du 3è millénaire
Le mal politique du 3e millénaire
En ce début du 3e millénaire, nombreux sont ceux qui comme moi, à force de vouloir comprendre les mécanismes juridiques de succession à la tête des royaumes et des républiques, finissent par en perdre leur latin. Au niveau des empires et des royaumes, les choses sont à peu près claires. Quand on sait que les dauphins sont connus dès leur naissance. En tout cas, c'est la perception des sujets.
C'est dans les républiques qu'une véritable nébuleuse juridico-politique enveloppe et semble déterminer le processus de succession à la tête de l'Etat républicain ou république-royaume. En tout cas c'est la perception des citoyens. Pour étayer mes propos, je vous laisse méditer des cas de figure vécus ou en voie de l'être. Au Togo, un fils a remplacé son père au prix d'une transition scabreuse et fort élevée en pertes de vies humaines. En Libye et en Egypte, deux fils sont présentement dans le moule qui feront d'eux des dauphins pré-désignés. Pour le moment, l'heure est à la préparation mentale des masses qu'il convient de rendre réceptives. Tous les moyens y passent, singulièrement les plus insidieux (je vous laisse deviner).
Dans le sérail politique de notre cher pays, des voix peu ou prou informées ont crié gare, car selon elles, le virus nous guette. J'ose espérer que la maturité politique de notre peuple dont les dirigeants sont une composante, nous évitera et nous éloignera de pareilles pratiques. Je m'empresse d'ajouter qu'un fils peut bel et bien remplacer son père à la tête d'un Etat si telle est la volonté du peuple librement exprimée par la voie prévue par la Constitution en vigueur. Toute autre forme de succession fils/père dans une république remettrait en cause les principes républicains chèrement acquis à travers l'histoire (révolution française 1789).
François 1er, roi de France, mettait au bas des documents qu'il signait : ‘Car tel est mon bon vouloir’. Cette mention royale du 16e siècle français semble être la volonté non exprimée explicitement des dirigeants qui propulsent leurs enfants après des décennies de magistère sans partage. Où se termine la République ? Où commence le royaume ? Répondez-y éminents constitutionnalistes.
Aux Etats-Unis (Usa), les rédacteurs de la Constitution étaient fort bien inspirés en limitant les mandats présidentiels à deux consécutifs. Sans ce savant mécanisme, des membres d'une même famille arrivés au pouvoir par une conjoncture politique auraient pu se succéder dans le bureau ovale de la Maison blanche, donnant ainsi l'impression d'un continuum familiale à la tête du plus puissant Etat de la planète. Cette hypothèse n'est pas à écarter dans le drame qui a frappé une célébrissime famille américaine en 1963 et 1968.
L'histoire nous a appris que quelque part sur la planète, des sujets en furent venus à infléchir la logique de continuité de la royauté quand le successeur se révèle incapable d'assumer ses charges pour le bonheur du peuple. Ce fut le cas en France quand Hughues Capet surclassa la célèbre dynastie des carolingiens avec l'aide de plusieurs corps sociaux, principalement du clergé. Pourquoi, au troisième millénaire, en république, on veuille ramer à contre courant de l'évolution de l'humanité. Cette humanité qui s'éloigne de l'obscurantisme à la vitesse grand ‘V’.
Le genre humain vit des paradoxes. II sombre dans des chaos à la période où il devait être fort du capital sagesse hérité des civilisations gréco-latine, judéo-chrétienne, arabo-islamique, etc. Les politiciens insatiables pour eux et pour les siens en endossent une large part de responsabilité.
Abdoulaye CISSE Directeur de l'Ecole de Dagayoundoum Département de Kaolack