Le Président qui méprise sa presse
Depuis la survenue de l’Alter nan ce, le Président Abdoulaye Wade af fir me de façon récurrente ne pas être au courant de certaines difficultés auxquelles sont confrontés les Sénégalais. Les exemples sont florès et le dernier en date est la grève des travailleurs de la société de trans port dakaroise Dakar dem dikk. Cette ignorance assumée et publiquement revendiquée est plus que grave. Ayant en main le destin de douze millions de ses concito yens, le Président Wade devrait donner une explication responsable, au lieu de chercher des alibis qui n’honorent absolument pas sa fonction.
Il y a de quoi s’inquiéter lorsqu’un président de la République dit régulièrement ne pas être informé des problèmes du pays.
En principe, il dispose de nom breux canaux pour s’informer : le Premier ministre, les ministres, les conseillers, les chargés de mission, les services spéciaux et la presse qui le tiennent au courant de la marche du pays et des événements économiques, sociaux et culturels. Les relais officiels peuvent être défail lants, l’empêchant ainsi d’accéder à la bonne information mais pas la presse qui rend compte quotidiennement en long et en large les événements qui secouent notre Nation.
Pendant une semaine, la presse sé négalaise a largement couvert a vant, pendant et après dans ses co lonnes, sur les ondes et le petit é cran toutes les péripéties relatives à cette grève que les Dakarois ont vé cu avec beaucoup de courage, mal gré les désagréments et les souffrances y afférents.
Le Président Wade qui fustige à la moindre occasion la presse sénégalaise, avoue explicitement le mépris qu’il a envers les journalistes de no tre pays. Sinon, comment comprendre qu’il ignore les faits aussi importants comme les coupures intempestives d’électricité ou les grèves répétitives dans différents secteurs relatés dans la presse. Si le Président avait jeté, même furtivement, durant la semaine écoulée, un coup d’œil sur les différents journaux, écouté un journal parlé ou regardé un journal télévisé il aurait su que les Dakarois ont galéré pour vaquer à leurs occupations.
Ne lisant pas la presse sénégalaise, le Président Wade se prive d’un moyen essentiel pour son information. Les courtisans ne lui disant que ce qu’il a envie d’entendre.
Comme il aime à se comparer aux grands de ce monde, il faut qu’il sache que ceux-là commencent la journée par la lecture, ne serait ce que des titres, avant de recevoir la synthèse des conseillers en communication, des quotidiens de leurs pays respectifs.
C’est vraiment ahurissant de voir un chef d’Etat dire publiquement qu’il ne lit pas la presse de son pays.
Se considérant comme grand intellectuel et homme de son temps, le Président Wade devrait faire sienne la pensée de Hegel : «La lecture du journal est la prière quotidienne de l’homme moderne.»
Kalidou Mamadou BOUSSO / kbousso@yahoo.fr