AU NOM DU FILS !
AU NOM DU FILS !
Idrissa Seck, lors de sa sortie pour sceller ses énièmes retrouvailles avec son père d’emprunt, Abdoulaye Wade, nous avait servi l’une de ses paraboles qui font mouche : celle d’Ismaël, le fils d’Abraham. Ce dernier, bien que conscient de sa mort sous le couteau paternel, avait accepté son sort, car conscient qu’au-delà de sa vie, se jouait un autre destin, hautement plus important : celui de son peuple tout entier !
Abraham, lui aussi, bien qu’aimant plus que tout son fils, n’a pas, une seule fois, hésité à mettre en œuvre l’ordre Divin consistant à accepter d’immoler son enfant, pour plaire à son Seigneur et assurer, par la même occasion, la sauvegarde de son peuple.
En dehors de ces exemples, d’autres sacrifices éloquents, engagés et altruistes, essaiment dans plusieurs registres. Dans le filon religieux, l’acte héroïque du Christ, qui accepta de mourir sur la croix pour sauver l’Humanité, illustre, lui aussi, combien l’être humain est capable de se transcender et de dépasser son sort individuel, pour inscrire ses actes dans une posture collective qui anoblit ses actions et l’élève à une stature de surhomme.
Plus proche de nous, se dresse l’exemple des femmes de Nder, ces héroïnes épiques célébrées pour avoir décidé de mourir afin que vive la dignité des femmes du Walo, dignité préservée à travers une immolation collective qui rend sauve leur intimité que menaçaient les envahisseurs, adeptes de viols collectifs et de traite des esclaves !
A chaque fois que l’individu s’est assis sur ses pulsions de survie égotistes pour mourir au nom d’intérêts supérieurs qui le dépassent et le transcendent, l’Histoire a su lui rendre hommage et graver ainsi son nom sur le marbre inoubliable des actes qui durent et qui vivent car indélébiles dans nos cœurs et omniprésents dans nos mémoires.
A contrario, aucun acte public, et à portée nationale, qui fait table rase de toute considération générale, pour n’être porté que par des aspirations individuelles, et surtout familiales, n’est parvenu à capter l’attention, l’estime, le respect et la considération, autant des contemporains que des générations suivantes.
Qui peut se rappeler positivement les trahisons futiles et bassement opportunistes des collaborateurs nazis dans l’Europe sous occupation Allemande ? Mais qui, qui ose encore oublier l’oubli personnel et familial dont a fait preuve Nelson Mandela, pour pouvoir porter la charge lourde et requinquant du leader Sud africain, tête de fil de la résistance noire, puis acteur de la libération et enfin père de la réconciliation sud-africaine? Qui se souvient, sinon que par le mépris et la tristesse, des manœuvres sordides et ridicules de roitelets africains, complotant sur le dos des souverains légitimes rien que pour survivre à l’occupation européenne de la terre de leurs ancêtres ?
Or, qui, qui pourrait seulement ignorer les prouesses de Ahmadou Bamba, les sacrifices de Lat Dior, la hargne de El Haj Omar, le génie tenace et éclairé de Maba Diakhou Ba ? Ces grands hommes doivent si peu à leurs pères. Ils doivent beaucoup à leur talent intrinsèque, à leur engagement passionné et juste, à leur sens de l’honneur, à leur dévouement total et sans concession à des Vérités supérieures qui les dépassent !
Mais voilà que l’Afrique cherche à marcher sur la tête ; à vouloir réinventer la roue crevée, et à se complaire dans une tentative ridicule de réécriture anachronique d’actes si peu glorieux ! Voila l’Afrique, telle que l’aurait ignoblement détestée David Diop, telle que ne l’aurait jamais imaginée Frantz Fanon, telle que ne l’aurait jamais vue, même en cauchemar, et Césaire et Senghor, et Damas et Dumas. L’Afrique qui fait encore hurler de rage Soyinka, tant celle-ci se plait à se contenter de crier sa rage de renaissance, sa soif de développement, son envie d’émergence, tout en continuant de cultiver les germes de la décadence, les fleurs de la dégénérescence, les racines de la déchéance. L’Afrique décadente, dégénérée et dégingandée, c’est celle-là qui renoue avec les tentatives de gestion dynastique du pouvoir ! Au Congo, comme au Gabon, au Togo comme nul par ailleurs, la succession dynastique s’est mise en place. Elle a réussi, de manière diverses certes, mais avec brio, hélas !
La nouvelle passion de certains dirigeants Africains, ce n’est plus le Panafricanisme, encore moins la Négritude. La nouvelle ambition de certains ténors politiques tropicaux, ce n’est plus de raccorder les liens injustement rompus entre les membres d’une même et unique communauté.
Ce qui hante le sommeil de nos héros, à rebours, c’est la pérennité de leur folie, à travers la transmission dynastique du pouvoir. Mourir au pouvoir, et survivre au pouvoir, à travers le prisme narcissique de leur progéniture qui s’assiérait sur le trône de la République après qu’ils en seraient bannis, par la mort ou par l’usure du pouvoir !
On est proche de tout, sauf de la hantise collective, de l’intérêt national ou de la cause collective. A moins que ces vrais faux mages politique ne détournent à leur avantage la gageure poétique et romantique d’un Grand Créateur devant l’éternel : Hugo ! Interpellé sur le paradoxe entre son engagement politique et sa tendance poétique plutôt romantique et autocentrée, le poète-politique répondit par cette bienheureuse et non moins célèbre formule : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous (...)Ah! Insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! » Teuss !!!
Mamadou Thiam, chroniqueur mamadouthiam@hotmail.com
La grève des boulangers : Une signature sociale de l’extraversion de l’économie agricole et agro-alimentaire du Sénégal
En mettant à exécution leur menace, les boulangers ont privé nos parents sérères de leur aliment favori : le pain ! Et comme à l’accoutumée, ce fut le sauve-qui-peut pour se ruer sur les succédanés alimentaires tels que les biscuits et autres bouillies de mil et/ou de riz… Mais au-delà de cette boutade à connotation de cousinage à plaisanterie avec le pain comme prétexte, c’est la problématique même de l’extraversion de notre économie agricole et agro-alimentaire qui revient en force à la une de l’actualité, car le blé ne figure pas dans les systèmes agraires du Sénégal. Aussi, la solution durable n’est-elle pas de tenter de promouvoir l’introduction et encore moins de développer la culture du blé, mais plutôt de revisiter en profondeur les référents de nos habitudes alimentaires pour les adapter et ajuster à l’offre agricole et agro-alimentaire de nos systèmes agraires.
D’ailleurs, la crise alimentaire que vient de traverser le monde, nous offre une sacrée opportunité pour apporter les ruptures fondamentales de paradigmes dans notre politique agricole et agro-alimentaire. Et Dieu sait que les solutions existent pour se départir de la tyrannie du pain ! D’une part, la politique agro-technologique doit promouvoir une amélioration du processus de panification avec la mise au point de techniques et technologies agro-alimentaires allant dans le sens de relever significativement et de manière progressive le taux d’incorporation dans le pain de céréales locales telles que le mil, le sorgho et le maïs qui sont inféodé(e)s dans nos systèmes agraires. Autrement dit, la finalité d’une telle politique est de réussir la prouesse d’une combinaison, disons d’un savant dosage, entre : (i) les contraintes de recherche scientifique et technique et les exigences technologiques de l’industrie agro-alimentaire en matière de panification ; (ii) les besoins alimentaires et nutritionnels et autres préférences organoleptiques des consommateurs pour le pain ; (iii) les impératifs de rentabilité financière et de viabilité économique de l’industrie boulangère et pâtissière. D’autre part, l’appui de l’Etat devrait porter sur la définition d’un cadre institutionnel et juridique approprié et incitatif pour soutenir un propice climat des affaires du secteur agricole et agro-industriel qui favoriserait la promotion et le développement des céréales locales que sont le mil, le sorgho et le maïs, selon une approche chaîne de valeur pour chacune de ces céréales.
En tant que véritable gisement d’emplois salariés et non salariés à la fois agricoles et non-agricoles dans les contextes urbains et ruraux, cette approche programmatique devrait être conçue pour profiter de manière équitable aussi bien aux petits producteurs dépositaires des exploitations agricoles familiales qu’aux promoteurs de l’agro-business et de l’agro-industrie. A cet effet, sur la base d’une contractualisation synallagmatique de partenariats institutionnels et commerciaux, les acteurs parties prenantes de ces filières céréalières conviendraient, dans des cahiers de charges négociés, d’arriver de façon crescendo à un objectif parétien de 20 % de la production de mil, de sorgho et de maïs destinés à l’incorporation dans le processus de panification de l’agro-industrie boulangère et pâtissière. Alors que les 80 % contribueraient à : (i) l’autosuffisance alimentaire (directement) sous des formes classiques d’aliments exclusifs et singuliers d’autosubsistance et de consommation humaine et animale ; (ii) la sécurité alimentaire (indirectement) via la génération de revenus agricoles et para-agricoles à partir d’activités de transformation et commercialisation comme aliment de substitution au pain et/ou de succédanés agro-alimentaires, de compléments et suppléments agro-alimentaires. Cette voie ouvrirait le passage à la revalorisation des traditions culinaires sénégalaises basées sur les mets et plats locaux à base de mil, de sorgho et de maïs, tout en balisant et posant les jalons de nouvelles perspectives agro-alimentaires et nutritionnelles ainsi que d’opportunités socioéconomiques avec de nouvelles recettes.
En outre, une telle option stratégique se déclinerait en un programme structurant qui participerait d’un décloisonnement de la recherche agricole et agro-alimentaire pour s’orienter vers des équipes de recherche pluridisciplinaires et pluri-institutionnelles afin de mutualiser les ressources humaines, logistiques et financières du Consortium des plateformes paysannes représentatives de la ruralité sénégalaise (Synaep, Cncr…), de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), de l’Institut de technologie agro-alimentaire (Ita), de l’Ecole supérieure Polytechnique (Esp), de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta DIOP (Ucad), de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa) et de l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar).
Les extrants de ce programme structurant de recherche agricole et agro-alimentaire seraient : (i) une réactualisation de la carte variétale de la céréaliculture avec une armature agronomique qui reposerait sur le mil, le sorgho et le maïs dans l’optique d’un accroissement de leur productivité et de leur compétitivité ; (ii) une amélioration génétique du mil, du sorgho et du maïs intégrant des critères novateurs de sélection variétale dont l’aptitude à la panification ; (iii) une définition de procédés de technologies agro-alimentaires de panification incorporant des taux économiquement significatifs de mil, de sorgho et de maïs pour une baisse drastique des importations de blé impactant sensiblement sur la facture céréalière, et partant sur notre balance commerciale ; (iv) des données pertinentes en alimentation, en diététique et en nutrition sur nos mets et plats classiques à base de mil, de sorgho et de maïs, ainsi que sur de nouvelles recettes ; (v) une étude sur le potentiel de plus value socio-économique et agro-industrielle apporté par les chaînes de valeur mil, sorgho et maïs.
Au total, cette grève des boulangers est une signature sociale de notre économie extravertie du fait d’un lourd passif agricole et agro-alimentaire hérité de la colonisation. Le pain n’est que cet arbre qui cacherait la forêt, car ce sont les mêmes problématiques que poseraient le riz et l’arachide.
L’urgence avec cette grève des boulangers, au-delà des négociations et conciliabules qui n’engendreraient que des solutions conjoncturelles, c’est de la considérer comme un déclencheur de la formulation d’une politique agricole et agro-alimentaire volontariste et novatrice qui permet d’enregistrer des avancées significatives en termes d’équité sociale entre les petits producteurs et les promoteurs de l’agro-business, de promotion d’un entreprenariat agricole et agro-industriel, d’une recherche agricole et agro-alimentaire recentrée sur le développement humain et social de la ruralité, une symbiose entre les instruments de la politique économique et de l’économie politique, une synergie entre les options stratégiques de gouvernance macroéconomique et les réalités de gestion microéconomique à l’échelle des ménages et entreprises et enfin d’une cohabitation intelligente entre l’Etat et le marché pour une régulation efficace et efficiente des transactions sociales, économiques et commerciales.
C’est seulement en comprenant les enjeux sociopolitiques, en réussissant à relever les défis stratégiques de la grappe ‘Agriculture et Agro-industrie’ et en se donnant les moyens volontaristes d’action décisive que l’on pourra concrétiser la vision salutaire de faire du secteur agricole et agro-alimentaire le moteur de la croissance économique au Sénégal.
Mohamed Simon NDENE ndenesimon@yahoo.fr
Pour l’unité, pour le salut de la nation !
A un peu plus d’un an des élections présidentielles et législatives de 2012, le Président Abdoulaye Wade jette le masque. Confronté à une impopularité sans précédent, il cherche désespérément à faire face à la défiance unanime des sénégalaises et des sénégalais de tous bords. Les populations rurales savent que ses slogans sur l’agriculture sont des phrases creuses et qu’il n’a fait que rétablir, jusqu’à la caricature, une économie de traite de type colonial dans laquelle des intermédiaires tout puissants n’ont fait qu’exploiter de façon éhontée la masse des petits exploitants agricoles qui constituent l’écrasante majorité de la population agricole du Sénégal.
Les habitants des banlieues, ces villes dortoirs qui ont poussé comme des champignons et qui continuent d’accueillir des milliers d’hommes et de femmes qui quittent un monde rural qui n’offre plus de perspectives, croupissent sous des eaux nauséabondes en ces temps d’hivernage malgré les multiples promesses qui leur ont été faites de résoudre ce drame social indigne d’un Etat organisé. Le chômage des jeunes des villes a atteint des proportions jamais connues tandis que les travailleurs des services de base, notamment ceux de la santé et de l’éducation, ont perdu tout espoir de voir le régime donner des réponses rationnelles aux maux qui frappent ces secteurs essentiels pour le développement économique et social de notre pays.
Les Etudiants victimes d’une croissance anarchique de la population estudiantine multiplient les actions d’éclat violentes pour exiger que le pouvoir tienne ses engagements, notamment en termes de paiement des bourses. L’affairisme et la corruption généralisés qui caractérisent le régime se manifeste de nouveau à travers l’arnaque de « Global Voice » récusé par tous les patriotes et même par l’UEMOA. Nul doute que le pays vit une atmosphère de fin de règne. Wade, qui poursuit ses voyages présidentiels stériles pour la nation, le sait bien mais il reste déterminé à imposer son impossible scénario : installer son fils à la tête de notre pays.
N’est-ce pas la raison pour laquelle, après avoir reconnu et affirmé en avril 2007que la constitution ne lui permettait pas d’être candidat à l’élection présidentielle de 2012, Abdoulaye Wade, prenant conscience de l’impopularité de son fils-candidat au sein du PDS comme au niveau des populations, a dû se dédire et annoncer sa candidature qui ne peut être qu’un leurre destiné à lui donner les moyens d’installer Karim Wade à la tête de notre pays. Malgré cette volonté évidente de réaliser un coup de force, Wade doit ouvrir les yeux pendant qu’il est temps. Ce nouveau complot va échouer lui aussi lamentablement.
Il fait tout son possible pour amadouer les forces armées du pays, en particulier les chefs, par des privilèges variés. A présent il met en place les éléments essentiels du dispositif de fraude qui doit lui permettre de publier des résultats préfabriqués en 2012 malgré la mobilisation de l’opinion nationale et internationale.
Dans les nominations auxquelles il vient de procéder au niveau de la magistrature, la promotion de nombreuses femmes n’est qu’un moyen de masquer l’essentiel à savoir la nomination de Cheikh Tidiane Diakhaté à la tête du Conseil Constitutionnel. Or ce magistrat s’est distingué de façon négative par une gestion désastreuse des dossiers Ndindy/Ndoulo dans le Diourbel et du contentieux post-électoral de Mbane pour lequel la Cour Suprême a dû redresser le verdict de la Cour d’Appel qu’il présidait. Sa nomination, dans ces conditions, ne peut que réduire la crédibilité du Conseil Constitutionnel déjà fortement entamée par ses avis précédents.
Après l’organisation d’une prétendue révision exceptionnelle des listes électorales articulée au blocage sélectif de la délivrance de cartes d’identité aux citoyens notamment à la masse de jeunes électeurs parvenant à la majorité, le jeu du Président Wade est clair et une confrontation majeure est inévitable en 2012. Il ne sert à rien de se faire des illusions. L’opposition, la société civile, les acteurs économiques et socioculturels doivent montrer leur détermination et leur volonté de consentir les sacrifices nécessaires pour faire avorter le complot présidentiel et restaurer, par tous les moyens, la souveraineté populaire affirmée de belle manière le 22 mars 2009.
Le peuple sera obligé de relever en 2012 le défi le plus arrogant et le plus dangereux auquel les sénégalais auront été confrontés depuis l’indépendance de notre pays. Autour du cadre de l’opposition qu’est Benno Siggil Senegal, il faut arrêter la mafia de la fraude et éviter à notre pays la dictature rampante qui s’organise. Il faudra que nous prenions tous, chacun et chacune d’entre nous, nos responsabilité pour barrer la route à celui qui s’entête à refuser une réalité politique pourtant évidente aujourd’hui. Si Abdoulaye WADE, dans un sursaut ultime de lucidité et de responsabilité s’engage dans la voie du dialogue sincère pout trouver une sortie honorable à l’impasse actuelle, les sénégalais sauront l’y aider. En attendant, la nation confrontée à cette menace sans précédent, doit s’unir, au – delà des différences et des divergences, pour barrer la route aux fossoyeurs de la démocratie, ennemis jurés de la République.
Landing SAVANE