Le retour d’Idy au Pds ou le second souffle d
Le retour d’Idy au Pds ou le second souffle de l’Alternance.
Le retour tant attendu d’Idrissa Seck au Pds, diversement prophétisé par les devins de la politique, constamment revendiqué par lui-même, est enfin arrivé. Mais il intervient dans un climat marqué par la récente débâcle électorale du régime libéral, du reste inscrite dans la dispersion des forces du parti, d’une part, et par l’impérieuse nécessité d’adopter les mesures idoines pour inverser la tendance actuelle au dépérissement du parti, d’autre part.
Les déclarations triomphantes de l’opposition, et les explications embarrassées du pouvoir, renseignent sur la complexité des résultats des élections locales du 22 mars 2009 qui ont servi de repoussoir au boycott des élections législatives du 3 juin 2007, que ses initiateurs ont expliqué par le flou qui a entouré le processus électoral jusqu’à l’élection, un peu trop facile, du président Wade au premier tour trois mois auparavant (25 février 2007). Plus important encore, ces résultats semblent donner raison à ces ‘mauvais perdants’ avec la forte érosion de la majorité, réelle ou supposée, dont s’est prévalu jusqu’ici le régime de l’alternance, malgré la faiblesse du taux de participation (34,7 %) qui était censé épouser, mutatis mutandis, les mêmes contours que celui enregistré lors la présidentielle (55,90 %) de la même année.
En effet, pour belle que fût l’Alternance, elle est à peine intervenue que les divisions ont commencé à sourdre au sein du pouvoir avec l’affaire des chantiers de Thiès. Celles-ci se sont exacerbées avec la multitude de voix qui se sont élevées pour protester, par malice ou par épreuve, contre les pratiques du régime, tantôt attribuées aux faucons, tantôt au président de la République lui-même, avant de connaître leur paroxysme avec le départ de Macky et la marginalisation de quelques gros pontes du Pds emportés par la vague des purges.
En vérité, l’Alternance n’a pas su apporter une réponse satisfaisante aux attentes de ses nombreux sympathisants qui espéraient voir des mesures concrètes face à la pressante demande sociale, encore moins à celles des militants de la première heure qui se sont vu ravir la vedette par des transhumants pris de vertige par la défaite du 19 mars 2000, s’abritant derrière des formules creuses pour justifier leur nouvelle religion.
Ni la démocratie interne au Pds, ni le renforcement des acquis démocratiques qui l’ont porté au pouvoir, n’ont réellement focalisé l’attention du pouvoir de l’Alternance. Au contraire, les querelles intestines et les règlements de comptes ont installé un climat d’intolérance envahissante, sans que ne s’instaure au sein du parti un débat suffisamment contradictoire pour réfréner les ardeurs et remettre les pendules à l’heure.
Ironie du sort, on s’attache à rabâcher sans relâche la théorie controversée de l’existence d’une seule constante au milieu de plusieurs variables taillables et corvéables à souhait. Et cette misère de la pensée a ouvert la voie à tous les excès, jusqu’à ce que le peuple, ayant perdu toutes ses illusions, se décide enfin de tirer la sonnette d’alarme, en redonnant une partie du pouvoir à ceux qu’il avait choisi de sanctionner le 19 mars 2000, pour fait d’arrogance et de non prise en compte de ses desiderata.
Dans un tel contexte, comment ne pas gloser sur l’asymétrie entre les récentes mesures prises par le chef de l’Etat pour remercier certains de ses conseillers et proches collaborateurs plombés par la défaite, et la tolérance jusqu’ici manifestée envers les membres de la Cap 21, et les divers autres souteneurs du régime dont la cooptation ne s’explique que par le souci de jeter le trouble dans l’opposition ? Inversement, ils ont tous butiné pour la même ruche dans leur quête commune de maroquins.
Pire encore, ces ‘républicains de la vingt-cinquième heure’, connus pour leur promptitude à jouer les médiateurs dans d’autres circonstances, se sont distingués par leur propension à se réfugier dans un mutisme injustifiable, chaque fois que le vent de la discorde a soufflé dans le camp du partenaire. Et comme pour forcer le trait, ils ont invariablement choisi de se ranger du côté du chef de l’Etat sans se soucier le moins du monde, ni de la cohésion au sein du Pds, ni des répercussions qu’une telle situation allait inéluctablement avoir sur la marche du pays. Ils assisteront impuissants à des choses qu’ils ont publiquement condamnées hier, sans jamais pouvoir piper mot aujourd’hui.
La stratégie d’évitement qu’adoptent certains caciques du parti lorsqu’on leur demande leur avis sur le retour d’Idy au Pds, en soulignant à l’envi que plus jamais de règne sans partage après Wade, cache mal l’angoisse de ses concepteurs qui ont longtemps préféré verser dans la critique facile en parlant de la paille dans l’œil du voisin (l’opposition), mais pas de la poutre dans le leur (le Pds). Après tout, c’est normal que le fils resté à la maison s’exaspère du retour de l’enfant prodigue !
Cette répulsion naturelle devant la perspective d’une redistribution des cartes permet d’aborder le second axe de ma réflexion, portant sur les mesures à prendre pour rassembler la famille libérale et sauver l’Alternance, en refondant le Pds par la formulation de propositions novatrices, dans le double sens de réponses concrètes aux préoccupations majeures des Sénégalais et de la restructuration et de l’animation du parti. Dans ce schéma, tous les enfants du Pds tombés en disgrâce devront retrouver la place qui est la leur, tout comme il faudra faire place aux nouveaux arrivants, pourvu simplement que l’on sache que les derniers venus ne peuvent pas être les premiers servis.
En outre, dans la situation actuelle, le Pds a besoin d’un leader, ce qui n’écarte pas l’émergence en son sein d’une cohorte de dirigeants capables d’offrir des alternatives salutaires. Mais, soutenir avec force que, désormais, le parti devra être dirigé sur le modèle de la collégialité, c’est aborder la question par le petit bout de la lorgnette. C’est vrai qu’un leader doit être assez consensuel pour travailler avec tous, mais c’est connu que l’autorité s’accommode mal du partage, surtout dans cette étape de la dernière chance.
Toutefois, loin de faire le vide autour de lui, le bon leader devra valoriser les hommes et femmes qui l’entourent, par une démarche patiente et perméable à tous les points de vue, sans regarder dans le rétroviseur. Idrissa Seck peut parfaitement jouer ce rôle, sous la supervision de Wade qui n’aura plus comme ambition que la préservation de l’héritage qu’il aura légué à la postérité. Il lui suffira seulement de faire montre d’une personnalité assez solide pour ne pas prendre ombrage de ses amis politiques, dont certains sont à démarcher pour leur retour au sérail, et assez forte pour inspirer confiance à ses compatriotes.
Le retour d’Idy, l’homme à la base régionale et la base nationale la plus forte, au sein de la famille libérale et au-delà, peut, si les mesures ci-dessus indiquées sont appliquées, donner à l’Alternance son second souffle et, au pays, la chance de se mettre ‘en route vers le sommet’, sur fond d’un battement régulier de la pendule démocratique au mouvement duquel personne ne doit toucher. C’est cela le sens que doivent revêtir les retrouvailles ! C’est l’intérêt bien compris du Pds aussi !
Papa Mandialbère MBOUP Traducteur-Interprète