctar Mbow qui l’avait joint au téléphone pour lui présenter ses condoléances à l’occasion de la disparition de son épouse. Ensuite ce fut le tour de Moustapha Niasse qui a accueilli chez lui le ministre d’Etat. Puis en dernier lieu, Iba Der Thiam qui a fourni beaucoup de conseils politiques au leader de la Génération du concret. Celui-ci entend désormais s’inscrire dans une démarche d’humilité. « Pendant longtemps, nous avons souffert de notre enfermement. Nous avons manqué parfois de modestie et nous étions trop sûrs de nous. Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche d’ouverture », indique un des proches de Karim. Exit le super conseiller Hassan Bâ. Ce dernier ne figure plus dans le premier cercle de «Monsieur Wade » comme l’appellent ses proches. Exit également Baba Wone qui était surtout pour les religieux une sorte de porte-parole qui prenait souvent la parole au nom de Karim. Désormais, c’est lui-même qui gère ses communications avec, dans l’ombre, le même Cheikh Diallo, seul rescapé du groupe qui l’entourait. En coulisse, les derniers communicants qui restent au fils du président cherchent à lui tailler une nouvelle image d’un «homme proche du peuple».
Le Jean Collin du Pds
Pour autant, le talon d’Achille de Karim Wade reste cette image de superpuissant qui lui colle à la peau. D’homme qui défait des carrières et qui fabrique des parcours. Alors qu’il était «un simple» président d’agence, Rimka est aujourd’hui ministre d’Etat plein, un Premier ministre, le confondent certains. Il rappelle à bien des égards feu Jean Collin, l’immense ministre d’Etat aux temps des socialistes. Le gouvernement est taillé à sa mesure. Tous ses hommes sont restés. Et les rares qui ont été évincés sont revenus à la case départ. Le cas Awa Ndiaye est là patent. Elle est revenue au sein du pouvoir après quelques heures de frayeurs au purgatoire. Le dernier acte en date de cette main basse sur le pouvoir est la démission posée par le ministre Mamadou Abdoulaye Sow remplacé par un proche de Karim Wade, un nommé Abdoulaye Diop au moment où Rimka est presque en conflit ouvert avec le « vrai » Abdoulaye Diop. Le patron de l’immeuble Peytavin qui avait rué dans les brancards pour récupérer la substance de son ministère actuel. Mais la stratégie de Rimka vers la base (comme vers le sommet) bute sur un maillon essentiel : l’absence réelle du wolof châtié dans son discours. Nombreux étaient, en effet, les Sénégalais qui, vautrés dans un fauteuil devant leur petit écran ou présents dans un de ses rares meetings durant la campagne des locales, se sont marrés en entendant le leader de la Génération du Concret gazouiller maladroitement quelques timides expressions dans la langue de KOCC du genre « Fii, nioo ko moom !». Et malheureusement pour lui, il n’est jamais allé trop loin dans cet exercice linguistique. Karim va-t-il se décider enfin à se mettre à l’école du corps américain de la paix qui permet à un ressortissant du pays de Barack Obama qui foule au pied pour la première fois le sol de notre pays, et résolu à aller au contact de la base, au bout de trois mois d’apprentissage de nos langues nationales, à s’exprimer correctement dans celles-ci ? Un argument basique à la portée de ses adversaires et qui risque pourtant de faire mouche. En barrant sa route vers le… sommet. Les langues nationales ayant confiés à son poulain Kalidou Diallo depuis hier, il essayera d’apprendre «mbiimi» à défaut de «mane».
Sambou Biagui
Stratégie de Communication: Karim veut enfin percer le mystère
A l’arrivée, Karim Wade ne s’est pas fait prier pour revoir sa copie. Le fils du Chef de l’Etat, qui a fini par comprendre à travers les résultats des élections locales, le rejet par les sénégalais de sa personne, est plus que jamais décidé à …Changer pour se faire adopter par les siens. La «mue communicationnelle» constatée dans la nouvelle démarche du leader de la Génération du Concret, est la toute nouvelle trouvaille de son entourage, pour porter ce dernier vers le sommet.
La métamorphose de Karim Wade se passe de commentaires. Comme par enchantement le leader de la Génération du concret a complètement changé. La gifle retentissante des élections locales, est sans doute passée par là. Le malheureux candidat de la Coalition Sopi à la Mairie de Dakar, s’est finalement résolu à tirer les leçons de cette débâcle. Suite à la douche froide reçue le 22 mars dernier, traduit par certains comme un «rejet» du personnage de Karim Wade, ce dernier a vite compris que son adoption par les sénégalais, passait par le changement de sa politique et de sa stratégie de communication. L’image antipathique à laquelle renvoyait le patron de la GC, semble désormais appartenir au passé. Le Karim Wade conseiller du Président de la République avant sa nomination au sein du gouvernement, n’a absolument rien à voir avec le tout nouveau ministre de la République post-élections locales. Elle est révolue, la période où il se réfugiait derrière ses acolytes Cheikh Diallo, ou encore Baba Wone, pour communiquer avec les Sénégalais. D’aucuns ironisaient en disant que ces derniers étaient les «haut-parleurs» de Karim Wade, dont le silence bruyant avait fini par devenir un mystère aux yeux de ses concitoyens. Conscient que cette stratégie est plus que jamais vouée à l’échec après la punition du 22 mars, Karim n’avait plus d’autres choix que de communiquer au vrai sens du terme avec les sénégalais, pour tâter leurs pouls et mesurer sa côte auprès d’eux. Le résultat est tout autre. C’est un Karim ouvert, décontracté à la limite «free», qui parle à ses concitoyens, pris de court par ce brusque changement. Un Karim «comme on l’aime» diraient certains d’autant plus que la personnalité austère et introvertie, avait fini par constituer une barrière communicationnelle entre le fils du Président Wade et le peuple sénégalais. Ainsi, Karim Wade est-il d’ores et déjà décidé à percer le mystère qui se cache derrière son personnage, pour cette fois-ci, apprivoiser les sénégalais. Le jeu en vaut la chandelle, pour espérer continuer la marche vers le sommet.
Amadou Lamine Mbaye
24hchrono : Jeudi 11 Juin 2009
ME ASSANE DIOMA NDIAYE PDT DE L’ONDH SUR LA VICE- PRESIDENCE
Bien que votée successivement par l’Assemblée Nationale et le Sénat, la loi instaurant la vice-présidence au Sénégal laisse perplexe certains leaders d’opinions, en plus de la majorité des partis d’opposition, et de la société civile, entre autres. Ce sentiment est aussi partagé par l’Organisation Nationale de Droits de l’Homme. Car, selon son président Me Assane Dioma Ndiaye, une telle procédure n’a eu que pour résultat de mettre les citoyens et les acteurs de la vie politique, devant le fait accompli. D’autre part, l’ONDH tire la sonnette d’alarme sur les cas d’extrême violence au Sénégal.
Si dans un état de droit la mise en place d’une institution est de nature à renforcer une démocratie, l’instauration de la vice-présidence au Sénégal est, aux yeux de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme (ONDH), un moyen d’affaiblir cette même démocratie qui, il faut bien le dire, se dégrade de jour en jour dans notre pays. C’est pourquoi, Me Assane Dioma Ndiaye le président de l’Ondh affiche de sérieuses réserves contre la création du poste de vice-président. «De mon point de vue, l’instauration de la vice-présidence au Sénégal ne peut pas être domestiqué», a précisé Me Ndiaye selon qui, la démocratie est aujourd’hui une donnée universelle avec ses principes bien acquis. C’est d’ailleurs ce qui amène le président l’Ondh à dire «on ne peut plus inventer la démocratie au Sénégal». Et Me Ndiaye d’ajouter : «lorsqu’on nous dit qu’une vice-présidence est là pour des taches particulières, alors qu’elle ne peut pas suppléer le président de la République en cas d’absence, cela est difficilement acceptable. Il s’agit d’une vice-présidence circonstancielle, qui reflète symptomatiquement la pathologie de notre démocratie». Visiblement très étonné, il ajoute que «la création de cette nouvelle institution, vise simplement à régler une situation présente et déterminée, qui ne profite guère ni directement encore moins indirectement aux contribuables sénégalais». Dans cette même logique, Me Ndiaye regrette le fait que l’opinion des populations sénégalaises dans leur grande majorité, ne soit pas prise en compte dans le processus. «Il aurait fallu recueillir le consentement du plus grand nombre de sénégalais. Ce qui s’est passé n’est rien de plus qu’une rationalité stratégique et instrumentale, dans un but bien déterminé, celui de mettre les moyens pour atteindre les objectifs», a-t-il indiqué. Dans un tout autre registre, l’Ondh a tiré la sonnette d’alarme concernant les cas d’extrêmes violences enregistrées dans notre pays depuis quelque temps, avec des meurtres sauvages, viols, et autres actes de barbaries. Selon Me Assane Dioma Ndiaye, la faillite des institutions et la situation de crise, qui a fini de renforcer le phénomène de la pauvreté, sont les deux raisons de cette triste réalité.
Auteur: Gora KANE Correspondant
Seneweb.com : Vendredi 12 Juin 2009
FESMAN: ils n’ont toujours pas compris !
Les créatures du Président Wade commettent tous le même péché : ils croient avoir affaire à un vieux naïf qui radote et manque de suite dans les idées. Le Conseil ministériel sur le Fesman vient de leur infliger une cinglante humiliation. Si Gorgui ne donne pas toujours l’impression de savoir ce qu’il veut, il sait, assurément ce qu’il ne veut pas : un Fesman de têtes d’affiches. Il n’en a cure que Stevie Wonder soit présent si le peuple qui l’a élu en Mars 2000 ne tressaille pas aux tremolos du musicien Outre Atlantique. A la place de Danny Glover, il aimerait que le peuple soit à la fête avec les Baye Peuhl, Sa Neex et autres amuseurs du terroir.
- Un match de foot à mon festival ? De qui se moque-t-on ?
« Parsidan » veut entendre le chant païen du pays profond. Il veut s’assurer que soient entendus Yandé Codou et les tambours royaux du Sine, les ritis et danseurs de calebasse du Fouta, les percussions de la verte Casamance.
Que mes enfants et amis se rassurent… Mon allergie aux connivences ou compromissions demeure irréversible et ce n’est demain que je vais faire trempette dans la mare aux crocodiles.
La démarche claudicante du Fesman s’explique en trois points :
1) « Clanisation » du projet par un groupuscule d’intrigants plus soucieux de poires pour la soif que des enjeux et de la philosophie d’un festival que leur indigence intellectuelle assimile à une kermesse
2) Manque de crédibilité et d’expertise urbi et orbi des pilotes qui croient donner le change avec un carnet d’adresses internationales et des recommandations.
3) Mise à l’écart systématique de personnalités libellées « ingérables »ou hostiles au régime, de ceux ou celles dont la seule présence risque de mettre en évidence les limites et insuffisances des timoniers ; quand bien même la participation de ces personnalités serait utile au pays. C’est en mettant l’intérêt du Sénégal avant ses ressentiments personnels qu’un leader fait preuve de dépassement patriotique. Si Mr Wade, lui-même, avale parfois des couleuvres qui le répugnent, ses créatures devraient pouvoir dévorer des iguanes, sans état d’âme.
Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
A la lumière de ces trois points, il n’y a aucune déloyauté vis-à-vis du Président de la République à consulter, associer des écrivains dits de gauche, d’anciens ministres de culture. Chez ces occidentaux que nous imitons si mal, certains personnages, quelle que soit leur sensibilité politique du moment, demeurent incontournables chaque fois que l’exige l’intérêt supérieur de la nation. On le voit avec Jacques Lang en France, Hillary Clinton aux US, pour ne citer que ceux là.
Il devrait en être ainsi lorsqu’on songe à des hommes du sérail comme Moustapha Kâ, Makhily Gassama ayant laissé une marque indélébile dans les annales du département. Bien entendu les fats ne se plaisent que parmi les sots, contrairement aux gens intelligents qui recherchent toujours la compagnie de plus intelligents qu’eux. C’est chez les nains que survient la querelle de savoir lequel est le plus grand. Tant que les pileurs d’eau croiront moudre du grain, tout le monde sera éclaboussé, à commencer par Gorgui.
Amadou Gueye Ngom
Critique d’art
Florida
LE QUOTIDIEN :
Diversité linguistique et système scolaire : le temps d’agir est venu
Le Sénégal est un pays de diversités ethnoculturelle, linguistique et religieuse. C’est un truisme de le dire, le fait étant consigné dans la Constitution.
De l’Indépendance à ce jour, l’introduction des langues nationales dans le système scolaire n’a pas démarré et ne semble pas à l’ordre du jour.
D’ailleurs, il n’existe pas de véritable projet politique à ce sujet, toutes forces politiques confondues et tous présidents de la République confondus.
Apparemment, la question serait explosive et personne n’ose exprimer publiquement une réflexion quelque peu structurée à ce sujet.
Mêmes les citoyens et les organisations de la société civile semblent effrayés par l’évocation de la question.
Les «Assises» viennent de livrer leurs cogitations pour refonder le pays. Je n’ai pas connaissance qu’elles aient abordé la question. Si cela s’avérait exact, ce serait l’illustration la plus flagrante de l’immense consensus du silence qui entoure la question et l’enferme dans une véritable chape de béton.
Nous nous comportons comme des autruches face au danger : nous enfouissons la tête dans le sable.
A la vérité, il faut reconnaître que la question est extrêmement dangereuse si elle est abordée sans vision et sans précautions et compétences. D’où sa sensibilité.
Les gens ne semblent savoir par quel bout entreprendre le déminage du terrain que constituerait la jungle de la pluralité linguistique sénégalaise et en Afrique.
C’est cette impuissance née de l’ignorance et de la préférence dogmatique qui nous a installés dans la peur et l’immobilisme pendant prés d’un demi-siècle.
Le pluralisme linguistique est inscrit dans la durée.
Les communautés linguistiques, ethnoculturelles et religieuses ne convergeront pas de sitôt vers une communauté homogène. Elles ne s’exileront pas parce qu’il n y’a pas où aller. Elles devront coexister dans l’affrontement, la douleur ou l’harmonie.
Spéculer que le temps simplifiera la configuration linguistique dans le sens de l’unilinguisme est une erreur tragique. Attendre ce qui n’adviendra pas continuera de porter un préjudice immense à la politique éducative et culturelle du pays.
Comment se fait-il que des pays de diversités, presque partout en Afrique, continuent à se gérer comme des pays d’uniformité linguistique, sans succès d’ailleurs ?
Senghor disait que si l’on ne sait pas où l’on va, on doit revenir sur ces pas. Sans avoir besoin de perdre du temps et de l’énergie à revenir sur ses pas, il convient de changer radicalement de direction.
La conclusion coule de source : conserver le statu quo qui maintient les langues nationales hors du système éducatif, ce qui est contre productif à tous les points de vue, ou sortir de ce statu quo.
Il est obligatoire et urgent d’en sortir. On n’en sort que de deux façons : imposer une langue dans le système éducatif ou opter pour le pluralisme linguistique.
L’imposition d’une langue autre que le français comportant trop de dangers pour l’unité du pays dans le court comme dans le long terme, il convient de ne pas l’envisager.
Si cette voie était praticable, pourquoi n’a-t-elle pas été empruntée ?
On peut rétorquer que l’imposition n’a pas été tentée et qu’on peut essayer de l’entreprendre.
S’engager maintenant dans une telle aventure, pour tester l’hypothèse, aura raison du pays. Ce qui est le comble de l’absurdité et de l’aveuglement idéologique.
L’enfermement dans l’inactivité et dans l’impuissance vient de ce que l’approche de la question des langues nationales dans le système éducatif fut erronée de bout en bout.
D’abord, l’étude et l’introduction des langues nationales furent pensées en termes d’opposition au français comme unique langue d’enseignement.
Des esprits déterminés envisagèrent et menèrent le combat de la supplantation du français par une langue nationale, le wolof en l’occurrence. Bataille perdue à ce jour.
La vérité commande de reconnaître que les Français et l’Etat français ne furent pas les seuls adversaires de cette orientation chauvine. Car, les autres et tous autres n’acceptaient pas le remplacement d’une domination par une autre.
Ensuite, l’insertion des langues nationales fut pensée en termes de moyens et d’outils de renforcement de la maîtrise du français. C’est la concession faite par la France et la Francophonie face à l’énorme poussée des langues dites autochtones.
Cette orientation ne pouvait mener loin, parce qu’elle continue de tourner le dos à la question fondamentale et incontournable du statut des langues nationales comme langues d’enseignement.
Le monolinguisme (français en l’espèce) du système éducatif sénégalais a atteint ses limites. Il continuera de coûter trop cher, et le rapport coût-résultat n’ira qu’en se dégradant.
Est-il surprenant que malgré les 40% du budget national le système soit en crise, et ce depuis plus de trois décennies ? Le sauvetage de l’année scolaire n’y change rien.
Face à l’échec patent du monolinguisme, il ne reste que le pluralisme, pour faire entrer nos langues dans le système éducatif, améliorer la qualité et l’efficacité du système, rationaliser son financement et ses dépenses, amorcer la résolution de la crise générale dans laquelle l’Ecole est installée.
Cette option sortira la question du recours aux langues nationales comme langues d’enseignement des préoccupations politiques et idéologiques pour en faire une question technique, d’organisation et de moyens.
La question des moyens, quelle que soit son importance, est seconde par rapport aux orientations de fond qui découlent d’une volonté politique, lucide, informée et audacieuse.
Il reste la question technique et d’organisation.
Elle est à soumettre aux linguistes et aux pédagogues avant la validation par les instances politiques habilitées.
Bien sûr, le débat public est incontournable. Il sera d’autant plus productif et serein qu’il ne comportera plus d’enjeux hégémoniques ou de relégation de quelque langue que ce soit.
Le pluriel et le pluralisme commençant à partir de deux, pour avancer, il convient de distinguer le pluralisme de base qui concerne nos langues nationales du pluralisme général dans lequel la place du français sera définie.
De là, découle la proposition que je mets en débat.
S’agissant du pluralisme de base,
Retenons que deux langues nationales au moins seront enseignées obligatoirement dans tout notre système éducatif.
Décidons d’enseigner le wolof sur l’ensemble du territoire national.
Décidons qu’une autre langue, variable selon l’aire géographique, formera un package avec le wolof.
Il reste à faire un sort au français, dans le cadre du pluralisme général. La langue française fait partie de notre patrimoine historique, par delà l’imposition, les meurtres, les violences de toutes sortes, les humiliations, les douleurs, les blessures et les récriminations. Il y a des patrimoines que l’on ne peut pas ignorer, ni détruire. Celui-là en fait partie. Le français, cessant d’être langue d’enseignement unique comme aujourd’hui, continuera d’être enseigné à la suite d’un redéploiement pertinent.
Ce qui est préconisé ci-dessus ne posera aucun problème à la majorité des enfants sénégalais, y compris aux très jeunes locuteurs wolofs.
Les familles seront au cœur du pluralisme linguistique, par la transmission de la langue maternelle, la langue parlée à l’enfant à la maison, qui peut ne pas être celle(s) des parents. C’est au sein des familles que vont s’élaborer les premières stratégies du bilinguisme par le choix libre et souverain de chaque famille, que l’école complétera.
Les adultes éprouveront des difficultés psychologiques et affectives. De là, viendront peut-être des résistances ou des réticences, qu’il faudra accompagner.
Dans ma propre communauté ethnolinguistique comme dans les autres, les ultras me reprocheront ma proposition que le wolof soit enseigné obligatoirement partout au Sénégal.
Je comprends ce reproche. J’ai pris le risque et la responsabilité de faire s’entrechoquer pacifiquement les sentiments, les passions, les préjugés et les savoirs pertinents qui font autorité, pour le triomphe en dernier ressort de la raison et de l’intérêt de l’ensemble des Sénégalais.
On ne peut pas faire moins pour le wolof si l’on veut introduire les langues dans notre système d’enseignement, étant entendu que l’on ne peut pas faire plus.
Sans cette décision, acceptée par tous les Sénégalais, nos langues n’entreront pas dans notre système éducatif dans un temps raisonnablement prévisible.
La condition d’une telle acceptabilité se trouve dans la proposition d’enseigner obligatoirement à chaque Sénégalais entré dans le système scolaire deux langues nationales, dont le wolof.
L’apprentissage de et dans deux langues nationales sera une véritable révolution mentale et comportementale qui bouleversera la conception jusque-là mise en œuvre de l’édification de l’Etat et de la Nation.
Comme le savent tous les spécialistes en la matière, les avantages d’un bilinguisme (trilinguisme) bien conduit sont supérieurs à ceux du monolinguisme. Ce n’est pas ici le lieu de développer en détails ces avantages.
Cependant, on retiendra que le plurilinguisme renforcera la connaissance mutuelle des Sénégalais. S’il y a connaissance mutuelle, il y aura renforcement du respect mutuel et de l’unité nationale. Donc, tout le monde gagne parce que le pays gagne, sans que la francophonie en pâtisse, au contraire.
En 2010 le Sénégal fêtera le cinquantenaire de son indépendance. Au cours de cette période, des avancées importantes ont été faites dans les domaines culturels et artistiques. Des tentatives en alphabétisation ont été déroulées.
Cependant, tout le monde comprend que nous continuons de vivre sous l’empire et l’emprise de l’oralité.
Ne convient-il pas de faire entrer les arts et les cultures de ceux qui ne s’expriment pas en français ou en arabe dans l’ère de l’écriture et, de la sorte, révéler un immense potentiel de talents et de créations dans l’ensemble des composantes du pays ?
Avec les Présidents Senghor et Diouf, les langues nationales sont restées hors du système éducatif.
Voilà bientôt dix ans que nous sommes avec le Président Wade. Il n’a pas, lui non plus, fait entrer nos langues dans le système éducatif. Ne risque-t-il pas, quelle que soit la durée de sa présence à la tête de l’Etat, de partir sans régler cette question cruciale pour notre présent et notre avenir ?
C’est à croire qu’une malédiction certaine pèse sur le pays et sur les leaders nationaux parmi les plus éminents et les plus illustres.
Le recours aux langues du pays dans l’enseignement est une question très complexe sans doute. Ce chantier durera des décennies, à condition de l’entamer avec hardiesse et sans tard, en prenant les bonnes décisions.
Les pays qui avancent et conquièrent leur futur, sans négliger leur présent, sont ceux qui pensent et mettent en perspective les complexités.
Sans perspective, il n’y a pas de durabilité dynamique dans le développement socio économique et culturel, ce qui rend difficile par ailleurs les ajustements conjoncturels ou structurels.
Le temps est venu de débattre et d’introduire nos langues dans l’enseignement, non pas comme des curiosités, mais bien comme des outils, des moyens et des contenants d’éducation et d’apprentissage.
Le succès en la matière inspirera les différents Etats africains et facilitera les intégrations sous-régionales. Ces intégrations réussies mèneront plus facilement vers l’union africaine.
Nous avons donc rendez-vous avec l’histoire et le panafricanisme.
Prenons garde cependant de ruser avec le destin du pays, par l’acceptation du principe du trilinguisme pour ensuite, prétendument pour des raisons de moyens et de calendrier, instaurer un monolinguisme de base. Ce serait la voie d’une tragédie certaine et redoutable.
Samba Diouldé THIAM - Secrétaire général du Parti de la Renaissance et de la citoyenneté (Prc) - Député à l’Assemblée nationale du Sénégal / ddjuulde@yahoo.fr