UNE SOCIETE METAMORPHOSEE
Le Soleil : Mercredi 8 Avr 2009
Regard sur... Un grand pays, une grande démocratie (par Bara DIOUF)
Les grands moments de l’histoire d’un peuple sont toujours marqués par de grands événements. De grands événements qui ébranlent les incrédules, déstabilisent les citoyens faiblement ancrés dans l’idée de nation et de concitoyenneté, poussent ceux qui n’ont qu’une faible lecture de l’idée de démocratie qui est mouvement et celle de nation qui est éternité à se vêtir hâtivement de l’illusion d’une victoire et croire, désormais, que c’est la fin du monde et que le monde qui arrive est le leur. La nation se conjugue dans la durée. Elle repose sur des vertus cardinales dont la moindre n’est plus cet admirable mouvement de va et vient qui s’inscrit dans la durée, se lit comme une symphonie musicale au travers les lignes d’une portée fine et belle, toujours émouvante, toujours bruissante de mélodies dont le souffle et le support puissant s’appelle Patrie et Démocratie. Souvenez-vous de ce symbole historique toujours vivant de patriotisme et de Démocratie qu’a été et que demeure toujours Winston Churchill.
Alors que l’Angleterre, seule sur son île était l’unique nation debout face à une Allemagne nazie triomphante, ce citoyen de la vieille Angleterre que n’avait ébranlé, en 1940, ni les défaites, ni les vicissitudes du moment, disait à son peuple souffrant pour appuyer et soutenir sa résistance : « Je ne vous demande que vos sueurs, que vos larmes et que votre sang » ! Quelle foi en la nation, en la Démocratie.
Un moment n’est donc pas l’histoire, encore moins la fin de l’histoire, mais il ne peut être exclu de l’histoire en ce sens qu’il contient le message d’un peuple. Ceux qui, en ce 22 mars 2009, ont été ébranlés par leurs défaites à Dakar, à Saint-Louis, à Thiès, à Diourbel et à Kaolack ont le devoir de relire l’histoire et de s’en inspirer.
Les certitudes de quelques autres Sénégalais qui se croient désormais les maîtres du Temple au point de réclamer d’autres élections et la dissolution, pour renouvellement immédiat, des institutions de la République aussi. Ils sont en train de se fourvoyer dans l’illusion et les mirages des certitudes hautaines.
Leurs joies du moment ne sont certes pas surfaites. Ils ont joué une partie et l’ont gagnée, en ce sens que prendre Dakar, la capitale, face à un pouvoir en place depuis neuf ans, est déjà une victoire. Mais elle n’est pas la fin de l’histoire. Elle est la confirmation de la solidarité des fibres morales qui fondent un grand peuple, des pratiques et vertus politiques qui articulent la marche d’un grand pays ; elle est surtout la religion autour de laquelle s’articule et vibre, pour l’éternité, une grande nation.
C’est le sens qu’il faut donner aux félicitations que le chef de l’Etat s’est empressé d’adresser aux partis et coalitions de partis qui ont brisé la monotonie d’une marche en avant et secoué le baobab ; c’est l’idée maîtresse du citoyen Wade, disant à ses concitoyens dans son message à la nation, « je vous ai compris ». C’est la preuve de l’utilité de la marche économique tant décriée et, pourquoi ne pas l’avouer, sa justification politique a posteriori. L’œil du Maître oblige !
C’est dire que dans cette épreuve du 22 mars, le seul vainqueur, c’est la Démocratie sénégalaise. C’est l’élan, toujours plus fort, des citoyens vers l’union autour des grands idéaux de liberté, d’égalité et de quête toujours renouvelée de progrès scientifique et technique pour un Sénégal toujours plus grand, toujours plus beau, toujours plus développé au sein d’une Afrique qui est acculée à l’unité, malgré les obstacles et les freins que sont les ethnocentrismes, les conflits de religion et les intolérances qui sont la marque singulière d’un déficit de démocratie.
Auteur: Bara DIOUF
Seneweb.com : Mercredi 8 Avr 2009
UNE SOCIETE METAMORPHOSEE
Parmi les phénomènes qui sont devenus récurrents au Sénégal figurent les effondrements de bâtiments qui, ne sont rien d’autres que l’expression imagée de nos valeurs morales et religieuses en déperdition. Hormis les arguments techniques avancés pour expliquer les origines du problème, il faut inclure d’autres paramètres réels ou virtuels qu’il faut chercher dans le mode d’acquisition des richesses dans notre société. Le dicton qui veut que qui sème le vent récole la tempête et dont la traduction Wolof donne beaucoup plus d’ampleur à cette vérité générale, résume en quelque sorte cette situation aux conséquences fâcheuses sur les personnes et les biens de notre société actuelle et dont nous sommes les témoins oculaires.
Si en effet la société se retrouve à un stade dit du développement et où la fin justifie les moyens comme c’est le cas présentement au Sénégal, il va s’en dire que les notions de licite ou d’illicite passent pour des notions qui incarnent des valeurs facultatives. L’individu en général et le Sénégalais en particulier a tendance à user de la morale ou de la religion à sa guise ; d’où une réactualisation personnalisée et permanente des notions de bien et de mal qui, sont en réalité immuables. Et si on se forge une morale libertine ou dans la plupart des cas une absence de morale, notre société se retrouve dans une jungle sociale où tous les moyens sont bons pour atteindre ses objectifs crypto personnels.
On dit souvent que l’argent n’a pas d’odeur alors qu’il y a de cet argent dont l’odeur poursuit l’individu jusqu’à son dernier souffle tellement il a été obtenu dans des conditions pas saines du tout. On ne se pose pas souvent la question de savoir pourquoi certaines personnes à l’âge de la retraite sont souvent victimes de maladies graves dont les origines demeurent souvent un mystère. A contrario, la majorité des personnes qui, ont eu à gagner honnêtement leur vie, profitent de leurs pensions de retraite dans la quiétude, la dignité et la joie de vivre.
Tout en ne voulant pas dire qu’à chaque fois qu’on est malade que cette maladie est une manifestation négative de la divinité à l’endroit de notre activité terrestre, il serait intéressant de remarquer la fin réservée aux gens véreux qui ont eu à abuser de leurs pouvoirs sur leurs honnêtes semblables ou aux bouffeurs d’argent d’autrui. S’ils ne perdent pas tragiquement la vie ou leurs biens, c’est une vie remplie de déconvenues qui les attend. Je n’ai toujours pas compris l’acte de ce douanier qui, ayant confisqué un kilo de sucre à ce « fraudeur » qui revenait de la Gambie, a utilisé sans gêne le même kilo de sucre dans le thé qu’il prenait au même moment. J’ai également du mal à catégoriser ces policiers qui se targuent de ne pas avoir besoin leurs salaires à la fin du mois parce qu’ils gagnent suffisamment de la corruption érigée en règle dans la circulation avec la complicité des automobilistes même s’il faut tout de même tirer le chapeau à une minorité qui fait respecter la loi dans la dignité.
Quand dans une société on en arrive à un stade où la plupart des références sont comme le livre qui suggère le bain main n’en prend pas. En d’autres termes, la pédagogie par l’exemple qui veut que les parents, par exemple, soient les premiers sur la voie qu’ils veulent faire suivre à leur progéniture, n’est plus de rigueur. On ne peut pas inculquer la vertu à ses enfants quant on n’incarne pas la vertu au quotidien. On reproche souvent à l’enseignant le faible niveau des apprenants alors que c’est toute une chaîne de responsabilité et de démission de tous les membres en charge de l’éducation des enfants même si la responsabilité de l’enseignant est considérable dans le produit fini qu’est un citoyen responsable et bien instruit.
Karl Marx avait raison de dire que la religion est l’opium du peuple mais il n’a peut être pas voulu dire que c’est le seul opium du peuple. Si en effet opium signifie tout ce qui a un effet de somnifère et qui endormit la masse l’empêchant de faire face aux défis qui l’interpellent, une autre forme d’opium est entrain de prendre forme dans notre pays. Celui –ci n’est rien d’autre que le jeu sous toute ses formes pour ne pas dire le sport, la musique, la danse… La modernisation à outrance de la lutte avec frappe profite certes à tous ceux-là qui y font du business et à cette partie de la jeunesse qui s’adonne à ce sport dit national. Il faut cependant reconnaître qu’il y a trop de publicité faite avant, pendant, et après les combats de lutte de telle sorte que les Sénégalais n’ont plus le temps de se poser des questions sur des sujets beaucoup plus importantes comme le chômage, la situation économique du pays et j’en passe. C’est le même phénomène noté dans la musique avec la pléthore de musiciens et de clips qu’ont nous balancent à longueur de journée à la télé et à la radio. Et comme si tout cela ne suffisait pas, on passe tout notre temps dans les boites de nuit qui poussent comme des champignons avec l’aide de ceux-là qui ne veulent pas être inquiétés dans leur gestion de la chose publique par une jeunesse qu’ils ont fini de qualifier de malsaine.
M. NDIAYE Papa Lamine
Professeur d’Anglais au lycée Maciré BA de kédougou
E-mail : Lamine53@hotmail.com
Tél. : 77 510 62 52
Les collectivités locales :
Moteurs par excellence du développement à la base
Au SENEGAL le citoyen et l’électeur marchent au rythme de la démocratie participative. Avec un sens aigu de leur responsabilité. Et les scrutins du dimanche 22mars offrent, certainement, une occasion de s’interroger, sans complaisance, sur la pratique de la décentralisation. Celle-là a-t-elle permis la réalisation du développement à la base et la réaffirmation de la citoyenneté ? On serait tenté de répondre par la négative. Parce que le bilan de la communalisation n’est pas encore effectué et celle-là continue d’être prise en otage par des élus qui en font, malheureusement, une source d’enrichissement. Parce que, aussi, les coûts en fonctionnement deviennent plus importants que les investissements ou les équipements en infrastructures collectives.
Il est temps que la structure des budgets des collectivités locales soit redéfinie, réadaptée et conçue pour que les recettes servent les populations. Au lieu de ne servir que des élus qui estiment, sans éthique et sans déontologie, que l’institution décentralisée demeure un gisement. Et autorise toutes les formes d’enrichissement sans cause.
Combattre la bureaucratisation des organes de décentralisation et la fonctionnarisation des élus devient, désormais, une urgence. Une réforme du Code Des Collectivités Locales est une priorité. Parce que la gabegie y est devenue comme le Sida. Et pille, sans mesure, les ressources des institutions locales devenues, en somme, des outils au service d’un business illicite. Beaucoup de membres des bureaux mis en place par le Conseil Municipal disposent de véhicules de fonction pendant que la Commune manque de logistiques comme une ambulance ou des équipements de loisirs et de divertissements.
Un grand questionnement, également, sur la mobilité des Présidents de Conseil Régionaux, des Maires et le financement de leurs attributs. Il est courant de constater que certains élus ne cessent de voyager aux frais de la princesse. Ou n’arrêtent de gonfler certains centres de coûts pour en profiter de manière abusive. Les légèretés ou manquements de ce genre sont, d’ailleurs, légion dans les collectivités locales.
C’est le lieu de relever le caractère trop peu orthodoxe du contrôle politique, technique et hiérarchique des collectivités locales. Le laxisme y est devenu structurel. D’autant que la pléthore en effectifs suffit pour admettre, sans être péremptoire, que les recrutements du personnel ne respectent les règles qui organisent le travail municipal, ne fixent la division des rôles et ne déterminent les conditions de déroulement de carrière.
Aujourd’hui la gestion du bien public, au terme de la construction de l’Etat Nation au SENEGAL, devient une priorité. D’où la réforme de l’administration fossile qui est, aussi, une nécessité. Pour que le développement local puisse évoluer. Grâce à une pratique conséquente qui permettrait, au bout de chaque mandat, le triomphe de l’intérêt public sur les intérêts personnels.
Au moment où, dans certains pays, il est recherché le moyen de promouvoir l’intercommunalité ou de procéder à des actions de ce genre au SENEGAL la pratique d’une décentralisation bien en mesure de garantir le quotidien du citoyen peine à démarrer. Mais elle a trouvé, avec l’Alternance 2000, un début d’action confirmant la volonté du pouvoir actuel de pratiquer, de moins en moins, la règle du tout à l’Etat.
Il n’est pas inutile de rappeler le fait que l’absence de contrôle hiérarchique et interne a contribué, certainement, à l’inertie des collectivités locales devenues des institutions victimes de l’esprit de parti.
Ne confondons, point, suffragisme ou électoralisme et pratique d’une démocratie participative. Dans la mesure où certains hommes politiques estiment que leur combat ne se limite qu’aux investitures. Au lieu d’être étendu à la réalisation d’un projet ou d’un programme politique.
Voilà quarante neuf ans que les mêmes leaders s’affairent et occupent l’espace politique national, évoluant sans offre programmatique. La décentralisation ne rentre, aucunement, dans leurs préoccupations. Ni au plan du principe, ni à celui de l’action. Par contre les fonds générés par les collectivités locales sont devenus des gisements pour assouvir des appétits pécuniaires gargantuesques.
Une évaluation de l’impact des politiques municipales s’impose avant d’engager, après les locales 2009, une autre étape. Le management doit être rigoureux afin que la politisation ne puisse plus détourner, une nouvelle fois, l’outil municipal de sa réelle vocation.
Il est nécessaire de bien situer la responsabilité du Conseil Municipal, celle du Maire et, surtout, celle du Conseiller. Car l’impunité des Maires et l’irresponsabilité des Conseillers rendent le Conseil Municipal inefficace.
D’ailleurs, le recours à la Délégation Municipale, sa fréquence et ses effets confirment, s’il en était besoin, l’incapacité des élus à bien se servir de l’outil communal, moteur par excellence du développement à la base.
Déplorons l’inadaptabilité des élus qui pensent que les Collectivités locales n’offrent que des rentes de situation, des positions, des attributs de fonction et des privilèges. Les maires et présidents de collectivités locales entretiennent, souvent, des standings qui dépassent, de loin, les ressources de leurs institutions.
Regrettons, enfin, le fait que , souvent , le Conseil Municipal ne sache pas exécuter un budget ou se complaise dans des actions qui violent, à la longue, les options et les procédures ayant cours dans le domaine des finances publiques au SENEGAL.
Il reste, cependant, évident que l’opinion citoyenne entend faire de la démocratie participative un espace et un moyen au service du développement local. Il faut que la décentralisation soit le moyen qui doit aider à l’émancipation citoyenne et à l’accélération du transfert des compétences. Hormis celle de la souveraineté. Ce qui permettra à l’Etat de se consacrer au développement macro économique. Une équation à deux inconnues serait, ainsi, résolue :
• La verticalité des politiques en tant qu’activité propre au pouvoir exécutif
• L’horizontalité des actions de développement local, le propre des institutions de développement à la base.
Wagane FAYE
Professeur d’Anglais
Coordonnateur des Cadres du F.A.P
Vice Président de la Commission des Cadres et Experts de la CAP 21
E-mail : waganecoumbasandiane@gmail.com
jdlfontaine@yahoo.fr
Nettali : Mercredi 8 Avr 2009
MACKY SALL AU PRESIDENT ABDOULAYE WADE : « Vous n’avez pas le droit de faire moins que Diouf »
NETTALI.NET- L’ancien président de l’Assemblée nationale n’en peut plus de diriger un parti sans récépissé. Macky Sall a profité de l’installation du maire de la ville de Gossas pour interpeller le président Abdoulaye Wade sur le récépissé de l’Alliance pour la République (Apr).
« Alors que nous avons des maires, des élus, il est temps que nous ayons notre récépissé », a dit Macky Sall. Le très probable futur maire de Fatick lance ainsi un appel au président Abdoulaye Wade pour que son parti ait son récépissé. D’ailleurs, a dit Macky Sall à l’endroit du président Wade, « vous n’avez pas le droit de faire moins que le président Abdou Diouf ».
A ce propos, l’ancien président de l’Assemblée nationale rappelle : « Déjà en 1981, le président Diouf avait procédé à l’ouverture intégrale et au multipartisme intégral. » « Donc, poursuit-il, je pense qu’après la loi des quatre courants et le multipartisme intégral, on ne peut pas, en 2009, refuser un récépissé à un parti. » Un parti qui, à l’en croire, a été plébiscité par les populations lors des élections locales du 22 mars 2009.
Seneweb.com : Lundi 6 Avr 2009
Capucinade d’un Paltoquet, à Wade le Phénix Politique
Les gueules enfarinées, qui attendaient du discours de l’Indépendance, un retournement d’Abdoulaye Wade, en sont présentement à leur frais ! Il a encore douché notre optimisme, j’allais dire notre ingénuité.
Décidément le Président de la République, n’a pas retenu la leçon ! Il reste droit dans ses bottes. Sa réponse de Normand à l’avertissement solennel du 22 Mars est simplement « irrelevant ! » (hors sujet), comme auraient dit les Anglo-saxons. En deçà de nos attentes ! Il est regrettable, que ce coup de tonnerre n’ait même pas fissuré le mur de surdité qui entoure le chef de l’état.
Et pourtant la situation que nous vivons est tout, sauf habituelle !
Il y’a quelques années seulement, quiconque avait le toupet ou s’aventurait à critiquer Abdoulaye Wade, même objectivement, se voyait rabattre le caquet, avec une réponse cinglante du genre : « Bayi Len Pabi Mou Liguëye ! » (Laissez le vieux travailler !)
vAujourd’hui c’est un sentiment de ressentiment, qui est perceptible dans de larges secteurs de l’opinion publique. Beaucoup de choses comprimées dans les cœurs se sont subitement dilatées. Des propos empreints d’amertume et de résignation profonde, qui contrastent brutalement avec l’euphorie et l’enthousiasme débordant d’il y’a peu de temps. « Pa Bii, Bëte Nanou Lole » (Le vieux nous a trop déçu). L’état de grâce, n’a que trop duré !
La situation du Sénégal est d’une gravité exceptionnelle. Le chef de l’Etat et ses hommes liges, qui lui travaillent ardemment l’oreille, paraissent ne s’être pas suffisamment rendu compte !
Mr le Président, le Sénégal est en « état d’urgence » et les Sénégalais ont peur. Et cette peur touche toutes les catégories sociales. Je ne parle pas de ces nouveaux Nababs et Ploutocrates, créés de toutes pièces par l’Alternance. Ceux-là, qui redoutent de perdre leurs prébendes, leurs Bonus payés des deniers publics, et s’accrochent à leurs situations de rente, comme la noblesse de l’ancien régime à ses privilèges. Je parle de ces travailleurs (privés et publics) qui découvrent subitement la précarité, car leur salaire ne les permet plus de joindre les deux bouts à la fin du mois. Ces commerçants et artisans assassinés par les produits chinois, qui envahissent le secteur commercial, ces chefs d’entreprise qui vivent dans la hantise de la fin du mois, ces employés et ouvriers, qui ne savent pas si leur entreprise sera encore là demain. Ces pères de famille qui, tous les soirs, ont du mal à retrouver le sommeil, leurs esprits étant assiégés par l’insoluble équation de la dépense quotidienne, pour assurer un repas, un seul repas à leurs progénitures. Ces mères de famille qui le matin, même la dépense quotidienne (DQ) dans leur porte monnaie, sont complètement déboussolées par le renchérissement du coût de la vie, qui rend leur DQ totalement insignifiante, et risque de ne pouvoir les assurer le Ndéki et le Agne ! Car, pour le Rére, c’est le chacun pour soi, depuis belle lurette dans la majorité des foyers sénégalais ! Ces malades qui désormais évitent les hôpitaux, qu’ils considèrent légitimement comme des mouroirs. Et que dire de ces enseignants qui courent derrière des indemnités arbitrairement accordées à des fonctionnaires qui ne le méritent pas plus qu’eux! Enfin, les milliers de jeunes avant-gardistes de l’alternance, et qui sont aujourd’hui les principales victimes de cette situation désastreuse. Ils sont devenus une variable d’ajustement de la protection de cette nouvelle aristocratie.
Notre « Sunugal » brinquebale, il va falloir débarquer tout ce qui est inutilement encombrant, et poursuivre paisiblement notre chemin jusqu’au bon port. Nous faisons allusion au train de vie de l’Etat, au nombre de « vos députés à vous », à la pléthore de conseillers et chargés de mission totalement « useless », l’orgie d’agences domiciliées à la Présidence, véritables doublons des ministères. N’est-il pas urgent de réduire à un nombre raisonnable, la représentation diplomatique du Sénégal à travers le monde ?
Pour le respect de vos concitoyens, qui sont aujourd’hui très fatigués, pour ainsi reprendre les propos célèbres, d’un célèbre juge sénégalais. Pour apaiser la colère des Sénégalais, pour dissiper l’angoisse et les incompréhensions du Peuple, qui vous a fait tous les honneurs. Nous sommes conscients que cela ne va pas transformer nos dîners de Mbaxalu Saloume, en Poulets bien rôtis. Pas plus qu’il n’aura le moindre impact positif sur nos factures d’électricité, que nous attendons tous les mois avec l’angoisse pétrifiante d’un cancéreux en phase terminale, qui attend le pronostic vital de son médecin traitant. Les objurgations lugubres et déchirantes d’un des Imams, leaders de la révolte de l’électricité, devant l’œil de la caméra, auraient glacé la colonne vertébrale de Belzébuth, le Prince des démons !
En le faisant, vous éteignez les signaux fluorescents de l’opulence insolente, vous dissiper l’image d’un gigantesque festin de prédateurs d’une impudence insoutenable, que reflète votre régime dans l’esprit des Sénégalais. Ce Sénégal qui ressemble à un casino à ciel ouvert, où certains gagnent à tous les coups !
Barack Obama a ouvertement et sans aucune ambiguïté, tendu la main au régime « infréquentable » des Mollahs d’Iran, pour un Dialogue sincère entre les deux pays ennemis jurés. Il n’y a pas de ‘deadlock’ en politique, dont la diplomatie et le dialogue sincère ne soient pas la suffisante solution.
Appeler nommément tous les leaders de l’opposition significative, boycotteuse, qu’importe l’adjectif ! En tout cas l’opposition « off » Parlement, autour d’une table pour dialoguer sur les grands chantiers de la république, ne porterait nullement atteinte à votre légitimité en tant que président de tous les Sénégalais. Et l’opposition ne saurait être irresponsable et irréaliste, jusqu’à vous demander de gouverner ce pays avec ses idées !
Plusieurs fois vous avez publiquement remis en cause, la légitimité du Président Diouf. Cette injure ne lui a pas empêché de vous tendre la main, et même de vous nommer ministre dans son gouvernement à majorité présidentielle élargie. Il n’y a rien d’irrévocable dans une République moderne. « Même le crayon de Dieu n’est pas sans gomme. » disait Césaire
Les Grands Leaders de ce monde, pour prendre un exemple fumant, réunis récemment au sommet du G20, conscients de leurs responsabilités vis-à-vis de leurs peuples, ont décidé de supprimer: stock options, Bonus, Parachute doré, Retraite chapeau, Hedge Funds, Agences de Notation, Paradis Fiscaux etc. Tout le monde sait que, ce sont là les signaux visibles et ostentatoires de la crise. Les véritables causes étant la déréglementation et les spéculations hasardeuses.
Ces mesures ont été prises principalement pour apaiser l’indignation publique.
Pourquoi un Grand Leader comme vous ne prendrait il pas, des mesures similaires, pour désamorcer la colère des sénégalais. ?
Nous vous supplions Mr le Président, de bien vouloir revenir sur votre décision irrationnelle de créer le sénat, véritable absurdité institutionnelle, symbole de votre volonté indomptable de récompenser les colonies de frotte-manches qui vous poursuivent comme une malédiction. Nous sommes le Peuple, qui par deux fois, vous a porté à la magistrature suprême de ce pays. Vous nous devez tout ! Vous ne devez rien à ces gens là, qui vous suggèrent d’ignorer les bourdonnements de la colère populaire. Vous les avez sortis de l’anonymat où nous aurions voulu qu’ils restassent, tant ils constituent aujourd’hui une réelle menace pour la démocratie et même pour la stabilité de ce pays. Vous les avez arrachés des griffes d’une mort politique certaine, en les recyclant.
Allez vous prêter l’oreille à ces troubles personnages, insulteurs à gages sous le régime de Diouf, devenu Banquistes encenseurs de votre régime. Ils n’ont pas eu de mots assez durs pour vous discréditer et vous confondre dans la ridiculisation. Ils déclarent de manière péremptoire, qu’il est « hors de question de dissoudre le Sénat » ? Ceux-là qui dans un passé récent, ont usé de la décrédibilisation (accuser son adversaire d’un défaut qui insinue que cela réduit considérablement son jugement et par voie de conséquences ses dires), l’accusation publique (vous savez que votre adversaire ne pourra vous répondre, vous ironisez contre lui et faites rire la galerie à ses dépens), la diabolisation outrancière, tout cela pour vous pulvériser politiquement !
Aujourd’hui dans les bonnes grâces du pouvoir,ils utilisent l’Hyperbole mensongère (flatter en exagérant honteusement les faits ou les qualités de sa proie), la Flatterie des bas instincts (cette bêtise qu’utilisent bien les gourous des sectes) la technique, bien connue, de Noyer son poisson (répondre à côté, en choisissant un sujet compassionnel), le Mensonge péremptoire (profiter de sa faconde et de son aplomb pour clouer le bec de son adversaire), tout cela pour vous caresser dans le sens du poil
Lisez ces paroles d’une virulence implacable, qui ont été dites sur vous, juste avant l’alternance « Le mouvement ‘Abdo Nu Doy’ ne peut pas soutenir un candidat qui surgit un certain jour, comme un Diable de sa boite, et dont les avis sur les Institutions de la République varie d’un jour à l’autre. »
Appréciez, j’allais dire savourez, ce Panégyrique à votre gloire, qui aurait certainement ému Louis XIV :
« Ce que l’on demande à une personne aspirant à diriger le Sénégal, c’est d’être un humaniste, un philanthrope animé d’une grande ambition et d’une vision lucide et pertinente pour son pays, un défenseur des faibles et des déshérités, des pauvres et des laissés pour compte. C’est de pratiquer un attachement viscéral à l’ouverture, à la justice, à la solidarité, à la paix à la tolérance, à la démocratie et au respect mutuel, sans préjugés d’aucune sorte. Or sur chacun de ces points, Me Abdoulaye Wade est, sans conteste au dessus de lot ».
Nous sommes persuadés que vous connaissez très bien, l’auteur de ces propos. Les palinodies, l’hypocrisie infernale, le cynisme brutal de certains hommes politiques de ce pays, ont toujours été pour nous étonner !
La puissance ravageuse de la rhétorique de ces Spins Doctors, spécialistes des démonstrations tordues, ne pourra jamais apaiser l’indignation titanesque des honnêtes citoyens de ce pays. Nous sommes dessillés par la répugnance du spectacle surréaliste et affligeant, de soi-disant députés, ces si mal nommés représentant du Peuple. Comme entrés dans une transe, nous les avons vus s’acharner implacablement contre leurs collègues, jetés dans cette cage à lions affamés, par un bourreau qui se nomme l’exécutif.
Après avoir accompli leur forfaiture, ils viennent se pointer à la Télévision Nationale, comme des Zombies, la gueule dégoulinante avec le sang de leur victime, nous avouer sans gêne qu’ils sont là pour servir le Prince, contre qui ils étaient censés nous protéger.
Nous les tiendrons rigueur, ces godillots, pour cette vilenie irrémissible jusque devant l’Ultime tribunal, devant « Le Plus Juste des juges.
Mr le Président, Mon Président, le Président de tous les Sénégalais, force est de constater que vous devenez de plus en plus inaudible et méconnaissable à l’égard d’une majorité croissante de vos concitoyens. Beaucoup de sénégalais sont furieux contre votre régime, et vous considèrent, comme responsable de tous les malheurs qui peuvent les arriver. Ce qui évidemment n’est pas toujours vrai. Les colères populaires se nourrissent souvent d’incompréhensions. Un homme d’Etat éclairé, doit toujours craindre l’épouvantable malentendu, qui peut surgir de ces épaisseurs de la colère populaire. Et nous pensons avec Jean Paul Sartre que « Celui qui n’a pas peur n’est pas normal ; ça n’a rien à voir avec le courage ! »
Nous récusons la démagogie populiste et simpliste, autant que les positions maximalistes, qui exigent votre démission ou la dissolution de l’Assemblée nationale. Vous restez le Président légitime de tous les sénégalais, jusqu’au terme légal de votre mandat.
Quand bien même, votre intrusion manifeste dans la campagne des élections locales, jure d’avec l’élégance républicaine.
Si vous avez cru déceler dans la mise en garde du 22 Mars, que de routinières doléances, méritant simplement les réponses déclinées dans votre Discours à la Nation du 03 Avril, c’est que vous êtes très éloigné du ‘real’ Peuple. C’est bien pire !
Les sénégalais sont pressés de « réussir », à l’instar de cette nouvelle aristocratie post Alternance, qui s’est signalée par son enrichissement rapide et ses richesses flamboyantes. Ils ne croient plus aux promesses, ils n’ont plus d’espoir. Ce qui, nous le regrettons, n’est pas bien pour notre Sénégal. Car sans l’espoir, l’existence humaine n’a plus de sens. Voyez vous Mr le Président, tout dans la vie est espoir. Se réveiller demain matin est un espoir, réussir est un espoir, les enfants sont un espoir, le Paradis dans l’Au-delà est un espoir, même Dieu est un espoir. Que serions nous devenus sans espoir ?
Le 19 Mars 2000 était un espoir, le rêve a tourné au cauchemar. Nous gardons toujours espoir, qu’un changement de cap est encore possible. Il n’est jamais trop tard de changer!
Le problème est que, le cyclone Wade a fait tellement tourné les têtes, que le vertige a saisi jusqu’aux plus sages. Une agitation désordonnée, une fuite en avant, une escalade de dispositifs de toute nature, des tripatouillages de la Constitutions à n’en pas finir, et surtout un pouvoir coupé des forces vives de la Nation, décidant unilatéralement et dont le chef, « l’unique constante », occupe seul la scène. Loin de conjurer la peur, il la convoque chaque jour dans les actes qu’il pose. Vice Présidence ajoutée à la kyrielle d’institutions budgétivores, que nos finances publiques traînent déjà comme un boulet ! Allez comprendre.
Dans l’idéal il faut opérer un retournement et engager des réformes politiques sincères, qui rassurent l’opinion publique et donnent un coup de frein à la montée des inquiétudes et à l’exaspération qui diffuse. Mais encore faut-il pouvoir reprendre la main à temps. Et ne pas renoncer sous la contrainte. La principale qualité d’un leader n’est pas toujours d’élaborer des stratégies intelligentes, pour apporter des solutions positives aux nouveaux problèmes ; Mais aussi et surtout de pouvoir s’ajuster chemin faisant, et même de reconnaître publiquement ses erreurs de créature perfectible, à l’opposé de l’Infaillible.
Nous terminerons ce cri de cœur avec cette grande réflexion de Victor Hugo, qui nous éloigne des absolus et certitudes, qui gauchissent la destinée humaine.
« En général, quand une catastrophe privée ou publique s’est écroulée sur nous, si nous examinons, d’après les décombres qui en gisent à terre, de quelle façon elle s’est échafaudée, nous trouvons presque toujours qu’elle a été aveuglément construite par un homme médiocre et obstiné qui avait foi en lui et qui s’admirait. Il y a par le monde beaucoup de ces petites fatalités têtues qui se croient des providences » Victor Hugo
La courtisanerie toujours prompte, à étaler sa fausse loyauté, par je ne sais encore quelle pantalonnade, viendra certainement polluer ce débat avec des interrogations condescendantes du genre : qui est ce paltoquet avec sa capucinade impertinente ? C’est vous, que nous avons élu ! Pas eux. « Etre contesté, c’est être constaté », disait encore Victor Hugo.
Mr le Président, nos positions sont parfaitement asymétriques : vous êtes élu, et je suis un électeur. Vous êtes un homme public, je suis un modeste citoyen.
De votre élection vous êtes soumis à la critique, de mon droit de vote j'ai le droit et le devoir de vous réclamer des comptes. De ce fait certain et incontournable j’en tire la conclusion qu’il faut d’emblée rejeter toute polémique avec des thuriféraires encenseurs.
Le seul crédit que je demande est de croire qu'ici ne m'intéresse que l'homme politique, public, et que mon propos n'est que de refléter le sentiment d’une majorité croissante de mes concitoyens. L'homme, l'individu ne m'intéresse même pas. Une fois redevenu simple citoyen, il n'aura plus aucune place dans ce combat, en revanche dans ses habits de chef à tout faire, il aura droit à nos critiques sévères mais sincères.
Y’a-t-il, d’ailleurs, chose au monde qui puisse ébranler le Phénix de la classe politique sénégalaise ?
Qu’est-ce qu’un coup de pioche au flanc d’une montagne ?
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Auteur: Ass Malick NDOYE