et ma foi face à ma pénitence
Mon espérance et ma foi face à ma pénitence.
Je m’étais fait la promesse de ne plus écrire, ou du moins de ne plus parler de politique.
Mais, il apparaît évident, qu’il est difficile, dans ce contexte ci, de se taire. Il est même difficile de dormir correctement, tellement les choses sont alarmantes, la gestion de mon pays calamiteuse et son avenir confus.
La joie qui m’animait le 19 mars 2000 ne cesse de défiler dans mon esprit. Je me rappelle, depuis sept ans, le réconfort moral que l’Alter nance a fait naître en moi, alors la déception qui s’en est suivie, seulement deux ans après sa survenue, ne peut être que grande.
Comme la plupart de ma génération, nous avions retroussé nos manches pour convaincre et à tout va sur l’importance qu’il nous fallait de voir enfin la transition politique s’effectuer au Sénégal et par la voie des urnes. Je me rappelle la réticence de mon grand-père maternel. Réticence que je croyais motivée par cette loyauté légendaire envers le Parti socialiste dont il se réclamait fièrement, mais il avait peut être compris ce que j’étais incapable de comprendre, il y a neuf ans.
! Je me souviens encore. Autour du barada, nous savourions la victoire que nous considérions comme nôtre, mes amis étaient satisfaits du travail patriotique qu’ils pensaient avoir accompli, nous chantions et dansions. Nous ne pensions pas, dans cette extase, que nous avons élu un régime qui ne se soucierait point de notre vécu. Nous ne pensions pas que ce Dimanche serait le début de notre calvaire et non le contraire. Qui nous l’aurait dit nous l’aurions hué
Nous rêvions d’un pays autrement administré où l’intérêt général primerait devant n’importe quelle autre motivation. Nous rêvions d’un pays démocratique où la Consti tu tion serait la Charte suprême et fondamentale et non un machin que l’on modifierait à son bon vouloir. Nous rêvions d’un pays résolument tourné vers le progrès avec la promotion de la compétence, de la ver tu et de l’abnégation, nous rêvions d’un pays où la justice serait autonome et non soumise. Nous rêvions d’un Etat structuré avec un système éducatif bien élaboré et autour des acteurs de ce secteur, nous rêvions d’un pays où la santé serait la priorité des priorités et que chaque ma la de pourrait bénéficier de soins de qualité. Bref, nous rêvions d’un Etat de droit où le faible ne serait pas piétiné mais protégé, où les droits à l’égalité et à l’équité seraient respectés.
! Aujourd’hui, quand je me réveille dans le noir, rentre le soir dans le noir pour rompre le jeûne et dormir dans ce noir pour m’y réveiller le lendemain, il y a de quoi m’en vouloir de m’être tant investi, alors que l’on a jamais eu la carte de ce parti. Je me rappelle encore les propos d’une socialiste aujourd’hui défendeur du régime comme tous ces op portunistes qui ont rallié l’Alter nance. Elle nous disait, dans son salon, que si nous commettions l’erreur d’élire le Pds, nous le regretterions toute notre vie. Nous le regrettons, mais elle savoure sa défaite, goulûment avec une promotion inespérée. Ce sont ces incohérences qui nous ont retardés. Ils ont trop pensé et tôt pensé à se maintenir au pouvoir. Ils ont opté pour le partage du gâteau. Faisant venir des caciques de l’ancien régime pour palier certaines défaillances dans leur électorat. Leur maintien au pouvoir d’abord, le peuple bien après semble être leur slogan. Notre désolation est immense
: d’abord que de notre bien-être dé pend leur longévité au pouvoir, ils leur suffisaient d’être à notre service pour que nous restions à leur service. Le contrat était aussi simple. En suite, à force de vouloir tout brouiller, ils se sont eux-mêmes brouillés les sceaux. Et voilà de fil en aiguille, ils ont fait de la sauvegarde du butin leur priorité. Ils ont alors choisi de brouiller les repères, pour ainsi régner seuls en maître. Ils ont pensé à l’achat de conscience de nos élites et de nos marabouts, ils ont aussi pensé au statut de leader de l’opposition parlementaire et à celui de l’opposition populaire. Tout ceci dans le but de diviser. Ils ont oublié deux choses
? par ou pour le peuple ? Pourquoi «l’ a gencisation» à ne pas finir alors que rapprocher certaines agences des ministères dont elles devraient normalement dépendre, réduirait con si dérablement le budget de la Pré sidence ? Pourquoi rétablir le Se nat et le Conseil économique et social, alors que leur suppression était na guère leur cheval de bataille ? Pour quoi les dépenses étranges révélées par Alc et non démenties de l’Anoci Nous ne comprenons vraiment pas certaines choses et nous nous posons des questions : Pour quoi le monument de la Renais san ce qui semble nous coûter la rondelette somme de 16 milliards alors que la Senelec n’aurait besoin que de 18 milliards pour que cesse le calvaire des Sénégalais ? Pour quoi des vacances dorées, sans un seul mot de réconfort alors qu’on est là
: «Ce n’est pas la souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée. La souffrance use l’espoir et la foi.» Pourquoi et pourquoi encore, nous pourrions nous poser encore des questions et je trouve qu’elles n’auront jamais de réponse. Ceux qui devraient nous en donner pour au moins nous rassurer, nous ré pondraient par l’arrogance et la suffisance habituelles. Ils pensent peut être, que fatalistes devant l’éternel, les Sénégalais accepteraient pour toujours d’être ballottés entre une vie hyper chère, des coupures in tempestives et des inondations qui deviennent récurrentes. Ils de vraient méditer sur ces propos de Albert Camus
Abdou KEBE - Le déçu de l’Alternance