ces scandales sur fond de millions
On ne peut pas oublier le président qui nous a tant promis
‘Le président t’oublie, oublie le président !’ C’est une phrase entendue dans une des chansons du rappeur connu pour son engagement légendaire, Didier Awadi. J’ai l’impression que le président nous a oubliés avec tous ses engagements internationaux qui ne signifient pas grand-chose pour son peuple, au moins pour la grande partie de ce peuple. Les derniers en date le rapprochement avec Dadis Camara et la médiation entre l’Iran et la France pour échanger une citoyenne française retenue en Iran et deux supposés terroristes iraniens retenus en France. Une médiation rejetée avec la dernière énergie par le ministre français des Affaires étrangères.
Nous avons besoin de l’énergie et du savoir faire de notre président ici au Sénégal. Les chantiers sont là et le front social toujours en ébullition. Ce qui nous réconforte dans cette conviction de l’oubli, est l’éclatement de ces scandales sur fond de millions. Des millions comme cadeaux et des millions volés ! Mais il ne faut pas oublier que, dans ce pays, on a dit que des milliards ont opposé le président et un de ses anciens Premiers ministres. Un ancien Premier ministre qui a annoncé à travers un fameux Cd que les premiers mots du chef de l’Etat dans son bureau au Palais, à son accession à la magistrature suprême en 2 000, ont été : ’C’est fini nos soucis d’argent’.
Le rapport entre l’argent et la gestion du pouvoir est extraordinaire dans ce pays. Le chef de l’Etat n’avait pas manqué de demander au défunt khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, de prier pour lui car le problème ce n’est pas l’argent, mais comment le dépenser parce qu’il en a assez ! De l’argent donné par ses amis de l’étranger, comme l’avait dit aussi, durant les dernières élections, le maire de Ziguinchor et actuel ministre des Forces armées. Au lendemain de l’alternance, pour les besoins des premières éditions des vacances citoyennes, un journaliste avait rapporté que des liasses de billets d’argent étaient dans le convoi du ministre de la Jeunesse, tout se réglait cash !
Apparemment, le pouvoir peut bien rendre fou ? Mais ici, ce n’est pas le pouvoir avec ses institutions, ses mythes, ses symboles, c’est tout juste le pouvoir de l’argent. Et c’est bien triste ! C’est la course folle vers l’enrichissement personnel au détriment de l’intérêt général et de toutes les valeurs, fondement d’une société organisée et civilisée. Des marabouts sont achetés à coup de millions, des politiciens changent de camp au prix de plusieurs millions, on cherche à acheter le silence de journalistes par des millions, des millions, encore des millions et toujours des millions. Toutes les revendications tournent autour de l’argent. Un jour de retour de voyage, le président qui répondait à un journaliste sur la demande d’augmentation de salaire des enseignants, comme c’était déjà fait avec les magistrats, dira : ’Ils n’ont qu’à tous devenir des magistrats’.
Une partie de la société désigne une autre partie de la société par ‘nouveaux riches’. Des gens qui avaient du mal à trouver le ticket de bus et qui roulent aujourd’hui à bord des dernières marques de véhicules. C’est aussi la course pour les plus belles filles et les plus belles maisons. Non point de méchanceté ! Nous avons tous le droit d’évoluer socialement mais des voies légales et saines sont tracées pour tous les citoyens de ce pays.
Le plus dangereux, c’est que ce rapport des autorités avec l’argent, a des répercussions négatives sur toute la société. Le leitmotiv, c’est quoi dans ce pays : l’argent, pour l’avoir, ce n’est pas par le travail mais des manœuvres souterraines. Je me rappelle de cette citation en cours de philosophie : ’Au Nord, des personnes meurent par excès de calories, au Sud, des gens meurent par manque de calories’. Ici chez, nous des gens meurent par manque de moyens, d’autres meurent moralement et religieusement par excès de moyens. Je veux dire que tout ce qu’ils font, est moralement et religieusement condamnable. On ne peut pas oublier notre président qui nous a tant promis !
Ndiaga DIOUF Journaliste ndiagadiouf2005@yahoo.fr