« La vantardise est le défaut des institution
« La vantardise est le défaut des institutions comme des individus. »
[Louis Casamayor] - Où sont les coupables
Nous avons, dans le calme, la dignité, la discipline, la détermination et la fermeté toutes tendances confondues des patriotes de notre pays, accompli notre devoir citoyen en ce 26 Février 2012. Malgré les intimidations, les menaces proférées du camp du pouvoir, les vastes achats de consciences avec nos deniers publics, les Ndigueul voilés sollicités de toutes parts, la fanfaronnerie du président sortant, qui prétendait avec beaucoup de vanité, remporter le scrutin au 1er tour avec 53% des suffrages exprimés, nous avons été imperturbables dans notre détermination et volonté à le dégager immanquablement. Toutes ces manœuvres ont sans doute, influencé quelques citoyens à s'abstenir pour des raisons diverses, d'aller voter au premier tour.
Mais à présent, dans les circonstances actuelles, aucune raison ne peut plus justifier une abstention quelconque des patriotes. Nous devons tous, citoyens sénégalais dignes et fiers de l'être, d'ici et d'ailleurs, par notre mobilisation exceptionnelle et massive au cours du 2e tour, faire regretter amèrement à Me Wade et son camp, leur irrespect et arrogance qu'ils ont eus effrontément à l'endroit du peuple sénégalais durant ces douze années, en votant sans hésitation contre lui. Il est devenu en ces heures critiques et graves de notre nation, pour chaque citoyen sénégalais et patriote, qui aime si bien sa patrie, un devoir impérieux pour répondre à l'appel de son peuple. Un appel qui consiste tout simplement, à aller voter en masse au 2e tour, contre ce candidat inconstitutionnel qui est un produit impropre à la consommation, que le Conseil constitutionnel nous a fourgués, malgré notre farouche opposition. Nous avons d'autant plus de raisons et de devoir, d'agir dans ce sens, parce que nous voulons sauver notre pays, avant que l'irréparable ne se produise, car notre pays vogue en ce moment dans un bateau piloté par Abdoulaye Wade, vers une monarchie qui ne dit pas son nom.
Pour que, plus jamais, de pareils individus ne soient placés à la tête de notre pays comme un territoire conquis, il faudrait que nous en administrions la leçon à Me Wade. Surtout, quand ce dernier, une fois installé, s'est retourné contre son peuple, en le traitant comme des sujets ou des moins que rien. Dès lors, toute abstention d'un patriote au 2e tour, au moment où, notre pays vit des heures graves et a, tant besoin de ses enfants les plus attachés à le fendre envers et contre tout, à son existence dans la paix, la justice, l'égalité, la démocratie, le commun vouloir de vie commune, etc., est synonyme d'une haute trahison à son égard.
Ceux qui se sont abstenus au 1er tour pour des raisons qui leur sont propres, devront se rattraper en votant massivement contre le monstre qu'il s'en aille loin d'ici. L'humiliation de l'autre, voire de son peuple, est un plaisir inné chez Me Wade, et il le fait en plus, avec une cruelle vanité non dissimulée, qui frise l'indécence. N'est-ce pas de l'irrespect ? Si, mais c'est parce qu'il ignore totalement cette expression de Victor Hugo qui dit : «La vanité est la plus petite des petitesses »
C'est un affront que Me Wade fait au peuple sénégalais, en voulant s'imposer contre sa volonté et sa souveraineté. C'est un défi, qu'il lance à tous les patriotes et au-delà, au peuple sénégalais tout entier. Voilà pourquoi, nous devons à l'occasion de ce 2e tour, non seulement relever le défi, mais aussi laver l'affront. Il n'y a pas de doute que, celui-là, qui est entré par accident ou effraction dans l'histoire de notre pays, en sera chassé à cette occasion mémorable, qui nous est offerte pour le dégager par la voie démocratique.
Interrogé par un journaliste Burkinabé à propos de l'appréciation de ses adversaires sur le 3e mandat qu'il veut briguer, il répond en étalant ici, son absence totale de modestie et en même temps, tout le mépris et l'irrespect qu'il nourrit à leur endroit. Jugez-en vous-mêmes. Question : « Vos adversaires politiques ne voient pas d'un bon œil que vous briguiez un 3e mandat, parce que, disent-ils, cela est contraire à l'esprit de la Constitution. Que leur répondez-vous ? »
«En vérité, ils savent que si je suis candidat, aucun d'entre eux n'est capable de me faire face. Je les battrai, dès le 1er tour, comme ce fut le cas en 2007 parce que j'ai un bilan, une vision qui inspire confiance et admiration ; parce que j'ai un parti puissant, organisé, combatif et engagé avec des alliés (près de 80 partis politiques loyaux et fidèles), sans compter la société civile, les femmes, les jeunes, les opérateurs économiques, le monde rural, les intellectuels, les chefs religieux et traditionnels et le soutien des Sénégalais de l'étranger. Si mes adversaires étaient sûrs qu'ils pourraient me battre aux élections de 2012, ils ne se priveraient pas d'un tel plaisir. Mais, comme ils savent qu'ils n'ont aucune chance contre moi, ils essaient de fuir le combat, en usant d'accusations fantaisistes que le droit et la simple éthique politique réprouvent. Est-il possible, pour le Docteur en droit que je suis, avocat international, depuis les années 50, Consultant respecté dans de nombreuses instances internationales et agrégé des sciences économiques, d'inspirer des réformes constitutionnelles qui me conduiraient au suicide politique ? Est-ce raisonnable ?
La réponse coule de source. Le problème du 3e mandat que vous évoquez s'est posé dans les mêmes termes dans votre propre pays, quand votre président, après deux mandats et la modification de la Constitution, ramenant le nouveau mandat à 5 ans renouvelable une seule fois, s'est présenté en 2005. Quand votre opposition a prétendu que cela n'était pas possible, votre Conseil constitutionnel a tranché, en toute indépendance, en proclamant qu'une loi constitutionnelle n'est jamais rétroactive. La polémique a aussitôt, cessé, parce que les Burkinabè sont respectueux de la loi, aiment leur pays et se soucient de son image. »
C'est net et clair qu'à travers cette réponse, nous y avons tout, pour découvrir véritablement qui est cet homme que nous avons placé à la tête de notre pays depuis 12 ans. Nous y avons noté sans conteste, la suffisance à l'extrême, l'autoglorification de l'insignifiance, l'incarné de narcisse, l'antidémocratisme primaire dont il fait montre à chaque occasion, etc. Il ne s'est pas bien entendu contenter ici, de cracher seulement comme toujours, quand il fait semblant d'appeler au dialogue, son venin sur ses adversaires politiques, mais, il aussi insulté notre peuple à travers sa dernière phrase. L'heure d'une riposte foudroyante du peuple sénégalais, pour exiger le respect qui est dû à son rang, vient de sonner pour lui et ce sera le 18 mars 2012.
L'équation est très simple et nous n'avons pas le droit de commettre l'erreur, qui consiste à confondre les vraies données du problème de notre pays, à cet instant-ci. Il est question à l'heure actuelle pour tous ceux qui combattaient farouchement ce régime, de sauver pendant qu'il est encore temps notre pays d'un péril que constitue qui s'appelle Me Wade, et non de savoir si on doit être pour ou contre Macky Sall.
La victoire de Macky est démocratiquement incontestable et, elle est largement méritée au vu du travail abattu depuis son départ du PDS, et durant sa campagne qu'il a rondement menue dans l'ensemble du territoire national. J'estime qu'il est très dangereux pour la cohésion de l'unité nationale de notre pays, de vouloir entacher ou lier la victoire de Macky, en jouant injustement sur la fibre très sensible du phénomène ethnique. Objectivement, ce ne sont pas seulement les Pulars qui ont porté leurs voix sur lui. Si tel était le cas, il ne serait pas arrivé presque dans toutes les régions, qui sont d'ailleurs multiethniques, premier ou second et au pire des cas troisième. Par conséquent, arrêtons ce faux débat stérile, sur les ethnies, les religions, les réions, etc., qui ne nous avance en rien, par rapport au combat et à l'objectif du moment que nous visons tous, en tant que patriotes, à savoir, aller à l'essentiel, c'est-à-dire dégager Wade au 2e tour.
Cet ultime combat, est celui de tous les Sénégalais qui en ont marre du régime de Me Wade, quel que soit leur appartenance politique, ethnique, régionale, religieuse ou confrérique, etc. Il est vrai que c'est Macky qui porte ce combat sur ses épaules en tant que candidat, mais, il est aussi celui tous ce qui ont souffert de la gouvernance hideuse de Me Wade. Aujourd'hui, le sort de Me Wade se trouve entre les mains du peuple souverain, comme il aurait dû toujours être légitimement. Ceci, nous l'avons tous constaté et nous devons en être conscients. En effet, Me Wade l'a toujours nié, en nous disant une fois élu, que c'était par la grâce de son marabout qu'il est parvenu à la tête du pays. Partant de là, il n'était en rien du tout, redevable à son peuple. Qui l'aurait cru avant le 19 mars 2000 ?
N'avait-il pas déclaré à la face du monde que si le peuple sénégalais se soulevait contre lui, il partirait ? Qu'en-t-il depuis le 23 juin 2011 au Sénégal ? Mais l'habitude étant une seconde nature alors, rien n'y fait c'était tout juste du bluff et la confirmation de «Ma waxoon waxeet», autrement dit, sa parole ne l'engage pas et ne le lie non plus. Par conséquent, il peut se dédire à volonté et à tout moment sans état d'âme. Est-il humainement concevable et admissible voire décent pour un chef d'Etat responsable, de déclarer à la suite de la mort de 12 citoyens -des martyrs- qui ne faisaient que défendre le respect de leur Constitution et exprimer leur opinion sur la marche de leur pays, que cela est simplement de la brise, mais que l'ouragan n'aura jamais lieu ? Et maintenant, dans quoi sommes-nous monsieur le président ? L'ouragan dont vous faites allusion, viendra le 18 mars et vous emportera surement.
Toujours à propos de Me Wade, il y a vraiment, mille et une raisons qui font que les Sénégalais qui aiment si profondément leur pays, qui ne sont pas amnésiques et se souviennent bien, devraient tout faire pour hâter son départ sans délais, ni aucun regret. Je leur rappelle au passage quelques faits significatifs pour conforter cela. Il est de notoriété publique que Me Wade est foncièrement allergique à la légalité.
Est-ce un fait contestable ? Non ! Ensuite, depuis la survenue de l'alternance politique le 19 mars 2000, toutes nos institutions et notamment, la loi entendue au sens large du terme : Constitution, lois organiques, lois ordinaires, décrets et arrêtés ont fait l'objet de violations répétées. Ceci, par le simple transit à un Parlement, chambre d'enregistrement adopte les yeux fermés, tout ce que le chef de l'Etat leur envoie, même les lois organiques pour lesquelles, la modification devrait passer nécessairement par la voie référendaire n'est pas respectée. L'une dans l'autre, ces violations sont symptomatiques d'un rapport tendu que le chef de l'Etat, gardien de la Constitution, entretient, paradoxalement, avec la Légalité.
Le Conseil Constitutionnel en validant sa candidature pour un 3e Mandat illégal de Me Wade, ne fait que confirmer cette allergie à la légalité.
En reprenant le titre de ma dernière contribution, je dis à nouveau vive le peuple sénégalais et gloire à sa vaillante jeunesse, pour le triomphe au soir du18 mars 2012, marquant le départ définitif de Me Wade à la tête de notre pays et la fin d'un régime libéral, qui n'a que trop duré. Ma carte d'électeur, mon arme !
Par Mandiaye Gaye -
Gaye_mandiaye@hotmail.com
Quelques réflexions sur le problème du régime politique au Sénégal*
En appelant à une réflexion sur le problème du régime politique au Sénégal dans son message à la nation du 31 décembre dernier, le président de la République relance un débat qui, pendant longtemps confiné dans le milieu des juristes, s’installe depuis quelque temps dans la classe politique.
La question qui est généralement débattue est celle de la nature de notre régime politique, c'est-à-dire de son rattachement à l’une des catégories juridiques existantes, dans le cadre des ‘classifications proprement constitutionnelles’. Et si à cette question les positions sont divergentes, c’est que l’on ne privilégie pas les mêmes critères pour qualifier les régimes politiques. Cependant, la réponse qui, juridiquement, ne pourrait donner prise à la critique, est que notre régime politique n’est ni présidentiel, ni parlementaire.
Non seulement il ne pourrait être rattaché au régime présidentiel - ce qui est l’évidence même car c’est l’irrévocabilité mutuelle entre l’Exécutif et le Législatif qui caractérise le régime présidentiel - mais on peut même se demander s’il lui fait un quelconque emprunt. Car l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct, présentée souvent comme un critère du régime présidentiel, ne fait pas l’unanimité au sein de la doctrine. Ce qui détermine le caractère scientifique d’une proposition, c’est qu’elle repose sur le principe de non-contradiction. Par conséquent, si l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel était une propriété du régime présidentiel, le régime parlementaire, auquel on l’oppose, serait défini par la propriété contraire.
Or, elle se retrouve dans des régimes qualifiés de ‘préparlementarisme’, comme celui institué par la Constitution française de 1848 (Seconde République) avec un ‘monarque républicain’ élu au suffrage universel et des ministres responsables devant l’Assemblée législative, et aujourd’hui dans certains parlements européens. En réalité, l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel dans le régime politique des Etats-Unis d’Amérique, prototype du régime présidentiel, s’explique par le fait qu’étant un régime de séparation des pouvoirs, il ne pouvait être élu par le Congrès. Au demeurant, si certains auteurs en sont amenés à avancer ce critère, c’est parce que, dans ce régime, ni la spécialisation des organes, ni leur indépendance mutuelle ne sont absolues à cause du droit de veto présidentiel d’une part, de la responsabilité du Président et de la participation du Sénat aux importantes nominations, d’autre part.
Mais si notre régime politique n’est pas présidentiel à cause de l’existence de la responsabilité politique du gouvernement et de la dissolution présidentielle (article 75 de la Constitution), il n’est pas pour autant parlementaire en raison de ces deux institutions classiques du parlementarisme. En effet, selon l’article 36 de la Constitution, c’est le président de la République qui ‘détermine la politique de la Nation que le gouvernement applique sous la direction du Premier ministre’. Or, en régime parlementaire, cette prérogative appartient au gouvernement et, historiquement, c’est par ce biais qu’il s’est pleinement réalisé. Il faut rappeler, en effet, que le parlementarisme est une phase du conflit qui, en Angleterre, opposait le monarque et l’Assemblée. La diminution progressive des pouvoirs du premier aboutit en 1688 à la monarchie limitée. Mais, le régime parlementaire n’était pas réalisé car les ministres étaient toujours subordonnés au monarque et l’indépendance des pouvoirs excluait leur responsabilité. Il allait apparaître avec l’émergence d’un nouveau pouvoir que Benjamin Constant appelait le ‘Pouvoir ministériel’, à la suite d’une scission au sein de l’Exécutif. Les ministres s’émancipèrent alors du monarque et on assista à la formation d’un organe de gouvernement distinct, le ‘cabinet’, avec une zone de compétence propre qui, par son étendue, fait d’eux l’organe prépondérant du gouvernement. Une évolution interne de l’organe gouvernemental, dans le sens d’une hiérarchisation, allait s’opérer par la suite. D’abord primus inter pares, le Premier ministre deviendra le véritable chef du gouvernement avec des pouvoirs propres.
Ce trait caractéristique du régime parlementaire se retrouve dans les deux expériences parlementaires qu’a connues le Sénégal. Celle de la Constitution du 24 janvier 1959 dont l’article 19 alinéa 3 énonce que : ‘Le Président du conseil détermine et conduit la politique de la République du Sénégal.’ Cet article 19 conférait d’ailleurs à ce régime parlementaire une certaine originalité en prévoyant un dédoublement fonctionnel, le Président du Conseil étant à la fois Chef de l’Etat, ce qui pouvait l’assimiler au ‘parlementarisme prussien’. L’autre précédent est celui de la première République instituée par la Constitution du 26 août 1960, notamment en son article 26 qui reprend presque les mêmes dispositions que celles de l’article 19 précité.
La ration legis de ce principe parlementaire se trouve dans le postulat que pouvoir et responsabilité doivent aller de pair. C’est pourquoi, en faisant du gouvernement l’obligé du pouvoir législatif en raison d’une politique qu’il n’a pas lui-même définie, notre Constitution actuelle est marquée d’une contradiction logique.
S’il n’est ni présidentiel, ni parlementaire, quelle est alors la nature de notre régime politique ? A cette question, deux réponses sont possibles. On peut considérer qu’il est sui generis - et non pas à proprement parler mixte - issue qui, par définition, permet toujours de s’en sortir, mais n’est pas intellectuellement satisfaisante. Ou bien on peut s’engager dans une tentative de renouvellement de la typologie classique du moment que beaucoup de régimes politiques répugnent à s’y plier. Combinant alors l’approche par le régime et l’approche par le système, on aboutit à une double caractérisation du régime politique d’un pays. A cet égard, un régime politique peut être parlementaire et faire vivre un système politique présidentialiste.
On peut s’interroger alors sur l’utilité d’opérer un basculement de notre régime politique dans le parlementarisme quand on se demande si le parlementarisme existe encore dans certains pays comme l’Angleterre qui en constitue l’exemple le plus parfait, tant la responsabilité politique du gouvernement et le droit de dissolution semblent tomber en désuétude du fait de la solidité des majorités parlementaires et de la discipline interne des partis. Dans ces conditions, les mécanismes du parlementarisme ne peuvent jouer que s’il se produit une crise interne au parti au pouvoir. Tel fut le cas au Sénégal avec le conflit qui avait opposé le Président Senghor et le Président du Conseil Mamadou Dia en 1962, et qui se conclut par la fin de la première République. Tel fut déjà le cas en Angleterre en 1940 quand le gouvernement de Neville Chamberlain a été obligé de démissionner devant un vote hostile d’une partie des députés conservateurs.Par ailleurs, si on se trouve dans le cas du régime parlementaire ‘orléaniste’, c'est-à-dire celui dans lequel le chef de l’Etat jouit encore de prérogatives importantes, le phénomène majoritaire peut affecter les rapports entre celui-ci et le Chef du gouvernement.
Dans ce type de régime, le chef du gouvernement ne peut exercer pleinement ses attributions constitutionnelles, notamment la détermination et la conduite de la politique de la nation, que lorsqu’il s’appuie sur une majorité parlementaire distincte de la majorité du Chef de l’Etat, c'est-à-dire en cas de cohabitation. On se souvient qu’en France, le Général de Gaulle n’a joué correctement le jeu de l’’arbitrage’ que pendant un an, laissant agir le gouvernement de Michel Debré, chargé, selon l’article 20 de la Constitution du 4 octobre 1958, de ‘déterminer’ et de ‘conduire la politique de la nation’. Et que dès le 16 septembre 1959, la phase de l’arbitrage était dépassée car, sous sa responsabilité, il avait lancé le principe de l’autodétermination de l’Algérie. Il faudra attendre les trois cohabitations de 1986, 1993 et 1997 pour voir la résurrection des mécanismes du parlementarisme, ce que Patrick Auvret appelle la ‘revanche du régime parlementaire’.
Il faut, cependant, convenir que la cohabitation est un phénomène conjoncturel qui ne saurait à elle seule enrayer les effets du parlementarisme majoritaire. En tout état de cause, entre les deux types de régimes parlementaires que le Doyen Vedel a, dès 1960, mis en évidence, à savoir celui dans lequel l’Exécutif et le Législatif ne sont que les deux branches du parti majoritaire au pouvoir, et celui dans lequel l’articulation entre le parlement et le gouvernement est difficile en raison de l’absence d’un parti majoritaire, le choix devrait aller vers le premier. Car, en adoptant le monde de scrutin proportionnel dans le cadre d’un régime parlementaire, on risque de se retrouver avec un parlement sans majorité, et où les députés, forts d’une ‘omnipotence négative’, ne pourraient que détruire. Il serait par conséquent judicieux, si le Sénégal devait aller vers le parlementarisme, que le mode de scrutin pour l’élection des députés soit maintenu puisqu’il permet à la fois la représentation des petits partis et la constitution d’une majorité parlementaire homogène.
Comme le disait Valéry, toute société doit éviter deux dangers : l’ordre (ou le régime de la pensée unique) et le désordre (celui des identités particulières).Mais, comme en régime parlementaire majoritaire l’opposition n’est plus entre l’Exécutif et le Législatif, mais entre la majorité et l’opposition, il deviendrait alors nécessaire de renforcer les contrepoids au ‘pouvoir majoritaire’. On les voit généralement en dehors du parlement par l’effet d’un contrôle de constitutionnalité efficace, et en son sein grâce aux prérogatives de la minorité et au rôle éventuel du Sénat. Au Royaume-Uni, seul pays en dehors de la Nouvelle-Zélande qui peut, en Occident, être qualifié sans ambiguïté de régime parlementaire majoritaire, on a reconnu très tôt de fermes garanties d’un statut de l’opposition, faisant que le ‘modèle de Westminster’ fonctionne sur la base d’un dialogue permanent entre majorité et opposition.
Notre pays pourrait s’engager dans cette voie car, au-delà de l’élément négatif du mode de scrutin de fabrication d’une majorité parlementaire, un statut de l’opposition y est en cours d’élaboration. De même, le Sénat nouvellement créé pourrait jouer un rôle à condition que, selon l’idée chère à Montesquieu, en devenant un contrepoids en face de l’Assemblée nationale, il contribue à garantir les libertés individuelles.
Abdourahmane DIOUKHANE, Maître de conférences à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
*Cet article a déjà été publié dans le numéro 565 du 16 avril 1999 de Lex. C’était en guise de contribution au débat auquel avait appelé le Président Abdou Diouf sur la question du régime politique au Sénégal. La pertinence de sa re-publication dans nos colonnes se justifie par le débat actuel sur les institutions.
Wade sans Wade : autour de l’équerre et du fil à plomb
En mettant prudemment Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng entre eux et le maire de Thiès et en le laissant seul en tête à tête avec Me Abdoulaye Wade, l’électeur sénégalais a voulu faire comprendre à Macky Sall que, sans forcément être meilleur, il devenait l’héritier du président sortant dont il est également comptable des réalisations. Autour du béton et de l’acier, autour de l’équerre et du fil à plomb, avec une légitimité nouvelle d’éviter certaines pratiques mafieuses qui lui avaient valu sa descente aux enfers. Il lui demande d'éviter toute compromission dans un sens ou dans l'autre et de se méfier du feu qui couve encore, devant la résistance du légataire.
Le Sénégalais séduit par le bilan du président sortant a décidé de maintenir la politique des infrastructures en faisant du Wade sans Wade, mais en souhaitant une plus grande moralisation dans la gestion des deniers publics. Macky Sall qui avait initié les grands chantiers sans en avoir le contrôle devient ainsi le continuateur de l’œuvre du Maître.
Wade semble en effet avoir frappé les Sénégalais par son esprit…maçon qui paraît plaire à l’électeur qui, en le remerciant par une participation à un second tour, évite cependant ceux du soleil des indépendances qui n’ont pas su restructurer l’espace socio-économique du Sénégal pendant les quarante premières décennies, tout en rejetant tout affairisme excessif d’un Idrissa Seck prébendier.
Macky Sall était attendu de longue date comme devant être titularisé héritier libéral de fait : en novembre 2011 déjà, des analyses pointues arrivaient à la conclusion d'un duel libéral au second tour de la présidentielle que le Parti démocratique sénégalais (Pds) appréhendait comme moyen pour la formation de Wade de jouer Macky contre l'opposant historique. Au pouvoir en effet, sans avoir le pouvoir, le Pds a vécu une alternance dramatique faite de reniements, de trahisons, de revirements, de rancunes accumulées et de rancœurs entassées, le tout dirigé vers le secrétaire général national qui a gouverné avec ses adversaires d'hier ; il tient encore à sa promesse de ne pas être le seul dindon de la farce : la forte abstention de dimanche dernier, le ridicule score du président sortant, entre autres indices, seraient ainsi le début de la mise à mort du vieux lion blessé, sans force.
Au lendemain de la Conférence de Bandoung, le Tiers-Monde découvrait à Paris un géant (par la taille et les idées) soucieux de liberté et de dignité pour l'homme noir. Le long combat de Me Wade le conduira sur tous les fronts de l’indépendance politique, économique, culturelle et scientifique du monde noir. Récompensé par la magistrature suprême à la tête de son pays, il en est réduit aujourd'hui à négocier un score aussi discret que sous Senghor (1978) et sous Abdou Diouf (1983-2000). Ce lot de consolation indique clairement le souci du Sénégalais de récompenser une dernière fois celui qui fut un bel Appolon et qui se traîne de nos jours sous poids de responsabilités historiques déchues et déçues.
Le respect du résultat sorti des urnes intime d'éviter aux deux duettistes ceux-là mêmes par lesquels la déception musclée des populations sénégalaises s'est vérifiée durant la campagne électorale, laissant augurer des lendemains électoraux incertains. La mise en difficulté de Wade et le souci de le remplacer par un autre Wade a créé l'agréable surprise de la journée électorale pendant laquelle l'électeur a plus fait parler sa carte que la force brute ; Macky Sall marchant dans ses gros sabots vers un Bennoo décevant ne semble pas encore avoir pris la réelle mesure du message sorti des urnes.
De l’autre côté, les veillées nocturnes des derniers fidèles, depuis le 26 février, penchés autour de la carte électorale du Sénégal, la longue recherche éveillée des niches de secrets du fichier électoral pour un dernier tour au Sénégal et à ses électeurs ne peuvent que raviver le feu qui couve dans le pays et qui est prêt à exploser.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 76 681 64 06 sites : www.pathembodj.com ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com
Faut-il soutenir Macky Sall ?...
Mes chers amis patriotes, j'avais promis de parler hier mais, des contraintes professionnelles ont fait que je ne pouvais pas parler.
Le premier tour de l'élection présidentielle a été un immense succès au point de vue de la démocratie et le fait qu'Abdoulaye Wade ne soit pas passé au premier tour donne à ce succès un air de première victoire.
Pour autant, le vote de dimanche passé a été une déception pour certains et plus particulièrement pour moi qui, si , vous aviez suivi mes écrits, j'avais choisi de voter Niasse dans un article intitulé « pourquoi je soutiens la candidature de Moustapha Niasse » mais hélas ! Les sénégalais ont choisi Macky Sall, donc en tant que patriote, je m'incline devant ce choix démocratique.
J'espère que beaucoup auront la sagesse de comprendre que la logique des élections, surtout au Sénégal est très différente de celle d'un autre pays ou des grandes démocraties. Nous sénégalais, nous élisons sur ce que je pourrais appeler l'effet perroquet « meuri-reundo ».
De mémoire, le sénégalais n'a jamais voté sur la base d'un programme encore moins une équipe, mais toujours sur la base d'un effet perroquet, c'est à dire voter pour le candidat qui est sous les feux des projecteurs.
En 1998, Djibo Ka avait bénéficié de cet effet perroquet lors des législatives pour obtenir 11 députés avec son tout nouveau URD.
En 2000, Moustapha Niasse avec l'effet perroquet est sorti 3eme derrière Wade, il venait de mettre en place son parti l'AFP.
En 2007 aussi, c'était au tour de Idrissa Seck, qui est arrivé 2eme au présidentielle grâce à son effet perroquet, il venait de créer Rewmi.
Nous voilà en 2012, Macky Sall est arrivé premier de l'opposition, ce qui signifie que l'effet perroquet n'a pas résister face à la création de l'APR.
Cela dit, nous sénégalais, n'avons jamais élu un candidat sur la base de son programme ni de l'équipe qui l'entoure mais, toujours sur la base de (Rireundo),
Macky Sall va au deuxième tour et je l'avais dit voter Macky, c'est voter Wade sans Abdoulaye. Je ne suis pas contre ce monsieur, mais j'ai pas confiance en lui ni dans la bonne gestion ni dans la gestion de la chose publique, et mes raisons sont toutes simple, au moment de la crise énergétique il était ministre de l'énergie. Il était aussi ministre des mines au moment ou l'état signé des contrats flous pour l'exploitation de l'or à sabadola. Il était aussi président de l'assemblée nationale au moment du vote de la loi Ezan. Mais le tir est déjà parti, et je souhaite vivement que mon jugement sur la personne ne soit pas le bon.
En effet, le premier tour laisse face à face deux candidats, issus de la même mouvance au sein du parti libéral le PDS.
Tous deux peuvent légitimement devenir président de la république, tous deux ont une chance égale d'être désignés à l'issue du vote du second tour pour présider aux destinées du peuple, mais lui, pourrait il mettre un terme à douze années de gestion calamiteuse, d'arrogance, de vol dont lui même a été complice ?
Mais, préférer l'un serait forcement affaiblir l'autre. Affirmer publiquement sa préférence pour l'un sera forcément une critique de l'autre.
Mon combat et ma conscience patriotique, m'obligent à soutenir Macky Sall au deuxième tour, ne pas le faire ce serait trahir le combat contre la candidature de Wade et la volonté des millions de citoyens qui se sont déplacés pour voter au premier tour. Mais le faire aveuglement aussi, c'est trahir ma propre conscience.
Voilà pourquoi, au risque même de ne pas hanter ma conscience, j'écouterai ce que le candidat Macky Sall va dire aux Sénégalais durant la deuxième phase de campagne pour le second tour. J'écouterai ses propositions sur des thèmes qui me sont chers : la modification de la constitution, la réponse donnée en faveur de l'éducation, en somme, s'engager à appliquer les conclusions des assises nationales et je prendrai en conscience ma décision de le soutenir, décision … que je communiquerai plus tard.
Puisqu'en cas de second tour, nous avions choisi de donner au candidat le mieux placé nos suffrages, ayons l'humilité de joindre nos aspirations et notre vision de la république. Du fait que Macky Sall est allé voir le sage Amadou Mactar Mbow, veut dire les grandes manœuvres pour le deuxième tour ont déjà commencé, je vais donc déjà commencer à déterminer mon choix du deuxième tour en fonction de sa déclaration publique sur le programme des assises.
Pour mes chers amis patriotes, je rappelle que notre groupe debout les patriotes, reste et restera une force et son combat qui est de veiller à la bonne marche de notre patrie sera plus efficace.
IDRISSA BEN SENE
MAIRI-SOLILES
idrissa.sene@mairi-soliles.org
Sortir de l'étau de Dakar
Un habitant sur cinq se réveille tous les jours dans la région de Dakar qui fait seulement 0,28% de la superficie nationale (qui est de 196.712 km2).La densité sur l'étendue du territoire est de 65,3 habitants au Km2.A Dakar cette densité dépasse les 4000 habitants au km2 (4500 disent certains). Cette bombe sociale s'explique entre autres par le fait que la capitale concentre plus de 60 % de l'activité économique nationale. Les explications de ce rush vers Dakar trouvent leurs sources aussi dans une mauvaise politique économique combinée à la longue sécheresse des années 70 avec un exode rural massif.
Nous sommes 12 855 153 sénégalais en cette année 2011.
Comment développer ce pays intégralement avec cette hérésie économique et sociale ?
Plus d'1/5 de la population agglutinée en sardines dans 0,28% de la superficie nationale !
Même une magie à la place de l'économie ne pourrait transformer le pays avec cette plaie !
L'histoire nous apprend que Dakar a été « créé » sur demande du conseil municipal de Gorée en 1846 et que le premier plan cadastral de la ville a été le fait du colonel Émile Pinet-Laprade en juin 1858 Naturel est-il que ce bout de nez du Sénégal soit favorisé par le colonisateur avec des infrastructures portuaires, ferroviaires, aéroportuaires et routières. Au lendemain des indépendances, Dakar (devenu entretemps en 1958 capitale du Sénégal) allait connaître la même trajectoire au détriment du reste du pays.
Cette tendance n'a pas été cassée après l'alternance survenue en 2000. Aujourd'hui, inverser cette macrocéphalie urbaine de Dakar devrait constituer un axe de consensus national pour les prochaines décennies. Au-delà du consensus sur la question, il devrait s'agir de bâtir un projet autour de cette question avec des leviers assez incitatifs pour faire que les hommes et femmes de ce pays trouvent plus intérêt à occuper le territoire dans son intégralité qu'à s'agglutiner dans les 580 kilomètre carrés de la région de Dakar.
Le projet actuel de Nouvelle Ville tel que présenté par le régime n'est pas si révolutionnaire que cela parce qu'elle (la Nouvelle Ville) est prévue à seulement 120 km au Nord-est de Dakar. Un tel projet doit faire l'objet d'une large concertation stratégique technique et populaire pour éviter de déplacer simplement les problèmes à un jet de pierre de Dakar. Une véritable nouvelle ville pouvant servir de Capitale administrative doit être au carrefour et au centre du pays et pas loin de l'axe Kaolack, Kaffrine, Tamba. La nouvelle capitale administrative doit avoir des bases d'extension dans un rayon assez large pour éviter le schéma de Dakar pris en étau.
Nous ne pouvons plus continuer à concentrer toute l'énergie humaine nationale dans moins d'1% de la superficie. Il est temps de sortir de Dakar à travers un plan accepté par l'écrasante majorité des populations suivant par exemple les axes d'idées ci-dessous :
- créer un large consensus autour de la délocalisation de la capitale politique et administrative dans les dix ou quinze prochaines années,
- commencer tout de suite par délocaliser certains ministères au niveau de leur centre d'intérêt géographique naturel (exemple les mines vers Tambacounda),
- recadrer définitivement le découpage administratif plus sur des bases d'homogénéité géoéconomique que sur des calculs politiques ou électoralistes précaires de courte vue,
- créer des écoles, des universités, des unités industrielles et tout un tissus de petites et moyennes entreprises spécialisées articulées autour de la vocation de ces zones économiques,
- mettre en œuvre un projet urbain national clair prenant en compte des aspects liés entre autres à l'habitat, au transport et à l'assainissement,
- mettre en œuvre un projet rural dynamique, versant logique du projet urbain pour préserver et exploiter l'espace pastorale et agricole,
- mettre en œuvre une refonte des textes sur la décentralisation qui doivent tendre vers plus d'autonomie et de moyens pour les régions, villes, communes et communautés rurales du pays,
- revoir les textes relatifs au domaine foncier en privilégiant au besoin des baux à longue durée ou les titres fonciers pour les nationaux d'abord voulant exploiter le sol pour des besoins liés à l'agriculture et l'élevage,
- tisser comme une toile d'araignée un réseau d'infrastructures pour désenclaver le territoire national quitte à déplacer et regrouper certains villages autour de pôles économiques viables,
- avoir un large consensus des acteurs et des organisations sociales, politiques et économiques sur le projet irréversible de sortie de la macrocéphalie urbaine de Dakar.
Ce projet de sortie de l'étau de Dakar ne doit pas être remis en cause en fonction des alternances politiques. Sortir de Dakar doit être compris et accepté par l'ensemble de la population sénégalaise qui en sera aussi partie prenante, acteur et bénéficiaire. Sortir de Dakar ne signifie pas la mort de l'actuelle capitale du Sénégal. Nous devons comprendre et faire comprendre à toutes et à tous que la macrocéphalie urbaine de Dakar constitue le problème majeur du Sénégal. Il faut une large décision consensuelle sur la question. Comme les ailes de géant empêchant le décollage de l'albatros de Baudelaire, Dakar constitue un boulet au pied sapant la marche du Sénégal vers le développement intégral.
Le comprendre est une condition sine qua non pour des arbitrages rationnels dans l'allocation des ressources nationales. L'ignorer, c'est essayé de bâtir avec du beurre au soleil.
Par Mamadou NDIONE
Economiste-Ecrivain-Logisticien
Mandione15@gmail.com
Le 2e tour, c'est Me Wade face à son peuple qu'il
prend pour sa propriété et a cherché à humilier depuis son avènement
« La vantardise est le défaut des institutions comme des individus. »
[Louis Casamayor] - Où sont les coupables
Nous avons, dans le calme, la dignité, la discipline, la détermination et la fermeté toutes tendances confondues des patriotes de notre pays, accompli notre devoir citoyen en ce 26 Février 2012. Malgré les intimidations, les menaces proférées du camp du pouvoir, les vastes achats de consciences avec nos deniers publics, les Ndigueul voilés sollicités de toutes parts, la fanfaronnerie du président sortant, qui prétendait avec beaucoup de vanité, remporter le scrutin au 1er tour avec 53% des suffrages exprimés, nous avons été imperturbables dans notre détermination et volonté à le dégager immanquablement. Toutes ces manœuvres ont sans doute, influencé quelques citoyens à s'abstenir pour des raisons diverses, d'aller voter au premier tour.
Mais à présent, dans les circonstances actuelles, aucune raison ne peut plus justifier une abstention quelconque des patriotes. Nous devons tous, citoyens sénégalais dignes et fiers de l'être, d'ici et d'ailleurs, par notre mobilisation exceptionnelle et massive au cours du 2e tour, faire regretter amèrement à Me Wade et son camp, leur irrespect et arrogance qu'ils ont eus effrontément à l'endroit du peuple sénégalais durant ces douze années, en votant sans hésitation contre lui. Il est devenu en ces heures critiques et graves de notre nation, pour chaque citoyen sénégalais et patriote, qui aime si bien sa patrie, un devoir impérieux pour répondre à l'appel de son peuple. Un appel qui consiste tout simplement, à aller voter en masse au 2e tour, contre ce candidat inconstitutionnel qui est un produit impropre à la consommation, que le Conseil constitutionnel nous a fourgués, malgré notre farouche opposition. Nous avons d'autant plus de raisons et de devoir, d'agir dans ce sens, parce que nous voulons sauver notre pays, avant que l'irréparable ne se produise, car notre pays vogue en ce moment dans un bateau piloté par Abdoulaye Wade, vers une monarchie qui ne dit pas son nom.
Pour que, plus jamais, de pareils individus ne soient placés à la tête de notre pays comme un territoire conquis, il faudrait que nous en administrions la leçon à Me Wade. Surtout, quand ce dernier, une fois installé, s'est retourné contre son peuple, en le traitant comme des sujets ou des moins que rien. Dès lors, toute abstention d'un patriote au 2e tour, au moment où, notre pays vit des heures graves et a, tant besoin de ses enfants les plus attachés à le fendre envers et contre tout, à son existence dans la paix, la justice, l'égalité, la démocratie, le commun vouloir de vie commune, etc., est synonyme d'une haute trahison à son égard.
Ceux qui se sont abstenus au 1er tour pour des raisons qui leur sont propres, devront se rattraper en votant massivement contre le monstre qu'il s'en aille loin d'ici. L'humiliation de l'autre, voire de son peuple, est un plaisir inné chez Me Wade, et il le fait en plus, avec une cruelle vanité non dissimulée, qui frise l'indécence. N'est-ce pas de l'irrespect ? Si, mais c'est parce qu'il ignore totalement cette expression de Victor Hugo qui dit : «La vanité est la plus petite des petitesses »
C'est un affront que Me Wade fait au peuple sénégalais, en voulant s'imposer contre sa volonté et sa souveraineté. C'est un défi, qu'il lance à tous les patriotes et au-delà, au peuple sénégalais tout entier. Voilà pourquoi, nous devons à l'occasion de ce 2e tour, non seulement relever le défi, mais aussi laver l'affront. Il n'y a pas de doute que, celui-là, qui est entré par accident ou effraction dans l'histoire de notre pays, en sera chassé à cette occasion mémorable, qui nous est offerte pour le dégager par la voie démocratique.
Interrogé par un journaliste Burkinabé à propos de l'appréciation de ses adversaires sur le 3e mandat qu'il veut briguer, il répond en étalant ici, son absence totale de modestie et en même temps, tout le mépris et l'irrespect qu'il nourrit à leur endroit. Jugez-en vous-mêmes. Question : « Vos adversaires politiques ne voient pas d'un bon œil que vous briguiez un 3e mandat, parce que, disent-ils, cela est contraire à l'esprit de la Constitution. Que leur répondez-vous ? »
«En vérité, ils savent que si je suis candidat, aucun d'entre eux n'est capable de me faire face. Je les battrai, dès le 1er tour, comme ce fut le cas en 2007 parce que j'ai un bilan, une vision qui inspire confiance et admiration ; parce que j'ai un parti puissant, organisé, combatif et engagé avec des alliés (près de 80 partis politiques loyaux et fidèles), sans compter la société civile, les femmes, les jeunes, les opérateurs économiques, le monde rural, les intellectuels, les chefs religieux et traditionnels et le soutien des Sénégalais de l'étranger. Si mes adversaires étaient sûrs qu'ils pourraient me battre aux élections de 2012, ils ne se priveraient pas d'un tel plaisir. Mais, comme ils savent qu'ils n'ont aucune chance contre moi, ils essaient de fuir le combat, en usant d'accusations fantaisistes que le droit et la simple éthique politique réprouvent. Est-il possible, pour le Docteur en droit que je suis, avocat international, depuis les années 50, Consultant respecté dans de nombreuses instances internationales et agrégé des sciences économiques, d'inspirer des réformes constitutionnelles qui me conduiraient au suicide politique ? Est-ce raisonnable ?
La réponse coule de source. Le problème du 3e mandat que vous évoquez s'est posé dans les mêmes termes dans votre propre pays, quand votre président, après deux mandats et la modification de la Constitution, ramenant le nouveau mandat à 5 ans renouvelable une seule fois, s'est présenté en 2005. Quand votre opposition a prétendu que cela n'était pas possible, votre Conseil constitutionnel a tranché, en toute indépendance, en proclamant qu'une loi constitutionnelle n'est jamais rétroactive. La polémique a aussitôt, cessé, parce que les Burkinabè sont respectueux de la loi, aiment leur pays et se soucient de son image. »
C'est net et clair qu'à travers cette réponse, nous y avons tout, pour découvrir véritablement qui est cet homme que nous avons placé à la tête de notre pays depuis 12 ans. Nous y avons noté sans conteste, la suffisance à l'extrême, l'autoglorification de l'insignifiance, l'incarné de narcisse, l'antidémocratisme primaire dont il fait montre à chaque occasion, etc. Il ne s'est pas bien entendu contenter ici, de cracher seulement comme toujours, quand il fait semblant d'appeler au dialogue, son venin sur ses adversaires politiques, mais, il aussi insulté notre peuple à travers sa dernière phrase. L'heure d'une riposte foudroyante du peuple sénégalais, pour exiger le respect qui est dû à son rang, vient de sonner pour lui et ce sera le 18 mars 2012.
L'équation est très simple et nous n'avons pas le droit de commettre l'erreur, qui consiste à confondre les vraies données du problème de notre pays, à cet instant-ci. Il est question à l'heure actuelle pour tous ceux qui combattaient farouchement ce régime, de sauver pendant qu'il est encore temps notre pays d'un péril que constitue qui s'appelle Me Wade, et non de savoir si on doit être pour ou contre Macky Sall.
La victoire de Macky est démocratiquement incontestable et, elle est largement méritée au vu du travail abattu depuis son départ du PDS, et durant sa campagne qu'il a rondement menue dans l'ensemble du territoire national. J'estime qu'il est très dangereux pour la cohésion de l'unité nationale de notre pays, de vouloir entacher ou lier la victoire de Macky, en jouant injustement sur la fibre très sensible du phénomène ethnique. Objectivement, ce ne sont pas seulement les Pulars qui ont porté leurs voix sur lui. Si tel était le cas, il ne serait pas arrivé presque dans toutes les régions, qui sont d'ailleurs multiethniques, premier ou second et au pire des cas troisième. Par conséquent, arrêtons ce faux débat stérile, sur les ethnies, les religions, les réions, etc., qui ne nous avance en rien, par rapport au combat et à l'objectif du moment que nous visons tous, en tant que patriotes, à savoir, aller à l'essentiel, c'est-à-dire dégager Wade au 2e tour.
Cet ultime combat, est celui de tous les Sénégalais qui en ont marre du régime de Me Wade, quel que soit leur appartenance politique, ethnique, régionale, religieuse ou confrérique, etc. Il est vrai que c'est Macky qui porte ce combat sur ses épaules en tant que candidat, mais, il est aussi celui tous ce qui ont souffert de la gouvernance hideuse de Me Wade. Aujourd'hui, le sort de Me Wade se trouve entre les mains du peuple souverain, comme il aurait dû toujours être légitimement. Ceci, nous l'avons tous constaté et nous devons en être conscients. En effet, Me Wade l'a toujours nié, en nous disant une fois élu, que c'était par la grâce de son marabout qu'il est parvenu à la tête du pays. Partant de là, il n'était en rien du tout, redevable à son peuple. Qui l'aurait cru avant le 19 mars 2000 ?
N'avait-il pas déclaré à la face du monde que si le peuple sénégalais se soulevait contre lui, il partirait ? Qu'en-t-il depuis le 23 juin 2011 au Sénégal ? Mais l'habitude étant une seconde nature alors, rien n'y fait c'était tout juste du bluff et la confirmation de «Ma waxoon waxeet», autrement dit, sa parole ne l'engage pas et ne le lie non plus. Par conséquent, il peut se dédire à volonté et à tout moment sans état d'âme. Est-il humainement concevable et admissible voire décent pour un chef d'Etat responsable, de déclarer à la suite de la mort de 12 citoyens -des martyrs- qui ne faisaient que défendre le respect de leur Constitution et exprimer leur opinion sur la marche de leur pays, que cela est simplement de la brise, mais que l'ouragan n'aura jamais lieu ? Et maintenant, dans quoi sommes-nous monsieur le président ? L'ouragan dont vous faites allusion, viendra le 18 mars et vous emportera surement.
Toujours à propos de Me Wade, il y a vraiment, mille et une raisons qui font que les Sénégalais qui aiment si profondément leur pays, qui ne sont pas amnésiques et se souviennent bien, devraient tout faire pour hâter son départ sans délais, ni aucun regret. Je leur rappelle au passage quelques faits significatifs pour conforter cela. Il est de notoriété publique que Me Wade est foncièrement allergique à la légalité.
Est-ce un fait contestable ? Non ! Ensuite, depuis la survenue de l'alternance politique le 19 mars 2000, toutes nos institutions et notamment, la loi entendue au sens large du terme : Constitution, lois organiques, lois ordinaires, décrets et arrêtés ont fait l'objet de violations répétées. Ceci, par le simple transit à un Parlement, chambre d'enregistrement adopte les yeux fermés, tout ce que le chef de l'Etat leur envoie, même les lois organiques pour lesquelles, la modification devrait passer nécessairement par la voie référendaire n'est pas respectée. L'une dans l'autre, ces violations sont symptomatiques d'un rapport tendu que le chef de l'Etat, gardien de la Constitution, entretient, paradoxalement, avec la Légalité.
Le Conseil Constitutionnel en validant sa candidature pour un 3e Mandat illégal de Me Wade, ne fait que confirmer cette allergie à la légalité.
En reprenant le titre de ma dernière contribution, je dis à nouveau vive le peuple sénégalais et gloire à sa vaillante jeunesse, pour le triomphe au soir du18 mars 2012, marquant le départ définitif de Me Wade à la tête de notre pays et la fin d'un régime libéral, qui n'a que trop duré. Ma carte d'électeur, mon arme !
Par Mandiaye Gaye -
Gaye_mandiaye@hotmail.com