Leçons électorales non sues !
Nettali : Samedi 2 Mai 2009
REAMENAGEMENT MINISTERIEL : 9ème changement en 9 ans, au ministère de la Santé
Mme Thérèse Coumba Diop, a été nommée ministre de Santé, de la Prévention et de l’Hygiène publique en remplacement du Docteur Safiétou Thiam. Cette nomination à la tête de ce département, est la neuvième (9ème ) depuis l’alternance.
Depuis l’alternance survenue en 2000, le ministère de la Santé a connu neuf (9) changements. Le député libéral Abdou Fall a été le premier à occuper ce poste d’avril 2000 à mai 2001. Après son départ, il a été remplacé par le professeur Eva Marie Coll Seck qui a tenu les commandes jusqu’en 2003. Elle va ensuite passer le témoin au Docteur Issa Mbaye Samb qui va diriger ce poste ministériel jusqu’en 2004.Après un remaniement, il a été remplacé par Aminata Diallo. Nommée en avril 2004, l’actuelle maire de Bakel quitte le gouvernement en juillet 2004 et permet à Issa Mbaye Samb de retrouver son fauteuil de ministre de la Santé.Issa Mbaye Samb n’a pas été le seul à effectuer un second retour puisqu’après son départ, il va remettre les rênes à Abdou Fall en 2005. Ce dernier va lui « rendre son poste », en 2007. Ce qui signifie un troisième retour à la tête du ministère de la Santé pour le Docteur Issa Mbaye Samb. A la suite d’un léger réaménagement survenu le 12 septembre 2007, il va quitter à nouveau le département de la Santé pour le ministère des Sports.Son fauteuil sera occupé par le docteur Safiétou Thiam qui vient d’être limogée à la suite du remaniement intervenu ce 1er mai. Sa remplaçante est Thérèse Coumba Diop, qui est le 9ème ministre de la Santé nommé sous l’alternance, survenue en 2000. Ce qui fait une moyenne d’un ministre par an. D’ailleurs ces nombreux changements ont été dénoncés par les syndicats des travailleurs de la santé qui assimilent cette situation à une instabilité.
Auteur: ZAHRA
Seneweb.com : Samedi 2 Mai 2009
M. le President, nous prenons acte! ( par Amath Diouf)
« Pour Grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes
Ils peuvent se tromper comme tous les autres hommes »
Pierre Corneille, Le Cid.
Cette allégation est d’autant plus valable pour notre Président de la République que nous n’avons pas pu faire l’économie de lui adresser ces quelques mots, lesquels restent dans l’optique du combat que nous menons pour restaurer la démocratie dans notre très cher pays, suite à l’information relative à la nomination de son fils Karim WADE au poste de ministre d’Etat, ministre de la coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures .
M. le Président, aussi grande que soit votre détermination à vous faire succéder de votre fils, aussi brutale, sans nul doute, sera votre chute!
Nous croyions que vous aviez compris le message, et bien su la leçon qui vous a été infligée, des Sénégalais après les élections du 22 mars 2009. Le peuple sénégalais, me semble-t-il, avait bien montré qu’il ne voulait pas de votre projet de monarchisation de notre chère République. Qui plus est, nous vous avions clairement et distinctement signifié que nous ne voulions et ne voulons toujours pas de Karim dans la gestion des affaires de l’Etat et ce, a quel que poste que ce puisse être.
Hélas! M. le Président, vous donnez bien l’air de n’avoir foncièrement rien compris pour autant même que vous venez de nous montrer, au travers de la nomination ministérielle de Karim WADE par votre premier Ministre Souleymane Ndéné NDIAYE, que ce que les sénégalais défendent avec honneur, courage et détermination n'a aucune valeur à vos yeux. Une fois de plus, vous nous renseignez davantage sur votre intention de vous faire légalement succéder de votre fils. Au demeurant, je salue la subreptice détermination de votre très chère Viviane qui, pour rien au monde, ne laissera ce projet tomber. Hé bien! M. et Mme les présidents, je vous présente toutes mes félicitations pour cette inchangeante et immuable détermination.
Par ailleurs, tâchez de me vouer la possibilité de vous assurer, M. le Président, que nous sommes tout aussi déterminés que vous à faire échouer ce projet exclusivement machiavélique. Le peuple sénégalais, Souverain, conscient et responsable, ne se laissera pas faire, et ne ménagera aucun effort pour user de tous les moyens à même de faire avorter ce projet et vous porter inexorablement hors du pouvoir. Nous n'hésiterons pas à recourir à des moyens aussi bien légaux qu'illégaux pour défendre, ad vitam aeternam, cette patrie qui nous a vu naître et notre coeur adore, car comme l’avance à juste titre l’adage : quand on a le droit et la force avec soi, on ne demande pas, mais on exige – sachez encore une fois de plus que les élections du 22 mars vous ont dépouillé de toute légitimité.
Nous, peuple sénégalais, avons lancé un avertissement sans précédent le 22 mars 2009, et vous faites comme si de rien était. Nous prenons acte. Seulement, nous ne croiserons pas nos bras « en latitude stérile de spectateur, car la vie n’est pas un spectacle », comme l’avançait Aimé Césaire. Le peuple a bien pris conscience du danger qui le guette et réagira à la hauteur de la ruse dont vous croyez être en train de si bien user. Notre détermination est d'autant plus grande qu'elle est légitime : nous disons implacablement non.
Vive le Sénégal, Gloire à ses enfants.
Amath DIOUF, Seneweb Radio.
L’OBSERVATEUR:
NOUVEAU GOUVERNEMENT KARIM, LE VRAI PREMIER MINISTRE
Article Par Latir MANE ,
Paru le Samedi 2 Mai 2009
Après avoir été arrêté net dans sa course vers la tête de la mairie de Dakar, Karim Wade revient cette fois-ci en force avec en charge d’un ministère balèze. Le fils du chef de l’Etat contrôle désormais le ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures.
11 heures 55 minutes. Karim Wade vient de sortir du bureau du désormais ex-ministre de l’Economie maritime, tout nouveau Premier ministre. Le 4 ème étage du Building administratif est bondé de journalistes. Interpellé, Karim Wade déclare : «Le Premier ministre m’a proposé de faire partie du gouvernement, ce que j’ai accepté avec grand plaisir. C’est un honneur de servir mon pays.» Les journalistes comprennent, après ces déclarations, que les dés sont jetés. La rumeur se confirme et elle est suivie de nombreux commentaires. Le nouveau ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures quitte le building sous les applaudissements et les cris d’une dizaine de militants libéraux, qui ont rallié les lieux tôt le matin, en ce vendredi, deuxième jour de consultation du nouveau Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye.
Awa Ndiaye croise Aïda Mbodji
M. Ndiaye n’a pas perdu de temps. Quelques heures après sa nomination, il a commencé ses consultations. C’est le week-end, que le nouveau Pm devait commencer ses consultations, mais il a finalement accéléré le mouvement, en les initiant dès le jeudi. Ce qui a occasionné des impairs, au niveau du Protocole. Les personnes venues le féliciter, y compris d’anciens ministres ont, en effet, croisé sur leur chemin des ministres appelés pour consultation. Mais scène n’a pas été plus cocasse que celle de la rencontre entre Mmes Awa Ndiaye et Aïda Mbodji. Lorsque Mme Awa Ndiaye est entrée dans le bureau de M. Ndéné Ndiaye, elle n’a pas mis beaucoup de temps avant de quitter la salle. La toute puissance ministre de la Famille semblait perdue. Ce qui a mis la puce à l’oreille des journalistes. Et contrairement aux autres personnes consultées, Mme Ndiaye n’a pas fait de déclaration. Elle est passée après Cheikh Tidiane Gadio, Ablaye Diop, Madické Niang, Cheikh Tidiane Sy, Habib Sy, Bécaye Diop, Oumar Sarr, Moustapha Sourang, Samuel Sarr, Oumou Khaïry Guèye Seck, Faustin Diatta, Thérèse Coumba Diop, Aïda Mbodji. Dans ses yeux, on pouvait lire tout le désarroi de quelqu’un qui voit le pouvoir lui filer entre les doigts.
Les bleus débarquent
Le vendredi a été la journée des «bleus». Nombreux d’ailleurs ont été les ministres qui ont confondu le bureau de Ndéné à la salle d’attente du ministère, bourrée de journalistes. D’autres ont été orientés pour quitter le bâtiment après leur face-à-face avec le Pm et les journalistes, ensuite. C’est Sada Ndiaye qui a ouvert le bal des bleus. Il sera suivi de Aliou Sow, Mamadou Lamine Keïta, Moustapha Guirassi, Abdourahim Agne, Khalidou Diallo, Moussa Sakho, Ibrahima Cissé, Djibo Kâ, Amadou Niang, Mamadou Abdoulaye Sow, Fatou Gaye Sarr, Khoureïchi THiam, Mame Birame Diouf, Mamadou Bousso Lèye, Amadou Tidiane Bâ. C’est Khadim Guèye qui a fermé la marche. Avant que Pape Ousmane Guèye, Ige, nouveau Secrétaire général du gouvernement, ne boucle la boucle en lisant la composition du nouveau gouvernement. Il était 16 heures.
LE DUO IDY-KARIM EN PÔLE POSITION Souleymane Ndéné Ndiaye, Premier ministre de transition
Article Par Daouda MINE,
Paru le Samedi 2 Mai 2009
Nommé 6ème Premier ministre du Sénégal depuis l’avènement de l’alternance, Souleymane Ndéné Ndiaye est perçu par nombre d’observateurs comme un chef du gouvernement de transition. Il risque d’être le Premier ministre le plus éphémère de l’histoire politique du Sénégal.
Militant de la première heure du Parti démocratique Sénégalais (Pds), Souleymane Ndéné Ndiaye fait partie des hommes de confiance du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade. Nommé successivement porte-parole du président ; ministre-conseiller spécial du président de la République ; ministre de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles, ministre d’État, directeur de Cabinet du président de la République ; ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature et ministre de l’Économie maritime, il a fini par être porté à la tête du gouvernement. Il a ainsi la charge de faire exécuter, par ses ministres, la politique définie par le chef de l’Etat.
Né à Kaolack le 6 août 1958, titulaire d’un Diplôme d’étude universitaire général (Deug) en Sciences économiques et d’une Maîtrise en Droit privé (Option droit des affaires), Souleymane Ndéné Ndiaye est inscrit au Barreau de Dakar après l’obtention de son certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Reconduit aux postes de maire de Guinguinéo, premier vice-président du Conseil régional de Fatick, après les élections locales du 22 mars 2009, M. Ndiaye fait partie des rares responsables du Pds à avoir gagné dans son fief. Marié et père de 4 enfants, il est considéré comme un politicien courageux, un militant responsable et un allié sûr. D’où son choix, selon nombres d’observateurs, comme 6ème Premier ministre du règne de Wade. Un militantisme qui ne l’empêche pas de dire tout haut ce que certains pensent tout bas et d’être «un homme qui adore les femmes», comme le dépeignent ses détracteurs.
Dans un entretien avec «Weekend Magazine», il avait soutenu qu’il ne se mettrait jamais derrière Karim Wade. Il a réitéré son amitié pour Macky Sall, «son voisin de chambre à l’Université Cheikh Anta Diop», au moment où la «Démackysation» faisait fureur.
Le duo Idy-Karim à l’affût
Beaucoup, au Parti démocratique Sénégalais, pensent que si Souleymane Ndéné Ndiaye a tenu de tels propos, c’est parce qu’il a eu l’onction du chef de l’Etat. Autrement, il ne l’aurait pas fait. «Il n’y a aucune animosité entre lui et le fils du président. D’ailleurs, il a finalisé l’attribution de la concession du terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar attribuée à Dubaï Ports World. Une affaire qui a été gérée depuis le début par Karim Wade», explique un responsable du Pds. «S’il était un ennemi juré de Karim, il n’allait jamais être Premier ministre et Karim ne figurerait pas dans son gouvernement», poursuit notre interlocuteur.
D’aucuns sont unanimes à dire que Souleymane Ndéné Ndiaye est porté à la Primature pour gérer une transition. Pour chauffer la place au fils du président de la République, Karim Wade, qui va prendre le temps d’apprendre les rouages de l’administration publique avec le poste ministériel qu’il vient d’occuper. «Tous les gens sérieux savent que Souleymane Ndéné Ndiaye n’a pas le profil de l’emploi. Il est juste un Premier ministre de transition. Wade ambitionne de mettre en pôle position le duo Idrissa Seck-Karim Wade. Idy va devenir vice-président et Karim Premier ministre. Il reste les derniers réglages pour dissiper les malentendus entre les deux hommes. D’ailleurs, les choses avancent à grands pas», note un désormais ancien proche collaborateur du président.
Certains pensent, pourtant, que le poste de Premier ministre sera purement supprimé. Déjà, le chef de l’Etat a assaini son Cabinet en renvoyant trois ministres d’Etat, onze ministres conseillers et vingt conseillers spéciaux, conseillers techniques et chargés de mission, soit 34 collaborateurs libérés. Le président a pris une telle décision pour baliser le terrain à Idrissa Seck qui va travailler étroitement avec lui, avise-t-on. Autre décision prise par le chef de l’Etat et qui conforte nos interlocuteurs dans l’idée que Souleymane Ndéné Ndiaye va bientôt partir, c’est l’adoption, en conseil des ministres du jeudi 30 avril 2009, du projet de loi constitutionnelle instituant un Vice-président de la République. Souleymane Ndéné Ndiaye risque ainsi d’être le Premier ministre le plus éphémère de l’histoire du Sénégal.
REMANIEMENT MINISTÉRIEL Karim Wade, de l’étoffe dans les rangs
Article Par Mamadou Lamine Badji,
Paru le Samedi 2 Mai 2009
«Karim Wade a perdu dans son bureau, mais le Sopi est sorti vainqueur au niveau national.» Tout est dans cette analyse politique fine, au-delà de son caractère péremptoire sur les résultats des Locales du 22 mars 2009. En répondant ainsi à la presse sur le cas Karim, à sa sortie d’audience avec le nouveau Premier ministre, Khoureychi Thiam ne saurait si bien dire la stratégie de Président Wade et de son fils. Il s’agit d’enterrer, en apparence, la Génération du concret en fondant sa figure de proue dans le bleu de chauffe du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Après sa déconvenue électorale, l’ex (?) président du conseil de surveillance de l’Anoci donne l’impression d’avoir mis une croix sur son option d’Opa sur le Pds de l’extérieur. Karim Wade a tout loisir de s’en accaparé de l’intérieur. Il ne va pas à l’assaut de la citadelle blanche de Roume monté sur ses grands chevaux de Premier ministre, voire vice-président de fait anonyme. Mais se vêt des oripeaux du ministre aux ordres, car même flanqué du grade de grand commis d’Etat, il apparaît tout de même ministre. Cela ressemble à un «retour à la base» après l’impasse de l’escalade vers le sommet en situation d’apesanteur.
En réalité, «le gosse», comme le qualifiait dans une célèbre boutade son actuel patron Souleymane Ndéné Ndiaye, l’alors tout puissant conseiller spéciale du chef de l’Etat, garde intact sinon, voit ses pouvoirs hyper renforcés. Sa puissance est tout aussi diffuse dans les attributs de «Coopération internationale» ; il sera l’interlocuteur des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. Ses prérogatives sont étendues et si transversales que Karim aura voix au chapitre sur l’essentiel des départements fondamentaux : Budget, Finances, Affaires étrangères, Défense, etc. A lui les honneurs et l’aura de la charge symbolique des négociations et paraphes des contrats et grandes décisions pour la marche du Sénégal.
Ainsi sanctionné pour sa velléitaire chevauchée solitaire vers le sommet, le Président Wade fait changer son fils de posture sans modifier son rôle, sinon en l’étoffant, dans le schéma de conquête jamais aussi décidée des cœurs des Sénégalais. En le nommant ministre d’Etat en charge de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, le pape du Sopi - retenez le jeu de mots- rend plus légal et légitime l’action Karim Wade aux yeux de la République. Ce faisant, ce dernier fait mine de rentrer dans les rangs, alors qu’il n’est jamais aussi bien servi pour distancer ses challengers dans et hors du cercle du pouvoir libéral.
CONTRIBUTION LEÇONS DE MARS
Article Par Cheikh Oumar SY, cofsy@hotmail.com,
Paru le Jeudi 23 Avr 2009
Je me réjouis encore une fois, de la décision prise en 2007 par la direction du parti AFP, de se présenter « sans conditions » aux élections locales de mai 2008. Lesquelles élections ont été reportées au 22 mars dernier. Bien que rien n’ait changé depuis juin 2007, il était néanmoins nécessaire de « capitaliser la réponse positive des populations sénégalaises », suite à l’appel de l’opposition dite significative pour un boycott des élections législatives passées. Ce boycott fut une décision politique majeure et à la fois très risquée. Aujourd’hui, il faudra, de manière plus globale, combiner cette percée des coalitions opposées au pouvoir, avec la mise en œuvre des résultats des Assises Nationales.
Le Sénégalais s’est suffisamment sacrifié. Ce sont les blessures créées par toutes ces années d’ajustement, de dévaluation, d’inflation, de récession qui ont rendu possible l’alternance en 2000. Et il fallait, accompagner une société en pleine mutation pour trouver des ressources internes qui lui permettent d’anticiper sur certains événements nationaux et internationaux et d’asseoir la bonne gouvernance. C’était la leçon principale du scrutin du 19 mars 2000. C’est également celle enseignée par les électeurs le 22 mars 2009. En réalité, le 19 mars 2000 fût pour beaucoup de nos compatriotes, un début de prise de conscience citoyenne jamais atteinte dans ce pays. Malheureusement, comme le rappelle souvent le très pertinent Coordinateur du Forum Civil, Monsieur Mouhamadou Mbodj : « au Sénégal, la démocratie a précédé la citoyenneté ». Un Sénégal qui vote depuis le 19ème siècle, dit-on ! C’est d’autant plus vrai que les modes de dévolution du pouvoir, connus à la suite des indépendances, n’ont jamais été discutés dans ce pays. Une bonne frange de la population, ne sait toujours pas à quoi sert une assemblée nationale, un gouvernement, une institution judiciaire, une équipe municipale. C'est-à-dire, les missions, les objectifs et le mode de fonctionnement de ces institutions républicaines ne sont pas perçus de la même manière par les différentes couches de la population Sénégalaise. Par exemple, la perception des « masses populaires », pour qualifier la bonne gouvernance inscrite dans la constitution, n’a pas la même valeur que celle généralement admise chez les « élites dites intellectuelles ». Ainsi, il était question, ce soir du 19 mars 2000, d’orienter le peuple vers plus de lisibilité sur la manière de gérer la chose publique. Une gestion, avec « au minimum…le contrôle démocratique de la production, des échanges et des autres dimensions de l’existence humaine. » Je sais, les « arrivants » n’avaient pas la possibilité de transformer le Sénégal « overnight », parce que le mal était trop profond. Mais l’alternance n’est pas née sur un terrain vierge.
Déjà, le Premier Ministre Mamadou Lamine LOUM, déclarait dans son livre «Le Sénégal au 1er Avril 2000 », que le réceptacle qui a accueilli ce nouveau né, reposait sur cinq grands piliers « un Etat…un Etat de Droit…une Démocratie Majeure…Une Nation Consolidée…un Pays devenu membre éminent de la Communauté Internationale » ; au moment où au plan économique, « tous les clignotants sont au vert ». Et ce que j’aurais souhaité pour le nouveau régime, ce serait de définir assez clairement la direction que nous devrions prendre pour consolider tous ces acquis. Et ceci a terriblement fait défaut.
D’où l’importance de réfléchir sur la gestion « de l’après 22 mars », qui présente, à mon avis, deux enjeux essentiels.
D’abord, il faut, poser le débat sur une meilleure répartition des ressources. Alain Minc, philosophe français, parle de « rêve égalitaire ». Mais, imaginez-vous un pays où l’« on » soutient, dans certains milieux, que 60% au moins du budget de l’Etat est exécuté par attribution clientéliste, il n’est pas possible de parler de rêve égalitaire. Alors que dans le même temps, personne ne s’offusque qu’un cultivateur gagne moins de 150.000 FCFA par an. Alors, il faut remonter le temps, jusqu’au matin du 20 mars 2000, pour se procurer les outils nécessaires à la réduction des inégalités de revenus.
Car au moment de l’alternance, le Sénégal s’est doté de programmes décennaux dans les secteurs essentiels de son économie, pour asseoir un standard de développement à travers tout le pays. Et aucun de ces actes posés par le précédent régime n’a été remis en cause depuis 2000. Ils sont certes « améliorés ». Et si la redéfinition d’un nouveau cycle d’investissement de dix ans n’est pas instruite avec pertinence, il sera difficile pour l’opposition de proposer une solution alternative susceptible de prendre en charge les préoccupations majeures des Sénégalais. Une vision commune à tous les membres de notre petite nation doit être partagée sans délai. Et c’est possible avec l’application de la conclusion des Assises Nationales.
Ensuite, le deuxième enjeu de ces élections est de sensibiliser les populations sur l’utilisation abusive des fonds publics. Aujourd’hui, peu de Sénégalais sont réellement conscients du fait que près de 80 % du budget de l’Etat provient des ressources fiscales ? C’est pour cela que nos concitoyens (y compris la représentation parlementaire) ne sont pas du tout concernés par les choix d’investissements. Cependant « tout pouvoir qui prétend développer le Sénégal à partir de moyens propres, devra bien mener une juste politique de rigueur, qui tourne le dos au laxisme électoraliste des consommations et dépenses superflues » nous prévenait déjà en 1984, Pathé Diagne. Nous devons bien sûr beaucoup investir. Et ces investissements doivent nous coûter quelque chose dans notre chair et dans notre âme. Ce n’est pas gênant, même si cela doit aussi avoir une répercussion sur l’augmentation du coût de la vie. Mais la gestion de la chose publique a une valeur sacrée. On doit lui accorder la même valeur affective et émotionnelle que la Prière ou le Jeûne. C’est en tout cas, l'une des valeurs fondamentales de la culture islamique pratiquée par le Compagnon du Prophète Oumar Ibn Khattab lors de la création durant son khalifat, du Trésor Public (Bayti Maal). Lorsque les Sahabas ont envoyé sa fille Hafça, qu'ALLAH (SWT) l'agrée, pour lui proposer l’augmentation de son salaire, il lui répondit ceci : « le Messager d'Allah (Seydina Mouhamed PSL) a estimé les choses. Il a dépensé le surplus comme il convenait et s'est contenté du strict nécessaire. Moi aussi j'ai estimé les choses et, par ALLAH (SWT), je vais dépenser le surplus comme il convient et je vais me contenter du strict nécessaire. » C’est dommage, qu’aujourd’hui quand quelqu’un parle de « Allalou Bayti Maal » ou « Allalou Bour », c’est pour désigner un bien qui n’appartient à personne, que l’on peut même détruire, en toute impunité. Ainsi, au niveau de toutes les municipalités, les populations doivent au moins participer aux séances de délibération budgétaire, pour juger, en tant que citoyen, de l’utilisation des fonds de l’Etat, dans leur localité. C’est un premier pas vers une conscientisation plus globale sur les finances publiques et si nous voulons éviter qu’il y ait des discussions autour de marque de véhicule au sein de nos institutions républicaines. Le Président Abdou Diouf, avertissait, parait-il, les militants du Mouvement des Elèves et Etudiants Socialistes (MEES) : « Méfiez vous des adultes. Ils ont des contraintes et des besoins. » Et c’est là où gît le problème de tous les hommes politiques sénégalais. Nous n’avons jamais compris la facilité avec laquelle tout s’accepte dans ce pays. Et comme le décrivait un grand érudit bien connu de chez nous : « Khellou wolof souf sou nangou la loo thi dieumbeut mou naat » « le cerveau du wolof est un terrain fertile à toutes les formes de culture. » Cette assertion semblait se vérifier tous les jours, les citoyens s’accommodant d’une chanson qui voudrait qu’on ne doive jamais faire tanguer la « Pirogue Sénégal » (Bagna Wengal gal gui) et le peuple voguant sur un long fleuve tranquille. Avec l’issue de ces « locales » les douze millions de Sénégalais semblent se rappeler : 1) Que la république est sacrée. 2) Que les règles qui régissent son fonctionnement sont du domaine du dogme (Tawhid). 3) Que le comportement de ses membres doit être considéré comme une prière. La vieille garde remplacée, à la tête des collectivités locales l’apprend tardivement, à ses dépens. Et le renouvellement de la classe politique sénégalaise est amorcé de manière irréversible.
Pour terminer, je rappelle que je n’avais pas voté en 2000 pour les mêmes raisons qui ont poussé l’opposition sénégalaise à boycotter les élections législatives de juin 2007. Je n’avais pas confiance au processus électoral. J’avais tort ! Par contre, je ressentais à l’époque, sans aucune certitude, que le « Siroul Khilafati » (le Feu Sacré qui entretient le souffle spirituel de tout pouvoir) avait déjà pris congé du régime de Diouf depuis 1993. 2012 est proche ! C’est vrai ! Il va falloir, d’emblée méditer sur cette belle réflexion émise par un de mes ainés « Cheikh-Antiste » : « le Sénégal a connu trois faux-départs dans son histoire récente : l’Indépendance en 1960, la Transition en 1980, l’Alternance en 2000. » Plut à ALLAH (SWT) que nous n’en connaissions pas un quatrième !!!