Les adieux politiques du Maître dérouté à ses
Les adieux politiques du Maître dérouté à ses militants désespérés
La parlotte des pantins du prince, cherchant à redorer son blason déjà affecté par sa défaite cuisante du 23 juin 2011, sa peur mal maîtrisée, ses regrets camouflés, ses échecs politiques, économiques, socioculturels, ne pourra jamais modifier le rejet que lui oppose son peuple dépité. Xavier Emmanuelli disait que «dans toute crise, apparaissent des leaders qui savent ce qu’ils ont à faire». Face à la crise qui secoue le pays, Wade saura-t-il méditer ce propos ? Fera-t-il partie de ces leaders «qui savent ce qu’ils ont à faire» ? En suivant les envolées lyriques et risibles des proposés à la parole à l’hôtel Les Almadies, devant Wade, envolées accompagnées par les applaudissements programmés des militants alimentaires qui se fichent de ce que le peuple souverain pense d’eux et de leur mentor, nous nous sommes dit que ces médiocres larbins n’ont pas su étudier la fin de règne de Mobutu ni récemment celle de Ben Ali. Ces deux ont tellement multiplié ce genre de rencontres avec leurs affidés, de véritables parasites sociaux, dans les derniers moments de leur règne qu’ils n’ont pas vu venir le volcan populaire qui les a emportés sans pitié. L’histoire doit servir à quelque chose aux hommes sensés. Savoir s’arrêter au bon moment est un signe de grande sagesse ; tout leader qui l’oublie en payera un jour ou l’autre les pots cassés.
Messieurs les déclamateurs professionnels se sont mis à l’exercice de la «communication politique» en faisant fi de la clameur populaire. Selon eux, Wade peut regagner la sympathie du peuple en comptant sur leur «professionnalisme politique». Ils disent qu’ils vont gagner la bataille de la «communication politique». Et, cela a commencé jeudi après-midi avec l’énumération démesurée de supposées réalisations du chef de l’Etat. A la place d’une bataille en faveur de la baisse des prix des denrées de première nécessité, du règlement de la question de l’énergie, de la santé, de l’éducation, de l’emploi des jeunes, de la paix en Casamance etc., ces messieurs nous parlent de gagner la bataille de la «communication politique». Leur but est de réélire un candidat rejeté à la fois par la Constitution de son pays et par son peuple. C’est simplement affreux de savoir jusqu’où des hommes qui craignent de perdre leurs bonbons peuvent aller en ignominie. Ces expertes de la bêtise sont vraiment ridicules.
Au-delà du constat fait, il revient au peuple de savoir que Wade n’est plus leur «Président», mais celui des élus locaux de la mouvance présidentielle et des militants de son camp politique. Wade ne s’est pas adressé au peuple sénégalais, mais à un groupuscule d’obligés, formatés pour chanter ses louanges jusqu’au seuil de sa tombe politique. Le peuple doit savoir qu’il ne doit plus rien attendre d’un homme qui pousse son mépris vis-à-vis de lui au point de livrer sa première sortie à ses partisans au détriment des véritables réponses aux questions posées par la révolte mémorable du 23 juin 2011.
L’homme reste égal à lui-même. Il ne changera pas. Il ne changera jamais parce que, chez lui, son égo est au dessus de tout, y compris le peuple souverain. Il a parlé. Il a parlé en oubliant ce que Shakespeare disait : «Il ne suffit pas de parler. Il faut parler juste.» Il a parlé en oubliant la le¬çon de Jean de La Fon¬tai¬ne : «Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.» Il a parlé, d’abord en français parce que dit-il, beaucoup de personnes à travers le monde veulent l’entendre. Toujours l’ailleurs avant le peuple souverain. Notre seul regret est de constater que beaucoup de médias ont couvert totalement cette farce politique du camp Wade, alors que le seul message que le peuple voulait entendre était celui du Président sur des questions précises. Et ses partisans de la petitesse verbale ne méritaient pas autant de la part des médias. Nous pouvons nous tromper, mais c’est notre avis. Malheureuse¬ment, Wade a encore parlé pour ne rien dire. Ces balbutiements sur son fameux Ticket ne nous intéressent plus. C’est derrière nous. Wade n’a pas bien compris la leçon de cette journée du 23 juin 2011 pendant laquelle, force était restée au peuple.
Il n’a pas compris aussi le message du 27 juin 2011 ; le peuple est fatigué d’être agressé par les coupures intempestives d’électricité. Il ne sert à rien de proférer des menaces. Quant à ses nouvelles promesses faites aux jeunes, cela prouve encore qu’il est passé complètement à côté de la plaque.
Président, ces jeunes veulent juste que vous annonciez le processus de votre départ, par votre renoncement à votre candidature anticonstitutionnelle. «Je ne crois plus aux contes de fées, même si cela vient de moi», disait J. West. Président, cessez de chercher à nous berner, nous n’en voulons plus de vos promesses. Gardez-les pour Karim et vos petits fils.
Monsieur le Président, à la parole de John Milton qui avance que «même en enfer, régner est digne d’ambition ; mieux vaut régner en enfer que de servir au ciel», nous choisissons de vous conseiller celle de Henri Lacordaire : «On ne peut régner sur les hommes quand on ne règne pas sur leur cœur.» Président Abdoulaye Wade, vous ne régnez plus dans le cœur du peuple sénégalais. C’est dur mais c’est ainsi. Et la faute vous incombe. Vous avez préféré livrer vos oreilles à vos laudateurs plutôt qu’à vos concitoyens qui vous disent la vérité sur votre mode de gestion familiale, despotique et corruptrice. Mais soyez-en sûr Monsieur le Président, vous avez un peuple mûr qui saura vous envoyer à la retraite politique le 26 février 2012. Certes, vous fuyez le débat qui dérange votre camp et vous-même, mais le peuple sait ce qu’il veut et saura vous l’imposer : le respect de la Constitution qui vous interdit formellement d’être candidat en 2012. Vous n’y pourrez rien. Absolument rien ! Votre camp aussi n’y pourra rien. Absolument rien !
Monsieur le Président, dans l’amour qui se meurt, tous les mots sont menteurs. Nous nous sommes rendu compte que ce jour du 14 juillet 2011, l’ambassade de France a du fêter sans une certaine présence coutumière des autorités de la République. C’est le début du désamour entre les Wade et la France. L’amour se meurt. Même votre neveu, en citant les partenaires du Sénégal dans son discours, à snober la France, l’«ami d’hier». Et comme dit l’adage, l’ami d’hier est le pire des ennemis. Nous applaudissons à toutes les situations qui peuvent aider le combat du peuple sénégalais contre vos dérives institutionnelles. Et cet isolement sur le plan international du Président est très intéressant pour la suite du combat visant à l’obliger à respecter la Constitution et à réaffirmer ce qu’il avait dit en 2007, à savoir qu’il ne peut pas être candidat en 2012, car notre charte fondamentale le lui interdit. C’est très intéressant du fait que même demain, cela pourrait faciliter le rapatriement des avoirs gardés en Occident de certains membres du régime.
Ce que vous devez faire n’est pas si compliqué, monsieur le Président ; renoncez publiquement à cette candidature déraisonnable, supprimez le Sénat inutile, diminuez le budget de la Présidence et les membres de votre cour (conseillers, chargés de missions etc.), diminuez votre gouvernement, les représentations diplomatiques inefficaces et les agences qui foisonnent comme des champignons, chassez Souleymane Ndéné Ndiaye, Ousmane Ngom, Aliou Sow et Cheikh Tidjane Sy et votre fils Karim (qui n’a pas la maturité de démissionner de lui-même) du gouvernement, organisez une élection libre, transparente et démocratique avant de remettre le pouvoir au vainqueur dans les règles de l’art. Réglez les problèmes d’énergie. C’est là que vous attend le peuple. Si vous le faites, nous vous dirons Bravo.
Monsieur le Président, notre peuple en général (et surtout sa frange la plus importante, notre jeunesse) maîtrise parfaitement, dans ses actes, la leçon de Mao Tsé-toung : «L’histoire de l’humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers le règne de la liberté.» Notre jeunesse va libérer définitivement le peuple de votre tyrannie absurde, car il en a ras-le-bol ; y en a marre. Il faut savoir partir à temps avec élégance. Si vous ne le faites pas, ayez l’amabilité d’assumer demain l’humiliation qui va accompagner votre départ de la tête du pays !
Tafsir Ndické DIEYE
ndickedieye@yahoo.fr
WADE : LE DISCOURS DE TROP
Grâce a la mobilisation et à la détermination des citoyens, patriotes, démocrates, membres de la société civile et toute la Diaspora Sénégalaise qui ont réagi en toute indépendance et dans la dignité pour dénoncer les dérives récurrentes, l’excès de zèle et le mépris d’ Abdoulaye Wade pour la République, le peuple a usé de sa souveraineté face au régime despotique. En effet, les dignes héritiers de Ndiadiagne Ndiaye, de Thierno Souleymane Ball et d’Alioune Sitoe Diatta s se sont tous retrouvés unis devant l'Assemblée Nationale, à Dakar pour faire reculer Abdoulaye Wade sur projet de loi instaurant la dévolution monarchique du pouvoir. Le peuple a prouvé encore une fois sa maturité.
Abdoulaye Wade dont le règne est fondé sur l’assassinat encourage naturellement la violence au Sénégal avec ses sbires, ses valets de ministres, voyous et loubards qui auraient même été impliques dans des crimes froidement préparés. Ces délits perpétrés par des nervis attardés qui vaquent à leurs occupations sans être inquiétés. Il incite à la violence en maintenant son fils malgré tous les moyens mis à sa disposition et ses échecs répètes qu’il considère le seul capable dans le Sénégal et cherche à le garder dans l’attelage gouvernemental en réponse à la victoire cuisante du peuple lors des élections locale du 29 Mars 2010. Abdoulaye Wade incite à la violence en voulant avec son ministre de l’intérieur seuls gérer les élections présidentielles de 2012. L’Affaire de la valise de 100000 Euros remis à l’ex représentant du FMI pour acheter des cadeaux à ses parents n’a pas fini de faisant couler beaucoup d’encre et Wade recommence avec les chefs de village soit disant pour revaloriser leur fonction. Heureusement pour lui que le ridicule tue pas.
Abdoulaye Wade a insulté la conscience du peuple Sénégalais en n’écoutant pas son discours du 23 Juin 2011 ceci traduit le mépris qu’il a envers son peuple et son manque de sérieux dans le règlement de la crise qui frappe le pays. Il s’est montré pire sourd aux attentes et interrogations de la jeunesse Sénégalaise et n’a jamais à coeurs les préoccupations des jeunes contrairement à ses déclarations.
Les chefs d’Etats respectueux quand il y’a la moindre crise s’adresse à leur nation comme l’a si bien fait Barack Obama lorsqu’il y’a eu la crise budgétaire aux USA au lieu de recopier prétentieusement Senghor soit disant qu’il voulait faire en sorte qu’un fort taux d’abstention ne compromette pas le scrutin. Nous sommes à quelques mois des élections et le Conseil Constitutionnel ne s’est pas encore prononcé sur l’irrecevabilité de la candidature de Abdoulaye Wade, alors que les articles 27 et 104 de la Constitution sont clairs. Seraient-ils entrain de préparer un Coup d’Etat constitutionnel ?
Abdoulaye Wade et sa famille ont montré leurs limites sur les questions vitales face à la misère qui frappe notre nation. Ils ont été incompétents pour résoudre les problèmes les plus élémentaires du pays. Nous ne pouvons plus compter sur Abdoulaye Wade et par conséquent nous réclamons son départ immédiat sans condition du Pouvoir.
La date du 14 Juillet est la fête nationale de la France, cette date marque l'anniversaire de la grande révolte des Français contre le roi, en 1789, cette date devrait être une occasion pour commémorer la mémoire des Tirailleurs Africains qui ont toujours combattu avec les français depuis 1847. Ceci montre qu’Abdoulaye Wade est loin d’être patriote et Pan Africaniste.
Le message de Nouvelle Vision Africaine et de la Diaspora est clair Wade doit quitter immédiatement le Pouvoir. «NADEM». Nous protesterons devant Abdoulaye Wade à chaque fois que l’occasion nous sera donnée. Nous dénoncerons les plans de hold-up des élections de 2012 auprès de toutes les Institutions Américaines et internationales comme la Maison Blanche, le Département d’Etat, les Nations Unis, l’Union Européenne, l’UA ainsi qu’au près de toutes les organisations de droits de l’Homme.
Bocar Moussa Ba
Nouvelle Vision Africaine
Bocar.ba@gmail.com
Prémices d’une conflagration civile généralisée
Attendu comme un sage en raison de son âge avancé (86 ans révolus) et de l’état de grâce le plus long dont l’a gratifié le peuple sénégalais dans sa longue histoire électorale, Abdoulaye Wade a choisi de se presenter à la nation sous la double casquette de chef de l’Etat et de chef d’un clan politique, certes aux commandes, mais paradoxalement comptable d’environ 20 % à peine des intentions de vote. Il a également décidé de parrainer contre vents-et-marées la présence de son fils aux postes suprêmes de commande du pouvoir et, sans l’ombre d’un doute, à sa succession à la chefferie d’Etat.
Décidé à s’user au pouvoir jusqu’à 92 ans s’il était élu en 2012, le chef de l’Etat a décidé de faire face à un complot imaginaire de l’opposition et d’une société civile vibrante et en pleine mutation. A travers le discours d’Abdoulaye Wade et le format qu’il a choisi en s’adressant avant tout à sa base politique (soit les 298 élus locaux libéraux sortis des élections de mars 2009), c’est un discours musclé et fractioniste qui a été servi aux membres de son parti, et, par-delà, à une nation meurtrie, appauvrie par la politique économique et sociale d’un libéralisme tropicalisé vautré dans les comptes d’épicier de la gestion étatique. Le Président de la République a demandé au parti-Etat en ordre de bataille serré, de s’accrocher au gouvernail et de se préparer à engager une série de confrontations qui vont être très dures et se présenter dans un proche avenir, au moins, sous la forme d’une revanche qui permettrait à Abdoulaye Wade de jeter ne serait-ce que momentanément en prison ses adversaires les plus irréductibles en travaillant au flanc ses leaders à travers des procédures punitives multiformes.
Par ailleurs, le format choisi par M. Wade laisse penser qu’il s’entête dans l’attitude guérrière que lui connaissent les Sénégalais à travers le mot d’ordre lancé aux membres de son parti, leur intimant l’ordre d’organiser des milices partout à travers le pays.
Logiques adverses
Face à la logique de confrontation ouverte entre deux souverainetés, la souveraineté populaire, centre de gravité du pouvoir légitime conféré par le suffrage universel, et la souveraineté politique léguée le temps d’un mandat au président de la République qui incarne aussi le président du parti aux commandes, Abdoulaye Wade, s’est attaqué brutalement aux fondements de la souveraineté populaire en essayant de déstabiliser ses ennemis politiques à travers une stratégie pêle-mêle intégrant un projet brouillon de “provincialisation” agrégé à une Primature, une Vice-présidence, un Sénat, une Assemblée nationale, un Conseil économique et social et une Cour constitutionnelle dont les membres sont tous majoritairement comptables de la “générosité” politique et des prébendes du chef de l’Etat. Ce faisant, il a installé un vague-à-l’âme politique au sein de son propre clan et de ses alliés de circonstance, et cassé, pour de bon, les restes du consensus extrêmement fragile qui a été mis en place pour préserver le Sénégal d’une instabilité institutionnelle qui eu pu précipiter le Sénégal dans la guerre civile. En s’attaquant aux collectivités locales adverses en en fractionnant le pouvoir décisionnel et politique, à travers une violence policière qui s’est soldée, pour l’instant, par un mort et plusieurs dizaines de blessés, le chef de l’Etat a décidé de s’installer dans les nuages de l’illusionnisme politique et d’un messianisme hors de saison au lieu de faire face à la vérité intangible de l’histoire : le peuple est le pouvoir transcendant par excellence, l’unique et seul maître de l’ordonnancement du contrat social.
M. Wade n’a réussi son rite de passage dans l’ordre de ses responsabilités étatiques ni dans son pays ni à l’échelle internationale. L’opinion nationale ne se fait plus d’illusions sur les promesses interminables et les revirements spectaculaires doublés de faux scoops politiques auxquels l’a habitué le président de la République le plus partisan de leur histoire. Le jugement sans appel qui revient le plus souvent, tant de la part de ses souteneurs que de ses anciens camarades de parti, les uns jetés en prison, les autres poussés à la démission ou carrément chassés du pré-carré décisionnel, c’est le style de travail intuitif et brouillon et le caractère ombrageux d’Abdoulaye Wade face à ses prerogatives régaliennes ou même administratives. Il traîne, par ailleurs, le complexe du diplômé qu’il n’a pas hésité à exhiber devant un parterre amusé de chefs d’Etat du G8 à travers l’étalage de formules prétendument “mathématiques”. Son goût prononcé de l’argent facile l’a irrémédiablement conduit à être accusé de confondre ses biens personnels avec les fonds politico-diplomatiques et peut-être ceux de plusieurs dizaines d’agences soustraites du processus normal de gestion étatique budgétaire.
Autant dire, qu’avant son discours, Wade a planté les prémices de la discorde nationale qui pourraient éventuellement déboucher sur une guerre civile de type ivoirien, togolais ou sierra-leonais voire libérien. Ces inquiétudes ont déjà été relayées par les chancelleries étrangères les plus en vue au Sénégal, notamment, celles de l’Union Européenne, de la France, puissance dominante, des Etats-Unis et des partenaires internationaux les plus en vue du Sénégal, à l’exception notable de la Chine qui poursuit un agenda de “non ingérence” instruit surtout par ses intérêts géostratégiques et économiques.
A l’échelle continentale, le President de la République a indisposé beaucoup de ses pairs tant parmi ses voisins immédiats qu’au sein d’une Union Africaine médusée par le voyage à Bengazi d’Abdoulaye Wade, voyage mis en scène par Nicolas Sarkozi et une Françafrique dont la perte d’influence en Afrique est devenue manifeste en raison du sursaut de conscience historique qui traverse toute l’Afrique face à ses enjeux de survie immédiate.
Un “messie” isolé
C’est donc un “messie” isolé et ouvertement désavoué jusque dans les rangs de son propre parti qui s’est adressé à ses obligés qui n’avaient guère montré d’enthousiasme jusque là à s’offrir en bouclier protecteur, et, par ricochet, aux opérateurs politico-financiers qui entretiennent sa clientèle électorale en voie de recomposition avancée tant est profonde la crise économique, sociale et politique qui traverse le Sénégal depuis l’accession de M. Wade à la magistrature suprême.
Sur les grandes questions qui préoccupent la nation sénégalaise, Abdoulaye Wade, comme à son habitude, est tombé dans le piège de l’autoglorification et du populisme qui ne font plus recette devant des populations extrêmement appauvries à hauteur de 60 % de la population totale selon certaines sources. Ces multitudes délaissées ont perdu confiance dans les capacités intrinsèques des gouvernements successifs de M. Wade à gérer dans la transparence les inondations périurbaines, à infléchir les tendances inflationnistes de l’économie, à maitriser la croissance annuelle qui lorsque rapportée à la production véritablement nationale peinerait à atteindre la barre de 2 %. La cherté des denrées de première nécessité et des intrants de production, la médiocrité de la fourniture électrique et ses effets dévastateurs sur les petites industries, la cherté des loyers et la lourdeur des taxes multiformes largement gaspillées dans des dépenses improductives sinon dans des logiques prébendières militent toutes en faveur de la montée en flèche de l’opposition.
La question transcendante du processus politique et du respect de la charte constitutionnelle a été tournée en dérision. Abdoulaye Wade s’est enfermé dans une logique de confrontation : à 86 ans passes, il a décidé de se présenter aux élections présidentielles contre l’avis de la grande majorité des constitutionalistes nationaux qui ont participé ou non à l’élaboration de la loi fondamentale. L’interprétation unilatérale dans laquelle Wade s’est enfermé n’est pas plus crédible aux yeux de la population qui a tenu à le manifester à travers les soulèvements des 23 et 27 juin passes en faisant émerger un niveau de citoyenneté rarement égalé dans les évènements politiques qui ont jalonné l’histoire du pays.
En rejetant de façon aussi inattendue que musclée la tentative ouverte de dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils Karim Wade qui porte, par la faute de son père, l’étiquette haïssable d’homme politique le plus honni de l’histoire du Sénégal.
Sur la gestion du processus électoral et la garantie d’un scrutin transparent des élections à venir, le Président en titre a fait l’impasse et a fait monter la tension politique d’un cran en ignorant l’exigence populaire sur ces deux questions transcendantes. Il n’a pas non plus cru devoir tirer les conséquences des échauffourées des 23 et 27 Juin, en se séparant de son gouvernement, et éventuellement, en s’acheminant vers des élections couplées anticipées. Car, il est évident que la profondeur et l’intensité du mouvement de protestation du 23 juin aurait pu autoriser ses principaux animateurs à installer le pays dans une ambiance insurrectionnelle éventuellement désastreuse, et, sans doute, s’avérer le point de départ d’une confrontation civile majeure. N’eût été la maturité des manifestants et plus particulièrement d’une jeunesse prédominante, le destin du Sénégal aurait pu basculer ce jour-là dans un abîme insondable.
Le Président de la République comme ses adversaires font désormais face à leur destin. Ni les relais religieux et confrériques habituels ni les effets enivrants et folkloriques de clientèles politiques livrées à une extase de circonstance ne sauraient les délivrer du besoin irrépressible de mieux-être, de liberté et de dignité qui habite profondément le Sénégal et une jeunesse majoritaire qui ne s’en laissera plus compter si facilement.
Jacques Habib Sy