la presse à scandale sans scandale’
Observons juste ensemble, chers confrères !
Un débat passionnant et régulier autour d’une profession est certainement un signe de dynamisme de celle-ci. Nous le constatons souvent pour ce qui est de la presse au Sénégal. Mais une certaine façon de faire peut pousser parfois à se poser des questions sur les motivations des uns et des autres.
L’observatoire de l’information et des médias (limedia), une structure sénégalaise qui ’informe sur l’information et parle de la presse à scandale sans scandale’, a une façon à mon avis bizarre de poser le débat. Ses animateurs souvent remettent en cause les initiatives des confrères et leur travail. Mais aussi les attaquent sur le terrain de leur crédibilité. Les provocations de trop ne peuvent pas assurer un débat constructif. Les gens risquent de ne pas répondre à la provocation !
Dans une contribution intitulée : ’Le Cored serait-il mal parti ?’, l’administrateur de l’observatoire constatait que ‘nous n’échapperons pas à la censure, à la banalisation et à la diabolisation…’. Et pourtant, c’est dans cette même presse attaquée que nous lisons ses contributions. Par ailleurs, après lecture de cette contribution, la réponse est que le Cored risque de mourir parce que deux responsables de presse n’adhérent pas à la structure et que son président est Abdou Latif Coulibaly. Voilà une façon très subjective de voir les choses. En fait, l’auteur de la contribution M. Sadikh Diop, reconnaît qu’il existe plusieurs types de système de régulation comme celui mixte où le citoyen a la possibilité de saisir l’institution judiciaire ou l’institution d’autorégulation et c’est le cas du Sénégal. Donc où est le problème ?
Le problème de cet observatoire ou de M. Sadikh Diop, ce dernier l’a rappelé encore dans une contribution publiée récemment dans les colonnes du Soleil, c’est que ’les journalistes pensent que seuls les hommes des médias peuvent analyser le travail des médias’. M. Diop nous donne ici encore la réponse : ’Cette assertion trouve sa source dans les débuts de la profession quand celle-ci était encore très fragile et subissait des menaces de toutes sortes’. Disons qu’aujourd’hui encore, cette profession est fragile et elle fait face à des menaces. Des menaces à l’interne comme relevées par l’observatoire, manque de crédibilité, problème de formation, difficiles conditions de travail des journalistes… Mais aussi des menaces extérieures venant des pouvoirs politique, économique, religieux et de toutes sortes de lobbying.
Devant cette situation, des réflexions de construction et de sauvegarde de la profession sont plus appropriées qu’une guerre des tranchées pour peut-être des intérêts inavoués. On ne peut pas insulter les gens à longueur de journée et les inviter autour d’une table pour discuter. Oui parce que considérer que ’les journalistes oublient que, dans les foyers, leurs journaux ne sont plus archivés, tellement ils sont vides et qu’eux-mêmes éprouvent beaucoup de peines en lisant les publications du jour’, c’est à la limite insultant et léger comme argument. Alors, si vous faites l’objet de censure ou de banalisation, c’est juste par votre faute. Le défunt directeur du Cesti, le Professeur Omar Diagne, disait qu’’il n’allait pas participer dans un débat où il risquait d’être insulté’. On le comprenait parce qu’il ne pourrait jamais descendre à un tel niveau pour juste débattre.
Posons le débat objectivement. Nous avons besoin des structures comme l’Observatoire de l’information et des médias pour réfléchir sur une profession en perpétuelle évolution. Ces structures complètent tant soit peu les organes d’autorégulation et apportent des contributions aux actions des pouvoirs publics en matière de communication. Donc chers confrères, observons juste ensemble !
Ndiaga DIOUF Journaliste ndiagadiouf2005@yahoo.fr