La fin de l’exception sénégalaise
La fin de l’exception sénégalaise
Pendant longtemps, le Sénégal fort de ses traditions démocratiques et riche de ses réflexions doctrinales tissées au cours de son histoire et perpétuées après son indépendance, a fait école et exception en Afrique. On parlait partout d’un modèle sénégalais, fondé sur le dialogue, le consensus et la tolérance, et dont la réussite résidait beaucoup dans le comportement vertueux et ingénieux de son peuple et de ses dirigeants. Ce pays que nous chérissons tant et qui se distinguait alors dans l’Afrique par un caractère curieusement personnel est devenu malheureusement plein de contrastes : son système institutionnel s’est affaissé, l’éthique de conviction et de responsabilité a disparu, l’esprit sengho rien d’organisation et de méthode s’est éloigné. Bref, l’excellence, cette notion qui a révélé le Sénégal au monde entier notamment à travers le triptyque : éducation-culture-diplomatie, a cédé la place à une sédimentation de l’inacceptable dans notre République et sa démocratie.
Nos amis africains et européens nous le disent. Sans doute, les traits les plus gros et les plus simples échappent aux gens du pays. C’est bien le symbole du malaise d’une République tombée sous les sarcasmes des prosélytes à la démocratie, au pluralisme politique et au respect des libertés individuelles et collectives. Le Mali et les Iles du Cap Vert, pays limitrophes, sont en mesure aujourd’hui de nous montrer la voie de la bonne gouvernance. « Ne pas rire, ne pas détester, mais comprendre » comme disait Spinoza. Comprendre comment nous en sommes arrivés-là ? A ce Sénégal qui flotte sans repère, sans cap, devenu un Etat sans personnalité, sans le moindre éclat et où les Sénégalais vivent au jour le jour dans une vie terriblement quotidienne, dans une sensation d’incertitude marquée, étant de plus en plus anxieux de connaître où ils vont, ne se lassant pas de s’interroger sur les lendemains possibles.
En ces temps troublés où les horizons se dérobent, ce moment d’équilibre que constitue ce que nous appelons la sagesse, devant être signe et sens, voilà qu’un Chef d’Etat tient des propos condamnables sur une communauté religieuse. Tout ce qui heurte profondément le Sénégal dans son histoire, la société sénégalaise dans sa volonté du vivre-ensemble et la Ré publique dans sa cohésion nationale. Affirmer que la religion est un sujet délicat n’est pas une nouveauté. Il s’agit juste d’une confirmation. Car nous savons qu’elle demeure le terreau fécond de la division, l’accélérateur de la violence, d’où la nécessité de faire attention à ne pas froisser les personnes dans leur intimité confessionnelle ou confrérique, dans leur croyance. Au-delà de nos appartenances politiques ou religieuses, le Sénégal est une idée qui s’incarne dans la volonté de vivre ensemble avec un projet et une histoire. Cela requiert un fonds commun : l’attachement à la communauté nationale, à la dignité de la personne, à la survie de la société et des libertés, quels que soient les changements de majorité politique. Si notre pays a su jusqu’à maintenant rester un havre de paix, il le doit beaucoup à l’intelligence et à la vigilance de tout un peuple. Ainsi, le moindre renoncement à ces principes pour rait nous faire reculer à l’échelle du continent. Lorsqu’on a des valeurs communes, on doit construire et partager ensemble.
Le Sénégal est devenu surréaliste
Fort heureusement, les Sénégalais n’ont pas perdu leur capacité d’indignation, à savoir leur part d’humanité devant de telles déclarations. Des paroles profondes ont été prononcées pour dire : « trop, c’est trop… ». Sommes-nous pour autant réduits à rappeler au Lauréat du Prix Houphouet BOIGNY, à celui qui est censé garantir notre unité nationale et la cohésion sociale, porter la parole de la République dans d’illustres enceintes internationales qu’il se doit au moins d’avoir une attitude irréprochable dans ses interventions. A vrai dire, le style du Président Wade est incompatible avec les institutions. On devinait déjà que l’esprit fonctionnait en arborescence : une idée en amène une autre, les récits s’emboîtent les uns dans les autres. Personne ne sait plus alors dans quel espace inscrire la politique et dans quel temps l’exercer. Au surplus, il s’expose directement du fait de sa méthode de communication davantage horizontale que verticale. Il a besoin du conseiller qui se refuse à le flatter au péril parfois de sa vie, de l’ami qui lui dit ce qu’il n’aime pas entendre ou du citoyen qui, comme sous l’agora, n’a pas peur de dire ce qu’il pense. Rien ne l’empêchera, s’il le désire, de faire sienne aussi, cette sagesse bien de chez nous : « Le silence mûrit l’homme et la parole le révèle. »
La vérité est trop sévère : le Sénégal est devenu surréaliste, il ressemble trop souvent à un théâtre de boulevard, où la politique ne serait plus qu’une comédie. Voilà que des années le pouvoir y alterne tous les rôles, même le plus inimaginable : l’affaire SEGURA. Le public d’abord amusé attend désormais qu’il n’en interprète plus qu’un : celui de gouverner avec sérieux et respect. Si le Sénégal est tristement arrivé à ce niveau, sans doute que nous avons été trop frileux à l’égard d’un régime trop informel qui a pris tant de liberté avec la Constitution et les lois, l’i- dée de méritocratie et l’esprit de tolérance. Quelle force peut donc avoir la Nation quand ceux qui la commandent, mettent leur vanité et leur agressivité à se séparer d’elle, bien décidés d’avance à ne pas se soumettre à la volonté gé nérale, piétinant tout pour pouvoir imposer une culture de peur et de mépris.
Le vrai problème est le rêve du guide qui le guide lui-même. Cette démesure que de GAULLE appelait « la passion d’étendre coûte que coûte, sa puissance personnelle au mépris des limites tracées par l’expérience humaine, le bon sens et la loi. » Nous avons en effet le sentiment, de jour en jour, que le pouvoir ne maîtrise plus ses irritations dès lors que le doigt est mis sur la question de « la dévolution successorale » ou le monument de la Renaissance africaine.
Il faut dire que dans un monde concurrentiel, on ne peut pas être compétent par onction. Seul vaille le suffrage universel. Les généraux de Bonaparte au pont d’Arcole ou sous les pyrami- des n’étaient guère plus âgés que lui. Mais les fils de personne avaient fait la guerre, la vraie, celle où on se risque sa peau. D’autre part, le Président porte seul comme d’habitude ses projets. Le monument de la Renaissance africaine n’échappe pas à cette philosophie. Aujourd’hui, un homme assume de plus en plus dans ce pays toutes les fonctions de l’esprit, se chargeant de notre bonheur, de l’ordre, de la puissance, de notre avenir Il est devenu le seul possesseur de la plénitude de l’action, absorbant toutes les valeurs dans la sienne. Le peuple sénégalais n’étant là que pour recevoir l’action sans en être en tous points les collaborateurs. Il ne s’agit ni plus ni moins que de ravaler nos concitoyens à la condition d’instruments pour mieux disposer d’eux, quelle que soit leur valeur, leur compétence, allant jusqu’à ignorer que toute politique, même la plus grossière implique une idée de l’homme et une idée de la société Les passions coûteuses, on leur sacrifie tant de choses qu’il faut parfois des années pour payer le prix de ce qui n’était qu’une irrésistible fantaisie.
Il faut savoir partir quand le moment est venu
L’histoire est un cycle et que nous sommes parvenus à la fin de ce cycle ouvert par l’alternance en 2000. Le moment n’est-il pas venu d’avoir l’élégance de partir juste avant d’être tard ? Il est désormais devenu urgent de tourner la page de ceux qui abîment l’intérêt et le prestige du Sénégal, pour redonner au pays, son rayonnement, lui permettre de redevenir ce qu’il ne de vait jamais cesser d’être en Afrique : un modèle et une exception. Nous sommes en tout cas nombreux à demeurer convaincus que le Sénégal est résilient. Notre pays est capable de se redresser et se reconstruire.
Pour cela, il lui suffirait avant tout d’avoir un projet global, cohérent et sérieux, porté par un patriote rassembleur et rassurant, qui a de la compétence, de l’expérience et de l’endurance, qui a une densité et une vision. Les conclusions des Assisses Nationales constituent certainement une bonne dynamique pour la transformation et la modernisation du Sénégal. Il n’en demeure pas moins que chaque compatriote, à son heure, doit faire ce qu’il peut, ajou- ter sa pierre à l’édifice et avoir les valeurs que d’autres, après lui serviront pour que notre pays ne décline.
Il est encore temps de revenir à une perception d’une République sereine et consensuelle, d’une République fraternelle qui n’a pas peur d’elle-même, ni de son avenir, ni de ses talents, ni de son envergure. Une République démocratique, vertueuse, humaniste, plus grande, plus forte, plus sûre d’elle-même puisqu’elle aurait plus rassemblé que divisé tous ses enfants.
Auteur: Mamadou Diallo
Benno Siggil Senegaal crie au hold-up
Écrit par IBRAHIMA DIAKHABY (Stagiaire)
Mercredi, 17 Février 2010 20:08
La conférence des leaders de Benno Siggil Senegaal s’est prononcée sur la révision des listes électorales qui est ouverte sur l’étendue du territoire national, dans la période du 1er février au 31 juillet 2010. Pour ces opposants, Wade prépare un hold-up électoral.
La révision des listes électorales a démarré depuis le 1er février dernier sur l’ensemble du territoire sénégalais. Mais à voir comment les choses sont en train de se dérouler, les leaders de Benno Siggil Senegaal sont convaincus que «Wade est en train de dérouler son agenda qui consiste à préparer un hold-up électoral inédit, sans commune mesure avec ce qui s’est passé le 25 février 2007». Cette opération de révision des listes électorales constitue la première étape d’un long processus qui s’achèvera avec l’élection présidentielle de 2012, «dont tous les observateurs s’accordent à penser qu’elle va déterminer, de façon décisive, le cours politique du pays». Selon l’opposition, les délais requis par la loi pour informer les partis politiques du démarrage des inscriptions sur les listes électorales le 1er février 2010 n’ont pas été respectés. Les leaders se fondent, en effet, sur l’article 18 du Code électorale qui stipule clairement «au plus tard, vingt (20) jours, avant le début de la révision des listes électorales, les autorités administratives compétentes instituent, par arrêté, les commissions d’établissement et de révision des listes électorales, et précisent les horaires ainsi que les lieux où elles doivent siéger… Elle informe les parties politiques de la date du démarrage de la révision en vue de leur représentation».
En fixant, de façon unilatérale, à six mois la période de révision des listes électorales, Abdoulaye Wade a, de l’avis de Benno, «violé l’esprit de consensus qui a guidé, depuis 1992, l’élaboration et la révision du Code électoral». D’où l’exclusion de la quasi totalité des partis du processus électoral. La conférence des leaders ne s’arrête pas là, puisqu’elle relève «une inquiétante et curieuse coïncidence entre la période choisie pour la révision ordinaire des listes électorales, le lancement de la vente des cartes de membre du Pdsl et des opérations d’identification des groupements de promotion féminine, initiées par le ministère de la Famille dans les préfectures et sous-préfectures». Les autres suspicions portent sur les difficultés liées à l’obtention de la carte nationale d’identité numérisée, l’organisation des audiences foraines depuis plusieurs mois sans aucune publicité et l’inscription de non-Sénégalais sur les listes électorales pour la Présidentielle de 2012. Toutes choses qui convainquent Benno Siggil Senegaal que Wade prépare une vaste fraude électorale.
Recommandations
Bennoo exhorte, par conséquent, Me Wade à procéder, dans les meilleurs délais, à «la désignation d’une personnalité indépendante, consensuelle et équidistante des partis politiques pour conduire et présider les travaux d’une commission de révision de notre système électoral». Les leaders exigent aussi l’audit du fichier par des experts indépendants «en vue de le fiabiliser et de le débarrasser de tous les pièges qui l’ont miné et obstrué sa transparence». Ils en appellent à la mobilisation sans faille des militants sur le terrain, à l’inscription massive des Sénégalais et convient toutes les forces vives de la Nation «à se mettre en ordre de bataille pour construire une force capable de faire face à Wade, qui ne reculera devant rien pour faire aboutir son projet de dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils». Cela passe, disent-ils, par l’impérieuse nécessité de «la mise en place dans les meilleurs délais d’un puissant et vaste Front national pour la régularité et la transparence des élections
Changer pour périr
II - Toute la classe politique est interpellée et le Pds ou Pds/L en tête
Comme s’il n’y avait pas de répit, l’année 2010 commence déjà elle aussi avec son concert de polémiques sur certains dossiers sensibles qui préoccupent nos concitoyens. Chaque matin, l’opinion publique est secouée comme par un coup de grisou, avec une récurrence inquiétante. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle s’oriente, comme une grosse vague d’un tsunami, vers ce que notre pays a de plus précieux : son équilibre ethnico-confessionnel. Pour cette raison, et particulièrement pour celle-là, nous devons changer ; et cette obligation de changement concerne les politiciens et en premier lieu ceux de la coalition au pouvoir.
Changer, c’est d’abord veiller scrupuleusement au maintien de l’équilibre et l’harmonie entre les différentes confessions, confréries et ethnies qui composent notre Nation. C’est cela qui a fait la particularité et la force du Sénégal depuis plusieurs siècles
Changer, c’est travailler au maintien d’un équilibre social avec la mise en œuvre du ‘Trickle down effect’ pour que les fruits de notre croissance économique issus des efforts de tous soient profitables à tous et pas seulement à une classe de privilégiés bureaucratiques.
Changer, c’est faire preuve d’humilité, de respect à l’endroit des citoyens et contribuables qui doivent être les premiers bénéficiaires de nos politiques économiques ; c’est revenir au projet issu de nos 25 années d’opposition et que les Sénégalais ont fini par comprendre et adopter pour s’engager à nous porter au pouvoir le 19 mars 2000 par la grâce d’une révolution tranquille et responsable : l’alternance
Changer, c’est rectifier les déviations survenues quelques années après cette date mythique par le truchement d’une transhumance non sélective qui a hissé au podium de la gloire la plupart des vaincus socialistes que le peuple sénégalais avait vomis.
Changer, c’est revenir aux valeurs libérales et sociales qui avaient convaincu nos citoyens que le projet du président Wade et de ses alliés de la coalition Alternance 2000 allait modifier positivement le visage du Sénégal et de l’Afrique ; valeurs entre temps malmenées et mal comprises par certains Sénégalais au point d’être perçues comme des vices, comme une maladie honteuse que nous portons sur le front : Ah ces libéraux !! s’exclame-t-on partout dans les bus, les lieux publics et dans les colonnes des journaux.
Changer, c’est identifier et remettre à leur place tous ces virus qui, attirés par les saveurs et les senteurs de l’alternance, se sont accaparés du président Wade, jetant par endroit le discrédit sur ses projets, malgré leur pertinence.
Changer, c’est continuer cet apaisement et cette quête de concorde dans les relations entre le pouvoir et les différentes composantes de notre Nation (presse indépendante, société civile, Ong, confréries, etc.), afin que les questions qui préoccupent nos concitoyens fassent l’objet d’une concertation responsable et non le prétexte d’une guerre des étoiles inutiles par médiats interposées.
Changer, c’est arrêter toutes ces cérémonies mondaines ostentatoires sponsorisées par une caste de politiciens de notre famille en mal de popularité qui envahissent les salles du Sorano, du Méridien, du Cices, les stades omnisports se payant des drapeaux et des parrainages à coup de millions, aux origines souvent non avouées et dépassant visiblement les revenus légaux de leurs auteurs.
Changer, c’est donner des signaux forts dans le sens de la bonne gouvernance en imposant aux hommes politiques une déclaration publique de patrimoine consignée aux greffes de nos tribunaux, avant d’obtenir un récépissé de parti politique, un certificat de recevabilité de candidature à une élection ou de prendre une fonction publique de ministre ou de Directeur national.
Changer, c’est instaurer un véritable débat positiviste sur les grands projets tel que le Monument de la renaissance africaine. Dans les grandes démocraties, tous les grands projets d’utilité publique à caractère économique, culturel, social, scientifique, etc., font l’objet d’un vaste débat plutôt objectif et non politicien. C’est cela qui permet d’en circonscrire les impacts sur l’environnement, la santé, la psychologie des citoyens et d’atteindre un consensus. Le Monument de la renaissance africaine est pertinent car, c’est le premier symbole qui pourrait être légué aux générations futures de cette longue lutte que le peuple africain a menée pour retrouver son unité et sa dignité. Certes, les précurseurs du panafricanisme : Marcus Garvey, Sylvestre Dubois, PadMore, Kwamé Nkrumah, Cheikh Anta Diop ont laissé des écrits, mais aucun d’entre eux n’a eu la chance d’ériger un Monument qui non seulement serait une attraction touristique, mais pourrait également renfermerait un Musée où l’on pourrait collectionner et exhiber les vestiges de notre Histoire, prouvant que l’Afrique est le berceau de l’Humanité à qui elle a beaucoup apporté contrairement à ce que Hegel présumait.
Mais l’absence de concertation a biaisé le débat sur ce Monument, qui prend des relents politico-confessionnels ; et nous voilà en pleine tourmente, en train de jouer avec la dignité de plus d’un milliard de Noirs du continent et de la Diaspora. Pourtant, ce projet aurait dû faire l’objet d’une levée de fonds à l’échelle africaine afin que le paysan de Tanzanie, du Lesotho ou du Burkina, au même titre que le pêcheur de Ouakam ou de Yoff, se sente en devoir d’y investir quelques sous issus de son activité.
De même, que l’ouvrier noir américain devrait se sentir impliqué au point d’y envoyer quelques dollars issus de son labeur. Car il est question de nous tous et de personne d’autre que nous Africains. Et c’est cela qu’il faut faire comprendre à tous. Bien entendu, ce ne sont pas des hommes d’affaires véreux en quête de gain facile, qui devaient à l’origine s’impliquer dans le montage financier d’un projet si important. De quelle compétence se prévalent certains affairistes véreux pour s’impliquer dans le montage financier d’un projet d’une si haute portée historique et d’une si grande valeur culturelle ?
Le Monument de la renaissance doit être le résultat de la rencontre d’un intellectuel avec d’autres intellectuels, des artistes, des historiens et des architectes de notre continent. Ce Monument ne doit jamais être perçu comme celui des francs maçons, des musulmans, des chrétiens, des juifs ou des païens, ni celui des Massai, des Wolofs, des Bantous ou de je ne sais qui encore ; il est le Monument des Africains du Nord au Sud, d’Est en Ouest, et ceux de la diaspora, toutes obédiences confondues. Nous devons refuser que ce débat soit biaisé par l’intrusion de vulgaires spéculateurs fonciers, faux financiers sans scrupules et plutôt connus juste pour leur goût prononcé pour l’enrichissement facile et rapide.
Changer, c’est démasquer et neutraliser ce genre de personnage capable d’infiltrer et d’infecter tout projet d’utilité publique, économique, culturelle, etc, de prendre en otage toute une République. Aujourd’hui que notre continent s’apprête à célébrer le cinquantenaire de son indépendance, est-ce le moment d’hypothéquer dans un débat souvent stérile, voire même puéril, un projet aussi pertinent que ce Monument de la renaissance parce que justement, à l’origine, des virus ont travesti l’initiative.
Changer, c’est procéder à un diagnostic sans complaisance de l’état de la démocratie, la bonne gouvernance et la liberté en Afrique après 50 ans d’indépendance. Oui, nous sommes indépendants depuis 50 ans, mais sommes-nous libres ? Liberté économique, liberté démocratique ! Et l’Afrique est-elle en train de renaître ? C’est là le vrai débat. Il est souhaitable que, pendant les activités commémoratives du cinquantenaire de l’indépendance des Etats africains, au courant de l’année 2010, les intellectuels, politologues et historiens du continent ne manquent pas de l’engager à fond.
Si, le président Wade réussissait à imprimer sa vision et sa démarche à notre pays et tout le reste de l’Afrique avec la perche salutaire que constituait le Nepad, notre continent aurait pu, dans quelques années, relever la tête et regarder le reste du monde avec beaucoup plus de dignité. Mais hélas, certains sont en train de tout casser, de tout remettre en question. C’est dramatique !
Et combien de décennies faudra-t-il pour construire un leader de la trempe de Wade pour le Sénégal et l’Afrique, au moment où le continent s’achemine lentement mais sûrement vers une panne de leadership. Ceux, qui par incurie ou/et insouciance nous ont plongés dans cette tourmente, devraient réfléchir un instant sur cette boutade de Hubert Beuve Méry, fondateur du journal Le Monde : ‘Il ne faut pas que nos moyens de vivre compromettent notre raison de vivre’ au lieu de s’entêter de croire que seule ‘la fin justifie les moyens’. Peut-être qu’il n’est pas trop tard pour revenir à la raison, comme disait Kant dans sa Critique de la raison pratique, en acceptant pour de bon sa morale : ’Il faut savoir traiter l’autre tel que tu voudrais qu’il te traite’. Sachons traiter notre Peuple avec déférence, respect et dévouement si nous voulons qu’il nous le rende dans les urnes à l’avenir.
Donc ce qu’il faut changer de toute urgence, c’est la façon de faire la politique ; oui changer ou périr ! Toute la classe politique du pays est interpellée et le Pds ou Pds/L en tête. (Fin)
Dr Mamadou Lamine BA Politologue
Politique et confréries au Sénégal
La population sénégalaise est à 95 % musulmane et la majorité des musulmans appartient à des confréries. De ce fait, il convient de dire que l'Islam au Sénégal est confrérique. Ainsi les confréries jouissent d'une légitimité populaire et, en conséquence, pèsent lourd sur le jeu politique du pays.
Depuis l'accession du Sénégal à la souveraineté internationale, les chefs religieux en tête de confréries ont entretenu des rapports particuliers avec les dirigeants politiques et le constat est qu'à chaque compétition électorale, le candidat qui bénéficie de l'appui de ces dignitaires religieux sort vainqueur des élections.
Les premiers khalifes généraux très imbus des valeurs républicaines ont su dépasser les considérations purement religieuses pour apporter leur soutien au candidat qui offrait le meilleur profil pour présider aux destinées de notre pays, quelle que soit la religion qu'il confessait. Pour être concret, on peut citer parmi eux Serigne Fallou Mbacké et Serigne Ababacar Sy qui, à leur époque, ont soutenu Léopold Sédar Senghor chrétien, au détriment de Lamine Guèye musulman.
Les fondateurs de confréries ou de ramifications confrériques se vénéraient mutuellement et estimaient avoir la même mission. Ils avaient l'objectif commun qui consistait à éduquer les gens déjà convertis à l'Islam pour faire d'eux des musulmans parfaits, ensuite élargir les bases de l'Islam dans les milieux païens qui résistaient toujours à la propagation de cette religion ou vivaient encore dans le syncrétisme religieux entretenu à l'époque par la méconnaissance des préceptes de la religion musulmane par la majeure partie de ses adeptes.
Le pouvoir temporel incarné par les politiques et le pouvoir spirituel incarné par les religieux ont toujours vécu de manière pacifique et complémentaire, chacun respectant le rôle qui lui est assigné et les attentes que le peuple sénégalais a de lui. Conscients de l'ascendant que les chefs religieux ont sur la majorité des Sénégalais, les hommes politiques n'hésitent pas de solliciter la bénédiction des dirigeants religieux afin de s'attirer les suffrages des citoyens lors de chaque élection. Cependant, cette instrumentalisation de la religion venant du régime en place pour s'éterniser ou de l'opposition pour accéder au pouvoir peut constituer un grand danger pour notre pays.
Certes, le Sénégal peut échapper à beaucoup de facteurs qui ont fait éclater des pays en Afrique, en raison de la cohésion qui règne entre les différents segments composant sa société. En effet, plusieurs pays africains sont détruits soit par des conflits ethniques ou politiques, soit par des différends entre religions, ce qui n'est pas valable pour le Sénégal où les différentes ethnies se respectent et se considèrent comme des frères et sœurs appartenant aux mêmes ancêtres, où les hommes politiques ne bénéficient pas d'un engouement très fort des populations jusqu'à pouvoir les engager dans une guerre civile pour nourrir leurs ambitions personnelles comme cela se fait dans certains pays qui nous entourent. Et enfin les deux religions prédominantes, à savoir l'Islam et le Christianisme s'entendent à merveille. Par contre, les confréries constituent une poudrière susceptible de dégénérer à tout instant en un conflit généralisé si l'on n'y prend pas garde.
L'explication de cette situation peut se rapporter au fait que les disciples appartenant aux confréries ne transigent pas sur les questions ayant trait à leur foi ou susceptibles de remettre en cause les acquis que nos vénérés guides nous ont légués et que nous avons l'obligation morale de sauvegarder. Chez nous, on a toujours tendance à se prévaloir de ce qu'on appelle l'exception sénégalaise. En fait, je ne peux pas nier cette réalité pour les particularités bien sénégalaises que je viens de citer en haut, mais cette exception a besoin d'être entretenue et renforcée pour qu'elle puisse perdurer le plus longtemps possible. Autrement dit, le trop d'optimisme peut nous amener à bafouer les principes fondamentaux pouvant nous permettre de ne pas tomber dans l'illusion et d'échapper au sort que beaucoup de pays de la sous-région ont connu.
Les propos du ministre de l'Intérieur tenus à Touba à l'occasion du Magal 2010, qui ne méritaient pas aussi d'attention, ont fini par défrayer la chronique suite à la réaction musclée de Tivaouane par la voix de son porte-parole. Si on suit la logique purement républicaine, le ministre de l'Intérieur tenu d'être à équidistance entre toutes les sensibilités du pays ne devait pas parler de cette manière. Mais la déclaration qu'il a faite comme quoi Touba est la voie du salut ne devait pas déranger Tivaouane, vu les relations de sang et de foi qui lient les deux entités. D'autant plus que dire du bien sur Touba ne signifie pas le contraire sur Tivaouane. Il y a à signaler aussi que les autres foyers religieux n'ont montré aucune désapprobation par rapport à cette déclaration.
Touba et Tivaouane doivent être vigilantes aux manigances politiques et refuser de constituer deux pôles antagonistes et hostiles l'un vis-à-vis de l'autre. Le pouvoir temporel et spirituel doivent continuer à cohabiter de façon pacifique, voire complémentaire et cela est possible si chacun est conscient de son rôle envers le peuple, notamment la prise en charge de ses préoccupations.
Les politiques doivent éviter de tirer sur la fibre religieuse pour des motifs non républicains, les religieux aussi ne doivent pas marchander la volonté de leurs disciples pour des privilèges personnels. Quand le chef religieux donne un ndigueul (consigne de vote) en faveur d'un candidat, il doit ignorer les appartenances et mettre en avant les compétences et qualités, requises pour mener le pays à bon port.
Fait à Dakar, le 16 Février 2010 Serigne Saliou FALL Jeune chef religieux à Touba Résidant à Dakar - Yoff Tél: 77 532-79-69 Email : junior_aide@yahoo.fr
Retournons à Dieu et jetons un regard rétrospectif et critique sur le parcours de notre guide
L'Islam nous a toujours enseigné qu'en bons croyants, nous ne devons rien attendre que de Dieu. C'est lui qui enrichit qui il veut et appauvrit qui il veut. C'est ce même Dieu qui blâme la jalousie et la rancune. C'est encore lui qui rétribue le bien ou le mal à la hauteur de la tâche (sourate Az Zal Zala). Dieu n'offre pas, il rétribue. Les foyers religieux ont brillé dans le firmament de la foi, chacun avec l'intensité de sa charge que seul Dieu peut mesurer.
Nous, simples observateurs partisans, nous ne pouvons que constater le degré des retombées de la rétribution du Tout Puissant sur chacun des guides qui ont frayé un chemin dans la spiritualité. Ces guides n'étaient pas partis sur la même ligne de départ, n'ont pas subi les mêmes épreuves et ne sont pas arrivés au même moment. Une simple course d'athlétisme ne saurait garantir le même ordre d'égalité de chances. En plus de leur dévotion, nos chefs de confréries religieuses ont aussi prié pour le bien-être matériel de leurs foyers et le sort fortuné de leurs fidèles.
C'est quand même curieux que ces mêmes fidèles, qui vantent les mérites du pouvoir mystique de leur chef de file, soient les premiers à être jaloux du confort des autres. Vouloir une chose et son contraire ne doit pas être le propre du parti de Dieu. Défendre le manichéisme et réclamer l'égalité des parts, le jour de le rétribution, me paraît incongru. Un croyant ne doit pas attendre plus de faveur de l'Etat que de Dieu. Réclamer de l'égalité dans un prétendu partage par les mains périssables d'un Etat revient à avouer ses propres faiblesses, à dénoncer ses propres lacunes et à faire son mea culpa.
La Cigale et la Fourmi sont encore là, tout comme Le Lièvre et la Tortue ou Le Laboureur et ses enfants de Jean De Lafontaine. Méditons-les plutôt que de réclamer des parts servies sur un plateau d'argent. Mais le talibé est prompte à rendre grâce à son marabout quand le nectar coule de source et à accuser Satan quand son sort est infortuné. Retournons à Dieu et jetons un regard rétrospectif et critique sur le parcours de notre guide plutôt que de bander les muscles.
Serigne Fallou DIENG Directeur de l'école PAZ Parcelles Assainies Unité 4
APPEL AUX SÉNÉGALAIS : « La passion est la plus détestable des idoles adorées sur la terre. » Le Prophète Muhamad (Psl)
Il y a lieu de s’intéresser à l’avenir de la gouvernance de l’ordre social national devant l’évolution citoyenne caractérisée, particulièrement, par une réduction significative de l’obscurantisme. Et une baisse notable, heureusement, de certains de ses corollaires comme le fanatisme et la passion. D’ailleurs, les événements survenus, entre le 24 décembre et le 31 décembre 2009, confirment, à suffisance, la délicatesse qui résulte de l’encadrement des rapports entre l’administration et les autorités du culte qui, selon toute vraisemblance, épousent une ligne nouvelle qui les éloigne de certains archaïsmes en pratique religieuse. Il est, même, très heureux et très réconfortant de noter le fait que des diktats ou des dirigismes sont, en train de tomber du fait des avancées en conscience citoyenne et, surtout, en patriotisme. L’antagonisme et la marginalisation qui semblaient éloigner le croyant du citoyen diminuent parfaitement. Sans nuire à la foi, à la conviction et, enfin, au respect des nécessités confrériques.
Certes, l’accession à l’exercice de la souveraineté aura constitué, fortement, à rapprocher le citoyen du croyant sans aucune nuisance significative. Mieux, l’intégration citoyenne s’opère sans dérive. Aussi, l’affirmation de la pratique religieuse s’est rendue très vivace entre 1960 et 2009 avec une accentuation notable de la capacité des autorités religieuses sénégalaises.
Donc, nos acquis en cogestion et en communion de la coexistence politico-religieuse auront enregistré, en cinquante ans, un niveau d’émancipation dont la linéarité et la positivité constituent, au demeurant, un patrimoine solide que rien ne saurait, au fil du temps, ébranler. Bien que certaines agressions ont entamé, gravement, l’essence ou l’esprit de cet acquis en question. Comment ne pas se réjouir de l’essence du système de sauvegarde citoyenne devant la persistance de dérives qui participent à la mise en panne de la cogestion des équilibres majeurs de l’Etat, de la Nation et de la République ?
Il est utile de retenir le fait que l’Etat du Sénégal aura enregistré, dans la construction de l’Etat-Nation, un succès dans la cogestion des croyances religieuses. Avec la rigueur citoyenne. Sans détruire le citoyen. Par contre, une évolution non maîtrisée de certaines sensibilités a, quand même, ébranlé l’ordre civil national et entraîné, sans rigueur féroce, des décrispations sociales qui ont permis aux populations de consolider, sans état d’âme, leurs convictions religieuses.
Notre histoire édifie les populations sur l’impact de la pratique politique au Sénégal. Où la cogestion du relationnel, entre les autorités religieuses et l’administration a eu à enregistrer, à leurs regrets, quelques convulsions qui ont failli dérégler l’équilibre institutionnel. Des chefs religieux ont créé des formations politiques, d’autres ont soutenu des leaders de l’opposition et d’autres, enfin, ont cherché soit le pouvoir ou à encadrer des indépendantistes. Certes, ils ont engagé des offensives qui ont menacé l’ordre, mais des solutions, passant par le dialogue, ont permis de déboucher sur des décrispations sociales très salutaires.
Le Sénégal gère encore, aujourd’hui, avec intelligence et responsabilité, un irrédentisme avancé en Casamance. Mais le pouvoir manage avec souplesse et avec discernement pour que la paix ne soit victime de préjudice dommageable. Le cas Diamacoune Senghor, prêtre qui a gardé tous ses attributs jusqu’à son décès, a développé et promu un leadership à contours politiques et à essence confessionnelle. Mais n’a détruit, en aucune façon, la cogestion du relationnel entre l’Eglise et l’Etat.
Pourtant, l’irrédentisme qui sévit en Casamance est bien pris en compte. Car le recours au dialogue citoyen, la gestion responsable de ses effets induits et la présence notable de cadres nationaux sénégalais d’origine casamançaise dans la haute administration, dans des positions de pouvoir et dans l’exercice de mandats parlementaires démontrent, avec éloquence, la volonté de l’Etat du Sénégal de consolider l’unité nationale et l’intégrité territoriale.
Alors, pourquoi, au moment où notre souveraineté se prépare à célébrer ses cinquante (50) années, des vents de discorde soufflent sur le Sénégal ?
Le Sénégal indépendant garde un double héritage. Le premier traditionnel et religieux, le second politique et citoyen. Cet acquis solide dont le socle reste la Nation, ne saurait être bradé par un quelconque confessionnalisme. Que ceux qui estiment, du fait de leur influence et de leur réputation, pouvoir y développer un prosélytisme se ravisent. Parce que le train de l’équilibre ou du juste milieu a démarré et notre souhait est qu’il arrive à l’heure.
Il importe de rappeler aux autorités religieuses, politiques et administratives que les populations du Sénégal connaissent, avec une claire conscience, les limites du dédoublement citoyen et religieux. Et n’admettront, en aucun cas, que les patrimoines institutionnel, confessionnel, culturel soient, maintenant et demain, bradés ou détruits. Combattons pour la promotion de la démocratie participative sans violer, évidement, le contrat de confiance dans laquelle elle est soclée.
Le pouvoir institutionnel gère les équilibres nécessaires à son épanouissement. Les forces confrériques s’expriment et ne développent aucun confessionnalisme. Et les populations, victimes d’une absence de symétrie entre leur économie et leur social refusent, à leur tour, de mettre en panne les mécanismes qui leur ont permis de réussir, à la fois, coexistence citoyenne et communion religieuse. La conjoncture et le futur nous condamnent à produire un génie qui rendrait le croyant citoyen moins dépendant, moins stressé, moins victimisé, enfin moins vulnérable. Pour, d’abord, combattre l’inégalité sociale, l’enrichissement illicite et éradiquer, ensuite, le bluff, la propagande et la stigmatisation.
L’heure n’est plus au suffragisme, au prosélytisme et à la démagogie quels que soient leurs théologues en turban, en soutane ou en costume. Mais elle reste, au demeurant, à la construction d’une modernisation économique et sociale capable de réduire, à moyen terme, les liens de dépendances du citoyen et de libérer le croyant soucieux de réaliser un futur avec espoir et espérance.
Négocier le virage de l’émergence pour la modernisation économique et sociale exige, de toutes les populations du Sénégal, un nationalisme sans archaïsme, une générosité totale et une conviction religieuse au seul service de la foi et de leur émancipation. L’Etat, la religion et autres obédiences sont, en fait, des ingrédients mis en action pour atteindre une humanisation sociale qui soit en mesure de permettre, désormais, au citoyen croyant de s’épanouir sans risque d’insécurité humaine.
Il est temps de signaler, avant de terminer ce présent appel, le fait que les citoyens invitent les autorités administratives à tenir compte du niveau de leur conscience politique collective qui n’entend plus céder devant l’escalade du populisme et de la démagogie. Ce même appel est lancé en direction des autorités religieuses afin qu’elles se rendent compte du niveau très élevé de la conscience individuelle des croyants qui refusent de devenir des satellites. Le bluff et l’obscurantisme sont morts avec le fanatisme. Cependant, leur croyance est mise au service de la citoyenneté et du patriotisme ouvert. Alors que leur nationalisme est, à son tour, à la disposition de la foi pour bien respecter les nécessités induites par leur adhésion aux préceptes d’Allah et au message du Prophète Muhammad (Psl) pour nous les musulmans.
Wagane FAYE
Professeur d’Anglais
Coordonnateur des cadres du F .A.P
Vice Président de la Commission des Cadres et Experts de la CAP21
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