Bennoo : tout ça pour ça ?
Le peuple sénégalais vient d’être, une nouvelle fois, abusé par Bennoo Siggil Senegaal. En effet, après leur percée dans certaines grandes villes lors des élections locales de 2009, la plupart des Sénégalais se sont réveillés étonnés de voir à la tête de leur commune trôner d’anciens recyclés du Ps ou de l’Afp. Alors que ces (anciens) nouveaux maires pour la plupart ont été chassés de ces communes pour incompétence et manque de vision lors des élections locales de 2002.
Aujourd’hui, le constat est là, beaucoup de ceux qui leur avaient fait confiance leur ont tourné le dos. Ceux qui restaient les plus inconditionnels ont reçu le coup de grâce avec le spectacle de mauvais goût déroulé sous leurs yeux sur la candidature unique (utopique) de Bennoo.
En effet, comment peut-on, après plusieurs mois de réunions d’élaboration, de stratégies ponctuées de plusieurs rounds de reports, se lever et dire tout de go que cette candidature unique ne constitue plus ce pourquoi une partie des Sénégalais pensaient donner un sens à leur engagement politique. On se demanderait même qu’en est-il de ces fervents défenseurs des Assises nationales qui claironnaient partout de l’émergence d’une nouvelle vision politique.
Cette double trahison a fini de discréditer ces responsables du Bennoo. Mais, est-ce qu’il ne pouvait en être autrement venant d’hommes que tout oppose et qui n’ont pas eu le courage de très tôt pendre leur responsabilité. Plutôt, ils disaient, comme chez des enfants, que si on déclare très tôt notre candidat il sera descendu par Me Wade. Motif ne pouvait pas être aussi farfelu.
Aujourd’hui le Bennoo est devenu Noonno. Mais, cet épisode honteux de notre histoire politique doit nous faire réfléchir sur la nécessité d’appréhender nos responsabilités quant au choix de celui à qui on va confier notre destinée. Le Sénégal n’est pas ce bateau en dérive que l’on veut nous faire croire. Il n’a pas besoin de ces vendeurs d’illusions, ceux-là qui croient qu’ils sont prédestinés à diriger ce pays. De cette élite qui passe la majeure partie de son temps à l’étranger et n’attend que les échéances électorales en croyant naïvement que le candidat à la présidence est un produit qu’il faut lentement vendre aux Sénégalais.
Le Sénégal n’a pas non plus besoin de ces frustrés. Ceux-là qui ne fondent leurs engagements que sur la déception et la haine, conséquence de leur incapacité à dépasser et à surmonter leur échec dans le cadre de leur parcours politique.
Le Sénégal a besoin d’un capitaine ayant une grande expérience, crédible et suffisamment conscient des enjeux d’un monde qui est actuellement sujet à de multiples crises. La réalité est que cet homme est incarné par le Président Wade.
Pape FALL, Prof de Math, militant Pds à Golf-Sud
La politique des revenus au Sénégal : réflexions sur la politique d’emploi
A l’ère du 21e siècle, les pays qui seront compétitifs sont ceux qui seraient capables d’offrir des salaires élevés nécessaires à l’accroissement du niveau de vie de leurs populations. Les pays qui connaîtront alors une régression économique seront ceux qui offriront des salaires faibles voire médiocres. De fait, la politique d’emploi doit être une priorité pour tout gouvernement qui a pour ambition de gagner des parts de marché au niveau international. La politique de rémunération des salariés doit être, par conséquent, efficace et assurer une certaine marge de sécurité aux travailleurs et cadres de la nation.
Cependant, il est à noter que la rémunération brute d’un salarié est constituée, en plus du salaire net, d’un ensemble de prélèvements obligatoires ou facultatifs au profit des administrations publiques ou des organismes sociaux. L’impôt et la cotisation sociale constituent alors deux poids d’une même balance. En cas de crise ou de récession économique, si la cotisation sociale ne fonctionne pas bien, on augmente la fiscalité pour financer le problème. Or, cela ne fait que modifier le phénomène. Tout ceci peut jouer négativement sur la compétitivité d’un pays donné.
Le Sénégal, en tout cas, semble afficher une situation inquiétante et très injuste car, en plus de l’impôt général sur le revenu retenu pour le compte de l’Etat, l’employeur supporte des charges sociales constituant une contribution de sa part aux prestations familiales, aux prestations à court et long termes ainsi qu’à la formation professionnelle.
Nos cadres se sentent surimposés au regard de la liquidation de l’impôt (au niveau de la déduction des charges) ou de son recouvrement (par voie de rôle). En effet, n’étant pas maître de leurs déclarations fiscales, ils n’ont pas la possibilité de déduire les frais engagés pour les besoins de leur travail (transport, soins, nourriture). Autres inconvénients, ils sont prélevés à la source. Or, les prélèvements à la source sont contraires à l’effet psychologique de l’impôt. Cette pratique permet à l’Etat de réduire sa tâche dans la collecte des impôts. C’est donc un outil de simplification du travail que devait effectuer l’administration fiscale. Mais, ce type de prélèvement n’agit pas sur la psychologie du contribuable puisqu’il permet une suppression du décalage entre la création du revenu et le prélèvement fiscal.
Notre étude a montré qu’un cadre sénégalais (sans ménage) qui gagne annuellement un salaire 8 000 000 FCFA, paie 28,87 % de l’IR de son salaire brut. Ce taux est de 31,5 % pour un salaire annuel de 12 000 000 FCFA. Au regard de ce barème de l’IR composé de dix tranches, les revenus semblent être très concentrés surtout au niveau de la septième tranche. Un cadre ayant un revenu situé dans cette tranche est fortement imposé par rapport aux autres. Par exemple : un revenu compris dans la septième tranche paie un droit progressif annuel de 1 438 499,65 FCfa (119 874,9708/ mois) alors que le cumul des six premières tranches totalisent un impôt progressif annuel de 796 298,8 FCfa.
Conséquemment, cet autre cadre qui gagne 300 000 FCfa/mois, paie plus de 20,43 % de son salaire à l’Etat alors qu’il est de 26,71 % pour un salaire mensuel de 600 000 FCfa. Les revenus annuels compris entre 3.500.000 FCfa et 7 600 000 FCfa sont imposés au taux progressif de 35 %. Ce taux correspond au taux maximum de la Tunisie alors que le Maroc applique un taux marginal de 38 % (passant de 52 % en 1990 à 38 % en 2010).
Au Sénégal, nous remarquons encore que les taux augmentent faiblement avec des différences de 2 à 3 points jusqu’à la septième tranche où ils augmentent brusquement avec une différence de 5 à 15 points. Par contre, en Tunisie, les taux augmentent avec des différences de 5 points et les tranches sont aérées. Ainsi, avec un taux marginal d’IR de 50 %, le Sénégal apparait comme le pays le moins compétitif, comparé à certains pays comme la Tunisie (35 %) et le Maroc (38 %). De même, le passage d’un seuil minimal exonéré au seuil maximal fait apparaître un écart entre les deux seuils (21 fois). Cet écart dépasse 33 fois celui de la Tunisie, 23 fois la Turquie et 6 fois celui du Maroc ; c’est-à-dire qu’il faut multiplier le barème d’imposition de la Tunisie par 33 fois pour être imposé au Sénégal. Ce qui remet ainsi en cause l’équité et l’efficacité de notre fiscalité.
L’Etat sénégalais doit ainsi revoir la concentration de la septième tranche du barème de l’IR pour la recherche d’une fiscalité équitable, rentable et efficace. En effet, notre étude montre que plus de 80 % des revenus sont imposés dans cette maudite tranche. La suppression de certaines tranches (de 10 à 5) et la réduction du taux marginal à 38 % permettrait à l’Etat de lutter contre le chômage, d’élargir la base imposable et d’encourager le pouvoir d’achat des travailleurs. De même, le législateur doit mettre l’accent aussi sur les revenus des professions libérales (Avocats, pharmaciens, médecins) pour une meilleure justice fiscale. En effet, cette discrimination qui existe entre les cadres et professions libérales peut sérieusement grever les recettes de l’IR. D’ailleurs, les statistiques ont montré que la part de l’IR dans les recettes fiscales est passée de 11,9 % à 13,9 % entre 2003 et 2008 (Dpee, 2009). Cette faible augmentation de 2 points est due à l’étroitesse de la base imposable, car beaucoup de contribuables (les professions libérales) échappent à l’impôt alors que les salariés subissent des retenus à la source. Tout ceci peut avoir des effets très néfastes sur la compétitivité de l’économie sénégalaise, puisque la loi permet à certains contribuables de tricher ou d’échapper à l’impôt alors que d’autres non. Les professions libérales doivent aussi s’acquitter de l’impôt sur leurs plaques publicitaires.
Enfin, il faut reconnaître que la politique des salaires est toujours liée à l’impôt payé par l’entreprise (Is). Ceci étant, la baisse de l’Is (25 %) décidée par le Conseil présidentiel de l’Investissement en 2006, devait être combinée avec la baisse de l’IR, pour des raisons de neutralité fiscale. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle dans notre étude, nous avons assimilé cette mesure à une fausse incitation fiscale à l’investissement. A priori, il est donc insensé voire incongru d’étudier sa corrélation avec l’investissement puisque l’expérience a toujours montré que, dans une économie ouverte, tournée vers l’extérieur, les entreprises ont l’habitude de transférer le montant partiel ou intégral de l’impôt sur les sociétés vers les salariés (Hasset et Mathur (2006), Dessai Foley et Hines (2007), Moore et Kasten (2000)). De même, les entreprises disposent toujours de certaines techniques (déductions fiscales) qui leur permettent de minorer le montant de l’impôt dû. Dans ces conditions, la baisse du taux d’impôt sur le revenu doit être une priorité pour l’Etat du Sénégal, car plus le taux d’IR est élevé, plus la charge du salaire brut supportée par l’entreprise est importante, plus les salariés qualifiés sont défavorisés, et plus la compétitivité des industries sénégalaises est menacée.
Face à l’inquiétante chronicité du chômage, l’Etat du Sénégal doit envisager à l’avenir, le renforcement de sa politique d’emploi à travers, entre autres, la création de primes de remboursement sous forme de salaire mensuel versé à toute entreprise qui recrute un jeune diplômé ou cadre ayant chômé plus de douze mois par exemple.
Samba Bambado GUISSE, Doctorant en 3ème année à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah (Maroc- Fès) Laboratoire de recherche en Management, Finances et Economie Sociale : E-mail : sambaguiss@yahoo.fr Tel : 773309620
Pour que meure le franc Cfa !
Il y a bien le proverbe Ouolof qui dit kuy nanngou gnou dila diri, doo taamou fouça ndong didal autrement dit ‘si on accepte de se faire trainer par le collet, on ne choisit pas l'endroit où on cogne sa nuque’.Autrement dit, qu'est ce qu'il y aura de surprenant à ce que l’Europe, la France procède à une dévaluation du Cfa d’une monnaie dont elle assure la garantie.Si cette même France est présentement étranglée pour ne pas dire asphyxié par la morosité économique faite de dettes et de déficits difficiles à maitriser, elle ne va pas continuer à supporter indéfiniment le poids que représentent des économies aux performances hypothétiques et aléatoires comme les nôtres pour les beaux yeux d’on ne sait qui.Quand, de surcroit, on sait que les pays n’ont pas d’amis mais uniquement des intérêts, les questions qui devaient être posées et les seules sont celles-ci :
1) -Comment peut on comprendre avoir réclamé l’indépendance et ensuite aller quémander un quelconque parapluie (militaire et financier notamment) à l’ancienne puissance coloniale ?
2) -A quoi sert donc d’avoir réclamé l’indépendance et de la commémorer chaque fois pendant que les liens structurels de dépendance et de soumission par rapport à l’ancienne métropole demeurent intacts ?
Et le plus cocasse c’est que ce n’est pas seulement en Afrique que la France a compté des colonies. Comment se fait-il que les anciennes possessions françaises d’Asie aient choisi de donner un contenu entier à leur indépendance alors que celles d’Afrique courent encore derrière la France ? Ce qui conforte l’assertion de certains analystes pour qui la France - forte de cette sollicitude - se croit être une puissance africaine, ce qui l’autorise à se comporter comme en pays conquis donc à faire du n’importe quoi en Afrique. Les exemples de l’ile de Mayotte, de la Côte d’ivoire et de la Libye sont assez parlant à cet égard.Et cette outrecuidance française résulte du seul fait de l’allégeance que lui vouent des élites lui étant totalement dévouées et prêtes à toutes les compromissions pour s’éterniser au pouvoir.Ces individus ne peuvent, dès lors, pas reconnaitre que battre une monnaie (nationale ou régionale non dépendante du Trésor français) aurait une double signification : politique et économique.En effet, battre une monnaie nationale, régionale, charrie une signification politiqué car il est l’affirmation d’une souveraineté, d’une volonté de prise en main de son propre destin.Battre une monnaie nationale, régionale charrie une signification économique car la monnaie est aussi un facteur de stimulation économique donc de soutien à la créativité et à la productivité.
Un exemple : rappelez-vous lors de la campagne agricole qui a suivi la Goana. Les bonnes performances dans la production arachidière devraient permettre aux paysans d’engranger des revenus exceptionnels mais la plus grande part de la récolte leur est restée sous les bras. Car l’Etat, limité par le corset du Cfa, n’a pas pu réunir des ressources pour leur acheter la production. Alors que, dans le cadre d’une monnaie nationale, l’Etat aurait recours - sil le faut - à la planche à billets pour acquérir les excédents de production.
Depuis cinquante ans, le Cfa n’a servi qu’à hypothéquer notre souveraineté (de même d’ailleurs que les bases militaires) qu’à nous nous enfoncer dans l’économie mondiale, qu’à financer nos besoins d’une consommation extravertie mais jamais à bâtir de vraies économies de création et de production, des économies de performances et de compétitivité.
Que meure donc le Cfa !
Que vive la monnaie régionale !
Mamadou NDIAYE Serigne Bada, mnsb1951@gmail.com
La danse des guignols au bal des seigneurs - Réflexions autour des candidatures aux présidentielles de 2012
Qui pour diriger le Sénégal en 2012? La liste des candidats est longue. Des profils d'espoir et de rêve aux candidats du chaos et de la confusion. Tout le monde s'y met. L'enjeu est à la mesure du réveil des fibres patriotiques les plus solides d'une part, et des ambitions les plus démoniaques d'autre part. Chacun y va avec ses prétentions. Mais le tout est, comme s'interroge la malienne Aminata Traoré (L'Afrique humiliée, fayard, 2008), « de savoir si nos hommes politiques, qui ne se passionnent que pour la conquête du pouvoir, sont capables et désireux de ne pas prendre l'ombre pour la proie ».
2012, un tournant dans notre histoire politique. Que faire donc? Être en veille, s'impliquer et prendre part. C'est le devoir de tout citoyen quelles que soient ses convictions, sa dimension, sa position géographique. C'est parce que nous sommes là que nous devons témoigner et témoigner c'est aussi dire à l'instar de Mme Traoré : « Pour ma part, je suis inépuisable parce que je sais que nous devons être un certain nombre à rester ici, les pieds solidement ancrés dans les valeurs de société qui ne se voient pas... ». Témoigner c'est agir comme le vrai sage qui « avertit de l'imminence du désastre pour l'empêcher d'avoir lieu », tel l'écrit Boubacar Boris Diop (Les petits de la guenon, Philippe Rey, 2009).
C'est seulement dans ce sens que la déclaration du chanteur Youssou Ndour « Je vais me libérer à partir du 2 janvier pour entrer dans l'arène politique » revêt tout son sens. Là, il prend un risque pour ses idées et « un homme qui ne sait pas se battre pour ses idées ne devrait pas avoir droit à la parole » pour reprendre le grand écrivain sénégalais B.B. Diop. Nul ne doit être en reste parce que le Sénégal ne peut ni rater ce virage, ni manquer ce rendez-vous avec l'histoire. Tous dans l'arène politique? Oui. Autrement la politique nous met dans le trou du désespoir et nous boute hors du temps et de l'histoire. Mais pas pour briguer tous, en même temps, le suffrage universel. Pour 2012, il y' a déjà suffisamment de guignols qui se prennent au sérieux pour en rajouter, tout comme il y' a suffisamment de ''bons candidats'' pour rallonger confusément la liste.
De toute évidence, nul ne peut dénier à des leaders d'opinion et dignes fils du Sénégal comme Youssou Ndour le mérite et la légitimité de solliciter la confiance de ses compatriotes pour présider à leur destin. Et le chanteur a sans doute raison de s'interroger en ces termes « dans quelle université on apprend à être chef de quartier, ministre ou président? » anticipant ainsi les attaques sur son curriculum vitae au cas où il se risquerait à esquisser des pas de danse au bal des seigneurs. Au regard du contexte, il gagnerait davantage à descendre dans l'arène politique pour aider ses compatriotes à se mobiliser, à s'assumer, à s'engager, à ouvrir les yeux sur les guignols, les tartuffes et les vendeurs de rêve, et à opérer le choix intelligent de l'homme de la situation et du meilleur programme pour l'avenir. L'engagement du chanteur, et surtout de l'homme d'action, doit être de faire prendre conscience à son peuple, comme Nguirane Faye à son petit fils Badou dans les petits de la guenon de Boris Diop, en lui montrant que « Mon devoir est de te protéger du Malin. Je ne t'impose rien... Le Malin profite du chaos pour repartir à la chasse et plus personne n'a envie d'entendre les balivernes de l'Emerveilleur ». Mais Youssou Ndour reste seul maître de ses options. Et à ce niveau, beaucoup se trompent d'engagement. Si tout sénégalais qui est fier de son parcours se sent les ailes pour voler vers le palais, il en restera une infime minorité suffisamment assailli par des prétentions et balivernes de toutes sortes pour savoir identifier le meilleur hôte pour le palais.
Pour 2012, il n'y a que trois perspectives sérieuses. Tout le reste n'est que confusion, imposture, témérité, marketing et positionnement. Il n'y a que l'opposition classique, la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances, et la troisième voie ou celle de l'alliance vertueuse. Tout le reste n'est que chimère, divertissement et, pire encore, insulte à l'intelligence des sénégalais.
Une perspective est celle de l'opposition classique autour de Benno siggil Sénégal notamment. Sa légitimité est dans la diversité des partis qui la constituent, dans l'expérience de la gestion du pouvoir avec ses avantages et inconvénients, dans les figures historiques qui la composent, et dans le long combat politique de nombre de ses dirigeants. Amadou Moctar Mbow, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Maguette Thiam et j'en passe. Mais tous ne sont pas candidats. Fort heureusement! La crédibilité de cette opposition sera dans sa capacité de proposer un nom et un programme de gouvernance inspiré des conclusions des assises nationales. Ce qui semble peu probable parce que benno est rattrapé par les dissensions du passé dans les rapports opposant certains de ses leaders. Et pourtant, que ne ferait l'affaire un Tanor plébiscité candidat de cette coalition et soutenu par Niasse avec son capital d'expérience et ses moyens financiers! Ce dernier pourrait merveilleusement se tirer d'affaire et se remettre au service de son peuple comme futur premier ministre ou président de l'assemblée nationale. Niasse, n'a plus vraiment rien n’à prouver aux sénégalais sauf de les servir davantage. Son soutien à Tanor serait donc de taille et son retrait de la course à la mesure de sa grandeur. Les négociations en cours au sommet de benno, frisant le ridicule au risque de la discorde, ne sont donc que pur perte de temps pour la coalition et, au final, facteur d'échec pour tous ceux qui la soutiennent. La commission de facilitation risque de se rendre à l'évidence : constater deux ambitions en conflit. Niasse et Tanor seront-ils à la hauteur des attentes? Seront-ils mériter l'acte d'hommes comme Abdoulaye Bathily, Maguette Thiam et autres se retirant de la course en leur faveur? Seront-ils finalement capables de mettre l'intérêt suprême du Sénégal au delà de toute autre considération? Seront-ils capables de ne pas confondre l'ombre et la proie? A voir...
Une autre perspective est celle de la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances. Ils sont au pouvoir depuis 12 ans et sont par conséquent comptables du bilan qu'ils devront défendre pour être sanctionnées positivement ou négativement. N'en déplaise à Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio ou Aminata Tall, nous les plaçons dans cette mouvance. Tous, tant qu'ils sont, ont un long vécu avec Wade et un bilan à assumer. Trois candidats en sortiront au moins: Idrissa Seck avec Rewmi, Macky Sall avec l'APR et le candidat du PDS avec ses alliés. Idrissa Seck, résolument décidé à être le quatrième président du Sénégal, est parfaitement conscient de l'avantage qu'il pourrait tirer du discrédit de Macky Sall. D'où les raisons, sous prétexte des 7 milliards de Taïwan, des hostilités ouvertes à l'encontre de ce dernier qui se positionne lentement, mais sûrement, parmi ses anciens camarades, au sein de la diaspora et auprès des indécis. Dès son divorce avec Wade, Macky a, contrairement à la stratégie de Idy à ses heures, adopté une posture de rupture évidente et s'y est tenu avec constance. En outre, hormis celle de maître Wade, toute autre candidature du PDS risque de faire voler en éclat ce qui reste de l'alliance au pouvoir. On voit bien la difficulté du président de lâcher le morceau pour se conformer à la constitution. Mais le respect de la constitution doit être un impératif catégorique. Ses meilleurs dauphins sont devenus ses pires adversaires. Personne pour assurer sûrement la relève. Mais la voie de Souleymane Ndéné Ndiaye n'est pas à négliger. Trois anciens premiers ministres dans une même compétition pour représenter, bon gré mal gré, une seule mouvance et succéder au maître. Qui dit mieux? Les sénégalais auront-ils la mémoire? Le meilleur de cette mouvance sera t-il un simple succédané de Wade en cas de victoire ou une vraie révélation? Le meilleur est devant nous…
Enfin la dernière perspective après celle de l'opposition classique et du pouvoir en place est celle de la troisième voie. La voie des candidats indépendants et de quelques leaders politiques comme Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mamadou Lamine Diallo ou Mbaye Niang, qu'ils se réclament de benno ou non. Cette voie regroupe des leaders d'opinion d'une bonne crédibilité à l'image de Mansour Sy Djamil, Mansour Ndiaye, etc. des technico-politiques de haute facture comme Ibrahima Fall, Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, etc. et des militants de la société civile comme Amsatou Sow Sidibé, Moubarak Lô, etc. Dans le cadre d'une alliance patriotique autour d'un pacte éthique, cette voie pourrait très fortement créer la surprise. Une personnalité se dégage : Ibrahima Fall. L'homme est réputé honnête, compétent, expérimenté. Qui dit mieux? Nul ne doute de sa capacité à présider convenablement aux destinés du Sénégal. Son parcours en offre l'argument le plus éloquent. Un handicap cependant. Il ne serait pas connu de la jeune génération. Mais que serait ce handicap avec le soutien de Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mansour Ndiaye, Mansour Sy Djiamil, Mbaye Niang, etc.? Des hommes d'action, une alliance éthique. Que serait ce handicap avec le soutien de Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, Arona Ndoffène Diouf, Moubarak Lô, Amsatou Sow Sidibé? Des hommes et femmes d'expérience et de compétence, une alliance vertueuse. Tous, portés vers l'avenir, autour d'un programme qui plébiscite non pas un homme, mais une voie pour l'espoir, autour d'un pacte vertueux qui permet à chacun selon ses compétentes de se retrouver à la place convenable pour, pendant cinq ans, servir le Sénégal au mieux. Une alliance patriotique avec un seul vainqueur, la nation. Et autant de victorieux que de contractants. Les anciens qui s'engagent pour la gravité de l'heure atteindront leur objectif. Et les plus jeunes pourront davantage affûter leurs armes pour l'avenir. Qui dit mieux? Ces hommes et femmes, d'une capacité d'indignation et d'engagement certaine, seront-ils capables de s'élever au dessus de leur propre personne pour penser l'émergence et agir pour le Sénégal. Isolés, la plupart tomberont ridiculement dans le piège du loup qui, comme le dit le prophète de l'islam, ne dévore du bétail que la brebis égarée.
2012, un peu de politique fiction s'il vous plaît ! Imaginons, au soir du 31 décembre 2011, le Président de la République annoncer solennellement se retirer de la course présidentielle et se porter garant d'un scrutin qui fera triompher le meilleur aux yeux du peuple. Le monde applaudit, le Sénégal aussi, fier de son président qui sort, comme il est rentré, par la grande porte. Imaginons à partir de cet instant une campagne électorale opposant principalement Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall, Ibrahima Fall, Idrissa Seck et Souleymane Ndéné Ndiaye ou Djibo Leyti Kâ. Chacun soutenu par des hommes et des femmes aussi méritants, mais cédant la place pour l'intérêt collectif. Voilà une confrontation digne. Idées contre idées. Programme contre programme. Ambition contre ambition pour le Sénégal. Si des leaders d'opinion comme Youssou Ndour, Bara Tall, Abdoulatif Coulibaly, le M23, le groupe Y'en a marre et bien d'autres jouent convenablement leur partition, aucun de ces candidats, s'il remportait le suffrage, n'oserait prendre le Sénégal pour otage et ne se permettrait non plus de développer la logique de l'accaparement pire fléau contre le développement de nos pays. Le bouclier du peuple sera au rendez-vous, renforcé par une maturité démocratique qui décourage les usurpateurs.
En tout état de cause, la vigilance du peuple est requise. L'homme qui doit succéder à Wade ne peut être choisi avec légèreté. Il doit être un homme d'une expérience éloquente, d'une compétence avérée, d'une moralité rigoureuse et d'une honnêteté au dessus de tout soupçon. Il doit être un homme de transition, donc élu sur un engagement fort, un pacte avec le peuple, pour un seul mandat autour d'axes forts déclinant un programme ambitieux, réaliste, clairement mesurable et largement inspiré des conclusions des assises nationales; un programme qui ne peut occulter la question de l'éducation, de l'énergie, de l'emploi, de la création d'activités et de l'investissement.
Ni rêveur, ni vendeur de rêves, encore moins émerveilleur ou guignol qui cherche un nom en venant perturber le fameux bal des seigneurs.
Saliou DRAME
saliou.drame@gmail.com
Auteur de Le musulman sénégalais face à l’appartenance confrérique, Paris, L’Harmattan, 2011.
Au nom du changement, du vrai
Si on veut réellement mettre fin au régime libéral, l’urgence et la noblesse de cette mission doivent nous inviter à une prise de conscience libératrice et à une objectivité courageuse au nom de notre cher Sénégal. Le Sénégal ne peut plus attendre et on ne peut plus se bercer d’illusions. Nous le savons tous, le régime libéral avec sa gestion catastrophique est à bout de souffle.
Par des pans entiers, notre économie, nos institutions, nos industries, nos valeurs culturelles et cultuelles s’effondrent. Au moment où des fils de baron du régime libéral dérobent des millions et se la coulent douce à Dakar, des innocents tombent sous les balles à Diagnon. Au moment où Karim Wade inaugure le tronçon de la «trouée» (plus de 2 milliards pour 0,9 km de route), la banlieue patauge dans les eaux immondes des inondations. Au moment où son père offre au «lion» de Guédiawaye des millions, le Lycée Limamoulaye dresse ses tentes pour accueillir ses élèves. Au moment au Sindiély Wade gaspille des milliards pour une festivité folklorique, des bébés meurent à Ziguinchor faute de groupe électrogène.
Autant de décalages qui attestent que l’approche libérale de Wade, si l’on peut qualifier ainsi sa politique, ne se limite pas au laisser-faire sans savoir-faire, au culte de l’argent. Elle est aussi mal gouvernance, mauvaise gestion des deniers publics, accaparement des terres, corruption et malversation : de l’avoir, rien que de l’argent.
Heureusement que la crise économique mondiale que nous traversons nous rappelle que l’avoir ne peut se concevoir sans l’être et son développement. Le profit ne peut être accepté que s’il est orienté vers le «développement de l’Homme chez tous les hommes», pour reprendre Senghor. Cette tautologie est en soi possible, car elle est encore portée par quelques hommes politiques au Sénégal. C’est une aubaine qui se dessine et qui est fort malheureusement ignorée par une certaine force politique qui excelle dans l’immobilisme.
Face aux souffrances sociales, il y a donc plusieurs attitudes possibles. Certains vont se résigner et dire qu’il y a eu et qu’il y aura toujours de l’injustice au Sénégal. D’autres vont dire que notre société peut être organisée autrement afin qu’elle soit plus juste et plus humaine. C’est cette attitude que le Parti socialiste a toujours défendue.
Aujourd’hui, nombreux sont les pères de famille qui, soit dit en passant, n’emprunteront jamais la Corniche la plus belle mais aussi la plus coûteuse de l’Afrique de l’ouest, et qui sont nostalgiques de l’époque où le kg du riz ne coûtait pas 300 francs Cfa. Plus de justice sociale, c’est donc possible. Il suffit de diminuer le budget du Palais, celui de Karim Wade, de diminuer le nombre de ministres et d’ambassades pour subventionner les denrées de première nécessité. Car qu’on le veuille ou non, la politique n’est pas seulement un métier. C’est également des valeurs et des convictions fortes. Il s’agit d’aller vers l’idéal tout en comprenant le réel pour reprendre Jaurès. Et cet idéal qui place le Sénégalais au centre de toute action est la marque de fabrique du Parti socialiste.
Le régime libéral a certes, pendant ces 11 années, réalisé des infrastructures. Mais toutes ces réalisations reposent sur des malversations avérées qui accentuent les inégalités sociales au Sénégal. Aujourd’hui, les trois repas quotidiens sont devenus un luxe à la seule portée de quelques privilégiés. C’est cela le libéralisme sous toutes ses déclinaisons, qu’il soit rewmiste ou apériste. Des «responsables» qui, de malversation en malversation, sont devenus subitement milliardaires.
La justice sociale que nous prônons, nous Socialistes, s’adresse aux goorgoorlus, aux Sénégalais qui travaillent dur pour joindre les deux bouts, ceux qui pataugent dans les inondations, ceux qui s’entassent dans les cars rapides et qui suffoquent dans les embouteillages pour regagner la banlieue de Dakar. Il est de notre devoir, nous Socialistes, au moment où les Sénégalais sont appelés à faire un choix important et historique, de leur rappeler nos valeurs. Il est de notre devoir de rappeler aux Sénégalais que quand nous quittions le pouvoir en 2000, le prix du kilo de riz était à 250 francs Cfa. Aujourd’hui il est à 400 francs Cfa. Le litre d‘huile est passé de 450 à 1 250 francs Cfa. Toutes les denrées de première nécessité ont connu une terrible augmentation. Oui, il est de notre devoir de rappeler que la justice sociale que nous véhiculons régulait le prix de ces denrées.
Il est de notre devoir de rappeler qu’au-delà de ces valeurs de justice sociale et d’égalité des chances, notre parti a réussi sa mutation et s’est débarrassé de ses feuilles mortes sans conviction. Car nous sommes conscients que désormais, rien ne sera plus comme avant.
Il est de notre devoir de rappeler que le Parti socialiste est le seul parti qui n’a aucune responsabilité dans le bilan catastrophique du régime libéral. Toutes les forces politiques qui sollicitent le suffrage des Sénégalais sont d’une manière ou d’une autre comptables de la déstructuration de notre Etat de droit.
Il ne serait donc pas compréhensible, ni historiquement justifiable, je l’avais dit en 2007, je le répète aujourd‘hui, que le Parti socialiste soit absent à la prochaine élection présidentielle.
Oui, le Parti socialiste nouveau avec son identité, ses valeurs, son histoire et son capital en ressources humaines, riche de son expérience de parti au pouvoir puis à l’opposition, doit être la locomotive de Bennoo.
Ayons le courage de l’objectivité. Ne serait-ce que par principe de démocratie, le candidat du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, adossé au programme des Assises nationales pour une perspective de gouvernance améliorée, a le meilleur profil pour incarner la candidature de l’unité et du rassemblement pour une alternative socio-démocratique en 2012.
Lamine DIOUCK - Agora des Socialistes Sénégalais de France