l’apologie de violence
Sénégal : La liberté d’expression encore sinistrée !
‘La dictature, c’est ‘ferme ta gueule’ ; la démocratie ‘cause toujours’’.
C’est avec le cœur gros et bourré de profonde tristesse que nous avons appris l’agression sauvage perpétrée contre le groupe de presse Wal Fadjri (Radios et Télévision, Quotidiens). Ne cherchons pas de midi à quatorze heures : les auteurs de ces barbaries ne sont personne d’autre qu’une bande de soi-disant talibés missionnés par le demi-frère de Serigne Modou Kara, Mame Thierno Birahim. Certaines informations ne souffrant d’aucun doute révèlent que Mame Thierno a même pris part à cette furie digne des pourfendeurs de Carthage. Je dis et je redis que ces actes de vandalisme n’honorent pas le mouridisme auquel je m’identifie et par-delà, l’Islam. Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, ce Serviteur le plus fidèle du Prophète Mouhamad, n’a jamais voulu faire l’apologie de violence, toute sa vie durant. Les nombreuses acrobaties qui ont marqué sa vie prouvent par mille qu’il était un ami de la paix et du dialogue. Aux talibés venus solliciter des prières, il avait coutume de dire : ’Faut jamais vaincre l’adversaire, il faut le convaincre’.
Serigne Modou Kara et Mame Thierno, faut-il le souligner, sont tous fils de Seydina Cheikh Ousmane Mbacké Noreyni, lui-même fils de Mame Thierno Birahim Mbacké. Ce dernier partage le même père que Serigne Touba ; tout comme Mame Cheikh Anta Mbacké et Cheikh Masamba Mbacké. Borom Darou était un homme de Dieu, un pur produit de l’Islam véritable. Son apport pour le rayonnement du mouridisme est certain. Il était l’homme de confiance du Cheikh. Lors de son fameux exil gabonais (1895), c’est à lui que le fondateur du mouridisme avait confié toute la famille et les talibés. Ce qui lui a valu ce surnom de ‘le Lieutenant de Bamba’. Savez-vous que c’est le fondeur de Darou Mouhty qui a éduqué, façonné certaines figures de proue de la voie mouride comme Cheikh Moustapha Mbacké et Serigne Fallou Mbacké. Donc pactiser avec de tels actes répréhensibles équivaut, de toute évidence, à marcher hors des sillons tracés par ce soldat infatigable de l’Islam. Qu’ils reviennent donc à la raison ! Qu’ils cessent de parler avec le cœur !
La liberté d’expression doit être, à mon sens, un élément essentiel de la confiture ‘Démocratie’. C’est un moyen sûr de combattre la terreur. Elle est un signe d’un peuple libre. Hélas ! Elle reste harcelée, sinistrée depuis la survenue de l’Alternance dans notre pays : que de gens des médias sont embastillés, agressés, que de sièges de journaux mis à sac, que de marches réprimées. Et depuis, des auteurs et autres commanditaires sont tranquillisés parce que scotchés à leurs fauteuils si lambrissés. Sacré Sénégal !
Cependant, force est de reconnaître que notre profession comporte des brebis galeuses comme du reste, dans toute profession de ce monde. C’est pourquoi, j’invite tous mes confrères à traiter la question religieuse avec diplomatie et révérence. Ne nions pas l’évidence ! Le Sénégal connaît de ces personnes qui ont farouchement lutté pour sauver l’Islam des bottes du mécréant (Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick, Mame Limamou Laye, Cheikh Al Islam dit Baye Niass…). Nous croyons que leurs descendants méritent respect et adoration. A eux, nous demandons aussi d’être à l’écart de la chose politique pour garder intact l’héritage. Disons-le sans mettre de gants : il est impossible de flirter avec ce métier bien à mode au Sénégal sans recevoir de coups. Ne dit-on pas que ’la politique est tellement sale qu’on ne peut pas s’y mettre sans se salir.’
Levons-nous pour que notre pays ne bascule pas dans l’obscurantisme, dans les trappes insondables d’un naufrage collectif !
Ibrahima NGOM Damel Journaliste-écrivain Tel : 77 728 40 52