La cohésion et l’unité la plus large
I- La tragédie du Joola et le mal sénégalais
Voici que l’improbable et l’inacceptable se sont produits. Le Joola dans les abysses devenu le tombeau. Souffrance. Cette catastrophe maritime est sans précédent en Afrique. La cinquième de toute l’histoire mondiale. La tragédie que vit notre pays n’est pas de l’ordre du discours, du nommable. Ni même de l’immédiatement pensable. Le poète sait bien la difficulté du dire ; de déprendre le mot de la concurrence des choses ; que les grands maux sont au-delà des mots.
Mille morts, d’un seul coup ; mille : chiffre tellement inouï qu’il en de¬vient abstrait. Mille vies de souffrances de labeur et d’espérance soudain vouées au vagissement du néant, brusquement figées dans l’insondable mystère de l’Eternité. Et toute une Nation frappée d’hébétude, d’incrédulité; travaillée par une houle d’émotion extraordinairement dense, plongée dans une souffrance ineffable. A mon tour de m’incliner profondément, douloureusement, devant nos morts. En silence. Comme tous mes compatriotes. Car il est rare, dans des circonstances aussi graves, que la parole puisse mieux faire que le silence. Qui peut, sans vaciller, discerner la nitescence des faits à travers la brouille des enfers ?
Pourtant, il faut résister à la tentation du silence et faire face à l’interpellation de ces naufragés de l’espérance : nos frères. Il faudrait que la mort de nos morts «sans sépulture», ayant pour seul linceul la vastitude liquide, ne soit pas vaine si nous ne voulons pas les tuer une seconde fois : irrémédiablement et sans alibi, cette fois-ci. Si la vallée ne manque jamais d’eau, le faîte de la montagne s’assèche rapidement. Ne laissons pas nos morts «être en proie aux vivants» comme le disait Sartre.
Aussi, je hasarde le ruissellement de ma propre énonciation, (nécessairement claudicante) à partir du promontoire qui est le mien - celui du ver¬¬be. Pas celui inane et stérile - je l’ose espérer - mais celui qui essaie de lier chaque mot pour éviter qu’il s’enfonce dans les intervalles qui séparent, en apparence, les idées. Le verbe sauve l’individualité du mot par la signification globale de la phrase ; en le disant, je ne fais que réitérer Maître Eckhart.
Je vais essayer la sinuosité d’un chemin périlleux, -«là où croit le danger, croît aussi ce qui sauve», dit Hölderlin- suite aux propos intéressants de mon cadet El Hadj Kassé et de mon aîné Babacar Touré. Et pas d’eux seuls, seulement, mais de beaucoup de Sénégalais, toutes situations confondues, à commencer par le premier d’entre eux.
La tragédie du Joola est un raccourci saisissant de toutes les contradictions, de toutes les béances, de tou¬tes les lâchetés, de toutes les du¬plicités, de toutes les hypocrisies, de toutes les incivilités, de toutes les turpitudes, de toutes les concussions. Au bout de toutes ces contradictions, béances, lâchetés, duplicités, hypocrisies, incivilités, turpides, concussions, il y avait en puissance le Joola ; il y a toujours en gestation d’autres Joola, puisque «le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde».
Oui, hélas, cette tragédie est grosse de tous les orages, de tous les paradoxes et de tous les renoncements qui travaillent ce pays et qui, si l’on y prend garde, risquent de déboucher sur des situations inédites et explosives. Point n’est besoin d’être grand clerc pour deviner des fureurs contenues, des consciences en situation quasi-insurrectionnelle, dont on peut lire les signes à travers quelques réactions suscitées par l’abomination dans laquelle nous sommes plongés. On s’émeut, à juste titre, de la situation en Côte d’Ivoire, en feignant d’oublier que le Sénégal n’est pas à l’abri d‘une ivoirisation meurtrière. Un Sénégal où tout est suspendu en une dangereuse accalmie, de celle qui précède les grandes bourrasques.
Qui est responsable ? Qui est coupable ? Aucune considération, aucune manœuvre dilatoire ne doit empêcher que ces questions trouvent des réponses détaillées et véridiques. En reconnaissant la responsabilité de l’Etat, le président de la République a, incontestablement, posé un geste courageux, qu’il faudra saluer. Il reste à aller maintenant au-delà du sacrifice de deux ministres à l’autel de la raison d’Etat. Les responsabilités doivent être situées avec rigueur et les sanctions qui en découlent prises sans faiblesse coupable.
Essai de diagnostic : Le Sénégal est malade de ses élites, de ses leaders, de ses intellectuels, et, au premier chef, de sa classe politique coupable d’avoir fait son lit de l’exploitation obscène des mauvais instincts du peuple -taxé aujourd’hui d’incivisme- par une surenchère populiste et électoraliste. Peuple ? Il serait plus exact de parler de «foule criarde si étonnement passée à côté de son mouvement ( ) à côté de son cri ( ) si étrangement bavarde et muette».
Pour ma part, je tiens les Séné¬galais, je nous tiens comme responsables «du mal sénégalais» ; ce mal qui a rendu possible l’improbable et l’impensable. Je dis sans équivoque, ni vaine métaphore, que les Sénégalais constituent le principal problème du Sénégal. Je dis : «Les Sénégalais» pouraller vite, non pas dans une volonté de massification indivise, encore moins dans une hâtive et abusive généralisation, puisqu’il est difficile de demander à l’excellence de se manifester quand sa voix est noyée dans la clameur ; quand elle est tenue en laisse par une médiocrité gluante, reptilienne, prédatrice, lépreuse, intellectuellement trépanée, bruyante, hautaine, dangereusement habile «à découvrir le point de désencastration, de fuite, d’esquive» ; à habiller son inaptitude radicale d’aphorismes frauduleux et frelatés. Il est imprudent d’oublier que si les belles phrases peuvent avoir l’éclat du verre, elles en ont aussi la fragilité.
Je tiens donc, disais-je, les Séné¬galais pour responsables de la tragédie du Joola, car ils sont joueurs puis¬que toujours en représentation, «ils jouent à» être patriotes, pieux, honnêtes, penseurs, politiques, travailleurs, intelligents etc., en florentins impénitents. Ils sont plus attentifs à leurs petits calculs, leurs petites mesquineries, leurs petites manœuvres, leurs petites combines,- au bout desquels, il y a Le Joola - noyés qu’ils sont dans leur égotisme surdimensionné, névrotique. Le destin de la Nation ne hante pas leur nuit - il suffit de dire que c’est la faute à l’Etat - tout préoccupés qu’ils sont par des logiques de salut individuel.
Personne n’est dupe, mais tout le monde fait semblant. L’important, et nous y sommes passés maîtres, est de contrôler notre image publique, spécialistes que nous sommes du grand écart, au risque de la déchirure musculaire, entre le propos public mensonger et les maladroites vérités de la rue. Ce jeu spéculaire gangrène le pays pis que la pire des plaies d’Egypte. Si nous avions les qualités que nous excipons ostensiblement, à tout bout de champ, précisément parce que nous en sommes structurellement dépourvus, notre pays serait aujourd’hui «à la droite du Père» dans le concert des Nations.
Non, nous ne sommes pas si beaux que ça, si solidaires que ça, si travailleurs que ça, si fraternels que ça, si patriotes que ça, si pieux que ça ; même les libres-penseurs ont de singuliers oublis. Devant une telle misère, je me surprends, dans des mo¬ments de lassitude et de découragement, à comprendre l’incompréhensible, l’injustifiable : L’Eglise devant «l’hérésie albigeoise» : «Tuez-les tous ; Dieu reconnaîtra les siens» ! Je me prends aussi à rêver d’une révocation provisoire de la démocratie (les joueurs vont hurler) et d’une parenthèse despotique (évidemment éclairée !) qui mettrait tout le monde au travail.
Oui, je l’avoue, en disant tout de suite que je ne souhaite réellement ni un massacre sacré, ni l’instauration du despotisme, fut-il éclairé ! Il me fallait cependant crier ma révolte jusqu’à l’excès, tant je suis dérouté, désemparé par les pratiques que j‘observe et qui jurent avec les intentions proclamées. Il y a une urgence éthique dans ce pays. Le Sénégal a honte de ses fils qui eux-mêmes sont honteux, y compris les spécialistes de l’esquive et du désencrastage. J’ai l’intime conviction que ce Sénégalais-là est quelque chose à surmonter ; que rien n’est possible avec ce Sénégalais-là ; toutes les chances de notre pays demeurent intactes si un Sénégalais nouveau advenait à partir de la récusation et de la mort du «vieil homme».
La tragédie qui nous frappe et nous terrifie pose le problème du rapport que nous avons avec nous-mêmes ; elle porte en elle-même les germes de son propre dépassement si nous sommes attentifs au signe ; je ne dis pas symbole : les symboles ne signifient qu’à partir de leur lieu d’interprétation, c’est-à-dire ce dont justement ils sont signe et les circonstances disqualifient d’avance toute ténébreuse herméneutique.
Dans la tourmente qui serre nos cœurs et révolte nos esprits, dans cette apocalypse négative, nous pouvons poser, et mettre au risque de la pensée, quelques constats desquels découlent quelques pistes à affronter à la fermeté de la volonté et à la rigueur de la rationalité.
Notre pays a une occasion unique de fortifier, de vivifier la Nation, si nous travaillons à créer les conditions d’un consensus minimal, mais fort, mais vigoureux autour d’une idée simple que voici : l’édification et la construction d’une communauté de destin et la volonté de développer notre pays supposent notre capacité à surmonter nos clivages partisans, idéologiques, politiciens. Nous en avons aujourd’hui l’opportunité : c’est dans l’épreuve que se sont construites les grandes Nations. J’en appelle à une union sacrée : le Sénégal le vaut bien.
Notre pays peut aujourd’hui rassembler ce qui est épars et recoudre de part en part et de toute part ces innombrables déchirures en montrant dans les faits et les gestes qu’il va poser que la Casamance fait partie de notre République une et indivisible ; en faisant justement de la solution du problème casamançais une sur-priorité nationale : la Casamance, solidement arrimée à la République, fera venir à résipiscence les irrédentismes archaïques et criminels. La tragédie du Joola n’est pas un problème casamançais, mais sénégalais dont nous sommes tous comptables.
Nous pouvons, si nous le voulons, amorcer un processus irréversible d’érection d’une citoyenneté éclairée, agissante, responsable, solidaire toujours parce que fraternelle. Je tiens la démocratie comme un simulacre tant et aussi longtemps qu’elle n’est pas adossée à la citoyenneté, base irréductible de tout développement durale. Or, il y a une urgence citoyenne dans ce pays encore dominé par la figure de l’individu : la mutation de l’individu en citoyen est plus problématique qu’assertorique.
Nous pouvons, et j’interpelle ceux qui nous gouvernent, restaurer l’autorité de l’Etat, la force de la Ré¬publique qui sera d’opérette tant et aussi longtemps que ses lois sont bafouées. Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère, avait averti Rousseau.
Nous pouvons changer notre rapport à la politique par l’invention de nouvelles approches, l’avènement d’un nouvel imaginaire et d’une nouvelle utopie adossée au contexte historique. Or, nos pratiques politiques, dans un contexte international «postmoderne» sont archaïques, médiévales.
Nous pouvons, si nous le voulons, être solidaires d’une solidarité à la fois verticale et horizontale. Or, la solidarité nationale est plus aujourd’hui dans la gesticulation que dans l’effectivité.
Enfin, et découlant de ce qui est dit supra, nous pouvons sortir de l’ambiguïté culturelle (juxtaposition -et non symbiose- de l’Occident et de l’Afri¬que : nous sommes tantôt Occiden¬taux, tantôt Africains au gré de nos intérêts particuliers), c’est-à-dire de cette sorte de «substantification» des attitudes ; pour une culture authentique, enracinée et ouverte, dynamique ; celle-là même que Malraux définit «comme l’ensemble des forces qui luttent contre la mort». Or, nous sommes entre deux eaux, semblables à l’hyène qui veut naviguer sur deux pirogues à la fois.
La réalisation de toutes ces opportunités suppose une réelle volonté politique, sans velléité ni versatilité. J’aimerais que le Premier magistrat de ce pays nous parlât «des larmes, du travail et de la sueur» ; de la nécessité de «se ceindre les reins comme un vaillant homme» ; que les hommes politiques arrêtassent de se livrer à des jeux politiciens ; qu’ils se donnassent en modèles, car ce pays crie qu’il a faim, car ce pays crie qu’il a soif : ce pays est exténué par trop de fatigues accumulées.
La cohésion et l’unité la plus large de Benno pour 2012, sont une exigence populaire.
Au regard des peines et autres souffrances endurées actuellement par le peuple sénégalais, sous Abdoulaye Wade, tous les patriotes, les simples citoyens conscients de leurs responsabilités, en un mot, toutes les forces vives de notre pays, devraient tout faire, pour mettre fin en 2012, à cette gouvernance hideuse du régime libéral. Toute autre démarche de qui que ce soit, allant dans le sens contraire, participerait consciemment ou inconsciemment au maintien du régime de Wade et par ricochet, des peines et souffrances de notre peuple. Patriotiquement, tout citoyen qui aime ce pays aujourd’hui, devrait bien se garder de prendre part à une action ou d’assumer une part de responsabilité quelconque, devant l’histoire et le peuple sénégalais, menant au maintien du pouvoir de Wade.
Ceci étant, nous ne devons pas oublier le travail colossal accompli par les Assises nationales, dans le but justement, d’une sortie heureuse, de cette crise profonde dans laquelle notre pays est plongé depuis longtemps, mais de manière plus accrue, depuis bientôt 12 ans. Les Assise nationales appellent non seulement, à un large rassemblement, mais aussi, à l’unité et la cohésion des forces vives de notre pays, pour qu’elles prennent en charge et traduisent en acte concret, ses conclusions et sa Charte nationale. Autrement dit, elles nous invitent à nous retrouver autour de l’essentiel, c’est-à- dire de l’intérêt supérieur du pays tout entier, en une équipe apte, cohérente et soudée. Si le vœu ardent à tous les patriotes, comme nous nous considérons, c’est seulement le Sénégal avant tout, nous devrions alors pouvoir subordonner, nos petites personnes et nos intérêts égoïstes au seul profit de ce pays.
Le peuple sénégalais qui n’en peut plus de supporter davantage ses souffrances lui sont imposées, s’impatiente à juste raison et attend au tournant de 2012, des solutions radicales, concrètes et pragmatiques des acteurs politiques, toutes tendances confondues, dans un Benno fort, parce que uni en un bloc compact, sous l’égide de la Charte nationale et des Conclusions des Assises nationales. Ce Benno, qui porte pour l’instant sur ses épaules, l’espoir d’une partie importante de notre peuple, n’a, sous aucun prétexte, le droit de décevoir cette attente fort légitime. Cette responsabilité, incombe aussi bien les partis politiques, la société civile que les personnalités indépendantes associées à cette œuvre de salubrité ou de purification nationale. Ce devrait être, un honneur suffisant, pour chacune des parties prises individuellement, d’avoir eu à participer en tant que patriote et citoyen, à la libération de son pays et son peuple pris en otage, par un régime incompétent et prédateur.
Le 26 Février 2012,-si toutefois l’élection présidentielle se tenait- devra être un autre tournant historique de notre pays, en ce sens, qu’il fermera définitivement, une triste parenthèse d’un accident de l’histoire de notre pays. En tirant les leçons de cette triste épisode de la marche de notre pays sous Me Wade, nous devrions logiquement dire, plus jamais ça ! Mais pas seulement, en le déclarant haut et fort. Nous devons dorénavant, par des actes et mesures concrètes, exclure de la gestion de notre, le régime présidentiel sous toutes ses formes, car il n’enfante que des monstres du genre Abdoulaye Wade. Ils se prennent après pour des roitelets dictateurs, des monarchistes pour finir en impotents. Tous ceux qui prônent ce type de régime présidentiel, ne rêvent que de détenir seul, tous les pouvoirs de la République entre leurs mains, pour ensuite nous imposer leur volonté, comme étant, soi-disant, le seul, qui soit élu par le suffrage universel donc, a, tous les droits sur nous, peuple souverain. C’est fort de cela que les Assises nationales ont bien suggéré la refondation de toutes nos institutions et une rupture fondamentale avec les pratiques des régimes passés. Cette innovation marquera un nouveau départ vers la renaissance d’un Sénégal nouveau et d’un autre type de citoyen à part entière, qui se conformera au respect des règles de la République.
Le pouvoir personnel, qui était hier une obsession d’Abdoulaye Wade et, aujourd’hui, celle d’Idrissa Seck, est un signe avant-coureur évident, qui ne trompe pas. Cette obsession de l’accès au pouvoir à tout prix, désigne les contours des dictateurs rampants ou potentiels, qui promettent monts et merveilles, rien que pour s’installer au pouvoir. Et après nous dire : « Ma waxon Waxeet » ou bien «les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». L’exemple de Me Wade est aujourd’hui assez édifiant pour nous mettre en garde dorénavant, contre ces prétendus messies, avec leurs « solutions toutes faites ou clés en mains à tout faire ».
La solution de rupture, bien aux antipodes du pouvoir personnel, c’est celle de la séparation des pouvoirs, de leur indépendance, de leur rationalité et de sa gestion par une équipe compétente. Le tout, fondé sur les bases et règles à tous égards, d’une république non virtuelle, avec bien évidemment, de l’éthique irréprochable à tous les niveaux. Et ce sont-là les voies et moyens prônés par les Assises nationales et que l’équipe de Benno, entend et s’engage à appliquer sous l’œil bien veillant des citoyens libres et de tous les acteurs, parties prenantes de la victoire des forces vives et de progrès de notre pays. Autrement dit, il ne sera plus question de laisser un pouvoir quel qu’il soit, faire ce que bon lui semble sans aucun contrôle en amont et en aval.
Et la naissance du M23, vient renforcer les prémisses de Benno Siggil Senegaal et élargir davantage les bases d’un large rassemblement tant souhaitées par les conclusions des Assises nationales. Ce mouvement né spontanément d’une volonté populaire sans précédent, engendrée par un ras-le-bol généralisé d’un peuple meurtri, est un élément essentiel capital, dans les perspectives de l’échéance 2012 et la mise à mort du régime libéral. Voilà pourquoi, la jonction de toutes les forces vives opposées au régime de Wade, qui partagent la ferme volonté de sauver notre pays, des dérives incessantes du régime libéral, devrait se faire nécessairement sans tarder, et sur les seules bases de l’intérêt général de notre peuple. Ce qui nécessite bien évidemment, une organisation bien structurée, avec une direction souple et fonctionnelle, afin de s’attaquer dans les meilleurs délais, aux urgences de l’heure, face à 2012. Vu son ampleur, l’engagement et la vigueur de sa composante jeunesse, le dynamisme et la présence massive de celle féminine et sa présence effective sur l’étendue du territoire national, il ne devrait poser aucun problème, d’actionner l’ensemble des leviers de toutes les structures, mises en place, le moment venu.
Si nous sommes tous d’accord et convaincus qu’il n’existe en ce moment que deux camps, à savoir celui du pouvoir et de tous ses affidés et de l’autre, celui du M23, qui regroupe tous les patriotes, citoyens libres et conscients opposés à la mal gouvernance du régime en place. Pour vaincre le monstre en place, nous sommes condamnés à unir nos forces respectives et de serrer parfaitement bien nos rangs, pour éviter absolument la division en notre sein. La seule arme fatale que Me Wade est susceptible d’utiliser contre nous, pour nous empêcher de le bouter dehors avec tout son camp, le 26 Février 2012 au soir, c’est celle de la division en utilisant des taupes ou éléments étrangers à nous, pour nous déstabiliser. Par conséquent vigilance à tous les niveaux pour faire échec à toutes les tentatives.
Le chemin est ainsi bien tracé pour nous. Unis, nous vaincrons le monstre ! Mais si jamais le syndrome de la division est encore parmi, nous compromettons alors, toutes nos chances d’une victoire à portée de nous. Ainsi, chacun de nous individuellement pris, est mis devant ses responsabilités et devant l’histoire aussi. Nous souhaitons vivement, que cette opportunité qui nous est offerte et les atouts majeurs dont nous disposons aujourd’hui, ne soient pas perdus de vu par tous les acteurs politiques, sociaux, économiques, culturels, etc., de notre camp, ainsi que des populations meurtries. Cette prise de conscience-là est aussi à mon avis nécessaire.
Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com
Abdoulaye, esclave de Dieu et Ablaye, fléau de Dieu, le tout puissant nous éprouve-t-il ?
Fa inna maal ousri, ousra,
Fa inna maal ousri ousra
Fa ijaa farkhta fan sab
‘Après l’adversité, le bonheur, après l’adversité, le bonheur. Quand tu te libères, donc, lève-toi’
Le Coran sourate 94, verset 5, 6 et 7
Notre président actuel a été baptisé Abdoulaye, un des meilleurs prénoms d’un Musulman car cela veut dire littéralement serviteur de Dieu mais sur les affiches publicitaires de ses campagnes électorales, il est fréquent de voir Ablaye car cela sonne mieux en termes de communication.
Parlant des juifs, le Général De Gaulle, vraisemblablement dans un accès d’exaspération les traita de ‘Peuple d’élites sûre de lui et dominateur’ ; il aurait sûrement dit des Sénégalais pendant l’alternance de 2000 ‘Un peuple d’élites, fier de lui et sans complexe’.Après 11 ans d’alternance que nous reste-t-il de notre fierté ?
Du génie du peuple sénégalais
Les fils du Sénégal ont de tout temps donné de réels motifs de fierté pour la dignité de l’Afrique et du monde noir en général. L’histoire de Kansala au Cabou où un roi a préféré faire sauter sa poudrière au lieu de se rendre aux ennemies ou les femmes de Nder qui ont préféré s’immoler au lieu d’être réduites en esclaves, ont été le terreau de l’expression de la dignité de l’homo senegalensis du sud au nord, du Cabou au Walo.
Plus récemment, le Sénégal a été à l’avant-garde de toutes les luttes pour l’émancipation de l’Homme noir. En ‘échirant le rire Banania’ sur les murs de France, Léopold Sédar Senghor le fils de Gnilane Bakhoum et ses amis ont montré, avec la Négritude, un autre visage du noir. Au même moment, son compatriote, l’illustre savant Cheikh Anta Diop finissait de convaincre scientifiquement le monde sur l’antériorité de la civilisation africaine de l’Egypte ancienne noire, peuplée de noirs aux cheveux crépus, sur celle hellénique de l’Occident.
Le même Senghor, aidé de son acolyte Dia nous ont obtenu l’indépendance par l’intelligence et la ruse sans provoquer la sécession de Dakar et du Cap-Vert avec la communauté Léboue. Ils ont en outre transféré la capitale de Saint-Louis à Dakar pour contrer les velléités de revendications des autres pays africains sur la ville de Dakar qu’ils ont aussi contribué à construire pour l’Aof.
Nos pères ont eu le génie de construire un Etat digne de ce nom et de bâtir une nation en favorisant et en mettant en avant une langue de commerce et de formation dans les maternelles et les camps militaires, le Wolof, qui contribue aujourd’hui à cimenter la nation sénégalaise.
Les tenants de l’ancien régime sont arrivés à organiser une transmission pacifique du pouvoir de Senghor à Abdou Diouf par une renonciation volontaire et légalisée.
Celui-ci, à son tour, a transmis de façon pacifique le pouvoir au vainqueur des élections de 2000 dès qu’il fut certain d’avoir perdu. Cette transmission démocratique du pouvoir fut saluée à travers tout le monde comme un exemple de maturité du peuple sénégalais, qui fêta cet évènement par des klaxons et des scènes de joie dans tout le pays.
Le peuple a compris qu’il vient d’ajouter une autre victoire à son palmarès qui est déjà riche grâce aux actions d’illustres fils comme Amadou Makhtar Mbow qui a très tôt lutté pour un nouvel ordre mondial de l’information ; vision et lutte qui lui ont coûté son poste de Directeur général de l’Unesco ; des chercheurs comme le Pr Souleymane Mboup qui trouva la seconde souche du rétrovirus du sida et des Philosophes comme Souleymane Bachir Diagne qui chaque jour que Dieu fait, cherche à tuer la peur qu’à l’Occident de l’Islam.
De l’avènement d’une civilisation noire
Au-delà de ces individualités, ce peuple est arrivé, en moins d’un siècle à secréter ce qui fait la fierté de tout noir : un mode de vie venant de nos steppes et de nos savanes, basé sur notre propre culture ; disons-le sans fioriture, une civilisation réellement noire : le Mouridisme.
Nous disons sans complexe, malgré les théoriciens de la mentalité prélogique avec Lévy Brühl que le fils de Mame Diarra, Cheikh Ahmadou Bamba, a été à la base de l’avènement d’une civilisation noire basée sur l’Islam et le travail. Nous affirmons ainsi comme le père Tempels qu’à côté de la Civilisation Bantoue discutée, il y a la civilisation Mouride indiscutable grâce au génie du peuple Sénégalais.
Au regard de toutes ces individualités et du génie créateur de ce peuple, il est juste de nous demander si le Sénégal mérite ce régime actuel dit de l’alternance ?
De l’alternance comme un purgatoire
Ce régime qui commença à nous faire peur et à nous devenir étranger quand il fit appel à des caméras pour montrer des soit disant cafards qu’il a découverts dans les armoires de son illustre prédécesseur. En le faisant, il s’attaqua à un des piliers de la dignité du Sénégalais : la Satoura (discrétion, Ndlr).
Depuis lors tout ce qui se dit en conseil des ministres se retrouve dans les journaux du lendemain ; à tel point que le Président demande maintenant aux ministres, dès leur nomination, de lever collectivement la main droite et de jurer de garder le secret des délibérations hebdomadaires. Un serment des jeux de paumes avant la révolution ?
Ce président élu répertoria méthodiquement par la suite tous les dignes fils du Sénégal qui dirigeaient des institutions prestigieuses comme la Fao, l’Uemoa, etc. et développa une politique systématique de dénigrement et de retrait de candidature ; il s’attaqua concomitamment à tout ce qui bouge dans le pays pour le détruire en ayant la dévolution monarchique du pouvoir en projet. C’est-à-dire un recul de plus de deux siècles pour notre pays.
Il préféra réparer son avion de commandement à coût de dizaines de milliards et laisser voguer le bateau le Joola avec un moteur en panne et qui n’avait besoin que de 250 millions pour être en sécurité. Au résultat, près de 2 000 Sénégalais périrent un matin du 26 septembre 2002 au large de la Gambie. La plus grande catastrophe maritime de l’histoire, devant le Titanic a eu lieu deux ans après l’avènement de Ablaye Wade.
Depuis dix ans, nous tombons de charbyde en scylla ; nous découvrons chaque jour de nouveaux scandales tournant autour des histoires d’argent et de mœurs.
Les privatisations bidon et le manque d’électricité ont fini de détruire le tissu industriel du pays entrainant la banalisation du chômage. Chaque jour a son lot de fausses promesses et de dévalorisation des personnes qui nous sont les plus chères telles que nos imams et nos guides religieux qu’on tente même parfois de mettre sur les listes électorales.
Tout est bon pour assurer une pérennisation du régime pour aboutir à l’adoubement ‘du fils prodige’ qui n’a en réalité aucun mérite, sauf d’être l’héritier du Pharaon. C’est cela qui nous vaut tous les reniements, les waax waxeet et la volonté de se représenter contre vents et marées. Le Peuple laissera-t-il faire ? Wait and see comme disent les Anglo-saxons.
De la nécessité d’une introspection pour la lutte
Qu’avons-nous fait de notre fierté, de notre fougue et de notre inventivité pour permettre à ce régime de nous rouler dans les caniveaux ? Ce régime qui n’hésite guère de faire passer la canalisation drainant toutes les saletés de Dakar tout près de nos endroits de culte à Yoff.
Notre résignation jusqu’à nommer nos quartiers ‘khar Yallah’ ou ‘Héramakonon’ font que n’importe qui se permet n’importe quoi, car c’est la promesse d’un lendemain meilleur qui fait le lit de la résignation de l’esclave. Notre foi en Dieu nous pousse parfois à accepter l’inacceptable. Ainsi, ce peuple qui participa à l’élaboration de la charte du Mandé à Kurukan Fuga en tant que province du Mali avec le Djoloffin Mansa, ce peuple qui envoya ses cahiers de doléances lors de la Révolution Française de 1789 ; eh bien ce peuple passe tout son temps aujourd’hui dans les mosquées pour éviter d’affronter le vieux monarque et son fils unique héritier du trône. Qu’est ce qui nous est arrivé ? Avons-nous commencé à adorer la vache dès que l’envoyé tarda dans la quête de la vérité ? Le Tout Puissant nous a-t-il condamnés alors à l’errance?
Ne faut-il pas faire une introspection et voir que le Sénégal se devait de passer par une calamité pour se ressaisir et voir l’avènement d’un nouveau type de Sénégalais. Et si ce régime de l’alternance est notre purgatoire, notre passage obligé pour des lendemains meilleurs ? Aucun peuple ne prospéra sans avoir eu à affronter des calamités d’ordre naturel ou par le fait des Hommes eux-mêmes ; souvenons-nous du Japon et des deux bombes nucléaires, mais aussi de l’Allemagne avec la fin du nazisme ou de la Chine avec le sac de Nankin ou même du grand bond en avant qui s’est terminé par la culbute. Analysons aujourd’hui la prospérité insolente dont ces trois nations font preuve.Pour éviter le bégaiement de l’histoire dans le futur, il est important de se demander comment nous en sommes arrivés là ?
Nos fausses certitudes qui rendent fous, nos danses les plus obscènes du monde, notre syncrétisme religieux qui nous pousse à verser chaque matin de l’eau fraîche devant notre portail, la confiance exagérée en nos amulettes, à nos marabouts et sorciers, notre maslaha exagéré se confondant à la compromission et notre crédulité enfantine, nous ont entrainé sur le chemin où nous avons rencontré le fléau de Dieu Ablaye Wade.
La tendance du Wolof et, partant, du Sénégalais tout court à se sentir supérieur à tout le monde : sama Peul foutabi, sama ndiagobi, sama niakk bi etc. font que nous dormons sur nos lauriers alors que les autres avancent.
Ablaye comme Attila, le fléau de Dieu
Ablaye Wade est-il notre Attila, le fléau de Dieu des temps modernes qui expie nos péchés? Faisons-nous face à des invasions barbares comme les civilisations occidentales face à l’invasion des hordes incultes ?
Nous pensons tout simplement que ce régime est un avertissement pour montrer que ‘les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent’ comme il est écrit dans le saint Coran. Allons-nous vivre le déluge ? Non en mon sens, il suffit de se reprendre en mettant fin et rapidement à ce régime décadent. En effet, avant même le déluge, le Tout Puissant avait punis ceux qui avaient commis le sacrilège de souiller l’arche du Prophète Nouhou mais cet avertissement n’avait pas suffi aux incrédules. Nous nous devons de croire à la puissance du peuple souverain et de nous libérer des incertitudes. Nous devons, avec Paul Claudel, ‘chanter le grand poème de l’homme soustrait au hasard’ et finalement, prendre nos responsabilités pour éviter la catastrophe. Rester debout car ‘kouy bërey dan’ en ayant à l’esprit que les fins de saisons pluvieuses sont toujours accompagnées de tornades et que dans leurs chutes, les grands arbres font beaucoup de bruits et écrasent les arbustes alentours; c’est le prix à payer.
Dr Massirin SAVANE, 3ème adjoint au maire Kolda