Certificats d’indigence Les enjeux d’une poli
Certificats d’indigence Les enjeux d’une politique sociale bien maîtrisée à la base
Article Par CHEIKH FALL, Directeur du CPRS de Dakar Plateau,
Paru le Jeudi 26 Nov 2009
La question qui défraie le chronique depuis la semaine dernière et relative à la distribution de secours de tabaski à des indigents de complaisance pose un problème réel de management du secteur social à la base.
En effet, pour le travailleurs social que nous sommes, gène ne pouvait être plus grande d’entendre un tel scandale dans une région comme Dakar qui connaît le maillage le plus dense du Sénégal en CPRS , structure de base de l’action sociale et chargée par les pouvoirs publics d’apporter la réponse institutionnelle à la demande sociale communautaire.
Et parmi ces réponses, justement l’identification et le ciblage des personnes ou groupes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale, en vue d’un apport de réponses pour une inclusion sociale et même économique. Sous ce rapport, il est important à mon avis, que l’opinion soit édifiée sur cette catégorie de fonctionnaires, certes peu connus, mais qui constituent un niveau d’intervention sociale extrêmement efficace dans la chaîne d’acteurs de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Certes, on pourrait me rétorquer que de toute façon, les travailleurs sociaux tentent de régler la pauvreté à coups d’enquêtes sociales peu fructueuses, souvent à issue incertaine et à résultats peu garantis.
Tout de même, il me semble important d’éviter de jeter le bébé et l’eau du bain ; car si aujourd’hui, dans ses balbutiements le secteur semble peu maîtrisé du fait de facteurs connus ou peu connus, il est quand incroyable que des autorités sensées porter l’espoir à l’échelle de la région, de la commune ou de la commune d’arrondissement, ignorent royalement les ressources humaines que l’administration met à leur disposition pour faire face aux questions techniques qui se posent à elles.
Bien évidemment des exemples de Maires travaillant dans l’intérêt exclusif des populations réellement nécessiteuses existent. On peut citer le cas de Monsieur Baye oumy GUEYE qui a dirigé la délégation spéciale des HLM jusqu’en Mars 2009 et qui avait compris que le choix judicieux des cibles à atteindre dans le cadre des secours en nature ou en espèces, ne peut se faire qu’avec les travailleurs sociaux, payés pour faire ce job pour parler comme les américains.
Cet exemple illustre à suffisance comment dans la bonne foi, des actions pouvaient être appréciables et bénéfiques pour la population qu’on est sensé servir.
Voilà pourquoi, à mon sens, ce débat sur le ciblage des personnes indigentes ( ?) par la Mairie de Patte d’oie ou de Médina, nous indispose et certainement devrait indisposer tout sénégalais épris de justice sociale. Et ceci d’autant que nous ne pouvons perdre de vue que ce sont les impôts et les taxes de tout le monde qui sert de budget à la collectivité locale ; aussi, sa gestion de manière efficace est un impératif si l’on ne veut pas subir le même sort que Sisyphe dans son supplice.
S’il est vrai que, comme on le pense Outre-Atlantique, il n’y a pas de problème, il n’y a que de opportunités ; cette affaire devrait servir de point de départ à une plus grande rigueur dans la gestion du secteur social dans les collectivités locales, en évitant surtout d’en faire des postes budgétaires pour entretenir une quelconque clientèle politique mais juste, un instrument de promotion sociale en direction de ceux qui veulent se passer d’aide cyclique.
C’est un appel pressant en direction des autorités administratives en particulier les Sous Préfets, qui, reconnaissons le, sont en train de renverser la tendance par endroits, en ne délivrant de certificats d’indulgence que si une enquête sociale aura été dûment menée par un travailleur social par exemple.
En attendant de poser les bases réelles d’une véritable approche peu résiduelle du social et plus promotionnelle, il est important à nos yeux en tant que travailleur social de tirer la sonnette d’alarme afin que les maigres ressources de notre pauvre pays soit davantage gérées au service exclusif des cibles réelles de l’action sociale.