Karim n'a aucune légitimité.
Au nom du Père, du Doom * et du Strapontin
Par | | lundi 25 février 2008
« Quand aucune autorité n’est parvenue à imposer sa loi dessus, le moindre parti politique se transforme en chaudron où bouillonnent les appétits, les vanités et les rancunes » Franz-Olivier Giesbert
Le panier de la ménagère n’a pas encore fini de chialer, le choléra n’étant pas totalement éradiqué, le débat sur les ébats des homosexuels n’étant pas clos, la méningite n’ayant pas encore dit son dernier mot qu’une « karimite » aiguë nous guette et nous agresse jusque dans notre intimité. L’auditeur ou le téléspectateur aura remarqué ces derniers jours le déchaînement des apôtres et l’enchaînement des billevesées à travers les chaînes. Fermez les yeux , bouchez les oreilles et surtout tenez-vous tranquilles…les Judas sont là ! Après le parler faux , voici venu le temps du parler creux. Bienvenue dans la religion du concret !
Du crâne nu du Père à la calvitie du Fils , il n’y a pas l’ombre d’un cheveu. Tout est lumière .La transparence est de rigueur. Point de scandales dans la gestion des affaires étatiques et…islamiques ! Tout est beau. Au concours des superlatifs , il n’ y pas de coefficient de retenue. La messe est dite : pour retrouver son poste de ministre de la culture , il faut désormais moduler son air sur « l’intelligence supérieure à la moyenne » du Prince Rimka.
Au nom du Père !
L’entrée dans les grasses prairies bleues est garantie grâce à l’antienne « Au nom du Père , du Fils et du…Strapontin ». L’esprit ceint par la flatterie complaisante ne pouvait retenir le Saint-Esprit. Il s’en est allé vers le ciel.
Au nom du Fils !
Dans un contexte de déclin du militantisme, le PDS(Parti démocratique sénégalais)cultive et entretient la « karimite ». A travers un euphémisme hypocrite et hypnotisant, on parle du « militant nouveau ».Suprême paradoxe ! Ce n’est plus au courtisan de la Génération de réclamer son statut de libéral concret, mais c’est au libéral de se proclamer membre concret de la génération. Ce n’est plus le militant colleur d’affiche qu’on investit et promeut à la base, mais c’est à l’affidée lécheur que revient la tête d’affiche. Le militant humilié, crucifié et emprisonné n’a plus la cote devant le militant nouveau aux propos flatteurs et empoisonnés. Enfin, c’est au directeur de campagne, sauveur et gagneur de deux élections(les présidentielles et les législatives) de faire le compromis, dans son fief, avec le militant de la 25e heure. Le constat est que la posture de ces « militants-gadgets » frise l’imposture. Leurs déclarations et leur manière de faire horripilent plus d’un. Au secours ! Le PDS s’acoquine avec le militant du lyrisme et du compliment.
Le PDS est descendu très bas, si bas qu’il faut cultiver la nostalgie pour le retrouver. Ainsi ce vieux militant( vieux par l’âge et par l’adhésion au parti en 1974) qui étalait toute son admiration devant l’énergie, la passion et la flamme de conviction qui se dégageait de Macky lors des campagnes victorieuses de 2007.
Dommage que des affairistes veuillent s’emparer de ce parti ! Avec la bénédiction du curé qui semble fantasmer devant cette curée qui ne fait que commencer.
La politique, la vraie , est noble. Elle est avant tout une affaire de nobles. On ne s’y jette pas par hasard ni au gré des trous dans le compte bancaire encore moins pour l’envie de prendre une seconde épouse. S’y engager, c’est faire don de soi, c’est faire le choix d’une orientation et non de désirs, de gloire, d’argent et d’honneurs. La politique est vaste, salvatrice et si généreuse qu’on doit la servir et non s’en servir. Quand la courtisanerie y prend place, elle devient souillée.
Monsieur Wade aurait-il moins compris que Jacques Chirac que la politique ne consiste pas à suivre le courant mais à indiquer le cap ?
En attendant, les apôtres du Fils, princes de l’équivoque ont, eux, mis le cap sur le sommet. Quand ils en descendront, ils diront urbi et orbi la date choisie pour exécuter—faute d’avoir exécuté à temps tous les travaux, pardi !—ou plutôt…couper les mains de tous les musulmans véreux. Avec l’espoir que cette fois-ci, l’objectif du…sabreur ne ratera pas la cible. Leur publicitaire en a déjà fait l’annonce dans Dakar et sur la toile. Parole d’évangiles : les exécutions seront publiques. Comme le veut la Charia. « Bienvenue au Sénégal, Terre de Foi et de Paix ».
Lui, au moins, a bien exécuté son travail.
Au nom d’un strapontin !
• Amadou THIMBO
• thimbeau@yahoo.fr
AVIS - Albert Bourgi, politologue, Sénégalais d’origine libanaise : «Karim n’a aucune histoire pour sa légitimité»
Nettali.com«L’impasse dans le dialogue politique, c’est l’aspect le plus négatif» de la période qui a suivie la réélection du Président Abdoulaye Wade il y a un an, a estimé le politologue Albert Bourgi, dans un entretien accordé mardi à la Radio futurs médias (Rfm). Pour le professeur de droit public à l’Université de Dijon, «on a l’impression que les choses sont figées» depuis la réélection de Wade en février 2007. Il cite le manque de dialogue consécutif à la contestation des résultats de ce scrutin par une partie de l’opposition dite «significative» (Ps, Afp, Pit, Ld/Mpt, etc.) qui a boycotté les élections législatives de juin de la même année.
Pour le Sénégalais d’origine libanaise (…) cette première année du deuxième mandat de Wade «n’a rien réglé du point de vue de la participation politique». En outre, pense M. Bourgi, la succession du chef de l’Etat ne doit pas se faire dans la cour du roi, se prononçant sur le débat sur l’après-Wade au centre duquel se trouve son fils Karim. A son avis, «Karim n’a aucune histoire pour sa légitimité».
Un trait de dérèglement de la société Sénégalaise : ‘‘Beaucoup d’ambitieux et peu de grandes ambitions’’
Article Par Alassane K. KITANE, professeur au nouveau Lycée de Thiè,
Paru le Jeudi 28 Fév 2008
C’est une constante qui a presque valeur de loi dans les sociétés démocratiques : le sentiment de liberté et surtout celui d’égalité introduisent dans la société des nivellements exceptionnels qui font disparaître les barrières traditionnelles qui séparaient les individus dans le passé pré démocratique de l’humanité. Aussi, la société démocratique est-elle sujette à agitations nombreuses et à des mouvements infinis. Les citoyens sont tellement imbus du sentiment d’égalité que chacun nourrit légitimement le sentiment qu’une ascension au sommet de la pyramide des responsabilités, des honneurs et des richesses lui est parfaitement accessible. Cependant, dans cette gigantesque et effrénée mobilité vers les sommets, les confusions ainsi que les dérapages de toutes sortes ne manquent pas : le sentiment de l’individualisme conjugué à celui de l’égalité fait que les uns et les autres ne sont plus tout à fait conscients de leurs aptitudes réelles ni de leurs limites objectives et c’est ainsi qu’il leur arrive, par une sorte de fatalité inexorable, de glisser sur la pente de la prétention. Ambitions démesurées et appétits inextinguibles de pouvoirs, de gains et d’honneurs dévorent le cœur et les forces du citoyen dans la société démocratique ; et notre pays n’échappe guère à cette règle. Tant que la loi de la sélection ou de la promotion suivant le mérite n’est pas définitivement campée dans les consciences et dans les mœurs, il y a des risques de voir la médiocrité réclamer ou usurper des honneurs et des titres qui, dans une société sans dérèglement, ne font même pas partie de ses illusions les plus folles. Il suffit de bien observer la société pour se rendre compte de l’étendue du dérèglement introduit par le principe de l’égalité : les rapports entre homme et femme sont faussés, la distance entre employeur et employé est dissoute, la relation, déjà polémique, entre gouvernants et gouvernés est désormais contingente, l’autorité du père de famille est usurpée ou noyée par celle de l’image, par la liberté numérique en vigueur dans le Web et par la frénésie de la course vers une consommation non maîtrisée. C’est dans ce sens par exemple que le principe de la parité a été progressivement galvaudé pour n’être plus qu’un prétexte pseudo humaniste d’une revanche du féminin sur le masculin. Exiger la parité dans une société où il y a plus de diplômés mâles que de diplômés femmes, c’est courir le risque de dégénérescence. L’égalité des genres ne doit pas être réduite à une dimension purement numérique : elle doit plutôt consister à un effort permanent d’élaguer toutes les barrières qui bloquaient l’épanouissement intellectuel, économique et politique de la femme. Quant à promouvoir ou inspirer une ruée incontrôlée des femmes vers les postes de responsabilité sans au préalable les préparer à la rigueur de la compétition, c’est assurément un leurre qui ne fera que les damner davantage. Dans les lieux de travail aussi on constate le même type de conception erronée du principe de l’égalité : on conteste les décisions non pas parce qu’on est convaincu de leur inefficience, mais pour donner l’impression d’une citoyenneté active. Ce phénomène pose d’énormes difficultés dans le monde de l’enseignement où les directeurs d’école, les censeurs et les proviseurs vivent souvent un véritable drame dans l’exercice de leur fonction : le fait qu’ils sont vus par les autres comme de simples collègues les prédestine à entretenir des relations difficiles avec ceux qu’ils sont censés administrer. Quant à la relation entre gouvernants et gouvernés, elle est tellement altérée par l’exigence d’égalité qu’on ne peut plus bénéficier de la moindre révérence dès qu’on accède au pouvoir. Le feu de la jalousie qu’attise légalité consume entièrement les bornes de la décence et de la loyauté dans l’opposition au pouvoir. Les accès de virulence dans les discours politiques, la brutalité des jugements sur l’action des pouvoirs publics ne sont pas toujours justifiés : psychologiquement, le principe de l’égalité prédestine à la phobie de l’obéissance totale. Généralement le principe de l’égalité incline à confondre obéissance et servitude, d’où certaines résistances et critiques sont mues, non par des motifs et convictions politiques fondés, mais par de simples mobiles psychologiques. Bref la démocratie est une forme d’organisation sociale qui, malgré ses mérites et avantages indubitables, fabrique aussi des prétentieux qui ralentissent la marche vers le progrès. Dans ce contexte, il faut désormais dire adieu aux grandes idées qui ont fait les grandes révolutions, il faut désespérer de l’utilité de l’érudition, car nous sommes dans un siècle où l’on apprend à connaître les choses da façon superficielle, tronquée ; nous sommes dans un univers où l’on apprend à parler allégrement et sans gène de chose qu’on ne maîtrise pas ou qu’on ne connaît qu’approximativement. Je suis particulièrement fasciné par la manière dont mes concitoyens sont entreprenants sur le plan politique et paradoxalement peu efficaces sur le plan des réalisations : chacun veut être le « number one », chacun sait avec exactitude ce qu’il faut faire et curieusement personne n’y est jamais parvenu ; les chefs de parti sont foncièrement incapables de décliner des perspectives politiques et économiques diversifiées et viables, les enseignants sont généralement inaptes à réaliser des révolutions pédagogiques ; et pourtant, quand les gens parlent, on a l’impression qu’ils sont inspirés par une lumière divine. La question qui se pose dès lors est de savoir pourquoi ça ne marche pas ? L’histoire du Sénégal montre que des figures comme Lat Dior Diop (sur le plan politique), Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy, etc. (sur le plan religieux), Cheikh Anta Diop (sur le plan scientifique) ont marqué leur époque parce qu’ils avaient de vraies ambitions et qu’ils avaient très tôt mobilisé toutes leurs forces et toutes leurs ressources vitales pour innover et changer le cours des choses. Aujourd’hui par contre, ce qui est frappant dans la physionomie politique et intellectuelle de notre pays c’est qu’on a un foisonnement d’ambitieux réclamant tous des privilèges personnels sans jamais songer à vraiment changer les choses dans le sens d’une véritable renaissance scientifique, économique et politique de notre pays. Quels sont les Sénégalais qui, aujourd’hui, s’engagent dans une voie parce que d’abord ils ont senti que le pays a besoin d’un effort considérable dans ce domaine ? L’égalité est un principe qui doit régir le comportement des citoyens dans une société démocratique, mais elle a un coût et elle comporte des risques : le trafic des CV qu’on dénonce depuis quelque temps au Sénégal, la convoitise exagérée qui caractérise les citoyens ; tout ceci peut être une résultante d’une fausse appréhension du principe d’égalité. On voit pourquoi il est plus difficile de gouverner les hommes dans une société démocratique que dans un autre type de société. L’opinion fait office de science dans notre société et on a tendance à y parler plus qu’on y agit. Dans un contexte aussi confus l’anarchie semble s’emparer de la société parce qu’on a de plus en plus l’impression que, du fait de l’égalité, il ne peut plus y avoir d’autorité qui ratifie ou qui censure les paroles et les actes. Deux symptômes augurent de ce dérèglement : la culture de la flatterie et l’affabulation. Puis que le mérite n’est pas nécessaire pour accéder aux privilèges qu’accorde la société, on ne se gène pas d’abuser du langage flagorneur pour gravir les échelons. Quand on ne peut pas se servir de cette triste méthode, on raconte des énormités pour se faire passer pour un fin connaisseur de la chose publique. Aussi, n’est-il pas rare d’entendre un citoyen étaler sa connaissance des dossiers de l’État en arguant de sa proximité avec telle ou telle autorité. Dans toutes les grandes démocraties, et au Sénégal depuis l’avènement de l’alternance, on entend presque tous les jours dans les moyens de transport public ou dans les lieux publics quelque citoyen prétendre disposer d’informations compromettantes sur tel ou tel ministre ou même sur le Président : ce ne sont là que les astuces de la citoyenneté qui a fait fausse route sur les principes de l’égalité et de la liberté. Bref dans la société sénégalaise actuelle tout le monde est tellement conscient d’être l’égal de tout le monde que désormais les sujets de dispute ne sont plus les grandes idées, ni même les idées tout court, mais les hommes et leur statut social. On ne rivalise pas dans la production d’idées généreuses et révolutionnaires, on rivalise plutôt dans la convoitise des positions sociales et des avantages matériels.
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LE REGARD DE FALLOU "Massaalikoul Jinaan"
Article Par Fallou Mbacké Diallo, fmdiallo1@yahoo.fr,
Paru le Lundi 25 Fév 2008
"La véritable preuve, c'est l'épreuve". A l'épreuve de la réalité coloniale, Bamba a montré que le négro africain pouvait être un "homme fait de tous les hommes (...)". Dans ce qu'ils ont de meilleur. Et que la foi d'un musulman véritable, pouvait déplacer les montagnes de toutes les injustices. Dans cette logique, le Magal de Touba n'est pas un moment de réjouissances, mais de réminiscence. A célébrer sur le mode du paradoxe. Pour que la dignité du noir soit sauve. Pour que tous les hommes soient les vicaires de Dieu sur terre. Mais, aujourd'hui encore, les héritiers de Bamba font face à ceux de ses bourreaux d'hier. Dans un autre contexte, avec d'autres méthodes, mais pour le même objectif : l'argent et le pouvoir. Car, depuis les mains assassines qui portèrent Jésus sur la croix, celles impies qui lapidèrent Mouhammad (Psl), l'expulsant de La Mecque, de Taïf, et le poussant vers Médine..."Ils ne savent ce qu'ils font". Aujourd'hui, les Mourides ne sont plus persécutés, le Mouridisme est franc de toute corruption : les "xassaïdes" de Xadimou Rassoul en sont la forteresse imprenable. Mais aujourd'hui encore, aujourd'hui surtout, de l'intérieur comme de l'extérieur, les talibés sont sous la fascinante menace de cette société de consommation. Qui, insidieusement, nous consume jusqu'à la moelle. En effet, Touba est aujourd'hui le centre de gravité de toutes les puissances de l'argent et du pouvoir politique. Dont, au regard de l'authenticité du message de "Borom Touba", la sollicitude est semblable au tendre baiser de Judas sur la joue de Jésus. Serigne Saliou a su y résister : travaillant comme un immortel, pratiquant la dévotion comme si la mort l'habitait en permanence. Le tout, conformément aux prescriptions du Coran et au sublime exemple de la Sunnah de Mouhammad (Psl). Ainsi a vécu, ainsi est retourné auprès du Seigneur, le dernier fils de Bamba sur terre. Ouvrant par cette fin, l'ère des petits-fils. Ere nouvelle, qui n'a point besoin de nouveauté. Car, le mouridisme est intemporel, comme le Coran qui en est la source et le fondement. De fait, le progrès n'est pas dans la nouveauté, mais dans la véritable modernité. C'est-à-dire, dans l'effort permanent que l'homme doit déployer pour conserver et renouveler ce qui fait de lui la meilleure des créatures. Tel est le sens du Magal. Car, lorsqu'une vie se justifie de Dieu, il n'est rien de ce que l'on entreprend, qui ne porte la marque de cette détermination ontologique. C'est pour cette raison que dans la philosophie mouride, le travail (oeuvre pie), est au début et à la fin, non pas du développement, mais de toute la vie. En vérité, nous rappelle le Coran, "les Jinns et les humains n'ont été céés que pour être au service du Seigneur". Dans cette perspective, comme l'affirme Cheikh Hamidou Kane, "le temps que l'on met dans le travail est aussi prière. C'est même une très belle prière". Mais, "l'homme n'est ni ange ni bête", nous rappelle Pascal. Si bien que le meilleur est en permanence sous la menace du pire. Et, dans le monde actuel, jamais les boulevards de la déperdition n'ont été si largement ouverts. Ni les sentiers du salut si délibérément obstrués par des lobbies de plus en plus puissants. Mais le Coran, Parole incréée, est resté intact, authentique, véridique."Qui l'oblitère, mérite la mort", dit Thierno au jeune disciple Samba Diallo dans l'Aventure ambiguë. Or, la mort véritable pour un musulman, c'est un coeur asséché, qui ne cherche plus le Seigneur. Car, "celui qui Le cherche, l'a déjà trouvé". On raconte à ce propos, qu'un talibé venu chercher la bénédiction de Serigne Fallou, s'adressa à lui en ces termes : "Dieu fasse que nous accédions au paradis sous votre conduite". "Pourvu que je vous trouve sur le chemin qui y mène", lui a-t-il répondu. Tel est le sens du Magal. Aucun mouride n'a plus aucun prétexte pour aucune récréation. En effet, pas une seule lettre ne manque dans le Coran, la Sunnah du Prophète n'a point été altérée, l'oeuvre de Bamba crève les yeux de tous les musulmans véritables. Par la preuve de toutes sortes d'épreuves, il a montré l'exemple et indiqué la voie : c'est..."Massaalikoul Jinaan".
*«les chemins du paradis »
Le réveil des intellectuels africains
La parution, jeudi 21 février 2008, du livre L’Afrique répond à Sarkozy – Contre le discours de Dakar (Ed. Philippe Rey) est un véritable événement littéraire. En effet, ce livre suscitera, incontestablement, le débat en France, en Afrique et dans le monde pour une nouvelle prise de conscience africaine. Dans cette perspective, j’invite solennellement les auteurs et l’éditeur à traduire le livre et à le publier en anglais, en portugais et en arabe, pour couvrir les principales langues officielles des pays africains.
Un journaliste sénégalais affirmait, le 30 juin 2007, «qu’il n’y avait pas d’intellectuels en Afrique, mais des diplômés et chasseurs de primes». La polémique née de cette affirmation n’est pas compréhensible, car de nombreux d’intellectuels africains ont longtemps été et sont encore des chasseurs de primes ou de per diem, s’ils ne sont pas tout simplement des caisses de résonance du Pouvoir en place.
Comme dit le proverbe «à quelque chose malheur est bon»
Mais, pour avoir déjà lu quelques parties de ce livre, je crois très sincèrement que le Président français a rendu un grand service à l’Afrique en prononçant ce discours insultant à l’endroit de la jeunesse africaine, sans la présence de cette jeunesse dans la salle, par ailleurs, remplie d’officiels soumis.
Le service que le locataire de l’Elysée a rendu à l’Afrique est d’avoir provoqué le réveil de nos intellectuels trop longtemps endormis et parfois complices du déclin de l’Afrique pour leur silence assourdissant dans le débat international sur l’Afrique et la mondialisation.
Les intellectuels africains ont laissé le champ libre aux politiques, connus pour leur incapacité à défendre les intérêts de leur pays et de l’Afrique.
Quel homme politique africain s’est publiquement offusqué de l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad ou, plus proche et encore plus dramatique, de la situation post-électorale au Kenya ?
Le retrait presque coupable des intellectuels africains du débat international explique aussi et prolonge le manque de considération des Occidentaux à l’égard de l’Afrique, pourtant indépendante depuis près d’un demi siècle. Si les intellectuels africains avaient investi le champ des idées et du débat international, jamais le journaliste du Monde Stephen Smith n’aurait osé publier Négrologie (éd. Calmann-Lévy, 2003). Et malgré la réaction, certes tardive, mais néanmoins salutaire de Boris Diop, Odile Tobner et le regretté François-Xavier Verschave, dans un ouvrage collectif intitulé Négrophobie paru aux éditions Les Arènes, le livre de Stephen Smith fut un best-seller en France.
Ce genre de littérature raciste, pleine de préjugés dont s’abreuvent certains intellectuels français, a sans doute servi de biographie à Henri Guaino, conseiller spécial à l’Elysée, et présenté par les médias français comme le nègre de Sarkozy dans la rédaction de ce discours criminel du 26 juillet 2007, discours tenu dans l’enceinte de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar. En faisant ainsi porter la responsabilité de ce discours au conseiller, certains médias visent insidieusement à atténuer la responsabilité du chef de l’Etat de la “Patrie des droits de l’Homme”. Ceux qui cherchent à minimiser la portée historique de ce discours de «rupture» dans les relations entre la France et l’Afrique, en auront pour leurs frais. Nicolas Sarkozy, lui, pense être toujours dans son bon droit. Pour preuve, ses propos aux relents racistes et paternalistes, dans l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, quand il déclara ostensiblement : «J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait.» Quel mépris pour la justice tchadienne, mais aussi pour l’Afrique toute entière !
La responsabilité des autorités sénégalaises
Le discours de Dakar est aussi une profanation de la mémoire du parrain de ce Haut lieu du Savoir, Cheikh Anta Diop, grand penseur africain et illustre défenseur des valeurs africaines.
Les autorités sénégalaises, qui ont cautionné ce forfait, ont eux aussi leur part de responsabilité. Assis aux premiers rangs, des membres du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et des députés ont applaudi, en longueur, le crime que Nicolas Sarkozy était en train de commettre sous leurs yeux. Quel manque de lucidité dans le jugement immédiat ! Quel manque de patriotisme ! Quelle dissymétrie dans les relations diplomatiques ! Cette réaction incompréhensible des «officiels» sénégalais a certainement conforté le Président français au point qu’il s’est permis certaines envolées lyriques de mauvais goût.
Comment le gouvernement du Sénégal a pu inviter à l’Université un homme comme Nicolas Sarkozy que rien de sa trajectoire, en particulier intellectuelle, ne prédestine à être honoré à l’Université Cheikh Anta Diop ? Nicolas Sarkozy prouve tous les jours ses insuffisances sur le plan culturel et sa profonde méconnaissance de l’Afrique et des Africains. L’université est un Haut lieu pour la Culture, le Savoir et l’Humanisme et, à ce titre, est un symbole. Les autorités sénégalaises ne pouvaient pas l’ignorer.
C’est le moment de souligner avec Babacar Diop Buuba, universitaire et co-auteur du livre, quelques zones d’ombre dans la programmation de ce discours.
«Comment expliquer que le président de la République du Sénégal, qui a invité M. Sarkozy n’ait pas fait le déplacement au grand auditorium pour accompagner son hôte ?»
«Est-ce que l’étape de l’Université Cheikh Anta Diop était réellement dans le programme de visite du président français ?»
Le choix de l’Université Cheikh Anta Diop au détriment de l’Assemblée nationale n’est-il pas le compromis du Pouvoir Exécutif qui fourbissait déjà ses armes pour la bataille de l’hivernage 2007 avec le président de l’Assemblée nationale ?
Le retour des intellectuels africains
J’espère très sincèrement que ce livre, L’Afrique répond à Sarkozy, sonnera le réveil définitif des Africains et de ses intellectuels. En tout cas, les ingrédients sont là pour nous donner des raisons d’espérer. Je n’ai pas souvenir dans l’Histoire qu’autant d’intellectuels (23) acceptent de travailler tous ensemble et de manière spontanée sur un même sujet et produisent une œuvre aussi pertinente et sans complaisance aucune. Il est vrai que lorsque les intellectuels africains tirent tous dans le même sens, l’Afrique avance à pas de géant et les Africains retrouvent leur fierté et leur énergie. Il est impensable que les intellectuels africains, et plus particulièrement les 23 co-auteurs du livre, s’arrêtent en si bon chemin. Ils ont le devoir d’assurer le service après-vente de ce livre et d’investir les médias français, africains et tous les lieux de débat pour expliquer ce renouveau du débat sur l’Afrique.
Les journalistes africains devront, eux aussi, assumer leur part de professionnalisme, d’initiative et de responsabilité en relayant le contenu de ce livre qui comptera sans aucun doute et en témoignant de ce qu’ils savent. Avec ce livre, on a la preuve qu’il y a encore, en Afrique, des gens debout qui n’ont pas renoncé à leur responsabilité. Plus que jamais, l’espoir se conjugue au présent. Lorsque les intellectuels s’impliquent et ne renoncent pas au combat pour défendre des idées, ils sont capables de réveiller la conscience des citoyens. Le drame actuel de l’Afrique, c’est aussi l’absence de débat sur les enjeux véritables du continent. Sur qui sommes- nous ? Que voulons-nous léguer aux générations futures ?
Comment l’Afrique, continent le plus riche du monde en ressources minières, continue-t-elle à être cet espace de la misère, des maladies, des guerres ethniques et tribales, des fraudes électorales, qui a fini par convaincre la jeunesse que le seul espoir qui lui reste est de s’embarquer dans des pirogues de fortune pour un voyage, souvent sans retour, vers un hypothétique Eldorado européen.
Certes on peut «reconnaître que les artistes, dans le combat pour une Afrique prospère, sont en avance de plusieurs années sur les intellectuels africains, depuis la disparition des grands panafricanistes». C’est aussi la preuve que le combat pour restaurer la dignité des Africains et de l’Afrique n’est pas qu’une affaire d’intellectuels au sens étriqué.
C’est l’occasion de saluer, ici, l’excellente contribution de Makhily Gassama, coordinateur et co-auteur du livre L’Afrique répond à Sarkozy, qui a fustigé les hommes politiques africains d’alors, qui «n’ont pas su écouter et protéger les vaillants hommes politiques comme, Kwame Nkhrumah, le panafricaniste intransigeant, chassé de son pays comme un bandit de grand chemin, Patrice Lumumba immolé comme un agneau de sacrifice pour le bien-être de la nation colonisatrice de son pays…, Thomas Sankara qui a payé par le sang son amour pour son pays et son continent, ainsi que sa haine implacable envers l’œuvre destructrice de ses aînés…».
Ne pas oublier les populations des pays africains
Enfin, je partage totalement cette réflexion d’un journaliste africain publiée ce week-end dans senactu.com dans un article sur la parution du livre : «Pour gagner en légitimité et en respect, ils (les intellectuels) devraient aussi s’en prendre à nos vaillants dictateurs amis de Sarkozy. Les intellectuels africains doivent-ils seulement avoir l’attitude de militaires défendant leur chère Afrique ? Ne devraient-ils pas aussi jouer au policier ou au gendarme pour contrôler la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et la liberté d’expression en Afrique ?» En effet, il est absolument nécessaire que réagissent en pensée et action tous les citoyens africains, y compris les intellectuels, pour reconquérir la parole et ne plus laisser les non-africains parler à la place des Africains. J’appelle aussi de mes vœux un engagement massif des intellectuels à côté des populations et une implication réelle dans le débat national de leurs pays respectifs, pour redonner aux populations davantage de raisons d’espérer. C’est par la critique concomitante des questions internationales et des problèmes nationaux que les intellectuels africains gagneraient en crédibilité, en cohérence et en efficacité. En particulier, dans le contexte sénégalais, rien n’est irrémédiable, même si les perspectives qui se profilent ne sont guère réjouissantes et devraient, par conséquent, susciter une plus grande mobilisation des populations et, en particulier, des intellectuels.
Mansour GUEYE / gueye_courrier@yahoo.fr
La pédophilie, un phénomène récurent au Sénégal, mais pas sévèrement réprimé
A la lecture de l’article paru dans le quotidien étatique Le Soleil n° 11315 du lundi 18 février 2008, je n’ai pu m’empêcher, malgré la charge de travail que j’ai, de pianoter sur le clavier de mon ordinateur, la présente contribution, pour déplorer la légèreté des condamnations pénales infligées, généralement, aux pédophiles ou déviants sexuels de toutes sortes, qui sont de plus en plus nombreux au Sénégal. Certes, comme nous l’apprenons à la Faculté de Droit, il faut respecter l’autorité de la chose jugée, mais ce principe ne doit pas nous servir d’alibi pour ne pas nous insurger contre la banalisation de tels crimes et délits commis par des maniaques sexuels, de surcroît sur des mineurs, et qui s’en sortent avec des peines dérisoires.
La dernière affaire qui me fait rebondir est celle qui relate dans le journal précité, l’histoire d’un certain Abdoulaye Sène (homonyme honteux du père du Prophète Mouhamed PSL), surpris sur un garçon de 7 ans dans une pirogue, en flagrant délit de pédophilie et qui écope seulement de 3 ans de prison. Je suis d’autant plus offusqué par la légèreté de cette punition requise par le substitut du procureur qui a, pourtant, reconnu la récurrence du phénomène à Mbour et qui avait manifesté sa volonté de punir sévèrement le prévenu. La question que je me pose, dès lors, est de savoir pourquoi alors, après avoir, dans son réquisitoire, reconnu la gravité d’un tel acte et la nécessité de le sanctionner sévèrement, le substitut du procureur n’a requis que la peine de 3 ans de prison ferme, proposition suivie finalement par le Tribunal ?
Je me rappelle qu’en faisant mes recherches en 2003 dans le cadre de la rédaction du Rapport complémentaire du Sénégal sur la «Protection spéciale des enfants en situation de risque», j’avais appris que les articles 320 et 320 bis du Code pénal punissent respectivement le viol et la pédophilie d’une peine allant de 5 à 10 ans. Cependant, si l’infraction est commise sur un mineur de moins de 13 ans, en cas de viol ou un mineur de moins de 16 ans, en cas de pédophilie, ou si le coupable exerce une autorité quelconque sur le mineur dans les deux cas, la loi exclut toute possibilité de circonstances atténuantes ou de sursis à exécution et prescrit le prononcé du maximum de la peine, c’est-à-dire 10 années de prison ferme.
Selon l’article 319 du Code pénal, c’est le harcèlement sexuel qui est pénalement puni d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans. Il me semble qu’en l’espèce, tel n’est pas le cas. Aussi nous interrogeons-nous sur le fondement juridique d’une telle décision de justice qui n’est pas une première et qui, en dépit du fait qu’il ne contribue pas à dissuader d’éventuels candidats aux viols et abus sexuels, sur mineurs de surcroît, participe à donner une image néfaste de notre société, voire de notre système répressif qui pourrait être perçu comme trop tolérant pour ne pas dire permissif, par rapport aux dérives maniaco-pédophilo-homosexuels de tout genre auxquelles on assiste de plus en plus. L’affaire du mariage homosexuel qui a défrayé la chronique ces jours-ci en est une illustration patente qui a choqué bon nombre de citoyens musulmans comme chrétiens, voire même païens.
J’estime, enfin, que les Organisations de la Société civile devraient de plus en plus se porter partie civile, dès l’instant que la loi le permet, par rapport à ces actes graves qui déchirent le tissu social de notre cher pays, dont les substrats sociologique et anthropologique étaient, jadis, fondés sur les valeurs de sutura, de kersa, de jom, de teggin, de fit, de teranga et de religiosité, pour ne citer que celles - là !
Thierno Seydou GUEYE - Expert Consultant en Droit international des droits de l’Homme / gueyet@hotmail.com
Leçon citoyenne
Par Felix NZALE | SUD QUOTIDIEN | lundi 18 février 2008
Le Maire de Gorée Augustin Senghor s’est présenté le samedi 16 février avec son équipe de la municipalité devant leurs mandants. Ils ont ainsi exposé et soumis le bilan de leur quinquennat (2002-2007) à l’appréciation de ceux-là qui leur avaient fait confiance. À ces derniers de voir, en perspective des élections locales du 18 Mai prochain, si cette équipe est reconductible ou non. Mais cela, c’est une autre affaire… La démarche du Maire n’est pas nouvelle. On se rappelle qu’à chaque fin d’édition de Gorée Diaspora Festival et au seuil de la nouvelle, Me Senghor re-convoque la presse pour dresser le bilan des activités. En somme, pour rendre des comptes. De manière publique. Cette démarche, disons cette leçon citoyenne, est assez rare au Sénégal pour ne pas être soulignée et saluée.
En vérité, la classe politique sénégalaise a, dans son système de fonctionnement, instauré depuis les privilèges pour son petit profit exclusif. Prébende, achats de conscience, manipulation, sont les paradigmes qui fondent l’agir de nos hommes politiques. On comprend dans ce cas que l’opacité soit ici le principe de la démarche. Or, hélas, ceux-là qui manipulent et persistent à manipuler, occupent la proue des consciences déviées de la claire vision. Et l’idéologie dominante est, semble-t-il, au Sénégal, le démon de cette cécité des consciences qui refusent de voir. Pour agir et devenir. L’île de Gorée a dit non et s’est engagée dans l’ère de la rationalité qui vise, loin des chefs hiératiques ubuesques de notre histoire, à prendre son destin en main. À refaire son destin. Entendu que le refus, ou l’évitement de tout engagement ou implication, est déjà glissement vers le néant.
Cette cécité des consciences explique la tendance à perdre de vue que « rendre des comptes » est un principe démocratique à exiger de ceux qui nous gouvernent. « Obscurantisés », il n’est pas exagéré de dire que nous ne vivons pas dans ce pays. Au sens où, vivre, c’est faire échec à la loi de l’échec, vaincre toutes les formes pernicieuses et subreptices du néant masqué, auquel des esprits prédateurs assignent notre destin de peuple.
La leçon qui nous vient de Gorée consiste à dire oui aux principes vitaux. Puisse-t-elle faire tache d’huile et inspirer tous les Sénégalais dans le sens d’un réveil collectif pour exiger l’inscription dans la feuille de route de nos hommes politiques, l’exercice de l’éthique et de la morale en politique et, ceci, dans l’optique d’une entéléchie clairement comprise. C’est entendu : il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des politiques - et des politiciens - infâmes et déviantes qui sont de nature à altérer dangereusement le devenir de notre nation.
Le Secrétaire d’administration, qui est-il ?
Tout d’abord, méditons sur ces deux anecdotes. La première est le cas de ce Secrétaire d’administration (Sa) nouvellement affecté dans un département ministériel. Après les premiers entretiens avec le directeur de cabinet, il a été mis à la disposition du chef du Service des affaires générales et de l’équipement (Sage). Ce dernier, par la conception qu’il se fait du Sa, l’affecte au bureau du courrier non sans lui avoir donné une pile de paperasses à saisir.
Le deuxième cas est arrivé lors de l’assemblée générale des Sa tenue récemment à l’Ecole nationale d’administration (Ena). Le bureau de l’amicale avait sollicité une couverture médiatique au niveau de la Radio Télévision du Sénégal (Rts). La personne à qui la lettre a été imputée, l’a tout simplement classée sans suite croyant avoir affaire à de ‘petits secrétaires’. Il a fallu que le président de l’amicale descende sur les lieux pour qu’on lui envoie une armada de journalistes et de techniciens.
Ces deux cas révèlent, parmi tant d’autres, la vision que certains se font de cette catégorie de fonctionnaires appelés Secrétaires d’administration. Peut-être que c’est le mot ‘secrétaire’ qui pose problème. Loin de moi l’idée de vouloir être l’avocat de cette corporation qui, de par la rigueur, la probité et la bonne tenue de ses membres, s’est forgée un capital respect au sein de l’administration sénégalaise. Suite à une sélection rigoureuse, les élèves secrétaires d’administration sont formés dans une école d’élite avec option Administration centrale et territoriale (Act) ou Collectivité locale (Cl). Au bout de deux ans d’études, ils sortent avec le brevet de l’Ena équivalent à bac+2 au même titre que les Rédacteurs et Intendants.
Régis par le décret 77.880 du 10 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale, ‘les Secrétaires d’administration concourent au fonctionnement des administrations centrales, des services et des circonscriptions administratives. Ils sont chargés de la préparation et la mise en forme des décisions prises à l’échelon de direction. Ils sont également chargés de l’application de ces décisions.’ (article 22 - alinéa 1). C’est dire toute la noblesse et la grandeur de ce cadre de l’administration qui sert avec dévouement et abnégation son pays.
Sur le terrain, les Sa occupent généralement les postes suivants : Chef du Sage, chef du Bureau administratif et financier (Baf), Contrôleur régional des finances (Crf), Contrôleur des opérations financières (Cof) délégué, Attaché d’ambassade, Secrétaire municipal d’une collectivité locale dont le budget ne dépasse pas trois cent millions de francs Cfa. ‘Ils peuvent également être désignés pour exercer des fonctions d’autorité dans les circonscriptions administratives’ (article 22 - alinéa 2). Et c’est là que le bât blesse. En effet, au moment où des instituteurs et autres techniciens supérieurs sont nommés sous-préfets et adjoints au préfet, les Secrétaires d’administration formés es qualité sont confinés dans des bureaux lugubres avec des responsabilités qui ne correspondent pas toujours avec leur profil même s’ils ont reçu une formation polyvalente. Certes, la loi autorise un tel état de fait somme toute légal, mais il n’en demeure pas moins paradoxal. Les postes de sous-préfet, d’adjoint au préfet et de secrétaire municipal peuvent et doivent être verrouillés et réservés aux seuls secrétaires d’administration comme le poste de préfet l’est pour les administrateurs civils.
Rendre à César ce qui est à César ! Tel doit être le maître mot afin de respecter le parallélisme des formes. Et c’est à ce prix seulement que justice pourra être faite à ces vaillants secrétaires d’administration, véritable cheville ouvrière de la Fonction publique.
Mame Balla NDIAYE mbn@sunumail.sn
SENEGAL-DEMOLITION DU STADE ASSANE DIOUF
Mohammed Mbodj décrit « les fondements de légitimation d’une contre-violence »
jeudi 28 février 2008
NETTALI - La polémique sur la démolition, dans des conditions très peu orthodoxes, du stade Assane Diouf au quartier de Rebeuss à Dakar ne cesse d’enfler. C’est la porte ouverte à toutes les dérives et autres libéralisations sauvages, estime Mohammed Mbodj, Coordonnateur du Forum civil, au micro de la radio dakaroise Première Fm.
« C’est une démolition envisagée par l’Etat. Ce qu’on a fait, on l’a su par la presse, même les habitants de la localité l’ont su par la presse et le lendemain. Donc, quand des services de l’Etat ont été interrogés, ils ont plutôt tous eu tendance à dire qu’ils n’étaient pas au courant, y compris, vous l’avez vu, on pensait que c’était l’Anoci (Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique), mais elle dit qu’elle n’était pas au courant », accuse le Coordonnateur du Forum civil.
Selon Mohammed Mbodj, « le problème de fond, c’est que le stade Assane Diouf est un stade municipal, donc, il relève du domaine public, c’est un bien de l’Etat, parce que la Mairie, c’est une collectivité locale qui relève d’une forme de décentralisation du pouvoir de l’Etat ». Il relève que c’est un communiqué « laconique qui est sorti dans une série de journaux, mais qui nous a fait identifier un groupe dénommé Kawsara et qui parle de la destruction du stade et de la construction d’une Cité des affaires. Et dans ce communiqué, on ne voit nulle part mention faite d’une structure de l’Etat impliquée dans le projet ».
M. Mbodj se demande « comment on peut venir dans un pays, créer une société Kawsara, parler de Chinois qui viennent détruire un édifice public ? Imaginez le contraire, que des Sénégalais aillent en Chine, les Chinois se réveillent et voient un immeuble ; on leur dit qu’il y a une société du Sénégal qui vient détruire un édifice public ». Pour le Coordonnateur du Forum civil, c’est quand même grave que l’Etat dise qu’il ignore tout cela.
Mohammed Mbodj pense que « cela renvoie à l’effondrement de l’Etat. Imaginez que les jeunes de Rebeuss, faisant suite à un acte de forfaiture réalisé, s’attaquent à la société Kawsara ». Car, la destruction d’un édifice de la collectivité nationale ne saurait être légalement défendable, poursuit-il. M. Mbodj prévient que « ce serait là les fondements d’une légitimation d’une contre-violence ».
L’invité de notre confrère fustige en outre « une absence de transparence dans ce projet » ainsi que le fait que des intérêts non identifiés prennent le pas sur les intérêts collectifs des citoyens sénégalais. « A partir de ce moment, quelle est l’obligation morale du citoyen d’obéir à ces groupements, ou d’obéir à un Etat qui fuit totalement ses responsabilités ? C’est là où je dis que le citoyen peut réapprécier une telle situation et se donner les moyens d’autodéfense. Et à partir de ce moment, c’est l’instabilité, la violence, c’est l’implosion de l’Etat », insiste M. Mbodj.
« Cela dépasse la boulimie foncière »
D’aucuns relèvent une boulimie foncière derrière cette démolition nuitamment opérée du stade Assane Diouf. De l’avis de Mohammed Mbodj, « cela dépasse la boulimie foncière ». « Si on avait identifié des secteurs dans le gouvernement, en disant qu’ils veulent prendre le domaine maritime, on a dépassé cela. Vous vous rappelez, on a voulu déplacer le lycée Van Vollenhoven (actuel lycée Lamine Guèye), on a voulu déplacer l’hôpital Aristide Le Dantec, les projets existent toujours, on a voulu déplacer à l’époque le stade Assane Diouf et aujourd’hui on commence par cela. Dans ces opérations, tant que vous les identifiez sous l’angle de la boulimie foncière, on aurait compris que ce soit l’Etat, mais c’est des groupes privés ; Kawsara, ce n’est pas l’Etat », explique-t-il.
S’agissant du libéralisme qui est la doctrine du régime en place, le membre de la société civile estime que « même la concurrence, la liberté du marché, aujourd’hui, se fait de manière transparente. C’est-à-dire que quand il y a une compétition sur le marché, c’est avec des règles, c’est avec des procédures connues, c’est avec un système de contrôle, c’est avec un système de contestation, c’est avec un système d’arbitrage, c’est avec un système de recours. C’est-à-dire que la liberté d’action, dans le cadre du libéralisme, c’est une liberté régulée, portée par des règles, par des institutions, par des mécanismes. Ce n’est pas cette dérobade, cette forme de désertion globale par l’Etat de ses champs de responsabilité. Cela n’a rien à voir avec le libéralisme. Si on devait utiliser un terme : c’est l’Etat voyou ».