Au service d’une conscience citoyenne pour le
Au service d’une conscience citoyenne pour le Sénégal
Au regard de la situation socio - politique qui prévaut en cette période pré - électorale au Sénégal, on est inquiet et plein de chagrin. Ce pays qui est vu au plan international comme un exemple de démocratie en Afrique et dans le monde est en train de sombrer dans le chaos.
Les images de violence que présentent les médias disent la frustration qui habite le cœur des Sénégalais. La validation de la candidature d’Abdoulaye Wade par le Conseil Constitutionnel a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. ‘Trop c’est trop.’ Depuis quelque temps, des marches et autres manifestations notamment contre les nombreuses coupures d’électricité, ont exprimé le mal-être des Sénégalais.
L’alternance démocratique pour laquelle la majorité des citoyens ont milité et qui est advenue en 2000 semblait ouvrir une ère nouvelle pour une véritable amélioration des conditions de vie des Sénégalais. Qu’en a-t-il réellement été ? Je laisse le soin à chacun d’y répondre librement. En tout état de cause, le pari est vraisemblablement loin d’être gagné. Celui qui a vécu au Sénégal avant et après l’alternance s’est rendu compte que les conditions de vie des Sénégalais n’ont pas fondamentalement changé. Quoiqu’il y ait eu des infrastructures qui sont sorties de terre, le panier de la ménagère et le chômeur n’en ont pas beaucoup profité. La situation actuelle semble confirmer une déception longtemps ruminée du peuple dans son ensemble, même si elle profite bien à certains de ses membres.
Beaucoup de citoyens sénégalais se disent aujourd’hui déçus par Abdoulaye Wade. Leurs rêves n’ont pas été réalisés. Celui qui passait pour être le ‘sauveur’ de son peuple, l’a-t-il vraiment été ? L’heure du bilan a sonné. Qu’a-t-il donc fait pour tirer son pays de la pauvreté, du manque d’emploi, de l’impunité, de l’ingérence de ses dirigeants et qu’en sais-je ? En cette heure décisive, chaque citoyen est appelé à une véritable prise de conscience, en premier les gouvernants. Ceux-là, avec à leur tête le chef de l’Etat, qui se sont vu confier la destinée de leur pays ; ont-ils toujours été loyaux pour la conduite et la gestion des affaires publiques ? Et nous les ‘simples’ citoyens nous sommes-nous toujours sentis responsables pour gérer les biens de l’Etat, contribuant par le fait même à la construction de notre pays quoique nous ne sommes pas officiellement investis pour conduire les affaires publiques ?
Revenons-en à la situation du moment. La question qui fâche les Sénégalais est bien la candidature d’Abdoulaye Wade pour les élections présidentielles du 26 février 2012. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que le peuple sénégalais doit prendre lui-même son destin en main. Il n’a plus à se laisser berner par les politiques de quelque tendance qu’ils soient. Nous sommes souvent victimes de démagogie, de supercherie et surtout de notre naïveté. Ne rêvons pas de l’impossible. En cette période de campagne en vue des élections présidentielles, nous entendrons beaucoup de promesses de la part des prétendants au fauteuil présidentiel. On n’a pas besoin de faire de hautes études pour comprendre qu’il est impossible d’avoir un Tgv dans un pays qui a du mal à répondre à la demande en électricité des populations.
Le chanteur ivoirien Alpha Blondy disait : ‘Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains eux-mêmes.’ Que de fois nous sommes tentés de dire : ’Nous sommes nos propres bourreaux.’ Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis sans nous en rendre compte peut-être. Le citoyen lambda est prompt à dénoncer ce qui ne va pas dans son pays surtout quand ses droits sont bafoués. Pendant ce temps, il oublie ses devoirs. Les comportements irresponsables notamment l’indiscipline, la corruption, la complicité, pour ne citer que ceux-là, font rage à tous les échelons de la vie publique sénégalaise. Le peuple en est bien conscient puisqu’il en parle en son sein surtout quand il y a des catastrophes qui en résultent comme le fameux naufrage du bateau le Joola survenu en 2002, avec un bilan officiel d’ ’au moins 1863 morts, une des pires catastrophes maritimes de l’histoire.’ Mais à cause du fatalisme, on s’en tient à un simple ‘Grawul’ (qui signifie ce n’est pas grave en langue Wolof) ou un ‘Yalla baax na’ (qui signifie Dieu est bon). N’est-ce pas là une fuite pure et simple de ses responsabilités ?
Celui qui sera élu à la magistrature suprême à l’issue des prochaines élections présidentielles n’a rien d’un surhomme, c’est quelqu’un qui sera issu du peuple avec ses qualités et ses défauts. Il devra compter sur la bonne volonté, la coopération et l’engagement de chaque fils et fille de la nation et bien sûr donner le meilleur de lui-même. Cela suppose que ce soit un homme responsable et consciencieux tel qu’il en existe assurément parmi le peuple. Autrement, nous assisterons encore à une ‘confiscation’ anticipée des ‘responsabilités’ déjà compromises par une mentalité oscillant entre résignation et fuite en avant ou démission.
Les dirigeants de notre pays, hommes politiques de tout bord (l’opposition comme le parti au pouvoir), le président de la République en particulier, doivent faire leur cette prière du sage roi Salomon qui, à mon avis, doit inspirer tout chef quelles que soient ses convictions religieuses, politiques, … : ‘Donnes à ton serviteur un cœur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal (…)’ Et Dieu de lui répondre : ‘… je te donne un cœur sage et intelligent …’ (1er livre des Rois chapitre 3, versets 9 et 12).
Abbé Alphonse Katime FAYE Prêtre sénégalais en mission en France
La stratégie du M23 : une aubaine pour Idrissa Seck ! (Suite)
La troisième chimère est le prétendu pouvoir magique du Conseil constitutionnel de faire fi des résultats des urnes et proclamer Abdoulaye Wade vainqueur même si ce dernier est clairement battu aux urnes. Pour étayer leur argument, certains citent le cas du Conseil constitutionnel ivoirien qui, sous l’égide du très politique Ndri, avait proclamé Gbagbo vainqueur alors que le maximum qu’il lui était permis de faire est l’invalidation des résultats de l’élection présidentielle. Comme je l’avais dit à Mamadou Diop ‘Decroix’, Abdou Fall, Cheikh Tidiane Gadio et Doudou Wade au siège de Aj/Pads en 1999 et à Abdoulaye Wade dans un restaurant sénégalais à Harlem en novembre 1999, les fraudes ne peuvent pas être la cause primaire de la défaite d’un candidat à une élection présidentielle sénégalaise. Elles peuvent amplifier l’écart entre le vainqueur et le vaincu, mais la vraie cause de la défaite réside dans la faiblesse du vaincu. Un candidat qui n’est pas en mesure de garantir la sécurité du vote sur toute l’étendue du territoire national ne peut pas objectivement justifier qu’il est plus représentatif que celui qui arrive à avoir au moins deux représentants dans chaque bureau de vote.
Je me rappelle bien qu’Abdou Fall avait émis un doute sur ces propos. L’amélioration de la sécurité du vote en 2000 avait sans nul doute permis d’amener Abdou Diouf au second tour. La même chose est valable aujourd’hui. La suite tout le monde la connaît. Ce n’est pas parce que le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Me Abdoulaye Wade qu’il a les moyens de le déclarer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Le juge constitutionnel peut interpréter comme il l’entend les articles de la loi fondamentale. Il lui est, cependant, impossible d’outrepasser la volonté exprimée par les Sénégalaises et Sénégalais et déclarer Me Wade vainqueur alors qu’il a clairement perdu les élections aux urnes. Il est vrai que Cheikh Tidiane Diakhaté a un précédent qui peut pousser à croire autrement.
Mais cette élection présidentielle est particulièrement très bien observée par les alliés du Sénégal qui ont exprimé leur scepticisme quant à la sagesse de Me Wade de briguer un troisième mandat. Tout porte à croire qu’ils vont user de tous les moyens qui seront à leur disposition pour décourager toute tentative de Me Abdoulaye Wade de se proclamer vainqueur alors qu’il a perdu aux urnes. Il me semble aussi insensé de croire que malgré la présence des observateurs étrangers, le dynamisme de la presse sénégalaise et la possibilité pour les candidats de veiller à la sécurité du vote que le Conseil constitutionnel puisse proclamer Wade vainqueur après qu'il ait été défait à plate couture aux urnes. En 2000 et 2009, les Sénégalais ont pu tester la faisabilité d’une défaite des tenants du pouvoir.
Idrissa Seck sait que ses chances d'aller au deuxième tour sont presque nulles avec Wade dans la course. Il faut alors tout faire pour focaliser l'opinion publique sur la nécessité de mettre Wade hors de la course. En écoutant les différents programmes interactifs des radios du pays ou en consultant les échanges de nos compatriotes à travers le World Wild Web, on se rend compte qu’une portion assez significative du peuple sénégalais (peut-être la majorité) n'est pas tombée dans le filet de notre Machiavel local. Mais peu importe pour lui parce que le doyen Ibrahima Fall, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, les porteurs des candidatures crédibles contre Me Wade et le camp libéral, ont tous mordu à son hameçon.
Le seul qui semble mettre en danger le plan machiavélique d’Idrissa Seck est son ex-lieutenant Macky Sall. Ceci se comprend bien, parce que Macky Sall le connaît mieux que tous les autres candidats. M. Sall est aussi entouré de personnes qui ont pendant longtemps pratiqué Idrissa Seck et savent comment il construit et exécute ses plans pour devenir le quatrième président de la République du Sénégal. On peut bien imaginer que la prochaine étape dans la marche de Monsieur Seck vers la réalisation de son rêve, être élu quatrième président de la République du Sénégal, est de réussir à diaboliser Macky Sall. Il semble avoir atteint sont but au sein du leadership du M23. Il y a de bonnes raisons de douter que le peuple sénégalais va se laisser prendre dans ce nouveau piège d’Idrissa Seck.
S'il est bien vrai que l’écrasante majorité des électeurs sénégalais ne veulent plus de Wade, ils peuvent le faire partir en février-mars 2012. Il va sans dire que la seule personne qu’une telle défaite de Me Wade ne va pas arranger est Monsieur Idrissa Seck. Voilà, à mon humble avis, la raison pour laquelle il utilise aujourd’hui tout son savoir-faire machiavélique pour empêcher que cette défaite de Wade ait lieu.*(Fin)
Diomaye (Ndongo) FAYE Cilawkuut@com
La corniche de Dakar, un sanctuaire des sacrifices humains
12 mars 2009, 12 mars 2012, trois ans que le meurtre crapuleux de Fama Niane n’est pas encore élucidé. A la même période, celui du jeune Maodo Malick Pouye, un garçon de sept ans vient encore augmenter le macabre lot d’innocentes victimes sacrifiées sur l’autel de politiciens véreux, avides de pouvoir et de privilèges. Pendant ce temps, le peuple sénégalais s’émeut momentanément pour tout oublier dans quelques jours, surtout avec la fièvre électorale. Nous sommes ainsi comme un troupeau bien gardé dans un enclos dont les propriétaires (les politiciens) en sacrifient un à chaque année électorale.
Hier, c’était Fama Niane, aujourd’hui, c’est le petit Maodo Malick Pouye qui est passé sous le couteau des féticheurs politiciens sous l’œil bienveillant de la police et des organisations de défense des droits de l’homme comme la Raddho, plus préoccupées de la chose politique et des droits des homosexuels que ceux d’honnêtes citoyens.
Sur l’affaire Fama Niane, il est inconcevable qu’après trois ans que la police sénégalaise n’ait pas retrouvé son meurtrier. Où sont passées son expertise et son efficacité ? A moins qu’elles ne soient orientées ? Serait-elle complice de la nébuleuse qui entoure le sacrifice de Fama Niane ? La famille de Fama ne comprend pas que depuis 2009 qu’aucune autorité étatique, judiciaire, politique ou civile n’ait levé le plus petit doigt pour aider à élucider cette affaire. Pourtant, deux correspondances ont été adressées au président de la République pour aider à diligenter le dossier mais aucune réponse.
Quant aux organisations de défense et de préservation des droits de l’homme ou de la femme, elles ont brillé par leur silence et leur indifférence, se contentant plutôt de capter des fonds destinés pourtant à aider les citoyens confrontés à de pareilles situations. Il n’y a pas de doute qu’il y a des forces occultes tapies dans l’ombre qui manigancent et manœuvrent pour que cette affaire n’ait jamais d’issue mais elles oublient qu’il y a une Force supérieure au-dessus de tout qui, tôt ou tard, mettra tout au grand jour.
Aujourd’hui encore, c’est la famille du petit Maodo Malick Pouye qui revit la même amertume, la même douleur et la même angoisse que celles que la famille de Fama Niane a vécues, il y a trois ans. Et le même scénario risque de se reproduire : essayer de leur faire oublier leur douleur indicible par l’usure du temps en attendant le prochain agneau du sacrifice. Pauvre peuple démuni, tu trinqueras toujours.
Hamady SAM samhamady@yahoo.fr