PERDANTS INELEGANTS
WebNews : Mercredi 1 Avr 2009
PERDANTS INELEGANTS
Souleymane Jules Diop s’entretient avec le président Wade au téléphone et prend l’avion pour Dakar
La brouille est définitivement terminée entre le journaliste sénégalais Souleymane Jules Diop et le président de la République Abdoulaye Wade. Après un entretien téléphonique d’un peu plus d’une heure, l’ancien Conseiller en communication d’Idrissa Seck a mis fin cinq années d’exil qui l’avaient tenu éloigné du pays. SJD a pris l’avion ce mardi soir pour regagner Dakar où il devrait participer à un gouvernement élargi à des membres de la société civile, probablement dirigé par Idrissa Seck. Maître Abdoulaye Wade aurait insisté auprès de Jules Diop sur le fait que les critiques qu’il lui fait, il peut venir les dire de vive voix, et surtout aider le pays à se relever, informent des sources basées au palais de la République.
Nous avons tenté en vain de joindre le montréalais, mais son téléphone était fermé jusque tard dans la soirée. Selon toute vraisemblance, SJD devrait atterrir à Dakar après une escale à Casablanca, au Maroc. Si les termes de la discussion sont respectés, SJD devrait obtenir aussi la libération de son ami El Malick Seck, emprisonné pour offense au chef de l’Etat. Sur les raisons pour lesquelles l’exilé a accepté cette offre du président Wade de diriger le ministère de la Communication au risque de finir en prison, nous ne pouvons rien dire pour le moment. Son ancien mentor Idrissa Seck aurait joué les facilitateurs pour permettre ce dénouement inattendu, et se serait porté garant de sa sécurité. SJD avait quitté Dakar le 5 mai 2004 pour ne plus revenir au pays. Ses parents à Dakar auraient fondu en larmes quand ils ont appris la nouvelle.
Nettali : Mercredi 1 Avr 2009
APRES LA DEROUTE DE LA COALITION SOPI : L’Afp exige la suppression du Sénat et l’organisation d’élections générales anticipées
NETTALI.NET - Le bureau politique de l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui s’est réuni ce mardi 31 mars, a procédé à une analyse des résultats des élections régionales, municipales et rurales du dimanche 22 mars dernier. Pour l’Afp, « la débâcle des tenants du pouvoir à l’occasion des élections locales » ainsi que les contextes qui l’ont présidée, sont les « prémices de l’effondrement d’un système exécrable, massivement rejeté par le peuple sénégalais debout ». L’Afp réclame la suppression immédiate du Sénat ainsi que l’organisation d’élections générales anticipées.
L’Afp tient à rappeler que les élections locales du 22 mars dernier, « ont été marquées par les agissements anti républicains d’un régime qui n’a pas hésité à fausser régulièrement les règles du jeu, depuis l’inscription sur les listes électorales, jusqu’à la proclamation provisoire des résultats, en passant notamment par le dépôt des listes de candidats et la campagne électorale. »
L’AFP indexe l’administration territoriale
Dans le communiqué qui a sanctionné la réunion de son bureau politique, l’Afp martèle : « Pendant le processus électoral, les fraudeurs zélés du ministère de l’intérieur et certaines de leurs antennes de l’administration territoriale, ont enrichi la typologie de la fraude, en fermant les yeux sur les forclusions de la Coalition SAPI et en créant des obstacles artificiels, pour empêcher l’opposition démocratique de participer à la compétition électorale. C’est ainsi qu’un Sous Préfet est allé jusqu’à produire des faux, en plongeant jusqu’à la moelle, toute honte bue, dans la délinquance électorale caractérisée. En plus, les démocrates ont été indignés par les prétentions de certains tenants du pouvoir qui ont tenté de détourner la volonté populaire, dès la publication des premières tendances et ont récidivé lors de la phase de recensement des votes, en faisant disparaître les procès-verbaux et en essayant d’en créer d’autres ».
Selon l’Afp, malgré ces actes graves, les retards organisés ça et là pour prolonger le scrutin au-delà de 18 heures, « l’immixtion illégale » de Me Abdoulaye Wade dans la campagne électorale et avant son ouverture officielle, « avec les moyens de l’État », la rétention et l’achat des cartes d’électeurs et des consciences, « les apprentis fascistes aux pieds d’argile ont été défaits par les Sénégalais, qui ont choisi avec détermination les listes de l’opposition, en participant à la sécurisation de leur vote, aux côtés des brigades de vigilance. ».
Le fichier électoral toujours en cause
L’Afp ne fait toujours pas confiance au fichier électoral qui ne garantit pas une bonne transparence des opérations de vote. Pour elle : « La première leçon à tirer des faits et du comportement de nombre d’acteurs du processus électoral, est l’exigence plus que jamais actuelle de la création d’une Commission nationale électorale indépendante (Ceni), qui prenne en charge l’organisation des élections, depuis l’inscription sur les listes électorales, jusqu’à la proclamation des résultats. ».
L’Afp poursuit « La deuxième leçon est le redressement de notre démocratie que les Sénégalais ont appelé de tous leurs vœux, en mettant en échec le projet monstrueusement monarchique de M. Wade. Le peuple a dit non à la génération spontanée d’opportunistes bruyants qui ont emprunté précipitamment le sommet de l’indécence, en ignorant le sens et l’essence de la morale républicaine. Ils se sont retrouvés au fond d’un ravin, cimetière silencieux d’un destin conçu par un machiavélisme tropical, adepte des raccourcis dangereux, d’abord pour eux-mêmes. ».
Le troisième enseignement à tirer des élections, selon l’Afp « est relatif au décodage du message du peuple debout qui non seulement a exprimé son ras-le-bol, mais exige la prise en compte sans délai de ses aspirations légitimes depuis le 19 Mars 2000. Le 22 Mars 2009 a validé une exigence formulée dans le calme et la sérénité, face à des tenants du pouvoir qui ont choisi de faire financer le gaspillage et leur volonté de jouissance par les sacrifices imposés aux populations des villes et des campagnes. ».
L’Afp appelle ainsi les nouvelles équipes de l’opposition qui s’installeront à la tête des collectivités locales à gérer solidairement les préoccupations urgentes du peuple, en montrant par l’exemple que leur mission est un sacerdoce au service du plus grand nombre. Ce qui induit de leur part « une démarche d’écoute, de transparence, avec la synergie des compétences, aux fins d’engranger des résultats visibles et palpables. ». Moustapha Niasse et ses camarades sont convaincus que « la débâcle du clan dirigé par M. Abdoulaye Wade implique la traduction de l’avertissement du peuple par la suppression immédiate du Sénat et l’aménagement d’un calendrier pour des élections générales anticipées, qui respectent la souveraineté populaire. ».
Pour eux : « M. Wade et son clan n’ont qu’une alternative : accompagner intelligemment le mouvement historique irréversible, ou continuer vainement de tenter de l’endiguer à leurs risques et périls, avec les mêmes outils qui ont fait preuve de leur inefficacité et qui se résument à la corruption, à la manipulation et à la violence. ».
Auteur: Mayaram
Nettali : Mardi 31 Mar 2009
Pds - Karim : le prédateur devenu proie
NETTALI.NET - Se défouler sur Karim Wade semble devenu une mode dans les prairies bleues. Et pourtant, quelque temps auparavant, personne n’osait l’ouvrir, ni piper mot sur demi-majesté, tant il était craint et intouchable. Bien sûr, seuls, Souleymane Ndéné Ndiaye, le vaillant "député, Moustapha Cissé Lô, avaient ouvertement osé s’attaquer à "fii gno ko moom". Tous les autres s’étaient terrés.
Normal, dirait-on au Pds, c’est le fils de la seule constante, et le fils de la constante est en quelque sorte une constante aussi. Qui tremble désormais devant des attaques bien ciblées.
Alors que la maison PDS s’affaisse, Dakar entre dans les mains de Benno, telles des girouettes, les libéraux retournent leur veste ; l’on voit des tirs groupés fuser de partout et s’abattre sur Karim. Wade considéré jusqu’ici comme dieu dans le royaume du PDS, voit son fils subir la vindicte populaire. On tient ce dernier en partie responsable de ce qui arrive à la maison bleue.
Après Awa Diop, Abdou Fall, c’est l’inattendu Moussa Sy, qui s’y met. Et comme s’ils s’étaient passés le mot, s’abattent sur lui, tel un ouragan. Ah la politique, c’est un peu ça, quand le vent tourne, on tourne avec !
Qu’est-il arrivé à Wade pour qu’il lâche son fils de cette manière ? Même lui s’y est mis. Il ne pouvait pas faire autrement. Il lui aura même conseillé de nettoyer son entourage, voire enterrer La GC. Njombor, n’est-il plus cette constante qu’on redoutait tant ? Le sent-on si affaibli, qu’on ose désormais s’attaquer à son fils ? Pour l’instant en tout cas, il est mal en point. Mais attention, fin politicien qu’il est, il cherche juste à rebondir et à maîtriser à nouveau la situation, puisque cette défaite est bien sûr celle de Karim ; bien plus que celle de Karim, c’est surtout celle Abdoulaye Wade.
Donc, gare à ceux qui feraient dans l’excès de zèle pour casser du Karim, car la tempête va se calmer et demain est un autre jour, car les liens du sang sont bien plus forts que cette fausse fraternité au PDS. Wade aura beau critiquer son fils Karim qui a pêché par inexpérience et incompétence, mais à coup sûr, il le préfère à tout ce petit peuple du PDS. Donc frères libéraux, allez y mollo. Sage conseil !
Auteur: Nettali
WebNews : Mardi 31 Mar 2009
[ D R A M E ! ] Trois cents clandestins se noient en Méditerranée
Au moins 21 clandestins se sont noyés et 200 autres ont disparu dans un naufrage au large des côtes libyennes, a annoncé mardi l'Organisation internationale des migrations (OMI). Les autorités de Tripoli ont indiqué que trois bateaux ont coulé lundi dans les eaux libyennes.
"Une embarcation transportant 257 immigrés a coulé dimanche au large de la Libye. Vingt-trois personnes ont été sauvées et 21 corps ont été repêchés", a indiqué mardi à l'AFP le chef de mission de l'OIM, Laurence Hart.
Il a ajouté que les gardes-côtes libyens ont perdu la trace de deux autres embarcations, mais "on ne sait pas encore s'il s'agit de bateaux de pêche ou s'ils transportaient des immigrés", a-t-il dit.
Un premier bilan de l'OIM depuis son siège à Genève faisait état de 300 disparus et de deux à trois embarcations naufragées.
Pression migratoire
Selon le ministère libyen de l'Intérieur, l'embarcation naufragée transportait des migrants d'origine arabe et africaine. Laurence Hart a fait état par ailleurs de "départs massifs" d'immigrants depuis les côtes libyennes, durant les trois derniers jours, notant "une grande pression sur la Libye" engendrée par l'arrivée de milliers de candidats au départ sur son territoire.
"C'est le début de la saison du trafic d'émigration clandestine", a souligné de son côté à Genève Ron Redmond, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Profitant d'une météo plus favorable, des centaines d'immigrants s'entassent dans des embarcations de fortune pour tenter la périlleuse traversée depuis les côtes libyennes vers Malte ou vers l'île italienne de Lampedusa, au large de la Sicile. Plusieurs centaines d'entre eux y laissent leur vie chaque année.
D'autres naufrages cette semaine
Dimanche soir, le naufrage au large de la Libye d'une embarcation chargée d'immigrés clandestins en route pour l'Europe avait fait 21 morts et un nombre indéterminé de disparus, selon un responsable du ministère libyen de l'Intérieur.
Vingt-trois passagers de "nationalités africaines et arabes" avaient pu être sauvés par les garde-côtes libyens et 21 corps avaient été repêchés, dont ceux d'une femme et de son enfant, a précisé ce responsable.
Par ailleurs, environ 350 clandestins dont l'embarcation était en difficulté au large des côtes libyennes, ont été sauvés lundi par un tanker italien, toujours selon le responsable libyen.
agences/sbo
Auteur: RSR.ch
EDITO : Aujourd’hui, la cohabitation. Demain, l’alternance ?
Article Par Mamoudou Ibra KANE, Directeur de la RFM,
Paru le Mardi 24 Mar 2009
Le peuple sénégalais, en toute intelligence et en toute souveraineté, vient de décider. Son verdict est sans appel : le pouvoir a perdu, l’opposition a gagné et l’alternance est localement alternée. Un verdict, plusieurs lectures.
Le Président Abdoulaye Wade, à force de prendre des libertés avec les Institutions et les Lois de la République, se voit contraint à une cohabitation avec son opposition. Il ne peut plus se prévaloir, ni de sa propre légitimité acquise en février 2007 en tant que chef de l’Exécutif, ni d’une quelconque légitimité parlementaire pour son parti, auteur d’une victoire à la Pyrrhus en juin de la même année, lors d’élections législatives boycottées par l’opposition dite significative.
Ce 22 mars 2009, les Sénégalais lui ont adressé, à lui Wade et à ses alliés, un message clair : vous êtes devenus minoritaires dans le pays. «Non seulement Dakar a été perdue, mais il faudra beaucoup de temps pour la reconquérir.» Paroles prémonitoires de Lamine Diack*, l’actuel président de l’Association internationale des Fédérations d’athlétisme, analysant avec détachement la double défaite électorale du Parti socialiste à la Présidentielle et aux Législatives de 1993. Et Lamine Diack de prévenir ses camarades socialistes de l’époque : «Si le monde rural avait la conscience politique de la capitale, le Ps serait aujourd’hui dans l’opposition.» Cette analyse, faite avec une rare lucidité il y a une quinzaine d’années à l’endroit des tenants du pouvoir d’alors, est d’une brûlante actualité. Pour le régime libéral actuel, non seulement Dakar est perdue, mais le pire, pour lui, est que le monde rural a bien la conscience politique de la capitale. Même plus qu’une capitale : l’ancienne capitale, Saint-Louis, l’actuelle, Dakar, la capitale du Rail, Thiès, la capitale du Bassin arachidier, Kaolack… C’est une grande secousse politique, un de ces scénarios catastrophes auquel Wade et ses soutiens ne s’attendaient sûrement pas. La bourrasque «Benno» a balayé le «Sopi» presque partout. Au nord, à l’ouest, à l’est, exceptées les quelques poches de résistance du sud, notamment, qui ne traduisent, en fait, que l’ampleur de la débâcle.
L’heure de la cohabitation a sonné pour un pouvoir sanctionné pour ses innombrables défauts : richesse subite aussi bien injustifiée qu’injustifiable de certains, achats de conscience à une échelle industrielle, corruption des valeurs par des contre-valeurs sans se soucier que le pays leur a été légué et qu’ils vont forcément le léguer un jour à d’autres, passons sur l’arrogance et l’arrivisme de beaucoup parmi les gouvernants actuels hissés parfois jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Ce moment de la cohabitation a d’autant plus sonné que le pouvoir a perdu le Sénégal «essentiel», c’est-à-dire le pays «réel» : Dakar, Saint-Louis, Kaolack, Thiès, Fatick, Kaffrine, Louga, Podor, Bakel, Tambacounda… Bref, là où il ne fallait pas perdre. Et la comptabilité électorale est d’une terrible vérité : les régions et localités énumérées pèsent, à elles seules, beaucoup plus que la moitié de l’électorat national qui avoisine officiellement les cinq millions d’électeurs.
Se pose maintenant, pour le Président Wade, cette question qui lui fera certainement mal, lui, particulièrement qui n’a jamais envisagé la défaite : comment gouverner dans un tel cas de figure ? Comment gouverner surtout avec le président d’une Assemblée nationale, le président d’un Sénat et même un Premier ministre, tous battus chez eux ? Le constat est que le chef de l’Etat, par ailleurs chef du Pds (c’est le lieu de dire ici que les deux fonctions ne vont pas de pair dans une démocratie qui se veut moderne), se retrouve avec trois Institutions : Assemblée nationale, Sénat et Gouvernement, dont les trois premiers occupants et, avec eux, le président du groupe parlementaire majoritaire, ne jouissent pas, mais alors pas du tout, de légitimité populaire consacrée par les urnes.
Que faire alors ? Dissoudre le très contesté Sénat ? Ce ne serait que justice rendue aux nouveaux élus locaux, d’autant plus que ce sont ceux-là mêmes, dont le mandat a définitivement expiré au soir du 22 mars, qui avaient désigné, avec les députés, trente cinq des cent sénateurs actuels. Et dire que c’est ce Sénat-ci, que le président de la République a domestiqué en nommant 65% de ses membres, qui a la primauté sur une Assemblée nationale élue, fut-elle l’une des plus mal élues de l’histoire politique du Sénégal. Imaginez, en cas de vacance du pouvoir aujourd’hui dans les conditions telles qu’elles sont prévues par notre Constitution, que ce soit le président de ce Sénat plus que jamais illégitime qui devienne le président de la République ne serait-ce que le temps d’organiser des élections anticipées ! Cet autre scénario catastrophe (nous ne souhaitons aucunement le pire) suffit comme raison pour dissoudre la Chambre Haute actuelle.
De même, il nous semble tout aussi logique de remettre les 150 sièges des députés en jeu. Certes, au plan institutionnel, l’Assemblée nationale pose moins de problèmes que le Sénat. Mais au plan politique, il ne serait pas illogique que la Chambre Basse subisse la même logique de dissolution que celle dite Haute. Certes aussi, pour le président de la République et son parti, le risque politique majeur est de se retrouver minoritaire à l’Assemblée nationale (si le verdict des urnes du 22 mars devrait se confirmer lors d’élections législatives anticipées), mais il en est ainsi du jeu démocratique. Il allie forcément légalité et éthique politique. Sans préjuger de ce qui adviendra en cas de Législatives anticipées, disons tout simplement qu’il est temps pour notre classe politique, dans son ensemble, d’envisager sérieusement l’éventualité d’une cohabitation.
Une cohabitation ? Oui, nous avions bien dit, cohabitation, car il faut bien se rendre à l’évidence : le choix de dimanche veut bien dire que le peuple sénégalais n’écarte plus cette éventualité que la majorité présidentielle puisse ne pas concorder avec la majorité parlementaire.
La classe politique française avait toujours redouté, sous la V ème République, une cohabitation gauche-droite ou droite-gauche, c’est selon. Pourtant, c’est sous cette même V ème République que le Président François Mitterrand, le socialiste, a cohabité successivement avec Jacques Chirac et Edouard Balladur, tous deux chefs de gouvernement de droite. Devenu président de la République, Jacques Chirac, inversement des rôles, a cohabité avec Lionel Jospin, Premier ministre socialiste. Tout cela sans casse, si ce ne sont que quelques moments d’énervement bien compréhensibles. Et les Institutions de la V ème République, dont on craignait qu’elles ne soient pas assez solides pour supporter le choc, n’en sont sorties que plus fortes.
Dans la grille de lecture du présent choc électoral causé par le peuple sénégalais, choc pour le pouvoir bien entendu, il y a lieu de relever à la suite d’autres la dimension personnelle et familiale du Président Abdoulaye Wade dans la contre-performance de son parti. Défaite personnelle parce que le chef de l’Etat s’est trop mis en avant, qui plus est, en violant la loi, dans la campagne électorale alors que sa posture institutionnelle devait le pousser à plus de retenue. Familiale - c’est regrettable d’être obligé d’utiliser ce qualificatif dans une démocratie, mais que voulez-vous ? - parce que le président de la République et son fils Karim, leader de la Génération du concret, ont donné à l’opinion, y compris à celle supposée la moins avisée de la chose politique - erreur ! -, qu’ils nourrissaient, en commun (?), un projet successoral à la tête de l’Etat. Eh bien, si c’était le cas, les Sénégalais ont dit non ! Un non d’autant plus cinglant qu’il faudra remonter à bien loin dans l’histoire électorale de Maître Wade pour le voir battu dans son propre bureau de vote. Et cerise sur un gâteau amer et… bien concret celui-là, le même sort réservé au fils qu’on voulait ou qu’on veut peut-être encore, héritier politique. Suicidaire à notre avis, si l’intention est toujours d’actualité, malgré le «Stop, il y a une limite à ne pas franchir !» marqué et martelé par le peuple dimanche dernier.
Finalement, et c’est un autre angle de lecture du tremblement de terre politique, l’opposition peut se permettre de rêver, c’est maintenant loin d’être une simple vue de l’esprit, d’une nouvelle alternance à la tête de l’Etat. En tout cas, l’élection présidentielle de 2012 se présente, aujourd’hui, sous de meilleurs auspices pour elle, l’opposition. A condition, toutefois, pour elle, incarnée par «Benno Siggil Sénégal», de bien décrypter cet autre message des populations : «Unis, nous vaincrons. Désunis, nous perdrons.» L’énoncé de l’équation à résoudre sur le chemin du pouvoir est donc clair pour cette opposition : un pour tous, tous pour un ! D’où la nécessité de régler le problème du leadership longtemps mis sous le boisseau. Cela est d’autant plus vrai que les résultats du scrutin local du 22 mars ont révélé la naissance de nouveaux leaders en plus de ceux déjà connus au sein du pôle oppositionnel. Une opposition qui, pour le moment, a le vent en poupe au point que les Assises nationales qu’elle a initiées avec des pans importants de la Société civile, ne peuvent plus être ignorées par un pouvoir boycotteur desdites assises à moins d’être atteint d’une cécité politique chronique.
En conclusion, nous assistons à une redistribution totale des cartes, tant dans les futures relations entre le pouvoir et l’opposition, qu’au sein de chacun des deux blocs politiques sous la menace de forces émergentes de la Société civile et dans une situation où le maître du jeu n’a plus, aujourd’hui, toutes les cartes en main.
Comment ne pas saluer la maturité du peuple sénégalais ? Il peut être fier de son entrée définitive dans le cercle de ces peuples qui votent un dimanche et vaquent, lendemain lundi, à leurs occupations. La tête haute.
* Lamine DIACK cité par notre confrère Abdou Latif COULIBALY dans son ouvrage : «Le Sénégal à l’épreuve de la démocratie», publié aux éditions L’Harmattan en 1999. Le même Lamine Diack déclarait dans l’émission «Le Grand Jury» de la RFM en mars 2008 que «le Sénégal n’est pas le Togo» en réponse à une question sur la succession du Président Wade par son fils Karim.
Disparités dans la gestion de l’Education Le Cnds plaide pour une coordination multisectorielle
Article Par JEAN-PIERRE MANE,
Paru le Mardi 31 Mar 2009
Le morcellement de l’Education, avec comme corollaire : une gestion disparate du secteur, ne contribue pas à l’amélioration de la qualité de l’enseignement. C’est du moins la conviction du Comité national du dialogue social.
Au cours d’une rencontre, hier, sur l’évaluation du dialogue social depuis la mise en place du Cnds en 2002, Atoumane Diaw, président de la Commission de l’Education du Comité national du dialogue social, a déploré les disparités relevées dans la gestion de l’Education. «Il y a trop de départements avec un ministère chargé de l’Elémentaire, du Préscolaire et du Moyen, un ministère chargé des Cur et de l’Université, un ministère de l’Enseignement technique et de l’Enseignement professionnel et un ministère de l’Alphabétisation qui est celui de la Culture et une agence de la Case des tout-petits.» Par rapport à la disparité du secteur, il conviendrait, selon M. Diaw, d’œuvrer à une unicité institutionnelle, ou du moins, en tout cas, à une cruciale nécessité de mettre en place un cadre de coordination multisectorielle. Passant à la loupe le secteur de la Santé, les membres du Comité national du dialogue social et les différents acteurs, notamment les représentants des ministères de la Santé et de la Formation professionnelle, ont, tour à tour, déploré la faiblesse de la formation, voire le manque de pédagogie de certains formateurs. Mais aussi, la prolifération d’écoles de formation en Santé sans l’autorisation des pouvoirs publics. «La santé n’a pas de prix, c’est un secteur crucial dans la gestion de la vie, un secteur délicat. Il convient de créer un cadre de coordination de la santé géré spécifiquement par le ministère de la Santé publique et un cadre structuré de gestion de la Santé municipale, c’est-à-dire conféré en termes de compétence à l’autorité décentralisée», recommande Atoumane Diaw. Selon lui, la formation y occuperait une place centrale surtout avec la prolifération des écoles de formation en Santé. «S’il est vrai qu’il y a une certaine certification des diplômes obtenus à travers un examen national géré par le ministère de la Santé publique, il demeure normal que l’on se pose la question de savoir ce que l’on fait des résidus nés des échecs qui sont d’environ 95% dans les écoles privées», souligne M. Diaw. En d’autres termes, ces résidus nés des échecs (95%) sont déversés dans les établissements sanitaires privés, ou alors dans les Centres de santé municipaux. Parlant des crises récurrentes dans le système de la Santé, Atoumane Diaw estime que seul le ministère devrait développer des cadres de concertation, d’échanges et de prévention des conflits par le biais du dialogue social. Pour le représentant du ministère de la Formation professionnelle, outre le faible niveau des apprenants, le manque de rigueur dans les écoles de formation en santé, le recrutement qui laisse à désirer, le manque de pédagogie de certains formateurs pose problème. «Certains formateurs se limitent à véhiculer leur savoir, à exposer ou alors à restituer ce qu’ils ont appris, il y a plusieurs années. Or, le savoir évolue», a, en substance, déploré le représentant du ministère de la Formation professionnelle.
KEUR MASSAR Bennoo Siggil Senegaal promet de faire participer les populations dans la gestion de la collectivité locale
Article Par Bounama Hann,
Paru le Mardi 31 Mar 2009
Victorieuse dans cette commune d'arrondissement, la Coalition Benno Siggil Senegaal s'est réunie pour échanger sur l'aboutissement du scrutin du 22 mars dans cette collectivité locale et plancher sur la manière dont elle envisage de la gérer.
A en croire le coordonnateur du comité électoral, la victoire de leur coalition arrive dans un contexte de morosité, où l'absence de perspectives a confiné Keur Massar dans les ténèbres d'une gestion scabreuse. «Avec les sommités intellectuelles que compte la localité, nous pouvons dire sans conteste que les populations ont été violentées pour avoir subies, durant sept années, la condescendance, le narcissisme et la cupidité de dirigeants qui ont galvaudé la fonction de l'élu local», renseigne-t-il. Selon lui, devant ce sinistre tableau, fruit d'une gestion d'aventuriers, la population aurait pu se permettre des scènes de liesse pour s'être débarrassée du maire sortant et son équipe, mais s'est interdit de le faire, car elle trouve que trop de temps a été perdu et l'heure est grave pour se distraire. Selon toujours le coordonnateur, leur démarche imprimera une touche d'innovation qui conviera, de façon régulière, le panel citoyen par le canevas des réseaux tels les Asc, les Imams, le clergé et les délégués de quartiers pour qu'ensemble, ils traduisent l'approche systémique en réalité dans leur commune, afin d’arriver à une synergie qui exhumerait toutes les compétences possibles dans Keur Massar dans le sens d'un mieux-être. Benno Siggil Senegaal déroulera une feuille de route pour un renforcement du réflexe citoyen en direction de la culture de la fiscalité municipale en s'appuyant sur les réseaux populaires afin de réfréner les ardeurs d'une corruption galopante qui, hélas, cause d'innombrables dommages aux citoyens. «La nouvelle équipe municipale, qui sera mise en place, travaillera à l'encadrement des populations pour l'émergence d'une conscience citoyenne à côté des défis de la sécurité, l'éclairage public, l'environnement, l'éducation et le sport», précise-t-il. Et d'ajouter qu'ils tendent la main à tous les cadres pour solliciter leur expertise, chacun dans son domaine de compétence.
WALF FADJRI : Elections locales et fierté d’être sénégalais
Les lampions ne s’éteindront pas de si tôt sur les élections locales du 22 mars 2009. Beaucoup d’encre et de salive couleront encore longtemps à leur sujet. Il me semble cependant nécessaire, pour une fois, au-delà des empoignades et des rodomontades, des satisfecit et mea culpa, d’instaurer un débat politique de haute facture autour des leçons fondamentales à tirer de ce qui s’est passé en amont et en aval du 22 mars. Leçons partagées par toute la classe politique et la société civile entière de façon qu’une bonne fois pour toute, il soit ancré dans nos têtes à tous, que le Sénégal n’est pas une ‘petite démocratie’ ni une république banania.
Un consensus fort, établi autour de cette idée force, nous installerait indiscutablement sur le véritable terrain qui aurait dû être le nôtre depuis le 19 mars 2000 et qui, hélas, pour des raisons diverses, tarde à être investi : le terrain du débat d’idées, âpre à souhait si nécessaire, mais républicain et porteur de progrès et de mieux-être pour les Sénégalais. Un tel consensus devrait, à mon sens, se construire autour des trois thèses suivantes :
Premièrement : Depuis 1998, avec l’avènement de l’Observatoire national des élections (Onel), suite à la réforme en profondeur du système électoral et des procédures y afférentes, toutes les élections qui se sont déroulées dans le pays ont été, pour l’essentiel, des élections transparentes et honnêtes.
Les acteurs politiques d’aujourd’hui, témoins des élections locales de novembre 1996, se souviennent que, de mémoire de Sénégalais, jamais élections n’ont été aussi calamiteuses en termes d’organisation. Des bulletins de certaines listes ont été absents de plusieurs centaines de bureaux de vote pendant une bonne partie de la journée du 24 novembre 1996, jour du scrutin. Certaines listes ont vu leurs bulletins présentés sous quatre couleurs différentes dans les bureaux de vote. Au cœur de la capitale du pays, à Dakar, aux parcelles assainies précisément, des bulletins de vote déposés à 2 heures du matin ont disparu à l’heure du scrutin, amenant l’administration à convoquer à nouveau le collège électoral des Parcelles assainies le mercredi suivant. Et de multiples autres anomalies tout aussi inadmissibles. Le président Diouf en a été fortement secoué et l’a clairement exprimé dans son discours du Nouvel an, le 31 décembre 1996.
L’opposition de l’époque n’avait pas attendu longtemps pour se regrouper autour du ‘Collectif des 19’ (du nom des 19 partis politiques qui l’ont constitué) pour réclamer désormais une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour organiser les élections au Sénégal.
Après d’âpres batailles et l’entregent de l’actuel président de la République, alors ministre d’Etat de Diouf, ce dernier coupa la poire en deux : Pas de Ceni comme le voulait l’opposition mais pas de statu quo non plus. On institua donc l’Onel (Observatoire national des élections) chargé de superviser les élections dont l’organisation restait entre les mains du ministre de l’Intérieur. Cette institution était présente à toutes les étapes du processus, son absence entraînant ipso facto l’invalidation des opérations incriminées. C’est précisément cette institution que fut l’Onel qui supervisa les deux tours de l’élection présidentielle de février et mars 2000 que personne n’a contestée. C’est dans ce nouvel environnement également que le référendum constitutionnel du 7 janvier 2001 a été organisé avec des résultats qui n’ont pas été contestés. Il en a été de même des élections législatives du 29 avril 2001 et des locales du 12 mai 2002.
Ce n’est qu’à l’approche de la présidentielle de 2007 que, subitement, le thème de la non fiabilité du fichier électoral est revenu sur la table de la classe politique. Un audit commis par l’opposition avait pourtant conclu en substance ceci : ‘On ne peut pas dire que le fichier électoral n’est pas fiable’. Il n’empêche qu’à l’issue du scrutin, une contestation des résultats s’est élevée sans que des arguments probants aient été produits.
A l’approche des élections locales du 22 mars dernier, un audit du fichier a, de nouveau, été mené. Tandis que le ministère de l’Intérieur publiait un rapport qui confirmait la fiabilité du fichier électoral, les représentants de l’opposition déclarèrent qu’ils réservaient la primeur de leurs conclusions à leurs mandants. Depuis lors, silence radio, si je ne m’abuse, sur ces fameuses conclusions. Je présume que si les résultats étaient accablants en termes de non fiabilité, l’opinion publique nationale et internationale en aurait été largement et rapidement informée. Il aurait été tellement plus élégant et plus sécurisant pour la suite du processus de dire les choses telles qu’elles sont !
Deuxièmement : Au cours de son histoire politique, le peuple sénégalais s’est forgé une maturité démocratique qui semble résister aux aléas politiques et politiciens. Nombre de nos compatriotes et d’étrangers vivant parmi nous se sont montrés préoccupés des lendemains de scrutin, en écoutant les discours aux accents guerriers tonner sur les ondes des radios. Mamadou Ibra Kâne, m’ayant invité dans son émission Grand Jury le 22 février 2009, me posa abruptement cette question à laquelle je répondis sans hésitation en substance : ‘Mamadou, je vous donne rendez-vous au lendemain du 22 mars 09 ; il ne se passera rien d’anormal en termes d’insécurité ou de menaces sur les personnes ou les biens’. Et effectivement, les électeurs qui ont souhaité se rendre aux urnes, l’ont fait dans le calme et la tranquillité. Ils ont voté et s’en sont retournés à leurs occupations, sans tambours ni trompettes. N’est-ce pas ce que l’on fait dans les pays réputés de grande démocratie ?
Troisièmement : La classe politique sénégalaise a aussi montré au cours de son parcours historique que, le tout globalement considéré, elle a toujours su jusqu’où ne fallait-il pas aller trop loin pour éviter l’irréparable. Après les rodomontades et les empoignades, l’on a observé qu’au lendemain des élections, l’écrasante majorité des leaders qui ont perdu leur fief, ont accepté leur défaite même s’ils ont estimé devoir en expliquer les causes. Personne n’a essayé d’utiliser des voies hors normes pour changer la donne sortie des urnes. Ceux qui estimaient avoir été injustement frustrés de la victoire, ont fait leurs recours et les choses suivent leur cours devant les juridictions compétentes.
En 1993 déjà, même sans l’Onel, le Parti démocratique sénégalais (Pds) avait remporté Dakar sous le règne du Parti socialiste. Il s’agissait là d’un tsunami politique sans précédent, mais les tenants du pouvoir à l’époque, n’ont pas songé utiliser des voies détournées pour changer la donne. Il en a été de même le soir du 19 mars 2000 lorsqu’il est apparu au président Diouf que son concurrent Abdoulaye Wade avait remporté le scrutin. Il l’appela pour le féliciter en toute simplicité et humilité.
Résumons : Un système électoral et des procédures globalement fiables, produisant des élections dont les résultats ne sont pas sérieusement contestables, un peuple doté d’une maturité démocratique remarquable et des dirigeants politiques, toutes obédiences politiques confondues, tout aussi capables d’être à la hauteur des exigences du moment, n’est-ce pas cela le trait distinctif des nations réputées démocratiques ?
C’est aussi, me semble-t-il, tout le sens de ce propos du président de la République rapporté par le Premier ministre au Conseil des ministres du jeudi 26 mars 2009 et repris dans le communiqué dudit conseil ; je cite : ‘Il a fait part au Conseil que la veille du déroulement du scrutin, le président de la République lui avait réitéré ses instructions en ces mots : ‘Nous n’accepterons pas qu’un seul soupçon de non transparence et de non régularité pèse sur le gouvernement’.Fin de citation. Non seulement il n’y a pas eu de soupçon de non transparence et de non régularité pesant sur le gouvernement, mais, comme nous l’avons vu plus haut, même les dirigeants qui ont perdu, de quelque bord qu’ils se situent, se sont montrés à la hauteur.
Pourquoi ne devrions-nous pas, dès lors, capitaliser fièrement sur cela, dans un contexte africain et sous-régional des plus maussades, pour dire le moins, en termes de stabilité politique et de transparence électorale ? Pourquoi devrions-nous continuer à nous auto flageller, nous échiner à prouver, contre tout bon sens et contre la réalité du terrain, que nous sommes une petite démocratie (si cela existe) et une république banania ? Cela est absolument injuste et doit être dénoncé comme la Raddho vient de le faire.
Tournons, une bonne fois pour toute, la page du fichier électoral qui serait lesté d’opacité, avec une boîte noire et je ne sais quelle main invisible ! Bien entendu, ceci n’exclut pas du tout le contrôle que la loi reconnaît explicitement aux partis, mais cela évacuera, à tout le moins, les suspicions inutiles et dangereuses qui sont toujours alimentées à la veille d’élections. Cette première dimension des locales du 22 mars me paraît si importante qu’elle mériterait qu’un livre lui soit consacré, car nous n’avons rien à envier à qui que ce soit désormais et surtout n’avons de leçon à recevoir de qui que ce soit.
Le taux d’abstention
Passons à présent sur une brève analyse du résultat pour nous arrêter d’abord et avant tout, sur l’important taux d’abstention noté dimanche 22 mars 2009 à l’échelle de tout le pays. Ce taux qui avait été utilisé en juin 2007 pour tirer des conclusions qui laissaient beaucoup à désirer.
Ici, il s’agit d’élections locales, donc de proximité ; des élections qui devraient entraîner le plus grand nombre de citoyens à s’intéresser à la chose électorale et à aller voter. Il n’en a rien été. Pourtant, tous ceux qui avaient boycotté le scrutin de juin 2007 ont pris part à celui-ci, en sus de larges secteurs de la société civile qui sont venus s’y ajouter en présentant des listes. Tout cela n’a pas empêché le taux d’abstention de rester élevé. Il s’ensuit que nous avons eu tous du pain sur la planche en matière de réflexion et d’élaboration sur le rapport des larges masses de notre peuple à la chose politique. Des réflexions qui nous éloigneraient sûrement des schémas simplistes, destinés juste à badigeonner l’adversaire.
Quant aux résultats des uns et des autres, la formule d’un intervenant sur Rfi semble bien résumer la situation. L’opposition opère une percée, mais le pouvoir reste majoritaire. Lorsqu’on insiste sur un aspect en ignorant l’autre, on commet une erreur d’analyse qui peut mener à la déroute demain.
Le fameux dicton selon lequel l’opposition unit et le pouvoir (y compris local) divise, est plus que jamais vrai. L’unité et la cohésion dans les rangs de la majorité présidentielle n’auraient laissé aucune chance à l’opposition ; mais celle-ci a réussi à construire, dans la douleur certes mais avec détermination, une unité électorale au cours de ces élections locales tandis que, du côté de la majorité, l’on a eu le sentiment que le champ politique était un vaste désert d’où l’opposition était totalement absente. L’on a pensé que même en s’affaiblissant mutuellement, le ‘vainqueur’ resterait quand même plus fort que ceux d’en face ; il n’en a rien été.
Lorsque nous étions dans l’opposition, le salon du secrétaire général national du Pds au Point E était notre quartier général et notre grand-place pendant près de 16 mois d’affilée. Nous y passions plus de temps que dans nos foyers respectifs et nous y discutions de tous les sujets politiques, mineurs comme majeurs. Nous y élaborions stratégies et tactiques.
Aujourd’hui, les responsabilités étatiques servent de bonne couverture pour s’éloigner des joutes politiques et du débat interne contradictoire tandis que, de l’autre côté, le salon de Amath Dansokho tient lieu de véritable quartier général où les uns et les autres se frottent, se connaissent et s’apprécient, bref tissent des solidarités affectives et actives. Il nous faut revenir, si cela est encore possible, à ce qui faisait la force du mouvement qui a produit le 19 mars 2000 et le 25 février 2007. La proximité avec les populations, partager leurs préoccupations et se mobiliser autour. Pratiquer la vérité et non le mensonge, ne pas tramer intrigues et complots.
Notre parti Aj/Pads se devra de produire à l’interne et au sein de la coalition, des positions et des propositions en profondeur, allant dans le sens d’une prise en compte théorique et pratique des enseignements fondamentaux du scrutin du 22 mars 2009 pour en inférer, encore une fois, un nouveau rapport à la politique. C’est à ce prix que nous garderons la confiance et le soutien de ce peuple Sénégalais, admirable à tous égards.
Ce 31 mars 2009 Mamadou DIOP ‘Decroix’ Secrétaire général adjoint Aj/Pads
Un mythe en fin de cycle
Wade abusa à outrance de son pouvoir charismatique et logiquement fut pris à son propre piège, avec cette cinglante déroute du 22 mars 2009. Wade, nous disait-on, est un fin politique. Sans doute le plus futé d’entre les politiciens sénégalais. Un n’jomboor, un caméléon, un rusé, il est également un génie de la science de Machiavel, aussi imprévisible que déroutant. Il flaire, manipule et maîtrise les Sénégalais. Avec une telle réputation, même de funestes folies se muent en manœuvres géniales. Voyez-vous comment Wade nous utilise. Il nous laisse le soin de réfléchir à sa place. Onze millions d’’experts’ pétris de matières grisâtres qu’il saigne et pressure sans rémunération, usant des spéculations fantasmagoriques des analystes amateurs et passionnés de politique que nous sommes. Il n’a fini de poser un acte que les Sénégalais réputés nandité ne mettent en branle les hypothèses et orientations animant la démarche autant nébuleuse que sinueuse du maître. Ses surprenantes décisions, ses fantastiques reculades, il ne les prend qu’après que les Sénégalais eurent effectué le tour et les détours de la question en lui décrivant mille scenarii.
Par ailleurs, Wade vit de la presse comme lui-même fait travailler les journalistes, ses pires contempteurs, mais aussi ses meilleurs collaborateurs. La presse regrettera Wade une fois qu’il aura déserté la scène politique. Lui aussi ne peut se passer de ce médium, seule panacée à la morosité chronique de son tempérament qui abhorre l’inaction de ses attributs physiques et cognitifs. Ne pouvant souffrir de laisser à d’autres l’opportunité de lui ravir la vedette, il se fit hara kiri en plongeant dans une campagne qui emporta également son fils apparemment immature. Le déclin inéluctable du système Wade sera, sans doute, un nouveau tournant pour les médias. Il signera le glas de cette floraison de titres et autres groupes de presse se nourrissant des événements wadiens sur fond de scandales.
Jamais las des tours qu’il nous joue et des pièges qu’il nous tend, nous Sénégalais sommes impressionnés par son audace et ses capacités à récidiver, à rebondir de ses déboires. Egalement friands de ses mises en scène, nous avons été les spectateurs amusés ou éplorés de son show qui n’aurait jamais dû se prolonger au-delà des joutes présidentielles de 2007.
Pour le Pape du Sopi, la politique n’est que le moyen de se bâtir une destinée glorieuse, d’alterner sans répit la comédie et le drame. Arts qu’il maîtrise en acteur maniant au gré de ses pulsions tous les instruments que sont les leviers de l’Etat ou en metteur en scène usant de figurants que sont les politiciens et les foules qu’il manipule à sa guise. En cela, il a le sens de l’initiative à revendre, de la disponibilité et une force monstrueuse. Il faut certes reconnaître en Wade une bête politique de loin maître du jeu, du moins à court terme, mais dépourvu foncièrement de vision, malgré les sempiternelles rengaines de ses courtisans. Sa solide carapace d’éternel frustré lui permet d’esquiver ses échecs et de réagir en revanchard sûr de son pouvoir et fort de l’impact de ses nuisances. Wade reconnaîtra en Idy son fils qui, comme le chat, aura survécu à la furie de ses adversaires outrés et admirateurs déçus. Il y a du Wade en Idy là où Karim n’aura jamais l’onction du père, au risque certes minime de déplaire à Viviane et aux courtisans noceurs vernis d’une brillance surfaite et ignares annonceurs de fausses aspirations du peuple.
La plus grosse bourde de Wade aura été de croire que son pouvoir provient de son aura, de sa carrure exagérée. Il a oublié que sa puissance lui a été confiée par un peuple et que ce dernier, sentant son mépris, lui aura retiré cette confiance. Le temps de siffler la fin de la recréation est bien arrivé et la funeste parenthèse de l’alternance est bien sur le point de se refermer. L’ultime bataille de Wade semble bien celle d’une sortie honorable avant le couperet de 2012.
Mamadou KANE mamadoukan@yahoo.fr
Mots croisés avec...
Pr Yéro Sylla, chercheur en langues nationales : ‘La non intégration des langues nationales relève de la mal gouvernance’
Directeur de recherche à l’Ifan, Pr Yéro Sylla, par le biais de l’Ong Safefod, (Société africaine d'éducation et de formation pour le développement), développe des activités innovantes intégrant la prise en compte des langues du terroir dans la gouvernance locale.
WalFadjri : Comment est née l’Ong Safefod, qui vous a valu le ‘Sédar’ 2009 ?
Pr Yéro Sylla : La création de la Société africaine d'éducation et de formation pour le développement (Safefod) est partie du constat qu’il existe un problème de démocratie très sérieux au Sénégal : Il s’agit du déficit de communication entre les pouvoirs publics et les citoyens, lié à la langue de travail qui n’est pas parlée par l’écrasante majorité des Sénégalais. En plus de cela, il y a l’analphabétisme très aigu, auquel s’ajoute la pauvreté. Nous nous sommes dit qu’il fallait que nous sortions des laboratoires pour nous orienter vers des questions de gouvernance. Nous en avons identifié les acteurs que sont l’Etat, les collectivités locales et la société civile - qui ne se réduit pas uniquement aux Ong. Nous avons ensuite spécifié les défis que la gouvernance locale devra relever.
WalFadjri : Vous liez les problèmes de la démocratie sénégalaise à l’inadéquation de langue francaise, que faites-vous sur le terrain pour corriger cette incohérence ?
Pr Yéro Sylla : Notre première action s’est réalisée aux élections de 1993. Les élections représentent le premier palier de la démocratie, et en 93, il y avait un code électoral consensuel, que nous étions chargé de vulgariser dans les langues locales ( ...) Nous avons, par la suite, traduit des textes comme le code des collectivités locales ; les décrets relatifs, par exemple, au parcours du bétail, à la mise en fourrière des animaux errants, la loi sur le domaine national, le code forestier, etc. Cela a permis de susciter dans la société civile rurale une meilleure expression de la citoyenneté (...) Au plan qualitatif, l’impact se trouve dans le changement de mentalité des populations, le degré de participation des citoyens à la gestion du développement local, particulièrement à la défense de leurs droits socio-économiques, qui passe nécessairement par la maîtrise du budget.
WalFadjri : Vous développez le concept de ‘maison du citoyen’, de quoi s’agit-il exactement ?
Pr Yéro Sylla : C’est un concept dérivé de l’observatoire de la gouvernance locale. Car il y a dans la chaîne décentralisation/déconcentration un maillon qui manque. Par exemple, l’Etat a ses maisons (gouvernance, préfecture, sous-préfecture), les élus locaux ont leurs maisons (hôtel de région, hôtel de ville, ou maison communautaire). Le maillon manquant, c’est la ‘maison du citoyen’ à partir de laquelle les citoyens peuvent s’organiser pour mieux participer aux affaires locales, un dispositif de veille qui permet aux sociétés civiles de s’organiser en contre-pouvoir. Par exemple, à Barkédji (Linguère), notre zone-test, nous avions recensé cent organisations que nous avons réparties en cinq réseaux thématiques : budget et mobilisation des ressources locales ; démocratie et bonne gouvernance ; gestion des ressources naturelles ; protection de la mère et de l’enfant ; éducation et formation. On dépasse ainsi le cadre d’organisation verticale pour en arriver à une forme d’organisation horizontale de ‘réseautage’, seul capable d’influer réellement sur le développement social (…) Nous aidons les organisations à s’organiser, nous les formons et cela, à l’intérieur d’un siège qui leur est propre, c’est la maison du citoyen. L’expérience existe également dans d’autres communautés rurales. A Yène (Dakar), le comité local de concertation, organe de gestion de la maison du citoyen, est représenté au moment du vote du budget et il négocie ses priorités.
WalFadjri : Vous participez à la vulgarisation de logiciels de gestion des collectivités, quel est l’apport de ces outils dans l’amélioration de la bonne gouvernance ?
Pr Yéro Sylla : Nous avons développé un logiciel qui concerne la gestion du budget, un autre l’état civil. Ce sont là deux instruments fondamentaux de gestion. Sans gestion informatisée et fiable de l’Etat civil, il ne peut pas y avoir, par exemple, de fichier électoral fiable. Dans la lutte contre la pauvreté, avec le soutien de l’African Development Foundation (Adf), nous avons mis en place des mutuelles d’épargne et de crédit, couvrant toute une communauté rurale. Nous les avons appelées ‘banques rurales’. Nous en avons implanté à Pékess, Barkédji, Thiargny et Guédé. A la Safefod, nous avons adopté la philosophie du Pr Ki-Zerbo, qui dit : ‘On ne développe pas, on se développe.’ Il faut chercher à mettre dans les mentalités locales cette philosophie du développement endogène ; la micro-finance en est une stratégie cardinale.
WalFadjri : On fait de l’alphabétisation depuis bien des années. Mais, on a l’impression que ça ne sert à rien…
Pr Yéro Sylla : Si pourtant. Il est important d’apprendre à lire, à écrire et à calculer dans sa langue maternelle. Le Sénégal a opté pour l’alphabétisation des masses dans les langues locales. Mais il faut aller vers une ‘intégration linguistique des systèmes de gouvernance ’. On a des systèmes socio-économique, politico administratif, éducatif formel qui sont gérés en français. Le seul système utilisant les langues nationales est le non formel. Pourtant, il est prouvé que partout où ces différents systèmes ne sont pas linguistiquement intégrés, il ne peut y avoir de développement. Avoir un système géré dans une langue qui n’est pas parlée par les populations relève tout simplement de la mal gouvernance, car la bonne gouvernance c’est avant tout l’assurance que les messages délivrés sont bien compris de leurs destinataires (...) Nous n’aurons un système intégré et endogène que lorsque, dans les quatre systèmes de gouvernance, le français est utilisé comme langue étrangère et la langue nationale comme langue officielle. C’est cela qui relève de l’universel. Tous les pays développés, sans exception, utilisent la langue nationale comme langue de gestion de leurs systèmes de gouvernance.
WalFadjri : Avez-vous idée du délai nécessaire pour que les langues nationales remplacent le français ?
Pr Yéro Sylla : C’est difficile à dire là où la volonté politique n’existe pas. Il faut revisiter les conclusions des Etats généraux de l’éducation et de la formation qui avaient esquissé le processus approprié. Cela dit, il y a des mesures qui peuvent être prises d’ores et déjà : c’est, par exemple, l’introduction de la traduction simultanée à l’Assemblée nationale. La Safefod avait expérimenté cette technique en 1996, à l’assemblée générale de l’association des présidents de Conseil rural. Là, pendant cinq heures, nous avions réussi à traduire tous les discours et toutes les communications dans six langues nationales.
WalFadjri : Comment analysez-vous le fait que les coalitions politiques ou citoyennes engagées dans les élections locales aient choisi des dénominations wolof ?
Pr Yéro Sylla : C’est purement politique ! C’est pour attirer l’électorat. Je suis même un peu étonné que des gens qui parlent le pular, le diola ou le manding utilisent ce type de dénomination. Ils pensent que tout le monde parle wolof. Ce qui reste à démontrer. Il y a, en tout cas, des enquêtes en cours. En réalité toutes les langues se valent et doivent être traitées avec une égale dignité. Mais ce principe est à gérer dans un système éducatif. La question de la langue est avant tout une question d’éducation de base. En Afrique, l’enfant doit être formé, en priorité, dans sa langue maternelle, dans une langue communautaire, dans une langue nationale, dans une langue africaine. Les langues étrangères, dont le français, devraient être enseignées comme telles avec une pédagogie appropriée.
Propos recueillis par Hamidou SAGNA
Silence coupable de Pape Diop : Les 3,5 milliards de la mairie vont-ils passer par pertes et profits ?
La réalisation du projet du centre commercial les Quatre C n'aurait jamais été possible sans l'implication personnelle de Pape Diop et sans les deniers publics de la ville de Dakar. Au même titre que les autres promoteurs, la mairie de Dakar avait mis sur la table 3,5 milliards de francs Cfa pour la matérialisation du projet. Ce qui donne à la ville de Dakar près de 24,5 % du capital de la société Corfitex, promotrice du projet. Mais d'après les commerçants, propriétaires et locataires, depuis l'ouverture du centre commercial en 2007, la mairie de Dakar n'a pas encore touché de dividende de son investissement. Ce sont plutôt les deux autres associés qui profitent des retombées du projet. Ce qui, aux yeux de certains, relève d'un silence coupable de Pape Diop.
‘Comment Pape Diop peut-il engager les deniers publics sans pour autant se soucier des retombées trois ans après l'ouverture du centre commercial ? Il fait comme si de rien n'était. Cela prouve qu'il est complice des agissements des autres partenaires’, soutient Khalifa Ababacar Ndiaye, secrétaire général du collectif. Raison pour laquelle le collectif interpelle le désormais ex-maire de Dakar pour qu'il s'explique sur cette nébuleuse affaire. Pape Diop qui va passer le témoin au nouveau maire élu de Dakar, aura l'occasion de revenir sur cette affaire lors de la passation de service.
ESCROQUERIE, VENTE DE BIENS APPARTENANT A AUTRUI... : Philippe Buchbinder et Pape Abdoul Bâ sous la menace d'une nouvelle plainte
Le Collectif des propriétaires et locataires du centre commercial les Quatre C entend traduire devant la justice sénégalaise les promoteurs du projet, notamment l'opérateur économique français, Philipe Buchbinder et son associé sénégalais, l'homme d'affaire Pape Abdoul Ba. La plainte que les conseils des plaignants, Mes Abdoul Dialy Kane et Ousmane Yade, vont déposer auprès du procureur de la République près du tribunal régional hors classe de Dakar, fait suite à celle déposée au mois d'août 2008 pour ‘escroquerie, vente de biens appartenant à autrui et détournement de Tva’. Selon les commerçants, Philipe Buchbinder a collecté les Tva sans les reverser au trésor public et sans les restituer non plus aux plaignants. Ainsi, le collectif fort d'une vingtaine de membres entend se constituer partie civile.
Mais pour le moment, Philipe Buchbinder est rentré en France avec femme et bagages, signale-t-on. Mais avant de déménager, l'opérateur économique français, après s'être enrichi sur le dos des commerçants à qui il avait fait miroiter un projet intéressant, a pris le soin de vendre ses actions à son associé, l'homme d'affaires sénégalais Pape Abdoul Ba.
A en croire Ousmane Loum, le président du collectif, si Philipe Buchbinder qui a roulé dans la farine d'honnêtes citoyens est parvenu à sortir du territoire sans laisser de traces, c'est parce qu'il a bénéficié de la complicité d'autorités haut placées. En réalité, les soupçons se tournent vers l'homme d'affaires sénégalais, Pape Abdoul Bâ et le désormais ancien maire de Dakar, Pape Diop.
M. SARR
Il est rentré hier à bord de Swissair : Wade continue de boycotter la Pointe de Sangomar
Le président de la République est revenu hier dans la soirée à Dakar après un séjour de cinq jours en France. Si l'accueil n'a pas manqué de solennité, force est de reconnaître qu'il n'a pas connu la chaleur des grands jours.
Contrairement à ce qui a été annoncé, le chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade continue son boycott de l'avion de commandement, la Pointe de Sangomar, depuis ses ennuis techniques dans le ciel espagnol, il y a maintenant deux ans.
Vendredi dernier, d’aucuns avaient vite fait d'annoncer que Me Wade avait voyagé à bord de la Pointe de Sangomar. Selon des sources sur place, il n'en était rien : le président Wade a rejoint la capitale française à bord d'un avion de la compagnie Swissair. Et c'est le même avion qui l'a ramené hier aux environs de 21 heures. Il se trouve que, au moment du départ du président Wade vendredi dernier pour la France, la Pointe de Sangomar était sur la piste d’atterrissage de l'aéroport Léopold Sédar Senghor en partance pour la Sierra Leone, nous signale-t-on.
S'agissant du retour du président hier, nuit, il faut noter que si l'accueil n'a pas manqué de solennité, avec la présence de tout le gouvernement - au premier rang duquel le Premier ministre, Cheikh Adjibou Soumaré - force est de reconnaître qu'il n'était pas chaleureux. Ceci, pour deux raisons : d'abord, le président Wade, à sa descente d'avion, n'a pas perdu du temps au salon d'honneur où l'entendaient pourtant les autorités. On peut être à peu près sûr qu'il n'a pas beaucoup échangé avec elles. Ensuite, le président Wade dont on avait annoncé une importante déclaration à son retour, n'a pas fait de discours. Même pas pour la Rts ! Le concert habituel de sirènes l'a raccompagné au palais. Certainement, le chef de l'Etat qui ne s'est pas exprimé depuis les élections locales du 22 mars dernier, perdues dans plusieurs localités par son parti, attend son traditionnel discours du 03 avril prochain, veille de la fête de l'indépendance.
A souligner que le président Wade a été fait docteur honoris causa de l'Université de Montpellier. Auparavant, il a assisté au lancement du projet Aladin à l'Unesco. Le chef de l'Etat a mis à profit son voyage pour rencontrer les ténors de son parti, afin de tirer les leçons des élections locales.
Mamadou SARR
L’accusant d'avoir été à l'origine de la déroute du Sopi : Wade dissout la Génération du concret
C’est fait ! Le président de la République a accédé à la demande d’importantes franges de son parti qui réclamaient la dissolution de la ‘Génération du concret’. Il a, en effet, pris la mesure, hier, quelques heures après son retour de Paris où il séjournait depuis la semaine dernière. Plus qu’une simple absorption par le Parti démocratique sénégalais, Me Wade a ordonné la suppression pure et simple de la ‘Génération du concret’.
De nombreuses voix au sein du Pds avaient imputé la déculottée du 22 mars dernier à l’implication de la ‘Génération du concret’ et de son leader dans la campagne. Une complainte qui, apparemment, a été bien reçue par le patron du Pds. Après Karim et compagnie, à qui le tour ?
SUD QUOTIDIEN :
Voguer sur les vagues de la déraison
par , mercredi 1er avril 2009
Les élections locales sont déjà derrière nous mais l’électrochoc qu’elles ont provoqué est encore durement ressenti par les uns et les autres. Cela suffit-il à expliquer le torrent de paroles outrancières enregistrées depuis sur les questions identitaires !
Dans la semaine qui a suivi ces consultations, plusieurs responsables, qu’on ne saurait guère les qualifier d’irresponsables, se sont livrés à des déclarations tapageuses ou à des analyses légères qui devraient être dénoncées avec une vigueur toute aussi forte que leur vacuité.
Rappel des faits
Tout d’abord, un Ministre conseiller, qui a échoué à faire sortir la nouvelle Capitale de terre, qui parle des ressortissants du Fouta comme étant des gens confinés dans un espace étroit, sans troupes ni troupeaux ; insultant avec une déconcertante facilité tout un groupe social dont les bienfaits ont pourtant rejailli sur lui.
Ensuite, un autre conseiller spécial du Chef de l’Etat, originaire du Nord du pays, qui associe la percée d’un ex Premier ministre dans cette zone à un certain ethnicisme ; argument sur lequel surfe également un journaliste de Walf qui voit à travers les mêmes lunettes comme si tous deux étaient atteints de la même myopie.
Pour clore la liste de ceux qui ont conjugué à tout va le verbe déraisonner, ne voilà-t-il pas qu’un responsable du Sud s’offusque à son tour de l’éthnicisme qu’il prête à l’ancien édile de Ziguinchor comme pour montrer que la sottise n’a pas d’origine.
D’autres vérités qui défont ces faussetés
Il faut bien admettre que de tels exemples émaillent quelquefois le propos d’obscurs sénégalais mais il est difficilement concevable de les entendre de ceux que l’on tient pour étant des lumières. Ce qui étonne, c’est que ces responsables sont supposés, pour deux d’entre eux, conseiller la plus haute autorité et surtout, pour tous les quatre, façonner les modes d’action du vulgum pecus.
Et le pire est que ces dires, à tout le moins irrévérencieux, sont très éloignés de la vérité !
Le summum des propos discourtois revenant au Ministre conseiller, il suffira simplement de corriger ses paroles qui tiennent plus d’une recherche effrénée de sensationnel que d’un dessein raisonné puisqu’on ne veut prendre que l’interprétation la plus flatteuse. Ce n’est pas à celui-ci qu’il faudra apprendre que le Fouta est plus vaste que beaucoup de régions et qu’il a donné et continue de donner au Sénégal que nous chérissons tous d’illustres fils. D’ailleurs, n’est-ce pas le savoir de cette région qui a irrigué les connaissances mal assimilées de cet homme ! C’est vrai qu’il ne sert à rien de seriner ces vérités à cet homme-là puisque, comme le dit le proverbe, qui a bu boira. Pour les deuxième et troisième cités, on rappellera seulement que l’échec de certains responsables politiques du Nord chez eux ne traduit que leur propre incurie et ne peut être référé à un report imaginaire de suffrages sur un parent, habitant le Sine, qui y a été accueilli en sénégalais comme chacun d’entre nous y a droit sur toute l’étendue du territoire national.
Pour le quatrième, on peut simplement faire remarquer que son argument est tout aussi boiteux que ceux des autres puisqu’il s’attarde sur des détails qui n’ont pas de prise sur la région Sud dont la capitale a franchi le Rubicon, en remplaçant un SAGNA par un BALDE ; ce qui est tout un symbole dont l’honneur revient à ses vaillants fils.
Doit-on répéter à ces hommes, peu maîtres de leur langue, que tous les partis en concurrence recèlent d’hommes originaires de bastions qu’ils ont perdus ; ce qui bat en brèche l’argument du vote ethnique. Où déblatèrent-ils seulement parce qu’ils pensent donner au décideur un œuf pour avoir en retour un bœuf !
Où cela peut-il nous mener ?
Plusieurs pays ont été déchirés par des guerres civiles dont le soubassement est ethnique. Les exemples les plus proches sont ceux de la Côte d’Ivoire et du Rwanda. D’autres ont conduit à la 2nde guerre mondiale puisque le mythe de l’aryen blond et aux yeux bleus forgé par Hitler tient de cet esprit. Il est donc nécessaire de savoir raison garder et d’éviter certaines hérésies destructrices. La problématique de l’ethnie est néfaste à l’unité nationale et au développement et il important que les sénégalais conscients s’élèvent contre tout citoyen irréfléchi qui actionne ce levier explosif.
Surfer sur cette vague ne peut que conduire à l’éclatement d’un pays. C’est sans doute ce qui a amené nos ancêtres à adopter d’efficaces verrous sociaux dont on sait gré d’avoir préservé la paix. Le concept de parenté à plaisanterie que l’on a parfaitement assimilé en nos contrées est un émollient qui a évité bien des heurts qui auraient pu distendre les rapports entre groupes sociaux. Et il aide d’ailleurs à expliquer l’extraordinaire assise d’un SALL au Sine.
Quelles solutions ?
Aujourd’hui les priorités sont ailleurs et les politiciens le savent. C’est pourquoi, l’on se doit de rompre avec les stratégies dilatoires qui sont les armes dont ils usent pour nous endormir le plus souvent.
Il faut à nos intellectuels et à nos décideurs politiques un courage certain afin d’éviter de franchir certaines lignes rouges et pour travailler à restaurer les consensus minimum sur l’essentiel. Les problématiques de l’unité nationale et du legs social, en général, font assurément parties de ceux-là. Ils s’inscrivent, d’ailleurs, en droite ligne de la pensée de Cheikh Anta Diop qui en a toujours appelé au patriotisme des chercheurs qui doivent nous aider à trouver les bons référents afin de cimenter la société sénégalaise moderne puisque la construction d’une nation est une œuvre de longue haleine.
C’est également dans ce sens qu’il faut continuer de dessiller les yeux des Sénégalais afin qu’ils distinguent la bonne graine de l’ivraie. La démocratie se gagne lentement mais surement et l’épreuve des locales a fini de révéler la maturité du peuple qui a procédé à un choix motivé.
Seuls ceux qui n’en sont pas convaincus risquent toujours de se réfugier dans les vains concepts d’ethnie ou de religion pour expliquer rétrospectivement leurs échecs retentissants qui ne sont que des échecs personnels avant que d’être des faillites collectives.
Voguer sur les vagues de la déraison, c’est entraîner la pirogue Sénégal vers les récifs. Alors, autant noyer les rhéteurs creux avant cela et regarder au large de l’Océan ! Outre Atlantique, on a déjà promu un Barack atypique pendant qu’au Kenya, ODINGA était véhémentement contesté, et qu’au Sénégal, des tenants d’inepties réductrices discutent sur l’ethnie.
• Oumar El Foutiyou BA, écrivain, poète
• elfba@yahoo.fr
LE QUOTIDIEN :
Tanor Dieng, Sg du Ps, sur la gestion des collectivités locales : «Il n'y aura pas d'audit, mais...»
01-04-2009
Au moment où la composition des exécutifs locaux issus des scrutins du 22 mars fait l’objet d’âpres négociations entre les vainqueurs, le Secrétaire général du Ps appelle à la mise en œuvre de «l’esprit Bennoo». Dans l’entretien qui suit, Ousmane Tanor Dieng, plus favorable à un état des lieux qu’à un audit des Collectivités locales, estime que le Président Abdoulaye Wade qui se croyait invincible a trouvé ses limites.
Dix jours après les scrutins locaux du 22 mars, que faut-il en retenir au plan de l’organisation matérielle d’abord, concernant les résultats ensuite ?
Evidemment, ce sont des élections qui ont été très, très mal organisées, notamment du point de vue de l’heure à laquelle elles ont démarré. Par exemple, on ne peut pas comprendre qu’ici à Grand-Yoff, dans la capitale, le scrutin ait commencé en début d’après-midi. Et que, dans certaines localités comme Vélingara, on n’ait pas pu voter ; dans d’autres comme à Kédougou, tantôt les bulletins n’étaient pas disponibles, tantôt il manquait de l’encre, tantôt ce sont les bulletins qui étaient mélangés. Qu’il y ait eu des problèmes, on peut l’accepter ; mais à l’échelle nationale, il y a un grand cafouillage, une grande confusion. N’eût été notre vigilance, on aurait pu assister à une situation très dommageable ! Ce fut donc une organisation très calamiteuse, critiquable à tout point de vue. Malgré cela, nous apprécions positivement les résultats parce que simplement, nous avons tiré des leçons de l’élection présidentielle de 2007. Nous avions indiqué à l’époque qu’on nous avait volé nos résultats et que nous allions prendre nos dispositions malgré le mauvais fichier. Ce fichier là, il n’est pas bon et il continue d’être mauvais. Dans un fichier, dès que des votes multiples sont possibles, des transferts de voix réalisables, ce fichier là n’est pas sécurisé.
Justement, on vous accuse de partout de ne pas savoir ce que vous voulez. Vous diabolisez le fichier électoral alors que les scrutins locaux que vous venez de remporter ont été organisés à partir de là !
Je crois que ce sont deux choses différentes. Le fichier n’est pas bon, mais la différence entre 2007 et 2009, c’est que la fraude a été cantonnée à la marge du système. En 2007, cette fraude a été au cœur du système parce qu’il y a eu des transferts extraordinaires de voix d’électeurs dans la capitale. Mais, si vous prenez le cas de Liberté, les jeunes de Bennoo Siggil Senegaal ont mis en place des brigades anti-fraude et ont pu empêcher que des cars viennent transporter des gens d’un lieu à un autre. Et, cela s’est fait dans beaucoup de localités. Donc, nous avions dit que nous allions sécuriser notre vote, c’est cela que nous sommes arrivés à faire. Et, c’est cela qui a permis de faire en sorte qu’il n’y ait pas de fraude à grande échelle. Là où le contrôle n’a pas été possible, c’est-à-dire dans des localités du monde rural, des zones éloignées, avec la complicité du Commandement territorial, la fraude a existé, et le Pds et ses alliés ont gagné. Nous continuerons le combat pour un fichier crédible. Nous allons faire une évaluation exhaustive sur tous les éléments électoraux, et après cela nous demanderons que les modifications appropriées soient apportées, en tenant compte des rapports que présenteront la Cena, les observateurs… pour avoir au final un fichier électoral crédible. Nous continuerons donc à dire, malgré notre victoire, que parce que nous avons réussi à limiter la fraude, ce fichier demeure mauvais. Nous sommes parvenus à boucher les trous et les fenêtres pour que le pouvoir n’en profite pas.
A propos de la victoire de Bennoo, n’est-ce pas dû plus à l’incompétence des responsables locaux du Pds, à la crise économique et à ses conséquences qu’à la crédibilité de l’alternative locale que vous proposez ?
Certes, tout cela a pesé sur la balance. Il y a eu les promesses non tenues, l’incompétence, l’insouciance, l’irresponsabilité, la gabegie qui caractérisent les élus locaux libéraux. C’est vrai. Mais en face aussi, nous avons su exploiter cela, et à la suite des Assises nationales nous avons pu, avec les consultations citoyennes savoir quelles sont les préoccupations des populations, les solutions envisageables pour les résoudre. Nous avons pu répondre aux questions qu’elles-mêmes se posaient en continuant à leur dire que, la démarche que nous allons mener en cas de victoire aux Locales resterait participative. Nous ne leur avons pas dit que nous allions tout régler, mais nous leur montrions la réalité de la situation actuelle, les priorités que nous voulions dégager avec elles en rapport avec leurs préoccupations, et rendre compte au moment de l’exécution. Du point de vue de la bonne gouvernance et de la transparence, nous avons donc une obligation de résultats. Pour ce qui concerne les projets que nous avons, il y a également une obligation de moyens car nous allons travailler avec les moyens à notre disposition. Nous ferons preuve d’une grande humilité parce que d’abord, nous avons été aux affaires, nous savons ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Nous avons vu aussi nos amis (Ndlr : les libéraux) aux affaires et nous avons vu les difficultés qu’ils ont rencontrées. Mais avec la participation et l’engagement des populations, nous arriverons à mettre en place quelque chose de crédible.
Transparence, humilité, c’est bien beau. Concrètement, ne faut-il pas que les nouveaux élus, notamment aux grandes responsabilités, fassent une déclaration de patrimoine ? Pour l’exemple, n’est-ce pas même une obligation morale après toutes les critiques au vitriol à l’encontre des libéraux ?
C’est une bonne idée que vous avancez là. Elle doit faire l’objet de consultations avec nos élus parce qu’en définitive, nous n’avons qu’une supervision politique car, ce sont les exécutifs locaux qui sont responsables. Ce sont eux qui voient les engagements qu’ils peuvent tenir. Mais, il me semble être une bonne idée qui va dans le sens de la transparence.
Est-ce que cet engagement devrait poser problème ?
Non je ne crois pas. Quand les nouveaux élus vont arriver, ils devront faire l’état des lieux, voir ce qu’ils auront trouvé sur place. Je n’aime pas le terme d’audit qui est galvaudé avec ce que le Pds en a fait, à partir de l’an 2000. Donc, les élus feront l’état des lieux : ce qu’ils ont trouvé là, ce qui a été fait, ce qui est en cours. Je voudrais indiquer que pour ma part, je suis opposé à tout règlement de comptes, à toute chasse aux sorcières, à toute attitude de revanche. Nous ne pouvons pas perdre notre temps sur ces choses. Il faut que cela soit clair pour tout le monde.
Il y a des responsables libéraux qui défendent l’idée selon laquelle aucun audit n’est possible dans les Collectivités locales pour ceux des vôtres qui sont tentés d’y recourir car, cela est du ressort exclusif de l’Etat.
Ce qu’il sera possible de faire, c’est justement l’état des lieux. Lorsque vous arrivez à un endroit et que l’on vous donne les clefs d’une maison, vous faites le recensement de ce que vous avez trouvé dans cette maison. Personne ne peut nous interdire de le faire. Ce que nous allons faire, je le nomme «l’état des lieux».
Il n’y aura pas d’audit alors ?
Sous cette forme là, le terme a été galvaudé en 2000 comme je vous l’ai dit plus haut. Il ne faut pas que nous fassions les mêmes bêtises que le pouvoir libéral. Ce qui nous intéresse, c’est de travailler pour les populations. Nous indiquerons les moyens à partir desquels nous allons travailler, ce que nous avons trouvé en arrivant, et comment nous allons utiliser ce que nous avons trouvé là ! Evidemment, il y aura beaucoup de difficultés car, la situation financière de l’Etat est catastrophique alors que le rôle de cet Etat dans le financement des Collectivités locales avec les fonds de dotations est essentiel. Avec une crise financière aussi grave, nous ne savons pas encore de quels moyens nous pourrons disposer. Donc, il ne faut pas poser des actes démesurés à la suite de notre victoire du 22 mars. Il faut que nous tenions un langage de vérité aux populations. C’est cela qui me paraît le plus important.
Le Président Wade a décidé de rétrocéder le stade Assane Diouf aux populations de Dakar. Qu’en pensez-vous ?
Mais il n’avait pas tellement le choix ! Déjà, au niveau des exécutifs aussi bien de la ville que du Plateau, il avait été indiqué de revenir sur cette mesure par les formes les plus appropriées car, c’est un terrain qui appartient à la municipalité. En fin politicien, Abdoulaye Wade a simplement anticipé. Et en anticipant de cette manière, il veut en tirer un bénéfice politique. Mais, nous ne sommes pas dupes du tout, car s’il avait gagné les Locales je ne suis pas sûr qu’il serait revenu en arrière sur cette affaire.
Il semble qu’il y ait des luttes de positionnement au sein de Bennoo Siggil Senegaal pour le contrôle des Collectivités locales. Est-ce que ce n’est pas un mauvais signe que vous êtes en train d’envoyer aux populations qui vous ont élus ?
Non. C’est naturel qu’après avoir travaillé ensemble dans des conditions difficiles et gagné ensemble, il y ait des ambitions et des prétentions. Nous avons l’expérience de ce type de scrutin. Cela n’est pas un problème ! Il suffit simplement que les gens comprennent que la dynamique qui a été créée par Bennoo, l’esprit Bennoo, doit prévaloir. Nous avons gagné car, nous avons été ensemble. Là où nous avons été divisés, nous avons perdu ! Si nous étions ensemble partout, comme à Dakar, nous aurions tout gagné ! Cela prouve que nous avons réussi le test de l’unité, et il faut que cela reste une étape de franchie pour les prochaines échéances. C’est dans l’unité et la cohésion que nous avons des chances de gagner. Séparés, nous n’avons pas de chance de gagner. Le Bennoo, dans le cœur et l’espérance des Sénégalais, a remplacé le Sopi. Les populations exigent qu’il soit manifesté dans la mise en place des exécutifs locaux, il faut le manifester dans la gestion et dans nos comportements de tous les jours. Nous nous y essayons. Ces premiers jours sont des moments au cours desquels les gens échangent, discutent, il y a des pluralités de candidatures, mais nous discutons pour les limiter et, éventuellement, arriver à des candidatures consensuelles. Ce qui est arrivé le 22 mars est énorme dans l’histoire du Sénégal. Que la capitale, Dakar, soit gagnée presque en totalité par l’opposition, est un séisme. C’est énorme ! Alors nous voulons que, au niveau de tous les exécutifs, les choses soient réglées par consensus, à Dakar comme sur l’ensemble du territoire national afin de donner une continuité à cet esprit Bennoo. C’est la directive principale que nous avons donnée et nous y travaillons. Bien sûr que nous ne ferons pas du 100% à ce niveau, mais si nous y parvenons à 70 ou 80%, ce sera magnifique. Tous les Sénégalais doivent comprendre que ce qu’a été le 22 mars 2009, l’a été du point de vue repère historique, à la croisée des chemins, pour notre pays. C’est pourquoi ce scrutin doit être analysé avec sérieux.
Entre le 19 mars 2000 et le 22 mars 2009, ou se trouve la meilleure des histoires pour le Sénégal pour vous, socialistes ?
Je crois que 2000 a été une date historique parce qu’elle représente l’Alternance, avec une importance capitale dans le cheminement démocratique de notre pays. Mais, le 22 mars 2009 au niveau local a été une alternance dans l’Alternance. Nous avons alterné l’Alternance ! Cela aussi a été un gros progrès car à une semaine des élections, personne n’aurait misé un kopeck sur notre victoire avec de tels résultats. Ce qui est important de retenir, c’est qu’à partir de maintenant, ce pouvoir qui était arrogant, qui se croyait invincible, a été ébranlé et secoué dans ses fondements. C’est cela qui est essentiel. Et aujourd’hui, vous entendez les Sénégalais dire qu’ils savent dorénavant ce que peut faire une carte d’électeur en dépit du fait que, certains ont pensé que cela ne servait à rien d’aller voter à cause des moyens financiers, de la corruption, des pressions et des chantages que les libéraux allaient mettre dans la campagne électorale. Nous avons prouvé qu’en mettant un minimum de contrôle et d’organisation, il était possible de limiter les fraudes. Et l’exaspération, les frustrations des populations aidant, il était certain que nous pouvions arriver aux résultats comme ceux du 22 mars.
Est-ce que tout le Parti socialiste est derrière Khalifa Sall pour la mairie de Dakar ?
Mais bien sûr ! Entièrement ! Il faut vous souvenir tout de même que c’est le Ps qui a proposé Khalifa Sall comme tête de liste, et tout le monde l’a accepté. De plus, Khalifa Sall est un homme clef du dispositif du Parti socialiste. Il est le chargé de la vie politique de notre parti. Imaginez un instant qu’il y a des gens qui sont particulièrement heureux et fiers des résultats qu’il a obtenus le 22 mars. Il faut tout de même reconnaître que Khalifa a un profil tout à fait remarquable, avec un parcours politique d’une grande signification. Il a mené tambours battant une campagne électorale remarquable en sillonnant pratiquement l’ensemble des mairies d’arrondissement, en présentant un programme. Nous l’y avons aidé, nous-mêmes, en parcourant avec lui ou parallèlement l’ensemble du pays pour l’aider et l’appuyer. C’est donc une fierté pour nous qu’il ait eu ces résultats, et il y a pratiquement un consensus au niveau de Bennoo pour qu’il dirige la mairie de la ville de Dakar. Pour lui, comme pour tous les autres exécutifs locaux remportés par Bennoo, nous allons tout faire pour qu’ils réussissent afin qu’au bout de cinq ans, les Dakarois et les autres populations des autres localités reconnaissent leurs bons résultats et les reconduisent. C’est cela notre combat, ce n’est pas autre chose.
Propos recueillis par Momar DIENG - momar@lequotidien.sn
PERDRE ET GAGNER LES ELECTIONS LOCALES 2009
par , mardi 31 mars 2009
Les urnes ont rendu leur verdict dictant, pour les élections locales, la voix légitime et souveraine du peuple sénégalais.
La tradition républicaine et le respect de la volonté du peuple nous commandent de féliciter ceux qui ont su emporter sa conviction.
Et déjà, nous devons tous nous réjouir de la maturité et de la haute responsabilité du peuple sénégalais qui a voté dans le calme et la sérénité, rappelant aux acteurs de la vie politique, nos traditions de paix et de concorde sociale.
L’opposition, est le vainqueur par défaut d’élections davantage perdues par la coalition SOPI que gagnées par ses adversaires.
Force est de constater que les querelles intestines alimentées par des ambitions personnelles ainsi que la confusion de genre ont fini par brouiller le message du SOPI et éveiller des rancœurs.
Les conséquences de la crise économique et financière sur les populations au moment ou les élites, sourdes, se disputaient des strapontins ont accentué ce désamour.
Pour ma part, une lecture à vif des résultats de ce scrutin, donc nécessairement perfectible, permet d’identifier, à la fois, une sanction et un message.
Une sanction pour les candidats malheureux et un message à l’endroit de SE Me Abdoulaye Wade, Président de la République et Secrétaire General du PDS.
Il faut reconnaître, à travers l’expression des électeurs, une réprimande vive d’une certaine gestion de la confection des listes de la coalition Sopi et le refus catégorique de certains choix plutôt imposés que consentis.
Ont perdu ceux qui, pour avoir cumulés des charges électives locales à d’autres fonctions politiques nominatives, n’ont manifestement pas su garder avec la base le lien et la proximité requis par le mandat dont ils ont été investis.
Ont perdu ceux qui, pour n’avoir pas su taire leurs ambitions personnelles, ont imposé aux électeurs du SOPI, acquis à Me Abdoulaye Wade, un choix cornélien, voire impossible, en maintenant des candidatures fratricides.
En outre, la fragmentation du PDS, la disparition des clés de lecture du Wadisme et son idéologie structurante ont conduit à une réaction de repli ou de sanction de la part des électeurs traditionnellement Wadiste.
Ces électeurs ont logiquement répondu par une forte abstention, s’ils n’ont pas voté pour exprimer leur désaccord.
Nul doute qu’en homme politique averti et aguerri aux subtilités du jeu politique, Me Abdoulaye Wade saura décrypter le message clair qui lui est adressé par la sanction de certains membres de son entourage.
Il saura rassembler autour de l’intérêt commun ceux qui ne mettront pas en péril son projet et sa vision pour le Sénégal, sous l’autel de leurs visées politiciennes.
Cela passe par un effort de restructuration des ressources humaines autour de lui et de recentrage du discours politique, que beaucoup se sont appropriés en le dévoyant de son objectif initial et légitime.
Toutefois, certains qui n’ont compris ni la fonction ni les enjeux des élections locales, ont vite fait de clamer qu’il s’agissait d’un suffrage référendaire dont les résultats appellent à la démission du Président de la République. Il est burlesque de constater que ceux qui poussent ces cris d’orfraies ont tous exercé de très hautes fonctions politiques sous la direction de Me Abdoulaye Wade.
La même voix qui vocifère aujourd’hui leur servait naguère à chanter les louanges de celui qu’ils ont considéré comme leur bienfaiteur, en le criant sur tous les toits.
Peu importe que l’ignorance ou la paresse aient dicté leur analyse, il est important que les adversaires déclarés du Président de la République sachent qu’ils devront l’affronter et, s’ils en ont la carrure, le vaincre sur le terrain de l’élection présidentielle.
Le peuple souverain qui vient de porter son choix sur des hommes et des femmes chargés de conduire les destinées de nos collectivités locales, avait, dans un passé récent, et dans les mêmes conditions de transparence, plébiscité le Président Abdoulaye Wade au premier tour de l’élection présidentielle, ce qui fonde sa légitimité.
Dès lors, et pour clore le débat, la décence invite ceux là même qui émettaient des réserves sur la sincérité du fichier et sur la transparence du scrutin, à reconnaître que le jeu démocratique est préservé par les plus hautes autorités de notre pays.
Perdre et gagner sont le lit naturel de la démocratie, et accepter le verdict des urnes est la marque du démocrate, comme nous l’a enseigné Maitre Abdoulaye Wade Président de la République.
Un autre de ses enseignements que nous tirons de son combat politique qui est sa vie, tout simplement, est l’abnégation et la détermination.
Elles permettent de se relever, de relever la tête et de retourner au combat avec encore plus de motivation et de conviction, mais aussi de réflexion, mais aussi d’unité. L’horizon 2012 est, certes, à court terme, mais il donne suffisamment le temps d’analyser le signal du peuple et répondre, sur les questions dévolues, à ses attentes exprimées.
Ce combat est complexe et les solutions d’hier ne résoudront pas les difficultés d’aujourd’hui.
Il appartient à notre génération de savoir répondre à cette complexité d’abord par une attitude bien différente des errements actuels : elle réside dans le doute, la modestie, une interrogation et une écoute permanentes de la société sénégalaise, que nous nous évertuons à servir, face aux défis qu’elle doit relever.
Ce sont désormais des électeurs convaincus, engagés, matures (surtout chez les jeunes et les femmes) qui se reconnaissent dans cette vision tracée par Me Abdoulaye Wade et qui se choisissent un leader afin d’atteindre l’émergence au bénéfice des populations au delà de 2012.
Car nous Construisons une Nation pérenne à travers des générations.
IL y a des réponses horizontales, des réponses de réseau, de génération, caractérisant la transition générationnelle nécessaire au développement de la société sénégalaise, par la Grace du Tout Puissant.
Il faut autour de Maitre Abdoulaye Wade des femmes et des hommes confrontés en permanence à la question de la responsabilité républicaine face a l’histoire.
Qui trébuche mais ne tombe, gagne du terrain.
Samuel A. Sarr
Pour la création d’un fonds d’aide inspiré du modèle ghanéen.
01-04-2009
Abdou Latif Coulibaly ne cessera de surprendre ses confrères. Après avoir rejeté la dépénalisation des journalistes, il crache cette fois-ci sur la manne financière que l’Etat distribue annuellement aux médias et aux journalistes. «L’Aide à la presse doit disparaître à jamais», a martelé samedi dernier Abdou Latif Coulibaly en marge au forum des médias organisé par l’Institut Goethe et la Fondation Neueman. Abdou Latif Coulibaly reste persuadé que «cette aide est une belle fumisterie» et, elle est distribuée en dehors de toutes les normes légales, déplore-t-il. C’est pourquoi, il demande tout simplement qu’elle soit rayée du paysage médiatique. Cet argent ne va pas aux ayants droits, pense M. Coulibaly. «On donne l’argent aux journalistes alors que ce ne sont pas eux qui gèrent les entreprises de presse», déplore le directeur de publication de La Gazette.
Abdou Latif Coulibaly trouve qu’il faut repenser l’Aide à la presse, si on veut aider les entreprises de presse. Ainsi, il propose de mettre en place un dispositif censé prendre en charge les besoins des uns et des autres. Et pour cela, il faut que des mécanismes soient mis en place. Ceux-ci vont servir de tableau de bord et permettre de connaître tous les besoins. Car, on ne sait qui fait quoi, ajoute-t-il. En d’autres termes, il demande de mettre en place un Fonds d’aide à la presse, comme c’est le cas au Ghana. Pour M. Coulibaly, il ne s’agit plus d’aider mais de développer.
justin@lequotidien.sn
FERLOO.COM :
De retour de Paris, Wade supprime le Sénat, dissout l’Assemblée nationale et nomme Farba Senghor, Premier ministre
Même s’il a refusé de s’adresser à la presse qui l’attendait nombreuse hier au salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, le président Wade a préféré agir plutôt que de parler. En effet, dès son arrivée au palais de la République, il a pris des mesures importantes que Ferloo soumet à votre curiosité. Au menu : dissolution de l’Asemblée nationale, suppression du Sénat, exclusion de leurs postes ministériels, de tous ceux qui ont été battus dans leurs fiefs aux Locales du 22 mars dernier...
En effet, le secrétaire général national du Pds n’est pas content. Il l’a fait savoir hier à son arrivée au palais de la République où il a procédé à un remaniement ministériel en pleine nuit. Vers 23 heures, entouré de son ami Pape Samba Mboup et de quelques uns de ses proches, il a pris d’importants mesures. Ainsi, il a nommé Farba Senghor, Premier ministre du Sénégal et lui a demandé de procéder à la consultation des membres de son équipe prochaine. Comme dans les grandes démocraties, ils ne seront pas nombreux, car ne devant pas dépasser 17 (dix sept). On nous annonce également le retour d’Idrissa Seck comme ministre d’Etat, ministre des affaires et services présidentiels. Ce n’est pas tout, car Me Wade a aussi prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale et la suppression du Sénat. On nous apprend enfin que le président Wade va mettre en application la baisse des prix de denrées de première nécessité. Nous reviendrons sur tous ces éléments dans nos prochaines mises en ligne.
Ferloo
Achat de consciences de conseillers municipaux, ruraux et régionaux : Le PR demande le respect de la volonté populaire
Le face à face avec la presse pour analyser la situation nationale a été un prétexte pour le porte-parole du Parti de la Réforme d’Abdourahime Agne, Serigne Mbacké Ndiaye, pour dénoncer l’achat de consciences de futurs conseillers municipaux et régionaux auquel certains candidats malheureux se livrent actuellement pour se faire élire.
« Il est inadmissible qu’on détourne le vote des populations », se désole-t-il. A cet effet, il lance un appel à la classe politique à un peu de « retenu et à laisser la volonté populaire s’exprimer ». Non sans demander au Chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, de veiller à l’application stricte du respect des choix des Sénégalais pour leur gouvernance locale.
Serigne Mbacké Ndiaye a, en outre, précisé, après avoir remercié les électeurs sénégalais qui ont su montrer à la face du monde que le Sénégal est un pays démocratique en votant dans la paix et dans la transparence, que « le fichier électoral est fiable ». Donc, martèle-t-il, « ce débat sur la non fiabilité du fichier doit être définitivement clos ».
Par ailleurs, le porte-parole du PR prône « une évaluation à l’interne pour chaque formation politique de la mouvance présidentielle, d’abord, et une évaluation globale, après, de toute la coalition Sopi afin de dégager des perspectives pour la Présidentielle de 2012 ».
Abdou TIMERA
PROMOTION DE L’EXPRESSION ORALE DANS LES ECOLES Le Rotary club Dakar horizon imprime son label
par Moctar DIENG , mercredi 1er avril 2009
Le bon maniement de la langue française n’exige pas seulement attention, présence d’esprit et disponibilité. Il est surtout le résultat d’un processus méthodique d’apprentissage et de perfectionnement. Conscient du fait, le Rotary club Dakar Horizon a diligenté la seconde édition de son concours d’expression orale dans les écoles. Destiné à susciter très tôt la vocation et l’art de manier la langue de Molière chez les élèves, le concours a consacré une virtuose du Français : Touda Seydi du lycée Limamoulaye.
La salle du Manége de l’Institut Léopold Sédar Senghor a abrité la seconde édition du concours d’expression orale en milieu scolaire, organisé par le Rotary club Dakar Horizon. Un concours dont la finalité est de promouvoir et de faciliter assez tôt l’usage de la langue française chez les élèves et collégiens du Sénégal. Venus assez nombreux pour participer à l’épreuve, les potaches ont dû user de toutes leurs ressources pour organiser, parfaire et présenter de la meilleure des façons les différents niveaux d’un discours structuré. Devant un auditoire tout attentif à la moindre subtilité de l’expression orale, les divers concurrents se sont alors livrés à un exercice qui a démontré encore une fois à quel point le maniement du verbe reste un don du ciel.
Dans une salle silencieuse de l’Institut Léopold Sédar Senghor, toute tournée vers les moindres sons qui sortaient des juvéniles bouches, les mots ont alors buté alors que les phrases cherchaient leur sens et que l’expression orale montrait comment elle pouvait être parfois difficile. Qui plus est, les regards qui se montraient rétifs à croiser les nombreuses paires d’yeux de l’assistance et qui se jetaient involontairement sur le beau design du plafond de la salle de concours, étaient à eux seuls expressifs de l’intensité du spectacle qui se jouait dans cette seconde édition du concours organisé par le Rotary club Dakar Horizon.
Le maniement du verbe, cet exercice perdu dans le labyrinthe des siècles, qui rappelle des hommes aussi illustres que Socrate ou les rhétoriciens adeptes de l’Agora, était une énième fois convoqué au tribunal de l’apprentissage et de l’excellence. Par la diligence du Rotary club Dakar Horizon qui s’est évertué à organiser un tel concours d’expression orale, deuxième du genre, afin de susciter de manière précoce la vocation et le talent d’orateurs chez les élèves du cycle secondaire.
Les plus hardis de ces potaches, à l’image de Touda Seydi, élève en Terminale au lycée Limamoulaye de Pikine et lauréate du concours qui a reçu comme cadeau un ordinateur portable, se sont ainsi exposés à l’aune du jury dudit concours. Un jury composé d’Alexandre Diop, le directeur de l’enseignement secondaire, du directeur du lycée Jean Mermoz, de Madame Alavo, la chargée de communication de l’Unicef, voire de Nongo D du groupe Daaradji Family, Abordant le sujet : « Je téléphone, donc je suis », Touda Seydi a démontré alors un véritable talent d’oratrice. Usant de phrases simples, la pensionnaire du lycée Limamoulaye a mis en exergue les bienfaits de l’utilisation du téléphone portable, un outil dynamique de rapprochement des peuples, toutefois dévastateur s’il est utilisé à mauvais escient.
La seconde édition du concours d’expression orale du Rotary club Dakar Horizon a enregistré la participation de plus d’une vingtaine d’élèves venus des différents établissements scolaires du Sénégal, du lycée Maurice De Lafosse au Nouveau lycée de Rufisque/Bargny en passant par Mbao, Blaise Diagne, John Fitzgerald Kennedy, les deux lycées des Parcelles assainies... Les autres lauréats du concours qui a été présidé par le directeur de l’Enseignement secondaire, Alexandre Diop, ont été récompensés soit avec un ordinateur portable, soit des téléphones cellulaires voire des dictionnaires.
GOUVERNANCE POUR LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE La fiscalité en débats
par Aminata DEME | SUD QUOTIDIEN , mercredi 1er avril 2009
Les travaux du séminaire sur “Gouvernance pour le développement” qui se tiennent depuis lundi 30 mars à Dakar, ont abordé hier, les questions liées à la gouvernance d’entreprise et à l’ importance de la fiscalité et de la taxation dans la construction de l’Etat.
Les deux écomistes qui ont présenté ces communications, ont tous insisté sur la difficulté des pays en développement à respecter les normes en la matiére. Et cela, à cause, essentiellement, de l’environnement économique et social. L’un des intervenants a soulevé le problème de fiscalité à travers les impôts douaniers, surtout dans un contextre de libéralisation. Il suggère un élargissement de l’assiette fiscale.
Par ailleurs, l’anthrologue Geant Pierre Olivier a fait une communication sur la vraie gouvernance en Afrique par opposition à la gouvernance idéale généralement proposée par les économistes. Pour lui la question n’est pas de savoir ce que les Etas Africains devraient faire pour améliorer le développement, mais plutôt ce que ces derniers font. Il a montré qu’il existe des normes officielles professionnelles et des normes pratiques.
Rappelons que ce séminaire dont les travaux prennent fin le vendredi 3 avril, est organisé par Le School of Oriental and african studies (Soas-University of London) et le Centre de Recherches pour les politiques sociales (Crepos).
(Stagiaire)
PARTENARIAT- Bien que la crise mondiale fragilise les pays pauvres : L’Europe veut accélérer les Ape
01-04-2009
Par Hilaire AVRIL
Des experts admettent que la crise financière actuelle est largement due à la dérégulation économique. Mais, malgré les effets spectaculaires de la récession sur les pays en développement, l’Union européenne continue de faire pression pour que les traités sur la libéralisation du commerce, appelés les Accords de partenariat économique (Ape), soient signés par les gouvernements africains.
Dans leur forme proposée, ces gouvernements ouvriraient ces pays à tout le choc de la concurrence internationale. Pour les pays africains, cette programmation ne pourrait pas être pire.
Dominique Strauss-Kahn, qui dirige le Fonds monétaire international (Fmi), a récemment déclaré aux dirigeants africains réunis à Dar Es Salaam, en Tanzanie, que, «même si la crise a été lente pour atteindre les côtes de l’Afrique, nous savons tous qu’elle est en train de venir - et son impact sera grave».
Selon des chiffres du Fmi, la croissance en Afrique subsaharienne devrait ralentir à 3,25% en 2009, de 5% en 2008. «Cette menace n’est pas seulement économique. Il y a un réel risque que des millions de personnes seront renvoyés dans la pauvreté», a averti Strauss-Kahn depuis la capitale tanzanienne.
Pour beaucoup de pays africains, la pendule balance déjà.
Baisse de l’Aide au developpement
La demande mondiale pour nombre de produits a dégringolé, au cours des derniers mois, privant beaucoup de pays africains des recettes d’exportation très nécessaires.
Selon Oxfam France, qui mène des campagnes pour le développement, l’investissement étranger direct dans des pays africains et les envois de fonds de la diaspora africaine vers la Patrie (évalués à 251 milliards de dollars pour 2007) ont commencé à diminuer depuis la fin de l’année dernière.
L’aide au développement bilatéral a également commencé par baisser, puisque les poches des pays développés se rétrécissent avec cette récession croissante.
Quand bien même, «la Commission européenne exige que les accords de (partenariat économique) soient signés, pour une entrée en vigueur complète, par la Communauté d’Afrique de l’est, la Communauté de développement d’Afrique australe et les Etats d’Afrique de l’ouest, avant la fin de son mandat actuel en septembre 2009», écrit Oxfam.
La signature et la mise en œuvre des Ape sont telles que, leur incorporation actuelle pourrait aggraver la crise économique et sociale touchant beaucoup de Nations africaines, puisque les prix des aliments avaient commencé à monter en flèche en 2008.
Les Ape affaibliraient, davantage, la production agricole et les marchés locaux en les exposant à une concurrence de la part des fermiers européens plus forts, plus grands et lourdement subventionnés.
Retirer les tarifs protecteurs, comme l’exigent les Ape, causerait également «une baisse spectaculaire des recettes douanières, et rétrécirait davantage les budgets des Etats africains», selon Oxfam.
Certains dirigeants africains ont décidé de présenter eux-mêmes leurs points de vue devant les parlements européens.
Au début de ce mois, des représentants politiques et des syndicats venus du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad, d’Ethiopie, du Kenya et de Zambie se sont ébranlés dans une tournée des capitales française, belge, britannique, allemande et espagnole pour rencontrer des responsables gouvernementaux et des syndicats des agriculteurs.
Cette délégation avait un message simple : en Afrique, la crise économique et financière s’est déjà transformée en une crise alimentaire, et les Ape l’aggraveront.
Reconnaissance publique
S’adressant aux députés français, allemands et européens, ces déléguées leur ont rappelé le principe fondamental de l’ancien régime commercial : les accords de Lomé, actuellement révolus, étaient basés sur la règle de l’égalité entre les pays, qu’ils soient du Nord ou du Sud. «La plupart des parlements africains n’a pas été inclue dans ces négociations», souligne Jean-Denis Crola, responsable de la campagne pour la justice économique à Oxfam France. «Il y a également une forte demande pour une implication plus large de la société civile dans ces négociations, puisque dans certains pays, 80% des travailleurs sont des agriculteurs», ajoute-t-il.
Certains secteurs ont été déjà dévastés. Au Burkina Faso, les importations de la purée de tomate ont presque quadruplé entre 1994 et 2002. Les boîtes de conserves bon marché, subventionnées de l’Union européenne (Ue), ont inondé des marchés, laissant des dizaines de milliers de producteurs locaux en faillite ou au chômage.
Par conséquent, en 2007, 60 000 tonnes de tomate du Burkina Faso étaient laissées à la pourriture, puisque les consommateurs achetaient à partir de la concurrence européenne, selon les chiffres d’Oxfam. Le Togo et le Ghana sont confrontés à une menace similaire.
«Une finance mondiale plus serrée limitera les investissements privés et les crédits des échanges commerciaux. La récession mondiale connaîtra une demande plus faible de l’exportation, des prix plus bas des produits de base et des flux de fonds plus faibles pour les pays pauvres, est en train de menacer les provisions du secteur social ainsi que la stabilité sociale», écrit le Bureau britannique des affaires étrangères, avant le Sommet du Groupe des 20, prévu à Londres le 2 avril.
Certains dirigeants occidentaux ont commencé par reconnaître, publiquement, l’urgence de la crise.
Douglas Alexander, secrétaire d’Etat britannique pour le Développement international, a récemment prévu que «les perspectives pour réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement sont confrontées à de graves menaces, puisque la crise économique mondiale sape les progrès dans les pays en développement et érode l’appui au sein des pays développés».
Et pourtant, l’appui au sein des pays développés, si souvent fragile, est vital. Olivier de Schutter, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, a affirmé que «la libéralisation, depuis des décennies, du commerce agricole a conduit au renforcement d’un système alimentaire mondial où les prix sont fixés par des acteurs dominants ayant un pouvoir de marché excessif, une situation qui est préjudiciable à la majorité des paysans et des pays».
Les Ape, en élargissant davantage la libéralisation du commerce agricole, renforceraient cette prédominance.
«L’idée d’un ‘terrain de jeu de niveau’, même après le retrait des mesures faussant les échanges commerciaux, est insignifiante, étant donné les différences considérables des niveaux de productivité au moins entre les pays développés et les pays en développement», a ajouté de Schutter.
«Ces différences sont le résultat de plus de 150 ans de protection planifiée dans les pays industrialisés, suivie de la libéralisation subventionnée», a-t-il reconnu, concluant la rencontre des Nations unies sur la sécurité alimentaire tenue, en janvier, à Madrid.
Maintenant, les représentants africains exigent une protection similaire, au moins pendant qu’ils affrontent la tempête.
Ips
EUROPE-AFRIQUE : Abdoulaye Wade pour une coopération plus active
Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, a appelé l’Europe à se monter « plus coopérative » avec l’Afrique, sous peine, a-t-il averti, de voir cette dernière lui tourner le dos au profit d’autres pays comme l’Amérique, la Chine et l’Inde.
« L’Europe a intérêt à apporter des changements dans ses relations avec l’Afrique, en devenant plus coopérative, sinon, dans dix ans, elle ne vendra même plus une bicyclette dans notre continent », a notamment indiqué le président Abdoulaye Wade en recevant lundi le titre de Honoris Causa de l’Université 1 de Montpellier. Dans tous les cas, « l’Afrique ne sera pas isolée », a ajouté le président de la République, soulignant que le « continent est dans un processus qui lui permet d’être dans un grand ensemble économique avec l’Amérique latine et l’Asie qui a de grands pays comme l’Inde, la Chine et l’Iran qui a même acheté la licence de Peugeot, construit les mêmes véhicules et les revend à notre pays moins chers ».
Même si « on remarque que de plus en plus nos étudiants sont formés en Amérique et en Asie », l’espoir est permis de voir l’Europe continuer à cheminer avec l’Afrique, a toutefois relevé le chef de l’Etat.
« Il y a une note positive avec la possibilité de dialogue et un partenariat pour relever les défis », a-t-il dit, non sans rappeler que « les relations entre la France et le Sénégal sont des relations appréciables, car le code communal a été voté à Saint-Louis en 1830 et que nous avons commencé à voter en 1848 déjà ». Partant de là, il a invité « la France et le Sénégal à ramer dans la même direction et bâtir un intérêt mutuel ».
Le chef de l’Etat avait, auparavant, fustigé le travail du Tribunal pénal international (Tpi) qui, selon lui, n’est intéressé que par le continent africain. Il a, en outre, invité le G-8 et le G-20 à plus de coopération avec l’Afrique, avant de rejeter, de nouveau, « le concept d’immigration choisie qui vise à sélectionner les meilleurs, ce qui constitue une fuite des cerveaux. Une chose qui n’arrange pas notre continent ».
Le chef de l’Etat était accompagné d’une forte délégation comprenant le président du Sénat Pape Diop, les ministres Moustapha Sourang (Enseignement secondaire et supérieur), Abdourahim Agne (Aménagement du territoire), Mamadou Lamine Keïta (Jeunesse et Emploi des jeunes) et le vice-président de l’Assemblée nationale, le professeur Iba Der Thiam.
AFP