LA CANDIDATURE UNIQUE DE L’OPPOSITION ET LES
Après les élections locales, le Président Abdoulaye WADE nous disait qu’il avait bien compris le message des électeurs, qu’il l’avait bien compris et qu’après mûres réflexion, qu’il allait tirer toutes les conclusions qu’il devait en tirer afin de mettre le pays au travail. C’est apparemment ce qu’il a fait avec la nomination d’un nouveau gouvernement.
Le 22 Mars, les électeurs ont bien compris qu’en réalité, il ne s’agissait plus d’élections locales, mais qu’ils devaient répondre à une question référendaire : Oui ou Non voulez-vous du fils du Président de la République, Karim Meïssa WADE, pour succéder à son père à la tête de l’Etat ?
D’une manière nette et claire, les électeurs ont répondu non à la question : Non, nous ne voulons pas de Karim Meïssa WADE comme Président de la République. Ils l’ont dit de fort belle manière, avec force et détermination en laminant le PDS à Dakar, en boutant Karim Meïssa WADE hors la mairie de Dakar qui était la porte que les stratèges attitrés du Parti-Etat avaient choisi pour permettre au dauphin d’arriver au palais.
La réponse de WADE au message des populations qu’il disait avoir bien compris ne s’est pas fait attendre. Elle est venue d’une manière cinglante et brutale, en installant Karim Meïssa WADE au cœur de l’Etat et du pouvoir. La compétence de Karim au sein de ce gouvernement est universelle. Il peut intervenir dans tous les ministères en donnant des instructions, en donnant des ordres. Plus puissant qu’un ministre d’Etat, plus puissant même qu’un premier ministre, il dirige le pays effectivement en soumettant tous les autres ministres, en soumettant tous ceux qui détiennent une parcelle d’autorité et de pouvoir.
Abdoulaye WADE a joué sa partition, il l’a joué d’ailleurs de fort belle manière en déroulant son programme arrêté de longue date. Adepte du fait accompli, quand il a fini de faire ce qu’il veut, il ne se retourne pas et laisse les autres parler. Avec lui les choses sont claires, il faut se soumettre ou se démettre.
Ce qui nous chagrine, c’est l’attitude de nos dirigeants de l’opposition ; cette opposition dont Abdoulaye WADE disait il n’y a pas tellement longtemps, qu’elle est couarde et immature. Cette opposition a commis des erreurs graves par le passé, elle continue d’en commettre au lieu de s’amender et de se corriger en dépit du bon sens. Il n’est d’ailleurs pas superflu de rappeler certaines de ces erreurs. La première erreur, historique celle-là est d’avoir emmené Abdoulaye WADE au pouvoir. On se souvient des réunions tenues autour du Président DIA qui avait abouti à la candidature de Abdoulaye WADE supportée par toute l’opposition d’alors.
Le vénérable DIA regrettera après, tout le restant de sa vie, cette démarche que seul son honnêteté et son patriotisme lui dictaient. Nous ne doutons pas un seul instant, que malgré son grand âge et sa maladie, qu’il aurait prit sur lui d’appeler encore l’opposition autour de sa personne pour apporter les corrections qui s’imposaient afin de bouter ce régime hors du pays. C’est l’opposition qui a conforté Me WADE dans sa démarche lorsqu’il a prolongé les mandats des députés par deux fois, en acceptant de siéger au parlement pendant les prolongations.
Lorsque Abdoulaye WADE a prolongé le mandat des élus locaux, l’opposition a bouché les oreilles et a fermé les yeux. Elle n’a pas osé sanctionner les élus qui avaient dérogés. Lors des dernières Présidentielles, l’opposition a théorisé les candidatures multiples et s’est fait laminer dès le premier tour ; elle s’est après regroupé pendant les locales et écrasé le PDS et ses alliés le 22 mars.
Et voilà que d’autres grands bavards se lèvent encore aujourd’hui pour théoriser à nouveau les candidatures multiples aux fins uniquement de rejeter la candidature unique dont ils ne veulent pas entendre parler. Ils n’en veulent pas uniquement à cause de leur ego surdimensionné.
En vérité, ce sont nos dirigeants au plus haut niveau qui n’en veulent pas parce qu’ils préfèrent crever plutôt que de se mettre derrière un autre leader, même si cela devait assurer la victoire de l’opposition. Nos partis politiques n’appartiennent pas à nos leaders, il est grand temps que les militants le leur disent en face.
La société sénégalaise est traumatisée par l’expérience des WADE. C’est une parenthèse qu’elle veut fermer au plus tôt, et elle risque de faire mal à ceux qui auront l’idée malencontreuse de se mettre en travers de son chemin. Elle ne tolérera pas qu’on lui impose d’aller au premier tour en ordre dispersé, et de se retrouver au second tour pour panser les meurtrissures qu’immanquablement on se sera infligé. Elle veut une alliance tout de suite, elle veut impulser la dynamique unitaire maintenant. Le peuple exige que tout le monde se retrouve derrière un seul homme, pour faire face à une seul adversaire. Compte tenu de mon expérience personnelle, compte tenu de ce que je lis dans la presse et de ce que j’entends à longueur de journée à travers les ondes, cela ne se fera pas s’il s’agit des seuls partis politiques. Il faut donc élargir le cercle. Nous l’élargirons pour plusieurs raisons. D’abord cette affaire n’est plus l’affaire des seuls politiques. C’est une affaire du peuple Sénégalais dans son ensemble. Et à cause de cela, c’est une affaire qui concerne la société civile, les sans partis, les syndicats, les paysans et les éleveurs à travers leurs structures spécifiques, cette affaire concerne les étudiants et les élèves.
Si par extraordinaire tout ce peuple réuni n’arrivait pas à faire entendre raison à nos dirigeants, singulièrement aux hommes politiques du Benno, il ne resterait plus qu’une alternative ; c’est que les électeurs se réapproprient les résultats des assises puisque c’est le résultat de leurs efforts, c’est le fruit de presque deux longues années de labeur et de réflexions. Qu’ils se réapproprient la bonne gouvernance et les conclusions des assises et qu’ils demandent solennellement à Amadou Mactar MBOW de continuer son travail. On lui demandera de continuer le travail en acceptant d’être pour le peuple Sénégalais, le candidat d’une transition dont la mission essentielle sera d’inscrire en lettre d’or la bonne gouvernance et les conclusions des assises au cœur de nos institutions.
Gatta BA
RSD – TDS
gattabasn@yahoo.sn