dans la campagne électorale 2012
Alors que les forces politiques et sociales tout comme la société civile se
mobilisent en direction de l’élection présidentielle du 26 février 2012, la
campagne électorale est d’ores et déjà placée sous le signe des technologies de
l’information et de la communication (TIC) et plus particulièrement de Facebook.
Certes, d’aucuns diront qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté tant le téléphone
portable et les radios FM avaient joué un rôle important lors de l’élection de
2000 qui avait sonné le glas de quarante ans de règne du Parti socialiste (PS)
sur la vie politique sénégalaise et la survenue de l’Alternance. La différence
réside dans le fait que la campagne électorale de 2000 avait été somme toute
très classique avec ses meetings, ses caravanes, ses concerts, le placardage
d’affiches, etc. sans oublier les désormais célèbres « marches bleues », forme
de mobilisation originale et surtout en adéquation avec les moyens financiers
limités dont disposait M° Abdoulaye Wade et la coalition qui le soutenait. A
l’époque, la mobilisation électorale ne s’était guère appuyée sur les TIC et
tout au plus la diaspora sénégalaise avait-elle organisé des « marches bleues
sur le net » consistant à se connecter massivement sur un site de chat et à y
envoyer régulièrement des messages pour y signaler sa présence. Par contre, les
TIC, et plus spécifiquement la combinaison du téléphone mobile et des radios FM,
avaient joué un rôle important dans un premier temps pour dénoncer les
différentes tentatives de fraudes ou de perturbations du scrutin, puis dans un
second temps pour faciliter la vigilance citoyenne lors du dépouillement des
résultats dans les différents bureaux de vote puis leur proclamation
instantanée interdisant ainsi les tripatouillages électoraux auxquels
s’adonnaient habituellement les différentes autorités administratives en charge
de l’organisation du scrutin et de la proclamation officielle des résultats.
Cette fois-ci, la situation est différente car la campagne électorale a très
tôt démarré sur Internet, non pas à travers la création de sites web et de
blogues dédiés comme en 2007 mais plutôt via l’utilisation de pages Facebook.
Il faut dire que ce réseau social, déjà très populaire parmi la jeunesse, a
suscité un vif intérêt dans les cercles politiques depuis la révolution du
jasmin en Tunisie, que certain ont baptisé « révolution Facebook », qui a
marqué le début du « Printemps arabe ». Le coup d’envoi de la mobilisation
politique des Sénégalais et des Sénégalaises via Facebook a commencé à prendre
de l’ampleur après les manifestations du 23 juin 2011 devant l’Assemblée
nationale visant à protester contre la modification de la constitution en vue
de créer un poste de vice-président et permettre l’élection du Président de la
république avec 25% des voix. Plus d’une dizaine de pages Facebook,
s’inscrivant dans la mouvance des « indignés sénégalais » se sont alors créées,
attirant des dizaines de milliers d’internautes autour du slogan « Wade dégage
». Surfant sur cette dynamique, nombre de candidats à l’élection présidentielle
ont créé des pages Facebook au point qu’un site a décidé d’établir le classement
de celles-ci sur la base du nombre de « J’aime » qu’elles récoltent. Si dans le
monde globalisée dans lequel nous vivons, l’utilisation des réseaux sociaux
comme outil de mobilisation et de propagande se comprend tout à fait, il n’en
reste pas moins que l’on peut légitimement s’interroger sur son impact réel sur
le l’évolution du cours politique. En effet, le Sénégal avec ses 620 000
utilisateurs de Facebook, soit un taux de pénétration de 67,24% de la
population en ligne mais de seulement 4,41% de la population totale, est loin
de présenter une situation comparable à celle de la Tunisie avec ses 2 800 e Facebook soit un taux de pénétration de 26,44% de la population
totale. Reste donc à savoir si, au-delà de l’indéniable effet de mode, le
phénomène Facebook a réussi à se faire véritablement une place dans les mœurs
politiques sénégalaises au point d’en devenir un des éléments majeurs comme le
sont déjà l’affichage public, la presse écrite, la radio, et la télévision.
Quoiqu’il en soit, globalement parlant, les TIC sont d’ores et déjà des
instruments indispensables à l’action politique qu’il s’agisse d’utiliser le
téléphone mobile pour véhiculer des mots d’ordre ou coordonner des actions, de
recourir au courrier électronique pour informer les militants et faire circuler
des documents ou encore d’intervenir dans la presse en ligne et les forums de
discussions pour véhiculer ses idées et peser sur la formation de l’opinion
publique.
Olivier Sagna
Secrétaire général
OSIRIS
Lancement de la plateforme Sunu 2012
A l'occasion de l'élection présidentielle qui se déroulera le 26 février 2012,
l'Association des blogueurs du Sénégal a mis en ligne une plateforme dénommée «
Sunu 2012 » visant à veiller à la consolidation de la démocratie et à la
transparence des élections en vue d’aider les citoyens dans leur choix. Elle
offre trois grandes rubriques qui sont les candidats, l'agenda électoral et une
revue de presse. Se disant apolitique et non liée à la Commission électorale
nationale autonome (CENA), cette plateforme se veut un espace où les
internautes sénégalais pourront exprimer leurs opinions. A noter qu'à cette
plateforme sont associés une page Facebook (http://www.facebook.com/sunu2012)
et un compte Twitter (http://twitter.com/#!/sunu2012).
Sénégal 2012 les élections et nous : http://www.sunu2012.sn/